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| Qu'est-ce que l'homme, pour que tu te souviennes de lui ? | |
| | Auteur | Message |
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free
Nombre de messages : 10063 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Qu'est-ce que l'homme, pour que tu te souviennes de lui ? Jeu 25 Avr 2019, 11:29 | |
| "Quand je regarde ton ciel, œuvre de tes doigts, la lune et les étoiles que tu as mises en place, qu'est-ce que l'homme, pour que tu te souviennes de lui, qu'est-ce que l'être humain, pour que tu t'occupes de lui ? Tu l'as fait de peu inférieur à un dieu, tu l'as couronné de gloire et de magnificence. Tu lui as donné la domination sur les œuvres de tes mains, tu as tout mis sous ses pieds" Ps 8, 4-7
Face à la puissance créatrice de Dieu, le psalmiste pose la question : "qu'est-ce que l'homme, pour que tu te souviennes de lui, qu'est-ce que l'être humain, pour que tu t'occupes de lui ?". Comment Dieu peut-il se souvenir de l’homme, fragile, fini, simple mortel et fait de la poussière du sol ? Comment Dieu peut-il vouloir aller à la rencontre de l'homme (insignifiant) et se soucier de son devenir ? Le psaume révèle qu'en réalité que l’homme est créature, mais elle est juste moins qu’un dieu et Dieu le couronne "de gloire et de magnificence" et Il a mis la création sous ses pieds. Dieu a donné à l'homme un statut spécial et lui a attribué un rôle particulier. L'homme est hautement valorisé, sa domination sur la création est un don gratuit de Dieu. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12420 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Qu'est-ce que l'homme, pour que tu te souviennes de lui ? Jeu 25 Avr 2019, 13:16 | |
| L'émerveillement (l'étonnement) fondamental demeure, sans doute, et/ou se renouvelle, mais il change considérablement de contenu, de goût, de parfum, de forme, de couleur, de timbre ou de tonalité, selon la conception ou la compréhension que "l'homme" a de lui-même. A l'image des dieux ou de Dieu, ce n'était déjà pas la même chose, à l'image de rien dans un "univers" qui n'est plus un kosmos ("ordonné"), quand de surcroît la domination culturelle et technique de l'homme sur la Terre et ses espèces vivantes est si bien assurée qu'elle tourne à la catastrophe ou à l'auto-asphyxie, on s'émerveille encore, mais autrement... (Sur l'usage -- très particulier -- de ce texte dans l'épître aux Hébreux, cf. ici.) |
| | | free
Nombre de messages : 10063 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Qu'est-ce que l'homme, pour que tu te souviennes de lui ? Jeu 25 Avr 2019, 14:14 | |
| Tu l'as fait de peu inférieur à Dieu, Et tu l'as couronné de gloire et de magnificence.Le verset 6 nous amène encore sur un autre terrain : il établit la hiérarchie de l’homme par rapport à Dieu et à la création. « Tu l'as fait de peu inférieur à Dieu. » C’est une référence à la Genèse qui dit qu’Adam (l’être humain) « fut créé homme et femme à l’image et à la ressemblance de Dieu » ([url=javascriptWindow =] Gn 1,27[/url] ). En quoi ressemble-t-il à Dieu? De deux façons : par sa capacité de raisonner et par sa capacité d’aimer. C’est ainsi que l’homme a été appelé le roi de la création. Appelé à la vie par Dieu, à son tour, Adam appelle à la vie les autres animaux en les nommant. Saint Irénée va conclure le tout avec cette formule lumineuse : « La gloire de Dieu c’est l’homme vivant. » Le psaume 138,14 fait écho à ce verset : « Je te rends pour tant de prodiges, merveille que je suis, merveille que tes œuvres. » - Citation :
- Tu lui as donné la domination sur les oeuvres de tes mains,
Tu as tout mis sous ses pieds. Ce verset explique la relation de l’homme avec la création. On peut reconnaître comme trois étapes dans cette relation :
- la nomination
- la domination
- et la domestication.
