L’héritage protestant et ses dérives
Sola Scriptura
Lorsqu’il est coupé de son enracinement christologique, le Sola Scriptura de la Réforme a en effet donné lieu à des formes que l’on dirait aujourd’hui fondamentalistes (...)
Les Écritures fonctionnent alors comme code de vérités en raison d’une assistance spéciale du Saint Esprit, tant au niveau de leur production que de leur réception, et selon une argumentation circulaire qui interdit toute critique : les Écritures témoignent de l’autorité unique et souveraine de Jésus et de la délégation de pouvoir qu’il a consenti aux apôtres. Ceux-ci, investis de cette autorité, écrivent le NT en tant que porteurs de l’infaillibilité du Christ. Ainsi les Écritures prouvent l’infaillibilité du Christ, laquelle prouve à son tour l’infaillibilité des Écritures. L’argumentation souffre cependant de deux faiblesses majeures :
1. Un usage non-biblique du concept de vérité. Dans l’évangile de Jean, la vérité n’est pas un contenu, elle n’est pas un savoir objectif. Elle est une personne, elle coïncide avec l’incarnation du Verbe (Jn 14,6). La vérité c’est donc la personne même du Christ : prédication, enseignement, textes scripturaires, ne peuvent être cette vérité ; tout au plus peuvent-ils lui rendre témoignage dans l’ambiguïté du langage parlé ou écrit. Dit autrement, la révélation biblique n’est pas de l’ordre de la communication de quelque chose à quelqu’un mais de l’ordre de l’advenue de quelqu’un à quelqu’un d’autre.
2. Une assimilation entre l’erreur et le péché. La position fondamentaliste affirme que de même que la Parole de Dieu incarnée (Christ) était sans péché, de même la parole de Dieu ‘inscripturée’ est sans erreur. Elle ne voit pas que le ‘péché’ et ‘l’erreur’ n’appartiennent pas au même champ sémantique. Le péché est un acte de révolte contre Dieu ; l’erreur relève simplement de la finitude humaine, c’est-à-dire de l’humanité tout court, serait-elle sans péché : on peut se tromper sur une date historique ou sur une observation scientifique sans verser dans l’incrédulité qui est le propre du péché. Incrédulité et finitude ne sont pas synonymes. D’où, pour les Écritures, le fait que les ‘erreurs’ qu’elle pourrait contenir sont, au contraire, la preuve de son humanité, pas de son ‘péché’ (de même pour le Christ).
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