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| Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates | |
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Auteur | Message |
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Narkissos
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| Sujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Jeu 26 Sep 2019, 16:08 | |
| La sophistication métalinguistique du discours sémiotique et/ou narratologique en jette, comme on dit: il en met plein la vue, mais il s'aveugle d'autant mieux à ses propres lacunes, béantes ou criantes -- pour multiplier les métaphores visuelles et auditives contradictoires... En l'occurrence l'accent sur l'acoustique (parole, écoute) occulte ce qui dans le texte de Galates est proprement graphique, donc optique (voir ici). Par ailleurs, il ne suffit pas de trancher péremptoirement le "sens" de la formule "foi du Christ" ( pistis Khristou, fides Christi, voir là, 15.3.2017) en faveur d'un génitif dit "objectif" (la foi-fidélité qui se rapporte au Christ) OU "subjectif" (la foi-fidélité qu'aurait eue, montrée ou exercée le Christ) pour sortir de l'ambiguïté, puisque celle-ci se retrouve presque intacte dans l'interprétation même du mot pistis: "foi" OU "fidélité", ce n'est justement pas la même chose, SURTOUT du point de vue de l'épître aux Romains (pour Galates c'est plus discutable): si "Paul" veut montrer que c'est la "foi" qui justifie, la "foi" de l'impie et du pécheur, en l'absence de toute "oeuvre" propre, alors invoquer une "fidélité" qui serait précisément de l'ordre des "oeuvres" viendrait à contresens de son raisonnement... |
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| Sujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Ven 27 Sep 2019, 11:53 | |
| "Sachant que l'être humain n'est pas justifié en vertu des œuvres de la loi, mais au moyen de la foi de Jésus-Christ, nous aussi nous avons mis notre foi en Jésus-Christ, afin d'être justifiés en vertu de la foi du Christ et non pas des œuvres de la loi — car personne ne sera justifié en vertu des œuvres de la loi. (...) en effet, par la loi, je suis moi-même mort pour la loi, afin de vivre pour Dieu. Je suis crucifié avec le Christ : ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi ; ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi du Fils de Dieu, qui m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour moi." ( Ga 2, 16-20)
Dans ce texte on retrouve plusieurs expressions liées à la foi, "la foi de Jésus-Christ", "la foi en Jésus-Christ", "la foi du Christ" et "je la vis dans la foi du Fils" qui allusion à une foi plus complète, supérieure à celle de la foi juive, une foi en Dieu enrichie par la "foi au Christ" et par la "foi du Christ" par conséquent une foi vécue en Christ. La foi du croyant doit être vécue en symbiose avec celles du "Fils de Dieu". |
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| Sujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Ven 27 Sep 2019, 17:07 | |
| La traduction ne fait pas apparaître la distinction formelle entre le verbe pisteuô (+ eis + accusatif, avec une nuance de mouvement semblable à celle de l'anglais into, de l'extérieur à l'intérieur, "croire = mettre sa foi en Jésus-Christ") et le substantif pistis (ici construit au génitif, "foi de Jésus-Christ" ou "du Fils de Dieu") -- c'est à mon sens un moindre mal par rapport à la rupture lexicale, et partiellement sémantique, entre le verbe "croire" et le nom "foi", telle que nous l'avons héritée du latin (credere / fides).
Si tentantes qu'elles puissent paraître, les interprétations "subjectives" de la "foi" OU "fidélité" DE "Jésus-Christ" (voir mon post précédent, et le lien) se heurtent très vite à l'absence de tout récit ou portrait du "personnage Jésus" dans l'épître aux Galates, et dans le corpus paulinien en général. Le fait est que "Paul" ne présente "Jésus-Christ" NI comme un "croyant" NI comme un "fidèle" (il suffit d'ailleurs de l'énoncer ainsi pour percevoir le caractère saugrenu de la chose): il ne lui attribue aucune "qualité" particulière, hormis l'identité du "Fils de Dieu"... surtout dans Galates où la croix est signe de malédiction (là encore, ce n'était pas le cas en Romains). |
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| Sujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Lun 30 Sep 2019, 12:02 | |
| "La passion qu'ils ont pour vous n'est pas bonne ; ils veulent seulement vous détacher de nous, afin que vous vous preniez de passion pour eux. Il est bien d'être l'objet d'une passion bonne en tout temps — pas seulement quand je suis présent parmi vous, mes enfants, pour qui j'éprouve de nouveau les douleurs de l'accouchement, jusqu'à ce que le Christ soit formé en vous... " Ga 4, 17ss
Paul entretient avec les communautés qu'il a fondées une relation quasi amoureuse, une souvent tourmentée, parfois conflictuelle, toujours passionnée. Paul éprouve les douleurs de l'enfantement jusqu'à ce que le "fœtus" Christ soit pleinement développé dans les croyants, une description très passionnelle et très impliquée de Paul qui témoigne qu'à ses yeux, l'Eglise de Galates était naissante ou adolescente. Pour que le Christ puisse naitre dans le croyant, il y a un temps de gestation, chaque fois qu'un croyant devient un adulte dans la foi, c’est de nouveau le Christ qui naît.
