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 inter-minables

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Narkissos

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MessageSujet: inter-minables   inter-minables Icon_minitimeDim 29 Mai 2022, 23:22

Cf. février 1934 à Paris, et le Front populaire dans la foulée, ou par retour de balancier...

Comme on l'a souvent remarqué (j'en retrouvais tout à l'heure une expression concise chez Lyotard, Le différend, 1983), le nazisme et autres "fascismes" contemporains ont été vaincus, non "réfutés"; et mutatis mutandis c'est aussi vrai des "communismes" (soviétique ou maoïste) une quarantaine d'années plus tard, vaincus économiquement plutôt que militairement, mais toujours "techniquement" et/ou "empiriquement", non réfutés au plan des "idées", ni condamnés sur un mode simili-judiciaire (pas de jugement possible quand les parties ne reconnaissent pas la même loi, c'est un des aspects les plus intéressants -- et les plus désespérants -- de l'analyse de Lyotard). Nous rejouons sans fin la scène des "années 30" (national-socialisme au moins au sens "endocentrique", à la lettre de l'expression, nationalisme social ou socialisme national, antifascisme, front populaire etc.) parce qu'elle nous donne une illusion d'intelligibilité avec ses "camps" bien campés, marqués, surchargés, caricaturés, contrastes de noir et blanc comme dans le cinéma (notamment "expressionniste") de l'époque. Nous la surjouons d'autant plus que nous n'arrivons plus à y croire: il n'y a quasiment plus personne pour s'assumer nazi, fasciste, stalinien ou maoïste au sens de la Révolution culturelle: c'est un jeu d'ombres et de fantômes qui nous agite -- et au fond c'était déjà le cas dans la scène prétendument originelle, celle des années 30 hantée de spectres hétéroclites et défunts, de monarchie, d'empire, de cléricalisme, de romantisme d'un côté, de socialismes utopiques ou libertaires de l'autre... c'est toujours une bataille de spectres et de revenants de la nuit des temps qui agite les corps et les "esprits"  des soi-disant vivants (cf. Derrida, notamment Spectres de Marx).
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MessageSujet: Re: inter-minables   inter-minables Icon_minitimeMer 08 Juin 2022, 11:46

Clément Viktorovitch : L’art de faire parler une situation
Retour sur la mort d’une femme à la suite d’un contrôle de police à Paris. Des policiers ont ouvert le feu sur une voiture à la suite d’un refus d’obtempérer, tuant la passagère. Le discours des responsables politiques à propos de cet événement diffère…

https://www.youtube.com/watch?v=zTeV56KeI9s


"La police tue" selon Jean-Luc Mélenchon : chiffres, loi... que disent les faits ?

Depuis 2017, "les tirs des policiers auraient corrélativement augmenté"

Depuis l'application de la loi de 2017, "les tirs des policiers auraient corrélativement augmenté", indique l'avocat parisien. De propos confirmés par Fabien Jobard, directeur de recherche au CNRS, qui a affirmé, au micro de FranceInfo, que depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle loi, les tirs des policiers et gendarmes ont augmenté de 50%, selon une note interne de l'IGPN.

"À l'époque, la loi du 28 février 2017 a été décriée par certaines personnalités, critiquant cette unification des régimes alors que les gendarmes ont une formation bien supérieure à celle des policiers, outre le côté militaire de cette formation qui change beaucoup de choses", retrace Vincent Brengarth. De plus, reprenant les explications avancées par Fabien Jobard, le spécialiste appuie : "Les termes de cette nouvelle loi étant particulièrement larges et imprécis, les policiers sur le terrain n'ont pas de règles claires leur permettant d'apprécier avec discernement la situation et le côté légal ou non de leur usage de la force ou des armes. C'est d'ailleurs, pour eux, une source de malaise."

Et Vincent Brengarth de rappeler qu'en 2020 "le rapport IGPN comptait 32 décès liés à des interventions de police". Rapport qui précise : "Il s’agit ici du recensement des décès qui ont eu lieu alors que les personnes ont été soit en contact avec la police (action de police), soit étaient placées sous leur surveillance."

https://www.ladepeche.fr/2022/06/07/decryptage-la-police-tue-selon-jean-luc-melenchon-chiffres-loi-que-disent-les-faits-10343817.php
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MessageSujet: Re: inter-minables   inter-minables Icon_minitimeMer 08 Juin 2022, 12:11

Cerise sur le gâteau: la loi du 28 février 2017, qui ne pouvait que multiplier les "bavures", est le fait d'un gouvernement "de gauche" (Hollande-Valls/Cazeneuve, du projet à la promulgation).

Effectivement, il y aurait quelque injustice à accuser "les policiers" (en général) quand c'est la loi qui les pousse au crime en les armant matériellement et juridiquement -- si "les policiers" eux-mêmes n'étaient pas les premiers, notamment par la voix de leurs principaux syndicats, à réclamer ce genre de loi... l'ultime responsabilité revenant en tout cas à la "majorité", tous gouvernements confondus, qui réclame toujours plus de "sécurité" et vote pour qui en propose, par conviction ou par mimétisme.
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MessageSujet: Re: inter-minables   inter-minables Icon_minitimeMer 08 Juin 2022, 12:34

Narkissos a écrit:
Cerise sur le gâteau: la loi du 28 février 2017, qui ne pouvait que multiplier les "bavures", est le fait d'un gouvernement "de gauche" (Hollande-Valls/Cazeneuve, du projet à la promulgation).

Effectivement, il y aurait quelque injustice à accuser "les policiers" (en général) quand c'est la loi qui les pousse au crime en les armant matériellement et juridiquement -- si "les policiers" eux-mêmes n'étaient pas les premiers, notamment par la voix de leurs principaux syndicats, à réclamer ce genre de loi... l'ultime responsabilité revenant en tout cas à la "majorité", tous gouvernements confondus, qui réclame toujours plus de "sécurité" et vote pour qui en propose, par conviction ou par mimétisme.

