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| Le livre de Daniel est-il authentique? | |
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Auteur | Message |
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Narkissos
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| Sujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique? Jeu 28 Sep 2023, 21:38 | |
| C'est inhabituellement honnête, pour un texte de la Watch... D'ailleurs c'était tout à fait nouveau en 2014, deux ans plus tôt seulement la chose ne faisait pas l'ombre d'un doute (cf. Réveillez-vous ! 7/2012 etc.).
J'imagine qu'un certain nombre de TdJ qui affirmaient tranquillement le contraire -- ça m'est arrivé durant ma période de jéhovisme candide -- se sont fait remettre les idées en place; ce qui arrive plus facilement aujourd'hui, sur Internet, qu'au temps du seul porte-à-porte où on avait peu de chances d'être contredit sur ce genre de sujet*.
Mais ça ne rend que plus cruelle la question de ta première "citation" (supra 24.2.2022): à quoi bon annoncer la date d'arrivée du "Messie" si personne ne l'a compris quand il arrive ?
--- * J'ai gardé le souvenir, je l'ai sûrement déjà raconté, d'avoir dû "démontrer" le "point de départ" (terminus a quo) des "70 semaines" selon la Watch, à un type rencontré en porte-à-porte dans un village du Haut-Beaujolais vers le milieu des années 1970 (je devais avoir 15-16 ans, il avait la trentaine)... je lui avais "démontré" les 2520 ans aboutissant à 1914, entre deux clients dans son magasin de photographie, ça l'avait impressionné, je lui avais dit "il y en a d'autres dans le même genre" et j'avais évoqué les "70 semaines" pour une "nouvelle visite" -- mais la "démonstration" faite il trouvait la détermination du point de départ moins convaincante... Du coup j'ai "fait des recherches" et, comme il partait en vacances, je lui ai écrit une longue lettre paraphrasant le livre Aid sur la question (Thucydide et Thémistocle pour arriver à un "édit d'Artaxerxès" en -455, de très lointaine mémoire), mais ça m'a permis de m'apercevoir que c'était beaucoup moins simple que je ne l'imaginais. Bref, nous avons commencé une longue "étude biblique", il est finalement devenu TdJ (sans moi parce que j'avais changé de congrégation); une fois exclu, près de quinze ans plus tard, je l'ai rencontré par hasard à un autre bout de la France et il a refusé de me parler... Tout cela était sans doute écrit aussi... |
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| Sujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique? Ven 29 Sep 2023, 08:44 | |
| Trois approches du messianisme de Qumrân
1.1 Les données de l’AT
Fitzmyer distingue d’abord le substantif «messie» (משיח ,(qui désigne une personne ayant reçu une onction d’huile (un «oint»), des usages du verbe «oindre» (משח .(Le verbe est utilisé quarante-six fois dans l’AT, mais rarement pour désigner quelqu’un que l’on attend dans un futur proche ou lointain. Fitzmyer se concentre donc sur les trente-neuf emplois du nom. Il désigne le plus souvent un roi passé ou présent: «Sa connotation de base est qu’un dirigeant historique est ou était un agent auquel Dieu a conféré une onction le désignant pour guider, gouverner ou délivrer Son peuple» (2000, 76). Cela s’applique au roi en général, à Saül, David, Salomon, Sédécias et Cyrus (28x: 1S 2,10; 24,7; 2S 19,22; 2C 6,42; Lm 4,20; Is 45,1). Le terme a aussi été utilisé pour parler du grand-prêtre (3x: Lv 4,3; 5,16; 6,15), des patriarches (en parallèle avec le terme «prophètes» (1C 16,22 et // Ps 105,15). Lorsqu’il s’agit d’un roi, le terme fait référence à son accession au trône, jamais à l’attente qu’on aurait de lui dans le futur. Les textes qui décrivent une telle attente n’emploient pas ce vocabulaire (Jr 23,5-6). L’attente d’un «messie» comme «futur agent que Yahvé enverrait dans l’intérêt de Son peuple» n’apparaît qu’une seule fois dans un passage du livre de Daniel qui réinterprète un oracle de Jérémie; Fitzmyer le traduit comme suit:
Depuis l’instant que sortit une parole pour qu’on revienne et qu’on rebâtisse Jérusalem jusqu’à la venue d’un oint, un prince (נגי משיח ,(il y aura sept semaines. Puis, pendant 62 semaines on restaurera places et fosses, mais dans une période trouble. Et après les 62 semaines (cet) oint sera supprimé et n’aura plus rien (Dn 9,25-26; voir Jr 25,11-12; 29,10; 2000, 80, nous traduisons).
Toujours selon Fitzmyer, les passages de l’AT qui contiennent des promesses de succession perpétuelle au trône de David ne sont pas messianiques au sens propre (Gn 49,10; Nb 24,15-19; 2S 7,11-17; Is 11,1-9; etc.).
1.2 Les données de Qumrân et de la littérature connexe
Fitzmyer note qu’il n’existe pas de consensus sur la chronologie des textes messianiques de Qumrân. Il présente donc les divers témoins au meilleur de sa connaissance en attirant l’attention sur ce qui lui paraît essentiel. Il étudie vingt-trois textes. Je reprends les principaux ici, en les regroupant dans un ordre différent.
En tête de liste, le passage bien connu de la Règle de la communauté qui précise comment seront gouvernés les membres qui s’y joindront :
IX 5 En ce temps-là, les hommes de la Communauté 6 seront mis à part comme une Maison de Sainteté pour Aaron, pour [être] la Communauté des Saints par excellence, et [comme] la maison de Communauté pour ceux d’Israël qui marchent dans la perfection [...] 9b [...] Ils ne s’écarteront d’aucun conseil de la Loi pour marcher 10 d’un cœur totalement endurci, mais ils seront gouvernés par les premiers préceptes, par lesquels les membres de la Communauté ont commencé à être instruits, 11 jusqu’à la venue d’un prophète et des messies d’Aaron et d’Israël (1QS IX 5-11).
On trouve ici l’attente de trois figures: 1) un prophète, probablement semblable à Moïse, selon la promesse de Dt 18,15.18; 2) un messie d’Israël, ce qui serait « un développement naturel » de la promesse d’un futur «David» (2S 7) et de celle d’un prince oint de Dn 9,25-26; 3) un messie d’Aaron, c’est-à-dire un prêtre. Cette dernière figure pourrait être dérivée de l’oracle de Zacharie qui entrevoit la présence d’un roi et d’un prêtre à la tête de la communauté post-exilique (Za 6,12-13; voir 4,14 qui mentionne «deux fils d’huile»). Fitzmyer note cependant que ce passage de la Règle de la communauté manque dans la cinquième copie de ce document trouvée dans la grotte 4 (4Q259 Se ); cela soulève la question de l’histoire rédactionnelle de la Règle et suggère la possibilité d’une évolution dans les attentes du groupe.
https://www.erudit.org/fr/revues/theologi/2009-v17-n1-theologi3644/039503ar.pdf |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique? Ven 29 Sep 2023, 11:11 | |
| Voir supra 12.5.2022, où cet article a déjà été cité et discuté (avec une certaine véhémence de ma part); il faudrait à tout le moins relire attentivement cet échange, de préférence aussi la discussion qui le précède et qui le suit, avant d'aller plus loin.
