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 Le livre de Daniel est-il authentique?

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MessageSujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique?   Le livre de Daniel est-il authentique? - Page 4 Icon_minitimeJeu 17 Mar 2022, 15:04

Citation :
(Parenthèse de simple curiosité: j'ai souvent remarqué le nom de Thierry Murcia, aussi dans des textes relatifs aux TdJ -- ce n'est pas directement le cas de celui-ci -- et j'ai fini par l'imaginer comme un "ex": le connaîtrais-tu, par hasard ?)

Je l'ai également relié à un passé de TdJ, il aborde des questions spécifiquement en lien avec la doctrine de la Watch, les 144 000, les 70 semaines ....

Merci pour ta réponse qui est vraiment éclairante.
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Narkissos

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MessageSujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique?   Le livre de Daniel est-il authentique? - Page 4 Icon_minitimeJeu 17 Mar 2022, 16:49

Merci.

Pour rappel (c'est probablement clair dans la tête de Murcia mais ça ne l'est pas tellement dans son article, qui date d'une vingtaine d'années), la notion anachronique de (texte) "deutérocanonique" (qui remonte au Concile de Trente, au XVIe siècle) embrouille singulièrement les choses, dans le cas de Daniel. Car ici on n'a pas un texte "deutérocanonique" distinct d'un texte "protocanonique", mais (au moins) deux "éditions" complètement différentes du même "livre", en hébreu et en grec, qui diffèrent non seulement par les "ajouts" les plus manifestes du grec par rapport à l'hébreu (ce qui va justement devenir "deutérocanonique"), mais aussi dans les parties "communes". A traiter différemment le "protocanonique" et le "deutérocanonique", on en arrive à des traductions (surtout catholiques) d'un texte inexistant, ou artificiel, qui combinent une traduction des parties communes d'après l'hébreu et l'araméen (texte massorétique), et une traduction des "suppléments" d'après le grec (de la "Septante", c.-à-d. de la première édition grecque connue, ou de Théodotion qui se rapproche en partie de l'hébreu dans les "parties communes"). Bref, pour traduire "Daniel" il faudrait le traduire (au moins) deux ou trois fois dans son intégralité (diverse), d'après le texte massorétique et d'après un ou deux textes grecs (LXX, Théodotion) considérablement différents d'un bout à l'autre.
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MessageSujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique?   Le livre de Daniel est-il authentique? - Page 4 Icon_minitimeVen 18 Mar 2022, 16:30

"Sache-le donc et comprends ! Depuis qu'a été émise la parole disant de rétablir, de rebâtir Jérusalem, jusqu'à un chef ayant reçu l'onction, il y a sept semaines ; pendant soixante-deux semaines, places et fossés seront rétablis, rebâtis, mais en des temps d'angoisse" (9,25).

Il est devenu courant pour les interprètes intéressés par la prophétie prédictive de compter les «sept semaines» et les «soixante-deux semaines» comme un groupe de périodes devant être combinées, en supposant en cours de route que Gabriel avait prévu une période entière de soixante-neuf semaines pour s'entendre ici (plutôt que deux périodes distinctes). Ce type de lecture est ouvert à l'examen pour diverses raisons le verset dit explicitement "sept semaines et/puis soixante-deux semaines", en utilisant le nom "semaines" deux fois dans la qualification des deux nombres donnés. Si Gabriel avait toujours voulu dire soixante-neuf semaines, pourquoi ne le dit-il pas ? Deuxièmement, les éditions critiques du texte hébreu placent un symbole appelé « atnah » (atnah.JPG), délimitant une pause ou une pause, lors de la première occurrence de « semaines ». Cela sépare effectivement les sept semaines des soixante-deux semaines. Les Massorètes ont placé cette marque ici pour éviter toute confusion potentielle. Pour ces raisons, j'ai traduit la phrase en question, "[il y aura] sept semaines, puis soixante-deux semaines."

https://dustinmartyr.wordpress.com/2016/06/16/responsibly-interpreting-the-visions-in-daniel-9-part-2/

Narkissos , que penses-tu de l'analyse ci-dessus, notamment en rapport avec le symbole qui délimite une pause ?


La notes de la NBS de Daniel 9:25 indique ceci :  "Si les soixante-deux semaines débutent avec la reconstruction vers la fin du VIe s. av. J.-C., elles conduisent approximativement à l’époque d’Antiochos, le roi persécuteur". Le texte de Daniel me semble obscur en rapport avec "les soixante-deux semaines", cette période est-elle reliée à la durée de la restauration de Jérusalem ? Qu'elle est le sens de la note de la NBS, le point de départ (la reconstruction vers la fin du VIe s. av. J.-C) correspondrait à quelle année et comment fait-on pour avoir comme point d'arriver l’époque d’Antiochos ?
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MessageSujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique?   Le livre de Daniel est-il authentique? - Page 4 Icon_minitimeVen 18 Mar 2022, 17:14

L'auteur (du blog) ne semble pas avoir compris que la ponctuation massorétique (qui date du moyen-âge, sans préjudice des traditions de lecture orale qu'elle recueille) marque surtout une division de la phrase, division naturelle même sans (ou avant) la ponctuation: les "sept (premières) semaines" se rapportent à ce qui précède (de l'annonce de la restauration de Jérusalem au premier "oint"), et les "soixante-deux" (suivantes) à ce qui suit (reconstruction effective, mais dans la détresse des temps); après quoi vient logiquement "après les soixante-deux semaines" (v. 26). Tout cela est à peu près clair dans la plupart des traductions modernes: on met un point ou un point-virgule ENTRE les 7 semaines et les 62 semaines, et non après celles-ci, qui constituent le début (= circonstancielle de temps) d'une nouvelle phrase ou d'une nouvelle proposition -- (et pendant) 62 semaines places et fossés seront rebâtis...

Comme je l'ai déjà indiqué, l'annotation de la NBS était compliquée par la nécessité (éditoriale, "politique" ou "diplomatique") de rendre cette bible aussi utilisable par des "évangéliques" (pentecôtistes, adventistes) qui tiennent à une interprétation "messianique" de ce chapitre. Sans cette contrainte on aurait pu être plus clair et dire, par exemple: 1) que le premier "oint" visé soit Josué-Jésus ou Cyrus, le point de départ des 62 semaines est situé à la fin de l'exil, vers 539 av. J.-C.; 2) la durée est de toute façon (très) approximative parce que l'auteur, ou les auteurs, n'ont pas une idée nette des longues périodes concernées depuis les empires néo-babylonien et perse (539 - [62 x 7 = 434] = 105, c'est au moins 60 ans trop tard pour Antiochos, mais l'auteur n'en savait rien et pour comprendre SON texte il ne faut justement pas tenir compte de ce que NOUS savons mais que LUI ne savait pas).

