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| "toute écriture est inspirée" 2 TIM 3:16 | |
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+4thessray VANVDA Narkissos free 8 participants | |
Auteur | Message |
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Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: "toute écriture est inspirée" 2 TIM 3:16 Jeu 25 Aoû 2022, 16:19 | |
| Etude très instructive, par l'abondance et le choix de ses citations, qui suggèrent des critères d'analyse beaucoup plus fins que ceux qui sont expressément mis en œuvre: au fond il n'y a pas lieu d'opposer l'"eschatologique" au "mystique", dans la mesure où celui-là reste le mode d'expression idéal de celui-ci; pas de "progression spirituelle" qui ne se raconte comme une histoire avec ses péripéties et sa "fin", de sorte que toute "mystique" ne peut guère s'exprimer que comme une eschatologie réalisée -- une "fin du monde" que l'on n'attend plus parce qu'elle a déjà eu lieu, une fois pour toutes les fois, mais encore aura-t-il fallu, à partir d'une histoire générale et par une histoire particulière, y arriver...
Parce que je suis en train de (re)lire Proust et la Recherche, cela me rappelle les descriptions successives de la sonate et du septuor de Vinteuil, dont l'écoute ne se construit qu'à partir des répétitions et des variations, en une stratification des réminiscences, de sorte qu'il n'y a jamais de "première fois" et qu'il n'y a jamais que des "premières fois" qui sont aussi à chaque fois la dernière... De même on pourrait dire que la "mystique" est une eschatologie non seulement réalisée mais stratifiée de ses propres répétitions et variations, fussent-elles toutes ratées.
Cela nous égarerait bien loin de notre sujet si "l'écriture", avec ou sans majuscule, ne fonctionnait pas exactement de la même façon, tantôt reconstruisant de nouvelles espérances sur des espérances défuntes et tantôt donnant à voir le tout pour accompli, une fois pour toutes, au-delà de tout lendemain qui chante ou déchante. . |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: "toute écriture est inspirée" 2 TIM 3:16 Ven 26 Aoû 2022, 11:21 | |
| Une étude longue et complexe ... Peut être lire uniquement à partir de la partie 5 : "conclusion" ?L'annonce des fleuves d'eau vive en Jean 7, 37-39 (suite et fin) 5. Conclusion Les pages qui précèdent auront abondamment illustré l'aimantation textuelle qui pouvait se produire dans le judaïsme ancien à l'intérieur d'une version scripturaire. Pareille méthode herméneutique explique la formation du texte fondamental de Jn 7, 38c: «Des fleuves de son sein couleront». Ex 17, 6, désigné par le futur du verbe et le complément se rapportant au rocher: «du milieu de lui», constitue le support de la citation. Mais l'énoncé du passage s'est enrichi par attractiond'éléments saillants originaires d'épisodes analogues. Ainsi s'est produite la modification lexicale du verbe et du sujet. Par trois fois ailleurs (Ps 78, 20; 105, 41; Is 48, 21), le verbe «couler» exprimait le jaillissement de l'eau du rocher: la citation l'a recueilli. Et d'entrée de jeu, le sujet: «des fleuves», détaché du Ps 78, 16 ou d'un texte isaïen sur le don de l'eau (Is 41, 18; 43, 19s.), est venu énoncer, mieux que toute autre formule, la surabondance de l'eau promise. 