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| Le livre de Daniel est-il authentique? | |
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Auteur | Message |
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free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique? Lun 06 Nov 2023, 16:16 | |
| Hébreu et araméen dans la Bible
II. Le bilinguisme dans le livre de Daniel
Le livre de Daniel comporte deux parties: la première relate sur le mode légendaire de la fiction historique comment, par l’entremise de Daniel, un Juif de la cour impériale de Babylone, le dieu du ciel avait révélé sa souveraineté éminente au premier et au dernier chef de l’empire néo-babylonien dont le fondateur, Nabuchodonosor, avait mis fin au royaume de Juda en supprimant la famille royale et avait aboli le culte du dieu local du trône et de la dynastie, en boutant le feu au temple de Jérusalem en 587. La seconde partie réunit quatre récits de visions reçues ultérieurement par Daniel, au moyen desquelles le dieu du ciel révèle à son serviteur ses desseins secrets concernant le gouvernement des hommes jusqu’à la fin des temps. L’araméen est employé aussi bien dans les récits d’interprétation de songes que comporte la première partie que dans le premier des récits de visions apocalyptiques qui inaugure la seconde. Le passage d’une langue à l’autre ne recoupe donc pas exactement les différences de forme et de contenu qui se constatent de l’une à l’autre section. Encore convient-il de nuancer les dites différences de contenu en remarquant qu’il est question, dans les deux sections, de visions, les premières adressées au grand roi et interprétées par Daniel, les secondes reçues par Daniel et interprétées par l’ange Gabriel(8,16; 9,21), le répondant céleste de Daniel à la cour du grand roi du ciel. Le retour à l’hébreu dans la seconde partie, au chap. 8, peut ainsi s’expliquer par la présence de Gabriel qui s’exprime en hébreu en tant qu’agent de l’Alliance unissant le grand dieu du ciel à son peuple. Quant au passage à l’araméen au chap. 2 (2,4b), il est justifié dans le texte par la langue parlée à la cour du grand roi. L’araméen, idiome impérial du gouvernement, de la science et de la culture, d’après Dn 1,4, et, de surcroît, langue maternelle, ethnique de Nabuchodonosor, l’empereur chaldéen, est employé à l’adresse du souverain afin de lui révéler les secrets touchant le terme du délai alloué de toute éternité à son exercice de la domination universelle. Comme le temps de la fin de ce monde-ci, le terme de la domination universelle de chaque souverain n’est connu que du grand dieu du ciel qui en confie la connaissance à Daniel, en tant que membre de l’aristocratie non seulement de la cour terrestre mais aussi de la cour céleste. Aussi, Hedwige Rouillard-Bonraisin a-t-elle raison de souligner que l’essentiel de la distinction des deux langues dans le livre de Daniel repose sur l’opposition entre secret et dévoilement, énigme et interprétation. L’interprétation est délivrée à tout l’empire par l’intermédiaire de son chef, dans la langue des nations. L’hébreu apparaît du même coup comme la langue dans laquelle sont énoncés les secrets primordiaux de l’ordre du monde et l’araméen comme l’idiome dans lequel ces secrets sont communiqués à l’ensemble de la création dans la langue internationale des nations. L’ordre du monde qu’a établi Élohim est ainsi exprimé en hébreu, de même que l’injonction yehi ’or à Gn 1,3.N’est-ce pas là le fondement même de l’auctoritas qui caractérise et garantit la souveraineté du dieu de Jérusalem? L’hébreu est donc la langue par laquelle le dieu qui trône à Jérusalem instaure l’ordre sacré de l’univers et l’idiome au moyen duquel il communique avec les intermédiaires chargés de les dévoiler et de les expliquer à la création.
De quel genre d’intermédiaire s’agit-il? Qui est Daniel et quel est son statut? En tant que gardien des paroles divines et des secrets de l’ordre du monde, il ne peut s’agir que d’un prêtre, en vertu de la promesse faite à Josué le grand prêtre, coconstructeur du second temple de Jérusalem sur ordre de Cyrus le Grand :
Si tu marches dans mes voies et si tu gardes mes observances si tu juges également ma maison et gardes aussi mes parvis, je te donnerai accès parmi ceux qui se tiennent ici (à savoir au Conseil céleste). (Za 3,7.)