Pour rappel: - les deux occurrences du mot mashiah (= "oint") en Daniel 9,25s sont sans article ni autre détermination (p. ex. état construit, comme dans "oint/messie d'Israël ou d'Aaron) -- ce qui correspond habituellement à l'usage de notre article indéfini, "un oint" (respectivement "un oint prince" et "un oint" tout court); à moins de prendre mashiah pour un nom propre, qui en tant que tel se passerait aussi d'article ("Messie", non "le Messie"), mais à ce stade c'est hautement improbable: seul un "messianisme" bien installé, consensuel et cohérent dans un milieu donné, peut aboutir à faire de "Messie" un nom propre, comme Khristos dans le NT; ce n'est le cas ni dans l'AT ni à Qoumrân, dans les textes contemporains de Daniel ou antérieurs. - il y a "62 semaines", autrement dit plusieurs siècles, ENTRE les deux occurrences du mot "oint", ce qui suppose (sauf réincarnation) qu'il s'agit effectivement de deux personnes; de plus, si le second "oint" se référait au premier, c'eût été une raison de plus d'employer l'article ("l'oint" = "cet oint", celui dont on a parlé, et non encore "un oint" = "un autre oint"). - l'effet "futur" est évidemment lié au dispositif d'antidatation pseudépigraphique: pour "Daniel", le personnage situé au VIe siècle, les deux "oints" sont à venir, mais du point de vue de la situation annoncée par Gabriel, et de la rédaction finale du livre, ils sont tous deux passés: le second expressément parce qu'il est "retranché", le premier a fortiori parce qu'il le précède de plusieurs siècles. Ni l'un ni l'autre ne sont donc des personnages "eschatologiques" (contrairement au "comme-un-fils-d'homme" du chap. 7 ou au "Mich[a]el" des chapitres suivants, mais ceux-là ne sont pas des "oints"). - comme on l'a redit encore récemment, il n'y a aucun monarchisme "davidique" chez Daniel, tout l'intérêt porte sur le temple et la prêtrise (y compris en Daniel 9,25ss). |
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| Sujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique? Jeu 05 Oct 2023, 17:34 | |
| L’onction du Saint des Saints. Jésus fut oint avec de l’esprit saint au moment de son baptême, car l’esprit saint descendit sur lui représenté de façon visible sous la forme d’une colombe. Mais l’onction du “ Saint des Saints ” désigne plus que l’onction du Messie, car cette expression ne se rapporte pas à un individu. “ Le Saint des Saints ” ou “ le Très-Saint ” est l’expression employée pour désigner le vrai sanctuaire de Jéhovah Dieu (Dn 9:24 ; Ex 26:33, 34 ; 1R 6:16 ; 7:50). Par conséquent, l’onction du “ Saint des Saints ” dont il est question dans le livre de Daniel doit avoir trait à “ la tente plus grande et plus parfaite, non faite par des mains ”, celle où Jésus Christ, le Grand Prêtre souverain, entra “ avec son propre sang ”. (Hé 9:11, 12.) Quand Jésus présenta la valeur de son sacrifice humain à son Père, le ciel même avait l’aspect de la réalité spirituelle représentée par le Très-Saint du tabernacle et du temple qui vint ensuite. La demeure céleste de Dieu avait effectivement été ointe, ou mise à part, pour être “ le Saint des Saints ” dans les structures du grand temple spirituel qui vint à l’existence au moment où Jésus fut oint avec de l’esprit saint en 29 de n. è. — Mt 3:16 ; Lc 4:18-21 ; Ac 10:37, 38 ; Hé 9:24.
https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1200003915?q=saint+de+saints+daniel+9&p=par
Cette interprétation qui ne se donne même pas la peine de se justifier scripturairement me paraît totalement délirante en voulant ne pas relier cette "onction du Saint des Saints" à un évènement historique. |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique? Jeu 05 Oct 2023, 18:46 | |
| D'un autre côté, relier cette proposition de Daniel 9,24 à un "événement historique" réel et précis, comme la (nouvelle) dédicace du temple (= hanoukka) selon les Maccabées (à supposer qu'il s'agisse d'un "événement historique" !) supposerait aussi, dans la perspective d'une exégèse rationnelle selon laquelle il n'y a pas vraiment de "prédiction", sinon par hasard, que l'événement en question ait déjà eu lieu... contrairement au cadre vraisemblable de la rédaction principale de Daniel qui se situe en pleine crise, avant tout dénouement historique, le dénouement historique futur, le cas échéant, ne correspondant de toute façon pas à son attente eschatologique. Il faudrait donc, soit donner à la formule "oindre le saint des saints" un sens plus vague, encore incertain de sa "réalisation", soit y voir une addition secondaire, intégrant au texte principal de Daniel les traces d'une "réalisation" accomplie du point de vue maccabéen qui n'est pas exactement le sien (comme pour les 2300 soirs et matins du chap. 8, s'il s'agit bien d'une "durée exacte" de la prétendue profanation, supposant connu et passé l'"événement" qui y aurait mis un terme). A noter que dans la première (?) traduction grecque ("Septante") il n'est pas question d'"oindre" mais de "réjouir" un "saint des saints" (euphranai hagion hagiôn), formule déjà moins "rituelle"... |
| | | free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique? Ven 06 Oct 2023, 18:51 | |
| - Citation :
- - comme on l'a redit encore récemment, il n'y a aucun monarchisme "davidique" chez Daniel, tout l'intérêt porte sur le temple et la prêtrise (y compris en Daniel 9,25ss).
Le sacerdoce et les prophètes 3. Les prophètes postexiliens : Puis on remarque par la suite une tendance au resserrement, qui correspond à une évolution normale de la communauté. Les désordres moraux auxquels Néhémie et Esdras devront porter remède ont exigé une concentration de la discipline. Dans les conceptions de Malachie, le temple et le culte occupent le centre de la prophétie, et l’on peut même dire qu’il est encore plus soucieux de la pureté des rites. Chez aucun prophète postexilien nous ne trouvons une réprimande aussi sévère à l’adresse des prêtres qui enfreignent le rituel des sacrifices. Le resserrement est encore visible chez un Joël, aux alentours de 400. La réforme religieuse sera réalisée et on ne permettra même plus à l’étranger de traverser la cité.1 La conversion des païens ne paraît pas intéresser Joël. La sanctification de Jérusalem, toute entière sanctuaire, et la mention du torrent sacré 2 relient étroitement ce prophète à Ézéchiel. Si nous ajoutons que Joël fut sans doute prêtre, nous aurons en lui une réplique, affaiblie sans doute et lointaine, mais assez fidèle, d’Ézéchiel. S’il n’est pas aussi rubriciste, il est aussi cultuel que son modèle. Chez lui d’ailleurs l’influence du Code sacerdotal (P) se fait sentir : nous sommes en pleine ascension du sacerdoce, qui possède une emprise toujours plus forte sur la vie religieuse de la nation. Il ne faut pas oublier que la belle organisation cultuelle que présente le Code sacerdotal (P) correspond à une évolution de fait des institutions sacerdotales. Une telle fermeté dans la répartition des classes et des attributions ne serait pas possible si la réalité ne l’avait dictée. Deutéro-Zacharie, comme Malachie aux prises avec le clergé décadent, prouve à sa façon combien l ’ascension politique des prêtres leur a été funeste. La disparition totale d’un pouvoir civil a laissé le clergé maître absolu de la communauté. Le prophétisme lui-même ne se présente plus comme institution viable, laissant le champ entièrement libre à la suprématie du sacerdoce. (( En ce jour là,... j’ôterai aussi du pays les prophètes ...» 3 Au temps de Daniel, la situation est encore la même. La grande figure religieuse de la nation est le grand-prêtre Onias III, autour duquel tournoient les autres prêtres usurpateurs : Jason, Ménélas, Lysimague. Après la victoire macchabéenne, le sacerdoce eut son apogée avec tous les Asmonéens jusqu’à Hérode le Grand exclusivement. https://www.erudit.org/fr/revues/ltp/1959-v15-n1-ltp0954/1019975ar.pdf |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique? Ven 06 Oct 2023, 22:11 | |
