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 arts, techniques, créations, po(ï)étiques, spectacles

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Narkissos

Narkissos


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MessageSujet: Re: arts, techniques, créations, po(ï)étiques, spectacles   arts, techniques, créations, po(ï)étiques, spectacles - Page 2 Icon_minitimeSam 20 Juil 2024, 13:04

Pendant que j'ai Derrida et Silesius sous la main (cf. ici ce jour et les liens):

GOtt spielt mit dem Geschöpffe.
Dies alles ist ein Spiel, dass Ihr die GOttheit macht:
Sie hat die Creatur umb Ihret willn erdacht.


Dieu joue avec la création.
Tout cela est un jeu que la déité se donne:
Elle a imaginé la créature pour son plaisir.
(II, 198)

GOtts Eigenschafft.
Was ist GOtts Eigenschafft ? Sich ins Geschöpff ergiessen
Allzeit derselbe seyn, nichts haben, wollen, wissen.


Le propre de Dieu.
Quel est le propre de Dieu ? Se répandre dans la création,
Être en tout temps le même, ne rien avoir, vouloir, savoir.
(II, 132).

(P. 93 et 83 de Sauf le nom respectivement.)

A contraster avec le "sérieux" de la création, sur lequel insiste l'islam (cf. p. ex. ici 6.1.2016), soufisme à part peut-être, mais qui est déjà impliqué dans le "monothéisme moral judéo-chrétien", et dans le dualisme perse qui le précède: dans l'archi-théisme de cette "mystique"  -- il s'agit de dépasser "Dieu", ou de revenir en-deçà -- on rejoint, outre le panthéisme et l'athéisme qui ont toujours bordé le concept même de "monothéisme", le caractère ludique et théâtral du polythéisme, grec ou autre, "barbare" ou "païen". Théâtre des passions, de la cruauté et de la compassion, de la grâce, de la jouissance, de la souffrance, de toutes les différences sur fond sans fond d'indifférence et d'impassibilité.

--

Dans un tout autre genre -- quoique l'auteur ait aussi cité et commenté Silesius -- et toujours au hasard de ce que je découvre dans la réserve d'une bibliothèque, je suis tombé sur la traduction d'un cours passionnant du "jeune" Heidegger (1925), d'avant Sein und Zeit (1927), en principe sur Le sophiste de Platon, mais en grande partie consacré à Aristote. Je le lis à petites doses -- c'est assez impressionnant de penser que parmi les étudiants il y avait Hannah Arendt, Hans Jonas et Hans-Georg Gadamer, dans une classe où tout le monde lisait, traduisait et commentait le grec à livre ouvert: on mesure depuis le déclin de la "philosophie", sans parler de moi qui ne suis venu à ces textes que par hasard, sur le tard et par des chemins pour le moins détournés.

Une chose que je remarque dès les cent premières pages, c'est que la lecture d'Aristote par Heidegger, qui ne se veut surtout pas "scientifique", rejoint un lieu commun des sciences modernes: à savoir que l'accès de "l'homme" à la connaissance, à la science, au savoir, à la raison pure ou pratique, est originairement lié à la tekhnè, qui n'est certes pas la "technique" moderne mais la porte pour ainsi dire en germe: c'est la pratique et le désir de trans-former les choses, "naturelles" ou déjà trans-formées (tekhnè, praxis et poièsis), de créer ou de pro-duire du nouveau à partir d'un "donné", dans un but utile et/ou agréable, qui ouvre au théorique ou au théorétique, exemplairement aux invariants des rapports mathématiques "formels", à toutes les connaissances prétendues désintéressées. L'homo faber précède et détermine l'homo sapiens, et sapiens sapiens, le sage, l'intelligent, le calculateur et le spéculateur, l'illusoire aussi: l'usage de la roue précède l'invention du cercle (ça me rappelle Gotlib). Création, fiction, art et artifice, tout vient de là, même ce qui s'en distingue.
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MessageSujet: Re: arts, techniques, créations, po(ï)étiques, spectacles   arts, techniques, créations, po(ï)étiques, spectacles - Page 2 Icon_minitimeMar 23 Juil 2024, 11:20

La création, l'art et l'original 
Olivier Boulnois

4. La création au-delà de l'œuvre.

On peut voir dans cette évolution un gigantesque retour à l'envoyeur. Après avoir permis d'interpréter la création du monde par Dieu sur le modèle de la fabrication artisanale, c'est l'art lui-même qui est interprété sur le modèle de la création. Mais le résultat n'est pas identique au commencement. La création est maintenant un attribut de la grandeur inventive de l'homme. On peut aussi y voir le déliement d'un cercle herméneutique : la créativité peut maintenant s'interpréter sans relation à Dieu, et même sans qu'il en résulte une œuvre produite.