Un commentaire :
Paul atteste que les Galates l’avaient jadis traité comme le ferait une mère (qui n’hésiterait pas à donner ses propres yeux pour son enfant). Dans la dernière partie, Paul se présente, non pas comme père de ses disciples, mais comme leur mère : il les « enfante à nouveau dans la douleur » (19b) : il y a donc réciprocité de leur relation, puisque ceux qu’il engendre à nouveau l’avaient soigné comme une mère. La fin du verset, « jusqu’à ce que le Christ soit formé en vous » (19c), est diversement interprétée : ou bien l’on comprend que Paul engendre en eux le Christ, ou bien que, dans une image hardie, il veuille dire que les Galates, ayant été engendrés par lui, deviendront gros à leur tour du Christ qu’ils sont chargés d’enfanter eux aussi. Il est possible enfin de considérer que le verbe traduit par « expulser » en 14b appartient au même champ sémantique de l’engendrement : en effet, le verbe ekptu,w — dont c’est le seul emploi dans tout le Nouveau Testament et qui ne se trouve pas non plus dans la LXX — signifie « rejeter en crachant » et on l’interprète soit simplement comme « rejeter », soit au sens propre de « cracher », car c’était le geste que l’on faisait devant une personne frappée d’une maladie ou d’une infirmité considérée comme malédiction divine, pour conjurer le mauvais sort. Cependant, ce verbe peut signifier aussi « rejeter par avortement ». Dans la ligne de lecture menée jusqu’ici, il est tentant de retenir cette image : « formé » de 19c s’opposerait alors à « expulsé » de 14b. Les deux « comme » du début du passage (12ab), auxquels font écho les deux « comme » de la fin de la première partie (14cd), thématisent bien, semble-t-il, la réciprocité du rapport de filiation qui lie l’apôtre et ses disciples. https://www.academia.edu/10796365/Quelle_rh%C3%A9torique_dans_I%C3%A9p%C3%AEtre_aux_Galates_Le_cas_de_Ga_4_12-20
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| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Mar 01 Oct 2019, 19:54 | |
| Cf. aussi 1 Corinthiens 4,14s; 2 Corinthiens 6,11ss; 1 Thessaloniciens 2,7ss; Philémon 10 etc.: les images du père, de la mère et des enfants, de l'engendrement et de l'accouchement, du Christ en vous et de vous en Christ, se construisent indifféremment dans tous les sens -- celle de la naissance du Christ en soi (en l'âme, etc.) sera heureusement exploitée par la mystique médiévale, d'Eckhart à Luther. Mais ce langage rejoint aussi, indépendamment cette fois des références sexuelles, génitales ou obstétriques, tout le thème paulinien (entre autres) de la "con-formation" ou "con-figuration" au Christ image de Dieu (2 Corinthiens 3,18; Romains 8,29; 12,1ss; Philippiens 2,5ss; 3,21 etc.). |
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| Sujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Mer 02 Oct 2019, 12:29 | |
| "Car vous êtes tous, par la foi, fils de Dieu en Jésus-Christ. En effet, vous tous qui avez reçu le baptême du Christ, vous avez revêtu le Christ. Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni homme libre, il n'y a plus ni homme ni femme, car vous tous, vous êtes un en Jésus-Christ. Et si vous appartenez au Christ, alors vous êtes la descendance d'Abraham, héritiers selon la promesse." Ga 3,26-29