| La datation a bien changé depuis 1959, surtout en ce qui concerne le haut de la fourchette (textes et idées alors réputés anciens ou précoces): il ne reste pas grand-chose de "pré-exilique" qui n'ait été écrit ou réécrit après l'exil... Ce qui signifierait que la royauté dans l'AT se réfère presque toujours à une institution d'un passé révolu, aussi bien à Jérusalem qu'à Samarie, que ce soit pour l'idéaliser ou (bien plus souvent) pour l'accuser et la rendre responsable, rétrospectivement, de tous les maux. La critique des prêtres, au contraire, reste toujours d'actualité, elle prend même de plus en plus d'importance "politique" à mesure que ceux-ci deviennent les principaux "officiels" locaux sous les empires perse, hellénistiques et romain (soit toute l'époque dite du "Second Temple"). Il y a évidemment des textes à la gloire du sacerdoce en place, des Chroniques au Siracide ou aux Maccabées, et des règlements de comptes internes à la prêtrise, exemplairement dans les textes de Qoumrân et assimilés, mais déjà dans les textes "bibliques" (quand c'est tel clan sacerdotal qui est valorisé ou éliminé au profit d'un autre, de la Torah aux généalogies des Chroniques); mais une hostilité généralisée au sacerdoce et au système sacrificiel du temple se poursuit aussi, avec de grandes différences d'accents et de motifs, des Prophètes aux (proto-)pharisiens "laïcs" (p. ex.). En ce qui concerne Daniel, il est clair qu'il s'intéresse au temple et à son rituel (1,2; 5,2s.23; 7,25ss; 8,11.13s; 9,16s.20.24.26; 11,31.45), plus qu'aux prêtres spécifiquement (pas de kohanim, sinon les "oints" du chap. 9 si ce sont bien des grands prêtres; contrairement aux Maccabées il ne souligne pas le caractère sacerdotal des "infidèles" ou des "fidèles" dans les conflits du temps d'Antiochos); mais il s'intéresse encore moins aux rois d'Israël ou de Juda (à part l'introduction, 1,1s, tous les "rois" et les "royaumes" historiques évoqués, sauf oubli de ma part, sont "païens", hormis le "royaume" eschatologique; le "comme-un-fils-d'homme" du chap. 7 peut bien être vu comme une figure royale, voire impériale, mais son interprétation est expressément collective: c'est le "peuple des saints" qui reçoit le royaume, quoi qu'il faille entendre par là... cf. ici 2.10.2023). En tout cas la dynastie hasmonéenne, joignant le sacerdoce (contesté) à la royauté (encore plus contestable), pouvait difficilement passer pour un "accomplissement" de Daniel -- ce qui fait que le livre a surtout été reçu dans des milieux hostiles à ce pouvoir, fussent-ils également hostiles entre eux (p. ex. héritiers du légitimisme sadocide à Qoumrân et pharisiens "laïcs"). Quitte à relancer les interprétations, à l'époque romaine, jusqu'à la destruction du temple en 70 qui semblait l'accomplir au-delà du texte même, et avec plus de deux siècles et demi de retard, aussi bien du point de vue "pharisien" que "chrétien". |
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| Sujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique? Sam 07 Oct 2023, 10:08 | |
| Questions des lecteurs
Quand “ le Saint des Saints ” a-t-il été oint, comme l’annonçait Daniel 9:24 ?
Daniel 9:24-27 est une prophétie qui a trait à la venue de “ Messie le Guide ”, autrement dit du Christ. Par conséquent, l’onction prédite du “ Saint des Saints ” ne se rapporte pas à l’onction du Très-Saint du temple de Jérusalem. L’expression “ Saint des Saints ” désigne plutôt le sanctuaire céleste de Dieu — le Très-Saint céleste — dans le grand temple spirituel de Jéhovah. — Hébreux 8:1-5 ; 9:2-10, 23.
Quand le temple spirituel de Dieu est-il entré en fonction ? Considérez ce qui s’est passé lorsque Jésus s’est présenté pour être baptisé en 29 de notre ère. À compter de ce moment, il a accompli les paroles de Psaume 40:6-8. L’apôtre Paul a plus tard révélé que Jésus avait fait cette prière à Dieu : “ Sacrifice et offrande, tu n’en as pas voulu, mais tu m’as préparé un corps. ” (Hébreux 10:5). Jésus savait que Dieu ‘ ne voulait pas ’ que l’on continue d’offrir des sacrifices d’animaux au temple de Jérusalem. Jéhovah lui avait préparé un corps humain parfait pour qu’il l’offre en sacrifice. Jésus a également dit, de tout son cœur : “ Vois ! Je suis venu (dans le rouleau du livre il est écrit à mon sujet) pour faire ta volonté, ô Dieu ! ” (Hébreux 10:7). Quelle a été la réponse de Jéhovah ? On la lit ainsi dans l’Évangile de Matthieu : “ Après avoir été baptisé, Jésus aussitôt remonta de l’eau ; et, voyez, les cieux s’ouvrirent, et il vit descendre comme une colombe l’esprit de Dieu qui venait sur lui. Voyez ! Il y eut en outre une voix venant des cieux qui disait : ‘ Celui-ci est mon Fils, le bien-aimé, que j’ai agréé. ’ ” — Matthieu 3:16, 17.
En approuvant la présentation du corps de Jésus en vue du sacrifice, Jéhovah Dieu laissait entendre qu’un autel supérieur à celui du temple de Jérusalem était venu à l’existence. Il s’agissait d’un autel selon la “ volonté ” de Dieu, autrement dit d’une disposition visant à accepter la vie humaine de Jésus en sacrifice (Hébreux 10:10). L’onction de Jésus par l’esprit saint signifiait que Dieu avait désormais mis en place l’ensemble de son temple spirituel. Par conséquent, c’est au moment du baptême de Jésus que la demeure céleste de Dieu a été ointe, ou mise à part, comme “ Saint des Saints ” du grand temple spirituel.
https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/2001366?q=onction+le+saint+des+saints+daniel+9&p=par
La Watch établi un lien artificiel entre le Psaume 40, Hébreux 10 et Matthieu 3.
Le "temple spirituel" d'Hé 10 n'est pas éternel ?
A force de vouloir dater chaque évènement, la Watch se ridiculise. |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique? Sam 07 Oct 2023, 11:51 | |
| Ce n'est pas sur Daniel 9 que la Watch est la (ou le) plus "excentrique", tout au moins en Amérique et dans le monde anglophone, car dans les grandes lignes elle ne fait que réciter une interprétation largement répandue chez les "évangéliques", "fondamentalistes" ou "sectaires" depuis le XIXe siècle au moins -- on peut la faire remonter jusqu'à Sextus Julius Africanus, à la fin du IIe siècle ou au début du IIIe, mais elle est restée marginale jusqu'à l'époque moderne. Plus généralement, dans la mesure même où elle aboutit à "Jésus-Christ" et au Ier siècle, elle paraît consensuelle dans un monde "chrétien", même si elle ne l'est pas historiquement et qu'elle pose les mêmes problèmes rationnels que n'importe quelle "prédiction précise à long terme" (le propre de l'"histoire", telle que la comprend la modernité, c'est précisément de n'être pas "écrite à l'avance"). Il en va tout autrement quand la même Watchtower applique les textes bibliques, y compris dans Daniel, à sa propre histoire, surtout après 1914 (date qui frappe encore l'imagination, même au prix de réinterprétations drastiques de la doctrine initiale), en particulier aux aventures de Rutherford de 1918 aux années 1940 -- comme on l'a vu encore récemment (19.9.2023) sur Daniel 8: le "sanctuaire rétabli" du v. 14 ressemble furieusement à l'"onction du saint des saints" au chap. 9, pourtant celle-ci est référée au Ier siècle, celle-là au XXe ! Au-delà des incohérences flagrantes, toute cette interprétation "moderne" paraît ridicule aux TdJ eux-mêmes, bien qu'ils ne se l'avouent guère; d'autant plus que l'époque de Rutherford sur laquelle se concentreraient les "prophéties" n'est plus qu'un lointain souvenir, dont il ne reste plus grand-chose dans la doctrine et l'organisation actuelles; je me souviens qu'au Béthel, il y a déjà 40 ans c'était un sujet de plaisanterie assez courant, pas même tellement caché, notamment chez les traducteurs: personne ne pouvait prendre ça au sérieux... En effet, comme on l'a souvent montré, la citation du Psaume 40 en Hébreux 10 ne se réfère ni à Daniel, ni au "baptême de Jésus", et en rattachant le "sacerdoce du Christ" à