Coronavirus, Bible et théories de l’effondrement

Je constate pour ma part que le petit coronavirus a bel et bien fait s'effondrer (collapse) d'un coup un certain nombre d'"évidences" ou plutôt de "dogmes" massifs, notamment économiques, politiques et juridiques, que la plupart tenaient pour assurés tandis que quelques-uns les combattaient en vain, sur le plan de la théorie ou de l'action militante: croissance, équilibre budgétaire et monétaire, pouvoir d'achat, une grande partie du travail, du commerce, de la production, de la consommation, des administrations, des associations, des projets publics ou privés, et même des droits particuliers ou collectifs, tout cela est remis en question par le simple fait que c'est effectivement interrompu, suspendu, en tout cas arrêté. Ce qui paraissait impossible ou impensable il y a quelques jours arrive, il lui fallait arriver pour se faire entendre, même s'il faudra longtemps pour le penser, si tant est qu'on y arrive.

Comme après une crise financière, une épidémie et l'histoire humaine en a rencontré de nombreuses, l'être humain se remettra sur pied et oubliera ce qu'il a connu alors, ratant une bonne occasion de se poser quelques questions sans remettre tout en question....

Le temps de l'événement n'est pas celui de la réflexion (Nach-denken: si on pense, c'est après coup) -- sinon sur ce qui le précède. Et l'événement en cours fait justement ressortir, par contraste, que pour "cette génération" d'Européens, je veux dire depuis la Seconde Guerre mondiale, soit la quasi-totalité de "notre" mémoire effective à ce jour, il n'y a pas eu d'"événement" comparable; non qu'il n'y ait eu des choses aussi graves et même beaucoup plus, mais elles ne nous ont pas affecté, nous ne les avons pas laissé nous affecter, elles n'ont pas fait "événement" pour nous au même degré. L'"événement" ce n'est pas seulement "une maladie" (celle-ci est encore loin de concurrencer l'ordinaire des maladies cardio-vasculaires, des cancers, ou de "nouveautés" un peu plus anciennes comme le sida), mais la manière dont nous y réagissons, celle-ci effectivement "sans précédent" -- et pourquoi nous y réagissons ainsi nous ne le savons pas encore.

Je me suis demandé si la réaction générale - gouvernementale, médicale - n'est pas si exacerbée parce que nous nous sommes dans une société ne considérant plus la mort comme faisant partie de la "vie courante". Le risque zéro soit zéro mort, zéro blessé mais en prenant toujours plus de risques qui même calculés peuvent représenter une source de danger.

Plus personne ne veut accepter la mort de "pépé", de "mamie" bien que souffrant de maladie chronique, maladie qui aurait été motelle il n'y a pas si longtemps. Seulement voilà la médecine a progressé et tout parait possible.

Il n'y a pas de pensée publique de la mort -- depuis les bancs de l'école primaire jusqu'aux sommets de l'Etat, on n'en parle pas du tout. Chacun doit se débrouiller en privé avec les ressources que lui donne éventuellement une religion, une philosophie, une culture, ce qui pour une grande partie de la population se réduit à presque rien. Tout le monde (des familles aux assurances sociales publiques ou privées, caisses de retraite, etc.) calcule avec la mort, statistiquement, mais entre les chiffres de la mort et chaque mort particulière -- un nom, un visage, une voix qui ne répond plus, un cadavre, des souvenirs, des sentiments -- il y a un abîme et pas la moindre communication.

Dans ces conditions la mort ne peut nous atteindre que comme événement, réel, incontournable, impensable sur le coup, mais qui donne à penser plus tard. Et il faut reconnaître qu'elle fait ça très bien: comme disent les notaires, le mort saisit le vif. Mais c'est quand même un paradoxe de la culture humaine, et tout spécialement occidentale-moderne, telle qu'elle s'est "mondialisée": que plus elle lutte rationnellement et scientifiquement contre "la mort", avec cependant la certitude tout aussi rationnelle et scientifique de l'échec assuré (en un sens la mortalité de l'espèce humaine reste de 100 %, invariablement), moins elle la pense, et moins aussi elle peut penser sa vie telle qu'elle est.

