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 Réflexions sur le Bouddhisme

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le chapelier toqué

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MessageSujet: Réflexions sur le Bouddhisme   Réflexions sur le Bouddhisme Icon_minitimeDim 19 Mai 2024, 19:09

C’est à Lumbini dans l’actuel Népal qu’est né Siddhârta Gautama. À l’âge de 35 ans après avoir cherché des réponses à des questions relatives à la vie des humains de toutes conditions et avoir mené une vie ascétique qui ne la satisfait pas il médite sous un arbre (le ficus religiosa) et atteint l’éveil.
Dès cet instant il part sur les chemins comme un mendiant religieux pour faire part de sa découverte à propos de la souffrance et de l’éveil possible. C’est à ses anciens compagnons (5 ascètes qu’il avait connus avant l’éveil) qu’il fit part de la possibilité de se libérer de la souffrance.

L’enseignement du Bouddha énonce 4 nobles vérités.

1re  vérité   les diverses souffrances ressenties
Cette libération passe par l’énoncé des différents types de souffrances (la naissance, la vieillesse, la maladie, la mort, l’association avec des personnes désagréables ou la dépendance de conditions déplaisantes, la séparation d’avec des êtres aimés ou la perte de conditions plaisantes).

2e vérité   origine de la souffrance
Il est nécessaire de comprendre la raison de l’apparition ou l’origine de la souffrance soit notre soif (ardent désir, tanha) de vivre au-delà du raisonnable, de notre envie de réincarner ou de ressusciter.

3e vérité  comment se libérer de la souffrance
Il s’agit de se libérer complètement de cette soif. La médiation doit permettre de se concentrer sur l’essentiel et d’analyser les réactions de notre corps, de ce qui se passe en notre esprit. Prendre conscience de la nature impermanente de tout ce qui nous entoure et de nous-même. Ce monde est une illusion puisque nous avons l’impression de ne pas voir les choses bouger demeurer permanentes.

4e  vérité  un chemin à parcourir quotidiennement
Afin d’arriver à se libérer de l’illusion dont nous sommes victimes, il y a lieu de pratiquer jour après jour les 8 points du noble octuple sentier.
Compréhension juste, pensée juste, parole juste, action juste, moyens d’existence justes, effort juste, attention juste, concentration juste.

Après s’être développé en Inde le bouddhisme arrive au 3e siècle avant notre ère au Sri-Lanka. Puis il se propage au Laos, en Birmanie, en Thaïlande et enfin dans le reste de l’Asie du Sud-Est.

Selon des chroniques sri-lankaises traditionnelles telles que Dipavamsa, le bouddhisme a été introduit au Sri Lanka par le moine Mahinda (Arhanthà Mahinda Thero), au IIIe siècle av. J.-C., après le Concile de Pāṭaliputra (connu comme étant le 3econcile), sous le règne de Devanampiya Tissa, roi d'Anurâdhapura. (Wikipedia)

Selon un récit semi-légendaire, le bouddhisme est introduit à Luoyang, la capitale de la dynastie des Han postérieurs, en 67 de notre ère. Que cela soit vrai ou pas, il faut attendre la période des Six Dynasties (220-581) pour que le bouddhisme se développe en Chine. La première phase consiste en une introduction de la doctrine et des règles monastiques, depuis l'Asie centrale, grâce à la traduction de textes bouddhistes initiée par des moines venus de ces pays (notamment Kumarajiva, 344-412). Ils y forment des disciples qui s'emparent de cette religion, qui connaît une popularité croissante, au point de devenir l'un des trois principaux systèmes de pensée de l'Empire du milieu, aux côtés du Confucianisme et du Taoïsme. (Wikipedia)  

Le bouddhisme au Japon (仏教, bukkyō?) a été importé de Chine et de Corée à partir des Ve et VIe siècles ; il est donc fortement influencé par les bouddhismes chinois et coréen, mais aussi par le shintoïsme, principale religion du Japon née plusieurs siècles auparavant. (Wikipedia)

Lorsque l’enseignement du Bouddha arrive dans un pays les moines qui l’importent ne cherchent pas à supprimer la religion existante et c’est pour cette raison que cette pratique religieuse semble si différente et si identique en même temps suivant le pays ou le
bouddhisme s’est installé.

Selon la tradition tibétaine, le bouddhisme est introduit dans le pays au VIIe siècle par un de ses plus grands rois, Songtsen Gampo (v. 618-650). Quoi qu'il en soit, les puissants rois tibétains du siècle suivant ont embrassé le bouddhisme, d'inspiration indienne plutôt que chinoise, et de grands monastères sont érigés. Avec le temps c'est la tradition tantrique, vajrayana, qui devient dominante, aux dépens du Mahayana, mais le bouddhisme tibétain est éclaté entre plusieurs courants. Au XIe siècle la venue du moine bengalais Atisha (m. 1054) donne un nouvel essor aux études bouddhistes. (Wikipedia)

L’intérêt pour le bouddhisme s’est manifesté à la fin 19e siècle et au début du 20e siècle par le biais de collectionneurs d’objets asiatiques (musée Guimet à Paris), par les récits des explorateurs/exploratrices (Alexandra David-Neel 1868-1969). Puis des moines japonais sont venus en France pour faire connaître le bouddhisme via la pratique Zen-Sôtô à partir des années 1960 (TaisenDeshimaru).
A la suite de l’invasion du Tibet par la Chine des milliers de Tibétains se sont enfuis emportant avec eux leur pratique. Le Dalaï-lama autorité séculaire et religieuse s’est efforcé de faire reconnaitre le gouvernement en exil du Tibet et sans le vouloir a projeté le Bouddhisme en occident d’une manière inattendue.
Beaucoup de personnes ont ensuite entendu parler de la méditation pleine conscience.