Ce genre d'explication plus "claire" est toutefois inacceptable a priori pour quiconque s'est fait une idée quasi magique de "l'inspiration de la Bible", supposant que les indications chronologiques de celle-ci doivent fonctionner comme de l'horlogerie suisse en concordance avec l'historiographie moderne, ou alors que "ça ne vaut rien" (même présupposé anachronique, au fond, chez les "fondamentalistes", "sectaires" et autres "apologistes" de "la Bible" et chez les "détracteurs" de celle-ci). Elle lui paraît non seulement blasphématoire, mais aussi moins crédible qu'une interprétation qui "tombe juste" (si invraisemblable qu'elle soit par ailleurs).
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MessageSujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique?   Le livre de Daniel est-il authentique? - Page 4 Icon_minitimeLun 21 Mar 2022, 17:30

26 C’est ainsi que Jéhovah ôta l’alliance de la Loi par le moyen de la mort de Christ en 33 de notre ère. Dès lors, en quel sens pouvait-​on dire que le Messie ‘ devrait garder l’alliance en vigueur pour la multitude pendant une semaine ’ ? En ce sens qu’il garda l’alliance abrahamique en vigueur. Jusqu’à la fin de la 70e semaine, Dieu accorda les bénédictions qui découlaient de cette alliance aux descendants hébreux d’Abraham. Mais à la fin des “ soixante-dix semaines ” d’années, en 36, l’apôtre Pierre prêcha à Corneille, un Italien fervent, à sa maisonnée et à d’autres Gentils. Et à partir de ce jour-​là, la bonne nouvelle fut annoncée parmi les gens des nations. — Actes 3:25, 26 ; 10:1-48 ; Galates 3:8, 9, 14.

https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1101999030

On se demande bien se que vient faire ici, "l’alliance abrahamique" ?  Shocked
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MessageSujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique?   Le livre de Daniel est-il authentique? - Page 4 Icon_minitimeLun 21 Mar 2022, 18:14

D'autant que Daniel, même dans la prière qui précède et qui fait remonter sa récitation de "l'histoire sainte" à l'Exode, ne parle pas d'Abraham (il aurait pu !)... Mais quand on a largué le contexte historique du IIe siècle av. J.-C. -- si tant est qu'on l'ait jamais envisagé -- et qu'on a de surcroît l'illusion d'une interprétation qui "tombe juste" au Ier siècle apr. J.-C., on ne "se demande" plus rien, ou du moins on ne se pose pas les bonnes questions.

[Cela me rappelle toujours, je l'ai sûrement déjà raconté, l'une des (heureusement rares) personnes que j'ai contribué à convertir au jéhovisme: il avait la trentaine, j'avais environ 16 ans, il était photographe dans un village du Rhône, je l'avais rencontré en porte-à-porte et j'avais mentionné 1914 comme "date biblique". Visiblement intrigué, il m'avait demandé de lui montrer comment on arrivait à cette date à partir de la Bible, et je lui ai fait la "démonstration" sur-le-champ, c.-à-d. dans sa boutique, entre deux clients, ce qui l'a impressionné. Voyant que ce genre de chose l'intéressait (plus que moi à vrai dire, mais j'étais tout de même fier de mon effet), je lui ai (imprudemment) parlé des "70 semaines d'années", par association d'idées, et j'ai donc entrepris de lui exposer ça lors d'une "nouvelle visite". Mais là le "point de départ" (- 455) se laissait beaucoup moins facilement "démontrer" à coups de versets bibliques (que - 607), il s'en est rendu compte et, comme il partait en vacances, je lui ai promis de faire des recherches et de lui donner les éléments par courrier. C'est comme ça que j'ai découvert -- via Aid to Bible Understanding, qui n'existait alors qu'en anglais -- l'invraisemblable sac de noeuds (il fallait contester la chronologie perse d'après une citation isolée de Thucydide, justifier de donner raison à Thucydide contre tout le monde, pour arriver à une "vingtième année d'Artaxerxès" en - 455): j'ai écrit une lettre de plusieurs pages qui a paru convaincre mon interlocuteur, mais tout ça m'a laissé, moi, dans une certaine perplexité: c'était beaucoup moins "évident" que je l'avais imaginé...]

L'interprétation jéhoviste de Daniel 9 n'est pas au premier plan des "problèmes" dont les TdJ sont plus ou moins conscients, parce qu'elle n'est pas "particulière" à la Watchtower: d'une part elle vise "Jésus" et non des événements "modernes" relatifs au groupe, d'autre part elle est partagée par bon nombre d'"évangéliques" (sans surprise, puisqu'elle provient de ce "milieu"; l'interprétation watchtowérienne serait plutôt moins loufoque que celles de beaucoup d'"évangéliques prémillénaristes" -- ou même de "Pères de l'Eglise" -- parce qu'elle ne détache pas la 70e semaine des précédentes pour la reporter à la fin des temps). Mais dans le fond elle est tout aussi foireuse que celle qui aboutit à 1914.
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MessageSujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique?   Le livre de Daniel est-il authentique? - Page 4 Icon_minitimeMer 23 Mar 2022, 12:04

La rédaction d’ouvrages prophétiques et pseudépigraphes antidatés étaient monnaie courante dans l’Antiquité et la tradition s’est poursuivie jusqu’à la fin du Moyen âge et bien au-delà. Ces textes sont toujours écrits dans un but précis et il est facile de retrouver leur date réelle de composition sans pousser loin les recherches. Ils obéissent toujours, en effet, aux mêmes constantes :

1) L’auteur prétend être un personnage illustre du passé.

2) Les « prédictions » qu’il propose sont toujours d’une précision extraordinaire jusque vers la fin du livre où elles ne correspondent alors soudain plus du tout à la réalité historique.

3) Le promoteur du texte – qui en est également le véritable auteur – assure que le manuscrit est ancien et qu’il vient d’être incidemment découvert après être resté dissimulé durant plusieurs siècles. Ce stratagème permet d’expliquer du même coup qu’aucun autre auteur ne l’ait mentionné avant. Lecture publique en est donnée et chacun peut alors constater que la quasi-totalité des événements qui s’y trouvent « annoncés » ont effectivement eu lieu. Au récepteur crédule alors de conclure que le peu qui reste à venir devrait donc également se réaliser prochainement. Mais, évidemment, c’est toujours à partir de là que la prophétie « déraille » …

4) Le manuscrit est toujours « découvert » de façon « providentielle » en période de crise. Il se présente comme étant la « réponse » aux difficultés présentes.

On retrouve tous ces ingrédients chez Daniel : l’auteur prétend être un homme juste naguère mentionné par Ézéchiel, et ses prophéties fonctionnent parfaitement jusqu’au moment où elles annoncent la « fin », qui elle, ne vient pas (ultime conflit entre le Roi du Sud, Ptolémée VI, et le Roi du Nord, Antiochos Épiphane, et instauration immédiate du royaume de Dieu). Le Livre de Daniel est rédigé en période de crise – le peuple de Dieu subit une persécution alors sans précédent – et il prétend apporter une solution radicale au problème (mort du roi persécuteur et venue du règne de Dieu). Enfin, il est bien censé, lui aussi, avoir été soigneusement dissimulé immédiatement après sa rédaction et n’avoir été « redécouvert » que longtemps après, au prétendu « temps de la fin » (164 av. J.-C.). C’est ce qui permet d’expliquer qu’il soit jusqu’alors resté inconnu de tous et n’ait jamais été mentionné avant. Dans un passage qui est longtemps resté hermétique, c’est bien également – pour qui lit attentivement – ce que dit le texte qui ferme ce rouleau :

« Quant à toi, Daniel, garde secrètes ces paroles et scelle le Livre jusqu’au temps de la fin. La multitude sera perplexe mais la connaissance augmentera […] car ces paroles sont tenues secrètes et scellées jusqu’au temps de la fin […] Aucun impie ne comprendra… » - Daniel XII, 4, 9, 11.

Le Livre de Daniel est donc « découvert » et « descellé » dans les années 160 av. J.-C., plusieurs siècles après la date supposée être celle de sa rédaction. On devine que nombreux sont ceux qui refusèrent alors de croire en l’authenticité du rouleau. Une réaction que l’auteur, non sans lucidité, avait d’ailleurs lui-même anticipé sur le mode prophétique : « la multitude sera perplexe » et « aucun impie ne comprendra », déclare-t-il.

https://thierry-murcia-recherches-historico-bibliques.over-blog.com/2017/11/a-quand-remonte-la-redaction-du-livre-de-daniel.html

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MessageSujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique?   Le livre de Daniel est-il authentique? - Page 4 Icon_minitimeMer 23 Mar 2022, 12:46

Le caractère "circulaire" (pétition de principe) de ce genre de "typologie" qui construit une règle générale (de la "pseudépigraphie" comme "genre") à partir d'un cas particulier (Daniel), pour présenter précisément celui-ci comme un cas particulier d'une règle générale, est assez évident pour qu'on n'y insiste pas davantage. En réalité, bien sûr, chaque cas de "pseudépigraphie" est singulier et répond à des "logiques" au moins en partie différentes.

