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 Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates

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MessageSujet: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates   Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Icon_minitimeLun 16 Sep 2019, 13:00

Or je le dis : aussi longtemps que l'héritier est tout petit, il ne diffère en rien d'un esclave, alors qu'il est le maître de tout ; il est soumis à des tuteurs et à des intendants jusqu'au temps marqué par le père. Nous aussi, lorsque nous étions des tout-petits, nous étions esclaves des éléments du monde ; mais lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils, né d'une femme et sous la loi, afin de racheter ceux qui étaient sous la loi, pour que nous recevions l'adoption filiale. Et parce que vous êtes des fils, Dieu a envoyé dans notre cœur l'Esprit de son Fils, qui crie : « Abba !  Père ! » Ainsi tu n'es plus esclave, mais fils ; et si tu es fils, tu es aussi héritier, du fait de Dieu." Ga 4, 1ss 

L’antithèse « esclave-libre » est elle aussi employée à diverses reprises dans Ga. Mais alors qu’en Ga 3,28 elle est employée de manière absolue et signifie deux conditions sociales réelles, elle est toujours utilisée de manière métaphorique dans le reste de l’épître et selon différents sens.

Elle prend ainsi le sens, fréquent chez Paul, d’esclave ou de serviteur du Christ (1,10) ; une signification voisine se trouve dans l’expression « appelés à la liberté (eleutheria), asservis (douleuô) par amour mutuel » en 5,13. Dans ces deux passages, l’esclavage est perçu positivement comme un service rendu au Christ ou au prochain.
Sinon, dans le reste de l’épître, l’esclavage est mentionné en mauvaise part, en opposition à la liberté, avant tout pour signifier le rap- port à la loi. La liberté est alors du côté du Christ, le libérateur, et l’es- clavage du côté de la soumission aveugle à la Loi et, dans le cas des Galates ou de Tite, de l’obligation de la circoncision (2,4 ; 5,1-2). L’obéissance à la loi est ainsi rapportée à celle que l’enfant doit à son tuteur ; l’enfant est, en effet, comparable à l’esclave jusqu’à sa majorité (4,1-3). Enfin dans la mise en scène de ce que Paul appelle une allégorie, Agar, Ismaël et la Jérusalem terrestre représentent des figures de l’esclavage, alors que Sarah, Isaac et la Jérusalem d’en haut sont qualifiés de libres (5,21-31). https://journals.openedition.org/rsr/482#tocto3n2
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MessageSujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates   Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Icon_minitimeLun 16 Sep 2019, 14:54

Merci !

Le "parallélisme" général entre Galates 4 et Romains 8 est assez évident, mais la proximité de ces textes tend à occulter leurs différences profondes. En particulier, le rapport de "l'Esprit" et de la confession liturgique "Abba, Père !" au statut de "fils ou enfants de Dieu" s'inverse: en Romains, c'est l'Esprit et la confession qui fondent la certitude d'être enfants et héritiers de Dieu, en Galates c'est au contraire le fait d'être des "fils" qui justifie l'envoi de l'Esprit du Fils et la confession du Père qui lui correspond. On peut, certes, dans les deux cas débattre de la nature "logique" ou "essentielle", déductive ou causale (ordo cognoscendi vs. ordo essendi), de ce rapport (on sait qu'on est fils parce qu'on dit Abba, on dit Abba parce qu'on est fils, c'est le contraire ET c'est la même chose); il n'empêche que la formulation de Galates se prête plus volontiers à une lecture "gnostique" ou "marcionite" (les "spirituels" le sont par nature, l'Esprit et la confession ne font que la manifester) que celle de Romains (où la confession et le baptême, cf. chap. 6, entraînent un "changement" de nature).
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MessageSujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates   Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Icon_minitimeLun 16 Sep 2019, 15:16

Narkissos a écrit:
Merci !

Le "parallélisme" général entre Galates 4 et Romains 8 est assez évident, mais la proximité de ces textes tend à occulter leurs différences profondes. En particulier, le rapport de "l'Esprit" et de la confession liturgique "Abba, Père !" au statut de "fils ou enfants de Dieu" s'inverse: en Romains, c'est l'Esprit et la confession qui fondent la certitude d'être enfants et héritiers de Dieu, en Galates c'est au contraire le fait d'être des "fils" qui justifie l'envoi de l'Esprit du Fils et la confession du Père qui lui correspond. On peut, certes, dans les deux cas débattre de la nature "logique" ou "essentielle", déductive ou causale (ordo cognoscendi vs. ordo essendi), de ce rapport (on sait qu'on est fils parce qu'on dit Abba, on dit Abba parce qu'on est fils, c'est le contraire ET c'est la même chose); il n'empêche que la formulation de Galates se prête plus volontiers à une lecture "gnostique" ou "marcionite" (les "spirituels" le sont par nature, l'Esprit et la confession ne font que la manifester) que celle de Romains (où la confession et le baptême, cf. chap. 6, entraînent un "changement" de nature).


Merci infiniment pour cette analyse toute en nuance et passionnante. Je souligne un aspect important : "les "spirituels" le sont par nature, l'Esprit et la confession ne font que la manifester". Ga 4, 21ss me semble confirmer ce fait :

"Dites-moi, vous qui voulez être sous la loi, n'entendez-vous pas la loi ? Car il est écrit qu'Abraham eut deux fils, un de la servante et un de la femme libre. Mais celui de la servante est né selon la chair, et celui de la femme libre du fait de la promesse. Il y a là une allégorie ; car ces femmes sont deux alliances. L'une, celle du mont Sinaï, fait naître pour l'esclavage : c'est Hagar — or Hagar, c'est le mont Sinaï en Arabie — et elle correspond à la Jérusalem de maintenant, car elle est dans l'esclavage avec ses enfants. Mais la Jérusalem d'en haut est libre, et c'est elle qui est notre mère. En effet, il est écrit :
Sois en fête, femme stérile, toi qui n'as pas d'enfants !  Eclate en cris de joie, toi qui n'as pas éprouvé les douleurs de l'accouchement ! Car les enfants de la délaissée
sont plus nombreux que ceux de la femme qui a son mari."   