Que Daniel soit un prêtre est d’ailleurs suggéré par 1,8 (bis) où il est précisé qu’il prend garde à ne pas «se souiller» (g’l,hitp.) ; d’autre part, les prières d’action de grâces que profère Daniel (2,20-23; cf. LXX 3,24-91;9,4-20) s’apparentent aux pièces liturgiques insérées dans les livres d’Esdras et de Néhémie ...
https://www.academia.edu/17807225/H%C3%A9breu_et_aram%C3%A9en_dans_la_Bible
Dernière édition par free le Lun 06 Nov 2023, 17:56, édité 1 fois |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique? Lun 06 Nov 2023, 17:42 | |
| L'article d'Arnaud Sérandour (qu'un peu plus tard, mais avant de le lire, j'avais rencontré au Collège de France, par l'entremise d'un ami commun qui a aussi participé à ce forum sous le nom d'Anagnoste: le monde est petit, mais son temps labyrinthique) est fort intéressant, quoique un peu trop systématique à mon goût; mais c'est le jeu de l'intelligence qui ne comprend que des "idées", des formes intelligibles seulement par formalisation, schématisation, simplification (esquisse, épure), caractérisation ou caricature du réel. Le schématique est toujours trop schématique, mais c'est sa seule façon de (se) faire "voir" (sentir, entendre, toucher, goûter) ou comprendre.
L'"idée" générale que l'hébreu apparaît comme la langue particulière, interne, privée, secrète, ésotérique, des "Judéens-juifs", au moment même où elle devient "langue morte" et/ou "savante", écrite et lue par une certaine "élite" mais de moins en moins parlée dans la vie quotidienne; et l'araméen langue commune, universelle depuis les empires mésopotamiens et perse (mais bien avant Daniel concurrencée et dépassée dans cette fonction par le grec, y compris en Judée), cette idée-là me semble, en principe, indiscutable. Mais son application systématique au livre de Daniel, dans le détail (encore plus qu'à Esdras), me paraît douteuse. En Jérémie 10,11 cela fonctionnerait très bien (on saute tout à coup à l'araméen pour une "proclamation universelle"), mais dans Daniel ? Selon cette logique le livre devrait être en araméen depuis le début, pas seulement à partir de 2,4b, et à l'opposé le chapitre 7 qui ne s'adresse à aucun "païen" devrait être en hébreu, comme la suite "apocalyptique"... |
| | | free
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| Sujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique? Jeu 09 Nov 2023, 14:22 | |
| Les Juifs et leurs voisins à l'époque perse, hellénistique et romaine
Les cités hellénistiques
Des rapports complexes établirent entre les Juifs et le groupe le plus hétérogène qui soit savoir les immigrants expression et de culture grecques et leurs alliés les Phéniciens par exemple Conscients de la distinction de ce groupe si différent des autres les Juifs objectivèrent ces dis parités Ils entretenaient pas avec lui les mêmes relations avec les populations autochtones ou avec le pouvoir impérial des puissances orientales notamment perse Ce phénomène apparaît clairement dans le livre de Daniel qui souligne la différence intrinsèque que présente le pouvoir hellénistique en comparaison des pouvoirs antérieurs Pour le rédacteur de Daniel le phénomène grec est essentiellement différent des empires précédents Par conséquent attitude de auteur de Daniel ou celle des Juifs qui pensaient et sentaient comme lui se démarquait vis-à-vis des Grecs de celle il adoptait envers les autres peuples.
En effet concernant les relations des Juifs et de leurs voisins il convient de distinguer entre les voisins en général les autres globalement et ceux qui se différenciaient la fois des Juifs et de leurs voisins Cette distinction exprime nettement dans Daniel soit symboliquement par les métaphores des bêtes et des métaux comparés aux royaumes soit par un certain nombre expressions chargées de connotations particulières La conception historique de Daniel établit une claire différenciation entre les trois royaumes et la Grèce soulignant ainsi la spécificité des Grecs et la distance les séparant des autres peuples Il faut également tenir compte des qualificatifs et des expressions utilise le rédacteur pour désigner les Grecs qualificatifs et expressions dont la connotation diffère sensiblement de celle qui appliquait tout ce qui avait précédé le royaume grec.
