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| Qu’est-ce que la vérité? | |
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+7Patoune ASSAD Ami Florian VANVDA Narkissos free 11 participants | |
Auteur | Message |
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free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Qu’est-ce que la vérité? Sam 18 Mai 2013, 22:21 | |
| « Celui qui fait la vérité vient à la lumière » (Jn 3, 21). La vérité est donc à faire, elle n'est pas toute faite... Elle est à créer, à invente |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Qu’est-ce que la vérité? Sam 18 Mai 2013, 23:09 | |
| Spermologos
En Jean 8,31-32 je lis, pour ma part:
Jésus donc dit aux Juifs qui l’avaient cru (cf. v. 30): Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes (et non : vous serez ; autrement dit: ça montrera, à l’avenir, que vous êtiez déjà) vraiment (de) mes disciples ; et vous connaîtrez la vérité (futur), et la vérité vous libérera (futur).
Ce texte ne dit pas que la foi en Jésus, ou le fait d’être son disciple, résulte d’un "choix libre" (cf. expressément 15,16, et son contexte; et -- entre autres -- 5,38 ; 6,29.36ss ; 10,25s ; 12,37ss ; 17,6ss où l'on retrouve toujours le même schéma: ce sont ceux qui sont déjà "de Dieu" et non "du monde" qui reconnaissent Jésus, viennent à lui, croient en lui, le suivent, demeurent dans sa parole, etc.; ceux, en d'autres termes, que le Père "donne" au Fils parce qu'ils lui appartiennent déjà). La "liberté" dont il parle est tout autre chose qu'un "libre choix": c’est, au sens propre, la condition de l’homme libre opposée à celle de l’esclave (et au sens figuré tout ce que tu voudras d’analogue). Selon ce texte, elle résulte au contraire du processus de révélation engagé par la foi et l’état de disciple authentique (si l'on remettait les propositions du texte dans un ordre strictement logique, on aurait: si vous êtes vraiment mes disciples -> vous demeurerez dans ma parole -> vous connaîtrez la vérité -> la vérité vous libérera). La "liberté" est à l’autre bout de la chaîne, du côté de la "conséquence" (de la révélation) et non de la "cause" (de l'adhésion initiale).
Les auditeurs (les « Juifs ») d’ailleurs ne s’y trompent pas, quand ils déduisent de cette parole l’implication qu’ils ne sont pas libres a priori, que Jésus en un mot les traite d’« esclaves » (lire la suite, qui à la fois confirme cette interprétation tout en lui donnant un sens plus profond que celui du statut d'esclave au sens propre).
(Bien sûr on pourrait aussi imaginer, en sortant de la lecture de CE texte, de placer la "liberté" en tête d'un raisonnement de même "logique" -- aucun problème puisqu'il s'agit d'une logique circulaire, et qui s'assume comme telle. On aurait alors, par exemple: Parce que vous êtes des "hommes libres" en tant qu'enfants de Dieu, même si vous ne le savez pas, même si rien ne vous différencie apparemment des esclaves, vous allez forcément vous reconnaître dans la parole de liberté du Fils, la croire et demeurer en elle, connaître la vérité et par elle découvrir votre liberté. Cf. un enchaînement du même type en Galates 4. Où il apparaîtrait encore plus clairement que la "liberté" en question est tout autre chose que ce que nous entendons communément par "libre choix" -- et même, à certains égards, à peu près le contraire.) Pour une perspective plus large sur ce thème de la liberté, je me permets de te renvoyer à mon article http://oudenologia.over-blog.com/pages/entre-pensee-et-croyance-metamorphoses-de-la-liberte-3758051.html (surtout la deuxième section, "Christianisme et liberté").
Dernière édition par free le Ven 30 Sep 2016, 11:15, édité 1 fois |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Qu’est-ce que la vérité? Mer 22 Mai 2013, 11:31 | |
| Je trouve interessant d'analyser ces paroles du Jésus de Jean, "Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Nul ne vient au Père que par moi" (14,6), dans son contexte.
Au verset 2, Jésus promet "Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures (...) je vais vous préparer une place" et précise "Et du lieu où je vais, vous savez le chemin" (4).
Cela amène une question de Thomas, "Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment saurions-nous le chemin ?"(5) et la réponse du verset 6.
L'affirmation de Jésus engendre une demande dePhilippe : "Seigneur, montre-nous le Père".
Jésus lui explique, "Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ?"