C’est l’homme qui nomme les animaux et non l’inverse. Il marque ainsi la possession. Mais qu’il s’agisse des animaux ou de la nature en général, l’homme domine en obéissant. C’est Francis Bacon qui disait : « On ne triomphe de la nature qu’en lui obéissant. » Cette domination ira jusqu’à la domestication. Par son intelligence, l’homme peut ainsi canaliser la force brute des animaux ou des propriétés particulières des plantes en les mettant à son service. À vrai dire, il s’agit davantage d’un lien de complicité que domination, comme le suggère la série de la romancière Jean M. Auel, Les Enfants de la Terre, dans le tome intitulé La vallée des chevaux.http://www.interbible.org/interBible/cithare/psaumes/2012/psa_120427.html |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12420 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Qu'est-ce que l'homme, pour que tu te souviennes de lui ? Ven 26 Avr 2019, 12:58 | |
| Quelle que soit la relation littéraire ou traditionnelle entre les récits de "création" de la Genèse et les autres références vétéro-testamentaires à ce "thème" (dans les Psaumes ou le deutéro-Isaïe p. ex.: le lecteur de "la Bible" présuppose toujours la Genèse "connue" comme il la connaît parce qu'il l'a lue en premier, alors qu'elle ne l'est pas forcément des autres "auteurs"), les textes de la Bible hébraïque (AT) dans leur ensemble ne se distinguent guère de la littérature contemporaine sur ce sujet: placer "l'homme" de quelque manière entre "les dieux" et "les animaux", c'est pour toute l'Antiquité une sorte d'évidence, ça va de soi. De même que des phénomènes comme l'agriculture, l'élevage ou la domestication, qui par définition (moderne) appartiennent à la pré-histoire parce qu'ils précèdent l'écriture de durée immémoriale, sont tout au plus pour les textes sujets à "étonnement" et donc à récit étiologique le cas échéant -- c'est à peine le cas dans le premier récit de la Genèse, où Dieu crée directement plantes et animaux "sauvages" et "domestiques"; autrement dit la différence ne fait guère question, guère plus que le langage: il n'y a aucune conscience sensible du fait qu'il a fallu des générations et des générations d'activité humaine pour qu'il y ait quelque chose comme une plante ou un animal "domestique", ou une "langue". Le second récit "explique" la connaissance, la mort, la souffrance, le travail, la sexualité pour autant qu'ils se rapportent à "l'homme", et l'unique opération linguistique de "nomination" (des "animaux"; cf. là-dessus W. Benjamin); il ne s'étonne pas en revanche, puisqu'il ne l'explique pas, que tout le monde d'emblée parle et se comprenne, Yahvé, l'homme, la femme (et le serpent jusqu'à nouvel ordre)... Le présupposé monothéiste va évidemment changer la perspective des textes (de ceux du moins qui n'ont pas d'abord été écrits dans cette perspective) et par conséquent le sens de l'émerveillement: outre la question hiérarchique (divin > humain > animal) il s'agit désormais de rapporter toute la diversité du monde à l'Un (autre problème que lorsque le "divin" était aussi divers que l'"humain" ou l'"animal"). Mais cela est à peine plus proche de notre questionnement quand celui-ci s'aventure vers l'"origine". L'émerveillement moderne, quand il y en a un, revient par un chemin ou un autre à la question de l'" être" -- en-deçà, si l'on peut dire, de l'ordre, de la hiérarchie, de la multiplicité ou de la différence des "êtres" (= étants): qu'il y ait (quelque chose plutôt que rien, ceci et cela plutôt qu'autre chose), voilà qui demeure infiniment étonnant pour nous (de Leibniz à Wittgenstein ou Heidegger), même si par retour de miroir nous nous étonnons aussitôt de nous en étonner. Or cette question (si c'en est une: le "pourquoi" qui la formule spontanément se récuse en même temps comme aberrant parce qu'il ne fait que reconduire la question dans une régression infinie, tout "parce que" appelant un nouveau "pourquoi") ne semble avoir guère effleuré la pensée antique avant la philosophie grecque (même si celle-ci n'a fait que constater, avec les "présocratiques", l'impossibilité d'y répondre, et s'est empressée de parler d'autre chose -- mais en partant tout de même de là, de la question de l'être, ti to on, "qu'est-ce que l'étant" dans les termes d'Aristote). Dans le "monde" de la Bible hébraïque