En autres termes les rapports entre les Juifs et les Samaritains étaient des rapports hostilité dans un contexte de proximité de rivalité liée des controverses sur identité origine la tradition le culte le problème de élection voire de rivalité en vue de gagner de nouveaux adeptes leurs pratiques religieuses contrario les relations avec les Iduméens et les autres peuples sémitiques même hostiles eurent jamais la même charge spirituelle ou affective Cette absence de divergences sur le plan religieux ajoutée la proximité origine et de coutumes la langue et des usages comme celui de la circoncision) atténue antagonisme avec les Iduméens et explique pourquoi ces derniers ont pu devenir Juifs et intégrer la population juive En revanche les Juifs ressentaient si vivement leur différence avec les Grecs et leurs alliés en particulier les Phéniciens en ce qui concerne mon propos) il avait pas de rapprochement possible entre eux et ceux ils mettaient écart du genre humain cette remarque ne concerne pas la diaspora juive dont les rapports avec la société d'accueil étaient autrement plus complexes).
Il va de soi que on peut appréhender les choses du point de vue opposé la vision que les peuples voisins avaient eux-mêmes face aux Juifs Les Samaritains se considéraient comme les représentants du véritable judaïsme dont éloignaient les Juifs et est en raison de hérésie de ces derniers que les Samaritains ne pouvaient imaginer éventualité une alliance avec eux Les Iduméens dont les relations avec les Juifs étaient fluctuantes purent la fin du deuxième siècle avant notre ère coopérer avec les Juifs qui venaient de vaincre leur ennemi commun le pouvoir hellénistique) coopération qui se transforma en une véritable intégration religieuse et culturelle Les Grecs qui estimaient supérieurs la population autochtone et envisageaient pas le moindre rapprochement avec les Juifs tant était profonde la conscience de leur différence et du conflit intérêts qui les opposaient aux habitants du pays dont les Juifs constituaient la force vive rejetaient toute coopération avec ces derniers et préféraient le départ la conversion.
https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1996_num_51_5_410900 |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique? Jeu 09 Nov 2023, 15:37 | |
| Contrairement à cet extrait qui me donne l'impression d'être passé malencontreusement par la moulinette d'une traduction automatique, l'article auquel ton lien aboutit, traduit mais par une intelligence humaine, est parfaitement lisible. Et fort utile pour éclairer un sujet passablement obscur pour la grande majorité des "lecteurs de la Bible", la définition et l'auto-compréhension du "judaïsme" pendant toute la période dite du Second Temple, de l'époque perse à l'époque romaine. Autant dire que si ça concerne Daniel ça concerne beaucoup d'autres textes, "bibliques" au sens juif ou chrétien et autres (et en particulier Esdras-Néhémie qui offre[nt] une des principales clés de l'intelligence des enjeux de toute cette période, longue, complexe et mouvementée).
Il faudrait cependant, à mon avis, interroger davantage le concept de "judaïsme" et sa référence géographique (Juda, Judée) qui se perd en français dans le mot "juif". On peut encore deviner la distinction Judée / Samarie dans "Juif / Samaritain", quoique celle-ci passe surtout pour "ethnique" et "religieuse"; mais la "Galilée" (galil-ha-goyim, région "des nations" ou "des païens" dans Isaïe), est-elle "juive" ? Sûrement pas au sens de "judéenne", sens pourtant indiscernable en hébreu, en araméen, en grec ou en latin (yehoudi, ioudaios, iudaeus). L'ambiguïté est d'autant plus indécidable et décisive que c'est précisément à la Galilée que vont se rattacher, au moins de façon légendaire, les "refondations" pharisienne-rabbinique (de Jamnia-Yavné à Tibériade) et chrétienne (Nazareth-Capharnaüm-Tibériade) d'un certain "judaïsme" après la destruction du temple.
