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| inter-minables | |
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+3le chapelier toqué Narkissos free 7 participants | |
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free
Nombre de messages : 10099 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Mar 11 Mai 2021, 10:59 | |
| Michel Onfray était l'invité de Laurence Ferrari dans La Matinale sur CNEWS ce mardi 11 mai.
Interrogé sur la flambée de violences ces dernières semaines en France, le philosophe a qualifié la situation actuelle de «guerre civile». «Quand des jeunes tirent à bout portant sur un policier simplement parce qu'ils sont en train de se faire contrôler, quand des Français tirent sur des Français (...) ça s'appelle une guerre civile», a-t-il justifié. Il faisait notamment référence au meutre mercredi dernier d'un policier à Avignon lors d'une opération anti-drogue. Michel Onfray a également pointé les «territoires perdus de la République». «On a décidé qu'on y mettrait plus les pieds donc dans ces cas-là, oui, quand il y a des quartiers qui font sécession, ça ressemble à quelque chose qui s'apparent à la guerre civile», a-t-il poursuivi. https://www.cnews.fr/videos/france/2021-05-11/pour-michel-onfray-la-france-est-en-guerre-civile-1080343 |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Mar 11 Mai 2021, 11:43 | |
| Onfray m'écoeure plus que beaucoup d'autres, non seulement parce qu'en tant qu'"intellectuel" il connaît le sens, le poids et l'enjeu des mots, il sait ce qu'il dit et à qui il le dit; mais encore parce qu'en tant que "libertaire" autoproclamé il a revendiqué des notions extrêmement proches de la "sécession" et de la "zone de non-droit", précisément comme seules expressions possibles d'une "liberté" individuelle ou communautaire dans un "système" globalement indestructible. Cela dit, le chemin qui mène de l'"anarchisme" au "fascisme" a été tracé par le créateur italien du second concept, Mussolini, bien avant la "guerre civile" exemplaire, l'espagnole... |
| | | free
Nombre de messages : 10099 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Ven 21 Mai 2021, 10:06 | |
| Après avoir provoqué un tollé à gauche, le premier secrétaire du Parti socialiste regrette une "expression malheureuse".
Marche arrière. Face à la polémique provoquée à gauche par sa proposition de “droit de regard” accordé aux policiers sur les décisions de justice, le patron du Parti socialiste Olivier Faure rétropédale. Dans un tweet publié ce jeudi 20 mai, le député de Seine-et-Marne revient sur cette déclaration qui a dérouté jusque dans son propre parti.
“Je veux être clair. Mon expression ‘droit de regard’ de la police était malheureuse. La démocratie fonctionne avec des institutions où le rôle de chacun est défini, et les pouvoirs séparés”, rectifie Olivier Faure, avant d’assurer: “jamais je ne transigerai avec ces principes”.
Mercredi soir, et alors que la participation à la manifestation des policiers a posé un cas de conscience à la gauche, le premier secrétaire du PS avait précisé sa position, en expliquant qu’il voulait ”élargir aux policiers les Commissions pluridisciplinaires uniques”, lesquelles jugent de la dangerosité et de la vulnérabilité d’un détenu. “C’est un lieu d’échange institutionnel, consultatif et de partage d’informations. On y entend les moniteurs de sport, aumôniers, visiteurs de prison, mais on ne pourrait pas entendre les policiers sur les récidivistes ou les criminels? Il faut permettre un échange régulier entre les deux services publics qui assurent notre protection et ne pas entretenir l’opposition Police-justice”, avait-il interrogé dans une série de tweets. Sans convaincre visiblement, puisque la présidente du groupe PS à l’Assemblée nationale, Valérie Rabault n’a pas du tout adhéré à cette explication de texte. “Oui au soutien à la police endeuillée et confrontée à des violences. Oui au respect du rôle de chaque institution, fondement de l’État de droit. Non à la confusion qui résulterait d’un droit de regard de la police sur les décisions de justice”, a-t-elle tweeté ce jeudi matin.
Reste maintenant à savoir si ce rétropédalage d’Olivier Faure suffira à convaincre les siens. “Nous sommes dans un État de droit démocratique où le rôle de chacun doit être clair, les policiers et les magistrats soutenus dans leurs missions, et les pouvoirs séparés. Il ne peut y avoir de droit de regard de la police sur les décisions de justice”, a réagi le député PS des Landes Boris Vallaud, après cette “clarification bienvenue” faite par Olivier Faure. On a connu soutien plus chaleureux de l’un part d’un porte-parole à son chef de parti. https://www.huffingtonpost.fr/entry/olivier-faure-retropedale-apres-avoir-reclame-un-droit-de-regard-des-policiers-sur-la-justice_fr_60a61dfae4b0a24c4f782efb |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Ven 21 Mai 2021, 16:56 | |
| Décidément la "devise des services de sécurité" selon l'irremplaçable Pierre Dac, "tirer d'abord, viser ensuite et réfléchir après", est contagieuse -- Olivier Faure ne me semblait pourtant pas le plus idiot de la bande. Le soutien affiché aux "policiers en colère" ne pouvait être que désastreux pour tout le monde, sauf pour le F/RN seul crédible dans ce rôle-là: différemment pour le ministre de l'Intérieur qui manifeste ainsi contre lui-même et/ou son gouvernement, pour la droite dite républicaine (LR et assimilés) qui perd là toute chance de se démarquer significativement du RN, pour la gauche qui risque d'y perdre ce qu'il lui reste d'électeurs "de gauche" sans en gagner ailleurs.
