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| Fête de la pentecôte ou de l'esprist saint | |
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Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Fête de la pentecôte ou de l'esprist saint Jeu 01 Juin 2023, 15:27 | |
| Sur le problème textuel, que la Watch n'évoque pas du tout, voir supra 25.5.2023: les "derniers jours" que retient la NWT/TMN (en suivant les éditions critiques, Westcott & Hort à l'époque, aussi bien Nestle & Aland aujourd'hui) ne sont pas dans le Vaticanus (entre autres), qui suit la Septante de Joël (meta tauta, après cela)... Pourtant ce détail aurait encore été plus susceptible d'enquiquiner les "apostats" manifestement visés par cet article (1981, 1980 en anglais), soupçonnés de noyer l'eschatologie watchtowérienne dans une conception plus large du "temps de la fin" ou des "derniers jours" qui ne commenceraient pas en 1914, mais au Ier siècle, se confondant pratiquement avec "l'ère chrétienne"...
Si les "derniers jours" d'Actes 2,17, dans les manuscrits où ils figurent, ne viennent pas de Joël, ils viennent quand même de l'"AT" grec, par exemple d'Isaïe 2,2LXX: en tais eskhatais hemerais; toutefois cette traduction (de l'hébreu au grec) reste très discutable, car la formule hébraïque (b-'hryt h-ymym) peut signifier aussi bien "dans la suite des jours", sans implication de "derniers jours" ni de "fin". En somme, la traduction elle-même dépend de l'idée que le traducteur se fait du texte, prédiction d'un "avenir" (si idéalisé soit-il) OU d'une "fin" (du monde, du temps, etc.).
A part ça, c'est assez rafraîchissant de voir la naïveté bibliciste qui peut rapporter les discours de "Pierre" dans les Actes et les épîtres de "Pierre", aussi différentes l'une de l'autre que celles-ci de ceux-là, au même personnage et à sa "biographie" imaginaire. Cela me rappelle une anecdote, les souvenirs de lecture restant chez moi toujours liés aux circonstances: j'étais à une "assemblée de circonscription", dans mes derniers mois de jéhovisme, et je poursuivais pendant les discours ma lecture du NT grec, en arrivant justement aux épîtres de Pierre: en lisant la Première, puis la Seconde, je me suis dit: ce n'est décidément pas le grec d'un pêcheur de Galilée... Je n'avais pourtant guère à l'époque de notions de "critique littéraire". |
| | | free
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| Sujet: Re: Fête de la pentecôte ou de l'esprist saint Jeu 01 Juin 2023, 16:39 | |
| De Babel a Pentecôte : le défi du pluralisme religieux
Si l’on aborde le thème du rapport entre unité et pluralité – qui prend d’autant plus de relief dans le cas de la relation entre unicité de l’Évangile et multiplicité des cultures —, notre auteur se réfère à plusieurs occasions au fameux mythe de la tour de Babel. Il exprime la conviction qu’il ne devrait pas être interprété comme une condamnation totale et définitive du pluralisme, même si d’ordinaire la dispersion des langues est interprétée comme un châtiment. En fait, souligne le théologien, une telle dispersion équivaut à un retour à la condition originaire voulue par Dieu lui-même, qui bénit la multiplicité de sa création, des langues et des cultures. Babel comme signe de la confusion dramatique des langues est certainement une malédiction, mais en tant qu’elle manifeste la nécessaire pluralité des langues, cultures et religions elle est une bénédiction et reflète un mystérieux dessein divin. On peut donc être d’accord sur le fait que la pluralité des cultures reste sous le signe d’une profonde ambiguïté. Elle manifeste évidemment les limites de l’esprit humain, mais elle manifeste en même temps le génie et les richesses spirituelles accordées par Dieu aux nations . Ainsi, la réponse la plus convaincante à Babel reste le miracle de la Pentecôte qui légitime la pluralité « dans la mesure où la richesse surabondante du mystère de Dieu ne peut être exprimée que par une pluralité de formes religieuses». La Pentecôte est en fait le miracle d’une traduction réussie, tout autre, en tout cas, qu’une uniformité linguistique. Elle suggère que la pluralité des langues est nécessaire pour traduire les richesses multiformes du mystère de Dieu. La vocation même du langage originaire du message chrétien correspond à sa traduction polyphonique dans les langues et cultures de toutes les nations.
https://www.cairn.info/revue-des-sciences-philosophiques-et-theologiques-2016-4-page-661.htm |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Fête de la pentecôte ou de l'esprist saint Jeu 01 Juin 2023, 17:46 | |
| Hommage quasi nécrologique: Claude Geffré est mort l'année suivante (2017).
