Revoir peut-être le début de ce fil, consacré précisément à ce passage, avant qu'on ait dérivé vers d'autres thèmes ou sections de la Première à Timothée ou des "Pastorales" en général. Comme on l'a remarqué (p. ex. supra 25.10.2019), c'est autant la "foi" (pistis) que la "vérité" qui tendent dans ces textes vers un sens "objectif" et "doctrinal", de sorte qu'elles deviennent quasiment interchangeables entre elles et avec d'autres termes encore, par exemple la "connaissance" ou "re-connaissance" (epi-gnosis) qui se confond elle-même avec la "confession" (homologia: dire et penser le même), au sens de "confession de foi = croyance = doctrine". En somme, l'"orthodoxie" finit par s'assimiler toutes les notions qui s'en approchent, gommant leurs différences de sens et rendant ostensiblement circulaire et répétitif tout discours "ecclésiastique", du catéchisme à la théologie en passant par la liturgie ou l'homélie (en caricaturant à peine, on pourrait dire que c'est la musique qui compte plutôt que les paroles et leur "sens" éventuel; "toujours la même musique", comme dans Drôle de drame). Je rappelle au passage que pistos, pistoi, peut se traduire aussi bien par "fidèle(s)" que par "croyant(s)", ce qui participe à l'équivalence ou à l'indifférence générales du vocabulaire (du moins "positif")...
L'article de Gourgues mériterait discussion sur plusieurs points exégétiques, mais comme il vise principalement le discours de l'Eglise catholique contemporaine (et déclinante) sur les "autres religions" et les "non-croyants", soit un certain "universalisme" d'intention mis en valeur depuis quelques décennies à des fins diplomatiques et iréniques, voire de survie, il souligne avec raison que pour un tel usage 1 Timothée 4,9s est plus adapté, sinon pertinent, que 2,4s (cf. supra 21.10.2019). Comme on l'a vu plus haut (p. ex. 16.10.2019), la position proto-catholique et orthodoxe des Pastorales entraîne un discours d'ouverture théorique, voire d'"universalisme du salut" dans un horizon eschatologique indéfini (ça ne mange pas de pain), pour autant que leur combat immédiat est de "politique" interne (contre les "hérétiques" ou "sectaires" que "l'Eglise" produit en les repoussant et en les expulsant, et en les cataloguant par la même occasion, "gnostiques", "marcionites", "judéo-chrétiens" et autres).