1.Une dérivation de Za 14, 8 L'eau vive de Jn 7, 38c tire-t-elle son origine scripturaire, comme on l'affirme souvent, de Za 14, 8: «(Et il arrivera en ce jour-là que) des eaux vives (mayim-hayyîm; LXX: hydôr zôri) (sortiront de Jérusalem)»? Cette prophétie appartient au même courant biblique qu'Éz 47, 1-12 et la tradition juive restait consciente de leur parenté. Le ruissellement du Temple en Éz 47 n'est pas dit explicitement une «eau vive». Mais en revanche, ce filet d'eau, qui descend en torrent sans cesse grossissant, a pour effet remarqué de recréer la vie partout où il passe (Éz 47, 7-12). Parce que les deux prophéties étaient apparentées, les eaux vives deZa 14, 8 pouvaient bénéficier des propriétés vivifiantes du torrent d'Éz 47. En Jn 7, 38c, une citation de Za 14, 8 peut se recommander du cadre liturgique de la fête des Tentes (Jn 7, 37a). Nous savons, en effet, par la Tosephta, Sukkah 3, 3, que la réflexion midrashique, dès la fin du Ier siècle de notre ère, scrutait le lien entre la libation cultuelle et l'ouverture de la source eschatologique du Temple. À cela s'ajoute que le texte biblique de Za 14, 16-19 fait expressément mention de la fête des Tentes, et que la péricope de Za 14, 1 s. fut reprise parmi les lecturessynagogales de cette célébration.Une difficulté surgit. Dans le texte fondamental de la citation, Jésus se révèle en référence au rocher dispensateur d'eau, selon le cycle typologique de l'exode. Mais la détermination raccordée à ce même texte rejoindrait le thème du Temple, car les eaux vives jaillissant de Jérusalem (Za 14, sourdent en définitive du lieu de la présence divine: «de dessous le seuil de la Maison» (Éz 47, 1). Jésus se désignerait, cette fois, comme le Sanctuaire eschatologique d'où provient l'eauvive. Peut-on admettre que, d'une composante à l'autre, ces deux figures vétérotestamentaires se succèdent sans qu'une concurrence ne les oppose et rende incohérente notre exégèse ? https://www.persee.fr/doc/thlou_0080-2654_1990_num_21_4_2465 |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: "toute écriture est inspirée" 2 TIM 3:16 Ven 26 Aoû 2022, 12:41 | |
| C'est un remarquable tour d'horizon du "paysage littéraire", de la configuration ou de la topologie intertextuelle (verbale, narrative, poétique) qui a pu donner lieu (topos) à la phrase citée en Jean 7: textes et traditions relatifs à l'Eden, au rocher ou au puits du désert, à la source de Jérusalem ou du temple, etc.; mais cela ne se substitue pas (d'ailleurs l'auteur ne prétend nullement l'y substituer) à l'identification (impossible jusqu'à preuve du contraire) d'une "source" (c'est le cas de le dire) unique et précise de la citation -- qui par ailleurs peut être imprécise, modifiée consciemment ou non par l'"évangéliste" ayant ou non accès à un "original"; mais cela ne change rien au fait qu'il dise citer explicitement quelque chose, une graphè au sens de "passage d'é/Ecriture", dont nous ne savons rien sinon qu'elle ne se trouve pas dans "l'Ancien Testament", ni dans aucun texte connu à ce jour.
Cela n'a d'ailleurs aucune importance pour la lecture de l'évangile selon Jean: c'est bien l'ensemble du "paysage littéraire" qui compte pour l'intelligence de la citation, et son identification précise n'y apporterait probablement rien de plus. Ce n'est un problème que pour les fétichistes du "canon", apologistes ou détracteurs de "la Bible" pour qui la délimitation précise du corpus est cruciale...
