Ecclésiaste chapitre 7 versets 2 à 4

7:1 - Mieux vaut un nom que l'huile fine, et le jour de la mort que le jour de la naissance.
7:2 - Mieux vaut aller à la maison du deuil qu'à la maison du banquet, puisque c'est la fin de tout homme; ainsi le vivant y réfléchira.
7:3 - Mieux vaut le chagrin que le rire, car avec un triste visage on peut avoir le cœur joyeux.
7:4 - Le cœur du sage est dans la maison du deuil, le cœur des insensés, dans la maison de la joie,

J'ignore si le vieux moine Jorge du roman au Nom de la Rose avait à l'esprit ce texte de la Bible quand il décréta que le Rire vient du Malin, faisant de lui un assassin.
"J'ai dit du rire: Insensé! et de la joie: A quoi sert-elle ?" dit le rédacteur de l'Ecclesiaste au chapitre 2 verset 2

La mort des autres nous renvoie à notre propre mort et nous fait réfléchir sur l'orientation de nos vie.
L'insouciance et la légèreté ne sont pas profitables dit le Sage.

Certes, mais le même Qohéleth dit aussi: "Un temps pour rire et un temps pour pleurer".

Le drame de notre société, c'est de vouloir l'euphorie perpétuelle, elle nous fait un devoir d'être heureux, mdr et lol en boucle, elle a tabouisé la mort à l'extrême, au point que le simple fait d'en parler te fait passer pour un dépressif.

Cette façon de penser (ou de ne pas y penser) m'insupporte, mais par ailleurs je ne laisse pas le memento mori prendre pour autant plus de place qu'il ne doit: que la présence de la mort ne nous fasse pas oublier le "temps pour rire", y compris de la mort.

Chère Patoune,

j'ai toujours été frappé par le visage sérieux que les peintres donnent au visage du Christ. "Avec un triste visage on peut avoir le coeur joyeux". La Nouvelle Bible Segond donne : "avec un visage triste le coeur devient meilleur".

BB souligne que ce passage de Qohéleth est en tension avec un autre. C'est souvent comme ça dans les "petites phrases" de sagesse. L'auteur de proverbes, d'aphorismes, etc., ne peut pas tout dire d'un coup. D'où l'intérêt de lire leurs recueils en entier.

Et dans la vie, si comme nous tous on en connaît par coeur, de ces sentences, ben j'ai été frappé que "la bonne" me revienne en mémoire en son temps.

A bientôt.

Nietzsche aimait à dire qu'il aurait au moins pavé la voie de l'enfer de bons aphorismes...

De ses derniers fragments:
"On est assuré de mourir: pourquoi perdre sa belle humeur?"

Il y a dans le Sermon sur la montagne (Matthieu 6) ce goût du secret (le Père est dans le secret autant qu'"aux cieux") que j'aime, qui est aussi celui d'une certaine pudeur, et qui est peut-être mon objection la plus profonde à une certaine ostentation pieuse que le catholicisme, en particulier, n'évite pas toujours (une pierre dans le jardin d'Anagnoste ).

Par exemple, sur le jeûne:
Lorsque vous jeûnez, ne prenez pas un air sombre, comme les hypocrites; ils arborent un visage défait pour montrer aux gens qu'ils jeûnent. Amen, je vous le dis, ils tiennent là leur récompense. Mais toi, quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage, afin de ne pas montrer que tu jeûnes aux gens, mais à ton Père qui est là, dans le secret; et ton Père, qui voit, là, dans le secret, te le rendra.

7:3 - [...] car avec un triste visage on peut avoir le cœur joyeux.
Le Sermon sur la Montagne a son écho dans ce verset de l'Ecclésiaste : 5:4,10,11
Le livre des Hébreux 10:34 également

Chers tous,

dans le temps certains parlaient de "la tristesse selon Dieu". Il y en a abondamment dans la spiritualité de Thomas de Kempen (l'Imitation de Jésus Christ, le livre le plus souvent traduit en français après la Bible, un "best seller").

Je reviens aussi à l'iconographie : il y a beaucoup de "Vierge à l'enfant" qui "font la gueule" !

A bientôt.

Question de ma fille, toute petite, à une des très rares messes auxquelles elle ait assisté (je ne sais plus à quelle occasion), en désignant l'officiant: "Pourquoi il est pas content, le monsieur?"