Soit dit en passant, le slogan qui m'a fait le plus marrer hier c'est encore "le problème de la police, c'est la justice": il s'entend aussi bien comme un aveu, l'extrême-gauche pourrait le reprendre à son compte sans y changer une virgule (cf. "police partout, justice nulle part"), et il tend à confirmer que les policiers ne devraient pas s'exprimer sur la voie publique sans la présence d'un bon avocat...
Etrangement, il ne se trouve plus personne pour suggérer que ce qui tue des policiers c'est d'abord la politique absurde de l'Etat qu'ils représentent, aussi bien les discours et mesures vexatoires envers l'islam qui les mettent à la merci de n'importe quel "déséquilibré" musulman que les missions impossibles de répression d'un trafic de drogue irrépressible dans un régime de prohibition hypocrite, avec une société ouvertement et largement consommatrice (ces deux exemples pour en rester aux deux derniers meurtres)... Cela n'enlève rien à la responsabilité morale ni éventuellement pénale des assassins, mais il me semble qu'une "colère policière intelligente", si l'association de ces deux adjectifs n'était pas trop contradictoire, se retournerait plutôt contre le pouvoir exécutif et législatif, en refusant certaines missions vouées à un échec certain que les policiers sont les premiers à payer -- plutôt que contre la "justice" qui est un contre-pouvoir structurellement nécessaire à tout "état de droit". |
| | | le chapelier toqué
Nombre de messages : 2607 Age : 77 Date d'inscription : 31/08/2010
| Sujet: Re: inter-minables Dim 23 Mai 2021, 18:43 | |
| Au cours de l'émissions "28 minutes" diffusée samedi soir sur Arte, les journalistes présent ainsi qu'un auteur de science fiction invité ce jour-là ont relevé que la montée de la violence manifestée par la police ayant l'approbation du gouvernement ne permettait pas de résoudre les problèmes posés.
De plus l'une des personnes présentes à relevé que les suicides au sein des forces de l'ordre causaient plus de morts que les attaques subies par les policiers. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Dim 23 Mai 2021, 19:53 | |
| Je retrouve ici et là des choses que j'avais écrites il y a plus de dix ans, sous la droite dite "dure" de Sarkozy... entre-temps sont passés en France une gauche réputée "molle" et un centre soi-disant inclusif (ou "utraquiste", et gauche et droite), mais chaque couche législative appliquée par les gouvernements et parlements successifs est toujours allée dans le même sens, celui d'un surcroît de protection des prétendus protecteurs et de répression des réfractaires (l'"agression" étant de moins en moins distinguée de l'"outrage" ou du "refus d'obtempérer" dont les policiers assermentés sont seuls juges, jusqu'à preuve -- notamment audio-visuelle -- du contraire), mais chaque fait-divers relance les mêmes "colères" comme si de rien n'était. On ne peut pourtant pas dire que la chose soit nouvelle (je repense, au hasard, à Pepe le Moko -- "jamais descente de police n'a si bien mérité son nom", c'était Saturnin Fabre -- ou à Quai des Orfèvres dans les années 1930, ou A bout de souffle en 1960, où chaque fois la mort d'un ou de plusieurs policiers est un élément "classique" de l'intrigue; sur un ton plus léger, Brassens pouvait chanter Hécatombe au début des années 1950, son nom orne aujourd'hui nombre de collèges et de lycées mais on peut être condamné pour chanter ses chansons ou en faire de semblables -- surtout en rap).