Jésus est la vérité en ce sens qu'il est le révélateur du Père et il est lui même cette révélation. |
| | | le chapelier toqué
Nombre de messages : 2607 Age : 77 Date d'inscription : 31/08/2010
| Sujet: Re: Qu’est-ce que la vérité? Jeu 23 Mai 2013, 11:37 | |
| Cette réponse de Jésus: - Citation :
- Ne crois-tu pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; et le Père qui demeure en moi, c’est lui qui fait les œuvres.
est une réponse assez révolutionaire, car Jésus savait bien qu'en parlant ainsi il s'éloignait des normes israélites. Un peu plus haut il déclare: - Citation :
- Que votre cœur ne se trouble point. Croyez en Dieu, et croyez en moi.
Jean 14.1 |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12461 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Qu’est-ce que la vérité? Lun 01 Déc 2014, 00:58 | |
| Aiguillé d'un autre fil (en aiguille naturellement) vers celui-ci, je me suis demandé (est-ce dû à une récente lecture d'U. Eco, dont VANVDA est un peu responsable ?) ce qu'il adviendrait de la phrase "Je suis la vérité" si on la prenait pour une proposition logique (donc elle-même soumise en principe à l'alternative du vrai et du faux, tertium non datur) et non pour un énoncé, disons, "po(ï)étique" ou "performatif" (qui pourrait n'être ni vrai ni faux, ou encore vrai dans un sens et faux dans un autre).
Admettons, pour simplifier l'exercice, 1) que la proposition "Je suis la vérité" soit extractible de son contexte ("Je suis le chemin, la vérité et la vie") et puisse fonctionner de façon autonome, ce qui est exégétiquement discutable; 2) que la question du référent du sujet ("je") soit tranchée provisoirement dans le sens objectif et exotérique ("je" = "Jésus") que lui prête le disciple quand il croit dire "la même chose" en transposant ladite proposition de la première à la troisième personne ("il = Jésus est la vérité"), plutôt que dans celui du mystique qui, tel Hallâj, la reproduira (consciemment ou non) à l'identique, en disant à son tour "Je suis la vérité".
Reste alors que la proposition "Jésus est la vérité", si elle était logiquement vraie, se réduirait d'elle-même à une tautologie: le prédicat étant déterminé ("la vérité"), elle ne se limite pas à dire que "Jésus est (une) vérité", si éminente soit-elle, ni qu'il est "vrai" ou "véritable" ou "véridique" -- autrement dit participant à quelque titre et parmi d'autres (en droit sinon en fait) à quelque chose (la vérité) qui en principe le dépasse et en soi demeure indépendant de lui. S'il est vrai que "Jésus est la vérité", la proposition (de forme "S est p", Sujet est prédicat) se ramène à une déclaration d'identité et à une équation pure et simple (S = p), par définition commutative, et ne dit ipso facto rien de plus que les tautologies "la vérité est la vérité" (p = p) ou "Jésus est Jésus" (S = S) -- que n'eût certes point dédaignées Benar el-Falouz (lequel, dans l'original italien, est d'ailleurs hindou et se nomme Swami Brachamutanda). Mais s'il n'y a plus de "vérité" logiquement indépendante de "Jésus", on ne peut plus dire que la proposition "Jésus est la vérité" est vraie: il faudrait pour cela qu'on pût aussi la dire fausse, ce qui est impossible. Et si "Jésus est la vérité", non seulement "Jésus est la vérité" comme "Jésus est Jésus" et comme "la vérité est la vérité", mais tout ce qui se rapporte tant soit peu à Jésus (tout ce qui est chrétien) est "vrai" dans cette mesure et par définition. Si Jésus "est" de surcroît le logos qui "est" Dieu, ce sera "logique" et "divin" dans la même mesure et par la même occasion. Mais, réciproquement, toute proposition "vraie" de quelque manière serait aussi, de cette manière même, "chrétienne": "2 + 2 = 4", "Napoléon est mort à Sainte-Hélène", "J'ai oublié de fermer le gaz" (le cas échéant, bien entendu.)
Pour avoir un sens effectif (non tautologique), la proposition "Jésus est la vérité" doit admettre que le sujet ("Jésus") et le prédicat ("la vérité") ont en principe et conservent des sens différents (ce qui vaut pour toutes les affirmations de ce type, Je suis / Jésus est le chemin, la vie, la lumière, la porte, la vraie vigne, le bon berger, pour s'en tenir aux formules similaires du quatrième évangile). Autrement dit, elle ne saurait avoir un sens (dès lors non tautologique mais paradoxal) qu'à être logiquement fausse...