Melchisédek le texte le détache aussi bien de David que d'Aaron, et de leurs "onctions" respectives... Quant à l'"éternité", qui est en effet l'intérêt essentiel de l'épître aux Hébreux (médio-platonicienne, je n'y reviens pas), reste quand même la question, qui hantait toujours Kierkegaard, de son articulation au "temps": qu'on interprète l'"entrée dans le monde" du chapitre 10 comme une "incarnation", ainsi que le fait la théologie classique, ou de façon plus contextuelle à un "Adam" originel et éternel devenu "fils de l'homme" (chap. 1--2), ou encore à Melchisédek comme figure éternelle paraissant dans le temps (du texte de la Genèse), il s'agit toujours d'un rapport, d'un point de tangence paradoxal ou aporétique entre l'éternel et le temps. De l'"aujourd'hui" et de l'"une fois pour toutes" de l'épître aux Hébreux à l'"instant" kierkegaardien, il y a une parenté profonde: quand on pose "l'éternité" comme autre du "temps", c'est le passage de l'une à l'autre et de l'autre à l'une qui devient impossible, ou miraculeux... (mais ça nous éloigne de Daniel, encore que son "eschatologie" illustre à sa façon le même problème, l'irruption du ciel sur la terre, le royaume de Dieu comme fin de l'histoire, même si son "éternité" ne s'oppose pas absolument au "temps"). |
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Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique? Lun 16 Oct 2023, 19:37 | |
| RELIGIONS DES SÉMITES OCCIDENTAUX ET DE LA BIBLE HÉBRAÏQUE Directeurs d'études : MM. Mathias Delcor, E.-M. LaperrousazChef de travaux : M. Jesus-Luis CunchillosConférence de M. Mathias Delcor ,Docteur es lettres On ne voit pas encore, au terme de cette enquête, apparaître de fête de Rosh hashanah dont il est difficile de dire quand elle a été instituée, sans doute postérieurement à 70 après J.C. Elle paraît de fait, bien constituée vers 250 après J.C. D'après le R. du T., l'investiture du Grand Prêtre avait lieu au Nouvel An. Cette constatation nous a amené à nous poser plusieurs questions : sur l'absence d'onction, sur le choix de cette fête du Nouvel An pour l'investiture sacerdotale et en particulier du 1er Nisan pour ce rite. L'absence d'onction : De fait, celle-ci n'a pas toujours existé, même si les grands prêtres successeurs des rois à l'époque postexilienne ont hérité du privilège d'user de ce rite essentiel au couronnement royal. En effet, Josué, premier grand prêtre après le retour de l'exil était, semble-til, oint comme l'indique la vision de Zach 4,1-14 relative aux « deux fils de l'huile » = les deux Oints. Mais nous n'avons pas de témoignage direct pour l'époque perse ; cependant, vers 200 avant J.C., Simon, le grand prêtre, avait reçu l'onction, au témoignage de Siracide 45,15 ; Onias III est encore qualifié d'Oint (mashiah) d'après Dan 9,25-26 et selon 2 Mac 1,10, un certain Aristobule contemporain de Ptolémée VI Philométor (180-145) av. J.C.) appartenait à la race des prêtres oints (apo tou genous ton christôn hiereôn), ce qui implique, semble-t-il, que certains grands prêtres n'étaient pas oints. La disparition de l'onction sacerdotale s'expliquerait, selon nous, par l'intervention des Séleucides dans le choix des grands prêtres ; le pouvoir grec pouvait certes disposer des vêtements sacrés mais non de l'huile sainte que les prêtres seuls avaient le droit de consacrer. C'est ce que l'on constate en 152 avant J.C. lors de la désignation de Jonathas comme grand prêtre par le roi Alexandre, car 1 Mac 10,20-21 ne mentionne que les vêtements sacrés. L'ordination de Lévi d'après Jub 32, le fragment araméen du Testament de Lévi de la Bodleïenne et le Testament grec de Lévi 8,2-3 (lere partie de la cérémonie) ne comportent pas non plus une onction, mais uniquement la vêture des ornements sacrés, ce qui confirmerait notre hypothèse de la disparition de la consécration par l'huile à l'époque maccabéenne. Précisons que la mention de « l'huile de l'onction » des prêtres dans IQM 9,8 ne va pas contre cette explication car il s'agit d'une onction spéciale pour les prêtres qui participent à la guerre (Michnah, Sota 8,1).https://www.persee.fr/doc/ephe_0000-0002_1982_num_95_91_15927 Je m'en tiendrai ici à la seule remarque qui, bien que déjà faite dans les fils ci-dessus, me paraît pertinente pour le sujet en cours: c'est que le chapitre 9 de Daniel est une réinterprétation explicite, consciente et délibérée (et non une simple dérive de sens dont on ne sait jamais si et dans quelle mesure elle est volontaire ou pas) des "70 ans de Jérémie" (v. 1), du point de vue d'un auteur qui constate, plusieurs siècles après Jérémie, que les malheurs de Jérusalem et du temple ne sont toujours pas terminés. L'astuce herméneutique, supposée révélée à "Daniel" au lendemain de la prise de Babylone, consiste de toute évidence à appliquer à ces 70 ans le facteur numérique tiré des malédictions de la Torah: "je vous châtierai sept fois plus" (Lévitique 26,18ss; c'est aussi en Lévitique 25 qu'on trouve le modèle sabbatique des septénaires, qui sera rapporté aux "70 ans de désolation-sabbat" en 2 Chroniques 36); en vertu de cette opération, les "70 ans" ne font donc plus 70 ans, mais 7 x 70 = 490 ans. L'auteur par ailleurs semble conserver (contrairement au Chroniste) le souvenir historique d'un retour d'exil environ 50 ans après la destruction du temple: ce sont les "sept (premières) semaines" (49 ans) après lesquelles Jérusalem doit être rebâtie, "mais dans la détresse des temps". Il partage donc avec Zacharie l'idée que les "70 ans" continuent après le retour d'exil; mais en les multipliant il les prolonge évidemment beaucoup plus loin, jusqu'à son époque à lui, dont il espère le dénouement final et la purification définitive du temple.https://etrechretien.1fr1.net/t458-les-70-ans-de-jeremieNarkissos,Comment expliquer ce souvenir "d'un retour d'exil environ 50 ans après la destruction du temple" et non de 70 ans Merci pour ta réponse. |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique? Lun 16 Oct 2023, 23:09 | |
| Je ne suis pas sûr de bien comprendre ta question: n'hésite pas à préciser si tu as le sentiment que je réponds à côté...
Des formules comme "les 70 ans de Jérémie" ou "l'exil" ne se rapportent pas toujours à la même chose. Si l'on a en tête la période qui court de la destruction du temple de Jérusalem par Nabuchodonosor (587/6 av. J.-C.) à la prise de Babylone par Cyrus (539 av. J.-C.), rendant possible un retour de certains exilés et une reconstruction, ou du moins une remise en service sommaire du temple, on a effectivement à peine 50 ans -- c'est le souvenir que semble avoir gardé Daniel 9 quand il se réfère à la première semaine de semaines (7 x 7 = 49) qui débouche sur un premier "oint" (Josué-Jésus le grand prêtre, plutôt que Cyrus qui n'est même pas pour lui le conquérant de Babylone); c'est aussi ce dont témoigne Josèphe quand il se réfère à Bérose (dans le Contre Apion, xxi, 154)... Mais dans le livre de Jérémie, les "70 ans" commencent parfois beaucoup plus tôt, notamment dans la lettre aux exilés du chapitre 29, exilés du premier exil avec Joïakîn (597, cf. chap. 24), bien avant que le temple soit détruit; et quand c'est Babylone même qui est prise pour référence des "70 ans de/pour Babylone", il faut remonter encore plus haut, par exemple à la bataille de Karkemish en 605 qui consacre l'hégémonie néo-babylonienne sur la région, et on n'est effectivement pas loin de 70 ans jusqu'à 539. Au contraire, dans Zacharie, ce sont bien 70 ans comptés à partir de la destruction du temple qui arrivent à leur terme 20 ans après sa reconstruction (v. 519), ce qui suppose toujours une désolation (du temple) de 50 ans... Et dans les Chroniques sacerdotales qui développent plus tard le schématisme sabbatique à partir du Lévitique, on arrive à une désolation absolue, mais fictive, de tout le pays pendant 70 ans (que Josèphe reprend aussi quand il fonctionne en mode "biblique").