P.S. La poursuite en diffamation d'une candidate de gauche aux prochaines élections (A. Pulvar) par le ministre de l'Intérieur ex officio, au prétexte qu'elle exprimait des réserves (très modérées à mon sens) sur la dernière manifestation de policiers qui n'étaient pourtant pas là "dans l'exercice de leurs fonctions", n'est pas seulement grotesque: elle illustre dans quel sens littéralement totalitaire travaille, quasi mécaniquement, la sacralisation de la police et des institutions en général. Les différents passages de la gauche au pouvoir ne sont d'ailleurs pas pour rien dans cette tendance lourde, ils ont largement contribué à l'illusion d'institutions foncièrement bonnes, indéfiniment réformables et perfectibles de l'intérieur, dont personne n'aurait aucune raison de se défier radicalement. Or c'est précisément dans cette illusion que naît et prospère ce genre de totalitarisme "soft", qui finit par ne plus permettre aucune critique des institutions, voire par rendre leurs louanges obligatoires. Seul l'antagonisme fonctionnel des institutions mêmes (police-justice en l'occurrence) résiste encore à cette tendance, car quand elles paraîtront en parfaite harmonie et que ni politiques ni médias n'oseront plus en dire du mal, le totalitarisme sera de fait et de droit, quoique invisible et inaudible. |
| | | le chapelier toqué
Nombre de messages : 2607 Age : 77 Date d'inscription : 31/08/2010
| Sujet: Re: inter-minables Lun 24 Mai 2021, 20:05 | |
| Je souhaite, Narkissos, que tu te trompes mais je crains que cela ne vienne petit à petit également la norme dans d'autres pays européens, sans que cela choque la masse des téléspectateurs qui depuis bien longtemps ne sont plus acteurs de leurs réflexions. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Lun 24 Mai 2021, 23:44 | |
| La structure des médias a à la fois beaucoup et peu changé: chacun reçoit et "partage" les "informations" qu'il veut avec qui il veut sur les "réseaux sociaux", de ce point de vue le "téléspectateur" est devenu davantage "téléacteur", mais dans un circuit autrement restreint: les analyses et les opinions contradictoires éprouvent de moins en moins le besoin de se rencontrer pour s'affronter, il leur suffit de mesurer régulièrement leur rapport de force dans les sondages et aux élections (ou éventuellement devant les tribunaux). Il est vrai que c'était un peu la même chose il y a cinquante ans, quand chacun lisait son journal de gauche, de droite ou du centre, mais la télévision d'Etat et les campagnes électorales offraient peut-être davantage l'occasion de croiser des arguments devant le même public; et le débat même était peut-être plus décisif pour une masse d'"indécis" qui ressentaient le besoin de se décider, alors qu'aujourd'hui ce sont surtout les partisans qui les suivent pour compter les points, sans que ça affecte leur engagement; en bref il me semble que l'indécision a basculé dans l'indifférence, ce qui se traduit dans l'abstention électorale massive comme dans l'audience réduite des débats (vraiment) contradictoires. |
| | | free
Nombre de messages : 10099 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Mar 25 Mai 2021, 10:48 | |
| Suite à un fait divers (la mort de policiers), l'émotion a envahi les médias, les politiques ... Au point qu'il était devenu impossible de critiquer les prises de parole des syndicats de police, sous peine de se faire taxer d'anti-policiers. Pourtant de nombreuses affirmations et positions de certains syndicats de police sont critiquables car d'une part elles ne correspondent pas à la réalités et d'autre part elles manquent de pertinences. Peu de réactions face à l'affirmation : "Le problème de la police, c'est la justice" avec toutes les implications que suppose cette position, aucune (ou peu) de réfutation quand certains policiers soulignent la laxisme des juges dans le pays qui incarcère le plus ... L'émotion interdit la réflexion. Par exemple, la police réclame les peines planchers, or l'expérience prouve que cette mesure est inefficace contre la récidive contre laquelle est censée lutter, pourtant peu de journalistes ou de politiques (la police étant sacralisée après avoir été vilipendée) n'ont exprimé leurs doutes face à cette demande et surtout ils n'ont pas soulevé les problèmes qu'engendre une telle mesure comme celui de l'individualisation de la peine :
L'individualisation de la peine
Pourquoi faire du sur-mesure ?
La peine et ses modalités d’exécution doivent répondre au niveau de gravité des faits sanctionnés et être adaptées à la situation du condamné. 1. Pour mieux agir sur le risque de récidive et favoriser la réinsertion du condamné Pour être efficace et avoir du sens aux yeux du condamné, la peine doit être prononcée en connaissance de cause, le juge doit avoir les moyens de cerner la personnalité du condamné, son environnement et sa situation sociale, ses points faibles (les risques de récidive) et ses points forts (les facteurs favorisant la sortie de délinquance). 2. Parce que les peines automatiques entravent le pouvoir d’appréciation du juge La réforme pénale abroge les automatismes qui empêchent le juge de prononcer une peine individualisée. Les peines planchers avaient été introduites dans la législation française en 2007 afin de contraindre les juges à prononcer une peine minimale à l’égard des personnes ayant déjà été condamnées pour des délits. Or, elles n’ont pas démontré leur utilité pour prévenir la récidive. Le risque de récidive est mieux prévenu par l’individualisation de la sanction et de sa mise en œuvre. Ces peines ont été abandonnées ou réformées dans les pays qui les avaient mises en place (États-Unis, Australie…). http://www.justice.gouv.fr/loi-du-15-aout-2014-12686/lindividualisation-de-la-peine-12688/
Dernière édition par free le Mar 25 Mai 2021, 11:13, édité 1 fois |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Mar 25 Mai 2021, 11:07 | |
| C'est en effet un retour notable de la présidence de Hollande (et peut-être surtout du ministère de Christiane Taubira) sur celle de Sarkozy, qui corrige ce que je disais trop vite: tout n'est pas toujours allé dans le même sens, quoique ça change peu à la tendance lourde (de plus en plus sécuritaire et répressive, ce qui n'empêche pas, mais accompagne et favorise le glissement général de l'opinion vers la droite).