L'expression pleine conscience désigne une attitude d'attention, de présence et de conscience vigilante, qui peut être interne (sensations, pensées, émotions, actions, motivations, etc.) ou externe (au monde environnant, bruits, objets, événements, etc.).
C'est une notion indienne ancienne, samma-sati en pali, samyak-smriti en sanskrit, l'« attention juste1 ». Associée à l’enseignement de Siddhartha Gautama, elle joue un rôle important dans le bouddhisme où la pleine conscience est une étape nécessaire vers la libération (bodhi ou éveil spirituel) ; il s’agit d'un des membres du noble sentier octuple.
L'appellation « pleine conscience » est la traduction française de mindfulness en anglais, désignation de Jon Kabat-Zinn pour distinguer l'état recherché dans une pratique thérapeutique d'une forme de méditation ayant pour but la réduction du stress (MBSR) ou la prévention de rechutes dépressives (MBCT). Il est parfois jugé que le mot conscience est réducteur, ainsi en français on parle aussi de « pleine présence », de « présence attentive ».
Les publications scientifiques sur le sujet sont de qualité inégale, pouvant reposer sur des biais méthodologiques ou des conflits d’intérêt, mais l'analyse systématique de recherches correctement conduites montre des effets faibles à modérés sur le stress psychologique (anxiété, dépression, douleur) tandis que sur d'autres troubles aucun effet significatif n'est démontré. Il existe un certain nombre d'effets indésirables qui peuvent apparaître lors de cette pratique. Certains affirment par ailleurs que bien que proclamée laïque, la pleine conscience reste rattachée au bouddhisme, et qu'il y a des risques d'instrumentalisation par différentes structures telles que des entreprises, armées, ou encore des groupes sectaires.
Le professeur de médecine américain Jon Kabat-Zinn la définit ainsi à la fin des années 1970:
« La pleine conscience signifie diriger son attention d'une certaine manière, c'est à dire délibérément, au moment présent, sans jugement de valeur2. » (Wikipedia)

Je trouve intéressant qu’au moment ou l’enseignement de Bouddha prend sa place en Occident il devienne « laïc » reflétant le rejet des religions anciennes ou nouvelles ou anciennes au profit de spiritualités diverses. Dans le cas du Bouddhisme la méditation pleine conscience joue un rôle thérapeutique au même titre que le
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Narkissos

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MessageSujet: Re: Réflexions sur le Bouddhisme   Réflexions sur le Bouddhisme Icon_minitimeDim 19 Mai 2024, 23:44

... au même titre que le... ?

Merci de cette présentation, dont plusieurs éléments ont fait l'objet de discussions antérieures.

C'est une évidence historique, presque une lapalissade, que chaque époque de chaque société fait ce qu'elle peut, tout ce qu'elle peut comme disait Foucault: elle produit et consomme dans tous les domaines, en configurant les "domaines" eux-mêmes (p. ex. "religion", "politique", "sagesse", "philosophie", "science", "technique", "art", "sport"), selon une certaine économie de besoins et de moyens, de désirs et de craintes, adaptant aussi à cette économie les traditions qu'elle hérite de son propre passé ou d'apports étrangers... Par rapport à ça les étiquettes catégorielles (de la "religion" à la "thérapeutique", p. ex.) ne pèsent pas lourd, d'autant qu'elles relèvent de la même économie. Mais ce qui est vrai aujourd'hui et/ou "en Occident" l'est tout autant des origines et de chaque étape de l'évolution des traditions en tout genre: on a toujours fait du neuf avec du vieux, tout ce qui a été, ce qui est apparu et a survécu ne l'a fait qu'en s'adaptant à une économie contemporaine et à ses propres changements. Le bouddhisme originel comme le brahmanisme ont renouvelé différemment de vieilles traditions indiennes, de même que le christianisme et le judaïsme pharisien ont renouvelé dans des sens opposés les traditions juives du Second Temple, ou que les "religions à mystère" du monde gréco-romain (christianisme y compris sous un autre rapport) ont renouvelé des traditions locales et ancestrales d'un peu partout (d'Isis-Osiris en Egypte à Mithra en Perse)... Tout ne (se) survit, rien ne (se) survit, qu'en changeant: ce serait un comble que "le bouddhisme" (historique) échappe à "l'impermanence".

Si la "méditation de pleine conscience" ou le "yoga" sont sortis de la catégorie "religion" dans la tête de nos contemporains, si on les retrouve par conséquent dans un espace présumé "laïque" dont seraient bannies des "méthodes spirituelles" pourtant comparables, chrétiennes ou musulmanes par exemple, ça me semble moins l'effet d'une "stratégie" religieuse que des fluctuations d'un "marché" général des besoins et des désirs, avec son offre et sa demande (dont évidemment certains savent profiter mieux que d'autres). Cependant le marché est multiple et complexe, comme la société: la "demande d'islam", de "judaïsme", de christianisme "évangélique", répond à de tout autres besoins "religieux" que la "demande de méditation" ou de "yoga", elle n'est pas non plus le fait des mêmes catégories sociales. Par ailleurs, la "thérapeutique" est aussi désormais repérée comme terrain privilégié de "dérives sectaires" qui étaient naguère plutôt associées au "religieux" -- tout change.

Todo pasa y todo queda,
pero lo nuestro es pasar,
pasar haciendo caminos,
caminos sobre la mar.


(Tout passe et tout reste,
mais notre lot est de passer,
de passer en traçant des chemins,
des chemins sur la mer.)

A. Machado, Proverbios y cantares, XLIV.
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MessageSujet: Re: Réflexions sur le Bouddhisme   Réflexions sur le Bouddhisme Icon_minitimeMer 22 Mai 2024, 17:59

Merci Narkissos pour ta réaction.

L'insatisfaction semble être le maître mot pour qualifier le ressenti d'une partie de la population. Sans doute cela explique t il la raison qui pousse tant de personnes à se jeter à corps perdu dans la recherche de bien être personnel à laquelle la méditation pleine conscience semble apporter une réponse. Cette pratique se détache du corpus religieux du Bouddhisme et c'est un peu dommage, car dans l'enseignement du Bouddha tous les êtres sont sur le même plan. Donc en se "faisant du bien" à soi-même dans un premier temps le pratiquant étend son désir de bien être à tous les êtres humains. C'est une différence que je trouve importante.
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MessageSujet: Re: Réflexions sur le Bouddhisme   Réflexions sur le Bouddhisme Icon_minitimeMer 22 Mai 2024, 18:49

(Le ou les mots manquants resteront donc manquants...)