Bien que j'aie souvent apprécié les textes de Geffré, ce résumé, forcément simplificateur et plus superficiel que ce qu'il résume, me laisse aujourd'hui plutôt songeur: théologie à la remorque de la philosophie à la remorque de la politique à la remorque de l'économie, de l'écologie, de la sociologie, de la démographie, etc., dans la boucle générale d'une morale médiatique qui génère au jour le jour son propre mouvement sans moteur, si ce n'est la loi tacite mais constante du "rapport de force". L'Eglise catholique romaine se découvre miraculeusement "pluraliste" quand elle ne peut plus faire autrement, quand elle n'est plus en situation de régenter quoi que ce soit hors d'elle-même (et encore), ni depuis Rome ni de nulle part; de même à leur échelle les autres Eglises, dont aucune pourtant ne veut à aucun prix paraître "relativiste", puisqu'elle doit affirmer jusqu'au bout la vérité exclusive de ce qu'elle dit croire, quand même elle le croit de moins en moins... Comme dit l'adage populaire, qui déforme la phrase de Cocteau à moins que ce ne soit le contraire, "puisque les événements (au lieu des mystères) nous échappent, feignons d'en être les organisateurs". Ou "de nécessité vertu".
D'un autre point de vue toutefois, c'est bien le mouvement même de la Pentecôte et des Actes, que de transformer en miracle et en providence un fait accompli -- "l'Eglise" certes pas encore aussi puissante qu'elle le sera au moyen-âge, mais déjà phénomène social incontournable, y compris pour l'empire romain. Ce n'est pas ça qui éclairera l'intelligence de soi et des autres d'une religion sur le déclin, devenue une minorité ou une poussière de minorités dans les territoires mêmes où elle a régné sans partage. Car les Actes laissent entrevoir une croissance constante de l'institution unique et universelle (autrement dit catholique), jusqu'à l'"horizon eschatologique" (fût-il repoussé sine die) -- c'est pour ça que l'Histoire ecclésiastique d'Eusèbe s'y emmanche si facilement -- ils n'ont pas prévu ses schismes, son émiettement ni sa déconfiture générale (or c'est ça aussi qu'une théologie chrétienne doit désormais penser). |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Fête de la pentecôte ou de l'esprist saint Dim 19 Mai 2024, 10:45 | |
| Tentative de reprise des éléments évoqués au cours (des années) de ce fil: La Pentecôte (des Actes) est en somme beaucoup moins une "fête de l'Esprit" qu'une "fête de l'Eglise", de la fondation (mythique) de la "grande Eglise", unique, universelle, de moins en moins "assemblée" ou "communauté" et de plus en plus "institution". Autrement dit, de la captation de "l'Esprit" par "l'Eglise". De ce point de vue elle se situe bien dans le prolongement du sens de "fête de l'alliance" ou de "don de la loi" tardivement attribué à la "Pentecôte" juive ( shavouoth, semaines, 7 x 7 jours + 1 = 50e, pentekostè [hèmera]), anciennement simple fête agraire de la fin des moissons: "l'alliance" signe en effet l'"élection" d'un peuple et d'une terre par son dieu, ou l'attribution (réciproque mais asymétrique) des uns aux autres qui était aussi bien un "sort" ou un "destin" s'imposant aux dieux comme aux mortels (le "lot" échu), mais qui change radicalement de sens avec le monothéisme puisqu'il s'agit désormais du choix souverain, libre et arbitraire d'un peuple particulier par le Dieu unique. Par rapport à cela, la Pentecôte chrétienne ouvre l'espace géographique, linguistique, puis ethnique à l' oikoumenè, la "terre