Il y a un quasi consensus médiatique et politique (mis à part quelques "égarés de gauche ou universitaires) pour banaliser et légitimiser les décès générés par les tirs de la police, toutes paroles dissonantes sont taxées d'anti-police, de laxisme ... C'est effrayant. Affirmer "la police tue" me semble correspondre à un "fait" et ne justifie pas le déchainement médiatique dont est victime MELENCHON, au contraire, cette affirmation devrait ouvrir un débat sur cette question de l'usage des armes à feu par la police.
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MessageSujet: Re: inter-minables   inter-minables Icon_minitimeMer 08 Juin 2022, 13:01

Bien que je sois sur ce point parfaitement d'accord avec Mélenchon, je ne le vois pas en "victime", et je ne crois d'ailleurs pas que ce soit un service à lui rendre que de le "victimiser": il maîtrise assez le jeu médiatique pour savoir ce qu'il fait quand il dit ce qu'il dit -- c'est de la "provocation" et à mon avis il en faut, parce que s'il y a quelque chose dont tout le monde crève, pas seulement en France ni sous les balles de la police, c'est le consensus, tout ce qui va de soi y compris dans le mur, sans être jamais remis en question...

Mais le jeu est délicat, car le consensus est aussi ce qui rend possibles l'"indignation" à laquelle en appelle la protestation, et même la "provocation" qui le remet en cause... Si consensus il y a, il sera "provoqué", contesté ou sollicité de tous côtés, aussi bien dans un sens "hypersécuritaire", identitaire, raciste, fascisant, etc.; et s'il n'y en a plus il ne sera plus question ni de provocation ni d'indignation, lesquelles supposent toujours les réactions prévisibles d'un public prévisible, donc une sorte de consensus au moins tacite.

A propos du "fait-divers" qui l'est de moins en moins (divers), j'avoue que la criminalisation du "refus d'obtempérer" jusqu'à la peine capitale (abolie en justice, désormais à la seule discrétion du policier de service armé jusqu'aux dents, fût-ce pour constater une infraction mineure -- ceinture "de sécurité", déjà tout un symbole de la sécurité qui tue pour protéger) arrive encore à me choquer, malgré ma méfiance viscérale à l'égard de tout "droit". Car s'il y a quelque chose qui ressemble à mes yeux à un "droit" élémentaire, fondamental, ultime, ce serait bien le "refus d'obtempérer" -- presque au même titre que le suicide, il est vrai d'ailleurs que concrètement ça se rejoint...
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MessageSujet: Re: inter-minables   inter-minables Icon_minitimeMer 08 Juin 2022, 16:15

Première question : pourquoi les policiers ont-ils demandé à l'automobiliste de s'arrêter ?

Deuxième question : que ce serait-il passé si les policiers n'étaient pas intervenus ?

Troisième question : l'attitude, la conduite de l'automobiliste était-elle dangereuse pour les passants ou pour les autres usagers de la route?

Je pense que l'IGPN peut et doit se poser ces questions même si elles peuvent paraître un peu iconoclaste et dérangeante pour les policiers.
Dans son enquête l'IGPN peut semble-t-il tenir compte des images de éventuelles caméras de surveillance. Le fera-t-elle?

Aux Etats-Unis d'Amérique les policiers ont tendance à se montrer plus "dangereux" pour les gens de couleur. Ce genre de réaction face à une population typée est-elle la même en France?

Bien évidement le conducteur n'était pas un citoyen au-dessus de tout reproche, mais cela ne justifie en aucun cas l'intervention armée des 2 policiers afin de protéger un collègue en danger. Ne pouvaient-ils pas viser les pneus de la voiture?

Cela fait beaucoup de questions sans doute, mais cela vaut mieux que de lancer à tout va des insultes, des accusations dans une direction (les policiers) ou dans une autre (le conducteur). Il y a certes une certaine maladresse voire une tendance à la violence non mesurée dans les interventions des policiers ces derniers temps. Ce qui s'est passé au Stade de France est encore dans toutes les mémoires. Dans cette situation également les forces de l'ordre sont intervenues de façon excessive, exagérée.

Monsieur Mélenchon n'a pas hésité à parler haut et fort car il sait très bien qu'avant les élections de fin de semaine l'important est d'être vu et entendu.
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MessageSujet: Re: inter-minables   inter-minables Icon_minitimeMer 08 Juin 2022, 16:34

Citation :
Je pense que l'IGPN peut et doit se poser ces questions même si elles peuvent paraître un peu iconoclaste et dérangeante pour les policiers.
Dans son enquête l'IGPN peut semble-t-il tenir compte des images de éventuelles caméras de surveillance. Le fera-t-elle?


Le difficile contrôle de "collègues"

"L'indépendance est conceptualisée par l'absence de sujétion hiérarchique et de rapport avec le groupe professionnel", explique le directeur de recherche au CNRS. Or, l'IGPN est un service du ministère de l'Intérieur : c'est lui qui décide de son budget. Sa directrice, Brigitte Jullien, est nommée par le directeur général de la police, qu'elle est censée contrôler, et lui-même est nommé par l'exécutif. "Le directeur général de la police peut la révoquer à tout moment", assure Sebastian Roché.

Pour le chercheur, il n'y a pas non plus que la tête de l'IGPN qui manque d'indépendance. Les enquêteurs sont eux aussi nommés par la direction générale de la police. "Ils savent donc que leur comportement à l'IGPN peut conditionner leur carrière future dans la police", soutient Sebastian Roché. Dans son édito au rapport annuel de l'IGPN, Brigitte Jullien parle d'ailleurs de la police en disant "nos collègues".