Pour revenir à l'article (suisse) cité au début de ce fil par free, je dirais qu'entre "faute et châtiment" d'une part et "cause et conséquence" d'autre part la distinction n'est pas si nette, ni dans l'Antiquité (dans la Bible même, et dans les mêmes textes un événement donné peut être lu tantôt comme "châtiment", tantôt comme "conséquence"), ni à l'époque moderne (la psychanalyse, notamment, a fait ressortir de la "faute" et du "châtiment" irrationnels et subjectifs là où le discours scientifique et objectif ne pouvait voir que de la causalité). Cela contribue, entre autres choses, à une sacralisation équivoque de l'"autorité" politique et médicale vers laquelle on se tourne tantôt comme vers un sauveur dont on peut tout espérer et à qui l'on doit en retour une obéissance absolue, tantôt comme vers un coupable qu'on chargera ensuite de tout le "mal".

Dans la spiritualité bouddhiste la mort  n'est qu'un passage obligé qui ne met pas fin à la vie. Cependant, ayant assisté à un enterrement au sein de la communauté bouddhiste je n'ai pas remarqué de différences importantes quant à la réaction de la famille endeuillée par rapport à une famille chrétienne ou laïque.

Certes, il n'est pas déclaré que le défunt passera devant un juge céleste. Mais l'assistance était très consciente que si la mort ne met pas fin à la vie du défunt elle rompt les liens qui unissaient la famille avec ce dernier. Le chagrin et parfois la sidération sont bien présents dans ces moments terribles.

Au Japon ou en Corée -- que je ne connais guère que par le cinéma, mais c'est un thème qui y est très présent -- bouddhisme et "culte des ancêtres" sont étroitement liés: non seulement c'est habituellement un bonze, ou un moine bouddhiste, qui officie pour les obsèques, mais il revient aussi pour les célébrations annuelles de la mort du défunt, outre le culte proprement familial (autel, offrandes) où pratiquement toutes les prières sont à Bouddha (à ce que j'ai cru comprendre).

Au-delà du seul bouddhisme, j'ai l'impression que l'idée de "rupture des liens familiaux" est beaucoup moins nette dans les cultures traditionnelles non chrétiennes (ou du moins ce qu'il en reste), à l'exception peut-être de l'islam.

Pour revenir au thème proprement dit de ce fil. Il me semble que les bouddhistes sont beaucoup moins affectés par la fin du monde, par une Apocalypse collective.

Après tout la mort peut survenir avant le Nirvana, et le Karma de chacun est influencé par les actes, bons ou mauvais si tant est que l'on peut donner une définition satisfaisante de ces deux termes, accomplis au cours de la vie actuelle, des précédentes et des futures.

L'eschatologie est surtout une invention perse, adoptée et adaptée par certaines branches du judaïsme du Second Temple à l'époque hellénistique: il n'est pas surprenant qu'elle n'ait guère influencé le bouddhisme indien, qui s'est surtout propagé dans la direction (géographique) opposée. Il y a en revanche une véritable affinité du bouddhisme (même si elle n'implique aucune "influence" directe) avec les courants juifs et chrétiens qui résistent à l'eschatologie, comme les sadducéens (e.g. Qohéleth-l'Ecclésiaste) de Judée, une bonne partie des judéo-hellénistes de la diaspora toutes tendances philosophiques confondues, le johannisme, etc.

Pour revenir à l'hypothétique relation "Bible / coronavirus", je pense qu'il ne faut pas, en principe, la limiter à l'eschatologie ou à l'apocalyptique tardives (bien que pour nous ce soit une médiation quasiment inévitable): dans les textes bibliques plus anciens des "fléaux" en tout genre et notamment des épidémies, qu'il s'agisse des "plaies d'Egypte" ou de la "peste" associée au recensement de David, n'ont rien à voir avec une "fin du monde" (notion tout à fait anachronique), mais décrivent simplement des interventions divines dans une histoire qui continue. C'est une lecture des avanies de l'histoire réelle (même quand elle est rétro-jetée sur un passé lointain en fiction fondatrice du présent, ainsi l'Exode d'Egypte pour la nation d'Israël ou le sacrifice fondateur du temple de Jérusalem). "Châtiments" souvent, du moins dans la mesure où ils sont expliqués ainsi, mais pas de fautes "morales" au sens où nous l'entendons, et avec un avenir qui n'est pas pour autant un "monde nouveau".