L'expression : "celui de la servante est né selon la chair, et celui de la femme libre du fait de la promesse" souligne que dès la naissance (et même avant) les individus deviennent des êtres né selon la chair ou des enfants de la promesse, c'est leurs génitrices qui déterminent leur "nature". Ainsi Ceux qui ont pour mère la  la Jérusalem d'en haut sont libres par nature.
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MessageSujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates   Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Icon_minitimeLun 16 Sep 2019, 16:21

Surtout que "la promesse" (epaggelia qui rappelle euaggelion, "évangile") s'inscrit dans la "loi" (Torah-livre y compris la Genèse, où se trouve le récit d'Abraham, Sara, Hagar etc.) AVANT la "loi" (Torah-législation de Moïse, à partir de l'Exode), comme en Romains 3--4. Mais à la différence de Romains, ou plus clairement qu'en Romains, toute la semence-descendance-postérité de la promesse se concentre en un seul (Isaac // le Christ, Galates 3,16ss), d'où tous les "enfants de Dieu" tirent leur "nature" de fils (v. 26) -- qui est pourtant leur (vraie) "nature", même si elle ne se révèle qu'en temps voulu, par le passage de la "loi" à l'"esprit" (chap. 4).
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MessageSujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates   Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Icon_minitimeMar 17 Sep 2019, 11:17

Narkissos a écrit:
Surtout que "la promesse" (epaggelia qui rappelle euaggelion, "évangile") s'inscrit dans la "loi" (Torah-livre y compris la Genèse, où se trouve le récit d'Abraham, Sara, Hagar etc.) AVANT la "loi" (Torah-législation de Moïse, à partir de l'Exode), comme en Romains 3--4. Mais à la différence de Romains, ou plus clairement qu'en Romains, toute la semence-descendance-postérité de la promesse se concentre en un seul (Isaac // le Christ, Galates 3,16ss), d'où tous les "enfants de Dieu" tirent leur "nature" de fils (v. 26) -- qui est pourtant leur (vraie) "nature", même si elle ne se révèle qu'en temps voulu, par le passage de la "loi" à l'"esprit" (chap. 4).


Merci Narkissos pour ces précisions, effectivement le texte dit : "Dites-moi, vous qui voulez être sous la loi, n'entendez-vous pas la loi ?" (4,21), soulignant que la promesse  s'inscrit dans la "loi" (Torah-livre y compris la Genèse, où se trouve le récit d'Abraham, Sara, Hagar etc.).

Le texte Ga 4,21 ("Quant à vous, mes frères, comme Isaac, vous êtes enfants de la promesse") me fait penser à Rm 9, 10ss :

"Bien plus, il en fut ainsi de Rébecca, qui conçut d'un seul homme, Isaac, notre père ; les enfants, en effet, n'étaient pas encore nés et ils n'avaient encore fait ni bien ni mal, et pourtant — afin que demeure le projet de Dieu qui est selon son choix, relevant, non pas des œuvres, mais de celui qui appelle — il fut dit à Rébecca : Le plus grand sera l'esclave du plus petit, ainsi qu'il est écrit : J'ai aimé Jacob et j'ai détesté Esaü."

 Selon ce texte, Isaac a été choisi avant sa naissance alors qu'il n'avait encore fait ni bien ni mal et en fonction du choix souverain de Dieu, "relevant, non pas des œuvres, mais de celui qui appelle". Isaac n'a pas été choisi en fonction de mérite particulier.

Un commentaire :

"Quelles sont ces alliances ? Celle représentée par Agar est clairement l’alliance du Sinaï et elle aboutit, dit Paul, à l’esclavage : « L’une, celle du Mont Sinaï, enfante pour l’esclavage : c’est Agar – Agar, c’est le Mont Sinaï en Arabie – et elle  correspond à la Jérusalem actuelle, car elle est dans l’esclavage avec ses enfants. » Dans la Genèse, Agar a un statut d’esclave ; de ce fait, son fils naît esclave, lui aussi. À terme, l’une et l’autre seront renvoyés. Or, il en est de même de l’alliance du Sinaï. Paul a déjà affirmé qu’Israël, au temps de la loi, malgré son statut de peuple de Dieu, avait une situation assimilable à celle d’un esclave : il n’avait   pas accès à l’héritage et sa vie était gérée par « des tuteurs et administrateurs » (Ga 4.1-3). Or puisque, grâce à l’œuvre du Christ, l’héritage est désormais accessible au « fils », chercher à l’obtenir par la loi revient à se placer dans une situation d’asservissement ne donnant pas accès à l’héritage. Une fois le Christ venu, la Torah – l’ancienne alliance – ne peut donc plus enfanter que pour l’esclavage." https://larevuereformee.net/articlerr/n275/galates-3-4-une-alliance-ni-abroge-ni-modifie
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MessageSujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates   Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Icon_minitimeMar 17 Sep 2019, 15:48

L'opposition Esaü / Jacob n'est évoquée qu'en Romains 9, pas en Galates. Et là l'accent est différent puisqu'il s'agit de jumeaux de la même mère et du même père, il n'est donc pas question d'en faire des "types" catégoriels comme ceux de l'esclave et de l'homme ou de la femme libres (Hagar-Ismaël / Sara-Isaac), il s'agit au contraire de faire ressortir le caractère absolument gratuit (ou libre, ou arbitraire) de l'élection divine, qui n'a ni motif ni raison hors d'elle-même...