habitée" équivalente de l'empire romain, tout en refermant l'espace symbolique sur "l'Eglise". (Détail significatif ou non, la narration d'Actes 2 oublie même de faire sortir les disciples de leur cénacle pour les faire parler aux foules...) A cet égard, je trouve symptomatique la fixation de la formule stéréotypée " esprit saint" ou "Saint-Esprit", dont les précédents approximatifs sont rares et tardifs dans l'AT hébreu (Isaïe 63 et Psaume 51), plus fréquents dans la littérature dite "intertestamentaire" et le NT, mais qui atteint des sommets dans Luc-Actes (plus de la moitié des occurrences néotestamentaires, d'autant qu'une bonne partie des autres est peut-être secondaire, la formule une fois fixée ayant tendance à se répliquer d'elle-même sous la main des copistes). Pour parodier l'évangile selon Jean, l'Esprit lié à l'Eglise ne souffle plus où il veut -- ou, ce qui revient au même, il ne veut plus souffler que dans l'Eglise. La réduction (concentration, enfermement, constriction, canalisation...) est encore plus sensible par rapport à l'"esprit" de l'AT ( rouah-pneuma-spiritus) qui animait toutes choses, les "animaux" autant que l'homme, de la moindre brise aux mouvements célestes, astraux ou "angéliques" (cf. le "char" d'Ezéchiel); et qui singularisait plutôt des individus ou des fonctions plus ou moins "charismatiques" (prophètes, juges), et des événements ponctuels, (plutôt) qu'il ne faisait corps avec la totalité et la continuité d'un "peuple", d'une "histoire" ou d'une "institution", à l'exclusion des autres. La Pentecôte des Actes emploie certes des images d'ouverture (l'esprit répandu, effusion de l'esprit, notamment d'après la citation de Joël), mais l'ouverture est celle de l'Eglise qui constitue sa propre clôture. On pourrait par ailleurs remarquer au sujet de la métaphore de la "moisson" -- que les Actes n'utilisent pas, mais qui fait bien partie de l'histoire ou de la préhistoire de la fête -- ce qu'on observait encore ces jours-ci autour de la " parousie": c'est aussi une image "eschatologique" (le rassemblement des élus dispersés) qui tend à se diluer dans la durée avec "l'histoire de l'Eglise" -- ou à se "spiritualiser" dans des formes mystiques, ésotériques, gnostiques (p. ex. le "plérôme"), toujours suspectes aux yeux de "l'Eglise-institution". En tout cas l'effondrement, même relatif, des Eglises-institutions "historiques" oblige de nouveau à chercher "de l'esprit" dehors, sans garantie aucune, à ses risques et périls: là où il y a de l'air, du vent, bon ou mauvais, saint ou impur... Ce qui relance à une autre échelle le problème, déjà "charismatique", d'un "discernement des esprits" qui lui-même ne peut être que "spirituel" (1 Corinthiens etc.). |
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| Sujet: Re: Fête de la pentecôte ou de l'esprist saint Mar 21 Mai 2024, 11:53 | |
| Le Mystère d’Israël selon les textes Alexandrin et Occidental des Actes des Apôtres Patrick FAURE
1. Pentecôte et Parousie. L’Église et le Mystère d’Israël entre le TO et le TA des Actes
Le premier rapport entre Pentecôte et Parousie n’est pas d’abord théologique mais littéraire: il est tissé par le début des Actes, où la Pentecôte (Ac 2) est en quelque sorte encadrée par deux mentions de la Parousie (Ac 1,11 et Ac 3,20). Ces considérations littéraires ont conduit à percevoir leurs enjeux théologiques. Ceux-ci ont été, par la suite, développés et mis en avant sous forme de débats théologiques, dans l’agencement final de l’étude.
