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| Le jugement dernier dans le nouveau testament | |
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Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Le jugement dernier dans le nouveau testament Jeu 24 Oct 2013, 17:38 | |
| L'idée d'un jugement dernier est répandue dans le NT. Ce jugement dernier est souvent réalisé en fonction des actes des individus qui entrainent soit la perdition, soit le salut. Paul établi clairement cette forme de jugement en 1 Cor 6, 9-10 :
" Ne savez-vous donc pas que les injustes n'hériteront pas du Royaume de Dieu ? Ne vous y trompez pas ! Ni les débauchés, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les pédérastes, ni les voleurs, ni les accapareurs, ni les ivrognes, ni les calomniateurs, ni les filous n'hériteront du Royaume de Dieu. "
Certains éxégètes indiquent que ce texte ne concerne pas le sort définitif de la personne mais le salut ou la condamnation de la vie présente. (1 Cor 5,17 : " Aussi, si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature. Le monde ancien est passé, voici qu'une réalité nouvelle est là.") D'ailleurs de nombreux textes font référence à un jugement "présent" :
" Il n'y a donc, maintenant, plus aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus Christ. " - Rm 8,1
" Si en effet le ministère de condamnation fut glorieux, combien le ministère de la justice ne le sera-t-il pas plus encore ? " - 2 Cor 3,9 (voir Rm 5, 16-18)
Les individus qui recevoient un jugement négatif se placent, dès à présent, sous la colère de Dieu. |
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| Sujet: Re: Le jugement dernier dans le nouveau testament Ven 25 Oct 2013, 09:32 | |
| Chez Paul on observe la présence de deux thèses, d'une part l'idée que, Tous, en effet, nous comparaîtrons devant le tribunal de Dieu ... Ainsi, chacun de nous rendra compte à Dieu pour soi-même ( Rm 14, 10-12) et d'autre part le concept de salut universel, Car Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire à tous miséricorde, (Rm 11,32).
Il est difficile de concilier ces deux thèses.
Il semble que Paul distingue la personne de ses œuvres :
" Selon la grâce que Dieu m'a donnée, comme un bon architecte, j'ai posé le fondement, un autre bâtit dessus. Mais que chacun prenne garde à la manière dont il bâtit. Quant au fondement, nul ne peut en poser un autre que celui qui est en place : Jésus Christ. Que l'on bâtisse sur ce fondement avec de l'or, de l'argent, des pierres précieuses, du bois, du foin ou de la paille, l'œuvre de chacun sera mise en évidence. Le jour du jugement la fera connaître, car il se manifeste par le feu, et le feu éprouvera ce que vaut l'œuvre de chacun. Celui dont l'œuvre subsistera recevra un salaire. Celui dont l'œuvre sera consumée en sera privé ; lui-même sera sauvé, mais comme on l'est à travers le feu. " (1 Cor 3, 10-15)
Paul exprime une idée étrange, il indique que "Celui dont l'œuvre sera consumée en sera privé", donc ne recevra pas de récompense, le jour du jugement mais il sera sauvé. La mauvaise qualité des œuvres d'un individus ne l’empêche pas d'être sauvé. Le Dieu de Paul, ne détruit pas la personne, même s'il éprouve la valeur de son oeuvre, au jour du jugement ... lui-même sera sauvé.
Question ... sur quoi repose la différence qu'établit Paul entre le "salaire" et le salut ? |
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| Sujet: Re: Le jugement dernier dans le nouveau testament Sam 26 Oct 2013, 10:05 | |
| Il est surprenant de découvrir que Paul quand il annonce la résurrection de toute l'humanité, ne relie pas cet événement au jugement dernier, ainsi en 1 Cor 15,22 Paul déclare :
" comme tous meurent en Adam, en Christ tous recevront la vie "
Au verset 52, il parle de la résurrection des morts au "son de la trompette finale" et pourtant toute notion de jugement dernier est absente.
1 Cor 15, 22 renforce l'idée exprimée en Rm 11, 32, qui veut que la réponse de Dieu face à la désobéissance de tous, soit sa miséricorde étendue à tous. |
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| Sujet: Re: Le jugement dernier dans le nouveau testament Sam 26 Oct 2013, 17:17 | |
| « Quand le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, accompagné de tous les anges, alors il siégera sur son trône de gloire. Devant lui seront rassemblées toutes les nations, et il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres. Il placera les brebis à sa droite et les chèvres à sa gauche. Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en partage le Royaume qui a été préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger ; j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire ; j'étais un étranger et vous m'avez recueilli ; nu, et vous m'avez vêtu ; malade, et vous m'avez visité ; en prison, et vous êtes venus à moi.” Alors les justes lui répondront : “Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te donner à boire ? Quand nous est-il arrivé de te voir étranger et de te recueillir, nu et de te vêtir ? Quand nous est-il arrivé de te voir malade ou en prison, et de venir à toi ? ” Et le roi leur répondra : “En vérité, je vous le déclare, chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces plus petits, qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait ! ” Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : “Allez-vous-en loin de moi, maudits, au feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges. Car j'ai eu faim et vous ne m'avez pas donné à manger ; j'ai eu soif et vous ne m'avez pas donné à boire ; j'étais un étranger et vous ne m'avez pas recueilli ; nu, et vous ne m'avez pas vêtu ; malade et en prison, et vous ne m'avez pas visité.” Alors eux aussi répondront : “Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé ou assoiffé, étranger ou nu, malade ou en prison, sans venir t'assister ? ” Alors il leur répondra : “En vérité, je vous le déclare, chaque fois que vous ne l'avez pas fait à l'un de ces plus petits, à moi non plus vous ne l'avez pas fait.” Et ils s'en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes à la vie éternelle. » - Mt 25, 31 - 46« Mes frères » : normalement, selon l’enseignement de Mt, ce sont les disciples de Jésus qui sont ses frères (voir 12, 48-50 ; 28, 10 ), le récit élargit à tout homme pauvre et dans le besoin, la notion de "frères".Le judaïsme a désigné, maintes reprises, l’obligation de l’aumône :N'est-ce pas partager ton pain avec l'affamé ? Et encore : les pauvres sans abri, tu les hébergeras,si tu vois quelqu'un nu, tu le couvriras :devant celui qui est ta propre chair, tu ne te déroberas pas. - Is 58, 7Celui qui a pitié du faible prête au SEIGNEURqui le lui rendra. - Prov 19, 17 - Citation :
- Cela dit, j'ai relu le texte et je comprends bien la réponse du "roi" comme une révélation de la QUALITÉ de "frères du roi" attribuée aux "plus petits", EXPLIQUANT ainsi qu'en ayant affaire à EUX on avait affaire à LUI.
Pour moi c'est ici l'élément social qui prime (un peu comme dans l'épître de Jacques, qui est thématiquement très proche de Matthieu). Le roi en gloire tout en haut de l'échelle sociale, devant qui tout le monde spontanément se prosterne, s'identifie à ceux qui sont tout au bas de la même échelle, et que les classes moyennes (les vrais destinataires) ont tendance à mépriser. Que ceux-là soient présentés (démonstratif!) au jugement comme des membres de la famille royale, et qu'en les honorant ou en les humiliant on ait honoré ou humilié le roi lui-même, c'est un retournement de situation typiquement... évangélique (les premiers seront les derniers, et vice versa).
De plus tout cela correspondait à une éthique extrêmement répandue, cf. p. ex. Siracide 7,32ss: Tends la main au mendiant, pour que tu sois pleinement béni. Que la faveur de tes dons aille à tous les vivants, au mort même ne refuse pas ta grâce. Ne te détourne pas de ceux qui pleurent, avec les affligés, afflige-toi. N'hésite pas à visiter les malades; c'est pour de telles actions que tu seras aimé. Quoi que tu fasses, souviens-toi de ta fin et jamais tu ne pécheras.
Sans compter que notre texte pourrait bien avoir subi l'influence littéraire directe du Testament de Joseph, où c'est Dieu lui-même qui est le sujet de toutes ces "bonnes actions", dans une formulation étrangement proche (1,4):
Mes frères me haïrent, mais le Seigneur m'aima. Ils voulaient me tuer, mais le Dieu de mes pères me garda. Ils me descendirent dans la Fosse, et le Très-Haut m'en fit remonter. Je fus vendu en esclavage, et le Maître de toutes choses me libéra. Je fus emmené en captivité, et Sa forte main me secourut. Je fus tenaillé par la faim, et le Seigneur lui-même me nourrit. J'étais seul, et Dieu me consola. J'étais malade, et le Seigneur me visita. J'étais en prison, et le Sauveur me fit grâce; dans les chaînes, et il me délia; diffamé, et il plaida pour moi; en butte aux paroles acerbes des Egyptiens, et il me délivra; esclave, et il m'éleva.