Nul ne peut aller contre la catégorisation de son époque: le "religieux" reste pour l'heure "loisir", "privé", individuel, familial et/ou associatif, au même titre que la "culture", l'art, le sport, le jeu ou le tourisme... mais ça n'empêche pas d'y trouver ce qu'on y cherche, à la mesure de ce qu'on y cherche.

Je repense souvent à Jung qui déplorait, il y a déjà longtemps, le contresens occidental sur le yoga, méthode de détachement de "soi" devenue développement de "soi" (sans préjudice de la distinction jungienne entre "moi" et "soi")... Mais chaque époque, qui fait ce qu'elle peut, trouve aussi en elle-même ses propres ressources, ce qu'il lui faut, fût-ce dans le bric-à-brac le plus hétéroclite et le moins "authentique" à d'autre points de vue.
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MessageSujet: Re: Réflexions sur le Bouddhisme   Réflexions sur le Bouddhisme Icon_minitimeJeu 23 Mai 2024, 10:27

Le Bouddha face à la souffrance, ou le détachement compatissant
Channarong Boonnoon, Traduit de l’anglais par Jeanne Delbaere-Garant

Conclusions

La gestion et la transformation des émotions telles qu’elles se manifestent dans les histoires du Tipitaka et dans les Commentaires révèlent certaines attitudes concernant des émotions particulières, à savoir le chagrin et l’amour. Ces émotions sont directement liées : a) à une perception incorrecte du moi, b) à la convoitise d’objets de plaisir sensuel pour combler des besoins physiques, à des modes de vie qui répondent à des besoins spirituels et à l’effort pour échapper à ce qui menace une vie satisfaisante ; c) à l’attachement au moi et aux choses qui s’y rattachent. L’émotion qui revient le plus souvent dans les écrits bouddhiques est le chagrin car c’est lui qui reflète le mieux la « souffrance » des vies dans le cycle des renaissances. C’est dans son attitude vis-à-vis de la souffrance que la compassion du Bouddha s’est manifestée de la manière la plus évidente. La transformation des émotions humaines en états positifs ou négatifs est tributaire de la manière dont les besoins physiques et spirituels sont satisfaits. Alors que toutes les choses de la nature suivent leur propre cours, le désir humain de les contrôler ou de les posséder a engendré beaucoup de souffrance, de haine et de peur. Certaines émotions naissent de la contradiction entre les désirs humains et les lois de la nature. Le Bouddha nous enseigne que les émotions qui entravent la suppression de la souffrance doivent être transformées et éliminées de l’esprit. On peut y parvenir en régulant ses désirs, en changeant son comportement de façon à ce qu’il s’adapte aux lois naturelles et en acceptant l’état du monde tel qu’il est.

Les méthodes employées par le Bouddha pour traiter les émotions dans les histoires que nous avons examinées varient selon le contexte particulier de chacune d’entre elles. En général, les émotions négatives sont transformées de manière à réduire ou à minimiser leur impact sur la vie de l’individu en projetant sur une échelle beaucoup plus large et plus universelle ce qui n’est au départ qu’une expérience personnelle. Une souffrance causée par la non-réalisation d’un désir est mise en équation avec la souffrance d’autres personnes, à la fois individuellement et socialement, de manière à ce que celui ou celle qui souffre puisse à la fois tirer profit de leur exemple et partager leur compassion, pour arriver in fine à comprendre que la nature même de la vie est liée à la souffrance. Le chagrin, la colère ou la peur ne peuvent être surmontés qu’en retournant à leur cause initiale, c’est-à-dire à la compréhension correcte du moi et du monde en conformité avec la réalité.

*****

Par ailleurs, celui qui souffre doit également être conscient de sa propre souffrance car c’est seulement par une compréhension lucide de son état qu’il peut éprouver le désir d’en être libéré. La prise de conscience de sa propre souffrance entraîne de la compassion pour soi en tant que personne souffrante, comme on a pu le voir dans les histoires de Patacara et de Kisagotami. Dès qu’elles réalisèrent l’importance des conseils du Bouddha, les deux femmes furent capables de renoncer aux attachements qui étaient à l’origine même de leur affliction. En d’autres termes, c’est par la compassion que l’on éprouve vis-à-vis de soi-même que l’on peut se débarrasser de ses attachements. Selon le Dhammacakkappavattana c’est seulement par la connaissance de la vérité et en agissant selon cette vérité que l’on peut atteindre l’Illumination. Pour que ce principe porte ses fruits dans la vie réelle, le bouddhisme pense que l’individu a besoin d’être guidé par la compassion. C’est d’ailleurs à cause de sa compassion pour tous les êtres vivants que le Bouddha a quitté le grand arbre de la Bodhi pour aller enseigner le dhamma.

https://www.cairn.info/revue-diogene-2016-2-page-15.htm#:~:text=Le%20Bouddha%20nous%20enseigne%20que,monde%20tel%20qu'il%20est.