Apparemment ce texte ne favorise pas une abolition des distinctions sociales ou des différences entre hommes et femmes mais semble privilégier la seule identité de "fils de Dieu en Jésus-Christ". L'appartenance à une seule et même communauté des "fils de Dieu" permettait une certaine forme d’égalité car tous ses membres se sont dépouillés de toutes formes de dignité sociale ou de sexe. Face au salut qui est proposé à tous les humains les différences sociales ou autres ne jouent aucun rôle, les croyants sont sur un pied d'égalité mais ces différences restent une réalité dans la "vraie" vie. |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Mer 02 Oct 2019, 12:51 | |
| La question théologique fondamentale -- qui occupera toute l'histoire du christianisme -- est de savoir si ce que tu appelles "la 'vraie' vie" garde ou non une légitimité et une pertinence, et, si oui, laquelle. Entre un "enthousiasme" charismatique, mystique ou gnostique qui dénie toute validité à l'ordre "ancien" ou extérieur (créationnel, traditionnel, institutionnel, légal, etc.) et semble ne plus vouloir connaître que sa propre nouveauté (cf. déjà 2 Corinthiens 5) et une autorité qui le réaffirme avec force (notamment dans les Pastorales, mais déjà dans les Haustafeln ou "codes domestiques" des deutéropauliniennes, dès Colossiens, où les statuts de mari et de femme, de parent ou d'enfant, de maître ou d'esclave sont envisagés hors de "l'Eglise", y compris dans les "maisons" des croyants et spécialement des plus aisés), au risque de réduire la nouveauté à une fiction spirituelle sans portée sociale, on trouvera toutes les combinaisons: christianisme plus ou moins défenseur des "valeurs traditionnelles" OU qui estime au contraire qu'il est de son devoir de les changer, plus ou moins radicalement, en s'inspirant de son "contre-modèle". |
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| Sujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Mer 02 Oct 2019, 14:39 | |
| "Car, ce qui importe, ce n’est ni la circoncision, ni l’incirconcision, mais la nouvelle création. Sur ceux qui se conduisent selon cette règle, paix et miséricorde, ainsi que sur l’Israël de Dieu." (6,15-16)
Paul veut effacer toutes distinction entre circoncis et incirconcis donc entre juifs et païens, les croyants deviennent des nouvelles créatures ou créations. Si les croyants sont appelés à la liberté (5,13), cela suppose paradoxalement (ou au contraire très logiquement), qu'ils soient des esclaves du Christ (1,10) et "des esclaves les uns des autres" par amour (5,13). Ainsi être appelés à la liberté c'est être l'esclave du Christ et des autres croyants, l'esclavage prend dans ce contexte un sens positif. Par rapport à la loi, la liberté du croyant se manifeste par le fait de ne pas être asservi à cette loi (2,14), de se libérer du "modèle traditionnel" ou des "des "valeurs traditionnelles".
Dernière édition par free le Mer 02 Oct 2019, 15:04, édité 1 fois |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Mer 02 Oct 2019, 14:53 | |
| La "nouvelle création", c'est précisément la notion de 2 Corinthiens 5 que j'évoquais précédemment (d'après le trito-Isaïe en particulier): en principe elle invalide tout ce qui la précède (donc aussi bien la différence des "genres", homme et femme, que celle des ethnies, juif, grec, barbare, scythe, ou des statuts sociaux, homme libre ou esclave): au fond tout ordre et toute "loi", dont la Torah n'est que l'exemple... exemplaire pour autant qu'elle s'est donnée pour divine (mais, selon Galates, ne l'est pas vraiment, du moins pas directement).