Tu penses, bien sûr, ce que tu veux (et ce que tu peux) de tout ça. Tu ne m'empêcheras cependant pas, moi, de penser qu'il y a un contresens massif à voir dans ce texte une invitation à soutenir de son temps et de son argent une organisation internationale au prétexte que ses dirigeants, qui sont loin d'être des nécessiteux, se parent eux-mêmes du titre de "frères du Christ" (cela dit sans mettre en cause le moins du monde la sincérité de leur engagement, et encore moins du tien!).
https://etrechretien.1fr1.net/t507p90-l-evangelisation-dans-le-nouveau-testament
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| Sujet: Re: Le jugement dernier dans le nouveau testament Lun 28 Oct 2013, 15:05 | |
| En Mt 25, 31 - 46 ... nous pouvons noter que le jugement des "mauvais" s'effectue sur la base de reproches qui concernent des fautes par omission ... les mauvais n’ont pas fait ce qu’ils étaient supposés faire et cela par inconscience ( “ Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te donner à boire ? Quand nous est-il arrivé de te voir étranger et de te recueillir, nu et de te vêtir ? Quand nous est-il arrivé de te voir malade ou en prison, et de venir à toi ? ”) et non par refus volontaire. - Citation :
- Intéressant déjà parce qu'hybride quant à son statut: parabole ou allégorie (du berger, des moutons et des chèvres, d'un "roi" jugeant ses sujets) ou bien prophétie, ou plus exactement vision apocalyptique dans la veine hénochienne (où on retrouve le Fils de l'homme et les animaux représentant des catégories d'humains)? Le langage du texte oscille constamment entre ces genres.
Intéressant surtout (et là nous allons heurter de front l'interprétation watchtowérienne) parce que l'ignorance est au centre du récit. Ni les "moutons" ni les "chèvres" ne SAVAIENT que ceux qui avaient faim, soif, étaient les "frères" du roi. Ni que leur action ou omission (car il s'agit bien de faire ou de ne pas faire le bien, ça c'est un thème matthéen habituel, cf. 7,21ss) envers EUX était action ou omission envers LUI... Les actes jugés ont été commis (ou omis) dans l'ignorance totale de l'enjeu (d'où la protestation des uns et des autres, quand t'avons-nous vu...). Ils sont cependant suffisants pour que le jugement soit sans appel.
MAIS (et c'est là que les choses se corsent) mettre en scène l'ignorance, c'est introduire une communication paradoxale ou aporétique: car les auditeurs de la parabole-prophétie, EUX, vont "savoir". Peu importe de ce point de vue à qui identifier les "petits" et les "frères" (aux nécessiteux en général, ou aux missionnaires nécessiteux en particulier, là-dessus les avis sont partagés), ils SAURONT l'enjeu et ne pourront jamais plus se retrouver dans l'étonnement des "moutons" ou des "chèvres". Autre paradoxe: dans la mesure où le critère unique est action OU omission, de quel côté se retrouveront ceux (la majorité sans doute) qui ont tantôt agi, tantôt pas? Réponse logique: des deux côtés à la fois. Cf. dans le reste de l'évangile, celui qui aura donné une coupe d'eau fraîche à un disciple ne perdra pas sa récompense, celui qui aura refusé l'hospitalité est promis au jugement le plus terrible. Même communication paradoxale que dans le sermon sur la montagne où la moindre pensée ou parole mauvaise entraîne le jugement le plus sévère, et où l'absence de jugement fait échapper à tout jugement.
Qu'est-ce qui ressort de tout ça? A mon sens, une invitation à la générosité bien sûr, mais surtout à l'ATTENTION. On a beau savoir, on ne sait jamais. Qu'on ait fait ou qu'on n'ait pas fait par le passé, faire ou ne pas faire est grave. A chaque fois.
Maintenant, si quelqu'un pense qu'il est quitte d'un message aussi complexe, profond et fin que celui-là en adhérant à une institution qu'il a identifiée une fois pour toutes comme la "vraie religion", en versant ses contributions mensuelles et en allant tirer les sonnettes le dimanche matin, c'est son affaire...
https://etrechretien.1fr1.net/t507p75-l-evangelisation-dans-le-nouveau-testament En complément sur l'aspect social du texte : « Il ne nous paraît pas exagéré de dire que, tout au long de ces chapitres, les évocations eschatologiques sur la Fin de l’histoire, et même apocalyptiques sur les catastrophes qui signaleront cette fin, sont mises au service de l’éthique, conformément à l’insistance constante avec laquelle Mt relève la nécessité des œuvres. […] C’est pour souligner l’importance "dernière" des actes d’amour, c’est-à-dire de secours au service des plus petits que Mt donne cette évocation de l’avènement du Fils de l’Homme » (P. Bonnard, L’évangile selon saint Matthieu, p. 364). |
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| Sujet: Re: Le jugement dernier dans le nouveau testament Lun 28 Oct 2013, 17:26 | |
| jugement et salut
Mais, c'est là que le bât blesse, le monothéisme historique, et spécialement chrétien, ne l'a généralement pas entendu de cette oreille. Et surtout pas saint Paul qui, dans la hantise ou l'obsession juridique de sa rhétorique, même contre la loi, pense en juriste -- fût-ce en mauvais juriste. En faisant de la foi un motif non seulement de "salut" mais de justification (d'après la lettre de Genèse xv, 6), c'est-à-dire, au sens judiciaire où il l'entend, d'acquittement, Paul réinscrit l'extra-judiciaire, voire l'antijuridique, dans le champ du juridique et du judiciaire. C'est le "défaut de branchement" qui perturbe tout le système, ou l'empêche de se clore en système. Ceux qui sont sauvés "par la foi", "gratuitement", "par grâce", autrement dit en dehors de toute loi et de tout jugement, atterrissent quand même dans la case (autrement vide du fait du "péché universel") où devrait déboucher un jugement favorable. Pour eux, tout se passe comme s'ils avaient été jugés positivement, acquittés ou même approuvés. Du fait de ce court-circuit, plutôt excès (un tour de trop) que défaut de pensée juridique d'ailleurs, c'est le cœur même du droit -- la loi, non seulement la Torah mais le concept même de loi, nomoV -- qui implose. Pour que Dieu soit juste en justifiant celui qu'il sauve par grâce, il lui faut renoncer à toute référence extérieure à lui-même (la loi, l'écriture même) -- à tout ce qui permettrait en dernier ressort de le juger, de le déclarer juste ou injuste. Aporie qui n'est au fond que l'expression(anti-)juridique de la tautologie fondamentale du monothéisme strict: si "Dieu" fait, détermine la justice, s'il ne peut être que juste, par définition, il n'y a plus aucune raison, aucune base, pour le déclarer juste. Il y a dans l'évangile selon saint Matthieu (dont la tendance anti-paulinienne est bien connue) une parabole assez cruelle, dite du serviteur impitoyable (xviii, 23ss): l'esclave à qui le maître (qui est aussi roi) a, par pitié, remis gracieusement sa dette exorbitante, a le tort de réclamer son dû (par comparaison dérisoire) à l'un de ses compagnons de servitude; après avoir bénéficié d'une grâce, en marge de la loi, il se replace sur le terrain du droit (et de la comptabilité), hors duquel précisément s'était trouvé son "salut". Mal lui en a pris: du fait de cette rupture de ban au deuxième degré (il est revenu sur le territoire et sous la juridiction de la loi dont sa grâce l'avait pour ainsi dire, quoique tacitement, banni en le "sauvant"), sa rémission fond instantanément et rétroactivement en sursis, et en sursis déjà échu.
Ce n'est pas le moindre des paradoxes que l'évangile "légaliste" (cf. v, 17ss) situe ainsi mieux le (non-)lieu, hors-loi, de la "grâce", que l'évangile antinomien de saint Paul qui au nom de la grâce prétend faire table rase de la loi. Paradoxe parfaitement logique cependant: sans loi, plus de hors-loi. La loi chassée par la grande porte revient par toutes les fenêtres. Si l'apôtre le plus antilégaliste passe aussi pour le plus légaliste, c'est injuste sans doute mais pas fortuit. Saint Paul aura eu beau proclamer que tout est permis, il n'en finira plus (toute pseudépigraphie comprise) de légiférer, de faire de tout ce qu'il a opposé à la loi (la foi, l'espérance, l'amour, la grâce, l'utilité, l'édification) une sorte de loi, d'autant plus implacable que honteuse, d'autant plus incontournable et imperméable à l'exception de la grâce qu'elle ne se reconnaîtra pas comme loi.
Être sauvé du jugement, c'est (être condamné à ?) être définitivement injustifié. Saint Paul n'avait évidemment pas lu Sartre (dont il n'est d'ailleurs pas dit qu'il ait mieux échappé à la réinscription fatale du hors-loi dans la loi, en l'occurrence de "l'existentiel" dans le normatif). Qui voudrait d'un "salut" sans jugement, donc sans justification ? Celui-là seul qui n'a pas le choix, qui de toute loi et de tout jugement désespère, d'autant qu'il les prend au sérieux. Et aussi longtemps seulement qu'il ne se prend pas pour un juste, justifié à la faveur de quelque tour de passe-passe, qui aurait à nouveau des droits.