La conférence de Delcor (1982) parlait de tout autre chose: le "R. du T.", c'est le Rouleau du Temple de Qoumrân. L'hypothèse d'une disparition de l'onction sacerdotale à l'époque hellénistique est intéressante, mais fragile, car d'une part la mention d'une "onction" dans les textes n'implique pas forcément une "onction" d'huile réelle (les "chrétiens" sont bien placés pour le savoir), et d'autre part il y a peu de chance qu'un sacerdoce au pouvoir, si illégitime soit-il au départ, ne finisse pas par s'emparer des signes concrets de la légitimité: s'il peut arranger après coup sa généalogie pour s'octroyer la légitimité qu'il n'avait pas, il peut encore plus facilement se légitimer par le rite qu'il contrôle... |
| | | free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique? Mar 17 Oct 2023, 10:09 | |
| - Citation :
- Je ne suis pas sûr de bien comprendre ta question: n'hésite pas à préciser si tu as le sentiment que je réponds à côté...
Bonjour, Merci Narkissos pour ta réponse éclairante. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique? Mar 17 Oct 2023, 10:23 | |
| En fait on avait assez bien exposé le problème dès le début du fil que tu citais, 8.11.2010... |
| | | free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique? Mar 17 Oct 2023, 14:10 | |
| Les septante semaines d'années de Daniel IX - ( 1892) Reste la période intermédiaire, évaluée à 62 semaines. C'est ici que se présente une difficulté au point de vue chronologique : 62 semaines font 434 années, tandis qu'entre l'intervention de Cyrus et le meurtre d'Onias III, fin de la première et commencement de la troisième période, il ne s'est écoulé que 366 ou 367 ans, c'est-à-dire environ 52 semaines d'années. L'auteur se serait donc mépris de 10 semaines dans sa supputation. « Une si énorme erreur, s'est-on écrié, n'est-elle pas inadmissible? » — Elle s'explique sans trop de peine, a-t-on répondu, chez un auteur qui parle d'un prétendu règne de Darius le Mède, qui a tout l'air de n'avoir eu connaissance que de quatre rois de Perse, qui fait succéder l'expédition d'Alexandre le Grand sans intervalle aux guerres de Xerxès ; chez un auteur à qui ni les écrits hébreux ni la tradition ne pouvaient offrir de renseignements quelque peu précis sur la chronologie de cette période intermédiaire. Il y a plus : ainsi que M. Schürer l'a déjà fait remarquer en 1886 dans sa classique Geschichte des jüdischen Volkes im Zeitalter Jesu Christi (tome II, p. 616), non seulement l'historien Josèphe a commis une erreur semblable en faisant paraître Cyrus 40 à 50 ans trop tôt, mais ce qui est bien plus frappant, une faute très analogue à celle où est tombé l'auteur du livre de Daniel se retrouve chez l'historien Démétrius qui vivait peu auparavant, à la fin du troisième siècle avant Jésus-Christ. Cet helléniste juif, qui était pourtant historien de profession et paraît avoir voué un soin tout particulier aux calculs chronologiques, comptait 573 ans depuis la déportation des dix tribus jusqu'à l'avènement de Ptolémée IVEn réalité il n'y a que juste 500 ans, soit de 722 à 222. Ce qui fait, comme chez Daniel, un excédent d'environ 70 ans. Si « colossale » donc que l'erreur puisse nous paraître aujourd'hui, on conviendra qu'elle n'a rien d' « inadmissible. » Elle prouve simplement que les moyens d'établir une chronologie exacte et suivie faisaient encore défaut dans ce temps-là. A défaut de points de repère semblables à ceux que les livres saints offraient à un lecteur attentif pour la première période de 7 « semaines, » on en était réduit à de simples approximations. D'ailleurs, l'auteur de notre apocalypse était lié par son interprétation des 70 années de Jérémie, ou plutôt par « l'intelligence » qu'il avait acquise, quant au sens de ce chiffre, par l'étude des « livres. » https://www.e-periodica.ch/cntmng?pid=rtp-002%3A1892%3A25%3A%3A638 Comme je l'ai déjà indiqué, l'annotation de la NBS était compliquée par la nécessité (éditoriale, "politique" ou "diplomatique") de rendre cette bible aussi utilisable par des "évangéliques" (pentecôtistes, adventistes) qui tiennent à une interprétation "messianique" de ce chapitre. Sans cette contrainte on aurait pu être plus clair et dire, par exemple: 1) que le premier "oint" visé soit Josué-Jésus ou Cyrus, le point de départ des 62 semaines est situé à la fin de l'exil, vers 539 av. J.-C.; 2) la durée est de toute façon (très) approximative parce que l'auteur, ou les auteurs, n'ont pas une idée nette des longues périodes concernées depuis les empires néo-babylonien et perse (539 - [62 x 7 = 434] = 105, c'est au moins 60 ans trop tard pour Antiochos, mais l'auteur n'en savait rien et pour comprendre SON texte il ne faut justement pas tenir compte de ce que NOUS savons mais que LUI ne savait pas). https://etrechretien.1fr1.net/t345p75-le-livre-de-daniel-est-il-authentiqueLe première article me semble pertinent malgré son ancienneté, il rejoins également ton analyse concernant " la durée est de toute façon (très) approximative parce que l'auteur, ou les auteurs, n'ont pas une idée nette des longues périodes concernées depuis les empires néo-babylonien et perse". |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique? Mar 17 Oct 2023, 15:55 | |
| Pour le contexte de la seconde citation, cf. supra 18.3.2022.
L'article de Vuilleumier (1892) reste en effet tout à fait intéressant, d'autant qu'il était écrit avec humour -- je trouve l'hypothèse Cyrus (pour le premier "oint" du chap. 9) de moins en moins vraisemblable, mais j'ai visiblement évolué sur ce point (et beaucoup d'autres !) depuis la NBS... La conjecture (p. 202) d'une évaluation "à la louche" de la durée générale à partir de la succession des grands prêtres, d'après une liste traditionnelle combinée à une chronologie formelle (12 grands prêtres jusqu'à Onias III, quarante ans chacun) est astucieuse, sans plus -- elle fonctionnerait d'ailleurs mieux avec un premier "oint" également grand prêtre. D'autre part, comme on l'a dit maintes fois, la plus ou moins grande exactitude historique des textes n'est pas seulement une question d'époque, mais aussi et surtout de lieu et de "milieu": les "auteurs bibliques" avaient rarement accès à la meilleure documentation de leur temps.
Bien entendu, tout ça ne convaincra pas ceux qui ont pris l'habitude de considérer "la Bible" comme un "livre magique", où tout doit "tomber juste"... |
| | | free
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| Sujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique? Mer 18 Oct 2023, 14:29 | |
| Maintenant, il ne nous reste qu’à compter. Si nous calculons 483 ans à partir de 455 avant notre ère, nous arrivons à l’an 29 de notre ère. C’est précisément l’année où Jésus s’est fait baptiser et où il est devenu le Messie * (Luc 3:1, 2, 21, 22) ! La prophétie biblique ne s’est-elle pas remarquablement accomplie ?
https://www.jw.org/fr/biblioth%C3%A8que/livres/qu-enseigne-bible/daniel-predit-larrivee-du-messie/ La plus grande faiblesse de cette démonstration, c'est que le scénario proposé ne correspond pas au texte, en effet au terme d'une période 483 années (7 semaines + 62 semaines), il ne doit pas apparaitre UN "oint" mais "un homme ayant reçu l'onction sera retranché" ("Après les soixante-deux semaine") alors que pour la Watch Jésus a été “ retranché ”, mis à mort, en 33 de notre ère, au cours d’une 70e semaine d’années |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique? Mer 18 Oct 2023, 14:41 | |
| Ben voyons...