Je note que Bouddha a fait, lui aussi, son discours d'adieu :

Le Bouddha conclut par ces mots :
« Mes années sont maintenant épuisées, le temps de vie qui me reste est court
Je vous quitte, je m’éloigne de vous, ne comptant que sur moi-même.
Soyez donc sincères, ô mes frères, soyez vertueux, gardez votre esprit éveillé !
Soyez inébranlables dans vos résolutions, surveillez fermement vos cœurs !
Celui qui, sans relâche, pratiquera le dhamma et la discipline
Ira au-delà du cycle des renaissances et mettra un terme à la souffrance ».
(D.ii. : 120)
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MessageSujet: Re: Réflexions sur le Bouddhisme   Réflexions sur le Bouddhisme Icon_minitimeJeu 23 Mai 2024, 11:09

De très belles histoires, en effet... qu'à mon avis n'arrange pas l'analytique conceptuelle, occidentale et moderne, qu'on se croit obligé d'y plaquer, désormais jusqu'en Thaïlande (universitaire): par exemple, l'opposition (binaire ou dualiste s'il en est) du "positif" et du "négatif" me semble à contresens du mouvement bouddhique: la "compassion" n'est pas "contraire" à la "passion" (souffrance subie, ici amour et chagrin) comme une force antagoniste, c'est plutôt une surabondance du même qui noie la "passion" particulière, singulière, individuelle, en l'entraînant au-delà d'elle-même dans son propre mouvement, vers un élargissement infini et une dissolution du sentiment, ou de l'émotion; de même que la "méditation" fonctionne comme un surcroît de "représentation" (Vorstellung, dirait Schopenhauer) qui dépasse et anéantit la "représentation" ordinaire et illusoire. Il n'y a là rien de "positif" au sens où nous l'entendons -- et par conséquent rien de "négatif" non plus. Ou, si l'on préfère, le "négatif" ne se réduit pas à l'usage "logique", grammatical, syntaxique (double négation = affirmation, ou position) ou mathématique (- x - = +), qui n'est d'ailleurs pas univoque, il renvoie à un en-deçà et au-delà de la distinction même entre les "opposés". Cf. ici ou .
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MessageSujet: Re: Réflexions sur le Bouddhisme   Réflexions sur le Bouddhisme Icon_minitimeVen 24 Mai 2024, 10:51

Se libérer de l’ego : bouddhisme et stoïcisme

L’illusion de l’ego

La philosophie bouddhiste, avec sa perspective radicalement différente sur l’ego, nous enseigne que l’attachement à un Soi distinct et permanent est la source de la souffrance humaine. Selon le Bouddha, l’ego est une illusion, une construction mentale qui crée une séparation artificielle entre « moi » et « autre ».

L’attachement à l’ego est perçu comme une prison dans laquelle nous nous enfermons. Il nous pousse à rechercher la satisfaction de nos désirs et à éviter la douleur, mais cela crée un cycle interminable de désir, d’attachement et de souffrance. L’ego peut devenir un véritable tyran de notre esprit, nous maintenant captifs d’un cercle vicieux de désirs insatisfaits.

La philosophie bouddhiste offre une voie de libération de l’ego à travers la méditation, la pleine conscience et la pratique de la compassion. L’objectif est de transcender l’illusion de l’ego et de réaliser notre nature interconnectée avec tout ce qui existe. Cette prise de conscience permet d’atteindre un état de compassion universelle, d’amour bienveillant et de paix intérieure.

https://www.volecommelepapillon.com/se-liberer-de-lego-entre-bouddhisme-et-stoicisme/#:~:text=La%20philosophie%20bouddhiste%2C%20avec%20sa,moi%20%C2%BB%20et%20%C2%AB%20autre%20%C2%BB.



Citation :
(Tout passe et tout reste,
mais notre lot est de passer,
de passer en traçant des chemins,
des chemins sur la mer.)

A. Machado, Proverbios y cantares, XLIV.


Antonio Machado : “ Poésie et expérience du monde ” (Article très long).
Benedicte Mathios

Le poème « Seigneur, voici que tu m’as arraché ce que j’aimais le plus », ayant la forme d’un quatrain, formule, adressée à Dieu, une invocation douloureuse, expression du chagrin où s’opposent volonté de Dieu et celle du locuteur. Le poème intitulé « Une nuit d’été… » est en espagnol un court romance octosyllabique dont les rimes oxytones insistent, grâce à l’accent placé sur la dernière syllabe des vers pairs, sur le motif de la mort surgissant de nuit et coupant le fil de la vie telle une Parque ; une étrangeté règne dans la formulation : « de ses doigts très fins / elle brisa / une chose si ténue » (v. 7-9). L’expression de l’émotion du
sujet qui interroge la mort se glisse dans le caractère narratif et dialogué du poème : 

Muette et sans me regarder
la mort passa de nouveau
devant moi. Qu’as-tu fait ?
La mort ne répondit pas.
Ma petite fille demeura tranquille,
mon cœur plein de douleur.

Ce poème est très épuré et exprime de manière condensée l’émotion du sujet. L’absence et la solitude vont se développer également, ainsi par exemple dans le poème « Chemins » ; tout un paysage se déploie selon les critères repérés dans d’autres poèmes et en lien avec la promenade : les composants du paysage, du plus vaste au plus petit (montagnes, fleuves, oliviers, vignes, peupliers), les éléments (l’eau, l’air, la terre), le moment de la journée choisi, ici le soir, un « astre », la lune, et quelques analogies, ainsi le « cimeterre » comme image du fleuve Guadalquivir. Dans ce contexte, certains vers indiquent l’état moral du sujet et sa sensation de solitude emmenée avec lui dans sa promenade ; cet aspect est clair dans les vers 3 et 4 qui situent l’« action » du poème, « je contemple le soir silencieux / seul avec mon ombre et avec ma peine », et le dernier vers du poème, « Ah ! je ne peux hélas cheminer avec elle ! ». Participant à la même tonalité, nous pouvons citer le poème « Là-bas sur les hautes terres », à la différence que le lieu de la promenade est celui, remémoré, de Soria, et que la femme aimée disparue lui est associée dans le cadre d’un rêve, une promenade avec elle, d’où l’accablement émanant des deux derniers vers : « je vais cheminant, seul, / triste, las, pensif et vieux ». Le rêve de retrouver la femme aimée hante et structure le poème suivant, « J’ai rêvé que tu m’emmenais… ». Le rêve s’articule en deux mouvements évoquant tout d’abord la nature. La figure du chiasme dont la traduction restitue une seule occurrence réunit et éloigne des termes de même que la proximité rêvée entre le sujet et la femme aimée ne fait que révéler un éloignement infini : « vers l’azur des sierras / vers les montagnes bleues » (v. 4-5). La deuxième partie du poème restitue la présence rêvée de la destinataire représentée par sa main et sa voix. Le dernier mouvement est construit autour de l’oxymore « rêve » / « vérité » et glorifie la vertu de l’espérance sous une forme quasi proverbiale plus explicite en espagnol qu’en français. Trois poèmes sont particulièrement dédiés à l’évocation par le sujet des souvenirs : « Souvenirs », « Dans ces campagnes de mon pays… », « A José María Palacios ». 