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| Sujet: Re: Le jugement dernier dans le nouveau testament Mar 29 Oct 2013, 11:13 | |
| Pour ma part je ferais la différence entre un "jugement" (qui aboutit normalement à une "condamnation" ou à une "justification", avec éventuellement à la clé châtiment ou récompense -- ou a minima, s'il s'agit simplement de dire le droit, sans conséquence "rétributive", à une "réprobation" ou une "approbation") et la notion paulinienne (non judiciaire au départ) de "salut" ou de "perdition", où le "salut" est un acte positif, tout ce qui n'est pas "sauvé" étant, par défaut, "perdu". En 1 Corinthiens 6,9s je ne vois aucun "jugement". L'accès au "royaume de Dieu" résulte plutôt d'un "salut" exceptionnel, extra-ordinaire, que d'un "jugement" favorable. Tout ce qui n'y accède pas (défini ici par un "catalogue de vices" selon les besoins du contexte, mais plus loin, en 15,50, beaucoup plus globalement, comme "la chair et le sang") est (tout simplement) perdu. La pensée paulinienne de 1 Corinthiens est beaucoup moins juridique et judiciaire ("forensique") que celle de Romains (ou de Galates).
Acte positif aussi, de "salut" donc plutôt que de "jugement", la "nouvelle création" de 2 (et non 1) Corinthiens 5, assez proche de la notion de "royaume de Dieu".
Au passage, l'"actualisation" ou l'"anticipation" (du futur au présent) du jugement est encore plus manifeste chez Jean (3,18ss.36; 9,39 12,31) -- malgré les quelques passages, probablement rajoutés, qui renvoient à un jugement futur (p. ex. 5,28s).
25.10, 8 h 32:
Chez Paul l'idée de jugement futur ne disparaît jamais (à Romains 14,10ss on peut ajouter 2,6.16; 1 Corinthiens 3,13ss; 2 Corinthiens 5,10 etc.). Mais le "salut" en est déconnecté jusqu'à ce que Paul ait l'idée (géniale ? malencontreuse ?) de la "justification" (le mot, avant Romains et Galates, n'apparaît qu'incidemment en 1 Corinthiens 6,11, en parallèle avec la "purification-lavage" et la "sanctification-consécration", notions rituelles et non juridiques; cf. a contrario 4,4, qui montre bien qu'à ce stade la "justification" pour lui n'est pas encore un concept théologique majeur).
Je trouve par ailleurs qu'il est très excessif de parler d'un "concept de salut universel" chez Paul. Il y a à coup sûr un "horizon universel (ou cosmique) du salut" (cf. Romains 8 encore plus clairement que 11,32, et déjà 1 Corinthiens 15), dans la mesure où le tableau final ("Dieu tout en tous", 1 Corinthiens 15,28) ne laisse place à aucune dissonance. On est donc très loin d'une vision classique de l'enfer (tourments éternels des damnés), sans aucun doute, mais en même temps une certaine "perdition" peut trouver sa place ou son "moment" dans cette économie (comme la désobéissance et le rejet qu'elle entraîne ont leur temps dans Romains 9--11). L'intérêt de 1 Corinthiens 3 est peut-être justement de montrer comment il peut y avoir à la fois "salut" et "perte" pour la même "personne", mais cela n'est jamais systématisé en doctrine générale du salut de chacun malgré sa perdition éventuelle -- dommage, ou tant mieux ? Il fallait laisser du boulot aux théologiens ultérieurs (cf. l'apocatastase d'Origène ou de Grégoire de Nysse).
26.10, 9 h 05
Surprenant ? Le lien entre résurrection générale et jugement dernier est peut-être le plus répandu (dès Daniel 12,2s probablement; dans le NT: Jean 5,28s; Actes 24,15; Apocalypse 20,12ss), mais ce n'est pas le seul schéma disponible. Il y a aussi une doctrine de la résurrection des seuls justes (cf. Luc 14,14; 20,35; Philippiens 3,11). Sur la coexistence des deux idées dans le judaïsme préchrétien, je te renvoie à l'article "résurrection" dans l'index de la NBS (p. 1754-5). Il me semble (mais ça se discute) qu'en général Paul (celui des épîtres s'entend, pas celui des Actes) réserve plutôt le terme et l'idée de "résurrection" (comme de "salut" d'ailleurs) aux "élus"; l'harmonisation universelle qui suit la "parousie" et aboutit à l'accord final ("Dieu tout en tous") est décrite comme une soumission de toutes choses en 1 Corinthiens 15, comme un affranchissement de la création en Romains 8: ce n'est ni une "résurrection" ni un "salut" (mais c'est peut-être aussi bien !).Spermologos. |
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| Sujet: Re: Le jugement dernier dans le nouveau testament Mer 30 Oct 2013, 12:03 | |
| - Citation :
- Au passage, l'"actualisation" ou l'"anticipation" (du futur au présent) du jugement est encore plus manifeste chez Jean (3,18ss.36; 9,39 12,31) -- malgré les quelques passages, probablement rajoutés, qui renvoient à un jugement futur (p. ex. 5,28s).
" Dieu, en effet, n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que par lui le monde soit sauvé. Celui qui met sa foi en lui n'est pas jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu'il n'a pas mis sa foi dans le nom du Fils unique de Dieu. Et voici le jugement : la lumière est venue dans le monde, et les humains ont aimé les ténèbres plus que la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. Car quiconque pratique le mal déteste la lumière ; celui-là ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dévoilées ; mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu'il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en Dieu. " - Jn 3, 17-21 Selon ce texte le jugement a lieu à l'instant du "non croire" ( celui qui ne croit pas est déjà jugé). Pour l'auteur quiconque croit au fils ne vient pas en jugement, il est passé de la mort à la vie (5,24), à l'inverse quiconque ne croit est déjà jugé. (" C'est maintenant le jugement de ce monde ; c'est maintenant que le prince de ce monde sera chassé dehors" - 12,31) Le jugement du Fils ne correspond pas une condamnation mais à la mise à jour de l'incapacité de l'humanité à croire et à discerner la vérité. (" vous, vous ne savez ni d'où je viens ni où je vais. Vous, vous jugez selon la chair ; moi, je ne juge personne" - 8,14-15) Ce jugement révèle l'obscurité dans laquelle se trouve les humains ... " voici le jugement : la lumière est venue dans le monde, et les humains ont aimé les ténèbres plus que la lumière " (3,19) Jésus n'est pas venu dans le monde pour le juger ou le condamner mais pour le sauver ... " Si quelqu'un entend mes paroles et ne les garde pas, moi, je ne le juge pas, car je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour sauver le monde. Celui qui me rejette et qui ne reçoit pas mes paroles a bien un juge : c'est la parole que j'ai dite qui le jugera au dernier jour. " (12,47-48) ... ce sont les paroles du Fils qui jugeront celui qui ne croit pas, "au dernier jour". Il me semble que l'évangile de Jean ne developpe pas le concept de jugement/condamnation/destruction mais que ce jugement vise à sauver ... car je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour sauver le monde ... un message positif. |
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| Sujet: Re: Le jugement dernier dans le nouveau testament Jeu 31 Oct 2013, 13:09 | |
| - Citation :
- Quand on parle de salut par grâce, on pense immédiatement à saint Paul, surtout aux épîtres aux Romains et aux Galates, qui s'attachent à montrer que le croyant est sauvé indépendamment de ses œuvres (de ses actes), autrement dit de ce qui fait normalement l'objet d'un jugement. L'idée d'un salut qui fait échapper au jugement (pour divers motifs extra-judiciaires, la foi, l'amour, la compassion, l'obéissance p. ex. -- et pourquoi pas la beauté, la grâce de celui ou celle qui trouve grâce aux yeux de son maître, fût-il son juge ou son bourreau, alors qu'il ou elle est à sa merci), qui sauve du jugement même, n'est pourtant pas (spécifiquement) paulinienne.