Sur le renversement "dialectique" et "éthique" des thèmes (esclaves libres du Christ / les uns des autres, loi du Christ), cf. supra 20.9.2019. Il pourrait s'appuyer sur la notion de "rachat" (exagorazô, 3,19; 4,5), mais le rapport "logique" n'est pas développé et reste tout au plus implicite. |
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| Sujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Mer 02 Oct 2019, 15:31 | |
| "En effet, il est écrit : Sois en fête, femme stérile, toi qui n'as pas d'enfants ! Eclate en cris de joie, toi qui n'as pas éprouvé les douleurs de l'accouchement ! Car les enfants de la délaissée sont plus nombreux que ceux de la femme qui a son mari." (4,27)
Paul cite Is 54,1 où "la stérile" aura une descendance plus nombreuse que celle qui a un mari. Cette citation permet de montrer que la descendance par l’adoption filiale et la promesse surpasse la descendance issue d'un "procédé naturel". Cette description correspond à la négation de la distinction des sexes en (3,28). Le fait que la filiation spirituelle prime la filiation naturelle est souvent évoqué dans l'épitre aux Galates. En effet les croyants sont, "fils de Dieu"(3,26), "héritiers de la promesse" (3,23), "descendance d’Abraham" (3,7.29) et "enfants de la femme libre" (4,25-27). |
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| Sujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Mer 02 Oct 2019, 15:32 | |
| "En effet, il est écrit : Sois en fête, femme stérile, toi qui n'as pas d'enfants ! Eclate en cris de joie, toi qui n'as pas éprouvé les douleurs de l'accouchement ! Car les enfants de la délaissée sont plus nombreux que ceux de la femme qui a son mari." (4,27)
Paul cite Is 54,1 où "la stérile" aura une descendance plus nombreuse que celle qui a un mari. Cette citation permet de montrer que la descendance par l’adoption filiale et la promesse surpasse la descendance issue d'un "procédé naturel". Cette description correspond à la négation de la distinction des sexes en (3,28). Le fait que la filiation spirituelle prime la filiation naturelle est souvent évoqué dans l'épitre aux Galates. En effet les croyants sont, "fils de Dieu"(3,26), "héritiers de la promesse" (3,23), "descendance d’Abraham" (3,7.29) et "enfants de la femme libre" (4,25-27). |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Jeu 03 Oct 2019, 16:57 | |
| Le pathos anti-naturel (à la lettre, passion contre nature) traverse non seulement l'ensemble des christianismes primitifs, mais une bonne partie de l'hellénisme (y compris juif): l'idée de la "naissance virginale" de Jésus (Nativité selon Matthieu et Luc) en sera beaucoup plus tard une expression limite, en passant par d'autres dénégations évangéliques (qui est ma mère, qui sont mes frères ? haïr son père, sa mère, ses frères, sa femme, ses enfants; nés non du sang ni de la chair, etc.); le rejet ou la dévaluation des différences ethniques (juif, païen, grec, barbare) et sociales (esclave / libre), de la loi juive ou romaine, du droit naturel ou du droit tout court, du "monde", de ses "éléments" et de ses "puissances", en participent également. |
| | | free
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| Sujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Ven 04 Oct 2019, 10:07 | |
| Le pathos anti-naturel se manifeste chez Paul lorsqu'il fait allusion à la "révélation" qu'il a reçue, en effet Paul ne met pas sur le même plan une révélation accordée par Dieu et les règles édictées par une autorité humaine :
"Paul, apôtre, — envoyé, non par des humains, ni par l'entremise d'un être humain, mais par Jésus-Christ et Dieu, le Père, qui l'a réveillé d'entre les morts" (1,1)
"Et maintenant, vais-je essayer de persuader des humains, ou bien Dieu ? Est-ce à des humains que je cherche à plaire ? Si je voulais encore plaire à des humains, je ne serais pas un esclave du Christ." (1,10)
"Je vous le certifie, mes frères, la bonne nouvelle que j'ai annoncée pour ma part n'est pas simplement humaine, car moi-même je ne l'ai pas reçue ni apprise d'un homme, mais par une révélation de Jésus-Christ." (1,12-13)
Paul affirme son statut d'apôtre non par des humains, ni par l'entremise d'un être humain, mais par Jésus-Christ et Dieu, ainsi il oppose la créature de chair (qu'il ne veut plus être) et la "créature nouvelle" issue de l'Esprit. Paul désir relativiser l’importance de la descendance biologique et souligner que le fait d'être descendant biologique d'Abraham n'est pas une condition du salut. |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Ven 04 Oct 2019, 11:28 | |
| Dans un sens, il y a toujours une opposition entre les dieux et les hommes, comme il y en a entre "l'homme" et "la nature", "l'animal", etc., ou entre "les vivants" et "les morts". Mais dans un premier type de "religion" (ancestrale, agraire, et tout ce qui s'ensuit) il s'agit d'un antagonisme fonctionnel qui s'inscrit dans une continuité: les dieux assurent, règlent, parfois menacent mais aussi restaurent l'ordre des choses, à la fois "naturel" (cosmique, météorologique, fertilité, fécondité) et "culturel" (travail agricole, famille, clan, cité, Etat). Il y a échange de services entre l'extra-ordinaire et l'ordinaire. Or ce modèle change considérablement dans la seconde partie du Ier millénaire avant J.-C., avec la succession des grands empires, les brassages de population et l'urbanisation qui déconnectent diversement, mais irréversiblement, la "religion" de ces fonctions traditionnelles comme de son attache à une terre et à un peuple particuliers. Cela se traduit non seulement par la recherche d'un salut hors de "ce" monde" (après et/ou ailleurs), mais aussi par le fait que le divin n'est plus perçu que dans l'extra-ordinaire (ce qui se présente non seulement comme hors-nature mais même comme hors-culture, qui ne relève ni de la technique, ni de la politique, ni de l'économie, ni de la tradition "humaines"). C'est une généralité diffuse, mais on peut en suivre pas à pas le procès (sinon le progrès) dans "la Bible", de l'AT au NT, comme dans les civilisations plus ou moins éloignées (perse, grecque et romaine, indiennes, etc.). Les différences (p. ex. entre les différents textes "pauliniens" et "évangéliques") n'apparaissent que sur cette toile de fond commune, qui est celle d'une époque, et qu'elles ont aussi tendance à faire oublier.