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En écho (longuement différé) au dernier post de free ci-dessus, il est assez clair en effet d'après le contexte immédiat (Jean 14) que la réponse de Jésus est on ne peut plus paradoxale, dissipant un "malentendu" qu'il a lui-même créé de toutes pièces pour en créer aussitôt un autre qu'il dissipera à son tour:
Jésus: Que votre cœur ne se trouble pas; (vous) croyez en Dieu, (vous) croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père il y a beaucoup de demeures; sinon, je vous l'aurais dit, car (ou: vous aurais-je dit que) je m'en vais pour vous préparer une place(./?) Et si je m'en vais pour vous préparer une place, je reviens et je vous prendrai avec moi, afin que là où moi, je suis, vous soyez, vous aussi. Et là où (moi) je m'en vais, vous (en) savez le chemin. Thomas: Seigneur, nous ne savons pas où tu vas; comment pourrions-nous (en) savoir le chemin ? Jésus: Je suis le chemin, (et) la vérité, et la vie: nul ne vient au Père sinon par moi. Si vous m'avez connu, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez et vous l'avez vu. Philippe: Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit. Jésus: Il y a tant de temps que je suis avec vous et tu ne m'as pas connu, Philippe ? Qui m'a vu a vu le Père...
Quand on suit ce dialogue, pas besoin d'être très malin pour se rendre compte qu'il y a autant de raisons de prendre le mot "vérité" dans son sens ordinaire (c.-à-d. logique) que de prendre "lieu" et "chemin" au sens cartographique, "aller" et "venir" au sens cinétique, "vie" au sens biologique, "voir" au sens optique, "savoir" et "connaître" au sens scientifique ou cognitif... et c'est pourtant grâce à tous ces "malentendus" que le dialogue fonctionne, quitte à faire passer, au degré zéro de la lecture, Jésus pour un embrouilleur de première et ses interlocuteurs pour des demeurés. Mais n'est-ce pas précisément le génie du texte d'interdire ainsi, très efficacement pourvu qu'il y ait vraiment lecture, tout "degré zéro" ? |
| | | cabri
Nombre de messages : 81 Age : 85 Date d'inscription : 27/05/2012
| Sujet: Re: Qu’est-ce que la vérité? Mar 02 Déc 2014, 23:43 | |
| Bonsoir à tous. Mais pourquoi diable croient-ils ? C'est une question qui me hante. Enfant j'ai eu une éducation religieuse, enfant je culpabilisait parce que incapable de prier et d'aimer Dieu. Ensuite ce fut pire je m'en voulait profondément de ne pas être capable de me conduire en « bon chrétien ». Il aura fallu que je sois adulte pour me rendre compte que je n'étais pas fait pour croire et que cela ne me rendait nullement malheureux bien au contraire. La vérité (sujet de ce fil) ou le sens ou la raison de notre vie ne me préoccupe guère. Je n'ignore pas que pour beaucoup l'idée que leur vie n'aurait ni finalité ni sens est insupportable. Ce qui est important c'est d'accepter que chacun puisse avoir la Vérité qui lui permet de vivre heureux. Bonne nuit ! |
| | | VANVDA
Nombre de messages : 1610 Date d'inscription : 09/05/2008
| Sujet: Re: Qu’est-ce que la vérité? Mer 03 Déc 2014, 09:27 | |
| Hello cabri, je crois tout de même pouvoir dire que la difficulté, pour l'Homme, à admettre que ce qu'il tient pour être la Vérité n'est pas LA Vérité, elle est fort commune, même en dehors du seul problème de la croyance en Dieu (ou pas, d'ailleurs : le militantisme athée, qui tient pour Vérité l'inexistence de Dieu, n'est pas forcément moins virulent que son pendant religieux). Moi-même qui fais ce constat, je ne sors probablement de cette condition que juste le temps de l'émettre : dans le cours normal de ma pensée, j'use de mes certitudes comme si elles étaient LA Vérité. Et toi-même, d'ailleurs, tu sembles ici exposer une idée qui fonctionne pareil : si ces gens croient en Dieu, cest tout simplement à cause de leur peur de l'absurdité de l'existence. Qu'ils puissent croire en Dieu parce que Dieu existe et qu'ils l'ont trouvé, ça me rentre pas dans les options envisagées... : -). |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12461 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Qu’est-ce que la vérité? Mer 03 Déc 2014, 11:17 | |
| - cabri a écrit:
- Ce qui est important c'est d'accepter que chacun puisse avoir la Vérité qui lui permet de vivre heureux