"Le contrôle par des pairs est la clé de la déontologie", faisait valoir pour sa part Brigitte Jullien en juin dernier, en ajoutant que "toutes les professions disposent d'un contrôle interne et elles ne sont pas remises en question, les avocats, les médecins, les journalistes.."

Dans les affaires qui relèvent du domaine judiciaire, comme les violences policières, l'indépendance de l'IGPN serait par ailleurs garantie par le fait que des magistrats peuvent la saisir, et que ce sont eux qui décident des sanctions. "Certes, les juges sont indépendants. Mais la collecte des preuves qui est faite par les policiers de l'IGPN ne l'est pas", argue Sebastian Roché.

Dans son dernier rapport annuel, l'ancien Défenseur des droits Jacques Toubon regrettait d'ailleurs qu'en six ans, aucun des 36 dossiers pour lequel il avait réclamé l’engagement de poursuites disciplinaires n’ait été suivi d’effet.

À la tête de l'IGPN pendant six ans avant de prendre sa retraite en 2018, Marie-France Monéger-Guyomarc'h a assuré dans L'Express n'avoir "jamais subi" de pressions politiques. "Il est admis par tous que l'IGPN fait son travail en toute indépendance", disait-elle encore. 

Pas de "garantie institutionnelle"

Le problème selon Sebastian Roché, c'est qu'il n'y a pas de "garantie institutionnelle" à cette indépendance. Elle dépend donc du ministre de l'Intérieur, du directeur de la police, et de la personnalité à la tête de l'IGPN. "Un directeur ou une directrice de l'IGPN peut par exemple décider d'appeler directement le ministre de l'Intérieur, sans passer par le directeur général de la police", indique Sebastian Roché.

Autre élément à noter toutefois : depuis 2017, l'institution a fait un effort de transparence, en rendant public son rapport annuel d'activité. Le rapport de 2019 montrait ainsi une augmentation du nombre d'enquêtes de 23%, mais une baisse des sanctions.

Pour le chercheur, la France devrait s'inspirer de ce qui existe à l'étranger. En Belgique par exemple, le contrôle de la police est assuré par un comité dirigé par un magistrat, dont les membres sont nommés par la Chambre des représentants. Au Royaume-Uni, le directeur de l'équivalent de l'IGPN, est aussi nommé par le ministre de l'Intérieur, mais il n’a pas le droit d’avoir travaillé dans la police, comme toute son équipe.

https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/l-igpn-la-police-des-polices-est-elle-independante-7800930095
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MessageSujet: Re: inter-minables   inter-minables Icon_minitimeMer 08 Juin 2022, 18:11

Les aberrations structurelles du système français paraissent assez évidentes, bien que le détail m'échappe (j'ignore s'il est seulement possible de porter plainte contre un policier dans l'exercice de ses fonctions sans passer par la police, que ce soit au niveau du commissariat ou de l'IGPN; sans parler du jeu des polices nationale et municipales qui complique encore la donne). Mais à mon sens aucune structure ne garantira jamais une "justice", de ce qui s'appelle "garantir": la réforme des institutions peut parer aux dysfonctionnements les plus flagrants et les plus courants à mesure qu'elle les repère, mais si alambiquée que soit l'usine à gaz il y manquera toujours une instance ultime pour contrôler l'instance ultime, qu'elle soit en haut ou en bas de l'échelle ou de la pyramide (les jurys populaires composés de n'importe qui, ou presque, ne sont pas nécessairement plus ni moins "justes" qu'une cour suprême composée de professionnels triés selon n'importe quels critères). Rien n'empêchera un magistrat "indépendant" sur le papier d'accorder plus de crédit à un policier qu'à un quidam pour des motifs aussi impondérables qu'une communauté d'opinions, de valeurs ou d'intérêts, l'appartenance à une même classe ou à un même ordre socio-politique. Cette relation peut sans doute s'inverser pour des raisons "idéologiques" ("juges antiflics", c'est plus rare au tribunal que dans l'imaginaire policier) mais le résultat n'est pas plus "juste" pour autant.

C'est sans doute le développement de la vidéo, policière et privée, qui a permis ces dernières années de juger nombre de policiers qui n'auraient jamais été inquiétés sans elle -- par coïncidence, je regardais hier un "film noir" de 1950, Kiss Tomorrow Goodbye, où un flic pourri finit par tomber parce qu'il s'est fait enregistrer (encore sur disque à l'époque) par les truands qu'il faisait chanter, ce qui renverse le rapport de force avant la chute générale... Aujourd'hui aussi mais de manière plus banale, c'est l'instrument idéal de la police qui se retourne contre elle, si du moins on le laisse faire (cf. les tentatives récentes d'obligation de "floutage" des policiers filmés).
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MessageSujet: Re: inter-minables   inter-minables Icon_minitimeMer 08 Juin 2022, 19:58

Merci Free pour l'éclairage apporté par le biais de cet article si intéressant.

Voici un article paru dans le quotidien "Le Matin" publié le 11 mai 2015

La brigade qui flique la police
Visite à l'Inspection générale des services (IGS) de la police genevoise qui enquête notamment sur les policiers, les agents municipaux et les gardiens de prison.

par Valérie Duby

Philippe Maudry, chef de service à l'IGS, a pour la première fois accepté d'ouvrir ses discrets bureaux à la presse. Olivier Evard

Les faux pas – avérés ou non – des policiers, et des corps en uniforme en général, font régulièrement la une de la presse. Récemment, «Le Matin» révélait qu'une procédure avait été ouverte contre des gardiens de prison après que des téléphones portables avaient été retrouvés dans l'établissement de la Brenaz, à Genève. Traiter les plaintes à l'encontre des agents, établir les faits après une intervention avec usage de la force ou de l'arme, telles sont les missions de l'Inspection générale des services (IGS), une entité dont on parle souvent sans savoir vraiment ce qui se cache derrière ces trois lettres.