Ex.: le lecteur de l'épître aux Galates, qui a aussi lu la Nativité selon Matthieu et Luc, en mélangeant tant bien que mal ces deux derniers récits, verra assez spontanément en Galates 4,4 une "allusion" à la naissance virginale qui, à la lettre, n'y est pas: Dieu a envoyé son Fils, non pas "né" mais devenu (de gi[g]nomai, non de gennaô) de-femme, devenu sous-loi". Ce qui est hors-monde (de)vient dans-le-monde, avec toutes ses caractéristiques apparentes, pour en libérer les siens. Entre ce texte, Romains 8,3 ou Philippiens 2, le prologue de Jean ou les récits de la Nativité les énoncés sont très différents et il importe de ne pas les confondre ou les superposer, n'empêche qu'ils répondent à un même schéma général -- du "sauveur" qui ne doit pas être du monde, mais y venir et en sortir, pour "sauver" ceux qui comme lui y sont sans en être... |
| | | free
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| Sujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Ven 04 Oct 2019, 14:06 | |
| Merci Narkissos pour toutes ces précisions.
"Sur tous ceux qui suivront cette règle, paix et compassion, comme sur l'Israël de Dieu !" (6,16)
sur l’Israël de Dieu : cf. 1Co 10.18 ; selon certains, l’expression s’appliquerait plus particulièrement aux chrétiens d’origine juive, voire à ceux de Jérusalem (pour autant qu’ils ne s’opposent pas à la règle énoncée précédemment par Paul) ; selon d’autres, elle inclurait tous les chrétiens sans distinction d’origine ; dans la seconde hypothèse, on pourrait aussi traduire sur eux, sur l’Israël de Dieu ou sur eux, comme sur tout l’Israël de Dieu (cf. Rm 9–11). https://lire.la-bible.net/verset/Galates/6/16/NBS |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Ven 04 Oct 2019, 17:34 | |
| C'est encore un cas où l'exégèse dépend de la décision de traiter les épîtres aux Romains et aux Galates ensemble OU séparément, de les assimiler OU de les opposer -- ou à tout le moins de les distinguer. Dans Romains, il y a un vrai souci du sort historique et eschatologique de l'Israël non chrétien, qui ne se confond absolument pas avec l'Eglise judéo-chrétienne, pagano-chrétienne ou mixte (chap. 9--11) -- souci qui se traduit aussi dans la section "pratique" par une leçon de tolérance interne (chap. 14). Rien de tout cela dans Galates, où les "judéo-chrétiens" (référés à Jacques au chap. 2) sont des adversaires irréductibles à qui il ne faut rien céder, et où le destin d'un Israël non chrétien n'est nulle part envisagé. Il est donc tout à fait possible que l'"Israël sauvé" en Romains 11 et l'"Israël de Dieu" en Galates 6 désignent deux choses complètement différentes et même exclusives l'une de l'autre, p. ex.: le judaïsme (provisoirement) réfractaire ou hostile au christianisme (paulinien ou autre) d'une part, le seul christianisme paulinien d'autre part.
Mais c'est assez difficile à voir, parce que depuis Luther au moins les épîtres aux Romains et aux Galates sont considérées comme inséparables et s'expliquent l'une par l'autre, avec pour effet de radicaliser l'une et d'édulcorer l'autre. C'est leur confusion même qui forme le "canon dans le canon dans le canon" du protestantisme, à partir de quoi celui-ci projette sa théologie "luthéro-paulinienne" non seulement sur l'ensemble du corpus paulinien, mais sur tout le NT. Il faut un sérieux effort d'attention aux textes, à ce que chacun d'eux dit et ne dit pas, pour en percevoir les différences -- au risque évidemment de les exagérer. |
| | | free
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| Sujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Lun 07 Oct 2019, 10:57 | |
| En Galates Paul indique que la loi de Moïse n'est plus valable et qu'elle ne peut être une règle de vie pour le croyant, ce fait une fois établi, Paul nuance son propos, puisqu'il fait allusion à la "loi du Christ" (Ga 6.2) et souligne que le commandement d’amour (qui provient précisément de l’AT) accomplit l’essentiel de la loi (5.14). En parlant du "fruit de l’Esprit ", il précisera de même que "la loi n’est pas contre de telles choses" (5.23).