et du Proche-Orient ancien, "il y a" toujours quelque chose (des dieux ou leurs ancêtres, titans etc., un ou plusieurs océans primordiaux avant le monde ordonné): la question de l'origine se perd dans une régression infinie et celle de l'"être" ne se pose quasiment jamais (comme dirait Heidegger, l' étant n'est même pas perçu comme tel). Cependant le monothéisme et le concept corollaire de création ex nihilo ne peuvent que ramener à la question de l'"être", désormais inséparablement lié(e) à "Dieu". C'est dire que les émerveillements "bibliques", comme celui du psaume 8 sur la "place de l'homme" entre dieux et animaux ou entre ciel et terre, nous reviennent autrement, sur un fond sans fond, plus lointain et plus profond que les "cieux" et les "abîmes" mythologiques. Ils n'en ont peut-être que plus de pertinence, mais d'une façon nécessairement différente. La situation unique de l'"homme", pour nous, c'est d'abord qu'il nous semble être le seul (et encore: pas souvent !) à s'étonner, et à s'étonner de s'étonner (etc.), et à soupçonner alors qu'il y a quelque rapport entre cet étonnement et ce dont il s'étonne... |
| | | free
Nombre de messages : 10063 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Qu'est-ce que l'homme, pour que tu te souviennes de lui ? Lun 29 Avr 2019, 10:25 | |
| L’identité humaine est donnée dans le fait que l’homme est à l’image de Dieu. C’est l’une des plus évidentes convictions pour tous les lecteurs de la Bible – en font partie essentiellement les juifs et les chrétiens mais il en est aussi qui ne sont ni juifs ni chrétiens. « Faisons l’homme à notre ressemblance », dit Dieu. Et, poursuit le texte, [en effet] « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa ». Ce sont des paroles clés, dans le livre de la Genèse, non pas des choses dites de façon accidentelle ou accessoire. Un psaume biblique bien connu dit aussi, comme quelque chose de fondamental : « Il fit l’homme à peine moins qu’un dieu » (Ps . Jamais on n’a totalement sondé des paroles comme celles-là mais jamais on ne s’en est écarté non plus. Elles font oser penser et dire des choses qui, autrement, seraient énormes, surprenantes, tout à fait incroyables. Des paroles chrétiennes, entre autres, comme celles-ci (je cite le dernier concile des catholiques,Vatican II) : en l’homme est un « centre très secret », un « sanctuaire », « où il est seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre » (GS 16). Échange essentiel entre Dieu et cette image (inséparable) de Dieu : l’homme, donc.
Ou encore (toujours selon le concile Vatican II) : il y a une « ressemblance » de l’homme à Dieu telle que l’homme est la « seule créature sur terre que Dieu a voulue pour elle-même », existant aussi fermement que Dieu en somme ; « ressemblance » telle aussi, poursuit ma citation, qu’il « ne peut pleinement se trouver que par le don désintéressé de lui-même » (GS 24). Comme Dieu en somme. Voilà, en vérité, des propos formidables : c’est dans leur cadre que les chrétiens parlent de droits (qualités inaliénables) « de l’homme », avec d’autres assurément, mais en y mettant pour leur part tout ce sens et pas moins.
Socialité et d’abord sexualité
Dans ce contexte, l’homme est société – au sens fort de jamais sans autre –, et re-lation, comme Dieu est communion, fût-ce au sens que, dans la Bible ancienne même, Il n’est jamais sans sa Parole, sans sa Sagesse, sans un déploiement déjà, immanent, pouvons-nous dire. Dire que l’homme est à l’image de Dieu est dire aussi que Dieu, là encore, se déploie, se donne, même s’il n’a besoin de rien pour cela (il crée de rien…). Pour les chrétiens en tout cas, image fait facilement penser à verbe, parole : une image de Dieu n’est pas une ressemblance lointaine, un autre totalement séparé, c’est du très proche, car Dieu parle, toujours, souffle, émet mentalement, en somme, ne se sépare pas de lui-même en se donnant. L’homme est avec l’autre homme, ainsi également.
Les chrétiens commencent à parler de cette socialité fondamentale de l’homme en disant, comme les juifs d’ailleurs, que la sexualité, la différence et la relation homme-femme, femme-homme, sont de l’ordre de la relation même Dieu / image de Dieu, dualité privéligiée puisqu’elle ne peut qu’être unité en même temps. Dieu fait l’homme à son image, homme et femme il le fait.