Pour la première fois, le chef de service de la police des polices a accepté de s'exprimer. Il faut dire que Philippe Maudry, 53 ans, part à la retraite: il quitte sa fonction après cinq ans de bons et loyaux services comme on dit, à la tête de cette brigade pas comme les autres. «Créée sous l'ère du chef de département Laurent Moutinot, en 2007, c'est la seule du genre en Suisse», explique le Genevois, ancien ingénieur chimiste.

A l'image des «bœufs carottes»

«Nous nous sommes inspirés de l'Inspection générale de la police nationale française (ndlr: l'IGPN) qui, elle, exerce sa mission sur tout l'Hexagone», ajoute la cheffe de la police genevoise, Monica Bonfanti. En France, on appelle les policiers de l'IGPN, les… «bœufs carottes». Parce qu'ils font mijoter ceux qu'ils interrogent.

A Genève, le terme est peu utilisé même si la «recette» revient un peu au même. «Quand on est convoqué à l'IGS, on sait que l'on passe à la moulinette», confie un policier. Sans être totalement secrète, l'adresse de l'IGS reste discrète. Dans des bureaux aseptisés de la rive gauche de Genève, travaillent huit collaborateurs, dont le chef de brigade. Ici, pas de cellule comme dans un poste de police, mais des salles d'audition et une salle de conférences où le procureur général de Genève, Olivier Jornot, vient régulièrement «faire le point».

C'est l'une des particularités de l'IGS: ses membres dépendent administrativement de la cheffe de la police mais sont placés sous les ordres du procureur général. «Nous sommes l'organe de contrôle de la police. Nous travaillons de manière complètement indépendante, assure Philippe Maudry. Nous sommes armés, faisons des enquêtes. Nous devons intervenir très rapidement, par exemple pour saisir des bandes de vidéosurveillance qui ne se conservent que quelques heures, afin de préserver des preuves. Nous avons accès à tous les bureaux de la police, à tous les documents. Nous pouvons nous autosaisir de faits constitutifs d'une infraction pénale.»

Affaires sensibles

Le gros du boulot de l'IGS demeure les enquêtes sur l'usage de la contrainte. Mais les dossiers peuvent s'avérer plus sensibles. Au cours de sa carrière, Philippe Maudry a beaucoup travaillé sur les photos d'identité judiciaire d'Hannibal Kadhafi parues à l'époque dans la Tribune de Genève. «On a fait un gros travail. Mais l'auteur de la fuite n'a jamais été identifié», poursuit-il. Cet ancien chef de la Brigade financière a aussi auditionné l'ex-conseiller d'Etat genevois Mark Muller dans l'affaire du Moulin à danse et s'est intéressé, il y a peu, à la disparition d'une jeune femme, qui remonte à une vingtaine d'années.

Alors que les réquisitions de la police et les plaintes pénales en général augmentent, celles dirigées contre les agents des forces de l'ordre aussi. «L'action policière est davantage passée sous la loupe et mise en doute qu'auparavant», constate Monica Bonfanti. En 2008, 54 procédures pénales ont été traitées par l'IGS, contre 115 l'an dernier. Beaucoup toutefois sont classées après enquête (de l'ordre de neuf sur dix, à l'exception des infractions à la loi sur la circulation routière).
La suite? Toutes les décisions du procureur général parviennent finalement sur le bureau de la cheffe de la police ou du Département de la sécurité et de l'économie. Il arrive qu'un policier soit blanchi pénalement et pourtant révoqué. C'est le sort qui a été réservé au «Hussard noir», grand admirateur de Hitler. Acquitté de l'infraction de discrimination raciale, il a néanmoins été licencié.

https://www.lematin.ch/story/la-brigade-qui-flique-la-police-145004021447
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MessageSujet: Re: inter-minables   inter-minables Icon_minitimeMer 08 Juin 2022, 22:54

Ce qui ne me paraît pas clair -- ni en France ni à Genève -- c'est la délimitation des pouvoirs exécutif et judiciaire: on peut comprendre qu'une administration comme la police dispose d'un appareil disciplinaire interne, mais le principe de séparation des pouvoirs devrait empêcher qu'il se substitue à un tribunal et à une procédure judiciaire; or la confusion paraît inévitable, puisque la procédure pénale ordinaire, même quand elle ne concerne pas des policiers, utilise les moyens de la police (dépôts de plaintes, enquêtes, mandats d'arrêt, perquisitions, etc., tout cela est normalement assuré par la police pour le compte de la justice): quand la police est en cause il y a forcément quelque chose qui cloche.

Si l'IGS de Genève est le seul organisme de ce genre en Suisse et que sa compétence se limite à la police de Genève, comme le suggère cet article, je suppose que les autres cantons doivent avoir un autre système...

La logique du contrôle (surtout depuis que le sens de ce terme s'est étendu, sous l'influence de l'anglais, à la surveillance, à la contrainte, à la répression, etc.) est un enchaînement sans fin, alors que sa réalisation même requiert une fin ou l'illusion d'une fin (au bout de chaque chaîne, il y a un contrôleur qui n'est pas contrôlé, à moins qu'il ne le soit par un autre maillon de la chaîne qui dès lors tourne en rond et au cercle vicieux). On n'en sort pas, sinon par une rupture -- en cassant quelque chose.
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MessageSujet: Re: inter-minables   inter-minables Icon_minitimeJeu 09 Juin 2022, 11:39

Le casier judicaire d'une personne semblerait justifier le tir avec une arme feu par la police en cas de refus d’obtempérer, un excellent moyen (il parait) de distiller la crainte et le respect (perdus) de la police parmi les délinquants. 