Du reste, il n'est pas dit que ce qui fait l'originalité majeure de la citation soit dans le texte-"source", puisque c'est un trait typiquement "johannique", pour ne pas dire "gnostique", et qu'il figure aussi bien dans le dialogue avec la Samaritaine au chapitre 4: qui boit à la source est la source, ce qui résorbe toute médiation, toute généalogie et toute hiérarchie, toute distinction définitive entre divin et humain ou sauveur et sauvé. |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: "toute écriture est inspirée" 2 TIM 3:16 Ven 26 Aoû 2022, 16:16 | |
| " Celui qui a foi en moi, “du fond de lui-même couleront des fleuves d’eau vive”, comme l’ont dit les Écritures" (TMN) Comme l’ont dit les Écritures : Apparemment, Jésus ne cite pas ici un verset en particulier, il fait plutôt allusion à des versets comme Is 44:3 ; 58:11 ; et Za 14:8. Plus de deux ans auparavant, quand il a parlé à la Samaritaine de l’eau vive, Jésus a mis en évidence les bienfaits qu’il y a à recevoir cette eau (Jean 4:10, 14). Mais dans ce verset, Jésus montre que cette « eau vive » coulerait de ceux qui ont foi en lui, c’est-à-dire ses disciples, lorsqu’ils la partageraient avec d’autres (Jean 7:37-39). Les Écritures grecques chrétiennes attestent abondamment que quand ils ont commencé à recevoir l’esprit saint à partir de la Pentecôte 33 de n. è., les disciples de Jésus se sont sentis poussés à partager cette eau qui donne la vie avec tous ceux qui les écoutaient (Ac 5:28 ; Col 1:23). https://wol.jw.org/fr/wol/dx/r30/lp-f/1001070147/26470 " Ou bien pensez-vous que c’est sans raison que l’Écriture dit : « L’état d’esprit qui s’est installé en nous désire sans cesse avec envie » ? (TMN) 4:5 — Quel verset Jacques cite-t-il ici ? Jacques ne cite pas un verset en particulier. En revanche, il est possible que ces paroles divinement inspirées soient fondées sur l’idée générale qui ressort de textes comme Genèse 6:5 ; 8:21 ; Proverbes 21:10 et Galates 5:17. https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/2008849#h=11:0-11:271 La TMN propose une traduction particulière de Jac 4,5 |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: "toute écriture est inspirée" 2 TIM 3:16 Ven 26 Aoû 2022, 16:40 | |
| Sur Jean 7,38:
C'est la révision française de 2018 qui est passée du singulier ("l'Ecriture") au pluriel ("les Ecritures"), alors que la révision américaine de 2013 était passée de la majuscule ("Scripture") à la minuscule (scripture, qui ne s'entend normalement que d'un texte, verset ou passage précis de la Bible, contrairement à l'explication donnée). Soit dit en passant, le maintien des guillemets (simples ou doubles selon l'usage) dans les deux langues n'est pas non plus très cohérent avec l'idée d'une "allusion", d'une paraphrase, d'une parodie ou d'une création libre à partir de plusieurs textes...
Sur Jacques 4,5 aussi c'est la révision de 2018 qui a tout changé; l'édition précédente (1995) portait: "C’est avec une tendance à l’envie que ne cesse de désirer ardemment l’esprit qui s’est établi en nous." L'américain, de son côté, était passé de: It is with a tendency to envy that the spirit which has taken up residence within us keeps longing (1984) à: The spirit that has taken up residence within us keeps enviously longing (2013); soit une certaine simplification des périphrases franziennes, mais rien qui modifie radicalement le sens (ou l'obscurité) de la phrase, en obligeant par exemple à comprendre le terme théologiquement chargé "esprit" au sens banal d'"état d'esprit"... la "liberté" de la dernière révision française est décidément étonnante, ma curiosité s'interroge (en vain) sur les jeux de pouvoir et de confiance (entre la filiale et les traducteurs d'une part, entre la maison-mère et la filiale d'autre part) qui l'ont rendue possible; quoi qu'il en soit le résultat me semble assez consternant, surtout en l'absence de notes donnant accès à une traduction plus "littérale".
Dernière édition par Narkissos le Ven 26 Aoû 2022, 16:58, édité 1 fois |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: "toute écriture est inspirée" 2 TIM 3:16 Ven 26 Aoû 2022, 16:46 | |
| Questions des lecteurs
● Il semble que le texte de Jacques 4:5 contienne une citation de la Bible. Mais quel verset Jacques citait-il, et que voulait-il montrer ?
Jacques 4:5 dit ceci : “Ou bien estimez-vous que ce soit pour rien que la parole de l’Écriture dit : C’est avec des tendances à l’envie que soupire sans cesse l’esprit qui a établi sa demeure en nous’ ?”