https://hal.science/cel-02104795/document

Le bouddhisme prône le "détachement" comme moyen d'éviter la souffrance, le poète cultive la douleur et le manque en rêvant de l'être aimé disparu, faisant de la souffrance sa compagne ...
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MessageSujet: Re: Réflexions sur le Bouddhisme   Réflexions sur le Bouddhisme Icon_minitimeVen 24 Mai 2024, 11:53

En nuestras almas todo
por misteriosa mano se gobierna.
Incomprensibles, mudas,
nada sabemos de las almas nuestras.

Las más hondas palabras
del sabio nos enseñan,
lo que el silbar del viento cuando sopla,
o el sonar de las aguas cuando ruedan.


(Dans nos âmes tout
est gouverné d'une main mystérieuse.
Incompréhensibles, muettes:
de nos âmes nous ne savons rien.

Les paroles les plus profondes
du sage nous enseignent / montrent
ce que siffle le vent quand il souffle
ou sonnent les eaux quand elles roulent / coulent.)

A. Machado, Soledades, LXXXVII

Machado -- et quelques autres poètes espagnols, mais lui surtout -- m'aura accompagné presque toute ma vie, grâce à un bon professeur de lycée et aux chansons de Paco Ibáñez ou de Joan Manuel Serrat...

Toutes les "sagesses" tant soit peu "profondes" finissent par se ressembler, dès lors qu'elles conduisent le langage à ses limites et lui font toucher du doigt (!) un en-deçà et au-delà qui lui échappe, qui ne se dit pas ou ne se dit qu'en "poésie".

En ce qui concerne le bouddhisme, on peut lui retrouver des analogies dans presque toutes les "philosophies" grecques (platonisme, atomisme, scepticisme, cynisme, stoïcisme, épicurisme) -- d'autant qu'en dépit de leurs oppositions "théoriques" leur "pratique" est (en théorie !) à peu près la même... -- ou en Chine (Tao), indépendamment de toute "influence" historique.

Malgré leur opposition apparente, "maîtrise ou souci de soi" (stoïcisme etc.) et "détachement, abandon, reniement (etc.) de soi" (du bouddhisme au christianisme) reconduisent à la même aporie réflexive: qui ou quoi maîtrise qui ou quoi, se détache de qui ou de quoi, abandonne, renie qui ou quoi ? Impasse grammaticale et logique où à la lettre personne ni rien ne passe, tant qu'il tient au langage qui le constitue sujet, objet, personne ou chose.

Pour ne rien arranger, les "voies" opposées à première vue finissent par se contaminer et s'entortiller mutuellement: on s'attache au détachement, on se soucie de l'insouciance... l'observation est aussi vieille et commune que toutes les "sagesses" concernées.

Paradoxalement c'est la même "réflexion" ou "représentation" qui constitue l'image spéculaire (miroir) d'un "soi" et qui, d'un pas de plus ou de trop, permettrait aussi de s'en "détacher" (etc.), comme par une pirouette ou un pied-de-nez à a logique. Je repense à La beauté du diable de René Clair, où Faust (Gérard Philipe) à qui Méphistophélès (Michel Simon) vient de montrer dans un miroir toute sa vie à venir, tracée jusqu'à sa mort, tourne les talons et disparaît, de sorte qu'il n'est pas où il devrait être dès le premier épisode et que la série prédictive, ou le destin, est ruiné d'entrée de jeu. Il y a toujours un côté farce ou gag dans un "salut", y compris sous forme de disparition ou d'extinction -- qui se perd dès qu'il se prend au sérieux...
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MessageSujet: Re: Réflexions sur le Bouddhisme   Réflexions sur le Bouddhisme Icon_minitimeVen 24 Mai 2024, 19:59

Merci Free, merci à toi aussi Narkissos pour vos intéressantes réflexions sur le Bouddhisme ou l'enseignement du Bouddha.

Le Bouddha a enseigné au moyen de nombreux discours (Sutta), nombreux car il a eu contact avec des personnes diverses venant de milieux différents. Il s'adaptait à ses auditeurs soi Brahmanes, soit Princes, Guerriers, agriculteurs, artisans etc.. Le message est toujours le même mais présenté de façon à toucher le cœur de ses auditeurs. Les 4 nobles vérités sont le fondement de l'enseignement du Bouddha.
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MessageSujet: Re: Réflexions sur le Bouddhisme   Réflexions sur le Bouddhisme Icon_minitimeSam 25 Mai 2024, 11:07

Je me demande toujours pourquoi la figure du fondateur prend et garde une telle importance dans une doctrine qui prétend par ailleurs ne reposer sur aucune "autorité", hormis son "contenu pratique" et l'"expérience" qu'en fait (ou non) le disciple (the proof of the pudding is in the pudding)... Les "histoires du Bouddha" se sont développées sur pas mal de siècles, elles sont pourtant toujours rapportées au même personnage, alors que l'enseignement et son efficacité seraient exactement les mêmes s'ils étaient attribués à d'autres, historiques ou fictifs sur le mode du conte, de la fable ou de la parabole, ou à personne. C'est assez paradoxal aussi par rapport à l'illusion dénoncée d'un "soi", encore qu'un "soi" dénoncé ou "déconstruit" puisse équivaloir à "n'importe qui" -- c'est d'ailleurs l'usage, si j'ai bien compris, du mot-concept de bouddha qui est nom commun autant que nom propre, accessible en principe à n'importe qui...