Un extrait d'article :

Des versions divergentes demeurent

Depuis dimanche, plusieurs versions des faits ont émergé et se sont opposées, notamment sur la question des sommations et du mouvement du véhicule au moment des tirs. Alors qu’une source policière affirme que les policiers ont fait feu après que le conducteur a redémarré puis « foncé » sur les forces de l’ordre, des témoignages viennent remettre cette version en doute.

Un passager du véhicule a affirmé auprès de RTL que l’un des policiers les a « braqués direct ». « Le conducteur a fait comme s’il ne le regardait pas […]. J’ai crié “baissez-vous”, on a entendu les coups de feu, les vitres qui pètent. Après, mon ami a remis la première et redémarré après les coups de feu », a expliqué cet homme de 36 ans.

L’autre passagère du véhicule, une jeune femme de 21 ans, a livré un récit similaire auprès de Franceinfo ce mercredi. Celle-ci reconnaît que le conducteur – qu’elle et son amie, la personne décédée, venaient de rencontrer lors d’une soirée – ne s’est pas arrêté au premier contrôle car il a affirmé ne pas avoir de permis. « Il a accéléré et s’est arrêté 30, 40 mètres plus loin à cause de la circulation. Il y avait notamment un bus devant nous », explique-t-elle.

« Tout est allé très vite. Je n’ai même pas entendu “Sortez de la voiture” ou “Mains en l’air”. Ils ont cassé les vitres en tapant avec leurs armes. La scène était très violente. Le conducteur n’a même pas eu le temps d’enlever les mains du volant. On a entendu des coups de feu, la voiture qui repart. Tout cela s’est passé en même temps. La voiture n’est pas d’abord partie et ensuite ils ont tiré, c’est en même temps. » C’est ensuite, affirme-t-elle, que le conducteur a « avancé brutalement » avant d’être arrêté par un impact avec une camionnette.

Auprès de RMC, un riverain a quant à lui affirmé que les coups de feu ont été tirés après le redémarrage de la voiture : « Il est parti à vive allure et quelques secondes, après, il y a eu des coups de feu », a-t-il déclaré.

(...)

L’information judiciaire devra notamment déterminer si les policiers ont utilisé leur arme conformément au code de la sécurité intérieure, qui s’appuie notamment sur les principes d’« absolue nécessité » et de « stricte proportionnalité ».

https://www.nouvelobs.com/faits-divers/20220608.OBS59421/refus-d-obtemperer-a-paris-le-point-sur-les-zones-d-ombres-qui-demeurent.html
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MessageSujet: Re: inter-minables   inter-minables Icon_minitimeJeu 09 Juin 2022, 12:20

"Tirer d'abord, viser ensuite, réfléchir après", c'était déjà la devise des services de sécurité selon le regretté Pierre Dac.

Je vois mal comment le "casier judiciaire" (ou le critère encore plus vague, "connu des services de police") pourrait "justifier" quoi que ce soit, dans le cas d'agents qui tentent d'arrêter un véhicule sans savoir a priori qui s'y trouve. Pourtant ça fonctionne bien ainsi dans le récit médiatique ordinaire, ce qui à la fois génère et dénote une curieuse fragmentation de la "conscience" ou de l'"opinion publique": la peine de mort est abolie, au plan judiciaire et pénal, fût-ce pour les pires crimes avérés, mais ceux-là mêmes qui s'en félicitent acceptent que n'importe quel délit ou soupçon "justifie" a posteriori une exécution policière.

Il est cependant tout aussi hypocrite de blâmer tel ou tel policier que le hasard implique dans le délire ou la panique du "feu de l'action" quand on demande à longueur d'année et d'élection en élection, par conviction ou par mimétisme (je me répète), de la "sécurité" avec ce qu'elle suppose, une police pléthorique, surarmée, exposée aux pires influences (du film d'action ou du jeu vidéo hyper-violent aux idéologies fascisantes) et de surcroît juridiquement "protégée" dans l'exercice de ses fonctions.
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MessageSujet: Re: inter-minables   inter-minables Icon_minitimeMar 14 Juin 2022, 16:05

Clément Viktorovitch : "Les extrêmes", anatomie d’un trompe-l’œil rhétorique

Nous revenons sur le premier tour des législatives. Face aux bons résultats de la Nouvelle Union Populaire, les soutiens d’Emmanuel Macron mettent en garde contre une victoire possible des « extrêmes ». Il s’agit tout simplement d’un trompe-l’œil …

https://www.youtube.com/watch?v=mLNLTGprKGc
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MessageSujet: Re: inter-minables   inter-minables Icon_minitimeMar 14 Juin 2022, 16:47

Dans un sens c'est "de bonne guerre", pour un parti ou une coalition "centriste", que de renvoyer dos à dos les "extrêmes"; mais c'est aussi à très courte vue, puisque ce discours s'est aussitôt retrouvé pris à son propre piège, quand il s'est agi, concrètement, de savoir quoi prescrire en cas de duel NUPES/RN...

Encore plus absurde et délétère, s'il est possible, me semble l'usage du terme "républicain" opposé aux "extrêmes" (p. ex. dans le slogan de "front républicain"), quand tous les partis concernés non seulement se disent "républicains", mais participent de fait au jeu électoral des institutions républicaines. La "République" réputée "une et indivisible" change en fait de définition à chaque phrase...
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MessageSujet: Re: inter-minables   inter-minables Icon_minitimeMar 14 Juin 2022, 20:08

Heureux peuple que le français puisqu'ils ne votent pas aussi souvent que nous malheureux helvètes, appelés presque chaque mois à se prononcer sur un énième référendum, à accepter une nouvelle loi, à élire de nouveaux gouvernants communaux, cantonaux et fédéraux Very Happy
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MessageSujet: Re: inter-minables   inter-minables Icon_minitimeMer 15 Juin 2022, 00:24

Au moins c'est souvent sur des questions précises et relativement proches des gens, tandis que nous nous contentons d'élire des représentants qui ne représenteront que leurs partis nationaux (et s'arrangeront éventuellement entre eux dans les restaurants parisiens).