En ce qui concerne Daniel, voir les pages 960 et 970 du document. Comme on l'a déjà remarqué, l'"anti-hellénisme" de Daniel et des Maccabées doit être nuancé par le fait qu'ils s'opposent surtout à l'hellénisme syrien et séleucide, en particulier sous le règne d'Antiochos, et qu'il peut par ailleurs montrer une profonde sympathie pour l'hellénisme égyptien, lagide, ptolémaïque, comme pour Rome ou pour Sparte qui contribuent à circonscrire la puissance séleucide. Ni la langue ni la culture grecques ne sont, à ce stade, le problème majeur. |
| | | free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| | | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique? Jeu 09 Nov 2023, 17:55 | |
| Excellente remarque: dans le texte la période qui démultiplie (x 7, suivant la logique sabbatique du Lévitique) les 70 ans de Jérémie reste une période de châtiment qui perdure sur Jérusalem (reconstruite mais "dans la détresse des temps") jusqu'à un dénouement proprement eschatologique... |
| | | free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique? Sam 25 Nov 2023, 22:47 | |
| Polybe et Daniel : deux histoires universelles ou qu’est-ce qu’être contemporain ? (J'espère ne pas avoir déjà cité ce texte ) Chez Daniel, seule une courte notation elliptique explique le retrait de son armée hors de l’Égypte qu’il venait d’envahir : « Des navires de Kittim viendront contre lui et il sera découragé ». Qu’est-ce à dire ? Tout s’éclaire dès l’instant que l’on sait que, par Kittim, il faut entendre les Romains. Ce nom, employé dans la Bible, désignait à l’origine Chypre et par extension les peuples de l’ouest et donc les Romains. On n’est pas dans l’histoire mais dans la prophétie (en fait, dans la prophétie rétrospective et, donc, dans une manière d’écrire l’histoire). Polybe, de son côté, est on ne peut plus clair. Un sénatus-consulte, porté en 168 par C. Popilius Laenas, ordonnait à Antiochos de cesser les hostilités contre Ptolémée et d’évacuer l’Égypte : « C’est ainsi, écrit-il, que les Romains sauvèrent le royaume de Ptolémée, alors qu’il était au bord de la ruine », ajoutant même : « Si Antiochos n’avait pas été sûr que Persée avait été vaincu, il n’aurait pas obéi, je crois, aux injonctions des Romains »7. Polybe, lui, fait le lien entre les deux terrains. Sur la mort d’Antiochos, Polybe est précis. Il est mort à Tabae, en Perse, à la fin de l’année 164. Ayant besoin d’argent, il résolut de piller un sanctuaire d’Artémis mais en fut empêché par les populations installées autour du sanctuaire et fit demi-tour. Selon certains, « il fut frappé de folie par la divinité à la suite de cette tentative impie ». S’il se fait l’écho de cette rumeur, Polybe ne la prend pas à son compte, mais cette fin ne serait pas en désaccord avec les comportements de ce personnage à qui Polybe lui-même donnait plutôt le surnom d’Epimanès (le Fou) que celui d’Epiphanès. Chez Daniel, le cadre de sa fin est tout autre et la mort du souverain relève de la prophétie eschatologique, en écho direct à des versets d’Ézéchiel et d’Isaïe. Elle arrivera « au temps de la fin » : Antiochos viendra « dans le Pays magnifique » (la Palestine) et seuls les ennemis traditionnels d’Israël seront épargnés ; il mettra la main sur l’Égypte et « il arrivera à sa fin sans que personne lui vienne en aide ». Porphyre en avait justement déduit que la rédaction du livre avait été achevée avant la mort effective d’Antiochos, puisqu’en somme la prophétie s’était avérée inexacte. Polybe sert, en tout cas, de pierre de touche du réel pour les commentateurs de Daniel, qui le cite en contrepoint du récit qui évoque la disparition de la quatrième bête : « J’eus la vision, dit Daniel, que l’animal fut tué et son corps fut détruit, offert à l’embrasement du feu. Quant au reste des animaux, leur domination leur fut ôtée et une prolongation de vie leur fut offerte pour une époque, pour une période ». https://www.persee.fr/doc/asdi_1662-4653_2011_num_6_1_954 |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique? Dim 26 Nov 2023, 00:06 | |