Tout le problème de l'épître aux Romains -- qui fait aussi l'essentiel de son intérêt -- est d'articuler, sinon une "logique", du moins une rhétorique de la grâce, qui est par définition une rhétorique de l'absurde. La "grâce" est en effet un concept négatif ou un anti-concept opposable aussi bien à la logique rationnelle ou à la mécanique des causes et des effets qu'à la justice distributive ou rétributive ou à l'arithmétique transactionnelle et comptable, qui a de surcroît la vertu de mettre en lumière l'absence de fondement, ou le manque au fondement de tous ces "domaines" réputés rigoureux. Mais son principal risque est de trop bien y réussir et de passer elle-même pour un "système", une logique, une mécanique, une justice ou une arithmétique dont on aurait si bien compris le fonctionnement qu'on pourrait à son tour compter et calculer sur elle... D'où l'importance de ce procédé contradictoire, procès ou progrès en zigzag (louvoiement, etc.) que nous avons souvent remarqué, qui a l'air d'annuler à chaque étape tout ce qui semblait avoir été posé à l'étape précédente, qui avance sans avancer pour aboutir à une fin qui est aussi bien le commencement (Dieu tout en tout comme si de rien n'était)...

A cet égard l'épître aux Galates paraît moins subtile, dans la mesure où elle construit une opposition stable (entre l'évangile paulino-marcionite et son repoussoir juif ou "judaïsant"). Mais aussi, du coup, plus "radicale".
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MessageSujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates   Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Icon_minitimeMer 18 Sep 2019, 14:43

Citation :
A cet égard l'épître aux Galates paraît moins subtile, dans la mesure où elle construit une opposition stable (entre l'évangile paulino-marcionite et son repoussoir juif ou "judaïsant"). Mais aussi, du coup, plus "radicale".


L'apôtre Paul est néanmoins habile lorsqu'il développe lien existant entre les "enfants libres et "les enfants de la promesse" :

"Quant à vous, mes frères, comme Isaac, vous êtes enfants de la promesse. Mais tout comme autrefois celui qui était né selon la chair persécutait celui qui l'était selon l'Esprit, ainsi en est-il encore maintenant. Or que dit l'Ecriture ? Chasse la servante et son fils, car le fils de la servante n'héritera pas avec le fils de la femme libre. Ainsi, mes frères, nous ne sommes pas les enfants de la servante, mais ceux de la femme libre." (4, 28ss)

En associant les enfants de Dieu à la promesse faite à Abraham, il disqualifie la loi de Moïse et son observance comme un moyen permettant de devenir un fils de Dieu, même si Paul reconnait concernant "l'héritier"  : "il est soumis à des tuteurs et à des intendants jusqu'au temps marqué par le père." (4,2). Pour Paul l'observance de la loi ne caractérise pas la liberté des héritiers parvenus à l’âge adulte mais l'enfance, une fois, le Christ venu, elle perd sa raison d'être. 

Paul adopte une position radicale dans la mesure ou il associe l'observance de la loi aux pratiques païennes auxquelles les Galates  se livraient avant de connaître le Christ  :

"Autrefois vous ne connaissiez pas Dieu et vous étiez esclaves de dieux qui, par nature, n'en sont pas. Mais maintenant que vous connaissez Dieu — ou, plutôt, que vous êtes connus de Dieu — comment pouvez-vous retourner à ces éléments impuissants et misérables, et vouloir à nouveau en être esclaves ?" (4, 8-9)
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MessageSujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates   Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Icon_minitimeMer 18 Sep 2019, 15:39

En effet, à la différence de l'épître aux Romains et dans la direction qui aboutira au "marcionisme", l'épître aux Galates dissocie autant que possible la "loi" de (<=> et) "Dieu": celle-ci n'a été qu'"ajoutée", par des "anges" et un "médiateur" (chap. 3), autrement dit "Dieu" n'y est pas impliqué comme il l'est dans sa "promesse" et dans l'"esprit", la loi reste une affaire strictement intra-"mondaine" (ou intra-créationnelle). Les juifs ne sont pas plus avancés que les "païens", ce que disait aussi l'épître aux Romains mais pour d'autres raisons: là, parce qu'elle était inobservable à cause du péché, ici, parce qu'elle n'est tout simplement pas "divine", ni "spirituelle", mais cantonnée à la "chair", au "monde" et à ses "éléments", dépeints globalement comme un régime d'esclavage: seul l'"esprit", foncièrement étranger à ce "monde", vient d'ailleurs et en fait sortir, pour autant qu'on reconnaît en lui son origine plus originaire que toute "création" -- selon la "nature" divine et libre des enfants de Dieu.
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MessageSujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates   Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Icon_minitimeMer 18 Sep 2019, 16:25

Agar l'esclave assimilée l’alliance du Sinaï est une excellente image de la loi qui asservit et qui ne peut produire que des enfants esclaves, ce qui place Israël dans une situation d'esclave, il ne peut pas avoir accès à l'héritage, car il est comparable à un enfant qui est sous tutelle en attendant d'être apte pour recevoir l'héritage :
 