Cela veut dire aussi, il est vrai, que l’homme est image de la femme, la femme image de l’homme. Tout être même, peut-on ajouter, aussi peu développé qu’il soit, depuis le végétal et le minéral même, est, en quelque mesure déjà, dialogue intime, dialectique, disons-nous un peu plus savamment ; en perspective est déjà : l’homme et l’homme, l’homme et la femme en premier lieu. https://www.cairn.info/revue-pardes-2005-2-page-53.htm |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12420 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Qu'est-ce que l'homme, pour que tu te souviennes de lui ? Lun 29 Avr 2019, 11:53 | |
| La pensée de Vatican II, telle que la présente et la représentait excellemment J.Y. Calvez, porte naturellement les traces de son époque, où le vis-à-vis principal, pour ne pas dire unique, du christianisme était le marxisme, celui-ci tout aussi anthropocentrique que celui-là malgré une conception légèrement différente (mais profondément apparentée) de "l'homme". Je trouve quand même aujourd'hui à cet "humanisme social" (qui m'est toujours en partie sympathique parce que je suis de la même époque) un arrière-goût saumâtre: la catastrophe écologique en cours lui doit au moins autant qu'aux éthiques "individualistes" et à l'indifférence morale... [Sans doute parce que j'ai lu et relu un peu de Kierkegaard ces derniers jours, je repense à l'étonnante symétrie de son "individualisme", ultra-chrétien et politiquement conservateur, avec celui de l'"anarchiste" Stirner -- tous deux contemporains de Marx dans le sillage de Hegel... Contre l'histoire politique et sociale des "masses", la même protestation de l'Unique (moi, soi) dans deux directions diamétralement opposées.] Le psaume 8, par ailleurs, me rappelle ceci.
Dernière édition par Narkissos le Lun 29 Avr 2019, 13:33, édité 1 fois |
| | | free
Nombre de messages : 10063 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Qu'est-ce que l'homme, pour que tu te souviennes de lui ? Lun 29 Avr 2019, 13:22 | |
| "Mais les grands prêtres et les scribes s'indignèrent à la vue des choses étonnantes qu'il avait faites et des enfants qui criaient dans le temple : « Hosanna pour le Fils de David ! » Ils lui dirent : Tu entends ce qu'ils disent ? Jésus leur répondit : Oui. N'avez-vous jamais lu ces paroles : Par la bouche des tout-petits et des nourrissons tu t'es formé une louange !" Mt 21, 15ss
"Par la bouche des enfants, des nourrissons, tu as fondé une force, à cause de tes adversaires, pour imposer silence à l'ennemi vindicatif." Ps 8,3
Ps 8,3 est cité en Mt 21,16. Jésus est acclamé par les foules, dans laquelle il y a des enfants (Mt 21,15). Devant l’indignation des grands prêtres et des scribes, Jésus cite ce verset du Ps 8 dans sa version grecque. (voir : https://theotex.org/septuaginta/psaumes/psaumes_8.html ) |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12420 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Qu'est-ce que l'homme, pour que tu te souviennes de lui ? Lun 29 Avr 2019, 14:07 | |
| Le traducteur grec ne comprenait sans doute plus le sens originel du texte hébreu (qui est probablement corrompu aussi dans sa version massorétique), correspondant à l'idée antique de "création" comme formation (mise en forme et en ordre, aménagement, arrangement, constitution et consolidation) à partir de l'informe (océan primordial, Yam, Apsu-Tiamat, Okeanos, etc.) qui est aussi un "adversaire" (Léviathan-Lôtan, Rahav, etc.): la "cosmogonie" est aussi une "théomachie", un combat de puissances, de l'"ordre" (kosmos) contre le "chaos".
Il en résulte en tout cas une fascinante constellation de l'en-deçà, avant-monde, avant-langage, enfance au sens étymologique du terme (in-fans = non parlant ou ne parlant pas clairement, cf. la "glossolalie" chrétienne entre autres; et ici).
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| | | free
Nombre de messages : 10063 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Qu'est-ce que l'homme, pour que tu te souviennes de lui ? Lun 29 Avr 2019, 14:25 | |
| - Citation :
- Le traducteur grec ne comprenait sans doute plus le sens originel du texte hébreu (qui est probablement corrompu aussi dans sa version massorétique), correspondant à l'idée antique de "création" comme formation (mise en forme et en ordre, aménagement, arrangement, constitution et consolidation) à partir de l'informe (océan primordial, Yam, Apsu-Tiamat, Okeanos, etc.) qui est aussi un "adversaire" (Léviathan-Lôtan, Rahav, etc.): la "cosmogonie" est aussi une "théomachie", un combat de puissances, de l'"ordre" (kosmos) contre le "chaos".