2. Débats théologiques sur le rapport entre Pentecôte et Parousie
Pour donner une idée de l’importance de ces débats, disons que les considérations littéraires qui les soulèvent font aller contre les Pour donner une idée de l’importance de ces débats, disons que les considérations littéraires qui les soulèvent font aller contre les interprétations qui séparent ou qui confondent la Pentecôte et la Parousie.
Si l’on suit cette séparation, la venue de l’Esprit à la Pentecôte suffit à rendre compte de l’histoire du salut. La Parousie qui tarde peut alors s’effacer de l’avenir. C’est la position de E. Grässer en 1979. C’est peut-être aussi la position de beaucoup d’autres aujourd’hui pour qui, au fond, la Parousie n’est plus qu’une coquille vide.
À l’opposé, l’interprétation qui confond la Pentecôte et la Parousie réduit la venue future du Christ à la venue présente de l’Esprit, et aboutit finalement au même effacement de la Parousie, en tenant cependant que le temps actuel de l’Église depuis la Pentecôte est eschatologique.
Entre ces deux positions extrêmes qui séparent ou qui confondent Pentecôte et Parousie, les débats oscillent sur le statut de l’Église et sur le rapport entre eschatologie et histoire. Le versant théologique de l’étude est donc d’emblée lié au dossier très épais de l’eschatologie lucanienne.
3. Débats théologiques sur la question d’Israël
Pour ordonner quelque peu ce dossier eschatologique, pour manifester aussi ses tenants et ses aboutissants, et pour expliquer le sous-titre de l’étude «l’Église et le mystère d’Israël», disons simplement que lorsqu’on parcourt les commentateurs des Actes, on s’aperçoit que pour plusieurs d’entre eux, la relation entre Israël et l’Église paraît gouverner l’ecclésiologie des Actes, et en conséquence leur eschatologie, puis le but que leur auteur a poursuivi quand il les a écrits.
Or, selon qu’on estime que, pour les Actes, Israël est rejeté par Dieu parce que réfractaire à l’Évangile, ou bien qu’il reste élu de Dieu bien que réfractaire à l’Évangile, on comprendra l’ecclésiologie des Actes dans un certain sens ou en sens contraire, on envisagera leur eschatologie, et donc la Parousie, d’une certaine façon ou d’une façon contraire, et on évaluera leur but ou leur finalité d’une certaine manière ou de la manière contraire.
Cette cascade de clivages théologiques enracinés dans le clivage fondamental suscité par la question d’Israël ne fait qu’illustrer combien la lecture des Actes peut se prêter à des interprétations théologiques radicalement opposées, du moins la lecture du TA des Actes.
En effet, le TA est ambivalent, et il peut entretenir ou même accentuer ces interprétations théologiques opposées, tant au niveau des détails textuels les plus infimes qu’au niveau des considérations narratives les plus globales. Tel n’est pas le cas du TO.
Les sources des Actes
Dans les limites de l’étude exposée ici, ces sources sont au nombre de trois: la Septante, qui est la source des Actes la plus facile à identifier, le «proto-Luc», appelé aussi document protolucanien, qui est la source dominante sous-jacente au troisième évangile et aux Actes, et une troisième source, plus secondaire, sous-jacente au récit de l’Ascension, en Lc 24,50-53 lu dans le TA.