"Or je le dis : aussi longtemps que l'héritier est tout petit, il ne diffère en rien d'un esclave, alors qu'il est le maître de tout ; il est soumis à des tuteurs et à des intendants jusqu'au temps marqué par le père." (4,1-2)

 un esclave ne peut jamais, prétendre à l’héritage, précisément parce qu’il n’est pas fils. Sur ce point, il me semble que Paul fasse preuve d'arbitraire (c'est peut-être souvent le cas), car le fils d'Agar reste le fils d'Abraham. D'ailleurs Paul joue avec les images et les comparaisons sans véritables cohérence, aux v 1et 2, il se sert de l'image de  l’image de l’enfant mineur qui côtoie son père et aux v 5-7, il introduit l'idée d’adoption :

"afin de racheter ceux qui étaient sous la loi, pour que nous recevions l'adoption filiale. Et parce que vous êtes des fils, Dieu a envoyé dans notre cœur l'Esprit de son Fils, qui crie : « Abba ! Père ! » Ainsi tu n'es plus esclave, mais fils ; et si tu es fils, tu es aussi héritier, du fait de Dieu." (4, 5-7)

Paul jongle avec les images du fils et de l'adoption filiale.  




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MessageSujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates   Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Icon_minitimeMer 18 Sep 2019, 18:30

Bonnes remarques.

C'est plus qu'arbitraire, c'est un renversement total, à partir d'une "allégorie" d'un épisode de la Genèse, de la logique narrative dominante de la Torah-livre (avec l'enchaînement de la Genèse et de l'Exode, ce sont évidemment les descendants de Sara et d'Isaac par Jacob-Israël, non ceux de Hagar et Ismaël, qui reçoivent la Torah-loi au Sinaï !) -- quoique, d'une part, il y ait pas mal de choses dans la Genèse déjà qui subvertissent ce "grand récit", y compris l'épisode de Hagar-Ismaël mais dans un sens contraire que relèvera beaucoup plus tard l'islam (tout ce qui suggère un doute sur l'identité du "fils unique", de l'"élu", de la "descendance", autrement dit du "peuple de Dieu", à l'encontre de l'exclusivisme du Deutéronome); et que, d'autre part, cela reste dans les normes très larges de l'"exégèse" ancienne (non seulement juive de toute tendance mais aussi hellénistique, juive ou "païenne"), qui peut paraître fantasque à un esprit moderne (ou "créative" à un esprit postmoderne !).

A noter aussi, pendant qu'on y est, que Galates 4,29s fait du "jeu" ou du "rire" d'Ismaël qui amène Sara à demander le renvoi de Hagar et de son fils (Genèse 21,9s, énième jeu de mots sur "Isaac" = "rire", "jouer", cf. v. 6, chap. 17--18 et, dans un sens sexuel, 26,8; LXX "qui jouait avec Isaac son fils [à elle]") une persécution -- là encore, à contresens probable de l'intention de la Genèse, même si cette interprétation "en mauvaise part" va peser sur la lecture chrétienne et a peut-être déjà des antécédents juifs (dans la tradition juive ultérieure, le rire d'Ismaël est soupçonné de tout, de l'intention meurtrière à l'idolâtrie en passant par l'inceste).

La question de l'adoption (huiothesia, de hios = fils et thesis = position, placement, installation, cf. "thèse" et tous ses dérivés) est plus délicate, car il y va de toute façon du complexe de "nature" et de "loi" (au sens de "droit") compris dans toute notion de filialité (cf. ce qui distingue en français le "fils naturel" du "fils légitime", lequel peut être en un autre sens AUSSI "naturel" OU BIEN "adopté"). A cet égard la traduction par "adoption" est sans doute un peu trompeuse, dans la mesure où elle tend à exclure (en français) une filiation qui soit AUSSI "naturelle" (c.-à-d. génétique), malgré tous les contre-exemples historiques de "fils naturels" qui ont été "adoptés" après coup; il faudrait dire quelque chose comme "établissement ou déclaration de filialité" qui serait valable dans les deux cas, mais alourdirait considérablement la traduction. On peut remarquer qu'en Romains 8 l'huiothesia paraît à la fois présente (v. 15) et future (v. 23): ce sont donc des "fils", qui se savent déjà tels mais attendent encore d'être "adoptés" -- en fait plusieurs confirmations successives de la même chose, de la même "filialité" établie d'ores et déjà par l'Esprit et définitivement à l'horizon eschatologique; cf. 9,4 où Israël "a" l'huiothesia (mais peut apparemment la perdre et finalement la retrouver, d'après la suite jusqu'au chap. 11); voir aussi Ephésiens 1,5.
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MessageSujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates   Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Icon_minitimeJeu 19 Sep 2019, 11:07

En effet, il est écrit : Sois en fête, femme stérile, toi qui n'as pas d'enfants ! Eclate en cris de joie, toi qui n'as pas éprouvé les douleurs de l'accouchement !  Car les enfants de la délaissée sont plus nombreux que ceux de la femme qui a son mari." Ga 4,27

 Au verset 27, Paul cite Ésaïe 54,1 ; cette référence ne semble pas très pertinente et adaptée au contexte d'Ésaïe 54,1. En effet l’annonce  faite à la femme symbolisant la Ville sainte correspond à la Jérusalem terrestre, donc de "à la Jérusalem de maintenant". Par cette expression, le livre d’Ésaïe veut montrer que celle qui a été humiliée, abandonnée et détruite par les Babyloniens (la Jérusalem terrestre) sera a nouveau glorifiée puisque Dieu va l’épouser de nouveau et qu’il lui donnera de nombreux fils. C'est à cette Jérusalem que Dieu promet : "je conclurai pour vous une alliance perpétuelle, celle de la fidélité envers David, qui est sûre." (Es 55,3). Cette alliance perpétuelle est reliée à David et non à Abraham. Si nous poursuivons notre lecture du livre Ésaïe, nous constatons qu'il annonce Jérusalem sera comme mère des nations :