Pour revenir sur la question des débats, il me semble qu'ils perdent aussi beaucoup de leur intérêt et de leurs enjeux à mesure que le spectre des opinions représentées se réduit, pour cause de "réalisme" ou de "correction politique". Quand une bonne partie de la droite défendait avec acharnement la peine de mort, une bonne partie de la gauche remettait clairement en cause le principe même de la justice rétributive et du système carcéral, il y avait au moins là matière à penser et à choisir. Tandis que lorsque tout le monde dit à peu près la même chose sur l'"essentiel" (il faut de la sécurité et de la répression), les oppositions mêmes ne portent que sur des nuances et donnent l'impression d'être surjouées. |
| | | free
Nombre de messages : 10099 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Mar 25 Mai 2021, 11:21 | |
| - Narkissos a écrit:
- C'est en effet un retour notable de la présidence de Hollande (et peut-être surtout du ministère de Christiane Taubira) sur celle de Sarkozy, qui corrige ce que je disais trop vite: tout n'est pas toujours allé dans le même sens, quoique ça change peu à la tendance lourde (de plus en plus sécuritaire et répressive, ce qui n'empêche pas, mais accompagne et favorise le glissement général de l'opinion vers la droite).
J'ai le sentiment que la Front National a réussi à imposer sin agenda et que LR se leurre en pensant tirer un bénéfice de ce glissement qui profitera davantage à l'extrême droite. Nous assistons à une course à la surenchère de celui qui proposera la mesure ou l'idée la plus sécuritaire et répressive ... Au point que toute critique à l'encontre de la police est devenu impossible voir répréhensible (dans le pays qui réclamait au moment des caricatures, la liberté d'expression totale et sans limite) :Gérald Darmanin annonce porter plainte contre Audrey Pulvar, l’accusant de « diffamer la police »La plainte vise « une succession de propos », a précisé l’entourage du ministre de l’intérieur. Mme Pulvar a jugé « assez glaçante » la manifestation des policiers mercredi. Une vidéo dans laquelle elle dénonce le « racisme dans la police » est aussi visée.Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé, dimanche 23 mai, qu’il portait plainte contre Audrey Pulvar, tête de liste des socialistes aux élections régionales en Ile-de-France, qui a jugé « assez glaçante » la manifestation des policiers mercredi devant l’Assemblée nationale.« Les propos de Mme Pulvar dépassent le simple cadre d’une campagne électorale et viennent profondément diffamer la police de la République. Je porte plainte au nom du ministère de l’intérieur », a tweeté le ministre, vivement critiqué par l’opposition pour avoir salué les policiers au début du rassemblement.Une manifestation « soutenue par l’extrême droite, à laquelle participe un ministre de l’intérieur, qui marche sur l’Assemblée nationale pour faire pression sur les députés en train d’examiner un texte de loi concernant la justice, c’est une image qui pour moi était assez glaçante », a considéré l’ex-journaliste samedi sur Franceinfo. https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/05/23/gerald-darmanin-annonce-porter-plainte-contre-audrey-pulvar-apres-ses-propos-sur-la-manifestation-glacante-des-policiers_6081229_823448.html |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: inter-minables Mar 25 Mai 2021, 11:37 | |
| Par coïncidence (parce que j'écoute assez peu ce genre de chose) j'avais entendu Audrey Pulvar à la radio avant les réactions, et sans idée préconçue à son sujet je l'avais trouvée excellente, à la fois pertinente et diplomatique. L'idée même qu'elle puisse être attaquée là-dessus, et en justice de surcroît, ne me serait pas venue à l'esprit.
Ce qui me laisse vraiment perplexe, et depuis longtemps, c'est le jeu de Darmanin et plus encore celui de Macron avec Darmanin. Je comprends bien qu'il cherche à diviser la droite, mais je ne vois pas comment il peut le faire ainsi sans ulcérer tout ce qu'il lui reste de soutiens provenant de la gauche et en particulier du PS. A moins qu'il les juge suffisamment captifs face à l'épouvantail RN, par le réflexe du "front républicain", mais c'est un pari risqué et dangereux. Il faudrait à tout le moins qu'il s'en désolidarise à temps. |
| | | free
Nombre de messages : 10099 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Mar 25 Mai 2021, 16:39 | |
| On se souvient qu'elle avait jugé "assez glaçante" la manifestation de policiers, "soutenue par l'extrême droite, à laquelle participe un ministre de l'Intérieur, qui marche sur l'Assemblée nationale pour faire pression sur les députés en train d'examiner un texte de loi concernant la justice". Dans Libération, le constitutionnaliste Dominique Rousseau cite les propos d’un dirigeant syndical lors de cette manifestation : "Si cette mobilisation s’avère efficace et très forte, les digues céderont, les digues, c’est-à-dire, les contraintes de la Constitution". Et il approuve la formule : oui - écrit-il - "une Constitution, c’est une contrainte".