Je constate que ça vient d'ici, un livre de la Watch de 2005... (peut-être un nouvel avatar de La vérité qui conduit à la vie éternelle ou Vous pouvez vivre éternellement..., comme "catéchisme" de base). Entre-temps (2014), comme on l'a vu ailleurs (supra 28.9.2023), la Watch semble avoir admis que personne n'y avait pensé au Ier siècle, mais la démonstration reste pourtant aussi "évidente", "il ne nous reste qu'à compter"... A noter que cette interprétation de Daniel suppose la lecture de mashiah sans article comme un nom propre ("Messie", pourquoi pas "Oint" ?), seule façon formellement grammaticale d'éviter l'indéfini ("un oint"), cf. supra 29.9.2023.
P.S.: J'ai vu après coup ton commentaire, tout à fait juste à mon avis... Dans le texte l'apparition du premier "oint" (Josué-Jésus, le grand prêtre de la restauration, plutôt que le Cyrus du deutéro-Isaïe) correspond à la fin de la première "semaine de semaines" (7 x 7 = 49, comptée à partir des 70 ans de Jérémie dont le point de départ est probablement confondu avec la destruction du temple), et bien distincte du retranchement du second "oint", 62 "semaines" plus tard. L'image de la Watch me rappelle par ailleurs un affinement de la doctrine dont on avait déjà parlé (supra 24.2 et 15.3.2022): de mon temps on ne distinguait pas entre les 7 premières "semaines" et les 62 suivantes, on les ajoutait tout bêtement, sans expliquer pourquoi le texte, lui, les distinguait. Maintenant on a inventé de toutes pièces un "événement" en -406 pour en rendre compte, une fin de reconstruction de Jérusalem sans la moindre référence textuelle et encore moins chronologique. On n'arrête pas le progrès, ou "la lumière va croissant". |
| | | free
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| Sujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique? Jeu 19 Oct 2023, 15:04 | |
| 5 Certains ont tenté de discréditer le récit de Daniel relatif au four de feu ardent (chapitre 3), disant qu’il s’agit d’une légende. Voici ce que dit en partie un écrit babylonien antique : “ Ainsi parle Rîm-Sin, votre seigneur : Parce qu’il a lancé le jeune esclave dans le four, toi aussi, tu jettes l’esclave dans la fournaise. ” Il est intéressant de noter qu’après avoir fait référence à cette déclaration, G. Driver ajoute que ce châtiment “ apparaît dans l’histoire des Trois Hommes Saints (Dn III 6, 15, 19-27) * ”. https://www.jw.org/fr/biblioth%C3%A8que/livres/Toute-%C3%89criture-est-inspir%C3%A9e-de-Dieu-et-utile/Livre-de-la-Bible-num%C3%A9ro-27-Daniel/ La peine du feu dans les droits cunéiformes La peine du feu est aussi citée dans un édit du harem médio-assyrien, pris par Aššur-rēša-iši : le témoin oculaire, homme ou femme, qui ne dénonce pas un rendez-vous clandestin d’une femme du palais avec un homme, est «jeté dans un four » . En dehors du droit positif, on trouve quelques attestations de cette sanction dans trois lettres et quelques clauses pénales de contrats. – Les trois lettres sont d’époque paléo-babylonienne. La première est envoyée par le roi Rîm-Sîn de Larsa à quatre individus qui lui ont sans doute demandé une consultation. C’est un texte très laconique, dans lequel le roi préconise l’application du talion : «Parce qu’il a jeté le serviteur dans un four, vous-mêmes jetez un serviteur dans un four » . Les destinataires ne sont sans doute pas des juges qui auraient à trancher un procès mais plutôt les propriétaires du serviteur tué (cf. «Jetez vous-mêmes, etc. » ) Ce genre d’intervention du souverain dans les affaires pénales était sûrement assez fréquent, car n’importe quel sujet pouvait s’adresser au roi pour faire juger son cas. https://www.persee.fr/doc/ktema_0221-5896_2005_num_30_1_955 Il fallait oser, valider le livre de Daniel en se servant d'un récit miraculeux : 1) Des hommes qui ne se consument dans une fournaise ardente, 2) Un roi (Nabuchodonosor) qui béni et fait la promotion au niveau mondial du dieu hébreu en interdisant tous propos inconsidérés contre cette divinité. En plus si G. Driver l'a dit, alors il faut l'accepter comme parole d'évangile |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique? Jeu 19 Oct 2023, 15:57 | |
| G.R. Driver (1892-1975) était un des derniers représentants des "sciences bibliques" britanniques à l'ancienne, essentiellement apologétiques, c.-à-d. centrées sur la "défense" des textes "bibliques" (compris comme "historiques" a priori) contre une "critique historique", ou "haute-critique", principalement allemande depuis le XIXe siècle -- les structures ecclésiastiques et universitaires du Royaume-Uni et de l'Eglise anglicane favorisaient d'ailleurs une certaine indistinction des "évangéliques" et des (plus ou moins) "conservateurs", y compris parmi les "savants". Ce débat académique, avec ses implications nationalistes, est dépassé depuis belle lurette, mais il a fourni assez de textes "respectables" en plus d'un siècle d'existence pour que les "fondamentalistes" et "sectaires" de tout poil puissent encore y puiser longtemps.
Dans ce cas précis (voir aussi la transcription et la traduction des textes en fin d'article) le Rim-Sin de Larsa aurait régné à peu près 1300 ans avant le Daniel de la fiction, situé à l'époque néo-babylonienne et perse, et 1700 ans avant la rédaction (finale) du "livre de Daniel" selon les thèses "critiques". On voit mal en quoi la différence ferait bouger la balance... S'il s'agit simplement de prouver que des supplices par le feu font partie de l'histoire humaine, on peut aussi bien citer Jeanne d'Arc (encore les Anglais !). |
| | | free
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| Sujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique? Mer 01 Nov 2023, 09:20 | |
| S. C. Mimouni écrit dans son ouvrage que la construction d’un autel païen sur l’autel des Holocaustes et non le sacrifice d’un animal impur ou l’installation d’une statue païenne dans le Saint des saints est ce qui semble avoir été considéré par les Juifs comme étant le comble d’une abomination, en l’occurrence, une profanation :
Il (scil. Antiochos) ordonne de dresser un nouvel autel sur l’autel des holocaustes pour accomplir des sacrifices grecs ‒ cet autel est désigné, dans les textes, par l’expression « abomination de la désolation », de bdelygma en grec (1 M 1, 57) et de shikkoutz shomem en hébreu (Dn 11, 31 ; 12, 11), qui signifie « ordure dévastatrice » : une expression qui pourrait représenter une forme cryptique du nom du dieu syrien Baal Shamaïn, littéralement « maître des cieux » ou « dieux des cieux» ‒ shamaïn (les cieux)devenant shomem (la désolation) 148.
Une question alors s’impose : l’expression « abomination de la désolation » pourrait-elle référer à la désacralisation ? Dans le texte grec de 1 M 1, 54 de la version de la Septante, le terme grec (...) est traduit en français par « abomination de la dévastation », expression qui provient de (...) signifiant « l’abomination qui cause la désolation » et que l’on retrouve, avec de légères différences grammaticales, dans Dn 9, 27; 11, 31; 12, 11. Certaines traductions françaises et anglaises du texte biblique utilisent la majuscule insistant de ce fait sur la gravité de l’acte, d’autres versions cependant traduisent différemment cette expression grecque.