En ce qui concerne Daniel, ce n'est pas seulement "la fin" qui est imprécise (là où la "fausse vraie prophétie", vaticinium ex eventu ou post eventum, devient "vraie fausse prophétie", authentique prédiction ratée): le début (tout ce qui se rapporte aux époques néo-babylonienne et perse, ou même au commencement de l'ère hellénistique depuis Alexandre) l'est aussi pour de tout autres raisons, parce que les auteurs ont un champ de connaissance historique limité (leur époque et celle des deux ou trois générations précédentes, considérées depuis un certain lieu géographique et un certain milieu politico-religieux) -- champ de connaissance qui de surcroît ne correspond pas avec celui de l'historiographie moderne (beaucoup plus vaste et mieux documenté, sauf précisément sur cette époque et ce lieu où il dépend essentiellement de "sources" juives, politiquement et religieusement situées, de Daniel à Josèphe en passant notamment par les Maccabées; le texte de Murcia n'échappe pas à ce problème de perspective).

L'effet "découverte d'un écrit ancien" est assez clair pour Daniel, au moins pour la seconde partie (chap. 7--12) et l'interprétation "historique" des rêves des chapitres 2 (surtout) et 4. Mais il fonctionne aussi pour des textes qui n'ont rien d'apocalyptique, comme la Torah "de Moïse" découverte sous Josias (ou Esdras).

Si le nom de "Daniel" peut être partiellement relié au "Danel" d'Ezéchiel (et éventuellement d'Ougarit, près d'un millénaire plus tôt), il ne faut pas les confondre: Danel est pour Ezéchiel un personnage ancien (comme Noé et Job), et non contemporain, d'autre part c'est surtout un "juste" intercesseur (ce qu'on peut à la rigueur retrouver dans la prière de Daniel 9) et a priori non israélite (comme Noé et Job). Les "histoires de Daniel" de la première partie du livre, qui ressemble beaucoup plus aux romans de diaspora comme ceux de Joseph (Genèse 37ss) et d'Esther, sont d'une tout autre nature et relèvent probablement d'une tradition antérieure à l'époque maccabéenne, même si elles ont été revues et adaptées à cette époque.
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MessageSujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique?   Le livre de Daniel est-il authentique? - Page 4 Icon_minitimeMar 29 Mar 2022, 15:13

Quand le règne d’Artaxerxès commença-​t-​il ?

LES historiens ne s’accordent pas sur l’année où le roi de Perse Artaxerxès commença son règne. Certains situent son année d’accession en 465 avant notre ère du fait que son père, Xerxès, commença à régner en 486 et mourut dans sa 21e année de règne. Cependant, tout porte à croire qu’Artaxerxès monta sur le trône en 475 et que sa première année de règne débuta en 474.

Des inscriptions et des sculptures mises au jour à Persépolis, capitale de la Perse antique, indiquent que Xerxès et son père, Darius Ier, régnèrent simultanément. Si cette situation dura 10 ans et si Xerxès régna seul pendant 11 ans après la mort de Darius en 486, la première année de règne d’Artaxerxès fut 474.

Un deuxième indice a trait au général athénien Thémistocle, qui vainquit l’armée de Xerxès en 480 avant notre ère. Il perdit par la suite la faveur du peuple grec et fut accusé de trahison. Thémistocle s’enfuit et chercha refuge à la cour perse, où il reçut un bon accueil. D’après l’historien grec Thucydide, cela eut lieu alors qu’Artaxerxès “ régnait depuis peu ”. L’historien grec Diodore de Sicile situe la mort de Thémistocle en 471. Puisque Thémistocle demanda un an pour apprendre le perse avant de se présenter devant le roi Artaxerxès, il dut arriver en Asie Mineure au plus tard en 473. Cette date est appuyée par la Chronique d’Eusèbe de Jérôme. Étant donné qu’Artaxerxès “ régnait depuis peu ” quand Thémistocle arriva en Asie en 473, Ernst Hengstenberg, un bibliste allemand, a déclaré dans son ouvrage intitulé Christologie des Alten Testaments que le règne d’Artaxerxès débuta en 474, ce qu’affirment du reste d’autres sources encore. Il a ajouté : “ La vingtième année d’Artaxerxès est l’année 455 avant Christ”.

https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1101999030

Ernst Wilhelm Theodor Herrmann Hengstenberg (20 octobre 1802 - 28 mai 1869), est un théologien protestant allemand représentatif du néo-luthéranisme.
En 1853-1854, il fit paraître dans la Evangelische Kirchenzeitung une série d'articles antimaçonniques qui aboutiront en 1854 en un livre attaquant la franc-maçonnerie. Christologie des Alten Testaments (1829–1835; 2nd ed., 1854–1857; Eng. trans. by R Keith, 1835–1839, also in Clark's Foreign Theological Library, by T Meyer and J Martin, 1854–1858), a work of much learning the estimate of which varies according to the hermeneutical principle of the individual critic

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ernst_Wilhelm_Hengstenberg



Artaxerxès I - 465 - 424

Artaxerxès I et les Juifs et la fin de son règne
 
Artaxerxès I autorisa les Juifs, Esdras (ou Ezra) et plus tard Néhémie, à rentrer à Jérusalem. Il donna à Esdras une lettre de décret lui donnant ordre de prendre en charge les affaires civiles et ecclésiastiques de la nation Juive. Une copie de ce décret peut être trouvée dans le Livre d'Esdras 7:13-28. Celui-ci aurait quitté Babylone, dans le premier mois de la septième année de règne d'Artaxerxès I (~457), à la tête des Juifs qui comprenait des Prêtres et des Lévites. Ils arrivèrent à Jérusalem, au premier jour du cinquième mois de la septième année (Calendrier Hébreu). Certains historiens estiment que cet évènement s'est déroulé plutôt sous le règne d'Artaxerxès II.

La reconstruction de la communauté juive de Jérusalem avait commencé sous Cyrus II (559-529), qui avait permis aux Juifs captifs à Babylone de retourner à Jérusalem et de reconstruire le Temple de Salomon. En l'an 20 du règne d'Artaxerxès I, Néhémie, qui fut échanson du Roi et apparemment un ami, lui raconta les souffrances du peuple Juif et que la ville de Jérusalem était sans défense. Le Roi l'envoya dans la cité avec des lettres de sauf-conduit pour le Gouverneur de la région et pour Asaph, le Garde des forêts royales, afin qu'ils fournissent à Néhémie du bois de charpente pour reconstruire la citadelle et les murs de la ville. Artaxerxès I décéda peu de temps après, le 24 Décembre 424. On pense, comme pour ces prédécesseurs, qu'il fut enterré à Naqsh-e Rostam (à environ six kilomètres au Nord de Persépolis), mais le tombeau lui est attribué de manière anonyme.

http://antikforever.com/Perse/Achemenides/artaxerxes_I.htm
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MessageSujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique?   Le livre de Daniel est-il authentique? - Page 4 Icon_minitimeMar 29 Mar 2022, 15:46

C'est le "sac de noeuds" auquel je me référais ci-dessus (21.3.2022). Non seulement ledit Hengstenberg (qui au départ était plutôt hellénisant et n'est venu aux "sciences bibliques" que sur le tard) date de bientôt deux siècles, mais c'était un hyper-réactionnaire par rapport aux "sciences bibliques" de son temps: son journal aurait même tenté de faire interdire (!) le célèbre lexicographe Gesenius (auquel la Watch se réfère aussi quand ça lui chante), si j'en crois l'article du Wikipedia anglais à moitié traduit en v.f.