| Je ne crois pas avoir vu ce document auparavant (il présente la particularité, quand on le lit en PDF comme je le fais habituellement, d'inverser les pages deux par deux): Polybe a été évoqué plusieurs fois à propos de l'histoire d'Antiochos IV, mais il n'a qu'un rapport marginal au livre de Daniel. Je me disais d'ailleurs en commençant la lecture que la contemporanéité ne signifie pas grand-chose quand les contemporains se situent dans des lieux et des milieux si éloignés, mais c'est précisément ce que Hartog met en évidence, et l'objet de sa réflexion. Cela n'apporte guère d'éclairage à l'exégèse de Daniel dont il n'est pas spécialiste, sinon justement le bénéfice d'une lecture distanciée. Reste que le même moment historique dans sa différenciation géographique, la montée en puissance de Rome encore à peine sensible en Orient (Daniel, tout au moins dans sa rédaction finale, probablement en Judée) et déjà fait accompli en Occident (Polybe, à Rome), est en soi un phénomène remarquable -- d'un point de vue nécessairement tiers, celui de l'historien moderne qui n'est ni le premier ni le second... La fascination du nouvel empire évidente chez Polybe, Grec vaincu emmené en otage à Rome après la défaite de Persée, est tout juste chez Daniel une reconnaissance épisodique et opportuniste (les "navires de Kittim" qui empêchent les séleucides de conquérir l'Egypte), mais elle va prendre de l'importance sous les hasmonéens qui s'allient avec Rome comme avec Sparte, avant de se retourner en hostilité (tout au moins dans certains milieux juifs) quand Pompée étendra effectivement l'hégémonie romaine sur toute la région.
Sur le traité perdu de Porphyre (Contre les chrétiens), dont la critique de Daniel (apparemment très lucide) ne nous est connue que par le commentaire de saint Jérôme (qui s'efforce naturellement de la réfuter: cf. p. ex. ici, en anglais), voir éventuellement là (lien de téléchargement). |
| | | free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique? Ven 01 Déc 2023, 10:28 | |
| Maccabées, Hasmonéens
Après la mort d'Alexandre le Grand en 323 av. J.-C., son empire est partagé entre quatre de ses généraux. Deux des dynasties hellénistiques nées de cette répartition se disputeront le pays d’Israël: au sud, les Lagides, installés en Egypte, et au nord les Séleucides, en Syrie (cf. Dn 11 et le tableau ci-contre).
L'ancienne province perse de Judée échoit tout d’abord au plus brillant des généraux d’Alexandre, Ptolémée, fils de Lagos, et à ses successeurs lagides. La souveraineté des Ptolémée a été globalement bénéfique pour Juda, au point que durant cette période de nombreuses familles judéennes sont venues s'établir en Egypte; non seulement à Alexandrie, une des plus grandes villes du monde avec ses 300 000 habitants, mais aussi à Péluse (Migdol), à Daphné, à Eléphantine et dans le district du Fayoum. Et l'on se souvient que Ptolémée II Philadelphe est réputé avoir favorisé la traduction de la Bible juive en grec (voir LXX*).
Mais, en 200 av. J.-C., la victoire d'Antiochos III Mégas (223-187) à Panion (aujourd’hui Baniyas, près de Dan) place la Judée sous la domination des Séleucides. Son successeur Antiochos IV Epiphane (175-164) pille le temple de Jérusalem. A la faveur d’un conflit entre plusieurs prétendants à la charge de grand prêtre, il entreprend, selon les sources juives, une véritable persécution de la foi mosaïque. On brûle publiquement les rouleaux de la Torah. Il est défendu, sous peine de mort, d'en posséder un exemplaire; la circoncision des nouveau-nés est interdite. Selon 2 Maccabées6.2, une statue de Zeus olympien est installée au temple en 167; elle est sans doute à la ressemblance d'Antiochos lui-même (Dn 9.27n; 11.31n). Les Juifs fidèles (ou « assidéens », de l’hébreu hasidim; voir pharisiens*, Qumrân*) qui se réfugient dans les campagnes pour y exercer librement leur culte sont pourchassés.
Sonne alors l'heure de la révolte. Autour du prêtre Mattathias, qui décide de se défendre s'il était attaqué, même un jour du sabbat, un parti de résistance s’organise dès 167 av. J.-C. Mattathias meurt en 166, mais ses fils poursuivent le combat. L'un d'entre eux, Judas Maccabée(l’étymologie est incertaine: la plus populaire propose Judas l'Assommeur, cf. Charles Martel), mène une guérilla très efficace contre les armées séleucides. Trois ans après le début de la révolte, dans la Jérusalem reconquise (à l’exception de l’Akra, la forteresse, qui reste aux mains des Séleucides), a lieu la dédicace du temple purifié. C'est la fête de Hanoukka (cf. Jn 10.22n), symbolisée par le chandelier à huit branches.