Citation :

Pour revenir à l'hypothétique relation "Bible / coronavirus", je pense qu'il ne faut pas, en principe, la limiter à l'eschatologie ou à l'apocalyptique tardives (bien que pour nous ce soit une médiation quasiment inévitable): dans les textes bibliques plus anciens des "fléaux" en tout genre et notamment des épidémies, qu'il s'agisse des "plaies d'Egypte" ou de la "peste" associée au recensement de David, n'ont rien à voir avec une "fin du monde" (notion tout à fait anachronique), mais décrivent simplement des interventions divines dans une histoire qui continue. C'est une lecture des avanies de l'histoire réelle (même quand elle est rétro-jetée sur un passé lointain en fiction fondatrice du présent, ainsi l'Exode d'Egypte pour la nation d'Israël ou le sacrifice fondateur du temple de Jérusalem). "Châtiments" souvent, du moins dans la mesure où ils sont expliqués ainsi, mais pas de fautes "morales" au sens où nous l'entendons, et avec un avenir qui n'est pas pour autant un "monde nouveau".

 nous est donc difficile d’imaginer ce qu’ont pu être les bouleversements provoqués par l’épidémie de peste noire qui commença en Europe en 1348 et tua, dans une première vague, en quelques années, plus du quart de la population. À une époque où les microbes étaient inconnus, où les voies de contagion étaient peu connues, comment un village pouvait-il vivre la disparition, en quelques jours, des trois quarts de ses habitants ? À l’évidence, ces carnages ne pouvaient être que l’œuvre du diable ou d’un Dieu courroucé. Le Premier Testament évoque toujours la peste comme une punition de Dieu (Ex 9,3 ; Dt 28,21 ; 2 S 24,15 etc.), et l’évangile de Luc en fait un signe de la fin des temps (Lc 21,11). La Septante, traduction grecque de la Bible hébraïque, utilise d’ailleurs le même mot pour désigner la peste et la mort.

Pourtant la peste continue à faire réfléchir. Albert Camus l’a prise comme emblème du mal. Son roman « La peste » (allégorie du nazisme) décrit les réactions des hommes et de la société face à un fléau : pa-nique, my-s-ticisme, résignation mais aussi résistance et solidarité. https://www.evangile-et-liberte.net/elements/numeros/188/article11.html




Au Brésil, des évangéliques nient la dangerosité du coronavirus


Des pasteurs pentecôtistes ont refusé de fermer les portes des églises malgré le risque de contamination.

La scène se déroule le 14 mars. La vague du coronavirus commence à déferler sur le Brésil. Dans les grandes agglomérations, les autorités locales ordonnent des mesures de confinement et l’interdiction des grands rassemblements. Mais Silas Malafaia, médiatique chef de l’Assemblée de Dieu Victoire dans le Christ, l’une des plus grandes Eglises évangéliques du pays, ne compte pas renoncer à son culte du samedi. Bien au contraire.

Depuis son temple du quartier de la Penha, dans le nord populaire de Rio, le pasteur discourt face à des centaines de fidèles, pressés les uns contre les autres. « Notre église va garder ses portes ouvertes ! L’église doit rester l’ultime bastion de l’espérance du peuple ! », clame Malafaia, appelant l’assistance à « ne pas entrer dans une névrose folle » : « Nous croyons que Dieu a le contrôle de toute chose. Nous croyons au pouvoir de la prière. C’est notre arme ! »

Comme Malafaia, nombreux sont les pasteurs brésiliens à s’être signalés ces dernières semaines par leur « coronascepticisme ». Le 15 mars, c’était au tour d’Edir Macedo, puissant « patron » de la grande Eglise universelle du royaume de Dieu (1,8 million de fidèles). Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, ce dernier appelle ses ouailles à « ne pas se préoccuper du coronavirus » : la pandémie est une « tactique », orchestrée par une surprenante alliance entre Satan, les médias et « les intérêts économiques », pour semer la « terreur ». https://www.lemonde.fr/international/article/2020/04/02/au-bresil-des-evangeliques-nient-la-dangerosite-du-coronavirus_6035275_3210.html

Très intéressant, l'article de Hubac -- parmi les penseurs modernes de la peste (ou du choléra), j'ajouterais, dans deux directions très différentes, Artaud et Giono.