La datation d'Esdras (qui vient probablement longtemps après Néhémie, sous Artaxerxès II, 404-358, ou III, 358-338; cf. p. ex. l'introduction de la NBS à Esdras-Néhémie) est un autre problème complexe, mais celui-ci ne concerne en rien Daniel, même dans l'interprétation de la Watch (à moins que quelque chose m'échappe).


Dernière édition par Narkissos le Mar 29 Mar 2022, 16:13, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique?   Le livre de Daniel est-il authentique? - Page 4 Icon_minitimeMar 29 Mar 2022, 16:12

L’autre ” évidence solide ” présentée dans le dictionnaire biblique jéhoviste à l’appui de la co-régence est du même ordre, comme par exemple les bas-reliefs trouvés à Persepolis,  qu’Herzfeld identifia en 1932 comme une indication  d’une co-régence de Xerxès avec Darius. (perspicacité 2, p. 559) Cette interprétation est depuis lors écartée par les chercheurs modernes. Le fait même que le prince couronné est décrit comme se tenant  derrière le trône prouve qu’il n’est pas un roi ni un co-régent, mais un successeur désigné. En second lieu, aucun nom n’est trouvé sur ce bas-relief, et conclure que l’homme sur le trône est Darius et que le prince couronné est Xerxès n’est rien moins qu’une simple conjecture. J. M. Cook, dans son travail sur l’histoire de Perse, avance  l’idée que le prince  couronné est Artobazanes, le fils le plus âgé de Darius. (Cook, l’empire persan, New York 1983, p. 75) d’autres chercheurs modernes, tels qu’A. B. Tilia et von Gall, ont avancé l’idée  que le roi ne peut pas être Darius mais doit être Xerxès, et que le prince couronné est, donc, le fils de Xerxès! (Cook, p. 242, ftn. 24)

Sous l’intertitre ” Témoignage des sources babyloniennes ”  et pour soutenir l’idée d’une co-régence  la Watchtower se rapporte d’abord ” à un palais construit pour Xerxès ” à Babylone aux alentours de 498-496 Avant JC. Mais il n’y a aucune preuve démontrant que ce palais a été construit ” pour Xerxès “. J. M. Cook se référant au texte d’Hérodote sur le fait que  Xerxès a été nommé successeur au trône pas plus tôt qu’un an avant la mort de Darius en  486 avant JC ajoute:

Si Hérodote est correct en cela, la résidence construite pour le fils du roi à Babylone aux alentours des années  490 doit avoir été destinée à Artobazanes. (Cook, pages 74, 75)

Le palais, ne prouve donc rien au sujet d’une co-régence entre Xerxès et Darius.

https://www.mentesbereanas.info/fr/la-20eme-annee-du-reigne-dartaxerxes-et-les-soixante-dix-semaines-de-daniel/
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MessageSujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique?   Le livre de Daniel est-il authentique? - Page 4 Icon_minitimeMar 29 Mar 2022, 16:45

C'est du Carl-Olof Jonsson passé du suédois à l'anglais, de l'anglais au portugais puis du portugais au français (probablement en traduction automatique sur la fin du parcours)... Sous cette réserve, Jonsson ne semble pas (du moins dans ce texte) avoir renoncé à l'interprétation "messianique" de Daniel 9, puisqu'il en propose, à la fin de l'article, une version encore plus farfelue (via les prétendues "années prophétiques" de 360 jours, là où à la lettre il n'est même pas question d'"années"). En tout cas il est tout à fait juste que les bas-reliefs de Persépolis n'ont pas de "légende" (ça au moins je l'ai vu de mes yeux !): l'identification des personnages et l'interprétation de leur relation restent conjecturales et ne peuvent en aucun cas servir d'argument pour ou contre des textes.

J'en reviens toujours à la question à mon sens décisive, parce qu'elle dispenserait de toutes les autres: à quoi, à qui servirait une "prophétie" qui ne serait comprise que des siècles après son "accomplissement" supposé, et accessible alors non seulement par le biais d'une connaissance spécialisée, livresque ou scientifique, mais par la contestation marginale de cette connaissance ? Il me semble que ceux qui voient dans "la Bible" une "parole de Dieu" adressée à tous les humains, et de préférence aux plus "humbles", devraient être les premiers à répugner à ce genre de débat, comme indigne de "Dieu" précisément.
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MessageSujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique?   Le livre de Daniel est-il authentique? - Page 4 Icon_minitimeLun 25 Avr 2022, 10:11

De plus, de nombreux indices textuels montrent un rapport étroit entre la figure d'un roi apostat et persécuteur présent dans le livre et celle d'Antiochus IV Epiphane. Cela se fait sous le trait d'allusions narratives proches d'éléments de la vie du souverain séleucide. Son père, Antiochus III, mena campagne contre l'Egypte (Dn 11, 10-17), se fit humilier par un représentant du sénat romain (Dn 11, 18), alors que lui-même fit cesser le culte dans le temple de Jérusalem, y introduisit l'abomination de la désolation (Dn 11, 31) et mena une forte campagne de répression contre les Juifs fidèles à la tradition de leurs pères, notamment les  Maskilim (Dn 11, 33). Dans ce contexte, l'on comprend aisément qu'un auteur appelant à la résistance et dénonçant les abus de ce pouvoir à visée absolutiste cherche à faire passer son message de résistance à l'oppression en utilisant une sorte de langage codé, tant du côté des images utilisées que du contexte historique décalé dans lequel il situe son récit. 

En plus du phénomène de la pseudépigraphie, Daniel reprend donc celui de l'anté-datation. Il remonte l'Histoire d'Israël pour revenir à un de ses moments clef pour donner un sens au présent que son rédacteur final affronte. Mais il serait injuste de cantonner son travail de relecture à un réflexe d'herméneutique du passé. Il veut plutôt élaborer une réflexion plus large sur la signification profonde de l'Histoire, notamment dans son aspect tragique. C'est ce que remarque finement Grelot quand il énonce : Le problème de fond abordé dans le livre ne concerne pas les phénomènes historiques, qu'il se contente d'évoquer par des moyens divers et souvent conventionnels, mais celui de leur sens, et de liaison qui apparaît entre eux quand ce sens se dévoile. 

"Et après soixante-deux septénaires, un oint sera retranché, mais non pas pour lui-même".

Quatre autres faits marquants du conflit entre hellénisation et tradition juive permettent de prendre la mesure et l'enjeu de la réforme prônée par Antiochus IV qui conduira à la révolte maccabéenne :

- La parution d'un édit royal abolissant celui d'Antiochus III qui avait donné aux Juifs comme législation la Torah de Moïse. La circoncision était interdite, le calendrier, les règles alimentaires et les sacrifices à Yhwh furent abolis.