On la retrouve dans des textes aussi différents que l'évangile selon saint Jean (v; 24: ὁ τὸν λόγον μου ἀκούων καὶ πιστεύων τῷ πέμψαντί με ἔχει ζωὴν αἰώνιον, καὶεἰς κρίσιν οὐκ ἔρχεταιἀλλὰ μεταβέβηκεν ἐκ τοῦ θανάτου εἰς τὴν ζωήν: celui qui entend ma parole et croit en celui qui m'a envoyé a la vie éternelle, et il ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie) ou l'épître de saint Jacques (ἡ γὰρκρίσις ἀνέλεος τῷ μὴ ποιήσαντι ἔλεος: κατακαυχᾶται ἔλεοςκρίσεως: car le jugement est sans compassion pour qui ne fait pas compassion, la compassion se moque [plus littéralement, s'enorgueillit aux dépens] du jugement); jusque dans l'Apocalypse de saint Jean la juxtaposition dans la scène du "jugement dernier" des livres des œuvres, qui font l'objet et la matière du jugement, et du livre de vie, celui-ci seul permettant en dernier ressort à ceux qui y sont inscrits d'échapper à la "seconde mort", comme si le jugement selon les œuvres non seulement ne suffisait pas mais ne comptait pas, suggère un schéma analogue.
http://oudenologia.over-blog.com/ " Alors je vis un grand trône blanc et celui qui y était assis. La terre et le ciel s'enfuirent devant lui, et il ne se trouva plus de place pour eux. Alors je vis les morts, les grands et les petits, debout devant le trône. Des livres furent ouverts, et un autre livre fut ouvert, qui est le livre de la vie. Les morts furent jugés d'après ce qui était écrit dans les livres, selon leurs œuvres. La mer rendit les morts qui étaient en elle, la mort et le séjour des morts rendirent les morts qui étaient en eux, et ils furent jugés, chacun selon ses œuvres. La mort et le séjour des morts furent jetés dans l'étang de feu. L'étang de feu, c'est la seconde mort. Quiconque ne fut pas trouvé inscrit dans le livre de la vie fut jeté dans l'étang de feu. " Deux procédures semblent être associées, d'une part l'examen et le jugement à partir des œuvres propres à chacun (" Les morts furent jugés d'après ce qui était écrit dans les livres, selon leurs œuvres ") ; d'autre part la référence à une espèce de "prédestination", inscrite dans le "seul" livre de vie (" Quiconque ne fut pas trouvé inscrit dans le livre de la vie fut jeté dans l'étang de feu ") Cette idée de prédestination liée au livre de vie se retrouve au chapitre 17. Dans ce texte, les opposants à Dieu ne figurent pas dans le livre de vie par une sorte de fatalité qui fait d'eux des cas irrécupérables, puisqu'ils ne sont inscrits dans le livre de vie, depuis la fondation du monde.(17, " La bête que tu as vue était, et elle n'est plus. Elle va monter de l'abîme et s'en aller à la perdition. Les habitants de la terre, ceux dont le nom n'a pas été inscrit dans le livre de la vie depuis la fondation du monde " La WT situe le jugement dernier décrit en Apocalypse 20, pendant la grande tribulation qui précède le millénium, or l'Apocalypse indique que ce jugement se déroule à la fin des milles ans (" Quand les mille ans seront achevés, le Satan sera relâché de sa prison " ... " Les morts furent jugés d'après ce qui était écrit dans les livres " ) |
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| Sujet: Re: Le jugement dernier dans le nouveau testament Mar 05 Nov 2013, 15:36 | |
| Dépoussiérer les textesPour Marie Balmary, il est possible de se débarrasser de cet imaginaire terrifiant en dépoussiérant les textes bibliques et en les lisant de très près. Pourtant, après Freud, on a le sentiment que psychanalyse et théologie sont des disciplines antagonistes. Mais la grande valeur de Marie Balmary, c’est de s’être dressée contre son maître sur un point; la psychanalyse freudienne a le mérite d’avoir démasqué les dérives pathologiques du sentiment religieux et des représentations d’un Dieu tyrannique. Mais Marie Balmary n’en reste pas là, convaincue que derrière la pathologie, il y a un reste, celui de Dieu. C’est là que le dialogue avec le théologien devient fécond pour découvrir cet autre Dieu qui appelle à la liberté. - Citation :
- Psychanalyse et théologie sont très proches par la nécessité du même verbe. C’est le verbe interpréter
« Psychanalyse et théologie sont très proches par la nécessité du même verbe. C’est le verbe interpréter »; interpréter une parole qui n’est jamais transparente. Aujourd’hui, on a perdu la nécessité du sens de l’interprétation dans le christianisme, déplore Marie Balmary. Toutefois, la réinterprétation de certains textes bibliques font disparaître le Dieu Juge et apparaître le Dieu de Jésus-Christ: un Dieu qui pardonne et accueil inconditionnellement. Ce que le théologien ne dément guère. Alors pour la psychanalyste, que représentent les Ecritures? Un vis-à-vis symbolique qui éclaire le vécu humain? A vrai dire, plus Marie Balmary approfondit la Bible, plus elle remarque que la Bible est en accord avec l’expérience clinique et ses réalités anthropologiques. Et c’est une sujet d’étonnement, car les textes ne font pas seulement office de miroir. « Dans le vécu humain, il peut y avoir deux révélations: celle de sa propre âme et une Révélation divine. » Marie Balmary s’étonne de voir les deux correspondre et se rejoindre. Ce qui est libérateur dans la Bible l’est également dans le travail analytique. Du Dieu culpabilisant au Dieu personnelPour l’analyste, « les textes bibliques permettent de passer du Dieu culpabilisant et terrifiant au Dieu personnel qui parle au plus profond de la conscience humaine». Ce qui n’exclut pas des critères de bien et de mal, ni un Jugement. Mais pour Marie Balmary, le Jugement divin appelle à être soi. Le mal serait tout ce qui distrait de soi et dénature l’être profond.Pour le théologien, si le Jugement interpelle et demande d’être soi, on ne peut être soi que dans la réponse au désir de Dieu. S’il existe un Jugement, c’est Dieu qui nous prend au sérieux et nous institue en hommes et femmes responsables. Le Jugement est un appel à la responsabilité. Reste que tous deux s’accordent pour dire que le Jugement est un mystère indépassable. Il ne conduit ni à l’enfer, ni à la torture. Pourtant au-delà des projections de l’imagination humaine, les souffrances de l’enfer existent bel et bien: dans les cauchemars, dans la vie sur terre ou dans le fait de savoir que l’on n’a pas fait de sa vie ce que l’on aurait dû. Dans le fait de faire subir à autrui ce que l’on n’a pas « digéré » soi-même. « L’enfer est peut-être une contrée de la vie psychique. » En s’enracinant dans la découverte de l’inconscient, Marie Balmary, à la différence du théologien, se trouve plutôt du côté des accoucheurs, car le voyage dans les textes bibliques est un peu différent lorsqu’on cherche comment se font les métamorphoses humaines. Pour elle, c’est en naissant à soi-même que l’on échappe au Jugement divin. « Et la Bible comme la psychanalyse ont un rôle à jouer, en n’ayant pas d’autre arme que la parole. » http://www.protestinfo.ch/201301106315/6315-au-chevet- jugement-dernier.html |
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| Sujet: Re: Le jugement dernier dans le nouveau testament Mer 06 Nov 2013, 16:01 | |
| " s'il est vrai qu'il est juste, de la part de Dieu, de rendre de la détresse à ceux qui vous causent de la détresse, et de vous donner, à vous qui êtes dans la détresse, du repos avec nous, lorsque le Seigneur Jésus se révélera du ciel avec ses anges puissants, dans un feu flamboyant, pour faire justice contre ceux qui ne connaissent pas Dieu et ceux qui n'obéissent pas à la bonne nouvelle de notre Seigneur Jésus. Ceux-là auront pour juste châtiment une destruction éternelle, loin du Seigneur et de sa force glorieuse quand il viendra pour être glorifié dans ses saints et reconnu avec étonnement dans tous ceux qui auront cru — or vous avez cru notre témoignage — oui, en ce jour-là. " - 2 Thess 1, 6-10 Ce texte indique que le jugement de Dieu trouve sa légitimité et son sens dans la souffrance des croyants, (" de rendre de la détresse à ceux qui vous causent de la détresse "), avec une issue heureux pour les croyants (" et de vous donner, à vous qui êtes dans la détresse, du repos avec nous, lorsque le Seigneur Jésus se révélera du ciel avec ses anges puissants") Ensuite, il y a un second developpement du jugement divin qui traite du chatiment que méritent ceux qui refusent d'écouter l'Evangile (" pour faire justice contre ceux qui ne connaissent pas Dieu et ceux qui n'obéissent pas à la bonne nouvelle de notre Seigneur Jésus") La particularité de ce texte, c'est que le jugement divin prend en compte l'affliction des croyants. Concernant la sanction (" Ceux-là auront pour juste châtiment une destruction éternelle, loin du Seigneur et de sa force glorieuse "), plus qu'un anéantissement final ... le chatiment est présentée comme destruction qui se traduit par une séparation ... loin du Seigneur et de sa force glorieuse. (Chatiment analogue en Mt 7,23 : " Alors je leur déclarerai : « Je ne vous ai jamais connus ; éloignez-vous de moi, vous qui faites le mal ! ») Le fait que cette sanction ne correspond pas à un véritable anéantissement mais à une séparation éternelle par rapport à Dieu, est confortée par des textes de l'épîtres où le salut est conçu comme une réunion avec Dieu : (2,1) " Nous vous le demandons, frères, en ce qui concerne l'avènement du Seigneur Jésus-Christ et notre rassemblement auprès de lui " (1,10) " quand il viendra pour être glorifié dans ses saints et reconnu avec étonnement dans tous ceux qui auront cru — or vous avez cru notre témoignage — oui, en ce jour-là. " La sanction peut être comprise comme une destruction éternelle qui automatiquement, éloigne de Dieu |
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| Sujet: Re: Le jugement dernier dans le nouveau testament Jeu 07 Nov 2013, 11:34 | |
| Je ne pense pas qu'il soit possible (ou du moins judicieux) d'affaiblir le sens d'olethros en-deçà de la "destruction". C'est la mort tout simplement, avec quelquefois une nuance de "décomposition" très proche de la phthôra (que les traductions classiques rendent par "corruption"). Cf. les autres emplois du même mot en 1 Corinthiens 5,5 (l'"excommunication" équivaut à une condamnation à mort, que l'auteur imagine probablement suivie d'effet réel -- comme dans le cas d'Ananias et Sapphira en Actes 5; la seule réserve ici, c'est qu'elle ne concerne que la "chair", "l'esprit" étant sauvé au "jour du Seigneur"; donc -- dans ce cas précis -- ce n'est rien de moins que la mort, mais rien de plus non plus: on n'est pas, comme dans d'autres textes, dans la perspective d'un tourment -- ni même d'une séparation -- éternelle); 1 Thessaloniciens 5,3; 1 Timothée 6,17 (en parallèle avec apôleia, perdition). Cf. les formes personnelles voisines olothreutès (1 Corinthiens 10,10) et olothreuôn (Hébreux 11,28), qui désignent "le destructeur", avec référence probable à celui que la tradition juive appelle "l'ange de la destruction" (ml'k h-mšhyt) ou "l'ange de la mort" (ml'k h-mwt) dans le contexte de l'Exode ou du désert, et le verbe exolethreuô en Actes 3,23, "être détruit" (avec peut-être une nuance du préfixe ex, mais ambiguë: ou bien "complètement détruit", ou bien "détruit [et retranché] du milieu du peuple"). Une destruction éternelle n'est pas un châtiment éternel (là-dessus, et pour ce texte particulier, c.-à-d. contrairement à d'autres textes qui, eux, parlent bien de châtiment ou de tourments éternels, la WT a raison à mon avis). S'agissant de destruction la qualification "éternelle" ne signifie rien d'autre que "définitive" ou "irréversible".
