En contrepoint à tous les textes évoqués ci-dessus mérite d'être également cité le vers de Qohéleth que j'ai retrouvé
avant-hier -- trois mots en hébreu:
tout ce qui vient est vanité (11,8 ). De quoi refroidir (
sobering thought, comme on dit en anglais: pensée dessoûlante ?) tous les enthousiasmes ou optimismes eschatologiques ou historiques, messianismes, millénarismes, progressismes moraux, technologiques, politiques, révolutionnaires ou réformistes. Même "Dieu", en tant que celui qui
vient, n'y échapperait pas.
Antithèse, pas forcément dilemme ni alternative: il n'y a peut-être rien à
choisir. Espérer en sachant qu'il n'y a rien à espérer (cf. la
foi selon Romains 4,18: espérer contre l'espérance, en dehors, à côté ou au-delà de l'espérance --
par'elpidi), c'est au fond la seule manière d'espérer, par quoi l'espérance se distingue de l'escompte d'un futur prévisible, au moins statistiquement. Je repense au film de Bresson,
Le diable probablement, 1977: des jeunes regardent des photos de désastres écologiques irréparables (déjà !) et le "croyant" de la bande, qui n'en est pas moins atteint que les autres, répond à peu près ceci: je crois que d'une façon ou d'une autre tout ira bien.
Everything's gonna be all right: c'est absurde, mais sans ce genre d'absurdité la vie est tout bonnement impossible.
C'est toujours du "
ciel", dans sa métonymie sans fin qui ouvre tous les horizons définissables (et même celui de "Dieu" pour peu qu'on croie le connaître), qu'on peut attendre ou espérer quelque chose -- de préférence ce qui n'arrivera jamais.