https://www.academia.edu/16164197/D%C3%A9sacralisation_du_second_Temple_de_J%C3%A9rusalem_et_abolition_du_culte_juda%C3%AFque_par_Antiochos_%C3%89piphane_en_168_67_av_J_C_cons%C3%A9quences_et_r%C3%A9actions_Une_lecture_de_Flavius_Jos%C3%A8phe |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique? Mer 01 Nov 2023, 11:39 | |
| Pour le mémoire de Plamondon, mieux vaut passer par le lien que tu nous avais donné hier ici: le texte est plus facile à suivre et à sonder par recherche automatique que sur le site d'Academia. L'extrait que tu cites se trouve p. 45, mais tout le chapitre 2 (depuis la p. 39) mérite d'être parcouru, parce qu'il récapitule utilement la plupart des textes pertinents (Daniel, Maccabées, Josèphe etc.) et leurs interprétations récentes. Mais il ne faut pas être dupe de la stratégie de l'auteur, qui apparaît aussi clairement dans ce chapitre: à la faveur du concept vague et commode de "désacralisation" (d'après l'anglais desecration et rapporté à ce qu'on appelle ainsi dans la tradition catholique: on est au Canada), substitué aux termes "bibliques" et apparentés ( shiqqouç, bdelugma etc. pour "abomination", "abominable", etc., dans le champ lexical rituel du pur et de l'impur, voisin du sacré et du profane) qui semblent sémantiquement proches, il construit un scénario maximaliste, en organisant la totalité des "données" textuelles, assimilées a priori à des "événements", en un processus logiquement plausible -- mais historiquement invraisemblable, puisqu'il ne fait que combiner des "événements" plus ou moins improbables, en divisant d'autant leur probabilité. Au fond c'est une tentative d'harmonisation générale qui neutralise toute critique historique. Au bout du compte, on ne sait toujours pas quels événements réels ont déclenché la crise maccabéenne, puisqu'on n'a que des interprétations partisanes, de différents partis plus ou moins éloignés des faits dans le temps et dans l'espace, et qui n'ont en commun que la "diabolisation" d'Antiochos IV et de sa politique, quelle qu'elle fût en réalité... |
| | | free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique? Sam 04 Nov 2023, 10:54 | |
| ‘ Des choses immondes qui mènent à la désolation. ’ La prophétie de Daniel annonçait “ des choses immondes ” liées à une désolation (Dn 9:27). L’opinion courante suit généralement la tradition juive ancienne quand elle applique cette prophétie à la profanation du temple de Jéhovah à Jérusalem en 168 av. n. è. par Antiochus IV (Épiphane), roi de Syrie. Dans une volonté de faire disparaître le culte de Jéhovah, Antiochus construisit un autel sur le grand autel de Jéhovah et sacrifia dessus un porc en l’honneur de Zeus Olympien (Jupiter). Une expression comparable à celle de Daniel (associant des choses immondes à une désolation) se retrouve dans le livre apocryphe de 1 Maccabées (1:54), et elle est appliquée à cet événement. Mais ce n’était qu’une interprétation juive des faits, et non une révélation inspirée. Christ Jésus montra que ce point de vue est faux lorsqu’il donna cet avertissement à ses disciples : “ Quand donc vous apercevrez la chose immonde qui cause la désolation, dont a parlé Daniel le prophète, se tenant dans un lieu saint (que le lecteur exerce son discernement), alors, que ceux qui sont en Judée se mettent à fuir vers les montagnes. ” (Mt 24:15, 16). Ces paroles indiquent que “ la chose immonde qui cause la désolation ” n’était pas du domaine du passé, mais à venir. Bien qu’immonde aux yeux de Dieu, la profanation païenne de l’autel du temple par Antiochus n’entraîna pas de désolation, ni pour Jérusalem, ni pour le temple, ni pour la nation juive. Par contre, 33 ans après la mort de Jésus, les chrétiens aperçurent bel et bien “ la chose immonde qui cause la désolation [...] se tenant dans un lieu saint ”. (Mt 24:15.) En 66 de n. è., les armées païennes de Rome encerclèrent “ la ville sainte ”, Jérusalem, devenue le centre de la révolte des Juifs contre Rome. La chose immonde allait donc très bientôt ‘ causer la désolation ’. Ce fut à l’intention des chrétiens au discernement en éveil le dernier signal pour “ fuir vers les montagnes ”. (Mt 4:5 ; 27:53 ; 24:15, 16 ; Lc 19:43, 44 ; 21:20-22.) Après leur fuite survint la désolation de la ville et de la nation : Jérusalem fut détruite en 70 de n. è., et Massada, la dernière forteresse juive, tomba aux mains des Romains en 73. — Voir Dn 9:25-27. D’autres prophéties annonçant une chose immonde. Toutefois, il faut noter que Daniel 11:31-35 et 12:9, 11 font un lien entre une “ chose immonde qui cause la désolation ” et le “ temps de la fin ”. Logiquement, la formation de cette dernière expression de “ la chose immonde qui cause la désolation ” au temps de la fin suivrait le même schéma qu’au Ier siècle de n. è., à cela près qu’elle ne se limiterait pas au pays d’Israël.La désolation de Jérusalem en 70 de n. è. marqua la fin du “ lieu saint ”, Jérusalem, “ la ville sainte ”. (Mt 27:53.) Cependant, les Écritures attirent l’attention sur une “ Jérusalem céleste ”, le Royaume messianique, qui est représentée sur la terre par les chrétiens oints (Hé 12:22). Il y en a aussi d’autres qui prétendent faussement représenter ce Royaume, et Révélation chapitre 17 montre que leur champ d’action religieux sera désolé par les “ dix cornes ” (des rois) d’une “ bête sauvage ” symbolique. Les choses immondes de Babylone la Grande. La vision prophétique de Révélation 17 met en scène une femme immorale symbolique, Babylone la Grande. Elle est appelée “ la mère des prostituées et des choses immondes de la terre ”. Elle tient une coupe d’or ‘ pleine des choses immondes de sa fornication avec les rois de la terre ’. Bien qu’elle recherche la faveur des royaumes de la terre et qu’elle soit assise sur une bête sauvage symbolique composée de ces royaumes, le temps vient où cette “ bête ” refusera de la porter, se retournera contre elle et la réduira en désolation complète. — Voir BABYLONE LA GRANDE. Révélation 21:9, 10, 27 exclut toute possibilité que des personnes qui continuent à pratiquer une “ chose immonde ” entrent dans la “ Nouvelle Jérusalem ”, la classe qu’est “ l’épouse ” pure de l’Agneau. https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1200001193 L'auteur passe allègrement de la Jérusalem terrestre de l'an 70 à à la “ Jérusalem céleste ” représentée sur la terre par les chrétiens oints pour distinguer l'usage de la formule “ des choses immondes ” liées à une désolation de Daniel 9:27 ; par rapport aux textes de Daniel 11:31-35 et 12:9, 11 qui retrouvent connectés par "magie" avec une expression hybride " Les choses immondes de Babylone la Grande". Discréditer l'interprétation liée à Antiochus IV (Épiphane) d'un revers de la main, au prétexte que se serait seulement " qu’une interprétation juive des faits, et non une révélation inspirée" me parait léger. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique? Sam 04 Nov 2023, 12:07 | |
| Le livre Insight... / Etude perspicace... s'autorise nettement plus d'"interprétation maison" que son ancêtre, Aid to Bible Understanding, mais il reste quand même en retrait à cet égard par rapport à d'autres textes de la Watch, en particulier sur Daniel, pour garder l'apparence de rigueur "scientifique" d'un "dictionnaire biblique".
Soit dit en passant, plus la Watch réduit les différences de "genre" et de "niveau" de ses publications, en répandant indifféremment la même... chose partout, de "la Bible" (NWT/TMN) à La Tour de Garde ou aux livres-commentaires en passant par le "dictionnaire biblique", plus faiblit aussi l'effet "probant" ou "convaincant" de l'ensemble: on ne va plus chercher l'explication d'un texte obscur dans un "dictionnaire" d'allure "scientifique", "objective" et "neutre", pour en trouver une interprétation plus "précise" et "audacieuse" (autrement dit arbitraire et péremptoire) dans un autre livre, avec l'impression de différences d'éclairage autour d'un même "objet" qui y gagne un semblant de consistance, puisqu'on trouve tout ensemble au même endroit, a fortiori avec Internet... Remarquer que l'"apocalyptique" (exemplairement Daniel) pratiquait à sa façon un tel "jeu de différences": au lieu de dire les choses "simplement" elle passait par l'écart entre "vision" cryptée et "interprétation" (souvent tout aussi obscure pour nous, mais probablement pas pour les destinataires) -- ce n'est cependant pas le cas de Daniel 9 où il n'y a qu'une "interprétation" (Gabriel) sans "vision" préalable.