L'idée de "séparation" qui se lit souvent dans les traductions et les commentaires de 2 Thessaloniciens 1,9 n'a rien à voir avec le mot olethros ("destruction"); elle vient d'une interprétation possible (mais pas certaine) de la préposition "ablative" (apo + génitif, à peu près l'équivalent de l'anglais from) qui suit. Elle peut indiquer en effet une "provenance", et par extension un "éloignement": loin de la face du Seigneur et de la gloire de sa force. Mais elle peut aussi désigner plus simplement la "cause" ou l'"agent" de l'action (en l'occurrence la destruction): par la face du Seigneur, de la part (de la face) du Seigneur, auquel cas il n'y a aucune image d'éloignement (je regrette au passage que la NBS n'ait pas signalé cette ambivalence).(Spermologos) |
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| Sujet: Re: Le jugement dernier dans le nouveau testament Mer 13 Nov 2013, 10:38 | |
| Le jugement dernier
Luther, dans sa préface au Premier volume des oeuvres latines (1545), écrit : « Je m’indignais contre ce Dieu, nourrissant secrètement sinon un blasphème, du moins un violent murmure, je disais : comme s’il n’était pas suffisant que des pécheurs misérables et perdus éternellement par le péché originel soient accablés de toutes sortes de maux par la loi du Décalogue, pourquoi faut-il que Dieu ajoute la souffrance à la souffrance et dirige contre nous, même par l’Évangile, sa justice et sa colère ? » Le murmure de Luther repose sur une logique implacable. Si l’homme est pécheur, un Dieu de justice ne peut le secourir. Pécheur, l’homme l’est assurément, pour Luther, non pas tant à cause des actes qu’il pose, qu’en vertu de la précédence du mal qui entache la nature humaine. Luther relève alors « l’enchaînement des mots [de ce passage de l’Épître de Paul aux Romains] : la justice de Dieu est révélée en lui, comme il est écrit : le juste vit de la foi ». Luther soutient alors que « la justice de Dieu est celle par laquelle le juste vit du don de Dieu, à savoir la foi ». La justice de Dieu n’est pas relative à un mal commis ou subi, elle est « passive », elle est « ce que Dieu opère en nous », ce qui nous rend « plaisants » à ses yeux. La justice divine n’est pas une punition mais ce qui rend l’homme agréable à Dieu, ce qui le sauve à son insu. Guéri de sa « rage », voilà que Luther se sent « un homme né de nouveau et entré, les portes grandes ouvertes, dans le paradis même ». S’il est à chercher une justice du côté de Dieu, celleci dérogera toujours, pour le protestantisme en général, aux règles de la mutualité. La justice divine ne peut être que don et grâce. Elle ne satisfait aucune requête et n’est l’addition d’aucun calcul. On relèvera aussi que ce jugement dernier renvoie à l’idée d’un Dieu qui est parfois, aussi, un Dieu en colère contre un monde devenu barbare. La Bible nous enseigne que ce jugement ne s’applique d’ailleurs pas tant à une personne particulière qu’au mal qui la ronge ou qu’elle commet. Croire en un Dieu juge, c’est croire en un Dieu qui refuse d’abdiquer devant le mal et la souffrance. C’est un Dieu en action et en lutte, qui nous empêche de rester les bras croisés devant la souffrance humaine. Ce jugement dernier peut aussi nous ramener à l’idée que nous n’avons pas le dernier mot sur nous-mêmes et sur les autres. Le sens ultime de notre existence nous échappe. S’il convient de juger, d’exercer son esprit critique, comme de se remettre en question, il convient aussi de se souvenir que ce même jugement reste relatif et incomplet. L’autre n’est pas réduit au jugement que nous pouvons émettre à son sujet. Ceci est aussi vrai de Dieu, comme il est magnifiquement écrit dans la première Épître de Jean : « Si notre coeur nous condamne, Dieu est plus grand que notre coeur. » Le jugement dernier désigne peut-être, enfin, ce moment charnière où nous sommes touchés par le sens véritable d’une parole, d’une action, d’une vie. C’est cet instant, libérateur ou fatidique, où le sens dernier d’un geste, d’un mot, d’un événement nous saisit et nous transforme. Et plus rien désormais ne sera comme avant… Par rapport à la conception traditionnelle du jugement dernier, Alfred de Vigny opère un renversement étonnant qui constitue une salutaire provocation : « Ce sera ce jour-là que Dieu viendra se justifier devant toutes les âmes et tout ce qui est vie. Il paraîtra et parlera, il dira clairement pourquoi la création et pourquoi la souffrance et la mort de l’innocence, etc. En ce moment, ce sera le genre humain ressuscité qui sera le juge, et l’Éternel, le Créateur, sera jugé par les générations rendues à la vie. »(Journal, 15 sept. 1862) * Raphaël Picon
http://www.evangile-et-liberte.net/article_58_Le-jugement-dernier
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| Sujet: Re: Le jugement dernier dans le nouveau testament Ven 15 Nov 2013, 10:50 | |
| Paul développe l'idée que le monde est sous le jugement de Dieu ( I Cor 11:32), ce qui rend nécessaire la réconciliation, II Cor 5:19 :
" Car Dieu était dans le Christ, réconciliant le monde avec lui-même, sans tenir compte aux humains de leurs fautes, et mettant en nous la parole de la réconciliation " |
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| Sujet: Re: Le jugement dernier dans le nouveau testament Jeu 17 Oct 2024, 13:18 | |
| "Lorsque le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, avec tous les anges, il s'assiéra sur son trône glorieux. Toutes les nations seront rassemblées devant lui. Il séparera les uns des autres comme le berger sépare les moutons des chèvres" (Mat 25,31-32)
"Jésus leur dit : Amen, je vous le dis, à vous qui m'avez suivi : à la Nouvelle Naissance, lorsque le Fils de l'homme s'assiéra sur son trône de gloire, vous aussi vous serez assis sur douze trônes pour juger les douze tribus d'Israël" (Mat 19,28).
"Car le Fils de l'homme va venir dans la gloire de son Père, avec ses anges, et alors il rendra à chacun selon sa manière d'agir" (Mat 16,27).