- Le culte à Zeus Olympien se substitue à celui de Yhwh. Dans cet élan, certains membres de l'aristocratie juive arguent que les hommes vénèrent les mêmes dieux sous des noms différents. L'appellation grecque ne serait que la version du Dieu du ciel hébreu bien présent en Daniel. L'apogée de cette réforme est mentionnée en 1 Mac 1, 54 sous l'expression célèbre de l'abomination de la désolation. Elle se retrouve également en Dn 9, 27 sous les termes de (...). La proximité phonétique de cette expression avec le nom Baal Shani, version araméenne du Dieu céleste Zeus, a été interprétée comme une référence à l'édification sur l'autel des sacrifices du Temple de Jérusalem d'une statue ou d'un autre autel dédié à la gloire de la divinité suprême de l'Olympe grec;

- Afin d'assurer son pouvoir, un processus de divinisation et de latrie du roi se met en place, notamment sur les monnaies ou il est d'abord représenté, couronné d'une étoile symbole de sa divinisation avec la mention Roi Antiochus Theos Epiphane. Plus tard, à partir de -166, le titre porté par les pièces est encore plus évocateur : il lui est attribué le qualificatif normalement réservé à Zeus de Phidias assis sur un trône : Nicéphore , " qui porte ou remporte la victoire". Cette prétention de se faire l'égal d'un dieu ne pouvait que heurter la sensibilité juive qui y voyait l'incarnation du projet de l'ennemi divin. Aussi la figure du roi va-t-elle devenir le type par excellence de l'ennemi : Antiochus IV, esquissé sous les traits du roi impudent et expert en astuces (Dn 8, 23 :"A la fin de leur règne, lorsque les transgresseurs auront comblé la mesure, un roi insolent et retors se dressera"), se présente comme l'antithèse du roi sage Salomon. Alors que celui-ci avait construit le temple, celui-là le souille et le profane. 

- Enfin, la fréquentation du gymnase s'accompagnait du culte d'Héraclès, d'Hermès et de la dynastie séleucide. L'idolâtrie païenne s'inscrivait ainsi au cœur de la cité et de la vie quotidienne.

Ces changements touchent toutes les catégories de la population, y compris ceux qui désirent rester attachés aux traditions ancestrales comme les hassidim. Russel
a mis en évidence cette " influence du syncrétisme hellénistique et de la pensée perse sur les Apocalypticiens, tout en soulignant que, en dépit de leur dette à l'égard du monde culturel et religieux extérieur au judaïsme, ils sont néanmoins demeurés fidèles à leur foi juive. Ce comportement fait écho à celui de Daniel qui, tout en collaborant au plus haut niveau des instances gouvernementales d'un royaume païen, reste attaché à sa propre tradition religieuse et prend soin de n'accepter aucune compromission grave. Par exemple, il fait preuve de courage et de fidélité pour ne pas se souiller de mets impurs venant de la table du roi (Dn 1, 8-16). Il est facile d'y voir une allusion aux Juifs persécutés sous Antiochus Epiphane pour avoir refusé de manger du porc (2 Mac 6, 18 ; 7, 1. 7). 

https://www.academia.edu/36222606/La_pri%C3%A8re_de_Daniel
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MessageSujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique?   Le livre de Daniel est-il authentique? - Page 4 Icon_minitimeLun 25 Avr 2022, 11:06

Sur ce mémoire, cf. supra 28.2.2022. Pour rappel, la quasi-totalité de notre documentation sur Antiochos IV Epiphane dépend de sources juives et hostiles (à Antiochos: de Daniel à Josèphe, en passant par les Maccabées).

Sous cette réserve, et sous l'influence d'une "actualité" tout à fait anachronique, je trouve que Macron ressemble beaucoup à l'idée que je me fais d'Antiochos IV Epiphane: un type foncièrement sincère, "éclairé" et "brillant", partisan enthousiaste de la "mondialisation libérale" de son époque dans le creuset de la culture hellénistique, qui rallie volontiers les "élites" sensibles à son projet mais génère des résistances et des haines populaires d'autant plus violentes qu'il ne les comprend pas, parce qu'elles sont précisément réfractaires à son type d'intelligence (darkness shining in brightness which brightness could not comprehend, comme dit Joyce ou Stephen Dedalus).

En effet, il s'en fallait de peu que le "monothéisme juif", par son côté inclusif, s'ouvrît tout grand à un vaste œcuménisme hellénistique, qui était déjà très avancé en Egypte (cf. la Septante), dans un jeu de traduction générale où tous les dieux (surtout les suprêmes) pouvaient s'entendre comme figures et noms du même (c'était déjà largement le cas dans la Genèse), pensé de façon de plus en plus "philosophique" et de moins en moins "mythologique": visiblement la plupart des "élites", y compris sacerdotales, de Jérusalem ne demandaient pas mieux. Il a suffi d'un excès d'enthousiasme et/ou d'arrogance dans ce sens-là pour faire basculer le judaïsme populaire dans le sens opposé, d'une réaction identitaire et exclusiviste (au moins également prescrite dans sa tradition, du Deutéronome à Esdras-Néhémie), et le précipiter dans un morcellement sectaire sans fin (du moins jusqu'à l'échec des guerres judéo-romaines et la reprise en main pharisienne)... Sous ce rapport l'"universalisme chrétien" a beau hériter du judaïsme l'image d'un antéchrist fondé sur la caricature d'Antiochos, son Christ a quelque chose de cet antéchrist en ce qu'il ouvre le judaïsme aux "païens" et le retourne même en antijudaïsme -- tout en procédant de la possibilité ouverte par la fermeture (multi-)"sectaire" du judaïsme.
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MessageSujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique?   Le livre de Daniel est-il authentique? - Page 4 Icon_minitimeMer 27 Avr 2022, 11:11

Daniel 6:28 Ce même Daniel fleurit sous le règne de Darius et sous le règne de Cyrus le Perse. Un hommage de sa propre personne à la troisième personne du singulier est déjà pour le moins absurde et révélateur de la pseudépigraphie mais révèle aussi son ignorance historique. Le passage au-dessus montre que le rédacteur croit que l'empire chaldéen tomba d'abord sous le joug des Mèdes puis sous le joug des Perses. C'est complètement uchronique. L'histoire nous apprend que les Mèdes et les Chaldéens coexistèrent, s'allièrent contre les Assyriens pour s'en libérer (bataille de Ninive en -612) puis après quelques années que les Mèdes furent assujettis aux Achéménides par Cyrus II (cf. Chronique de Nabonide) à la bataille d'Alyatte en -549 après plusieurs années de guerres. Cyrus II fut déclaré roi des Perses en -546. 

...

Ceci est révélateur. Le prophète Jérémie vécut au moment de la chute de Jérusalem par Nabuchodonosor en -587. Il était donc un proche contemporain de Daniel. Le temps du Daniel imaginaire est tout simplement trop court pour que le livre de Jérémie soit considéré comme « Ecriture » (signifiant « écriture sainte »). En fait, nous savons que le livre de Jérémie fut (plus ou moins) considéré comme étant sacré par les Juifs vers -200 et cela de manière non unanime. Donc, Daniel ne pouvait pas écrire avant cette époque ... Daniel est par contre très précis dans les prédictions des évènements précédents la prise de Jérusalem et la profanation du temple de Jérusalem par Antiochos en Décembre -167 ! Après cela Daniel commence à se fourvoyer. Daniel 11 :45 prédit qu'Antiochos IV mourra « entre la mer et les monts de la Sainte Splendeur », ceci désignant Jérusalem et la mer Méditerranéenne. Cependant Antiochos IV mourut en Perse en -164.


https://doczz.fr/doc/46234/le-livre-de-daniel---tj


Dernière édition par free le Mer 27 Avr 2022, 12:24, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique?   Le livre de Daniel est-il authentique? - Page 4 Icon_minitimeMer 27 Avr 2022, 12:01

La visée polémique (anti-Watchtower) de ce document l'entraîne fatalement vers des erreurs et des anachronismes symétriques de ceux qu'il combat: la pseudépigraphie et l'antidatation antiques ne sont pas à juger "moralement" ou "juridiquement", comme une "fraude" ou une "contrefaçon" selon les critères modernes du "droit d'auteur" ou de l'"historiographie scientifique"; d'autre part le livre de Daniel n'est pas une pure invention de l'époque d'Antiochos, tout indique au contraire que la trame narrative de sa première partie (chap. 1--6), "roman de diaspora" comme ceux de Joseph ou d'Esther, s'est élaborée plus tôt, vers la fin de l'époque perse ou au début de l'époque hellénistique, quitte à être profondément modifiée sous Antiochos, en particulier le chapitre 2; etc.