Une fois passées les générations "polarisées" de la Guerre froide, pour qui la droite et la gauche étaient des repères quasi métaphysiques, on comprend que l'abstention augmente, à proportion inverse de l'âge des électeurs (c'est seulement au-dessus de 60 ans que le nombre des votants commence à dépasser celui des abstentionnistes, ça en dit long sur l'avenir du système; paradoxalement la "démocratie" retournerait par là au "sénat" à la romaine, à la gérontocratie du "conseil des anciens", même quand les vieux élisent des gamins). Et parmi les plus jeunes (ou les moins vieux) qui participent encore au jeu dans sa configuration actuelle (tricolore comme le drapeau, le "centre" et les "extrêmes"), beaucoup changent de couleur d'une partie à l'autre, comme au casino, parce que les références qui perdurent anachroniquement dans le discours politique (communisme, socialisme, libéralisme, capitalisme, fascisme, etc.) ne signifient plus rien pour eux...
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MessageSujet: Re: inter-minables   inter-minables Icon_minitimeMer 15 Juin 2022, 16:08

Législatives: Faure dénonce "l'outrance" de Macron

Le premier secrétaire du PS Olivier Faure a dénoncé mercredi "l'outrance" d'Emmanuel Macron qui, en appelant au "sursaut républicain" pour le second tour des élections législatives, laisse entendre que "désormais on est macroniste ou on est antirépublicain".

"Quelle outrance, quelle outrance! Désormais on est macroniste ou on est antirépublicain. A force de convoquer des arguments d'autorité de cette nature, il laisse penser que le pays serait désormais en proie à des antirépublicains partout", a regretté Olivier Faure sur France Inter. 

"C'est une folie et les mots perdent leur sens", a-t-il ajouté, assurant que "la réalité c'est que évidemment nous sommes républicains et que le vote républicain c'est d'abord le vote tout court".

Le chef de l'Etat en a appelé "au sursaut républicain" pour le deuxième tour des législatives dimanche, lors d'une allocution mardi depuis l'aéroport d'Orly d'où il s'envolait pour la Roumanie et la Moldavie. Il a exhorté les électeurs à ne pas ajouter un "désordre français au désordre mondial" et à lui donner dimanche une "majorité solide".

"Moi ou le chaos, voila ce que nous dit Emmanuel Macron, comme s'il n'avait pas, lui, conduit au chaos. Vous êtes dans un pays où nous n'avons jamais autant connu de manifestations, de fractures, il est celui qui a opposé, divisé en permanence", a affirmé Olivier Faure.

Le député du Seine-et-Marne a assuré que "la victoire (de la gauche unie dans l'alliance Nupes, NDLR) est possible". "Nous avons basculé dans un autre monde. Nous étions à peu près 150 à être présents au second tour des dernières élections législatives, nous sommes aujourd'hui plus de 400". 

Interrogé sur les sondages qui ne donnent jamais cette possibilité dans leur analyse, Olivier Faure a souligné que "les instituts de sondage eux-mêmes sont très fragiles, ils ne savent pas projeter les résultats du premier tour sur le second, personne ne connaît ce qu'on appelle la matrice de report, comment se comporteront les électeurs qui n'ont voté ni pour la Nupes, ni pour La République en marche, au second tour".

https://www.msn.com/fr-fr/actualite/politique/l%c3%a9gislatives-faure-d%c3%a9nonce-loutrance-de-macron/ar-AAYu6bF?li=BBoJvSH
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MessageSujet: Re: inter-minables   inter-minables Icon_minitimeMer 15 Juin 2022, 16:27

Sur l'abus du terme "républicain" (ou "antirépublicain") je suis tout à fait d'accord avec Olivier Faure (cf. ce que j'en disais ici même hier après-midi), mais je ne suis pas sûr que la rhétorique de gauche échappe à cet abus quand elle appelle contre le RN au "front républicain": bien que je partage un rejet absolu du RN et de tout ce qui s'en rapproche, ça me paraît quand même difficile de qualifier d'"antirépublicain" un parti qui passe son temps à se dire républicain (voire plus républicain que les autres), et qui surtout est officiellement admis à participer au jeu électoral des institutions républicaines (là est peut-être l'erreur, mais elle est ancienne)...

L'appropriation par un parti d'un terme censé représenter l'ensemble (!) du jeu (la République), et par là même présumé "rassembleur" (ainsi "les Républicains" pour l'ex-UMP-RPR etc., sur le modèle américain qui oppose depuis bien plus longtemps les "Républicains" aux "Démocrates" dans un pays où presque tout le monde se dirait "républicain" ET "démocrate" au sens ordinaire) est en principe un mauvais procédé, aussi bien au regard d'une rhétorique classique que d'une "éthique de la communication", mais c'est devenu la règle en politique.

Quant au reste, on sera fixés d'ici quatre jours...
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MessageSujet: Re: inter-minables   inter-minables Icon_minitimeMer 22 Juin 2022, 10:14

Macron: les deux scénarios sur la table pour réussir à gouverner après le bide des législatives

Il était convaincu d'emporter haut la maint la majorité absolue à l'Assemblée nationale. En séchant la campagne des élections législatives, Emmanuel Macron a commis une lourde erreur qui l'a conduit à un bide spectaculaire. Comment pourra-t-il gouverner désormais? Et surtout, avec qui? Deux scénarios se présentent, mais ils seront quasi intenables sur cinq ans.