... ou malheureux ! -- car le genre humain n'est pas fait que d'heureuses natures... Même de ce que tu écris il ressort que les vertus anxiogènes d'une vision "croyante" ou "religieuse" du monde, dans la mesure où elle constitue pour son sujet une "vérité", ne le cèdent en rien à celles du non-sens; elles sont sans doute moins générales, moins abstraites, moins étendues et moins diffuses, mais d'autant plus aiguës et cruelles pour celui qui les éprouve (sous les espèces du péché et de la culpabilité, voire de la malédiction, du jugement divin et de la damnation éternelle). Toutefois les unes et les autres restent peut-être plus supportables pour chacun que les rares moments de ( vrai !) doute, où sa "vérité" même (religieuse ou non) vacille. Dans ce tremblement-là il est proprement impossible de s'installer. Qu'ensuite on se stabilise à nouveau sur la "vérité" d'avant ou sur une autre, c'est toujours une façon d'échapper à cette angoisse que, de fait, personne ne saurait endurer bien longtemps (à moins de la feindre, évidemment). |
| | | cabri
Nombre de messages : 81 Age : 85 Date d'inscription : 27/05/2012
| Sujet: Re: Qu’est-ce que la vérité? Mer 03 Déc 2014, 23:36 | |
| - Narkissos a écrit:
... ou malheureux ! --. Heureux ou malheureux... notion relative, personnelle, s'il en est. Peut-on être heureux dans le doute ? Faut-il des certitudes pour être heureux ? On peut être moins malheureux parce que l'on croit (on espère meilleur), heureux parce que l'on vit dans la béatitude de …. Pire et désespérant selon moi Peut être naît-on heureux ou malheureux déterminé sans espoir de changements ? Est-il possible de vivre (heureux) en n'espérant rien, en ne croyant pas ? Je réponds oui mais certains ne pourront le croire et beaucoup ne le pourraient pas. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12461 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Qu’est-ce que la vérité? Jeu 04 Déc 2014, 00:52 | |
| @ cabri: Ce que je voulais souligner (outre le fait qu'une croyance religieuse n'est pas forcément rassurante, ainsi que tu l'as expérimenté dans la première partie de ta vie, tant que tu la partageais ne serait-ce qu'en partie, si du moins je te lis bien: "je culpabilisais", "je m'en voulais profondément"), c'est qu'il y a doute et doute: un scepticisme "installé" peut s'estimer conforme, voire soumis, à une certaine "vérité" (p. ex. une vérité agnostique au sens fort, celle de l'impossibilité de savoir: il serait vrai qu'on ne peut pas savoir) et être de cette façon "rassurant"; alors qu'un doute ponctuel et marginal, non systématique mais faisant apparaître soudain une faille dans un système d'auto-justification (fût-il agnostique ou sceptique) est beaucoup plus troublant...
Au passage, je repensais aujourd'hui à ce propos au fameux cri "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?" des premiers récits de la Passion (Marc, Matthieu), si déchirant à ce point en dépit de ses explications, un peu trop lénifiantes pour être convaincantes (du genre: Jésus sur la croix récite tout simplement les psaumes). Et je me demandais si dans l'évangile selon Jean (où il n'est plus question, comme chez Luc, que Jésus dise des horreurs pareilles), cette parole "censurée" ne trouvait pas une certaine compensation, quoique sur un tout autre ton (intellectuel, ironique, distancié), dans la question de Pilate (qu'est-ce que la vérité ?). |
| | | cabri
Nombre de messages : 81 Age : 85 Date d'inscription : 27/05/2012
| Sujet: Re: Qu’est-ce que la vérité? Ven 05 Déc 2014, 23:23 | |
| @Narkissos Etant jeune ce qui me traumatisait c'était d'être incapable de croire en Dieu. A la réflexion cela ne me gênait pas vis à vis de Dieu (forcément je ne parvenais pas à y croire), mais cela me mettait en difficulté envers mon environnement où tous étaient croyants et enseignaient que les non croyants étaient de mauvaises gens. J'ai été vraiment totalement libéré lorsque j'ai fais connaissance d'un athée, vraiment un chic type, devenu un ami. Cette rencontre a mis un terme définitif à ce que l'on m'avait enseigné sur les non croyants et donc a ce mal être. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12461 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Qu’est-ce que la vérité? Sam 06 Déc 2014, 02:50 | |