En réalité, il n’existe aucun verset biblique dont on puisse dire avec certitude qu’il est cité par le disciple Jacques en cette occasion. Peut-être faisait-il simplement une sorte de résumé d’une idée centrale énoncée par plusieurs textes bibliques.
Se basant sur le fait qu’aucun verset précis des Écritures hébraïques ne correspond exactement aux termes que Jacques utilise, certains commentateurs ont émis l’opinion qu’il citait un texte apocryphe ou des écrits qui auraient été perdus. Toutefois, les rédacteurs inspirés des Écritures grecques chrétiennes utilisaient logiquement l’expression ‘l’Écriture dit’ pour introduire des citations de certaines parties du canon inspiré ou des allusions à celles-ci, que ce soit dans des livres écrits dans la langue hébraïque originale ou dans une traduction grecque (Jean 19:37 ; Rom. 4:3 ; 9:17 ; Gal. 4:30 ; I Tim. 5:18). Ils ne faisaient pas de citations des livres non canoniques appelés Apocryphes.
Un certain nombre de textes bibliques attestent que les humains imparfaits subissent le poids d’une inclination au péché. Nous lisons par exemple : “Jéhovah vit que la malice de l’homme était abondante (...) et que toute inclination des pensées de son cœur n’était toujours que mauvaise”, et : “L’âme du méchant a désiré ce qui est mauvais.” (Gen. 6:5 ; 8:21 ; Ps. 51:3-5 ; Prov. 21:10 ; Jér. 17:9 ; Gal. 5:17). Également, Jéhovah nous conseille clairement de rejeter l’esprit d’envie, de convoitise et de compétition qui est la source de tant de difficultés (Ex. 20:17 ; Ps. 37:1, 73:3 ; Eccl. 4:4). Par conséquent, le disciple Jacques a très bien pu rassembler ces pensées fondamentales pour faire ressortir son argument et introduire sa pensée à l’aide de l’expression “la parole de l’Écriture dit”. — Comparez avec Romains 3:9-18.
Jacques venait de reprendre ses frères chrétiens au sujet des luttes, des dissensions et des conflits (Jacq. 4:1, 2). Il fit ensuite remarquer qu’être ami du monde signifie être ennemi de Dieu (Jacq. 4:4). Ces pensées sont très bien regroupées dans le Ja 4 verset cinq : “Ou bien estimez-vous que ce soit pour rien que la parole de l’Écriture dit : ‘C’est avec des tendances à l’envie que soupire sans cesse l’esprit qui a établi sa demeure en nous’ ?” Oui, celui qui succombe à une inclination à la méchanceté et à l’envie, ainsi qu’aux fruits qui en résultent, s’oppose à Dieu. Toute la teneur de la Parole de Dieu le démontre. Jacques parachève ensuite son argumentation à l’aide d’une citation du livre des Proverbes, écrivant : “Mais la faveur imméritée qu’il donne est plus grande. Aussi est-il dit [dans Proverbes 3:34] : ‘Dieu s’oppose aux hautains, mais il donne sa faveur imméritée aux humbles.’” — Jacq. 4:6.
https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1977610 |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: "toute écriture est inspirée" 2 TIM 3:16 Ven 26 Aoû 2022, 17:31 | |
| N.B.: J'ai ajouté une seconde partie (sur Jacques 4,5 dans la TMN et la NWT, c'est de moins en moins la même chose) à mon post précédent. Sur le texte, je rappelle à nouveau (d'hier) notre discussion antérieure ici (28.9.2021).Dans ton dernier post (TdG 1977), c'est la surtraduction " la parole de l'Ecriture" qui m'a étonné: en fait c'était un ajout antérieur du français (par rapport à l'américain), qui était entre crochets dans l'édition de 1995, mais qui a complètement sauté en 2018 (de ça au moins on ne se plaindra pas). |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: "toute écriture est inspirée" 2 TIM 3:16 Lun 29 Aoû 2022, 15:25 | |
| - Citation :
- Or, si nous voulons comprendre les Évangiles, et les Paroles du Christ, comme les Apôtres les comprenaient ainsi que les Pères, le retour aux sources de l’A.T. et de la tradition juive peut nous être d’une aide précieuse. Comme le dit Michel Remaud dans un article en ligne : "Pour passer du Nouveau Testament à l'Ancien, il faut passer par la culture juive de l'époque, pour lire la Bible comme les auteurs du Nouveau Testament la laisaient" (http://un-echo-israel.net/Pour-lire-le-Nouveau-Testament. Pour lire le N.T. faut-il être juif ?).