La stratégie Rocard

Après la réélection de François Mitterrand en 1988 consécutive à une cohabitation (difficile) avec Jacques Chirac, la droite et le RPR, le parti Socialiste n’obtient pas, à la surprise générale, la majorité absolue. Il lui manque une quinzaine de sièges pour l'atteindre. Remarquons que la macronie part de beaucoup plus loin. À la différence d’Emmanuel Macron, le président Mitterrand prend soin de commenter cette défaite et, pourquoi pas, d’en retourner le sens. Il fait savoir que, puisqu’il n’y a pas de parti majoritaire à lui seul, "la démocratie ne s’en portera que mieux". Et charge au premier ministre Michel Rocard de trouver des unions de circonstance pour "passer" telle ou telle loi. S’appuyant sur son conseiller parlementaire, le très remarquable constitutionnaliste Guy Carcassonne, et disposant d’une importante réserve parmi les élus communistes, le chef du gouvernement y parviendra fort bien durant presque trois années. Rocard utilisera toute sa force de conviction, et il n’en manquait pas, ainsi que des méthodes moins "convenables" mais tout aussi persuasives, les fonds secrets de Matignon étant à cette époque-là fort bien dotés ...

2. L'accord de gouvernement avec LR

À priori, le plus simple serait de s'allier à LR. Mais les inconvénients sont majeurs; quant aux difficultés, nombreuses. Un accord de gouvernement avec Les Républicains, ce serait sans doute l’ultime trahison du macronisme originel. Sa définition? Non pas "et de droite et de gauche", mais "le meilleur de la droite et le meilleur de la gauche. Signer un pacte de bonne gouvernance avec non plus le parti de Jacques Chirac et d’Alain Juppé, mais avec celui de Christian Jacob, de Laurent Wauquiez, de Bruno Retailleau et de l’ultra droitier Éric Ciotti. Ce serait comme un ultime reniement, l’acceptation que le macronisme ne serait plus que de droite. Voilà en effet un inconvénient majeur.

Et la difficulté pourrait être, elle, insurmontable. Car rien ne prouve, plutôt l’inverse, que LR soit disposé à quelque pacte de gouvernement que ce soit avec le président Macron et son groupe parlementaire. Le point d’équilibre du parti jadis fondé et gouverné par Nicolas Sarkozy n’est point au centre de la droite, mais bien à la droite de la droite. La radicalité du tandem Wauquiez-Ciotti l’a emporté sur la modération-modernité qu’incarne fort bien Xavier Bertrand- ce qui ne l’empêche pourtant pas d’être un détracteur radical du président.

https://www.msn.com/fr-fr/actualite/politique/macron-les-deux-sc%c3%a9narios-sur-la-table-pour-r%c3%a9ussir-%c3%a0-gouverner-apr%c3%a8s-le-bide-des-l%c3%a9gislatives/ar-AAYEKsQ?li=AAaCKnE
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MessageSujet: Re: inter-minables   inter-minables Icon_minitimeMer 22 Juin 2022, 10:51

Ceux qui tournent en dérision l'"échec" d'une majorité relative sont souvent ceux qui dénonçaient, hier, une majorité absolue réduisant le Parlement à la fonction de "chambre d'enregistrement"...

La situation présente est intéressante, l'intelligence qu'elle requiert a tout à y gagner, et elle serait de toute façon de type "macroniste", c'est-à-dire "utraquiste" (uterque ou utraque, l'un et l'autre), puisqu'il s'agirait de mettre d'accord des gens qui a priori ne le sont pas. Le problème réside essentiellement dans l'intelligence des (futurs) partenaires: quoi qu'il en soit des dispositions individuelles, l'esprit de parti ne favorise pas ce type d'intelligence (avec l'ennemi), et d'autant moins que ceux qui n'ont pas voulu jouer le jeu à la partie précédente, qui sont restés attachés à leurs partis respectifs avec d'autant plus d'obstination que ceux-ci étaient battus en brèche, se trouvent dans une posture au mieux défensive, au pire revancharde -- même si la revanche ne débouche sur aucun avantage partisan, dans le cas du "blocage".

Personnellement je n'ai cependant rien contre ledit blocage, qui permet à tout un chacun de constater que la vie continue, même sans machine à légiférer...
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MessageSujet: Re: inter-minables   inter-minables Icon_minitimeMer 22 Juin 2022, 11:09

Pour ma part, je trouve que cette situation redonne à l'assemblée nationale la fonction qu'elle avait perdue, à savoir un lieu ou l'on parle(ment). Je ne pense pas que les partis désirent le blocage des institutions (même le RN et la NUPES), le fonctionnement entre l'exécutif et le législatif exigera de l'intelligence de part et d'autre, ainsi qu'une volonté de faire progresser l'intérêt général, loin d'un esprit partisan. MACRON devra apprendre à exercer le pouvoir d'une manière moins monarchique et autocratique mais les partis d'oppositions devront faire preuve de responsabilité et être ouvert aux compromis. MACRON exprimerait la volonté de former un "gouvernement d’union nationale", ce qui me parait être une belle ambition mais un projet périlleux qui placera tout, un chacun devant ses responsabilités. En ce qui me concerne, je me réjouie de cette situation qui amoindrit le pouvoir du président.


Dernière édition par free le Mer 22 Juin 2022, 11:39, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: inter-minables   inter-minables Icon_minitimeMer 22 Juin 2022, 11:34

Paradoxalement, "l'union nationale" signerait le triomphe inespéré du macronisme originel, dont l'idée s'est perdue dans sa réalisation, par la facilité d'une "majorité absolue" qui n'était que d'un "parti" (thèse, antithèse, synthèse, Hegel serait ravi)...