| En effet, ce n'est pas exactement ce que j'avais compris à la première lecture... Toujours est-il que le rapport éventuel de la croyance, spécialement chrétienne, au "bonheur" me paraît pour le moins compliqué. Non seulement parce qu'il y a des gens à qui elle ne "réussit" pas particulièrement et qui lui restent quand même attachés (tout en se reprochant souvent d'être de "mauvais chrétiens"), parce qu'ils y voient précisément une certaine "vérité", comme on dit, contraignante (que ça me plaise ou pas, c'est comme ça); mais encore parce qu'il y a au cœur de sa "vérité" même un jeu extrêmement paradoxal (d'aucuns diraient pervers) du "bonheur" et du "malheur" (le "salut" étant diversement mais constamment lié à la souffrance, à l'humiliation, à la mortification, au martyre, etc., des "béatitudes" à la "croix"). [Par une étrange coïncidence ("il faut célébrer le hasard qui nous a réunis"), je viens de revoir pour la énième fois Le fantôme de la liberté, de Buñuel, où, entre autres rencontres improbables, un groupe de moines dont la séance de prière se termine en partie de poker (où l'on joue des saintes vierges et des chapelets) se trouve confronté à un couple sado-masochiste et exhibitionniste... ] |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Qu’est-ce que la vérité? Lun 25 Mar 2019, 13:02 | |
| "Pilate lui dit : Toi, tu es donc roi ? Jésus répondit : C'est toi qui dis que je suis roi. Moi, si je suis né et si je suis venu dans le monde, c'est pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité entend ma voix." Jean 18,37
Celui qui ("est") vient de la vérité, qui a son "origine" en elle, sait reconnaître la vérité qui lui a donné naissance. La capacité d'entendre la "vérité", de l'apprécier est conditionnée à cette origine, on reçoit la vérité parce que cela correspond à ce que l’on est et non à une capacité intellectuelle à percevoir et à comprendre cette "vérité". En Jean 8,44, il est dit au sujet du Diable, "parce qu'il n'y a pas de vérité en lui", il ne trouve pas son origine dans la "vérité". En reprenant la fameuse formule de Jean 3,3 ; on peut affirmer que "à moins de naître d’en haut", on ne peut pas connaitre la "vérité". |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12461 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Qu’est-ce que la vérité? Lun 25 Mar 2019, 13:23 | |
| Cf. aussi 1 Jean 3,19: le rapport ("être de") à "la vérité" est exactement le même qu'au "Dieu", au "Père", au "ciel", à l'"en-haut", à l'"Esprit", à la "vie", à la "lumière", etc. -- ou, à l'inverse, au "diable", au "monde", à la "terre", à l'"en-bas", à la "chair", à la "mort", aux "ténèbres", etc. Rapport d'"origine", ou de "provenance", mais aussi d'" essence": d'où l'on vient (et où l'on retourne) détermine absolument ce qu'on est. Le vocabulaire sexuel ou génétique de l'engendrement ou de la naissance (fils de) ne dit pas autre chose. |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Qu’est-ce que la vérité? Lun 25 Mar 2019, 16:19 | |
| La vérité étant la "révélation venue d’en haut", de Dieu, c’est pour cela, que Jean ne parle jamais d’une "recherche de la vérité". La vérité est donnée d’en haut, révélée par le Christ. (Jn 8.28) : "Je ne fais rien de moi-même, mais je parle selon ce que le Père m’a enseigné". |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12461 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Qu’est-ce que la vérité? Lun 25 Mar 2019, 16:36 | |
| Très bonne remarque, qui rejoint l'élucidation heideggérienne de l'a-lètheia en Un-verborgenheit (désabritement, déclosion, etc.) -- mais aussi du "phénomène" (apparence et apparition, ce qui se montre), en référence à Husserl: la "vérité" apparaît d'elle-même, ce n'est rien d'autre que l'"être" ou l'"essence" des choses qui se révèle, se dévoile ou se déclôt, au contraire de l'"objet" passif d'une recherche ou d'une observation subjective, du "produit" d'un processus cognitif ou scientifique qui la mettrait au jour malgré elle, encore moins le "résultat" d'une "construction" (même s'il y a, et notamment chez "Jean", un "faire la vérité", une "aléthopoïétique" qui est tout autre chose qu'une fabrication). On peut toujours "chercher", c'est peut-être un préalable nécessaire (cherchez et vous trouverez !) mais ce qu'on trouve n'est pas ce qu'on cherche, et trouver est aussi un "contraire" de chercher (cf. Picasso !). |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Qu’est-ce que la vérité? Mar 26 Mar 2019, 11:53 | |