(...)
Commençons par mentionner quelques traces de la tradition orale des rabbins présentes dans le N.T. lui-même.
Lorsqu’Étienne dans son discours du livre des Actes des Apôtres (7) reprend le récit de la vie de Moise, il dit : « comme il atteignait la quarantaine, la pensée lui vint de visiter ses frères les Israélites ». Puis un peu plus loin il continue en disant : « au bout de quarante ans, un ange lui apparu au désert du Mont Sinaï, dans la flamme d’un buisson en feu » (7,23.30). Dans le livre de l’Exode 2, et 3 on ne trouve pas cette mention de son âge. D’où Étienne sait-il que Moise avait 40 ans lorsqu’il sorti du palais de Pharaon et qu’il en avait 80 au Buisson Ardent ? Tout simplement de la tradition orale juive qui a été consignée plus tard par écrit dans le Midrash.
Lorsque l’auteur de la première Epître de Jean (3,11-12) dit : « Car tel est le message que vous avez entendu dès le début : nous devons nous aimer les uns les autres, loin d'imiter Caïn, qui, étant du Mauvais, égorgea son frère. Et pourquoi l'égorgea-t-il ? Parce que ses œuvres étaient mauvaises, tandis que celles de son frère étaient justes ». Il n’est pas précisé en Gn 4 comment Caïn tua son frère. D’où sait-il qu’il l’égorgea ? De la tradition orale juive (Genèse Rabba 4,).
http://www.bible-service.net/extranet/current/pages/1025.html https://etrechretien.1fr1.net/t951-jesus-et-la-tradition-juive?highlight=j%C3%A9sus |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: "toute écriture est inspirée" 2 TIM 3:16 Lun 29 Aoû 2022, 15:58 | |
| Les liens aux pages du site "bible-service.net" ne fonctionnent plus, mais ce qu'on peut en lire sur cet autre fil, ainsi que la discussion qui s'en est suivie, est déjà utile.
Pour rappel, les écrits rabbiniques (post-pharisiens) postérieurs au NT ne représentent sans doute ni exactement, ni intégralement, la vaste tradition narrative qui s'était développée dans les différents courants du judaïsme du Second Temple, mais ils y offrent un accès appréciable, surtout pour ce qui n'est (toujours) pas documenté par des textes antérieurs (hébreux, araméens ou grecs, comme ceux du désert de la mer Morte, d'Egypte ou de Syrie) exhumés à l'époque moderne. La difficulté est de faire la part du plus ou moins ancien, car la tradition, pour être conservatrice, ne laisse jamais d'être sélective d'une part, créatrice d'autre part, autrement dit d'éliminer et d'inventer. |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: "toute écriture est inspirée" 2 TIM 3:16 Lun 29 Aoû 2022, 16:09 | |
| Les trois premiers articles s’intéressent à la question de l’origine du mythe de la chute des anges en explorant la mythologie du Moyen-Orient. Ronald Hendel explore les parallèles possibles entre le récit biblique de Gn 6,1-4 et les traditions cananéennes, phéniciennes, mésopotamiennes et grecques. Selon lui, le récit biblique de Gn 6,1-4 n’incorpore qu’une petite partie d’un mythe israélite plus développé. Jan N. Bremmer postule que le mythe des titans était connu des Juifs et qu’il fut une source d’inspiration pour eux. Certains passages bibliques (2 S 5,18.22 ; Jdt 16,6 ; 1 Ch 11,15) et 1 Énoch 9,9 font d’ailleurs directement référence aux titans. Les récits de l’enchaînement des anges déchus au Tartare de Jubilées, de 1 Énoch, de Jude 6 et de 2 P 2,4 constituent aussi un parallèle frappant avec le mythe des titans. Selon Matthias Albani, Is 14,12-13 ne reflète pas le mythe de Helel, mais plutôt une critique de la notion royale de l’apothéose des rois défunts très répandue chez les Cananéens, les Égyptiens et les Babyloniens. L’auteur d’Is nous dit que ces rois qui deviennent des étoiles après leur mort ne surpasseront jamais le Dieu d’Israël ! C’est l’arrogance royale qui est dénoncée, le désir des rois de devenir supérieur à Dieu. Selon l’auteur d’Is, cette apothéose est plutôt une chute. Le texte d’Is 14,12-13 fut ensuite interprété comme un récit de la chute de Satan, ou Lucifer, par sa conjonction avec le mythe de la chute des anges (Vie d’Adam et Ève 15 ; 2 Énoch 29,4-5).