"Ou pour le dire avec les mots de Camus : une Constitution, ça empêche. Ça empêche de porter atteinte à la liberté d’expression ; ça empêche un homme ou une institution de concentrer entre ses mains tous les pouvoirs, législatif, exécutif et judiciaire ; ça empêche de porter atteinte au droit de grève ; ça empêche de mettre en prison les gens sans base légale précise ; ça empêche de porter atteinte à l’indépendance de la justice..."
Lors de la manifestation, les policiers l’ont prise pour cible, une posture qui "résiste peu à l’épreuve du réel", soulignent Chloé Pilorget-Rezzouk et Lilian Alemagna dans Libération, en citant un ancien parquetier francilien.
"Nous sommes les maillons d’une même chaîne pénale. La justice n’est là que pour juger ce qui est récolté et préparé par les services de police. Mais le magistrat arrivant en bout de chaîne, c’est le coupable idéal"
D’ailleurs, au même moment, le ministre de la Justice qui présentait son projet de loi à l’Assemblée, rappelait dans l’hémicycle que "132 000 peines d’emprisonnement fermes ont été prononcées en 2019, alors qu’elles étaient 120 000 en 2015", et qu’"entre 2002 et 2020, avant le confinement, la population carcérale a augmenté de près de 25 000 personnes, avec les problèmes de surpopulation déplorés sur tous ces bancs". Et le sociologue Christophe Mouhanna se demande si les déclarations outrancières de certains syndicats de policiers ne sont pas une manœuvre pour galvaniser leurs troupes et consolider leur pouvoir.
"En parlant ainsi de la justice, on détourne le regard de tout ce qui dysfonctionne aujourd’hui dans la police".
Dans L’Obs, la Conférence nationale des premiers présidents, qui rassemble les chefs de juridiction du siège de toutes les cours d’appel de France et des territoires d’outre-mer, a publié une tribune en forme d’Appel à refonder le pacte républicain pour la justice.
"La justice a un besoin impérieux de ne plus être l’otage de joutes électorales et de quitter ce théâtre incessant de polémiques, d’accusations et d’incompréhensions."
Le texte dénonce le fait "que des lois nouvelles, toujours plus nombreuses, soient conçues sur un mode incantatoire, en réponse à tout nouveau fait divers, plutôt que préparées avec l’expertise des professionnels concernés et dans l’arbitrage nécessaire entre la complexification croissante de la procédure exigée par la protection légitime des droits humains et les attentes fortes de la société en matière de lutte contre la délinquance et d’efficacité des enquêtes". https://www.franceculture.fr/emissions/le-journal-des-idees/police-et-justice |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Mar 25 Mai 2021, 23:50 | |
| Autre ironie de l'histoire, ce sont les médias publics, héritiers de l'ORTF gaulliste quoique profondément remaniés sous Mitterrand (France 2 et 3, France-Culture, France-Inter, France-Info etc.), qui paraissent aujourd'hui presque "gauchistes", compte tenu du glissement général de l'opinion à droite que la plupart des chaînes privées et leurs sponsors publicitaires suivent, nourrissent et anticipent servilement.
Entre-temps Darmanin s'est dégonflé, mais assez habilement pour donner l'impression que c'est Audrey Pulvar qui s'est dégonflée, en s'expliquant sans se dédire. Au-delà des querelles de personnalités le résultat c'est la confirmation du tabou: pas question de mettre en cause les problèmes "systémiques" de la police française, ni la xénophobie ni les penchants pour la droite extrême ni l'allergie à l'état de droit qui implique précisément la séparation des pouvoirs, au moment même où tout cela s'affiche. Problèmes systémiques que Macron lui-même avait pourtant fini par reconnaître, tout comme l'administration américaine (qui partait, il est vrai, d'un "problème" d'une autre dimension). |
| | | free
Nombre de messages : 10099 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Mar 01 Juin 2021, 10:29 | |
| Terrorisme : Guillaume Peltier crée la polémique en proposant «une justice exceptionnelle», «sans appel possible»
Le numéro 2 de LR propose de soumettre cette proposition au «référendum» en cas de blocage du Conseil constitutionnel. Une idée qui suscite des critiques, jusqu'au sein de LR.
La lutte contre le terrorisme doit-elle passer avant le respect de la Constitution? Invité dimanche au «Grand Jury RTL, LCI, Le Figaro», Guillaume Peltier est allé dans ce sens en proposant une mesure choc : rétablir une «cour de sûreté de la République», sorte de «justice exceptionnelle» pour condamner «sans appel possible» les individus radicalisés «sur la base de soupçons avérés». «Cette idée qu'on a beaucoup travaillé avec Olivier Marleix (député LR d'Eure-et-Loir, NDLR) permettrait d'échapper à cette hyperjudiciarisation de la vie française», a-t-il jugé.