| L'évangile de Jean se distingue par le soucis de l'"authenticité" ( je ne sais pas, si ce terme est approprié), l’insistance sur le fait que Jésus est "la vraie lumière" (1.9), "le vrai pain" (6.32), la "vraie nourriture" (6.55), et" la vraie vigne" (15.1) souligne cette préoccupation. Un autre texte (dont nous discutons sur un autre fil) témoigne cette de volonté d'établir le "vraie" :
"Mais nous savons aussi que le Fils de Dieu est venu, et qu'il nous a donné l'intelligence pour que nous connaissions celui qui est le Vrai ; et nous sommes dans le Vrai, en son Fils Jésus-Christ. C'est lui le vrai Dieu et la vie éternelle." (1 Jean 5,20) |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12461 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Qu’est-ce que la vérité? Mar 26 Mar 2019, 12:40 | |
| Pour l' adjectif alèthinos (du substantif alètheia, 1,14.17; 4,23s; 5,33; 8,32.40.44ss; 14,6.17; 15,26; 16,7.13; 17,8.17.19; 18,37s; 19,35) qui correspond à la plupart de tes références, cf. aussi 4,23.37; 7,28; 17,3; 19,35; 1 Jean 2,8; 5,20. En 6,55 c'est l' adverbe alèthôs ("vraiment", de même 1,47; 4,42; 6,14; 7,26.40; 8,31; 17,8; 1 Jean 2,5). Ce qui est sûr c'est que les textes "johanniques" sont de loin les premiers utilisateurs du lexique de la "vérité" -- ce qui donne tout son sel à la question de Pilate (un Pilate johannique évidemment) qui nous sert ici de titre: qu'est-ce que la vérité ?, c'est déjà tout le problème de "l'essence de la vérité" et de la "vérité de l'essence" (cf. encore ici). L'"authenticité" n'est certainement pas un mauvais mot, bien qu'il ait été beaucoup galvaudé (Heidegger y est pour quelque chose, mais Sartre bien davantage, en tout cas dans la sphère francophone -- je me souviens de Jean Brun, avec son accent à la Raimu: "l'authenticité, c'est le cache-sexe du néant.") Tout dépend dans quelle mesure on le rapproche (avec ou sans l'étymologie grecque) de la notion d'"auteur" et d'"autorité"; mais en tout cas le "nœud" essentialiste de l'origine et de la provenance d'une part, de l'"essence", de la "nature" et de la "vérité" d'autre part, paraît difficilement "contournable" (pour reprendre un autre cliché heideggero-sartrien passé dans le langage courant !). |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Qu’est-ce que la vérité? Jeu 11 Avr 2019, 12:03 | |
| Mais précisément à cause du caractère caché et mystérieux de la vérité de Jésus, cette vérité-révélation n'est pas terminée avec sa mission temporelle; elle se prolonge après lui dans l'Église, par l'action de l'Esprit. C'est pourquoi Jean pourra dire dans la grande épître: «L'Esprit est la vérité» (1 Jn 5,6); et dans le discours après la Cène, l'évangéliste utilise plusieurs fois comme venant de Jésus une expression déjà connue dans le judaïsme, mais qui, dans le N.T., ne se trouve que chez lui : «l'Esprit de la vérité» (Jn 14,17; 15,26; 16,13; 1 Jn 4,6). Non pas, certes, que l'Esprit apporte une nouvelle vérité, distincte de celle du Christ : la vérité à laquelle s'applique l'action de l'Esprit, c'est la vérité de Jésus lui-même. L'expression johannique «l'Esprit de la vérité» signifie que l'Esprit nous donne et nous communique la vérité de Jésus: l'Esprit a pour fonction de nous rappeler et de nous enseigner tout de ce que Jésus a dit (Jn 15,26) et de nous introduire ainsi dans la vérité tout entière (16,13). On voit donc comment Jean peut affirmer conjointement que Jésus est la Vérité (Jn 14,6) et que l'Esprit est la vérité (1 Jn 5,6): Jésus seul, sans aucun doute, apporte toute la vérité, toute la révélation; mais seul l'Esprit peut la faire entrer dans le cœur de l'homme et lui donner aussi l'intelligence de foi. Dès lors, «la vérité, au sens complet où l'entendait saint Jean, c'est la révélation de Jésus, toujours à nouveau actualisée dans le cœur et la vie des croyants par l'Esprit». https://www.persee.fr/docAsPDF/thlou_0080-2654_1987_num_18_2_2238.pdf |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12461 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Qu’est-ce que la vérité? Jeu 11 Avr 2019, 13:02 | |
| Très bel article.