Il faut dire que pour le christianisme ce genre de situation est une épreuve du réel et de son propre "sérieux" -- aussi bien pour un christianisme exotérique, eudémoniste et populaire, évangélique, pentecôtiste ou catholique, qui prétend croire à la protection et à la guérison miraculeuses, que pour un christianisme intérieur et mystique, qui prétend s'affronter à la mort, à la croix, au martyre et à la perte de "soi"... Pour ces deux tendances différemment, le repli sur la doxa médicale, rationnelle et scientifique, qui se traduit en l'occurrence par la soumission aux normes politico-médiatiques, passe pour un échec ou une renonciation. Il n'est pas étonnant qu'il y ait de la résistance et de la surenchère -- à vrai dire la "foi" serait tout à fait morte s'il n'y en avait pas...

Je me demande ce que diront ces pasteurs après que le corona aura opéré des coupes sombres parmi leurs fidèles. Peut-être accuseront-ils ces victimes de n'avoir pas eu assez de foi... Et dans le cas ou le gouvernement tancera ces églises les Témoins y verront une partie de leurs prophéties se réaliser : "les religions seront attaquées par le système politique...."

Je me disais à peu près la même chose en entendant que non seulement en Alsace-Lorraine, mais aussi en Corée du Sud, divers groupes religieux et notamment chrétiens, "sectaires" ou "évangéliques", étaient pointés du doigt pour avoir constitué des "foyers" de contagion. La résistance affichée de nombreuses Eglises aux mesures de précaution en Amérique du Nord et du Sud, par exemple au Brésil, est vue sous le même jour par les médias européens, mais il n'est pas sûr que cette opinion soit largement partagée (du moins pour le moment) dans ces pays où elles constituent une base électorale considérable, y compris des dirigeants au pouvoir (p. ex. Trump et Bolsonaro).

Chacun a les questions théologiques qu'il peut, sinon celles qu'il mérite...

La chute n'est évidemment pas la même pour ceux qui à longueur d'année parlent de puissance, de bénédiction, de protection et de guérison miraculeuses, et pour ceux qui parlent plutôt de faiblesse, de croix, de souffrance et de mort... mais dans les deux cas elle est spectaculaire, en cette semaine sainte désertée.

Le problème, à mon sens, c'est qu'il n'y a quasiment aucune communication entre les croyances relatives à la vie et à la mort et une pensée de la vie et de la mort "réelles", de sorte que la grande majorité des gens se trouvent livrés sans défense ni distance à un discours "scientifique" (biologique, médical, statistique), relayé massivement par les politiques et les médias, qui ne constitue ni une croyance ni une pensée tout en participant confusément des deux. Toute autre parole, qu'elle soit de "foi" ou de "pensée", devient inaudible.

Coronavirus signe de "la fin de la fin des derniers jours" (Stephen Lett, du Collège central des témoins de Jéhovah) : https://www.youtube.com/watch?v=UOstmDgVF8k

la fin est donc imminente, elle frappe à notre porte

Il ne me paraît pas idiot en soi de croire à une "fin du monde", à toutes sortes de "fin de monde" possibles, mais le scénario jéhoviste, pour ce qui est de la vraisemblance ou de la crédibilité, se situe dans le peloton de queue, très nombreux il est vrai, des scénarios envisageables -- il me semble qu'au fond ça ne peut échapper à aucun TdJ, fût-il membre du Collège central.

Pour le dire autrement, l'orateur serait sans doute le premier surpris que sa "fin du monde" arrive telle qu'il l'annonce, non seulement plutôt qu'aucune "fin du monde", mais aussi plutôt qu'une autre "fin du monde", laquelle aurait l'avantage de le dispenser d'explication...