Le récit à la troisième personne n'est pas du tout caractéristique de Daniel, c'est un trait général de la narration "biblique" (et plus généralement antique) qui pose le même problème à toutes les attributions traditionnelles d'"auteurs" (il faut imaginer que Moïse parle de "Moïse", Samuel de "Samuel", Isaïe d'"Isaïe", Jérémie de "Jérémie", le plus souvent sinon exclusivement à la troisième personne). En fait c'est plutôt le passage à la première personne (à partir de 7,1-2, "moi, Daniel" et jusqu'à la fin) qui serait un "indice" de pseudépigraphie (au sens où "Daniel" se donne effectivement pour l'"auteur" du texte, ou l'"auteur" du texte pour "Daniel").

Quant aux mentions et citations expresses de "Jérémie", sans préjudice du contenu exact du livre qui porte ce nom (et circule de toute façon dans des "éditions" très différentes, comme il ressort de la Septante, des textes de Qoumrân et du texte massorétique), elles apparaissent déjà à l'époque perse (cf. Esdras 1,1; 2 Chroniques 35,25; 36,12.21s; outre la référence aux "70 ans" -- sans "Jérémie" -- du proto-Zacharie, 1,12; 7,5).
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MessageSujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique?   Le livre de Daniel est-il authentique? - Page 4 Icon_minitimeJeu 28 Avr 2022, 11:09

Jérémie plaçait la fin des tribulations de l'exil et le début de la restauration après soixante-dix ans, c'est-à-dire dix cycles sabbatiques complets. Mais l'oracle ne s'était qu'imparfaitement accompli. Aussi est-ce d'une part le constat de la non-réalisation des anciennes prophéties, et d'autre part la dure expérience de la persécution qui a fait comprendre à Daniel la nécessité d'actualiser Jérémie. On a suggéré que la réinterprétation du texte jérémien pouvait être inspirée à Daniel par la comparaison des données de Jérémie en 2 Ch 36,21 et Lv 26,34. Le premier texte dit que le peuple fut emmené en captivité à Babylone « pour accomplir la parole de Yahvé par la bouche de Jérémie, jusqu'à ce que le pays ait joui de ses sabbats ; car il se reposa tout le temps de sa dévastation jusqu'à l'accomplissement de soixante-dix années. » D'après Lv 26,34 la terre jouira de ses sabbats tout le temps qu'Israël sera en exil ; or le châtiment doit durer sept fois plus (26,18). Il est possible que ces deux textes conjugués aient inspiré à Daniel l'idée que chaque année de Jérémie comptait pour une année sabbatique. Il a pu concevoir que soixante-dix années signifiaient non pas dix cycles sabbatiques mais dix cycles jubilaires. Alors viendra le temps de la Fin. En somme, pour les Juifs du ne siècle av. J.C., la prophétie jérémienne est devenue une sorte d'oracle chiffré sur la fin de temps parce que, répétons-le, la promesse prophétique ne s'était pas réalisée pleinement. Un certain nombre d'auteurs ont d'ailleurs soutenu que le non accomplissement des prophéties était à l'origine de l'apocalyptique.

Une dernière constatation s'impose. Le texte de Jérémie a été réactualisé selon une conception de l'histoire et de l'eschatologie nettement sacerdotale. Les trois tranches d'histoire qui divisent les soixante dix semaines d'années se terminent par un événement concernant soit un oint (probablement le grand-prêtre Josué et Onias III), soit le Temple de Jérusalem appelé le Saint des Saints. Il y a lieu de croire que cette réactualisation sacerdotale de la prophétie jérémienne a été imposée par le milieu assidéen , proche, on le sait, du sacerdoce maccabéen dans lequel est née la deuxième partie du livre de Daniel. Cette hypothèse est d'autant plus probable s'il est vrai que le livre de Daniel utilisait le calendrier sacerdotal.

https://www.persee.fr/docAsPDF/ephe_0000-0002_1983_num_96_92_16011.pdf

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MessageSujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique?   Le livre de Daniel est-il authentique? - Page 4 Icon_minitimeJeu 28 Avr 2022, 12:12

Sur cet article, voir ici 18.3.2022.

Le Lévitique et son développement idéal du système sabbatique en système jubilaire (7 x 7 = 49 + 1 = 50 ans) semblent en effet déterminants pour la réinterprétation daniélique des 70 ans de Jérémie (déjà associés aux "sabbats" par les Chroniques) en 70 "semaines" ou septénaires. Par ailleurs on ne saurait trop insister sur la question du "calendrier" (voir aussi ce qui suit ton extrait), qui est sans doute plus compliquée qu'on (notamment Annie Jaubert) ne se l'imaginait il y a une quarantaine d'années, mais reste décisive, beaucoup plus que le lecteur moderne et occidental ne l'imagine en général. D'un point de vue "sacerdotal" en effet, changer les temps (rituels ou liturgiques, des fêtes et des sacrifices) c'est presque aussi grave que de changer les dieux ou les victimes des sacrifices (même s'il s'agit de porcs), parce que l'ordre rituel est supposé couplé à un ordre cosmique -- ce qui est explicite dans la littérature "hénochienne", notamment les Jubilés, où le "bon" calendrier est solaire, d'inspiration perse par opposition au calendrier lunaire d'origine babylonienne ou levantine: mois de 30 jours (d'où les 360 jours des computs "apocalyptiques") qui ne correspondent plus au cycle lunaire, avec des jours intercalaires saisonniers, qui peuvent (du moins un certain temps) faire tomber systématiquement les fêtes le même jour de la semaine (364 étant multiple de 7). L'importance que Daniel accorde aux "temps" (dates, heures, saisons ou époques), dans un sens tantôt liturgique, historique ou eschatologique, est évidente (comparer 2,21 et 7,25, c'est une prérogative divine que le roi s'arroge en "changeant les temps"; cf. 4,16ss; 6,10.13; 7,12.22; 8,17.19; 9,21.25 etc.). Mais si ce point de vue est "sacerdotal", il est moins certain qu'il coïncide avec le point de vue "maccabéen", puisque celui-ci va déboucher sur la prêtrise hasmonéenne qui restera contestée à Qoumrân et dans la littérature "hénochienne": de fait le "calendrier juif" officiel, qu'il soit sadducéen ou pharisien, sera bien essentiellement lunaire, contrairement au calendrier "sadocite" solaire qui se replie dans le "sectaire", en dehors de la pratique officielle du temple de Jérusalem.
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MessageSujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique?   Le livre de Daniel est-il authentique? - Page 4 Icon_minitimeJeu 28 Avr 2022, 12:55

Les idées développées dans cet article valident-ils l'idée d'un messie sacerdotale en Daniel 9 ?
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MessageSujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique?   Le livre de Daniel est-il authentique? - Page 4 Icon_minitimeJeu 28 Avr 2022, 13:49