Mais il faut aussi reconnaître (re-connaître, tout est déjà dit dans ce verbe) que la "vérité" en tant que processus dynamique et donc temporel (événement, révélation, apparition, phénomène, etc.) s'inscrit nécessairement dans une figure "idéale" circulaire (on ne peut que tourner en rond; cf. supra 18.5.2013 !) -- ou du moins fermée sur elle-même, de façon à "se revenir" sans cesse. C'est à l'évidence le cas chez "Jean", mais ça l'est partout ailleurs (même chez Kant, le jeu "critique" de l'a priori et de l'a posteriori tourne en rond, Kant le sait mieux que quiconque et il sait aussi que ça ne peut pas "fonctionner" autrement). Reste un avantage, me semble-t-il, à l'évidence et à l'assomption résolue d'un "cercle herméneutique", par rapport à ceux qui (se) le dissimulent.
S'il y a dans un sens (à la lettre "idéal", ou "formel") un seul cercle pour tout le monde, il y a en revanche, dans un autre sens, toutes sortes de cercles qui ne gagnent pas forcément à se mélanger: une pensée "religieuse" ou "philosophique" n'a aucun intérêt à inclure parmi ses propositions des affirmations "scientifiques" ou "historiques" vérifiables, et donc réfutables, selon d'autres "cercles herméneutiques". Si la "foi chrétienne" exige la croyance à la Terre plate, à un univers géocentrique ou à la création du monde en six jours, elle n'a aucune chance de survivre à un développement scientifique... elle a fini dans la plupart des cas par le comprendre, mais au fond le problème reste entier tant que la croyance "religieuse" demeure liée à un élément "historique", ne serait-ce qu'un "Jésus historique", si l'on entend par là non "un homme comme un autre", mais une "incarnation" et une "résurrection" historiques -- tant qu'elle ne comprend pas qu'en cela elle n'a jamais affaire qu'à une "idée" de l'"histoire". |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Qu’est-ce que la vérité? Mer 24 Jan 2024, 15:52 | |
| "Les vérités sont des illusions dont on a oublié qu’elles le sont"
Pour Nietzsche, la vérité se confond avec l'apparence des choses qui est à la fois singulière et changeante. Sa réponse nous place d'emblée dans l'univers du langage : la vérité lui apparaît comme "une multitude mouvante de métaphores, métonymies, d'anthropomorphismes", qui sont des figures de rhétorique. La métaphore consiste en un transfert de sens par substitution analogique d'un terme concret par un terme abstrait (par exemple : la racine du mal). La métonymie sert à exprimer un concept au moyen d'un autre concept qui lui est uni par une relation nécessaire (par exemple le contenant pour le contenu : boire un verre). Enfin l'anthropomorphisme renvoie à la description d'un phénomène en termes humains (par exemple : concevoir Dieu à l'image de l'homme).
Dans toutes ces figures selon Nietzsche, on ne trouve finalement que des "relations humaines qui ont été poétiquement et rhétoriquement haussées". D'où la thèse qu'il défend : "les vérités sont des illusions dont on a oublié qu'elles le sont". Il compare la vérité à une monnaie qui aurait perdu son empreinte et qui apparaîtrait comme métal, c'est-à-dire dans sa vérité la plus nue, mais aussi la plus décevante, perdant ainsi sa valeur faciale. On notera que Nietzsche utilise justement la métaphore d'une monnaie sans empreinte pour expliquer ce qu'il entend par vérité, ce qui est encore un moyen d'appuyer son argumentation. En outre, il interroge par là même l'intérêt que nous prenons à la vérité en la valorisant peut être indûment par rapport au mensonge. Du point de vue de la vie, de sa conservation, peut être que le mensonge se révèle finalement plus utile que la vérité.
On se situe ici sur le plan d'une analyse morale de la vérité, c'est-à-dire fondamentalement de sa valorisation sociale. Dans l'esprit des moralistes tels que Montaigne, Pascal ou La Rochefoucauld, Nietzsche entend parler "de l'obligation qu'impose la société pour exister" où il critique justement l'idée qu'il faudrait être véridique, ce que l'on peut résumer par l'exigence sociale bien connue d'être soi-même. Aux yeux de Nietzsche, cette exigence sociale ne signifie en réalité rien d'autre que "l'obligation de mentir", de travestir la réalité au moyen de "métaphores usuelles". Le paraître domine en société, mais il importe toujours de faire comme si tout était naturel et véritable, de sauver quoiqu'il arrive les apparences.