Les titres de grand prêtre, de stratège et de gouverneur sont conférés à Jonathan par Alexandre Balas, le successeur illégitime d’Antiochos (152-145). Simon, le successeur de Jonathan qui se fit reconnaître comme l'allié de Rome, mais qui fut aussi celui de Sparte (1 Maccabées14), est également salué comme grand prêtre par Démétrios II Nikator (145-125; cf. 1 Maccabées13.36; 14.27). C'est le commencement de l'Etat hasmonéen. (L’usage veut que l’on parle des « Maccabées » pour désigner les fils de Mattathias, puis des « Hasmonéens » à partir de Jean HyrcanIer, le successeur de Simon; mais il s’agit bien de la même famille, cf. l’arbre généalogique ci-dessous.)
Deux siècles d'histoire juive porteront cette marque. Jonathan avait reconquis la Judée. A partir de Jean Hyrcan, ses successeurs étendent leur domination à tout le pays. Aristobule, fils de Jean Hyrcan, portera le titre de roi(104-103). Vers 76, à la fin du règne d’Alexandre Jannée, son successeur, l'ancien royaume d'Israël aura retrouvé sa plus grande étendue (voir carte p. {0000Xcarthasm}). A la mort de sa femme Salomé Alexandra, qui lui a succédé (76-67) à la tête de l’Etat mais non comme grand prêtre, ses deux fils Aristobuleet Hyrcan IIse disputeront le pouvoir. Pompée arbitrera en 63 en faveur d’Hyrcan II, plaçant la Judée dans la dépendance de Rome et ouvrant la voie à Hérode*, qui déposera Hyrcan II en 40 av. J.-C.
Pendant toute cette période, l’autorité politique est donc liée à la fonction de grand prêtre. Or non seulement les adversaires juifs des Hasmonéens (voir pharisiens*, Qumrân*) protestent contre cette confusion du trône et de l’autel, contraire à l’interprétation dominante de la loi, mais encore ils contestent à la dynastie régnante la légitimité sacerdotale(voir sadducéens*, Qumrân*). Selon 1 Maccabées*2.1 les Hasmonéens appartiennent à la famille sacerdotale de Ioarib (= Yoyarib, Yehoyarib), qui est curieusement rattachée à la fois à Jérusalem et à un tout autre lieu, Modîn, près de la côte méditerranéenne. On note aussi que le rang de cette famille varie selon les généalogies (cf. Esd 8.16; Né 11.5,10; 12.6,19; 1Ch 9.10; 24.7). Quoi qu’il en soit, au Iersiècle les traces des procès en légitimité se seront assez estompées pour que Flavius Josèphe*, à qui nous devons l’information la plus abondante sur toute cette période, se targue d’appartenir lui-même à cette haute lignée sacerdotale.
https://lire.la-bible.net/glossaire/maccabees-hasmoneens-2 |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique? Ven 01 Déc 2023, 11:35 | |
| Bien que la page ne l'indique pas, je me reconnais là l'index de la NBS (les "n" suivant les références renvoient aux notes correspondantes, et les astérisques "*" à d'autres entrées du même index).
Cette présentation à mon goût (d'aujourd'hui, et sans doute déjà en partie de l'époque) ne se distancie pas assez des versions "juives" (Daniel-Maccabées-Josèphe) des événements du règne d'Antiochos et de la révolte des Maccabées, mais c'était le résultat d'une négociation serrée entre les différents participants à l'entreprise, représentés par le Comité de rédaction (des pentecôtistes aux adventistes en passant par les baptistes et autres "évangéliques" ou les luthéro-réformés); cela explique aussi ici l'absence de référence à Daniel, et le minimalisme des notes de Daniel qui, à défaut de satisfaire tout le monde, s'efforçaient de ne pas trop mécontenter les uns et les autres... Les points de vue "critiques" se lisent entre les lignes (ici, p. ex., sur la valse des généalogies "bibliques" en fonction du clan sacerdotal au pouvoir). |
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