"Avant d’être en travail, elle a enfanté,  avant que lui viennent les douleurs, elle s’est libérée d’un garçon. Jubilez avec Jérusalem, exultez à son sujet, vous tous qui l’aimez. Avec elle, soyez enthousiastes, oui, enthousiasmés, vous tous qui aviez pris le deuil pour elle. Il en ira comme d’un homme que sa mère réconforte :  c’est moi qui, ainsi, vous réconforterai,  oui, dans Jérusalem, vous serez réconfortés." (66,7.10.13).
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MessageSujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates   Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Icon_minitimeJeu 19 Sep 2019, 12:32

En règle générale, les citations de l'AT dans le NT n'ont pas grand-chose à voir avec leur contexte original: hormis les textes narratifs (comme la Genèse) dont les récits sont aisément mémorisés et plus ou moins synchronisés avec leurs dialogues respectifs, on se souvient de phrases marquantes telles qu'on les a entendues et répétées, et qui circulent aussi par écrit sous forme d'anthologies (florilèges, testimonia, collections de citations) beaucoup plus accessibles et maniables que des rouleaux complets d'un grand "livre" comme celui d'Isaïe (même en traduction grecque, sans parler d'original hébreu). Ce que nous pouvons faire en un clin d'oeil avec un livre imprimé, ou d'un clic sur un ordinateur, remettre une citation dans le contexte exact et précis d'où elle provient, était en fait extrêmement difficile, voire impossible dans la plupart des cas -- tout du moins avant que le christianisme ne devienne une "société" suffisamment développée pour avoir ses copistes et ses savants, et assurer pour son propre compte la transmission et une certaine "critique textuelle" de l'ensemble de l'AT et du NT grec (e.g. Origène), voire une comparaison avec l'hébreu (Jérôme).

Ajoutons à cela que des prophéties "enthousiastes" de "restauration" comme celle du deutéro-Isaïe (chap. 40--55) perdent naturellement leur contexte originel à mesure que celui-ci s'éloigne ou s'enfonce dans le passé historique, face à un présent forcément perçu comme moins glorieux, moins extraordinaire, donc par rapport à elles décevant (c'est très sensible dès le "trito-Isaïe", 56--66). Du coup ces textes se reportent d'eux-mêmes sur un horizon à nouveau futur, "eschatologique", et/ou "céleste" ou "spirituel".

Voir aussi ici.
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MessageSujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates   Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Icon_minitimeJeu 19 Sep 2019, 14:30

"Mes frères, je parle en termes humains : quand un homme a fait son testament en bonne et due forme, personne ne peut l'abolir ni y faire une adjonction. Or les promesses ont été faites à Abraham et à sa descendance. Il n'est pas dit : et aux descendances, comme s'il s'agissait de beaucoup ; mais il s'agit d'un seul : et à ta descendance, qui est le Christ. Voici ce que je veux dire : un testament déjà fait en bonne et due forme par Dieu ne peut pas être annulé par la loi survenue quatre cent trente ans plus tard, ce qui réduirait à rien la promesse. Car si l'héritage venait de la loi, il ne viendrait plus de la promesse ; or c'est par la promesse que Dieu a accordé sa grâce à Abraham." Gal 3,15-18 

Dans cette comparaison entre le testament de Dieu et la loi (il s'agit de la loi mosaïque qui ordonne et non la loi comme Écriture qui annonce et prophétise) , Paul place la loi comme extérieure et étrangère à Dieu ("elle a été promulguée par l'intermédiaire d'anges et au moyen d'un médiateur" - 3,19). Cette loi n'a pas l'antériorité de la promesse (testament) faite par Dieu. Selon Paul personne parmi les hommes n’annule un contrat dûment ratifié ; or Dieu a fait les promesses à Abraham et à sa postérité qui est en Christ ; ce testament ne saurait être annulé par la loi venue quatre cent trente ans plus tard. Paul semble occulter le fait que la loi a été "écrites (selon l'Exode) du doigt de Dieu" (Ex 31,18).
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MessageSujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates   Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Icon_minitimeJeu 19 Sep 2019, 15:09

Quel dieu, telle est la question que le marcionisme du IIe siècle ne fera que poser plus clairement ou plus carrément, dans une synthèse du paulinisme et d'autres (proto-)gnosticismes... mais au fond elle se joue dès le début du paulinisme (cf. 2 Corinthiens 4,4, le dieu de cet âge qui est aussi celui de la lettre et du voile, opposé au dévoilement et à la liberté de l'esprit; non pas diable mais divinité inférieure, plus bête ou aveuglée que méchante, qui a aussi son domaine de souveraineté légitime dont on ne sort pas n'importe comment, mais seulement grâce au Dieu supérieur, à l'au-delà de ce dieu-là, au Père-Seigneur que nul n'a vu ni connu que par le Fils, cf. 1 Corinthiens 2).