Cela vaudrait aussi, mutatis mutandis, pour les "histoires de Jésus" -- encore que l'"enseignement" même soit dans ce cas un développement secondaire: absent chez Paul, rare et sommaire chez Marc, développé très différemment dans les autres évangiles; et là où il paraît le plus "pratique" on le retrouve indifféremment avec ou sans "Jésus" (Matthieu / Jacques).

Le fameux précepte "Si tu rencontres le Bouddha, tue-le !" serait à rapprocher de l'ordre de Zarathoustra à ses disciples (à la fin du premier livre, contredite par ses suites !): méfiez-vous de moi, éloignez-vous de moi, ayez honte de moi... Double bind dans tous les cas.
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MessageSujet: Re: Réflexions sur le Bouddhisme   Réflexions sur le Bouddhisme Icon_minitimeDim 26 Mai 2024, 19:03

Remarque intéressante. Il n'y a pas de nouvelles histoires proprement dites, mais on peut entendre des discours présentés par des moines ou des nonnes qui évoquent notre époque. Ces présentations ont toujours en toile de fond un ou plusieurs petits discours du Bouddha.

Ce qui "justifie" que l'on présente les discours dits du Bouddha c'est que cet enseignement a été donné après que le Bouddha a atteint l'éveil suite à une longue réflexion. Ainsi tout en restant un humain il enseigne comme un éveillé.

Ce qui m'intéresse dans  cet enseignement c'est que j'y (re)trouve une certaine philosophie. Il n'est pas question d'un Dieu notant nos bons ou mauvais points.

Je pense que si certains discours étaient présentés comme ayant été prononcés par des disciples de Bouddha certains leur attribueraient moins de valeur. De plus les moines ayant succédé à leur maître ne voulaient transmettre que ce qu'ils avaient entendu. Cependant, le Bouddha a déclaré que chaque personne intéressée par ses déclarations devaient réfléchir et ne pas accepter l'enseignement par ce qu'il venait de lui, le Bouddha
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MessageSujet: Re: Réflexions sur le Bouddhisme   Réflexions sur le Bouddhisme Icon_minitimeLun 27 Mai 2024, 09:57

Il y a une certaine analogie entre les notions d'"éveil" et de "révélation", aussi du point de vue de l'histoire (comparative) des religions: je me souviens d'un mouvement chiite iranien, de tendance soufie, qui justifiait ses références au bouddhisme parce que celui-ci, bien que non monothéiste, était une "religion révélée", en un certain sens "prophétique", précisément à cause de l'"éveil" du Bouddha...

Tout dépend, bien sûr, comment on conçoit "éveil" ou "révélation". Si on les prend dans un sens historique, fondateur, doctrinal, exotérique, il en résulte un enseignement (théorique et/ou pratique) qui doit être transmis, par une tradition, un récit, une écriture, une certaine forme d'institution -- l'éveil ou la révélation passe par une médiation. En revanche, si l'"éveil" ou la "révélation" est ce qui doit arriver directement au disciple, idéalement à tout un chacun, ne serait-ce que pour qu'il puisse en témoigner valablement, alors on est dans une logique ésotérique, myst(ér)ique, initiatique, sapientiale ou gnostique: la "révélation" im-médiate à chacun (éveil, sagesse, intelligence, etc.) annule toutes les médiations qui ont pu la précéder (logique qu'on a souvent observée dans les textes johanniques, mais qui n'est jamais tout à fait absente d'un discours religieux dès lors qu'il appelle à une forme de "témoignage"). D'un côté on a des disciples, adeptes, croyants, fidèles, de seconde ou d'énième main (génération), qui croient ce qu'on leur dit et font ce qu'on leur dit de faire; de l'autre on aurait des "éveillés" (ou des "illuminés" au bon sens du terme) qui sauraient de quoi ils parlent, ou ce qu'ils taisent... Le propre d'une (grande) "religion" (à la différence de la secte ou de la communauté plus restreinte) étant sans doute de préserver en son sein les deux formes de "religion", et une certaine communication entre elles -- c'est peut-être le rôle des "éveillés-reconnus", bouddhas, bodhisattvas, comme celui des "saints" catholiques, d'être des figures auxquelles on peut s'identifier im-médiatement OU se rapporter comme à des intermédiaires.

You've all got to work it out for yourselves...

(Ou, par un jeu de mots latin cette fois: la méditation annule la médiation, meditatio mediationem tollit-- annule et relève, aufhebt, remarquerait le [cousin] germanique...)
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MessageSujet: Re: Réflexions sur le Bouddhisme   Réflexions sur le Bouddhisme Icon_minitimeVen 31 Mai 2024, 15:18

Narkissos a écrit:
Je me demande toujours pourquoi la figure du fondateur prend et garde une telle importance dans une doctrine qui prétend par ailleurs ne reposer sur aucune "autorité", hormis son "contenu pratique" et l'"expérience" qu'en fait (ou non) le disciple (the proof of the pudding is in the pudding)... Les "histoires du Bouddha" se sont développées sur pas mal de siècles, elles sont pourtant toujours rapportées au même personnage, alors que l'enseignement et son efficacité seraient exactement les mêmes s'ils étaient attribués à d'autres, historiques ou fictifs sur le mode du conte, de la fable ou de la parabole, ou à personne. C'est assez paradoxal aussi par rapport à l'illusion dénoncée d'un "soi", encore qu'un "soi" dénoncé ou "déconstruit" puisse équivaloir à "n'importe qui" -- c'est d'ailleurs l'usage, si j'ai bien compris, du mot-concept de bouddha qui est nom commun autant que nom propre, accessible en principe à n'importe qui...

Il n’est pas possible de déclarer avec certitude que tous les discours (suttas) attribués au Bouddha ont bien été prononcées par lui-même.
Je pense que vraisemblablement il ne les a pas tous prononcés loin de là. En effet, il était considéré déjà en son temps comme un enseignant. Un enseignant consacre la majeure partie de son temps à enseigner. Dans un premier temps il lui faut considérer les personnes à qui le discours et l’enseignement qui s’y rattache est destiné et déterminer quels arguments seront le plus à même de toucher le cœur et l’esprit de son auditoire. Ensuite il devra tenir compte de la disposition des personnes rencontrées à son égard. Le Bouddha a donc certainement prononcé de nombreux discours qui ont été rapportés par la suite, mais ce qui était sa principale mission c’était de transmettre la doctrine de 4 nobles vérités.