Nous pouvons remarquer que Paul établit une opposition entre la "chair" et l’"esprit" :
"Ecoutez-moi : marchez sous l’impulsion de l’Esprit et vous n’accomplirez plus ce que la chair désire. Car la chair, en ses désirs, s’oppose à l’Esprit – et l’Esprit à la chair ; entre eux, c’est l’antagonisme– pour que, ce que vous voulez faire, vous ne le fassiez pas. Mais si vous êtes conduits par l’Esprit, vous n’êtes plus soumis à la loi." (5,16-18)
Apparemment, être sous la domination de la loi et de la chair revient aurait (pour Paul) la même signification car la loi est de l'ordre possède une validité et une utilité qui relève de l'ordre du biologique, du naturel et du charnel (elle a été donné à une nation qui se distingue par la chair et non par la promesse et elle marque dans la chair - la circoncision) :
"Tous ceux qui, dans la chair, veulent se faire bien voir, voilà ceux qui vous contraignent à vous faire circoncire, à seule fin de n'être pas persécutés pour la croix du Christ." (6,12)
Ceux qui vivent dans l'Esprit refuse l'ancien système de la malédiction et de l'asservissement à la loi, donc d'être les héritiers de la Chair. La chair n'est pas interprétée comme un rejet du corps, le croyant doit faire en sorte que Esprit puisse prendre le pouvoir sur le corps : " Ceux qui sont au Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs" (5,24). En Galates la chair désigne prioritairement le retour à l'observance des prescriptions de la loi de Moïse, elle ne concerne pas seulement des questions de comportement sexuels. |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Lun 07 Oct 2019, 12:48 | |
| Là encore, si l'on s'efforce de distinguer Romains et Galates, il faudrait nuancer pas mal de choses:
- Dans Galates "Paul" ne dit pas que "la loi de Moïse n'est plus valable" -- elle garde toute sa puissance de condamnation et de malédiction sur ceux qui s'y soumettent, et elle n'a jamais eu d'autre "validité" que celle-là.
- Le rapport entre accomplissement (plèroô) de la loi (tout court) par une seule parole (en eni logô), le commandement d'aimer son prochain comme soi-même, 5,14, et accomplissement (anaplèroô) de la loi du Christ par ceux qui "portent les fardeaux les uns des autres", 6,2, est réel mais très subtil, doublement médiatisé: il n'y a aucune obéissance directe à la loi (tout court), mais le "fruit de l'esprit" qui (sur)naturellement accomplit la parole qui accomplit la loi... ce que dit encore mieux la formulation négative de 5,23: de la conduite "spirituelle" du chrétien, la loi n'a, de fait, rien à dire.
- L'opposition de la chair et de l'esprit est essentiellement la même que dans Romains, mais elle se radicalise. Nulle part dans Galates il n'est dit que la loi soit "spirituelle", et que seul le "péché" la rende pratiquement mortifère. L'identification de la loi à la "chair" ET au "péché" est totale. |
| | | free
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| Sujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Mar 08 Oct 2019, 13:52 | |
| "Mais lorsque Céphas est venu à Antioche, je me suis opposé à lui ouvertement, parce qu'il avait tort. En effet, avant la venue de quelques personnes de chez Jacques, il mangeait avec les non-Juifs ; mais après leur venue il s'est esquivé et s'est tenu à l'écart, par crainte des circoncis. Les autres Juifs aussi sont entrés dans ce jeu, au point que Barnabé lui-même s'est laissé entraîner par leur double jeu. Quand j'ai vu qu'ils ne marchaient pas droit au regard de la vérité de la bonne nouvelle, j'ai dit à Céphas, devant tout le monde : « Si toi, qui es juif, tu vis à la manière des non-Juifs et non à la manière des Juifs, comment peux-tu contraindre les non-Juifs à adopter les coutumes juives ? » Ga 2,11ss
Les "personnes de chez Jacques" (le frère du Seigneur - 1,19) sont-ils les judaïsants que Paul combat ?