[Pour mettre (une fois de plus si je l'ai déjà fait) les points sur les i: sur l'épître aux Galates je m'écarte, une fois n'est pas coutume, du "consensus" exégétique francophone actuel qui la présente toujours comme une sorte de "brouillon" précoce de l'épître aux Romains; j'y vois au contraire une reprise sommaire mais tardive, la plus "avancée" du corpus avec Colossiens dans le sens "(proto-)marcionite".]
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MessageSujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates   Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Icon_minitimeJeu 19 Sep 2019, 15:38

Alors pourquoi la loi ? Elle a été ajoutée à cause des transgressions, jusqu'à ce que vienne la descendance à qui la promesse avait été faite ; elle a été promulguée par l'intermédiaire d'anges et au moyen d'un médiateur. Or ce médiateur n'est pas médiateur d'un seul, tandis que Dieu est un". Ga 3,19-20

Le v 20 est assez obscur : "Or ce médiateur n'est pas médiateur d'un seul, tandis que Dieu est un".

ce médiateur… : on peut comprendre cette proposition comme une vérité très générale : là où il y a un médiateur, il y a forcément plusieurs parties en présence ; donc le recours à un médiateur n’est au fond pas digne de Dieu qui est un (Dt 6.4) et qui se révèle directement dans le Christ comme il l’a fait par sa promesse directe à Abraham ; selon certains le rôle du médiateur serait à comprendre, plus précisément, par rapport à la pluralité des anges impliqués dans le don de la loi (v. 19) et à celle des hommes qui la reçoivent (cf. v. 16n,28s) ; voir aussi Rm 3.30 ; Ep 2.14s ; comparer avec 1Tm 2.5. https://lire.la-bible.net/verset/Galates/3/20/NBS
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MessageSujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates   Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Icon_minitimeJeu 19 Sep 2019, 15:59

Rétrospectivement et compte tenu de la "neutralité" herméneutique qui faisait partie des règles du jeu de la NBS, je ne suis pas mécontent de cette note (ce n'est, hélas ! pas toujours le cas). Hors de ces règles, j'ajouterais seulement qu'en tout état de cause, quelle que soit la lecture choisie (médiateur des anges et/ou des hommes), la conséquence est parfaitement claire: la loi N'est PAS imputable au "Dieu" unique de la promesse et de l'évangile (ce qui excède très nettement la leçon de l'épître aux Romains sur la loi [trop] "spirituelle", "sainte", "juste" et "bonne"). Comme la suite l'indique, son rôle est purement négatif (rendre les transgressions manifestes), elle ne fait vivre personne (sans quoi elle réduirait effectivement à rien la promesse, argument subtil), elle n'est que ce "pédagogue" en qui il ne faut surtout pas voir un "maître", mais simplement l'esclave provisoirement chargé de la surveillance des enfants mineurs du maître de maison, qui lui sont, par nature ou de naissance, supérieurs. Le Christ lui-même, à lui seul la descendance de la promesse (3,16), devant au temps de l'accomplissement venir sous la loi et en subir toute la malédiction pour en délivrer les siens (4,4).

On a là un raisonnement beaucoup plus "radical" (dans son antijudaïsme) que celui de l'épître aux Romains, et il faut à mon avis se garder de les mélanger (soit en radicalisant l'épître aux Romains, soit en édulcorant l'épître aux Galates par la confusion de leurs énoncés).
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MessageSujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates   Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Icon_minitimeVen 20 Sep 2019, 11:21

"Mes frères, vous avez été appelés à la liberté ; seulement, que cette liberté ne devienne pas un prétexte pour la chair ; par amour, faites-vous plutôt esclaves les uns des autres. Car toute la loi est accomplie dans une seule parole, celle-ci : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Mais si vous vous mordez, si vous vous dévorez les uns les autres, prenez garde de ne pas être détruits les uns par les autres." Ga 5,13-15 

Pour récapituler, la liberté selon l'épîtres aux Galates :

1) C'est un statut, celui de fils adulte et héritier de la promesse, enfant de la femme libre, la Jérusalem d'en haut  (4,1-7 et 21-27))

2) c'est être libéré de la malédiction de la loi de Moïse (le danger existe toujours de ne pas accomplir les œuvres dans leur intégralité) et cette loi sépare,  être sous la loi, c'est être sous la chape de la loi mosaïque qui enserre et étouffe mais cette loi n'est dénuée de toute pertinence puisqu'elle s'accomplit par la loi de l'amour mais  la loi a perdu son actualité puisque les croyants  sont désormais adultes, "Tenez donc ferme, et ne vous remettez pas sous le joug de l'esclavage" (5,1) 

3) cette liberté ne donne aucune prise à la chair (5,13), qui incarne la mort du péché à l’inverse de l’Esprit et de la foi au Christ qui libère de cette mort : "Mais ceux qui appartiennent à Jésus-Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs" (5,24), les croyants ne sont plus asservis à leur corps mais l'Esprit a pris le pouvoir sur leur corps.
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MessageSujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates   Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Icon_minitimeVen 20 Sep 2019, 17:02

N.B. Contrairement encore à l'épître aux Romains, c'est seulement à la toute fin de l'épître aux Galates (5,13ss) que l'argumentation se fait "dialectique" ou "paradoxale" et que les mots de "loi" ET d'"esclavage" en viennent à être, non pas dissociés, mais pris dans un sens relativement "positif" (esclaves les uns des autres, 5,13; "loi" malgré tout "résumée" dans le commandement d'amour et, sinon accomplie, non enfreinte par le "fruit de l'esprit", v. 14,18,23; "loi du Christ", 6,2).

Difficile de ne pas repenser à la transposition luthérienne, du contexte de l'esclavage antique à celui de la féodalité, dans le traité De la liberté du chrétien (1520): le chrétien est libre seigneur (Herr) ET serviteur obligé (Knecht) de tout et de tous (voir éventuellement ici).
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MessageSujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates   Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Icon_minitimeLun 23 Sep 2019, 12:10

Un rappel d'abord sur le contexte historique de l'épître. En l'absence de Paul, les Galates sont sous l'influence de prédicateurs judaïsants qui veulent les obliger à se faire circoncire. De cette volonté de faire circoncire les chrétiens d'origine païenne, on a très souvent déduit qu'il s'agissait de judéo-chrétiens légalistes prônant une observance méticuleuse de la Loi. Les données de l'épître ne semblent pas aller dans ce sens. En particulier l'insistance de Paul à montrer l'incohérence des partisans de la circoncision qui ne poussent pas jusqu'au bout leur logique, (cf. 5,3 et 6,13).