Sûrement pas d'un "Messie" au sens eschatologique du terme (point commun à tous les "messianismes", quoique les versions pharisiennes et chrétiennes préfèrent un Messie royal et davidique), puisque les deux "oints" (mšyh-mashiah) de Daniel 9 (en hébreu !) apparaissent et disparaissent avant la "fin" et ne jouent donc aucun rôle strictement "eschatologique". En revanche, que ces deux "oints" ("messies" au sens large, si l'on veut, mais cela prête à confusion) soient des grands prêtres (donc, pour le premier, Josué-Jésus plutôt que Cyrus, qui dans Daniel n'est ni le conquérant de Babylone ni le libérateur des Judéens; pour le second, Onias III déposé puis assassiné), c'est plus que probable -- d'autant que l'usage du verbe h au v. 24 se rapporte déjà au "saint des saints", désignation usuelle du sanctuaire ou de sa chambre intérieure (Très-Saint, Très-Sacré, Secret, etc.). Il ne fait aucun doute que la "religion" de Daniel est essentiellement "sacerdotale", comme celle de toute son époque depuis la restauration (Second Temple), qu'elle est aussi "eschatologique" (temps de la fin), mais elle n'a rien de "messianique" dans la mesure où aucun "oint" = "messie" n'y joue de rôle eschatologique -- ce rôle serait plutôt dévolu à une figure archangélique comme "Mich(a)el" ou "le comme-un-fils-d'homme" du chapitre 7. A partir de là, on comprend aussi (comme on l'a déjà remarqué) que la perspective de "Daniel" ne corresponde pas (non plus) à celle de la dynastie sacerdotale ET royale hasmonéenne qui succède à la guerre maccabéenne.
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MessageSujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique?   Le livre de Daniel est-il authentique? - Page 4 Icon_minitimeJeu 28 Avr 2022, 16:00

Narkissos, je souhaiterait analyser certaines parties d'un article de Gérard GERTOUX ... J'hésite car il peut donner la migraine (si tu ne veux pas le faire je comprendrais) ... Première tentative avec un petit extrait :


DANIEL DANS LA LXX UNE FRAUDE CHRONOLOGIQUE EXEMPLAIRE

La critique textuelle classique n’arrive pas à expliquer pourquoi la version grecque du livre de Daniel (LXX) est aussi différente de sa version hébraïque (TM). Comme ce texte annonce la venue du Messie (Dn 9:24-27) il a toujours été une source de polémiques entre juifs et chrétiens. Toutefois si on effectue une critique contextuelle on constate que ce livre était déjà une source de controverses lors de sa traduction en grec (c. -150) puisque les pharisiens de l’époque voyaient en Onias III le messie de Daniel. Une analyse contextuelle de ce texte controversé permet de trouver qui a “corrigé” l’original, quand et pourquoi.

Première observation: le livre de Daniel dans la Septante originale contient plusieurs anachronismes qui amènent tous les traducteurs modernes à lui préférer celle de
Théodotion (c. 175?) qui est similaire au texte massorétique. Le texte hébreu de Daniel a donc été corrigé et remanié. Quelques versets de ce livre dévoilent les auteurs du remaniement (ou de la falsification) :

70 semaines ont été décidées pour ton peuple et pour la ville, Sion: pour que le péché soit consommé et pour rendre les iniquités rares et pour effacer les iniquités et pour comprendre la vision et donner la droiture éternelle et pour que la vision soit consommée et pour réjouir un saint des saints. Et tu comprendras et tu te réjouiras et découvriras les ordonnances pour répondre, et tu [Daniel] construiras Jérusalem comme ville pour le Seigneur. Et après 7 et 70 et 62 semaines, une onction sera supprimée [Onias III?] et ne sera pas. Et un roi des nations démolira la ville et le sanctuaire avec l'oint [Messie], et son accomplissement viendra avec colère jusqu'au moment de l’accomplissement. Il sera attaqué par la guerre. Et l'alliance prévaudra pour beaucoup, et elle reviendra et sera reconstruite largement à accomplissement des temps et à la moitié de la semaine, le sacrifice et la libation cesseront, et dans le temple il y aura une abomination des désolations [Antiochos IV] jusqu'à la réalisation d'une époque, et l’accomplissement sera donnée pour la désolation (Dn 9:24-27); Au temps fixé. Et il entrera en Egypte, et comme premier sera le dernier. Et les Romains viendront et l'expulseront et le réprimanderont [le roi d'Egypte]. Et il reviendra [et sera en colère] contre l'alliance du saint (Dn 11:29-30); A partir du moment que le sacrifice a été enlevé et l'abomination de la désolation [perpétuelle] était prêt à être donnée, il y a 1290 jours (Dn 12:11).

Ce texte peu clair, et très différent de celui de Théodotion (McLay: 2007, 991-1022) visait le roi d’Egypte [Antiochos IV] qui incarna l’abomination de la désolation qui enleva le sacrifice pendant une durée de 1290 jours (1M 1:54-62). Le texte de Daniel a donc été corrigé pour s’appliquer à Antiochos IV. De plus, le mot hébreu kittim était compris par les Juifs comme représentant les Grecs, depuis Alexandre le Grand jusqu’à Antiochos IV (1M 1:1; 8:5), mais à partir de ce dernier roi, kittim a désigné les Romains, comme le prouve un commentaire de Nahum, daté autour de -100, trouvé à Qumran (4Q169). Ce changement d’interprétation du mot kittim (Grecs puis Romains) montre que ce sont des scribes maccabéens  Shocked qui ont traduit en grec le texte hébreu de Daniel. Cette traduction a donc été “corrigée” et par conséquent le texte hébreu de Daniel était différent. 

Un manuscrit en hébreu trouvé à Qumran (11Q13), daté vers -100, commente Daniel 9:26 (Wise, Abegg Jr, Cook: 2001, 257-260, 598-600), ce qui permet de retrouver l’original hébreu  Shocked de cette époque :

Il proclamera ce décret la 1ère semaine de la période jubilaire suivant 9 périodes jubilaires (...) Le messager, c’est l’Oint [Messie] de l’esprit, dont parle Daniel: Au terme des 62 semaines, un Oint [Messie] sera supprimé [Dn 9]. Le messager qui apporte de bonnes nouvelles, qui proclame la délivrance est celui dont il est écrit: pour proclamer l’année de faveur de YHWH, le jour de vengeance de notre Dieu; pour consoler les affligés [Is 61].

Le texte cité est strictement celui du texte massorétique, alors que celui de la Septante est: et après 7 et 70 et 62 semaines, une onction sera supprimée. On note aussi que mot oint (messie) a été remplacé par onction et que les durées ont été changées ce qui rend le texte incompréhensible, par contre celles du texte massorétique sont logiques et cohérentes car la durée totale de 70 semaines est égale à la somme des durées intermédiaires, soit: 7 + 62 + 1 = 70.

https://areopage.net/PDF/Gertoux_BibleAlteree.pdf
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MessageSujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique?   Le livre de Daniel est-il authentique? - Page 4 Icon_minitimeJeu 28 Avr 2022, 18:12

Je n'ai en effet ni l'envie ni la patience de lire Gertoux dans la longueur, et encore moins de le commenter. Je me contenterai donc de quelques remarques sur le seul extrait que tu cites:

Gertoux a écrit:
La critique textuelle classique n’arrive pas à expliquer pourquoi la version grecque du livre de Daniel (LXX) est aussi différente de sa version hébraïque (TM).