https://www.nrt.be/fr/articles/le-mystere-d-israel-selon-les-textes-alexandrin-et-occidentaldes-actes-des-apotres-614 |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Fête de la pentecôte ou de l'esprist saint Mar 21 Mai 2024, 13:26 | |
| Cf. supra 25.5.2023 (autre lien, même article, Faure 2005). A mes remarques de l'année dernière je n'en ajouterais qu'une petite: si la critique textuelle est inséparable de la critique littéraire, en général et en particulier dans Luc-Actes, et si celles-ci sont inséparables de l'exégèse (puisque pour choisir entre tel ou tel texte on ne peut pas se passer de les lire et de les comprendre, d'une manière ou d'une autre), on aggrave encore l'effet circulaire quand on y introduit des considérations idéologiques, non seulement théologiques mais politiques, diplomatiques, morales, etc. En l'occurrence, que comme par hasard le texte présumé le plus ancien ("texte occidental" reconstitué artificiellement et conjecturalement !) soit le moins "antijudaïque", c'est-à-dire celui qui arrange le mieux une théologie chrétienne honteuse depuis la Shoah de son passé antijudaïque, voire antisémite, et devenue du jour au lendemain, comme par enchantement, judéophile et philosémite, la ficelle est un peu grosse. Comme on l'a rappelé dernièrement ailleurs, Luc-Actes n'emploie pas du tout le substantif parousia, ce qui ne l'empêche pas de garder l'idée vague d'une eschatologie lointaine qu'il n'essaie nullement de préciser, pas plus quant au "contenu" (scénario de la "fin du monde") qu'à la date... Ce qui l'intéresse c'est l'histoire (ou la pseudo-histoire) de l'Eglise, qui commence précisément avec (le mythe de) la Pentecôte -- ce qui au passage réduit tout ce qui la précède, y compris l'évangile, au rang de préambule -- et s'étend géographiquement et temporellement à perte de vue: comme le limes ou limite de l'empire romain au plan géopolitique, l'eschatologie devient plus que jamais "horizon" d'avenir -- qui s'éloigne à mesure qu'on avance. |
| | | free
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| Sujet: Re: Fête de la pentecôte ou de l'esprist saint Jeu 23 Mai 2024, 12:35 | |
| Pentecôtes juive et chrétienneIl y a continuité et nouveauté entre la Pentecôte juive et la Pentecôte chrétienne, comme d'ailleurs entre le Premier (ou Ancien) Testament et le Nouveau Testament. On lit dans les Actes des Apôtres, au début du récit de la venue de l'Esprit sur les disciples après l'Ascension de Jésus : « Quand le jour de la Pentecôte arriva, ils se trouvaient réunis tous ensemble » (Ac 2,1). C'est de la Pentecôte juive qu'il s'agit alors. Les disciples qui ont formé la première Église étaient des Juifs. Après la mort de Jésus, ils ont continué, du moins pour un temps, de fréquenter le Temple comme lieu de la prière (voir Ac 2,46 ; 3,1) et de participer aux fêtes juives. Pâque et la Pentecôte sont deux grandes fêtes dans le judaïsme, qui commémorent des événements importants de la vie du peuple. La fête de Pâque (d'un mot hébreu qui veut dire « passage ») est la célébration de la sortie d'Égypte. La fête de la Pentecôte (d'un mot grec qui signifie « cinquantième », parce que cette fête était célébrée cinquante jours après Pâque) commémore les grands événements à l'origine du peuple élu que sont l'Alliance du Sinaï et le don la Loi reçue de Dieu. La fête juive de la Pentecôte est donc une fête qui rappelle l'événement historique du Sinaï où Dieu a conclu une alliance avec le peuple hébreu et lui a donné une constitution (la Loi). C'est ainsi que cette fête est célébrée par les Juifs aujourd'hui, comme déjà au temps de Jésus. Mais il n'en a pas toujours été ainsi. À l'origine, cette fête avait été instituée pour célébrer annuellement les prémices de la moisson, comme le rapporte le Livre de l'Exode : « Tu observeras la fête de la Moisson, des prémices de tes travaux de semailles dans les champs » (Ex 23,16). Cette fête de la Moisson est appelée fête des Semaines dans Ex 34,22 et elle se célébrait sept semaines (voir Dt 16,9-10) ou cinquante jours (voir Lv 23,16) après la Pâque, d'où son nom de « Pentecôte ». Mais, après le retour de l'exil de Babylone, le peuple hébreu reconstitué changea progressivement la signification