En fait, du point de vue de ces enseignants judéo-chrétiens, la circoncision est le commandement par excellence, le commandement qui signifie la pleine participation au peuple de Dieu. Dans les termes de E. P. Sanders, les missionnaires judéo-chrétiens sont les tenants d'un « nomisme d'alliance » ouvert aux nations : par la circoncision, l'observance du Sabbat et les règles de pureté rituelle les païens deviennent membre du peuple de Dieu, car le Christ leur a ouvert, par sa mort expiatoire, l'accès au salut. Les païens peuvent désormais être bénéficiaires de la promesse pour autant qu'ils en manifestent les marques.

C'est sur cet arrière-plan qu'il est possible d'interpréter le passage. Auparavant, il faut rendre compte d'une opposition construite pas Paul dans ce passage. D'un côté ceux qui sont (issus) de la foi (« oi ekpisteos », 3,7 et 9), c'est-à-dire ceux qui tiennent leur identité de la foi de/en Christ4. Ils sont fils d'Abraham (v. 7) héritiers de la bénédiction d'Abraham. À l'opposé, ceux qui sont (issus) des œuvres de la Loi (« osoi ex ergon nomou », 3,10, cf. Ga 2,16 ; 3,2.5 ; également Rm 3,20). L'expression ne désigne pas « les pratiquants de la Loi » (TOB) au sens large de ceux qui obéissent à l'ensemble des prescriptions de la Loi, mais désignent ceux qui, en Galatie, sont littéralement issu (« ek ») des « œuvres de la Loi » (Bible à la Colombe : « dépendent des œuvres de la Loi ») c'est-à-dire ont accepté la marque d'identité que constitue la circoncision. On pourrait presque traduire que la circoncision est chez eux (sur eux ou en eux) une « œuvre de la Loi »,
elle les identifie comme appartenant au peuple de l'alliance.
https://www.persee.fr/docAsPDF/chris_0753-2776_1998_num_60_1_2085.pdf


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MessageSujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates   Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Icon_minitimeMar 24 Sep 2019, 23:23

C'est sans doute un peu plus compliqué que ça: si Abraham peut être associé à la circoncision (l'épître aux Romains pare en effet à cette objection en soulignant qu'il a été "justifié" AVANT d'être circoncis, 4,9ss; l'épître aux Galates, sauf oubli de ma part, n'en dit rien), il ne l'est ni au s(h)abbat (qui n'est évoqué explicitement, dans le corpus paulinien au sens large, qu'en Colossiens) ni aux règles alimentaires (éventuellement sous-entendues par le problème de la "commensalité" ou "communion de table" en Galates 2). Mais d'un autre côté, le judaïsme rabbinique rattache plutôt le statut des "païens sympathisants" et non "prosélytes" à part entière (alias les "craignant-Dieu") à Noé qu'à Abraham (d'où probablement le fameux "décret apostolique" d'Actes 15 qui comporte bien, dans sa version "alexandrine", une référence à un interdit alimentaire minimal -- sur le sang et l'"étouffé", cf. Genèse 9 -- mais non à la circoncision qui est "postérieure" à Noé dans le récit de la Genèse).
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MessageSujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates   Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Icon_minitimeMer 25 Sep 2019, 10:26

"Aussi l'Ecriture, voyant d'avance que Dieu justifierait les non-Juifs en vertu de la foi, a d'avance annoncé cette bonne nouvelle à Abraham : Toutes les nations seront bénies en toi" (Ga 3,Cool

Ce texte pose des problèmes de lectures, "l'Ecriture" semble parler (annoncer) en lieu et place de Dieu, d'une part "l'Ecriture" a anticipé la volonté de Dieu concernant la justification et d'autre part c'est "elle" qui s'est adressée à Abraham. "L'Ecriture" est divinisée comme la "sagesse" et apparait avoir une existence très ancienne. "L'Ecriture" existe-t-elle à l'époque d'Abraham ?
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MessageSujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates   Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Icon_minitimeMer 25 Sep 2019, 12:09

C'est un sujet très intéressant en soi -- qui ne se borne d'ailleurs pas à l'épître aux Galates ni aux textes pauliniens, cf. le traitement de Melchisédek dans l'épître aux Hébreux: l'Ecriture devient un monde et une histoire à part entière, LE monde et L'histoire de référence, il n'est pas question de la rapporter ni de la confronter à une AUTRE histoire comme le fait l'historiographie moderne, qu'elle soit par ailleurs, à l'égard des récits bibliques, "critique" ou "apologétique". Abraham, comme Melchisédek, est un personnage d'Ecriture, qui n'existe que dans le texte, le texte sacré qu'on interprète ou les nouveaux récits que l'on compose à son sujet dans le cas des "apocryphes", sans oublier la tradition orale qui les précède et les perpétue en les développant. La question de l'existence de l'Ecriture à l'époque d'Abraham ne se pose pas, puisque "l'époque d'Abraham" c'est l'Ecriture, en ce sens très large...