L'évangile de Matthieu nous propose de nombreux textes qui dépeignent le fils de l'homme (Jésus ???) entrain de juger, mais apparemment dans des contextes différents et donc à des époques supposées différentes. La NBS porte cet intitulé au chapitre 25 : Le jugement dernier. |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Le jugement dernier dans le nouveau testament Jeu 17 Oct 2024, 14:44 | |
| Je (re-?)découvre ce fil que tu avais mené tout seul (ou presque, puisque j'y vois des citations) en 2013... il y en a d'ailleurs plusieurs autres qui le recouperaient (de Matthieu à l'Apocalypse, s'il s'agit du NT). Sur "les brebis/moutons/ovins et les chèvres/boucs/caprins" de Matthieu 25 (en traduction, la volonté d'inclusivité quant au "genre" de chaque "espèce" le dispute aux problèmes de niveau de langue et de connotation plus ou moins péjorative des différents termes), l'essentiel me semble avoir été dit ( supra 26-28.10.2013). Plus généralement, tout dépend ce qu'on entend par " jugement dernier": dans un schéma dogmatique strict, qui relève évidemment d'une synthèse doctrinale des textes "canoniques" et non de l'exégèse de chaque texte dans son propre contexte, c'est un "événement" particulier, unique et universel (on pourrait dire cosmique si l'Apocalypse ne le situait pas entre deux "mondes" -- intercosmique peut-être dans ce cas) dans un scénario eschatologique: les morts, ou les vivants et les morts rassemblés, toutes les vies, chaque acte, chaque parole, chaque geste de toute histoire jugés ensemble simultanément, individuellement et dans leurs relations mutuelles, leurs causes et leurs effets (ce qui, si on devait l'imaginer, prendrait infiniment plus de temps que l'histoire elle-même, sauf "éternité" où toutes les apories temporelles deviennent possibles, fût-ce dans l'instantané d'un regard absolu, idéal et panoptique, qui rendrait simultané, comprésent, comparaissant, ce qui n'a pourtant été ce qu'il a été que de ne pas être simultané, ni comprésent, et le fausserait du même coup: on peut penser à l' aleph de Borges). Concept dogmatique qui (outre les apories abyssales de la parenthèse précédente) pose d'infinis problèmes dogmatiques, notamment celui de "l'état intermédiaire" des individus (entre leur mort individuelle et le " jugement dernier": sommeil, inexistence, béatitude, tourment rédempteur ou non, purgatoire ou enfer avant le jugement dernier et/ou après). Toutefois la formule " jugement dernier" est assez intégrée dans le langage courant pour être employée de façon plus lâche ou vague qui n'implique aucune définition dogmatique précise (si je me souviens bien, les intertitres de la NBS ont été généralement récupérés, par décision des éditeurs et sauf objection particulière, d'une édition abrégée de la TOB antérieurement mise au point par J.M. Babut): peu importe en l'espèce, puisqu'on peut aussi bien lire le " jugement dernier" de Matthieu comme une "parabole" que comme une "prophétie", ainsi qu'on l'a remarqué plus haut. Si l'on revient aux textes il faut un peu oublier la dogmatique: ni dans Matthieu 25 ni dans les autres passages que tu cites, chapitres 16 et 19, il n'est question (explicitement) des morts, contrairement à l'Apocalypse; et ce qui ressemble à une "résurrection générale", au moment de la mort de Jésus au chapitre 27, se limitera en fait aux "saints": entre résurrection des justes et des injustes impliquant un " jugement dernier", et résurrection des justes seulement qui le rendrait inutile, les textes varient. Sur le " jugement" dans Matthieu, il faudrait aussi comparer 5,21s.25; 7,1s; 10,15; 11,22ss; 12,27.36.41; 23,33: je ne suis pas sûr qu'on puisse en tirer une "doctrine" cohérente, a fortiori un "scénario eschatologique". Cependant il y a peut-être quelque chose d'indépassable et/ou d'indéconstructible dans la notion de " jugement dernier", dont je constate qu'elle m'a fasciné depuis longtemps (voir éventuellement ici ou là): un désir irrépressible que l'histoire, que toutes les histoires et tous leurs personnages s'ex-pliquent enfin au grand jour, une fois pour toutes, au vu et au su de tous: chaque désir de "justice", chaque sentiment d'"injustice", chaque ressentiment, chaque vérité, condamnation ou justification frustrée dans la vie réelle (tu verras bien, un jour tu verras, tu sauras, tu comprendras, rira bien qui rira le dernier) renvoie à un horizon eschatologique qui n'est plus pensable que comme un absolu impensable. J'ai découvert récemment un film muet de Victor Sjöström (bien connu à la fin de sa vie comme acteur principal des Fraises sauvages de Bergman, mais il avait été lui-même auparavant un très grand cinéaste: La charrette fantôme, Le vent, etc.), He who gets slapped (Celui qui reçoit les gifles, en français Larmes de clown, 1924, tout juste un siècle), qui illustrerait très bien cela: c'est l'histoire d'un savant dépouillé de sa découverte et de sa femme par son mécène, qui devient clown dans un cirque où son numéro consiste à recevoir des claques, jusqu'à un retournement de situation final où le méchant est puni, mais où la victime meurt aussi, pour sauver un nouveau couple d'amoureux. La justice, la vengeance, la rétribution, la rédemption, la restauration, la justification, le pardon, jusqu'à la claque rendue ou redoublée (tendre l'autre joue) disent au fond la même chose, la nécessité pour chaque événement singulier, action ou passion, de se répliquer comme dans un miroir, en parole, en écriture, en image, en imagination, en acte, en rêve, en fiction, pour dire quelque part sa "vérité" éternelle, comme si le temps même de l'événement n'y suffisait pas. |
| | | free
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| Sujet: Re: Le jugement dernier dans le nouveau testament Lun 21 Oct 2024, 13:32 | |
| "Alors le signe du Fils de l'homme paraîtra dans le ciel, toutes les tribus de la terre se lamenteront, et elles verront le Fils de l'homme venant sur les nuées du ciel avec beaucoup de puissance et de gloire. Il enverra ses anges avec une grande trompette, et ils rassembleront des quatre vents, depuis une extrémité des cieux jusqu'à l'autre, ceux qu'il a choisis" (Mt 24,30-31).
"Lorsque le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, avec tous les anges, il s'assiéra sur son trône glorieux. Toutes les nations seront rassemblées devant lui. Il séparera les uns des autres comme le berger sépare les moutons des chèvres" (Mt 25,31-32).
Peut-on établir un lien ces deux textes, décrivent-ils le même évènement ?
Mt. 24/30, décrit le Fils de l'Homme, à la vue duquel les tribus de la terre se lamentent, ce qui impliquerait que ce deuil des nations est le signe du Jugement universel qui sera exercé par le Fils de l'Homme. |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Le jugement dernier dans le nouveau testament Lun 21 Oct 2024, 14:16 | |
| Le lien me paraît assez évident, surtout sur le fond de la littérature "apocalyptique" antérieure et contemporaine, de Daniel aux "Paraboles" de 1 Hénoch notamment, quant à l'association du " Fils de l'homme" et du " jugement"... Par contre on peut toujours se demander s'il s'agit d'un "événement", ou de quel genre d'"événement" il s'agit, en particulier au chapitre 25 dont la rédaction hésite, comme on l'a vu, entre "prophétie" (au sens ordinaire, relativement peu "biblique" d'ailleurs, de "prédiction" d'événements réels à venir) et "parabole" (sans référence à un événement réel). Au chapitre 24 (// Marc 13) il y a moins d'hésitation, puisqu'on est dans un "discours eschatologique" qui annonce à première vue des "événements à venir", en utilisant certes des "paraboles" mais en les distinguant clairement du discours principal. Dans les deux types de texte on trouve du récit (au futur) et de la description (image, représentation, mise en scène), mais ils ne se réfèrent pas nécessairement à la même "chose", au même genre de "scène". Du reste, même à tout prendre au sens de "prédiction réaliste", on n'aboutirait pas pour autant à un "scénario" cohérent à partir de l'un ou de l'autre chapitre, a fortiori des deux. Certes on peut toujours imaginer des liens narratifs et séquentiels entre les deux: par exemple, le Fils de l'homme et les anges rassemblent d'abord les "élus", puis les "nations"... En tout état de cause, le lecteur scénariste porterait l'entière responsabilité de l'"invention" du scénario -- il ne pourrait pas prétendre l'avoir trouvé tel quel ni dans ces deux chapitres, encore moins dans l'ensemble de l'évangile (sur les "élus" ou "choisis" voir aussi 20,16; 22,14; 24,22ss) ou dans le NT en général. Quel rapport, par exemple, entre le " jugement" des "tribus d'Israël" par les Douze (y compris Judas ?) au chapitre 19 et le jugement des "nations" (chap. 25) où les "élus" n'apparaissent pas, où les "frères" sont présent(é)s (ceux-ci, que voici, ici, démonstratif et/ou locatif) sans être pour autant juges, ni jugés ? Alors que par ailleurs on serait jugé par ses fils, les habitants de Ninive ou la reine de Saba (12,27.41s) ?
Dernière édition par Narkissos le Lun 21 Oct 2024, 14:53, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Le jugement dernier dans le nouveau testament Lun 21 Oct 2024, 14:51 | |
| En Matthieu, le jugement est essentiellement une opération de tri, ou le Juge opère un tri entre deux catégories de personnes, les bons et les méchants, il n'y a pas de troisième voie. C'est l'acquittement ou le châtiment éternel.
"Laissez croître ensemble l'un et l'autre jusqu'à la moisson ; au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Arrachez d'abord la mauvaise herbe et liez-la en gerbes pour la brûler, puis recueillez le blé dans ma grange" (Mt 13,30).