Chez Kant, le concept de génie opère la médiation entre nature et art, mais sans passer par une imitation. En effet, le mode d'être de l'homme est tout autre que la nature, puisqu'il est un être libre, une nature libre. C'est pourquoi sa caractéristique principale est d'être un génie créateur. Il réalise une « production qui fait intervenir la liberté42 ». Si la nature intervient, c'est en tant que « nature donatrice des règles de la création » dans le sujet, à savoir la nature de Vhomme, sa nature libre. Le seul passage entre la nature et l'art se trouve dans la nature artiste de l'homme. La création est dans la nature du génie, car elle est naturelle à l'être libre. Non seulement il n'est pas nécessaire d'imiter la nature, mais il n'est pas question d'imiter autrui. Ainsi, le génie créateur devient le modèle pour un autre génie, non comme un modèle hétéronome, qui briderait sa liberté, mais parce qu'il « éveille en lui le sentiment de sa propre originalité 43 ». La définition de l'homme comme pure nature libre est la forme d'un souci de soi comme créativité. Accomplir l'essence de l'homme, c'est créer, sans suivre d'autre règle que celles qui viennent de la nature rationnelle — c'est-à-dire libre — de l'homme. L'originalité créatrice devient le critère de l'œuvre d'art.

Fichte accentue lui aussi l'exigence de liberté créatrice du génie, mais il la relie à l'antique théorie platonicienne des Idées : par l'entremise de la liberté humaine, c'est la pensée divine qui se réalise. L'homme poursuit librement la création, c'est à lui que Dieu a confié l'accomplissement de sa volonté. « Tout le nouveau, le grand et le beau qui est venu au monde depuis le commencement du monde et qui viendra en lui jusqu'à sa fin, est venu et viendra en lui par l'Idée divine qui s'exprime en se particularisant dans ces individus élus 44. » La nouveauté du monde n'est pas la création originelle du monde par Dieu. Elle est le fruit de l'originalité créatrice de l'individu.

En pensant un « travail du négatif », Hegel met en relief la participation du fini à la création divine. Il suit là toute la tradition de la théologie paulinienne, qui met l'accent sur le sens du négatif, et même de la destruction du monde. Pour Paul, la fin de la création correspond à son origine : c'est en vue d'une création nouvelle, intégrée en Dieu, destinée à sa gloire, que Dieu a créé le monde. « Car la création en attente aspire à la révélation des fils de Dieu : si elle fut soumise au néant, [...] c'est avec l'espérance d'être elle» aussi libérée -de la servitude de la* corruption45. » Comme le Christ, comme le chrétien, le monde doit mourir et ressusciter, être consumé et détruit pour recevoir la gloire et la libération. La corruption du monde, aussi évidente que sa beauté, manifeste donc l'imminence de la révélation : la consommation du monde, le travail, la destruction et la souffrance sont aussi ce qui rapproche la création de son but - la perfection d'une vérité nouvelle, d'une nouvelle naissance. « Nous le savons en effet, toute la création . jusqu'à ce jour gémit en travail d'enfantement46. » La création et la destruction ne. sont pas opposées l'une à l'autre, elles s'unissent secrètement dans le même monde en cours de renaissance. L'œuvre humaine coopère à la création divine et mène les temps à leur achèvement.

Pour Hegel, l'accomplissement du dessein divin par l'homme est l'auto- effectuation, du divin lui-même. L'identité entre l'Esprit divin infini et l'esprit fini signifie que Dieu, comme Esprit, est l'acte de se poser lui- même : son essence intérieure n'est qu'en se manifestant. Il est ce qu'il se fait. C'est seulement dans l'acte de produire un effet qu'il se donne la subsistance47. L'Esprit est devenu effet de soi-même.