Mais cela conduit en effet à l'idée d'une préséance éternelle de l'Ecriture, que l'on retrouve aussi bien dans le judaïsme rabbinique (Torah éternelle ou première-créée, qui se confond avec la Sagesse depuis le Siracide) et l'islam (Coran incréé, qui rejoint à sa façon le logos johannique)...
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MessageSujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates   Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Icon_minitimeMer 25 Sep 2019, 13:58

Si je me réfère à Genève 12 verset 1 et suivants je peux y lire Dieu déclarant à Abraham :
12 Jéhovah dit à Abram: «Quitte ton pays, ta famille et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai. 2 Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai et je rendrai grand ton nom, et tu deviendras une bénédiction. 3 Je bénirai ceux qui te bénissent, et je maudirai celui qui qui appelle le mal sur toi. Et vraiment, toutes les familles du sol seront bénies par ton moyen.»

Il me semble que nous avons affaire à un récit qui évoque une action et une discussion entre Dieu et Abraham. Je trouve étrange cette notion d'Ecriture qui semble agir voire précéder les mouvements de Dieu.
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MessageSujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates   Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Icon_minitimeMer 25 Sep 2019, 15:07

Preuve que le texte (l'écriture, avec ou sans majuscule) est bien écrit (à accentuer alternativement sur "bien" et sur "écrit"): c'est lui qui te raconte l'histoire et qui ce faisant réussit à se faire oublier -- à te faire oublier que tu lis un texte.

C'est le principe du cadre invisible, par définition, en tant que tel: un bon tableau te fait oublier le cadre, la peinture et le musée, un bon roman te fait oublier le livre, une bonne pièce te fait oublier le théâtre, un bon film te fait oublier le cinéma. Plus tu es "dedans", plus tu es "dehors", nonobstant les astuces (le peintre ou le miroir dans le tableau, les commentaires de l'auteur ou du narrateur, les apartés, les regards caméra) qui jouent précisément sur le bord de cet effet de cadrage. Dès qu'il y a texte il n'y a plus de hors-texte, comme l'écrivait à peu près le jeune Derrida...
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MessageSujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates   Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Icon_minitimeJeu 26 Sep 2019, 10:34

"Galates stupides, qui vous a envoûtés alors que, sous vos yeux, a été exposé Jésus Christ crucifié ? Eclairez-moi simplement sur ce point : Est-ce en raison de la pratique de la loi que vous avez reçu l’Esprit, ou parce que vous avez écouté le message de la foi ? Etes-vous stupides à ce point ? Vous qui d’abord avez commencé par l’Esprit, est-ce la chair maintenant qui vous mène à la perfection ? Avoir fait tant d’expériences en vain ! Et encore, si c’était en vain ! Celui qui vous dispense l’Esprit et opère parmi vous des miracles, le fait-il donc en raison de la pratique de la loi ou parce que vous avez écouté le message de la foi ?" (Ga 3,1ss)

Ce texte se distingue par une certaine violence verbale mais aussi par une idée originale, Paul avait fait une peinture si vive et si poignante du Christ en croix qu'il ne comprend pas comment les Galates avaient fait pour en détacher leurs regards, au point d'être envoutés (il me semble que nous avons déjà analysé ce texte). 

Un commentaire (qui mérite d'être éclairé, je n'ai pas tout compris) :

 Analysons le jeu narratif inscrit dans ces deux paragraphes, en commençant par le second. Ga 3,1-5 déclare que les Galates ont été les narrataires d’une description de Jésus en croix (v. 1) et que cette expérience auditive a eu pour conséquence l’expérience du souffle, de l’esprit (v. 2 répété au v. 5) — on apprendra en Ga 4,6 que cette expérience spirituelle est liée à la prise de conscience de la filiation46. On suppose que le narrateur n’était autre que Paul, d’après 1,7b-9 : «certains veulent détourner l’Extraordinaire Annonce du Christ, mais si nous ou un ange venu du ciel vous annonce [une Extraordinaire Annonce] à côté de celle que nous vous avons annoncée, qu’il soit anathème; […] si quelqu’un vous annonce [une Extraordinaire Annonce] à côté de celle que vous avez reçue, qu’il soit anathème». On a ici les deux pôles de la narration, celui qui parle et celui qui entend (avec ses oreilles) et écoute (avec son cœur). À mon sens, de façon similaire, l’expression de (3,2.5) doit s’entendre de l’ensemble de la narration, tant du côté du narrateur et de son message, que du côté du narrataire et de son écoute48 — il n’est pas nécessaire d’opposer les deux possibilités sémantiques49. C’est pourquoi je propose comme traduction de a) la formule: l' «Écoute!», injonction ou exhortation sortie de la bouche de l’orateur qui vise l’oreille, mais aussi le cœur, de l’auditeur. ), c’est à la fois la prédication qui interpelle à écouter, le contenu de cette prédication et la réception de celle-ci. La proclamation de l’Évangile, qui est Annonce Extraordinaire, est proclamation d’une foi/fidélité entendue, puis accueillie, dans la foi/fidélité. Il est intéressant de constater que cette proclamation/audition a comme conséquence la réception du souffle (3,2), qui rend apte à devenir éventuellement narrateur, c’est-à-dire à prendre la parole, ne serait-ce que pour dire, fils après le Fils, cette parole de fidélité: «Abba, Père» (Ga 4,6).


46 Ga 4,6 peut se lire de deux manières, à mon sens complémentaires et non exclusives: 1) parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé dans vos cœurs le souffle de son fils ; 2) Que vous êtes fils, [la preuve est que] Dieu a envoyé dans vos cœurs le souffle de son fils. Autrement dit, l’expérience de l’esprit est cause de la prise de conscience de la filiation, et la condition de fils et fille de Dieu permet d’être habité par l’esprit. http://wp.unil.ch/rrenab/files/2016/04/gignac_fidelite.pdf
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