Si elle doit un jour être mise en place, la mesure a donc de fortes chances de se heurter au Conseil constitutionnel, garant des droits et des libertés. «S'il s'y oppose, nous proposerons ça par référendum au peuple français», assume Guillaume Peltier, rappelant que la Constitution «a été changée de très nombreuses fois, et parfois pour des sujets bien plus dérisoires et secondaires» depuis sa création en 1958. «Ce qui compte demain, c'est de rétablir l'autorité de l'État et de protéger les plus fragiles et vulnérables», a jugé le vice-président des Républicains qui veut «permettre à nos enfants de vivre dans une France sûre et prospère». https://www.lefigaro.fr/politique/pour-lutter-contre-le-terrorisme-guillaume-peltier-veut-creer-une-justice-exceptionnelle-sans-appel-possible-20210530
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| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Mar 01 Juin 2021, 11:13 | |
| Perversité du simplisme démagogique: quand la grande majorité des citoyens ne comprend rien à la complexité structurelle d'un "état de droit" et d'une "démocratie représentative", le referendum est l'arme idéale pour en finir avec tout cela, "légalement" et "démocratiquement": l'extrême-droite (dont vient Peltier) n'a jamais été aussi "démocrate" que depuis qu'elle a compris que la démocratie était suicidaire...
Cela dit, la Cour de sûreté a une histoire longue, quoique intermittente, et aussi militaire que politique et judiciaire (la justice militaire étant à la justice ce que la musique militaire est à la musique, disait encore Pierre Dac) -- pour ne parler que de la France: l'antiterrorisme américain est à sa manière exemplaire, ouvertement depuis 2001. Le plus troublant à mon sens dans ce texte, c'est de viser une "radicalisation" (qui en soi relève de l'opinion privée, n'est donc a priori ni un crime ni un délit), sur la base de "soupçons avérés" de surcroît (oxymore s'il en est, Castaner en avait déjà usé dans un autre contexte, sur les "violences policières"). Bref, on ne sait pas du tout de quoi on parle, mais ça n'empêche personne d'en parler, c'est ainsi que "les idées progressent", comme on dit. |
| | | le chapelier toqué
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| Sujet: Re: inter-minables Mar 01 Juin 2021, 17:17 | |
| Un petit dernier avant de partir.
Nous avons souvent des référendums en Suisse sur à peu près tout et n'importe quoi. Mais à y regarder de plus près nous constatons que nombre de ces référendums répondent à une mesure adoptée par les parlements (Conseil des Etats et Conseil National) qui ne plait pas au parti d'extrême droite U.D.C. (union démocratique du centre [ce nom est une véritable farce]). Celui-ci juge dès lors qu'il est nécessaire de laisser parler le peuple avec tous les excès que cela sous-entend puisque le parti n'aura de cesse de présenter le référendum à travers le prisme de se idées |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: inter-minables Mer 02 Juin 2021, 00:16 | |
| Il me semble -- je parle sous ton contrôle, fût-il différé à ton retour -- que la Suisse a une longue tradition de "démocratie directe" ("votations") qui fait sens dans une structure étatique (cantonale et confédérale) fort différente de la France hyper-centralisée: le referendum y est banalisé, ce qui à la fois favorise son instrumentalisation par un parti "extrême" (même quand il s'intitule "centriste" et "démocrate") et limite les effets de cette instrumentalisation (parce que la grande majorité des citoyens, habitués au procédé, en sont beaucoup moins dupes). Cela dit il a quand même permis à l'extrême-droite de marquer des points, au moins symboliques (sur les minarets ou la burqa p. ex.). |
| | | le chapelier toqué
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| Sujet: Re: inter-minables Mer 02 Juin 2021, 09:40 | |
| Comme toujours c'est une excellente analyse que tu as fait Narkissos, tu pourrais devenir un bon citoyen suisse, Il y a encore le droit d'initiative qui permet à une personne, un parti de proposer une loi, une modification de loi. Il s'agit de récolter 100'000 signatures pour voir l'initiative passer en votation populaire avant d'arriver aux parlements. Il faut quand même une majorité des votants et des résultats cantonaux positifs pour que le processus puisse entrer en fonction.
Voilà je pars dans moins d'une demi heure. |
| | | free
Nombre de messages : 10099 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Mer 02 Juin 2021, 10:11 | |
| Par le biais d'une méthode parfaitement démocratique, des politiciens peuvent passer des lois anti-démocratiques. Ce qui me surprend le plus en ce moment, c'est que la réflexion et la conscience politique cèdent la place à une course à la surenchère, à celui qui va suggérer la méthode la plus radicale ou extrémiste. Même des hommes politiques avec une certaine expérience politique proposent des solutions dans l'air du temps mais totalement en contradiction avec un état de droits. Peltier est le numéro 2, des Républicains, un parti dit "républicain", comment peut-il demander que certains individus, particulièrement dangereux, soient emprisonnés par prévention ? Les idées d'extrême droite s'imposent dans le paysage politique et médiatique. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Mer 02 Juin 2021, 11:23 | |
| L'état de droit n'a malheureusement guère de rapport avec la démocratie, parce qu'une majorité aussi bien qu'un tyran peut très bien vouloir l'oppression, la persécution, voire la disparition d'une minorité. Ce qui assure (fragilement et provisoirement) un droit et des droits dans ce cas-là, ce n'est sûrement pas la "volonté du peuple" mais ce qui lui résiste, un texte en quelque sorte "transcendant" qui précède et encadre le jeu démocratique ordinaire, et que la démocratie ne peut qu'exceptionnellement remettre en question (la "constitution") -- le referendum, parfaitement "démocratique", étant en France l'instrument idéal pour faire sauter ces garde-fous. Autrement dit l'état de droit ne tient qu'à la différenciation des pouvoirs, qui est aussi une différence modale et temporelle (différance) de constitution des pouvoirs: parce que quand on change de gouvernement ou d'assemblée nationale on ne change pas la constitution, ni le conseil constitutionnel, ni le corps de la magistrature, cela limite effectivement l'exercice quasi-instantané des pouvoirs exécutif et législatif (qui sont eux-mêmes de moins en moins distincts, quand un gouvernement sait pouvoir compter sur "sa" majorité au parlement).