Chez Feuerbach, Marx ou Sartre, cette création change de sens : c'est dans la production de l'idée en général que l'homme devient le créateur de l'idée de Dieu, où il aliène sa propre essence. La nature est niée comme donnée, et l'être est créé par le travail. Alors la créativité devient la principale tâche de l'homme : l'homme est à créer par soi-même, il est responsable de ses propres valeurs. Il peut alors reprendre la définition cartésienne de Dieu comme causa sui, mais pour l'appliquer à l'homme. C'est l'homme qui est cause de soi, l'homme qui s'engendre soi-même en produisant toute chose. « Pour l'homme socialiste, ce qu'on appelle l'histoire universelle, en sa totalité, n'est rien d'autre que la procréation de l'homme par le travail humain, que le devenir de la nature pour l'homme, il a la preuve intuitive, irrésistible, de son enfantement par soi-même : du processus de sa genèse 48. » L'activité productive en général conduit à l'autoproduction de l'homme par lui-même. La nature n'est pas une donnée brute, mais elle est humanisée par le travail, c'est-à-dire transformée par l'homme, pour l'homme, en l'homme. Toutes les productions se ramènent à celle-ci : l'homme est produit par l'homme.

https://www.persee.fr/doc/comm_0588-8018_1997_num_64_1_1972
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Narkissos

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MessageSujet: Re: arts, techniques, créations, po(ï)étiques, spectacles   arts, techniques, créations, po(ï)étiques, spectacles - Page 2 Icon_minitimeMar 23 Juil 2024, 12:40

Fresque ou panorama impressionnant, surtout instructif dans sa section (à la lettre) centrale, médiane, "médi-évale" (p. 61ss), même si les extrémités antiques et modernes laissent davantage à désirer: Abélard, Bonaventure, Duns Scot, Ockham, Thomas, Eckhart, Nicolas de Cues; réalisme ou nominalisme des "universaux" substitués aux "idées", création par "sagesse" ou par "volonté", toutes ces alternatives re-posées à nouveaux frais, sinon nouvelles, ont aiguisé et exacerbé des problématiques immémoriales, et interminables comme le dilemme de l'oeuf et de la poule. Quoi qu'il en soit, l'analyse ou la thèse d'ensemble paraît incontournable: l'aporie multiple et démultipliée d'une "création monothéiste", et par voie de conséquence ex nihilo (conséquence qui à mon avis n'est pas encore tirée expressément dans le "canon biblique", ni hébreu ni grec, ni juif ni chrétien, mais n'en sera pas moins inévitable pour ses héritiers, rabbiniques ou patristiques, et tous ceux qui tenteront de la penser) est aussi ce qui distingue historiquement et conceptuellement ce que nous ("modernes") appelons "l'art" de tous ses "autres", artisanat, industrie, technique, ingénierie, travail, jeu, loisir, sport, politique, etc. Soit précisément ce que ne distinguaient ni la tekhnè ni l'ars anciennes, à peine les médiévales...

On retrouve là le problème réflexif ou spéculaire (miroir, miroir) de l'imago dei: le dieu artisan fait par l'homo faber à son image, devenu Dieu créateur ex nihilo, le lui rend au centuple, en le faisant à son tour créateur divin du même acabit... Le jeu de miroirs spéculatif transforme ou transfigure les images, il ne se contente pas de se les renvoyer indéfiniment à l'identique, fût-ce en les démultipliant.

Une autre notion indissociable de la tekhnè et qui est déjà commune aux textes "bibliques", hébreux ou grecs, mais aussi à l'Antiquité en général, y compris au Proche-Orient de l'Egypte à la Mésopotamie, ou en Grèce jusqu'à la "philosophie", c'est évidemment la "sagesse", hokhma / sophia / sapientia, qui est aussi bien chez Platon ou Aristote que dans les Proverbes un "savoir-faire" et un "s'y connaître" pratique, appliqué, concret, du paysan à l'artisan, du médecin au pilote de navire, du guerrier à l'athlète, du roi au dieu, avant de devenir -- promotion ou perversion ? -- "connaissance", "théorie" ou "science" présumées pures, gratuites et désintéressées...
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