En attendant, c'est le cas de le dire, la seule chose qu'il prêche effectivement, c'est l'obéissance. Je remarque d'ailleurs, pour la deuxième fois (ça m'avait frappé dans une autre vidéo que tu nous avais présentée récemment, je ne sais plus dans quel fil, où l'auteur s'emmêlait dans ses définitions de "l'esclave fidèle et avisé"), le curieux procédé rhétorique consistant à dire, de la part d'un membre du Collège central, "nous devons obéir au Collège central (à l'esclave fidèle et avisé, à l'organisation, etc.)" Je repense à Lacenaire-Herrand dans Les enfants du paradis: "quand je dis vous et moi, c'est une façon de parler"... et pourtant ici elle dit vrai, dans le sens que ceux qui sont censés diriger ou gouverner (Governing Body) ont toujours la sensation d'obéir à quelque chose qui les dépasse...

Ma belle-mère (seconde épouse de mon père) m'a dit combien il était important de prendre conscience de la particularité de la pandémie actuelle qui se répand sur toute la terre. Je lui ai fait part de ma circonspection en me référant à 1975. Elle a admis que le Collège central de l'époque avait commis une lourde erreur, mais a-t-elle ajouté il n'en est pas de même pour la pandémie car la bible parle d'épidémies devant se produire avant la fin. Je lui ai demandé quand viendrait la fin proprement dite. Elle m'a répondu dans une année ou 2.

"La fin de la fin des derniers jours", c'est the final part of the final part of the last days -- la dernière partie de la dernière partie... (non que ça change grand-chose, mais il s'agit toujours de durées, indéfiniment prolongeables en fait; c'est une réminiscence de la NWT, p. ex. Isaïe 2,2, "in the final part of the days", que la TMN traduit "période finale des jours").

Que certains TdJ en concluent au "commencement de la grande tribulation", c'est évidemment possible (à cet égard le témoignage de la belle-mère de lct est tout à fait significatif), mais il faut remarquer aussi qu'une "pandémie" n'était absolument pas prévue à ce point du "scénario" jéhoviste. Le dernier signe avant-coureur, pour rappel, c'était "paix et sécurité", et ça n'y ressemble guère (tout au moins du côté de la sécurité).

Je note enfin que les "consignes" centrales et locales (Collège central, filiales, itinérants, anciens de congrégations d'assemblées) pour lesquelles la Watch réclamait, en principe, une "obéissance" absolue, s'avèrent en l'occurrence très raisonnables et prudentes: ni plus ni moins se conformer aux recommandations des autorités sanitaires et politiques du "monde", notamment quant à l'arrêt des réunions et du prosélytisme publics --  plus question cette fois de jouer l'affrontement, sur le mode "obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes". La "transition virtuelle" amorcée tardivement mais très efficacement par la Watch (du moins dans les pays relativement riches) permet en la matière de ménager la chèvre et le chou (on communique "par Internet" et on a le sentiment de n'avoir rien cédé) -- au passage, la citation d'Isaïe 60,16 vaut son pesant de lait "technologique", sinon de cacahuètes.

C'est ce que j'appelais plus haut (3.4.2020) "l'épreuve du réel" (question aussi vieille que le monothéisme, cf. Job ou le deutéro-Isaïe): ou bien "Dieu" assume le coronavirus, le bacille de la peste, l'amanite phalloïde, le requin, le cobra et le tigre, les tremblements de terre, les tempêtes et les éruptions volcaniques, le moindre homicide et le plus terrible génocide, ou bien il n'y a aucune raison de lui attribuer l'amour, la bonté, la beauté d'un coucher de soleil ou d'un concerto de Mozart. C'est la réduction morale (à un "bien" opposé à un "mal" du seul point de vue -- et de très courte vue -- de "l'homme") qui lui est fatale. Et fatale aussi à "l'homme".

Dieu ne pourrait-il pas assumer le bien et le mal ?

C'était bien l'idée de départ du monothéisme (cf. Isaïe 45,7, par opposition au dualisme perse; et Job, etc.) -- mais il a du mal à s'y tenir.