"Ainsi, tout comme on arrache la mauvaise herbe pour la jeter au feu, de même en sera-t-il à la fin du monde. Le Fils de l'homme enverra ses anges, qui arracheront de son royaume toutes les causes de chute et ceux qui font le mal" (mt 13,40-41). |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Le jugement dernier dans le nouveau testament Lun 21 Oct 2024, 15:10 | |
| J'ai rajouté un (tout) petit paragraphe à la fin de mon post précédent avant de voir le tien, pour donner quelques exemples du "jugement selon Matthieu" qui ne se laissent pas aisément réduire à un schéma logique ou à un scénario narratif cohérent. A mes yeux ce n'est pas du tout une "critique", bien au contraire, c'est le grand mérite d'un texte de résister à ce genre de réduction: peut-être tout texte y résiste-t-il, mais plus ou moins bien...
Comme on l'a vu maintes fois ailleurs, l'idée d'un jugement "binaire", oui ou non, blanc ou noir, salut ou perdition, peut être tout aussi trompeuse, ou du moins réductrice: on trouve également dans les paraboles l'idée de punition ou de récompense graduée (ou non, chap. 20 !), les "frères" du chapitre 25 ne sont pas forcément les "brebis/moutons/ovins" qui leur ont fait du bien, le salut promis à celui qui endure jusqu'à la fin n'empêche pas la récompense accordée à celui qui aura offert, un jour, le moindre verre d'eau... Rien n'est simple, et ça ne se laisse pas plus facilement ranger en une hiérarchie de "classes" que dans un scénario eschatologique.
Dernière édition par Narkissos le Lun 21 Oct 2024, 15:24, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Le jugement dernier dans le nouveau testament Lun 21 Oct 2024, 15:19 | |
| - Narkissos a écrit:
- J'ai rajouté un tout petit paragraphe à la fin de mon post précédent avant de voir le tien, pour donner quelques exemples du "jugement selon Matthieu" qui ne se laissent pas aisément réduire à un schéma ou à un scénario cohérent. A mes yeux ce n'est pas du tout une "critique", bien au contraire...
Comme on l'a vu maintes fois ailleurs, l'idée d'un jugement "binaire", oui ou non, blanc ou noir, salut ou perdition, peut être tout aussi trompeuse, ou du moins réductrice: on trouve également dans les paraboles l'idée de punition ou de récompense graduée (ou non, chap. 20 !), les "frères" du chapitre 25 ne sont pas forcément les "brebis/moutons/ovins" qui leur ont fait du bien, le salut promis à celui qui endure jusqu'à la fin n'empêche pas la récompense accordée à celui qui leur offre le moindre verre d'eau... Rien n'est simple, et ça ne se laisse pas plus facilement ranger en une hiérarchie de "classes" que dans un scénario eschatologique. En Mt 25, le critère du jugement se réduit à seulement : " En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de mes plus petits frères que voici, c'est à moi que vous l'avez fait " (Mt. 25/40), donc les hommes seraient jugés selon leur charité envers les pauvres, les malades et tous ceux qui se trouvent dans une situation matérielle précaire. Etonnant, pour un évangile qui prône une éthique élevée. |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Le jugement dernier dans le nouveau testament Lun 21 Oct 2024, 15:35 | |
| Décidément nos posts se chevauchent -- on pourra toujours s'amuser à comparer ta citation et les modifications que j'y ai apportées entre-temps.
Une "éthique élevée" jusqu'à l'absolu (la "perfection" ou l'"accomplissement", teleios etc. en termes matthéens) devient aussi paradoxale, ou aporétique, elle se retourne en indifférence morale absolue (les mauvais et les bons, les justes et les pécheurs, peu importe), et son intransigeance en tolérance universelle. Je me souviens que R.M. Price parlait, par référence au bouddhisme, de "christianisme mahayana" et "hinayana", de voie "large" ou "étroite", pour caractériser les deux pôles; mais l'intérêt de Matthieu c'est que les deux s'y côtoient, jouant l'un avec (contre, de) l'autre: la sainteté superlative et paradoxale, ce serait justement de ne plus opposer le saint et le profane, le bon et le mauvais, le juste et le pécheur, et cette exigence absolue serait aussi celle de la plus grande tolérance, ou indifférence.
Pour rappel, Matthieu 25 offre un critère assez problématique pour un "jugement dernier", si l'on entend celui-ci à la façon traditionnelle d'un jugement individuel qui totaliserait les actions ou les omissions de chaque individu dans toute sa vie: qui n'aurait jamais eu un acte de bonté ? qui n'aurait jamais omis d'en avoir un quand il aurait fallu ? qui, en somme, ne se retrouverait pas des deux côtés à la fois, puisqu'il n'est nulle part question de balance ? |
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| Sujet: Re: Le jugement dernier dans le nouveau testament Mar 22 Oct 2024, 10:41 | |
| Le Jugement dernier Par Pierre Gervais
Élargir la figure du jugement
Sur un autre registre, celui de l’apocalyptique, toujours en regard d’un terme à l’histoire, intervient la figure du Fils de l’Homme. Figure céleste qui prend visage d’homme, celui-ci vient vers l’Ancien pour recevoir de lui domination éternelle sur toute les nations (Daniel 7,13). Le Christ des évangiles s’est approprié de façon privilégiée cette figure tout au long de sa vie publique, au point de s’identifier à elle : « Car le Père en effet dispose de la vie. Ainsi a-t-il donné au Fils d’en disposer lui aussi parce qu’il est le Fils de l’Homme » (Jean 5,26-27). Dans la parabole du Jugement dernier de l’Évangile de Matthieu, c’est précisément en tant que Fils de l’Homme venant dans sa gloire, escorté de ses anges (Matthieu 25,31), que le Christ prend les attributs de roi et de juge pour juger les nations rassemblées devant lui. Toujours selon saint Matthieu, c’est au titre de Fils de l’Homme que, siégeant sur son trône, le Christ appellera ses disciples à siéger avec lui sur douze trônes pour juger les douze tribus d’Israël (Matthieu 19,28). Saint Paul ne dira-t-il pas que « les saints jugeront le monde » (1 Corinthiens, 6,2) ?
Le Christ du Jugement dernier rassemble ces figures diverses de l’Ancien Testament, constituant leur point de convergence, sans être pour autant lui-même figure, puisqu’il les accomplit toutes en sa personne dans le geste qu’il pose alors en cet instant et qui englobe tous les temps. Au jugement dernier, le Christ est tout à la fois le juge devant lequel se tiennent pour rendre compte de leurs actes les hommes de toute race et de toute langue ; l’avocat qui, à l’image du Serviteur souffrant, plaide et intercède pour eux, opérant alors un jugement qui est un jugement de salut. En effet, si douleur et repentir il y a, à cet instant, à la vue de ses péchés, cette douleur et ce repentir sont d’abord la douleur et le repentir que provoque la vue de celui qui en porte la marque : « Ils verront celui qu’ils ont transpercé » (Jean 19,37). Enfin, c’est en tant que Fils de l’homme que le Christ institue juges et intercesseurs avec lui pour le salut du monde ceux qu’il associe à son mystère de mort et de résurrection. Au Jugement dernier le salut apporté par le Christ se révèle dans toutes ses dimensions personnelles et collectives.
Paul Ricœur a montré à quel point le symbolisme juridique que met en œuvre le Jugement dernier « gonfle de sens la notion de pardon » tout en manifestant « la dimension cosmique et communautaire en même temps que la tension temporelle de l’espérance ».
Sans ce relais de ces images de la Fin, fait-il remarquer, la justification retomberait à la petite histoire, subjective et individuelle, telle que le piétisme de tous les temps la récite ; par la mise en scène du grand procès entre Dieu et ses élus d’une part, l’adversaire et les siens d’autre part, quelque chose d’unique est signifié, quelque chose qui ne passe pas dans les réductions individualistes et subjectives du pardon [2].
Ainsi se trouvent mises en lumière et assumées, dans le salut offert, toutes les composantes de la condition humaine, dans son rapport à soi-même comme dans son rapport à autrui et à la création tout entière.
La symbolique du procès eschatologique met d’abord en présence d’une initiative divine. Cette initiative est celle du Père de miséricorde, lui dont la miséricorde s’atteste précisément dans le jugement qu’il confie au Fils, jugement qui est tout à la fois acquittement de la dette et pardon. « Dieu n’a pas envoyé le Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par son entremise » ( Jean 3,17). Embrassant tout le cours de l’histoire humaine, ce jugement est d’ordre trinitaire. C’est à ce titre que, dans le don qu’il constitue, il est à l’origine de tout mouvement de conversion dû à l’initiative humaine, avec toutes ses composantes psychologiques.