Wikipedia a écrit:
Le Sutta Pitaka[modifier | modifier le code]
Selon la tradition, le Sutta Pitaka recense les paroles attribuées au Bouddha, récitées par Ananda après sa mort, puis transmises oralement pendant 400 à 500 ans avant d'être mises par écrit. En fait, certains suttas rapportent aussi les dits et actes de disciples illustres, comme Sariputta. Le Sutta Pitaka contient plus de dix mille suttas et il est divisé en cinq sections appelées nikaya (ou agama) :
• Dīgha Nikāya, les « longs discours », comportant 34 suttas ;
• Majjhima Nikaya, les « discours de longueur moyenne », 152 suttas regroupés en cinq sections ; l
• Samyutta Nikāya, les « discours groupés ou connectés », groupés en cinq sections de 10 à 15 suttas chacune ;
• Anguttara Nikaya, les « discours des facteurs ultérieurs ou discours numériques », classé en 11 groupes, le premier portant sur un sujet simple, le deuxième sur un sujet double, le troisième sur un sujet triple, et ainsi de suite jusqu'à 11 ;
• Khuddaka Nikāya, les « petits discours ou livres courts », composé de neuf livres, parmi lesquels des textes célèbres comme le Dhammapada (les vers du Dharma17), le Sutta Nipāta et l'Udana.

Wikipedia a écrit:
Ananda (IAST Ānanda, Ch:阿難, A Nan) « Félicité » en sanskrit, était le cousin et l’un des dix principaux disciples du Bouddha dont il fut l’assistant personnel pendant vingt-cinq ans. À ce titre, il est celui qui recueillit le plus de paroles de Gautama, et fut requis à sa mort pour réciter le Sutta Pitaka afin que le souvenir ne s’en perde pas. L'étymologie légendaire du terme sutra (pali : sutta) le fait dériver de l’entrée en matière de ce type de texte : evam me sutam (ainsi ai-je entendu), qui daterait de la récitation d'Ananda.

Mis à part ces considérations sur l'enseignement de Bouddha il faut relever que ce dernier ne cessait de se déplacer, mis à part le temps de la mousson, afin de rencontrer le plus de personnes disponibles.
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MessageSujet: Re: Réflexions sur le Bouddhisme   Réflexions sur le Bouddhisme Icon_minitimeVen 31 Mai 2024, 17:37

Ce n'était nullement de ma part une critique, surtout pas "historique"...  Au contraire, j'essayais de souligner que pour une doctrine "sapientiale" et/ou "pratique" la provenance, l'origine, la paternité et l'authenticité des discours n'ont pas la moindre espèce d'importance, dès lors qu'elle se justifie en aval, par ses suites, par l'effet qu'elle produit chez ceux qui l'entendent et l'appliquent. Pour une doctrine qui vise l'"éveil", toutes les créations, inventions, narratives, littéraires, rhétoriques, susceptibles de le favoriser, sont les bienvenues, peu importe qu'elles datent d'avant-hier ou de la nuit des temps, qu'elles soient attribuables ou attribuées au fondateur ou à n'importe qui; le fondateur lui-même s'en réjouirait le cas échéant, pour autant qu'il ait expérimenté et éprouvé sa propre doctrine.

Cela ressemble, sur un tout autre registre, aux traditions "bibliques" de l'"esprit", depuis l'histoire de Moïse qui voudrait que tout le monde soit "prophète" (Nombres 11), à contresens de la "loi" écrite qui ne vaut que par son "origine" supposée, "Moïse" et/ou "Yahvé"; ou, dans le NT, à l'"esprit" qui a d'abord été "charismatique" et communautaire, à la fois "prophétique" et "sapiential" (1 Corinthiens), jusque dans la production "inspirée" de "paroles du Seigneur", "Seigneur" (kurios) identifié à "l'Esprit", avant de se concentrer sur un "enseignement de Jésus" dans les évangiles, dans une production littéraire inflationniste, narrative et discursive mais toujours rapportée au "Seigneur" devenu "maître" (didaskalos au sens "didactique", enseignant, instructeur, "docteur" au sens latin).
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MessageSujet: Re: Réflexions sur le Bouddhisme   Réflexions sur le Bouddhisme Icon_minitimeDim 02 Juin 2024, 11:43

Cher Narkissos je te rassure je n'avais pas pris tes remarques pour une critique, je les ai trouvées intéressantes car elles obligent à considérer les textes bouddhistes pour ce qu'ils sont et ne pas les regarder comme des récits véridiques comme nous en avons l'habitude de les voir ici en Europe et/ou aux Etats Unis d'Amérique. Les Asiatiques abordent ces paroles de Bouddha avec un autre regard, ils ne cherchent à prouver leur véracité mais en tirent profit pour leurs pratiques (j'utilise volontairement le pluriel pour pratique).

En effet, il n'en est pas de même quant à l'approche de l'enseignement de Bouddha suivant que l'on soit asiatique ou occidental. Une personne née au sein d'une famille pratiquant le Bouddhisme de génération en génération aura une pratique plus rituelle et parfois même ne méditera probablement pas. J'en ai eu la preuve il y a une semaine. Notre communauté a célébré la fête de Vesak (qui regroupe la naissance, l'éveil et la mort de Bouddha le même jour) au sein d'un temple Bouddhiste chinois. Les rites sont légèrement différents mais un bouddhiste s'y retrouve toujours.