Les quatrième et cinquième contributions analysent le mythe de la chute des anges dans la littérature apocalyptique. Loren T. Stuckenbruck s’attarde à l’interprétation de Gn 6,1-4 que font les auteurs de la littérature apocalyptique juive. Selon lui, le texte biblique n’autorise pas à conclure que les « fils de Dieu » de Gn 6,1 sont maléfiques, comme le conclut l’auteur de 1 Énoch par exemple. Certaines sources semblent démontrer que les géants ont survécu au déluge (Gn 10,8-11 ; Nb 13,32-33). Par exemple, les fragments du Pseudo-Eupolème conservés par Eusèbe de Césarée (Préparation évangélique 9,17,2-9) démontrent non seulement que les géants ont survécu au déluge, mais qu’ils auraient aussi joué un rôle déterminant dans la propagation de la culture jusqu’à Abraham. Ainsi, les auteurs des écrits apocalyptiques tels que 1 Énoch présentent simplement une autre lecture du mythe de Gn 6,1-4. Pour eux, les géants ne jouent aucun rôle dans la propagation du savoir. Ce sont plutôt des êtres maléfiques qui n’ont survécu au déluge que sous la forme d’esprit mauvais. Hermann Lichtenberger se penche quant à lui sur les relations qu’entretient le mythe de la chute des anges avec le chapitre 12 de l’Ap. Selon lui, le mythe de la chute des anges présenté dans l’Ap 12 sous la forme d’une bataille entre les anges et le récit de la chute du dragon ne servent qu’à exprimer la notion répandue de la chute des ennemis de Dieu. Par conséquent, le motif de la chute des anges a pour fonction de prédire la chute de l’Empire romain et d’affirmer la victoire du Christ.
https://www.erudit.org/fr/revues/ltp/2008-v64-n1-ltp2317/018539ar/ |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: "toute écriture est inspirée" 2 TIM 3:16 Lun 29 Aoû 2022, 16:54 | |
| Pour ceux qui cliqueraient sur le lien, c'est la 14e recension de la série (impressionnante), mais la 4e aurait aussi un rapport...
Les relations "culturelles" entre la Grèce et l'Asie n'ont pas attendu les guerres médiques et les conquêtes d'Alexandre, pas même la guerre de Troie le cas échéant; quoique très variables selon les époques, elles sont anciennes et pas à sens unique, de sorte qu'on trouve aussi beaucoup d'influences orientales dans la mythologie grecque... mais il ne faut pas confondre ce jeu d'influences narratives qui s'étend sur plusieurs millénaires et la rédaction des textes qui se limite à une période plus restreinte, quand même ce sont plusieurs siècles, qu'il s'agisse de la Genèse, du livre d'Hénoch ou des Jubilés. En ce qui concerne la notice de Genèse 6, l'adjonction semble assez tardive, ce qui rend tout à fait plausible une influence hellénistique, sans préjudice d'une préhistoire originale du motif des "géants" dans la tradition levantine antérieure (voir p. ex. ici).