Peltier vient du FN, il est passé par Mégret et de Villiers avant d'atterrir à l'UMP (devenue entre-temps LR), on ne peut pas dire que ce soit une surprise. L'unité de ce parti n'est plus que de façade, aucune "idéologie" commune et substantielle ne rassemble ceux qui y restent et ne font que surjouer à longueur de temps des différences factices, avec Macron d'une part et Le Pen d'autre part. |
| | | free
Nombre de messages : 10099 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Mer 02 Juin 2021, 11:45 | |
| Il est amusant de constater que Guillaume Peltier prend comme référence la "cour de sûreté" créée par le général de Gaulle en 1963 après les attentats de l’OAS (L'Organisation de l'armée secrète), qui est une organisation politico-militaire clandestine française proche de l'extrême droite ... Dans ce cas précis, les terroristes étaient issus de la mouvance (nébuleuse) de l'extrême droite.
Un extrait :
Marine Le Pen, première de cordée gaulliste ? Dans une tribune à paraître dans la Revue politique et parlementaire – révélée par l’Agence France Presse et que Le Monde a pu consulter –, la présidente du parti d’extrême droite rend un hommage plus qu’appuyé au général de Gaulle. Au long de ces neuf pages dithyrambiques à la gloire d’un « grand homme », Marine Le Pen revendique l’« héritage » de l’homme du 18-Juin, et même plus encore : selon elle, « sur l’échiquier politique, aujourd’hui, seul le Rassemblement national (RN) défend cette ligne ».
Une plaidoirie pour le moins surprenante de la part de la patronne d’un parti justement né dans l’anti-gaullisme virulent, comptant parmi ses fondateurs des anciens de l’OAS et nombre de nostalgiques de « l’Algérie française ». Dans le premier tome de ses Mémoires, paru en 2018, Jean-Marie Le Pen conservait d’ailleurs toute son acidité à l’égard de celui qui « reste pour [lui] une horrible source de souffrance pour la France ».
Les visées politiques de sa fille cadette peuvent difficilement passer inaperçues. Une telle apologie, en rupture totale avec la genèse du parti d’extrême droite, lui permet de poursuivre son entreprise de « dédiabolisation ». En briguant ainsi l’héritage du chef de la France libre, la présidente du RN tente une nouvelle fois d’enterrer celui, plus encombrant, du frontisme historique et les déclarations de son père comparant la Shoah à un « détail de l’histoire » et réhabilitant le maréchal Pétain, tout en ratissant à droite en vue des prochains scrutins. https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/06/03/dans-un-long-texte-marine-le-pen-revendique-l-heritage-du-general-de-gaulle_6041626_823448.html
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| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Mer 02 Juin 2021, 14:56 | |
| L'article date de l'année dernière, mais la "dynamique" n'a pas beaucoup changé, bien qu'elle ait aussi (et depuis plus longtemps) montré ses limites...
Certes Marine Le Pen n'est pas son père, mais elle assume de fait son héritage autant qu'elle s'en distancie, et la question n'est pas tellement celle de ses opinions personnelles, à supposer qu'elle en ait au-delà de la volonté d'accéder au pouvoir ou plus immédiatement de faire prospérer la boutique familiale. Ce serait plutôt de savoir pour QUOI votent ceux qui votent pour elle. Mon impression, qui ne vaut a priori pas grand-chose, mais qui serait sans doute assez facilement vérifiable ou réfutable, c'est que l'immense majorité de ceux qui votent aujourd'hui pour elle voteraient aussi bien pour son père tel qu'il était à la fin du siècle dernier -- autrement dit ce n'est pas à cause, mais en dépit de la "dédiabolisation" qui est bien comprise de l'intérieur comme stratégie de communication (d'ailleurs inefficace en tant que telle, si les électeurs du RN sont précisément ceux qui n'y croient pas).