L'apôtre Paul de l'épitre aux Galates connait-il le décret de Jérusalem ? |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Mar 08 Oct 2019, 15:09 | |
| - free a écrit:
- Les "personnes de chez Jacques" (le frère du Seigneur - 1,19) sont-ils les judaïsants que Paul combat ?
Au premier chef, manifestement, mais ce ne sont pas les seul(e)s (cf. ici Céphas, à identifier ou non à Pierre, et Barnabé...). Evidemment, les Actes vont distribuer les rôles tout autrement, en effaçant, en travestissant ou en expliquant à leur façon les antagonismes. On peut aussi noter qu'il n'y a pas dans l'épître aux Galates, contrairement à celles aux Corinthiens ou aux Romains, de "collecte pour Jérusalem". Les visites de l'"apôtre" à Jérusalem sont au passé (chap. 1--2), et tout acte d'hommage ou d'allégeance à la Jérusalem "terrestre" semble exclu par l'"allégorie" du chapitre 4. - Citation :
- L'apôtre Paul de l'épitre aux Galates connait-il le décret de Jérusalem ?
Visiblement non ! Mais celui de 1 Corinthiens ne le connaît pas non plus, vu sa façon toute différente de traiter le problème des "idolothytes" (viandes sacrifiées aux idoles). |
| | | free
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| Sujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Mer 09 Oct 2019, 11:10 | |
| Sur tous ceux qui suivront cette règle, paix et compassion, comme sur l'Israël de Dieu !" (6,16)
Si elle s’oppose à "la loi", "la foi" n’en implique pas moins un faire (la "règle" de conduite), comme suggère aussi le verbe "opérer" en (5,6) : "la foi qui opère par l'amour". Les croyants doivent favoriser l'unité, puisqu'ils sont des "frères" (6,18) et ce n'est pas la circoncision qui permettra cette unité mais "les marques de Jésus" (6,17). La liberté chrétienne doit inciter les croyants a se faire esclaves les uns des autres (5,13), donc (paradoxalement) à un "asservissement" mutuel, une liberté qui asservit. Ainsi la liberté c'est la solidarité qui joue dans l'amour, la loi de l'amour. L'épitre aux Galates souligne le paradoxe de la liberté, elle implique le service mutuelle, une autre forme d'esclavage mais aussi le paradoxe de la loi dont on ne peut se libérer qu'en l'accomplissant totalement :
"Car toute la loi est accomplie dans une seule parole, celle-ci : Tu aimeras ton prochain comme toi-même." (5,14)
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| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Mer 09 Oct 2019, 12:44 | |
| La "règle" en l'occurrence c'est le kanôn (d'où "canon"); mais ça ne nous éclaire pas du tout sur son "contenu", d'autant que le chapitre 6 est extrêmement morcelé, donnant l'impression comme bien des "fins de livre" d'une série d'ajouts successifs (cf. la "signature" ostensiblement "authentique" -- donc suspecte -- du v. 11), sans rapport évident les uns avec les autres... bref, le "contexte" est trop faible pour assurer un sens précis -- hormis la référence à la "nouvelle création" qui précède immédiatement, thème plus largement paulinien au moins depuis 2 Corinthiens 5 (c.-à-d., selon toute vraisemblance, "avant" Romains et l'opposition de la foi à la loi). Sur les "stigmates", voir ici. Quant au verbe stoikheô traduit ici par "suivre", et apparenté aux fameux stoikheia = "éléments" (dans un sens péjoratif, 4,3.9), il peut avoir le sens concret de marcher en ligne, en rang ou au pas, et au figuré de se "conformer"... à une "règle" ou à un "principe", par exemple. Cf. 5,25 où il faut stoikhein selon l'esprit... En 5,6 c'est energeô (aussi 2,8; 3,5), d'où "énergie" = "opération", apparenté à ergon = "oeuvre", acte, travail, etc. Sur l'"accomplissement" de la "loi" (tout court) en une seule parole, PUIS de la "loi du Christ", revoir peut-être ci-dessus 7.9.2019... |
| | | free
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| Sujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Mer 09 Oct 2019, 13:15 | |
| Lorsque nous considérons les œuvres de la chair (5,19-21), nous constatons qu'à part "idolâtrie" et "sorcellerie" qui se rapportent à la relation à Dieu, les autres "vices" ont un lien à la relation avec les hommes, tout ce qui peut altérer la relation entre les croyants ou générer des conflits est susceptible d'amener la défaveur divine ("ceux qui pratiquent de telles choses n'hériteront pas le royaume de Dieu"). Ce texte souligne que les manquements à la fraternité menace gravement la filiation divine. D'ailleurs sous un ton menaçant, le chapitre 5 se conclut de la sorte : "Ne soyons pas vaniteux : entre nous, pas de provocations, entre nous, pas d’envie" (5,26). Cela me fait penser aux épitres johanniques qui insistent beaucoup sur l'unité des croyants et sur l'amour mutuel.