Par ailleurs, ce n'est pas seulement au chapitre 12 de l'Apocalypse, mais aussi au chapitre 20, qu'on peut trouver des échos de la chute et de l'enchaînement des "fils de(s) dieu(x) / veilleurs / anges" selon la tradition hénochienne... et tout autant dans les évangiles (exorcismes, esprits impurs chassés au désert ou dans l'abîme, homme fort lié, etc.). |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: "toute écriture est inspirée" 2 TIM 3:16 Mer 31 Aoû 2022, 16:39 | |
| 2 Jude cite un texte ne se trouvant pas dans l’AT mais dans le livre appelé 1 Hénoch (Cf. La Bible, écrits intertestamentaires, La Pléiade, 1987). Ce livre contient de nombreuses explications totalement fictives qui joueront un rôle très néfaste dans la pensée juive et chrétienne ; mais il est intéressant à connaître citation dans Jude montre d’ailleurs que tout n’est pas à rejeter. Hénoch a donné lieu à un autre écrit pseudépigraphe, c’est-à-dire faussement attribué à un nom célèbre : Le livre des secrets d’Hénoch.
http://www.archivesadventistes.net/EN/BAV/DIV/Beaut%C3%A9sdeDieu36.pdf
Je suis agréablement surpris par la trajectoire théologique des adventistes qui (il me semble) est d'un niveau supérieur à celui de la Watch, plus nuancé, plus académique et plus pertinent mais si des réflexes "fondamentalistes" demeurent. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: "toute écriture est inspirée" 2 TIM 3:16 Mer 31 Aoû 2022, 17:09 | |
| Y a pas photo, comme on dit vulgairement...
On trouve de tout chez les adventistes et notamment chez ceux "du septième jour" qui en sont la principale survivance, des attitudes et une tonalité assez voisines des cousins russellistes et aussi des études universitaires de haut niveau (j'ai eu le plaisir de côtoyer plusieurs excellents théologiens et biblistes adventistes), et cela même fait la différence avec le devenir-sectaire du jéhovisme (la chance, en somme, d'avoir eu Ellen G. White à la suite de Miller plutôt que la séquence Russell-Rutherford).
L'inconvénient, bien sûr, c'est qu'il y a toujours un décalage, des malentendus et souvent des frictions entre la "religion populaire" et les "savants" (comme il y en a aussi dans les Eglises plus anciennes, catholique ou orthodoxes, luthérienne ou réformées). Mais le dialogue entre les différents niveaux de compréhension de la même "religion" est fécond dans la mesure où il existe, où l'on peut dialoguer et passer d'un niveau à l'autre sans exclusion, ni exclusion, ni apostasie ni schisme. Chez les TdJ ça ne risque pas d'arriver, car on cultive jalousement une ignorance et une bêtise (ce n'est certes pas la même chose, mais ce n'est pas non plus incompatible) à peu près uniformes de la base au sommet...
Je me souviens de Desmond Ford, un théologien adventiste que Raymond Franz avait cité dans Crisis of Conscience, parce que vers la même époque (1980) il avait été démis de ses fonctions officielles à la suite d'un important désaccord doctrinal. Malgré les analogies structurelles (l'adventisme du septième jour est aussi chapeauté à l'échelle mondiale par une instance centrale, la "Conférence générale"), c'est la différence de traitement qui était frappante (Ford n'a pas été exclu de l'Eglise adventiste et a pu continuer de s'y exprimer librement, il n'a pas, à ma connaissance, été menacé dans ses moyens de subsistance comme Franz, viré sans revenu ni domicile à la soixantaine) -- la comparaison portait aussi, si je me souviens bien, sur des théologiens catholiques plus ou moins condamnés par la hiérarchie (peut-être Hans Küng). |
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