La référence (vague) à "une interprétation juive" rapportant Daniel 9 à Antiochos infirmait déjà l'affirmation habituelle de la Watch (et de beaucoup de "fondamentalistes" modernes), selon laquelle à cause de Daniel 9 "les juifs" attendaient "le Messie" au "temps de Jésus"... (affirmation abandonnée depuis, comme on l'a vu supra 28.9.2023).
Distinguer formellement les "abominations" (shiqqouçim, au pluriel) de Daniel 9 de celles des autres chapitres (au singulier), pour les dissocier à la fois d'Antiochos (d'après l'"interprétation juive") et du "temps de la fin" (pour les autres occurrences) et les rapporter au Ier siècle semble vouloir faire d'une pierre (grammaticale) deux coups (herméneutiques). Mais c'est un mauvais calcul, car les références des évangiles (Marc 13,14 // Matthieu 24,15) qui justifient (pour un esprit "bibliciste" et "magique") une application au Ier siècle sont précisément au singulier, d'après le grec (bdelugma dans LXX et Théodotion, malgré d'autres différences considérables*, comme chez Marc et Matthieu -- lesquels se différencient notamment par l'accord du verbe, au masculin et au neutre: quelqu'un ou quelque chose ?), ET associent expressément la destruction de Jérusalem à un "temps de la fin" (c'est pour la même "génération" -- ce dont "Luc" essaiera de se distancier tant bien que mal).
--- * Pour donner une idée du décalage de la "Septante" (première version grecque connue, avant Théodotion qui se rapprochera du texte hébreu proto-massorétique; mais connue seulement par des manuscrits tardifs), voici à peu près ce qu'y donne le v. 27 (texte de toute évidence maintes fois rafistolé par additions successives et hétéroclites, où on ne pourrait distinguer un "original" que par conjecture): "Et l'alliance prévaudra pour la multitude, et (qui ou quoi ?) retournera/reviendra et sera reconstruit en large et en long. Et à la consommation des temps (sunteleia kairôn) et après sept et soixante-dix temps (kairous) et soixante-deux ans jusqu'au temps de la consommation de la guerre la désolation sera enlevée quand l'alliance prévaudra pendant beaucoup de semaines. Et à la fin de la semaine le sacrifice et la libation seront enlevés, et sur le temple il y aura une abomination de désolations jusqu'à la consommation, et il y aura une consommation pour la désolation."
C'est un exemple parmi bien d'autres de ce qu'on a déjà suggéré: le livre de Daniel, dans ses aspects "apocalyptiques", est très vite devenu incompréhensible, surtout dans une diaspora hellénistique qui n'avait pas les mêmes intérêts idéologiques, religieux ou politiques que ses auteurs et rédacteurs initiaux, et ne disposait probablement même pas des éléments "historiques" pour le comprendre. Le grec en a logiquement développé les aspects "édifiants" dans ses "additions", tout en se débrouillant comme il pouvait avec le reste. Un sens "apocalyptique" (mais pas "l'original") n'a pu émerger à nouveau que dans de nouvelles situations conflictuelles analogues à son premier contexte historique (oppositions juives aux hasmonéens, aux hérodiens, à Rome...). |
| | | free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique? Dim 05 Nov 2023, 12:49 | |
| Présence de vocables grecs et perses dans le Livre de Daniel
Histoire de la littérature hébraïque et juive: depuis les origines jusqu'à ... De Adolphe Lods
https://books.google.fr/books?id=lG8YN-tnUokC&pg=PA839&lpg=PA839&dq=vocables+grecs+et+perses+dans+le+Livre+de+Daniel&source=bl&ots=8YFQcw00bb&sig=ACfU3U1FYbI7AgDuFSqCRgTa4oH7EmrH_g&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjUrKXIpqyCAxWyVqQEHZtXBWo4MhDoAXoECAIQAw#v=onepage&q=vocables%20grecs%20et%20perses%20dans%20le%20Livre%20de%20Daniel&f=false
La mémoire en damiers: Structures de composition de la rhétorique de sagesse ... De Pierre Perrier, Bernard Scherrer, Francisco José López Sáez
https://books.google.fr/books?id=3rG0EAAAQBAJ&pg=PA160&lpg=PA160&dq=livre+de+daniel++mots+grecs+perses+qatros+ou+qitaris,+cithare&source=bl&ots=96_THCXMJa&sig=ACfU3U2Hp0KhFWYGkQS0p9dZ302pL8UscA&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjGlLG5qqyCAxUYV6QEHbLUAwQQ6AF6BAgKEAM#v=onepage&q=livre%20de%20daniel%20%20mots%20grecs%20perses%20qatros%20ou%20qitaris%2C%20cithare&f=false |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique? Dim 05 Nov 2023, 14:43 | |
| Aucun de ces deux liens ne s'affiche chez moi (j'ai effacé les cookies et l'historique qui parfois bloquent GoogleBooks, mais rien n'y fait). Adolphe Lods étant mort en 1948, le premier ne date pas d'hier.
En ce qui concerne le lexique grec, nous en avons (re-)parlé supra 8.9.2023. Il n'y a rien d'absolument probant en la matière, mais à mon sens il n'y a rien à prouver: si quelqu'un ne comprend pas tout de suite qu'un "livre" qui parle d'événements du IIe siècle av. J.-C. (fait incontournable dans le cas de Daniel, même pour une exégèse fondamentaliste ou sectaire, y compris celle de la Watch) ne peut pas être antérieur, du moins dans sa rédaction finale et son édition complète, au IIe siècle av. J.-C., ce n'est pas en accumulant les "preuves" ou indices accessoires, à la façon du commissaire Bougret de Gotlib, qu'on l'en convaincra; et celui qui l'a compris n'a besoin d'aucune "preuve" supplémentaire. C'est à coup sûr un raisonnement "rationaliste" et "circulaire", mais hors de ce cercle-là il n'y a pas de "raison" possible en général, donc pas non plus d'historiographie scientifique, c'est-à-dire critique. On entre dans le domaine "magique" où, tout étant possible, rien n'est plus probable ni improbable... (je me répète).
On peut toutefois noter (ou rappeler) que la principale concentration de termes d'origine grecque se trouve dans l'énumération des instruments de musique du chapitre 3 (en araméen), qui ne comporte aucune référence explicite à l'époque d'Antiochos et des Maccabées (comme l'ensemble des chap. 1--6, et peut-être une première rédaction du chap. 7, sans la "petite corne") -- pas non plus au personnage de Daniel, du reste -- même si le thème du rejet de l'"idolâtrie" au prix du martyre éventuel est évidemment pertinent pour cette époque-là. Mais l'hellénisation massive de la région date de plus d'un siècle et demi au temps d'Antiochos, ce qui laisse amplement le temps d'une rédaction antérieure, dans un contexte déjà hellénisé (surtout pour des termes techniques où le nom étranger de l'objet -- manufacturé en l'occurrence -- arrive en même temps que l'objet lui-même; comme Ersatz ou Ausweis au temps de l'occupation allemande, où les Français ont découvert le mot avec la chose, et ainsi d'innombrables termes anglais ou américains depuis). N.B.: si la transcription du grec kithara (d'où cithare, guitare, etc.) en araméen paraît exceptionnelle, le mot grec sert régulièrement de traduction de plusieurs mots hébreux (notamment kinnor pour "harpe" ou "lyre") dans la Septante (cf. Genèse 4,21; 31,27; 1 Samuel 10,5 etc.).
Quant au second lien, il parle peut-être d'autre chose (sagesse et apocalyptique ? -- ce thème aussi a déjà été abordé dès le début du présent fil, 14.1.2010) mais je ne peux pas le savoir...
---
P.S.: Sans que je sache comment ni pourquoi, les liens me deviennent en partie lisibles quelques heures plus tard... sans grande surprise pour le premier, et avec une certaine perplexité pour le second qui semble développer une théorie brumeuse d'explication des textes "bibliques", jusqu'aux évangiles, par un fond d'oralité et une pratique mnémotechnique (les "damiers"). Sur Daniel en tout cas ça ne me semble pas apporter grand-chose, sinon un peu d'eau trouble à un vieux moulin fondamentaliste... |
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