Le F-RN n'est pas un "parti" comme l'étaient traditionnellement les "partis" de gauche, avec une idéologie substantielle, soit monolithique comme au PC soit objet de débats interminables comme au PS; il n'y a guère d'idéologie commune entre les composantes de l'extrême-droite, qui sont aussi bien catholiques intégristes que néo-païennes, ultra-libérales que national-sociales, sans parler des différences internes à la xénophobie (antisémite ou islamophobe p. ex). Mais à bien y regarder il n'y en a pas beaucoup plus entre les "héritiers" successifs du gaullisme et de la droite "modérée" (Sarkozy a été un anti-gaulliste exemplaire à la tête d'un parti de tradition gaulliste). Bref, tout se passe comme si le "parti" était une idée de gauche que la droite n'a jamais fait que très mal imiter, la gauche même finissant par en perdre le concept. A l'extrême-droite, le "parti" se confond depuis toujours avec la figure du chef, et à droite aussi, sauf que faute de chef incontesté il apparaît dans toute sa vacuité. |
| | | free
Nombre de messages : 10099 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Jeu 03 Juin 2021, 15:58 | |
| Alors que le syndicat de police "Alliance" fustigeait la justice pour son laxisme avec le soutien d'une partie de la classe politique et des médias, dix-sept associations et organisations appellent jeudi à la «mobilisation citoyenne» pour exhorter Emmanuel Macron à «passer de la parole aux actes» et à «en finir» avec la surpopulation carcérale, alors que le nombre de détenus «flambe» de nouveau depuis l'été 2020 :
Prisons: nouvel appel à Macron pour «en finir» avec la surpopulation carcérale
Cet appel intervient un an jour pour jour après une lettre ouverte incitant déjà le chef de l'État à se saisir d'une «occasion historique», l'épidémie de Covid ayant alors entraîné une chute drastique et inédite de la population carcérale. Le 3 juin 2020, les signataires de cette lettre - parmi lesquels l'ex-avocat Éric Dupond-Moretti, devenu depuis garde des Sceaux - faisaient part de leur «fol espoir»: pour la première fois en vingt ans, à la faveur de la crise sanitaire et des mesures prises alors, la densité moyenne des prisons françaises s'établissait sous les 100%.
Ils appelaient le président à «tout mettre en œuvre» pour éviter de renouer avec l'inflation carcérale, et une surpopulation chronique qui a valu à la France en janvier 2020 une condamnation de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH). «Mais l'exécutif est resté sourd à cet appel: depuis juillet 2020, (la population carcérale) flambe de manière continue, avec 6.689 personnes détenues supplémentaires au 1er mai 2021», déplorent jeudi les associations et organisations signataires du nouvel appel.
Au 1er mai, la France comptait 65.384 détenus pour 60.799 places opérationnelles, soit une densité de 108%. Il y avait 58.695 personnes incarcérées pour 60.592 places au 1er juillet 2020, soit une densité moyenne de 96,9%. «Le garde des Sceaux (...) n'a pas pris les mesures structurelles que l'urgence aurait dû rendre centrales, et porte même des mesures qui risquent d'accroître encore la population carcérale», soulignent les 17 organisations, dont l'Observatoire international des prisons (OIP), le Syndicat de la magistrature (SM) ou l'Association nationale des juges de l'application des peines (Anjap).
«Emmanuel Macron l'affirmait lui-même en 2018 : L'emprisonnement ne cesse d'augmenter, parce qu'au fond cela reste la solution qui contente symboliquement le plus de monde, ce qui évite de s'interroger sur le sens que cela recouvre», rappellent les signataires, invitant le président «à passer des paroles aux actes». «Il est encore temps d'inverser la tendance et de mettre en place une politique volontariste de déflation carcérale. Le surpeuplement des prisons n'est pas une fatalité», conclut l'appel. https://www.lefigaro.fr/flash-actu/prisons-nouvel-appel-a-macron-pour-en-finir-avec-la-surpopulation-carcerale-20210603
L'emprisonnement est-il la solution "miracle" à nos problèmes ??? |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Jeu 03 Juin 2021, 16:30 | |
| C'est assez marrant que ce soit relayé, presque sans commentaire, par Le Figaro, grand pousse-au-crime du tout-sécuritaire et du tout-répressif: preuve que tout "gauchisme" en la matière est aujourd'hui perçu comme totalement inoffensif, presque un folklore en voie de disparition et dès lors digne de commisération et de protection, même de la part de la droite la plus conservatrice.
Tout a pourtant été dit à ce sujet, depuis Foucault (Surveiller et punir) entre autres. Et je suis pour ma part bien convaincu de la sincérité intellectuelle de Macron sur ce sujet, parce que ce n'est pas un âne; d'aucuns lui en voudront d'autant plus de ne pas passer de la paroles aux actes, mais il fait précisément à sa place l'expérience de l'impuissance structurelle du pouvoir, qui ne peut pas faire ce que pourtant il peut, "sur le papier", sauf à perdre instantanément tout pouvoir au bénéfice du "pire"... Mais tant que "l'opinion" et les "médias" continueront à considérer la prison comme normale, que même des gens "de gauche" la réclameront pour leurs adversaires quand ceux-ci se font prendre les doigts dans un pot de confiture, il n'y a pas de raison que ça change. |
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