À vrai dire on ne prend la mesure du pardon ainsi offert au dernier jour qu’en revenant toujours à nouveau à ces figures de l’Ancien Testament qui mettent en présence du Christ tout en faisant partie de la trame de la Promesse qui va du premier Adam à sa personne, pour reprendre la terminologie de saint Paul. Ainsi, dans sa réalité vécue, le pardon ne se donne à reconnaître pour ce qu’il est qu’en référence à celui qui, en cette heure, est tout à la fois lui-même dans son identité propre et indissolublement tous ceux auxquels il s’identifie en sa personne pour ne faire qu’un avec eux. Sans cette référence au Christ, le pardon risquerait de se refermer sur ce qui est seulement intérieur et individuel. Quelque chose d’essentiel en serait alors perdu. En ce qu’il a de subjectif et d’observable, le pardon n’est que la trace de ce qui advient en lui, dans le passage qu’il opère de l’incorporation au premier Adam à celle de l’homme nouveau dans le Christ. D’où l’importance que revêt l’analogie juridique dans son application au Jugement dernier pour rendre compte du pardon en toutes ses composantes, ce qu’à elle seule l’analogie mystique de l’union de l’âme avec Dieu ne peut pas faire. D’où aussi la portée du procès eschatologique qu’engage cette analogie.
Or ce jugement eschatologique s’opère d’abord en tout homme à l’heure de sa mort. De fait, ce n’est qu’à l’entrée dans le deuxième millénaire, alors que se posait la question du sort de l’âme immédiatement après la mort, que s’est thématisée en théologie la problématique d’un jugement particulier distinct du jugement général. À l’heure de la mort qui par définition est celle de la séparation de l’âme et du corps, chacun se retrouve en effet au tribunal de Dieu, appelé à rendre compte de sa vie dans un acte libre qui en assume la totalité. Soit que, par-delà tout jugement qu’elle porte sur elle-même en cet instant devant Dieu, l’âme s’en remette au jugement du Christ sur elle, se configurant ainsi dans sa propre mort à celle du Christ mort pour elle. Elle accède alors, dans le pardon reçu, au Ciel, quelle que soit la purification qu’elle doive subir pour la trace que laissent en elle les fautes commises. Soit qu’elle se refuse à ce jugement de salut en s’enfermant dans sa propre mort. Elle se condamne alors à la peine éternelle de l’Enfer. Un même jugement de salut qui, de par sa nature même, fait passer de la mort à la vie devient, en regard de son acceptation ou de son refus, jugement qui départage entre vie éternelle et damnation éternelle.
https://shs.cairn.info/revue-communio-2018-6-page-121?lang=fr |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Le jugement dernier dans le nouveau testament Mar 22 Oct 2024, 11:27 | |
| Là on n'est plus du tout dans le Nouveau Testament, ni dans l'exégèse, mais dans une perspective dogmatique (catholique) où les textes "bibliques" sont utilisés comme des matériaux, arrachés à leurs contextes respectifs et intégrés à une structure systématique (déclarations conciliaires, confessions de foi, catéchisme) qui ne leur doit (presque) rien -- comme les pierres indifférentes dans l'architecture d'une cathédrale ou d'un bordel ou les pièces d'un patchwork... Il n'y a qu'à voir comment même Jean 3,19ss est mis au service du "jugement dernier" alors qu'en contexte il en subvertirait plutôt la notion: le jugement de la lumière, c'est maintenant, c'est tout le temps, non "plus tard"...
Mais en même temps, si l'on peut dire, ce genre de discours dogmatique illustre à sa façon le caractère irréductible du concept: tout espoir de "justice", de "vérité", de "lumière", renvoie à un avenir impossible: tous les "un jour tu verras", "tu comprendras", "ça se saura", "rira bien qui rira le dernier", tendent à se fondre dans un horizon absolu, "jour de jugement" ou "grand soir" où tout ce qui a été remis à plus tard arriverait enfin, en fin...
A titre personnel, je suis devenu un peu conscient de cet aspect subjectif et intersubjectif, psychologique et relationnel de la question (du "jugement dernier" ou de l'"eschatologie" en général) à l'époque où je quittais le jéhovisme: chaque fois que des gens plus ou moins proches, au Béthel, dans mes dernières congrégations, ou des amis de plus longue date pressentaient ma "dérive" et s'en inquiétaient, et que je voyais que je n'arriverais pas à m'expliquer avec eux, ou que j'évitais même de le faire parce que c'était perdu d'avance et ça ne pouvait qu'envenimer les choses, j'avais tendance à les renvoyer évasivement vers un tel futur indéfini: ne t'inquiète pas, tu verras, tu comprendras... tout en me disant presque aussitôt: mais non, ils ne verront rien, ils ne comprendront jamais... Mais ce serait bien, n'est-ce pas, à partir de chaque situation qui ne parvient pas à s'expliquer sur le moment, de se dire qu'"un jour" tout le monde comprendra tout ce qu'il y a(ura)(it) eu à comprendre.
Pour revenir à Matthieu, si contradictoire que la notion ou l'imagination d'un "jugement dernier" paraisse par rapport au précepte "ne jugez pas (et vous ne serez pas jugés !)", elles lui sont peut-être utiles, voire nécessaires: comme l'idée que "la vengeance est à Dieu" et qu'il "vengera" pour ne pas se venger soi-même, ou le "trésor dans le ciel" pour l'abandon des trésors terrestres: le calcul, la spéculation, la comptabilité, l'escompte d'un avenir absolu et impossible, premier pas vers une grâce où se perdrait tout calcul (etc.). L'eschatologie peut être le commencement de la pensée, à condition que celle-ci s'en échappe (Bultmann et Heidegger ne m'auraient pas contredit sur ce point). |
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Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Le jugement dernier dans le nouveau testament Mar 22 Oct 2024, 12:26 | |
| Le jugement dernier : Mt 25, 31-46 Qu’en dire en catéchèse ou dans la prédication ? Par André Fossion
Lire le texte dans le contexte global de Matthieu
Une deuxième manière de traiter le texte du jugement dernier consiste à lire la péricope dans son environnement scripturaire. S’agissant de la thématique du jugement final, on peut repérer, dans le seul évangile de Matthieu, notamment les textes suivants : la parabole de l’ivraie et du bon grain (13, 24-30), la parabole du filet et des poissons que l’on trie (13, 47-50), la mise en garde contre la géhenne de feu (18, 6-9), la parabole du serviteur impitoyable livré aux tortionnaires (18, 23-35) ; la parabole des ouvriers de la dernière heure (20, 1-16) ; la parabole du festin avec l’hôte qui n’a pas la robe nuptiale (22, 1-14) ; et au chapitre 25, la parabole des 10 vierges (25, 1-13) et la parabole des talents (25, 14-30) qui précèdent immédiatement le texte dit du jugement dernier.
Ce n’est pas le lieu ici de procéder à des comparaisons systématiques. Mais relevons, au moins, pour notre propos, deux perspectives majeures.
Premièrement, la seule mise en relation de ces différents textes permet déjà de relativiser l’expression des uns et des autres. Cette confrontation des textes invite à ne pas rester captif d’une seule représentation. Il n’y a pas, en effet, qu’une seule manière de parler du jugement final [8]. Le langage à son propos, souvent parabolique, est pluriel et comporte des accents divers. Il convient donc d’éviter les simplifications réductrices ou les généralisations hâtives qui biffent les différences. Par exemple, « les pleurs et les grincements des dents » ou « le rejet dehors dans les ténèbres » ne sont pas synonymes de « géhenne » ou de « feu éternel », mais peuvent symboliser l’ouverture d’un espace-temps pour le regret, le repentir et la conversion. Autre exemple : la parabole des ouvriers de la dernière heure ne comporte pas les mêmes accents que le texte dit du jugement dernier ; elle ne manifeste aucune condamnation et souligne le dépassement d’une justice qui ne serait que distributive et calculatrice. La parabole de l’ivraie et du bon grain, quant à elle, s’accorde bien avec le texte dit du « jugement dernier », avec de part et d’autre la perspective heureuse d’une séparation finale du bon et du mauvais.
Deuxièmement, malgré cette diversité, les textes évangéliques relatifs au jugement final ont néanmoins un point commun qu’il convient de souligner dans la catéchèse et dans la prédication. Tous ces textes n’ont pas la prétention de décrire ce qui va advenir à la fin des temps. Leur but est d’éveiller la conscience du lecteur et de le responsabiliser dans ses choix au présent. Ce sont des textes qui poursuivent comme objectif de mettre en garde, d’éduquer, de stimuler. Ils exercent, en ce sens, un rôle exhortatif et pédagogique. Ce sont les orientations de vie au présent qui importent parce qu’elles engagent l’avenir. Daniel Marguerat, dans un ouvrage commun avec Marie Balmary, souligne que la rhétorique de la terreur qui s’appuierait sur des textes bibliques n’a pas de fondement. Les Écritures, certes, condamnent le mal et réprouvent ceux qui le commettent. Mais, souligne-t-il, « les auteurs bibliques restent d’un total mutisme quand il s’agit d’en dire plus sur le destin post mortem des uns et des autres [9] ». En d’autres termes, les textes relatifs au jugement n’ont pas pour but de transporter le lecteur dans le spectacle des choses à venir ; ils sont là pour responsabiliser au présent afin de faire advenir le meilleur et, toujours, de conjurer le pire.
https://shs.cairn.info/revue-lumen-vitae-2016-3-page-259?lang=fr |
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