En début d'après-midi il était prévu un temps consacré à la méditation. Les cinghalais ont médité mais pas les membres chinois de la communauté qui nous a offert l'hospitalité pour le temps de la fête. De plus alors que notre communauté compte environ près de 100 personnes seuls 18 membres étaient présents. La méditation a pris un grand essor hors des pays traditionnellement bouddhistes et ce n'est que petit à petit que la médiation (re)commence a être pratiquée dans ses pays d'origine. Le moine de notre communauté m'a confirmé que les bouddhistes que je qualifierai de traditionnels n'aime pas trop la médiation. Les moines font tout pour redonner le goût de la méditation aux disciples de Bouddha mais cela parait bien difficile même pour la jeune génération. Ce sont des personnes faisant de gros efforts pour rester fidèles à leurs pratiques et à leurs parents et ainés, ils sont charmants, accueillants mais la méditation semble leur poser un vrai problème. Je vais au temple , en principe, chaque semaine pour méditer en compagnie du moine. Je n'ai pas encore rencontré de personnes de la communauté venue méditer en notre compagnie. Je me suis demandé si les bouddhistes de ma communauté méditaient à la maison, comme je le fais, régulièrement, le moine m'a dit que malheureusement ce n'était pas le cas, quelques 'un commencent à le faire, sûrement celles et ceux qui ont médité samedi dernier.

Voilà quelques commentaires sortant des sentiers habituels présentant les bouddhistes comme des gens méditant à chaque instant. On peut le regretter cela ne changera pas les chose. Chacun doit être selon une parole de Bouddha son propre refuge.
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MessageSujet: Re: Réflexions sur le Bouddhisme   Réflexions sur le Bouddhisme Icon_minitimeDim 02 Juin 2024, 12:12

Merci chapelier de ces remarques très éclairantes...

La "personnalisation" du fondateur est en effet beaucoup plus importante dans la religion "exotérique", extérieure et rituelle, où "le Bouddha" comme "le Christ" doit effectivement être une "personne", quelqu'un, non seulement un homme ordinaire mais une sorte de dieu, d'ange ou de saint, qu'on puisse invoquer, prier, remercier, et qui puisse protéger, sauver, guérir, aider, intercéder... Cela dit sans déprécier le moins du monde cet aspect de la "religion" car, comme je l'ai indiqué plus haut (27.5.2024), je le crois tout aussi nécessaire que l'autre, ésotérique, initiatique, intérieur, sapiential, spirituel ou gnostique -- une "religion" ne fonctionnant vraiment que par la relation de ces deux aspects qui en impliquent aussi d'autres, institutionnels, traditionnels, magistériels, didactiques, sacerdotaux, communautaires...

En ce qui concerne la "méditation" qui correspond d'une part à l'aspect le plus "intérieur" du bouddhisme et d'autre part à sa diffusion externe la plus large, laïcisée ou sécularisée sous forme de "pleine conscience" par exemple, on en arriverait à ce paradoxe, en Occident du moins, qu'elle serait plus "pratiquée" à l'extérieur du bouddhisme (religieux) qu'à l'intérieur -- à supposer une certaine continuité du "sujet" (identité, ipséité) de l'intérieur à l'extérieur, que ce soit bien le ou la "même", la même "méditation"... mais comme la "méditation bouddhique traditionnelle" varie probablement déjà d'un lieu à l'autre, du Sri Lanka au Tibet ou au Népal, à la Thaïlande, à la Chine ou à Japon, il ne faut sans doute pas y chercher d'"identité" -- surtout s'il s'agit en dernier ressort de se défaire de l'"identité" comme d'une illusion.
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MessageSujet: Re: Réflexions sur le Bouddhisme   Réflexions sur le Bouddhisme Icon_minitimeLun 03 Juin 2024, 14:38

Narkissos a écrit:
En ce qui concerne la "méditation" qui correspond d'une part à l'aspect le plus "intérieur" du bouddhisme et d'autre part à sa diffusion externe la plus large, laïcisée ou sécularisée sous forme de "pleine conscience" par exemple, on en arriverait à ce paradoxe, en Occident du moins, qu'elle serait plus "pratiquée" à l'extérieur du bouddhisme (religieux) qu'à l'intérieur

Je pensais à la méditation dite Vipassana et j'ai cherché hier un texte écrit à ce sujet voici une remarque que l'on peut trouver dans l'ouvrage suivant :

L'enseignement du Bouddha  de Walpola Rahula (moine bouddhiste cinghalais de la tradition Teravada)

chapitre 7 "Méditation" ou culture mentale : Bhavana p. 94 Edition Sagesse

L'enseignement du Bouddha sur ce sujet fut si mal ou si peu compris que la voie de "méditation" dégénéra ultérieurement en une sorte de rituel ou de cérémoniel, presque technique dans sa routine.
note en bas de page   The Yogavacava's Manual (Edit. T.W. Rhys Davids, Londres 1896) un texte sur la méditation écrit à Ceylan probablement vers le XVIIIe siècle, montre que la méditation, à cette époque, avait dégénéré et était réduite à un rituel technique consistant à réciter des formules, à brûler des bougies, etc..

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MessageSujet: Re: Réflexions sur le Bouddhisme   Réflexions sur le Bouddhisme Icon_minitimeLun 03 Juin 2024, 15:19

Walpola Rahula semble une excellente source...

Entre une "méditation" qui perdrait son essence (spirituelle, cognitive, mentale, intérieure) dans le rite extérieur d'une "religion" traditionnelle et celle qui se diluerait, au contraire, en rompant tout lien avec une religion, un rituel, une communauté (aussi ethnique, linguistique), pour devenir pratique séculière et universelle de "bien-être", thérapeutique, hygiénique ou paramédicale, il y aurait de la place pour pas mal de "voies du milieu", peut-être plus que de candidats à l'expérience...

Cela me rappelle qu'à la sortie du jéhovisme j'ai eu une vraie fringale de rituel, de sacrement, de symbole et de geste sans parole, ou avec le moins de discours possible -- alors que quinze ans plus tôt, c'est plutôt un ras-le-bol du rituel (catholique, imposé dans une pension religieuse) qui m'avait précipité dans la rhétorique jéhoviste et sa "logique" bavarde... Pour les groupes et les sociétés comme pour les individus, il y a sans doute des effets de balancier.
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