Le chapitre 6, recommande la correction fraternelle avec humilité :
"Mes frères, si quelqu'un vient à être surpris en une faute, quelle qu'elle soit, vous, les spirituels, aidez-le à se rétablir avec un esprit de douceur. Prends garde à toi-même, de peur que, toi aussi, tu ne sois mis à l'épreuve. Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi du Christ. Celui qui se considère comme quelqu'un d'important, alors qu'il n'est rien, s'illusionne lui-même. Que chacun examine son œuvre propre, et alors il aura de quoi être fier par rapport à lui-même, et non par rapport à quelqu'un d'autre ; car chacun portera sa propre charge." (6,1-5).
S'il faut corriger les autres en pensant aussi soi-même, il est nécessaire de s'examiner soi-même sans se comparer aux autres. |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Mer 09 Oct 2019, 22:57 | |
| Je ne suis pas sûr que ce critère de classification, certes traditionnel (ainsi pour les deux tables du décalogue rapportées tant bien que mal à ce qui concernerait respectivement le dieu et les hommes), soit très pertinent, surtout à l'époque du NT: le rapprochement tardif, mais commun à presque tous les christianismes et au pharisaïsme (cf. Aqiba), du commandement d'amour de Dieu (Deutéronome) et du prochain (Lévitique) qui n'avaient a priori aucun rapport, mais qui sont dits au moins semblables, voire identiques (ainsi dans le johannisme, à ceci près qu'il ne s'agit plus d'amour du prochain mais des "frères", dans la réciprocité du "les uns les autres"), correspond à un pathos d'époque. D'autre part il est assez hasardeux de "trier" les vices et les vertus selon un tel critère: la "sorcellerie" (pharmakeia), par exemple, à ne pas confondre avec la magie, est souvent liée à la volonté de nuire à autrui, ou d'avantager certains au détriment des autres... |
| | | free
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| Sujet: Re: Tu n'es plus esclave, mais fils épitre aux Galates Jeu 10 Oct 2019, 10:02 | |
| En relisant l'épître de Jacques, il m'a semblé que l'auteur utilise le même vocabulaire que Paul dans l'épître aux Galates à des fins théologiques opposées. En Jacques (1,25), il est question de la "loi parfaite, la loi de la liberté", on y retrouve le même concept de "liberté" qu'en Galates mais en lien avec la loi, qualifiée de "parfaite". Paul assimile l'observance de loi à un asservissement alors que pour Jacques l'observance de la loi est un moyen d'atteindre la "liberté" :
" Mais celui qui a plongé les regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et qui y demeure, non pas en écoutant pour oublier, mais en mettant en pratique, — en faisant œuvre — celui-là sera heureux dans sa pratique même." (1,25)
L’expression "Loi de liberté" ressemble à une attaque contre Paul et ses disciples qui identifient la Loi avec l’esclavage. Jacques insiste sur l’obligation de mettre en pratique la loi mosaïque ainsi que sur le bonheur obtenu en le faisant :
"Sans doute, si vous accomplissez la loi royale, selon l'Ecriture : Tu aimeras ton prochain comme toi-même, vous faites bien. Mais si vous montrez de la partialité, vous commettez un péché, et vous êtes convaincus de transgression par la loi. En effet, quiconque observe toute la loi mais trébuche sur un seul point devient entièrement coupable. Car celui qui a dit : Ne commets pas d'adultère a dit aussi : Ne commets pas de meurtre. Si donc tu ne commets pas d'adultère, mais que tu commettes un meurtre, tu deviens transgresseur de la loi. Parlez et agissez comme des gens qui vont être jugés d'après une loi de liberté" (2,8-12)
Chez Paul l'amour du prochain tend à se substituer à la loi, l'accomplissement de la loi royale n'implique pas l'observance de la loi mosaïque. pour Jacques c'est l'inverse, l'amour du prochain se rapporte à l’obligation d’accomplir la totalité de la Loi. |
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