Note marginale : au bibliste ce sujet évoque assez naturellement les ziggourat(s) mésopotamiennes (en raison de l'histoire politique et militaire de la région au Ier millénaire avant J.-C., les textes "bibliques" sont beaucoup plus ouverts sur la Mésopotamie que sur l'Egypte, même la Basse-Egypte pourtant géographiquement plus proche de la Judée; leurs références à la culture mésopotamienne sont généralement plus concrètes, plus précises, plus exactes, moins fantaisistes que leurs références à la culture égyptienne, du moins jusqu'à la fin de la période perse et au début de la période hellénistique). Bien que la ziggourat diffère des pyramides égyptiennes (entre autres) par la fonction (temple et non sépulture), la taille (inférieure), le matériau et la technique (en zone alluvionnaire la pierre est aussi rare que l'argile, donc la brique, sont courantes, cf. le récit de la tour de Babel en Genèse 11 qui, du point de vue d'un observateur provenant d'une zone montagneuse, s'en étonne), la forme générale reste comparable. Or une thèse souvent avancée parmi les spécialistes du Proche-Orient ancien, c'est que la ziggourat tient lieu en plaine (ce qui pourrait aussi valoir pour la Basse-Egypte) de "montagne sacrée" -- artificielle donc et non plus naturelle -- comme point de rencontre et d'échange entre le ciel et la terre (cf. l'Olympe des Grecs ou le mont Kassios du Levant = le Tsaphôn de la Bible). Si ça ne fait pas avancer le schmilblick la solution du problème technique, ça pourrait apporter un petit éclairage supplémentaire sur la symbolique de la forme (qui au demeurant n'a pas grand-chose d'énigmatique).
Réflexion plus générale et plus personnelle: s'il peut y avoir une certaine confusion entre le goût de l'énigme (au sens scientifique ou pseudo-scientifique) et celui du mystère (au sens religieux ou philosophique), il me semble -- mais je me trompe peut-être -- qu'elle ne peut pas durer très longtemps, car les énigmes font de piètres mystères et les mystères de piètres énigmes. L'esprit mystique peut être un temps attiré par l'inexpliqué, par l'extra-ordinaire comme brèche possible vers un au-delà de l'ordinaire. Mais tôt ou tard il se rendra compte que le mystère qu'il cherche se trouve tout près de lui, dans la profondeur même de l'ordinaire. Cela en revanche paraîtra dépourvu d'intérêt à celui qui, curieux d'étrangeté et non assoiffé de profondeur, continuera à courir d'énigme en énigme.
On aurait demain la preuve incontestable, non seulement de l'existence d'une vie extra-terrestre (ce qui paraît scientifiquement probable), mais d'une interaction de celle-ci avec l'histoire de la Terre et de l'humanité (ce qui l'est beaucoup moins), cela ne ferait pas avancer d'un pouce une question méta-physique comme celle de Leibniz, pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? (ni ses dérivées, p. ex. pourquoi est-ce que je me pose cette question en ces termes, pourquoi "rien" m'apparaît-il plus "simple", plus, "naturel", moins "arbitraire" ou moins "étonnant" que "quelque chose" alors que toute mon expérience / conscience est expérience / conscience de "quelque chose" ? Pourquoi ce pourquoi, pourquoi pourquoi, quoi de la question ?). Réciproquement, comme ce type de question peut se poser à propos de n'importe quoi, de la "chose" la plus ordinaire qui ne demande aucun supplément d'explication (par exemple la rose du Bouddha), il ne débouche sur aucune "explication", et ne présente aucun intérêt pour ceux qui aspirent, par des voies scientifiques ou pseudo-scientifiques, à expliquer l'inexpliqué.