Le problème, c'est que l'intelligence requise des partenaires n'est précisément pas celle des partis, surtout en France dont la culture politique mise tout sur l'alternance et rien sur la coalition (et ça c'est encore plus vieux que la Ve République). Il y aura toujours des individus pour jouer le jeu (au niveau des députés il en faudrait au moins une quarantaine), mais ceux-ci seront aussitôt récusés comme traîtres par leurs partis respectifs, comme l'ont été jusqu'ici les macronistes de la première ou de la dernière heure. Une union nationale au niveau des partis impliquerait l'établissement d'un programme commun de gouvernement et de législature, ce qui paraît d'autant plus improbable qu'il devrait élargir "en même temps" la base macroniste sur sa droite ET sur sa gauche, sous peine de la faire exploser...
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MessageSujet: Re: inter-minables   inter-minables Icon_minitimeVen 24 Juin 2022, 19:12

Situation intéressante à observer depuis la Suisse. Nous sommes habitués à être dirigé, au niveau de l’état fédéral s’entend, par un gouvernement constitué de tous les partis de gauche du centre et de droite.

En effet, tous les quatre ans les citoyens de chaque canton élisent leurs représentants cantonaux et ce sont ces derniers qui vont « choisir et élire » les conseillères fédérales et/ou les conseillers fédéraux.
Je ne me suis pas trompé en disant « choisir et élire » car effectivement il y a un choix avant l’élection proprement dite.

Dans la mesure du possible chaque région linguistique soit, germanophone, francophone et italophone doit être représentée par une conseillère fédérale ou un conseiller fédéral. Le canton des Grisons a compté jusqu’à nos jours 4 conseillères/conseillers fédérales/fédéraux ce qui est remarquable car certains cantons n’en ont jamais eu.
Lorsqu’un membre du Conseil fédéral démissionne son parti va présenter une candidate/un candidat. Mais avant que les 2 chambres (Conseil des Etats, Conseil National) procèdent à l’élection, le candidat/la candidate doit passer devant chaque groupe de parlementaires des divers partis siégeant dans les 2 chambres, afin que les partis acquièrent la conviction que la future/le futur membre du Conseil fédéral ne soit pas une/un « révolutionnaire » et qu’elle/qu’il soit prêt/e à travailler en bonne harmonie au sein du Conseil fédéral.

En effet, même si un parti défend une opinion contraire à l’opinion majoritaire du Conseil fédéral son représentant défendra certes ce point de vue mais devra se rallier au choix majoritaire se dégageant de la discussion hebdomadaire du Conseil fédéral.
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MessageSujet: Re: inter-minables   inter-minables Icon_minitimeVen 24 Juin 2022, 20:40

Je me demande, en te lisant, si cette forme d'institutionnalisation des partis a eu un effet, et si oui lequel, sur leur évolution, idéologique et stratégique.

En France nous sommes passés tardivement, et brutalement, d'un système bipolaire d'alternance gauche-droite, qui était foncièrement solidaire du monde de la Guerre froide -- même s'il ne lui correspondait pas exactement et s'il lui a survécu deux ou trois décennies, par inertie -- à une tripartition qui ne permet aucune "alternance", puisque seul le centre est en situation de gouverner (même s'il n'a pas de majorité absolue il est toujours mieux placé que les autres du seul fait qu'il est au centre du jeu, il le serait même s'il était tout à fait minoritaire). Les partis "extrêmes" écartés de fait du lieu symbolique et de l'exercice réel du pouvoir sont par là même confortés dans des postures irresponsables, qui sont relativement attractives et ne leur coûtent rien tant qu'ils n'ont pas à les traduire, ni à les trahir, en action ou en négociation gouvernementale.

Si des pays comme l'Allemagne, l'Italie ou l'Espagne qui n'ont pas les traditions réglées de la Suisse arrivent à constituer des coalitions gouvernementales ou des accords législatifs ponctuels, il faudrait que nous soyons particulièrement stupides pour ne pas y arriver, mais ce n'est pas exclu...
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MessageSujet: Re: inter-minables   inter-minables Icon_minitimeLun 27 Juin 2022, 14:27

Droit à l’avortement : de Washington à Los Angeles, des milliers d’Américains manifestent contre la décision de la Cour suprême

La Cour suprême a annulé, vendredi 24 juin, l’arrêt Roe vs Wade qui reconnaissait depuis 1973 le droit à l’avortement au niveau fédéral. « La décision d’aujourd’hui éloigne les Etats-Unis d’une tendance progressiste », a regretté la haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet.

Des manifestations dans plusieurs Etats américains contre la révocation du droit à l’avortement
Des partisans du droit à l’avortement se sont mobilisés samedi aux Etats-Unis pour une deuxième journée de manifestations contre la décision de la Cour suprême de pulvériser ce que beaucoup pensaient être un acquis.

Des milliers de personnes se sont rassemblées samedi devant la Cour suprême à Washington, entourée de barrières et placée sous protection policière. « Ce qui s’est passé hier, c’est indescriptible et dégoûtant », s’est exclamée Mia Stagner, une étudiante en sciences politiques de 19 ans. « Aucune femme ne devrait être forcée à devenir mère ». Autour d’elle, des défenseurs du droit à l’IVG scandaient « séparation de l’Eglise et de l’Etat », ou encore « mon corps, mon choix ».

Plusieurs centaines de défenseurs du droit à l’avortement se sont aussi rassemblés à Los Angeles et des protestations étaient prévues dans d’autres villes, notamment dans les Etats qui ont profité de l’arrêt de la Cour pour bannir immédiatement les interruptions de grossesse sur leur sol.

https://www.lemonde.fr/international/live/2022/06/25/droit-a-l-avortement-de-nombreuses-manifestations-attendues-samedi-dans-les-villes-americaines_6131915_3210.html
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