de cette fête de la Pentecôte. C'est alors que, de fête agricole qu'elle était à l'origine, la Pentecôte devint la fête commémorative de l'événement historique de la constitution du peuple choisi par Dieu au désert. Le Livre des Actes des Apôtres associe la venue de l'Esprit sur les disciples à cette fête juive de la Pentecôte. Pourquoi? Les premiers chrétiens ont compris la venue de l'Esprit promis par Jésus comme étant un nouvel événement fondateur d'une Alliance nouvelle et d'un peuple nouveau. Cette nouvelle Alliance dans l'Esprit avait d'ailleurs été annoncée par les prophètes du Premier Testament, notamment Jérémie et Ézéchiel : « Voici venir des jours - oracle de Yahvé - où je conclurai avec la maison d'Israël (et la maison de Juda) une Alliance nouvelle [...] Je mettrai ma Loi au fond de leur être et je l'écrirai sur leur cœur. Alors je serai leur Dieu et eux seront mon peuple » (Jr 31,31-33) ; « Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau » (Ez 36,26). Selon certaines traditions juives développées après l'exil, cette Alliance nouvelle devait concerner toutes les nations. Cette Alliance nouvelle s'est réalisée au moment où Jésus ressuscité, tel qu'il l'avait promis (voir 1, , a communiqué son Esprit à ses disciples réunis. Ceux-ci, alors,« furent tous remplis d'Esprit Saint » (Ac 2,4). Dans les Actes des Apôtres, cet événement intérieur est décrit à l'aide d'images qui évoquent l'événement du Sinaï (« comme un violent coup de vent » ; « comme des langues de feu ») pour bien signifier qu'il s'agit d'un nouveau Sinaï, c'est-à-dire d'un nouvel événement fondateur du peuple de Dieu. Mais la nouveauté de cette Alliance de Dieu avec l'humanité, c'est qu'elle s'étend désormais à toute l'humanité, non plus à un seul peuple choisi. Cette dimension universelle de l'Alliance est bien figurée dans le récit des Actes par la présence de représentants « venus de toutes les nations qui sont sous le ciel » (2,5) et qui peuvent désormais « comprendre dans leur propre langue » (2,6.8.11) - et donc incarner dans leur culture - la Bonne Nouvelle que les disciples ont comme mission d'annoncer. On peut résumer en disant que si la Pentecôte juive célèbre les origines du peuple hébreu comme peuple choisi dans l'Alliance au Sinaï, la Pentecôte que fêtent les chrétiens célèbre la naissance de l'Église, ce nouveau peuple de Dieu, aux dimensions universelles, qui a pris forme lorsque Jésus ressuscité « a reçu du Père l'Esprit Saint promis et il l'a répandu » (Ac 2,33) sur le groupe de ses apôtres et disciples qui ont cru en Lui et ont reçu la mission d'être ses témoins partout dans le monde. https://www.interbible.org/interBible/decouverte/comprendre/2001/clb_011123.htm |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Fête de la pentecôte ou de l'esprist saint Jeu 23 Mai 2024, 13:11 | |
| Pas grand-chose à dire (qu'on n'ait déjà dit) sur cette présentation catéchétique, sinon rappeler que le cinquantième jour ne se compte pas à partir de la Pâque mais du surlendemain de celle-ci, offrande des prémices de la moisson des orges (Lévitique 23), correspondant donc (à un jour près selon qu'on suit les Synoptiques ou Jean) au ("troisième") jour de la résurrection (dimanche, premier de la semaine) dans les évangiles. Dans le calendrier agraire, c'est en gros à la saison des moissons (des orges précoces aux blé et autres céréales tardives) que correspondaient les cinquante jours, systématisés arithmétiquement et tardivement sur le modèle sabbatique cher à la fin du Lévitique (7 x 7, cf. chap. 25ss). Le rapport de la fête à l'"histoire" (sainte), don de la loi au Sinaï, semble encore plus tardif puisqu'il n'a pas trouvé place dans la Torah, bien qu'il soit probablement sous-entendu dans les Chroniques, comme on l'a vu précédemment (14.6.2011, etc.). Que les Actes s'y réfèrent, c'est probable, mais beaucoup de références se confondent dans le récit -- par exemple le motif des langues renverrait plutôt à Babel ou à Sophonie, quoique tout se mêle aussi dans les traditions juives tardives (p. ex. avec l'idée de la Torah offerte à tous les peuples dans toutes les langues mais acceptée seulement par Israël). |
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