Dieu s’est construit un rempart ou une forteresse dans les cieux pour se protéger de ses ennemis. Il s’agit sans doute du firmament qui, comme son nom l’indique, était considéré une espèce de plaque « ferme » et solide. Les ennemis de Dieu peuvent être ses adversaires mythiques et cosmiques (cf. Ps 74,12-15 ; 77,14-18 ; 89,10-13 ; Jb 7,12 ; 26,12 ; Is 51,9-10) vaincus lors de la création et qui chercheraient à réinstaller le chaos primordial. http://www.spiritualite2000.com/2003/11/regard-sur-la-creation-psaume-8/ |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12420 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Qu'est-ce que l'homme, pour que tu te souviennes de lui ? Lun 29 Avr 2019, 15:10 | |
| C'est possible, quoique l'hébreu `z (= "force") n'ait pas nécessairement le sens concret de "rempart" ou de "forteresse"; si l'opposition générale est bien celle du "ferme" et de l'"in-firme", elle vaut autant pour la "terre ferme" que pour le "firmament". |
| | | free
Nombre de messages : 10063 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Qu'est-ce que l'homme, pour que tu te souviennes de lui ? Lun 29 Avr 2019, 15:44 | |
| En Psaume 8:5, les anges sont aussi appelés ʼèlohim, ce que confirme Paul lorsqu’il cite ce passage en Hébreux 2:6-8. Ils sont qualifiés de bené haʼÈlohim, ‘ fils de Dieu ’ (Jé) ou “ fils du vrai Dieu ” (MN), en Genèse 6:2, 4 ; Job 1:6 ; 2:1. Le Lexicon in Veteris Testamenti Libros, par L. Koehler et W. Baumgartner (1958), page 134, donne cette définition : “ Êtres divins (individuels), dieux. ” Et, page 51 : “ les dieux (particuliers) ”, citant Genèse 6:2 ; Job 1:6 ; 2:1 ; 38:7. C’est pourquoi ʼèlohim a été traduit en Psaume 8:5 par “ anges ” (LXX) ou par “ ceux qui sont de condition divine ”. — MN ; voir aussi Dictionnaire d’Hébreu et d’Araméen Bibliques, par P. Reymond, Paris, 1991, p. 63. https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1200001729#h=9:0-9:701 |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12420 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Qu'est-ce que l'homme, pour que tu te souviennes de lui ? Lun 29 Avr 2019, 16:19 | |
| C'est en effet la Septante qui "traduit" ici l'hébreu 'elohim (= dieu ou dieux) par le grec aggelous (messagers, émissaires, d'où "anges"), comme souvent lorsque le pluriel s'impose (a fortiori pour bene-'elohim, fils -- au pluriel ! -- des dieux) et qu'il n'est plus question, pour cause de monothéisme, de parler de "dieux" -- sur ce point l'épître aux Hébreux se contente de la suivre, en donnant de surcroît un sens temporel au "un peu", puisqu'il lui importe précisément de montrer que le "Fils de Dieu" (en tant qu'Homme archétypique, Adam primordial et Fils de l'homme, voir lien supra) est (normalement) supérieur aux "anges".
L'intertextualité (hébreu/grec, AT/NT) est la même pour tout le monde, mais tout dépend comment on la présente. Un "fondamentaliste" dira "les anges (signifiant-signifié, on sait ce que c'est) sont appelés 'dieux'" (i.e., ce n'est qu'une "façon de parler"), là où un bibliste "historico-critique" dira "les 'dieux' ont fini par être appelés des 'anges'" (i.e., c'est la "théologie" qui a changé et créé de toutes pièces une "angélologie").
Dernière édition par Narkissos le Lun 29 Avr 2019, 16:42, édité 1 fois |
| | | free
Nombre de messages : 10063 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Qu'est-ce que l'homme, pour que tu te souviennes de lui ? Lun 29 Avr 2019, 16:39 | |
| Le Psaume 8 a inspiré certains textes du NT , notamment 1 Cor 15, 27 ("il a tout mis sous ses pieds") à comparer avec le v 7 du Psaume 8 : "Tu lui as donné la domination sur les œuvres de tes mains, tu as tout mis sous ses pieds". Idem concernant Ep 1, 22 ("Il a tout mis sous ses pieds"). |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12420 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Qu'est-ce que l'homme, pour que tu te souviennes de lui ? Lun 29 Avr 2019, 16:58 | |
| Très juste, et il faut remarquer que toutes ces références néotestamentaires (aussi Hébreux 2,6ss) sont "christologiques": elles ne se rapportent plus à la condition ordinaire de l'"homme-en-général" comme le psaume dans sa lecture obvie, mais à Jésus-Christ (même si celui-ci représente "l'homme" d'une autre manière, eschatologique ou archétypique). De même ce qui lui est soumis déborde très largement la perspective du psaume, qu'il s'agisse de "la mort" et ou d'autres "puissances cosmiques" (voir les contextes respectifs) -- le mixage avec le psaume 110, "top 1" des citations de l'AT dans le NT, s'y prête puisqu'il s'agit là d'ennemis (sous les pieds du roi prêtre). |
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| Sujet: Re: Qu'est-ce que l'homme, pour que tu te souviennes de lui ? | |
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