Il reste donc à expliquer la présence en l'homme d'un "instinct de vérité" ou encore du "sentiment de vérité", c'est-à-dire de ce besoin ou de ce sentiment de dire ce que sont les choses sans dissimulation. Pour Nietzsche, cet instinct s'explique par l'oubli : l'homme, au fil du temps, oublie qu'il rehausse les choses au moyen de métaphores. Il finit par croire que les usages sociaux qui deviennent des coutumes s'identifient à la vérité. En outre, ces coutumes correspondent à ce qu'il veut voir inconsciemment, à savoir un monde rassurant, ordonné et régulé. Or le monde est essentiellement inquiétant, irrationnel et chaotique. L'instinct de vérité ne serait, en ce sens, rien d'autre que l'expression de notre volonté, c'est-à-dire de la façon dont nous aimerions que le monde soit.
Texte
"Qu’est-ce que donc que la vérité ? Une multitude mouvante de métaphores, de métonymies, d’anthropomorphismes, bref, une somme de relations humaines qui ont été poétiquement et rhétoriquement haussées, transposées, ornées, et qui, après un long usage, semblent à un peuple fermes, canoniales et contraignantes : les vérités sont des illusions dont on a oublié qu’elles le sont, des métaphores qui ont été usées et qui ont perdu leur force sensible, des pièces de monnaie qui ont perdu leur empreinte et qui entrent dès lors en considération, non plus comme pièces de monnaie, mais comme métal.
Nous ne savons toujours pas encore d'où vient l'instinct de vérité : car jusqu'à présent nous n’avons entendu parler que de l'obligation qu’impose la société pour exister : être véridique, c’est-à-dire employer les métaphores usuelles ; donc, en termes de moral, nous avons entendu parler de l’obligation de mentir selon une convention ferme, de mentir grégairement dans un style contraignant pour tous. L’homme oublie assurément qu’il en est ainsi en ce qui le concerne ; il ment donc inconsciemment de la manière désignée et selon des coutumes centenaires - et, précisément grâce à cette inconscience et à cet oubli, il parvient au sentiment de la vérité."
- Friedrich Nietzsche, Le livre du philosophe, trad. A. Kremer-Marietti, Flammarion, coll. GF, 1991, p. 123-124.
https://philocite.blogspot.com/2016/06/les-verites-sont-des-illusions-dont-on.html |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12461 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Qu’est-ce que la vérité? Mer 24 Jan 2024, 16:12 | |
| On aura beaucoup cité Nietzsche depuis le début de ce fil (2008 !): cette question l'a en effet occupé toute sa vie "active", ou "consciente", depuis ce texte de jeunesse encore assez superficiel (si ce qu'on tient pour vérité n'en est pas, la notion même de vérité n'est pas atteinte) mais qu'il ne cessera d'approfondir jusqu'à la Généalogie de la morale, pour la poser de façon bien plus radicale: non seulement qu'est-ce que mais pourquoi la vérité, que vaut-elle, pourquoi la voudrait-on, c'étaient précisément des questions que la philosophie ne s'était jamais posées, parce qu'il allait de soi que la vérité était son affaire, son bien, son objet, précieux et désirable par définition... Depuis Nietzsche cependant, les approches phénoménologiques (Husserl) puis heideggerienne(s) ont considérablement ouvert -- c'est le cas de le dire -- la ou les questions de la "vérité" (cf. supra 25.3.2019, et encore hier ici). Non sans dommage évidemment, puisque les plus monstrueuses âneries de la "post-vérité" en sont aussi des effets collatéraux, lointains mais les plus effectifs, les plus visibles et les plus bruyants à défaut d'être les plus significatifs. C'est devenu une banalité de dire qu'une "vérité" ne peut être que faite, qu'elle est artificielle ( arte-fact), mais il y a mille façons de la "faire" ( poiein, facere) -- dans un commissariat de police, au tribunal, dans un laboratoire, par la technique ou par l'art, qui n'aboutissent pas forcément à ce que l'on appelle péjorativement en anglais fabrication ou fake (bien que ce dernier mot ne semble pas venir de facere, mais celui-ci est aussi proche de fingere, de la feinte et de la fiction). Cependant la possibilité même d'une "vérité" est aussi la possibilité de sa contrefaçon, les deux relèvent de la même production ou de la même facture, artificielle de part en part, bien que dans un autre sens la "vérité" ne procède jamais que d'elle-même, de sa propre manifestation ( a-lètheia, dévoilement, désabritement, déclosion, apparition et apparence, venir au jour et à la lumière: c'est le sens même du "phénomène", cf. ici ou là). |
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