La "critique textuelle classique", pour autant que ça signifie quelque chose, n'a pas à "expliquer pourquoi" une "version" (Septante = LXX, il vaudrait mieux parler d'ancienne version grecque pour éviter toute confusion avec les 72 traducteurs de la légende d'Aristée, et surtout l'illusion d'une "œuvre" cohérente) diffère d'une autre (TM = texte massorétique, en l'espèce hébreu et araméen, qui n'est pas à proprement parler une "version" au sens de "traduction" d'une langue à l'autre). Son rôle se borne à "établir" (= reconnaître, identifier ou déterminer) le texte (supposé "original", ou du moins le plus ancien probable) de l'une et/ou de l'autre "version" dans leurs différences, en exploitant éventuellement ces différences si et seulement si elles sont susceptibles d'attester de variations textuelles propres à l'une ou à l'autre: par exemple, quand l'écart d'une traduction grecque suggère que le traducteur avait sous les yeux un texte hébreu (Vorlage) différent, ce qui ici n'est guère le cas. "Expliquer pourquoi" la Septante diffère du texte massorétique ou pré-massorétique, surtout quand elle en diffère beaucoup (c.-à-d. quand la différence n'est pas l'indice d'un texte hébreu différent ou lu différemment, ne résulte pas d'une erreur de lecture et/ou de traduction, mais d'une réécriture délibérée), c'est l'affaire d'une critique historico-littéraire, et non seulement "textuelle", de la Septante: ça a évidemment été tenté depuis belle lurette, avec des résultats toutefois modestes: la première (?) version grecque, qu'elle ait été faite en Judée ou en Egypte, dès la deuxième moitié du deuxième siècle (av. J.-C.) ou dans la première moitié du premier, "adapte" ostensiblement le livre de Daniel à une situation nouvelle, qui nous échappe en grande partie, mais qui n'est assurément plus celle du conflit maccabéen, ce qui implique à tout le moins une atténuation, une réinterprétation ou un report de ses éléments "eschatologiques" (cf. p. ex. ici, en anglais).

Citation :
Comme ce texte annonce la venue du Messie (Dn 9:24-27) il a toujours été une source de polémiques entre juifs et chrétiens.

Pétition de principe (on affirme péremptoirement ce qui serait à démontrer) ! NON, ce texte n'annonce pas la venue DU Messie (au sens unique et eschatologique du mot, je n'y reviens pas davantage, voir encore mon post précédent), et il a d'autant moins été "toujours" une source de polémique entre juifs et chrétiens que ces derniers ont mis des siècles à y voir (quelquefois) LEUR "Messie" = "Christ", ainsi qu'on l'a amplement montré (aucune référence à l'"oint" de Daniel 9 dans le NT, interprétations variables chez les Pères de l'Eglise jusqu'au IVe siècle au moins, cf. p. ex. supra 28.2.2022).

Citation :
Toutefois si on effectue une critique contextuelle on constate que ce livre était déjà une source de controverses lors de sa traduction en grec (c. -150) puisque les pharisiens de l’époque voyaient en Onias III le messie de Daniel.

Si l'on peut à la rigueur faire remonter la (pré-)histoire du mouvement "pharisien" jusque vers la fin du IIe siècle (av. J.-C.), lesdits "pharisiens" (ou proto-pharisiens) n'étaient alors pas les seuls, loin de là, à reconnaître Onias III dans le second "oint" de Daniel 9 ("messie" si l'on veut mais au sens large, autant de "messies" que de grands prêtres ou de rois successifs, non Messie eschatologique, non "messianique" donc au sens usuel): cette référence était commune, au moins, à tous les "héritiers" de la révolte maccabéenne dont la déposition et la mort d'Onias avaient été l'un des éléments déclencheurs -- (commune) à la dynastie hasmonéenne qui tenait directement son pouvoir et sa légitimité de l'insurrection des Maccabées, aux prêtres "sadocides" (p. ex. qoumraniens) qui s'opposaient aux hasmonéens, et au mouvement (proto-)pharisien qui s'opposait aux deux tendances précédentes. Comme "laïques" et partisans d'un messianisme royal (davidique et non sacerdotal), les pharisiens ultérieurs auraient été plutôt moins enclins que beaucoup d'autres à mettre en valeur la figure d'un grand prêtre comme "oint". En tout état de cause, ce sont bien eux, les pharisiens et leur postérité rabbinique, qui ont transmis et "canonisé" le texte hébreu pré-massorétique de Daniel tel qu'il nous est parvenu: il paraît donc difficile de les accuser, eux, d'avoir "falsifié" le texte de la Septante, que précisément ils n'ont pas retenu(e) ! Qui plus est, s'il s'agissait pour la Septante de favoriser l'identification (à Onias ou à n'importe quel personnage historique) d'un "oint" (mšyh) personnel, on voit mal pourquoi elle aurait justement évité de le traduire par un terme personnel (khristos) en lui préférant un substantif impersonnel (khrisma, onction).

Citation :
Première observation: le livre de Daniel dans la Septante originale contient plusieurs anachronismes qui amènent tous les traducteurs modernes à lui préférer celle de Théodotion (c. 175?) qui est similaire au texte massorétique.

Cela ne veut absolument rien dire: les traducteurs du texte massorétique (TM) traduisent le texte massorétique, les traducteurs de la Septante traduisent la Septante, les traducteurs éventuels de Théodotion traduisent Théodotion, on peut constater que Théodotion est (un peu) plus proche du texte massorétique que la Septante (c'est bien pour ça que "Théodotion", qui qu'il fût, s'est donné la peine de réviser ou de retraduire !), mais il est aussi beaucoup plus tardif (IIe siècle après J.-C.): dans tout cela il n'y a rien à "préférer", surtout pour un traducteur qui traduit un texte à la fois, ce sont tout simplement des textes différents qu'on traduit tels qu'ils sont ou qu'on ne traduit pas du tout. Il n'y a de "préférence" possible que du point de vue d'un historien, celui qui s'intéresse à l'époque maccabéenne "préférant" naturellement le texte (proto-)massorétique (éventuellement "corrigé" selon les méthodes de la critique textuelle); mais celui qui s'intéresse à la réception et à l'interprétation de Daniel dans des milieux hellénistiques d'époques ultérieures "préférera" tout aussi naturellement la Septante ou Théodotion.

Citation :
Le texte hébreu de Daniel a donc été corrigé et remanié.

Ce n'est pas seulement dans ce passage, mais sur l'ensemble du livre, que le texte hébreu (et araméen) de Daniel a été "corrigé et remanié", et par la Septante et par Théodotion, y compris dans les portions du livre grec qui n'ont pas de correspondance hébraïque ou araméenne (et qui sont devenues beaucoup plus tard "deutérocanoniques" pour l'Eglise catholique, et "canoniques" tout court dans les Eglises d'Orient).

Citation :
70 semaines ont été décidées pour ton peuple et pour la ville, Sion: pour que le péché soit consommé et pour rendre les iniquités rares et pour effacer les iniquités et pour comprendre la vision et donner la droiture éternelle et pour que la vision soit consommée et pour réjouir un saint des saints. Et tu comprendras et tu te réjouiras et découvriras les ordonnances pour répondre, et tu [Daniel] construiras Jérusalem comme ville pour le Seigneur. Et après 7 et 70 et 62 semaines, une onction sera supprimée [Onias III?] et ne sera pas. Et un roi des nations démolira la ville et le sanctuaire avec l'oint [Messie], et son accomplissement viendra avec colère jusqu'au moment de l’accomplissement. Il sera attaqué par la guerre. Et l'alliance prévaudra pour beaucoup, et elle reviendra et sera reconstruite largement à accomplissement des temps et à la moitié de la semaine, le sacrifice et la libation cesseront, et dans le temple il y aura une abomination des désolations [Antiochos IV] jusqu'à la réalisation d'une époque, et l’accomplissement sera donnée pour la désolation (Dn 9:24-27); Au temps fixé. Et il entrera en Egypte, et comme premier sera le dernier. Et les Romains viendront et l'expulseront et le réprimanderont [le roi d'Egypte]. Et il reviendra [et sera en colère] contre l'alliance du saint (Dn 11:29-30); A partir du moment que le sacrifice a été enlevé et l'abomination de la désolation [perpétuelle] était prêt à être donnée, il y a 1290 jours (Dn 12:11).

A part les ajouts (parfois fantaisistes, voir infra) entre crochets ou entre parenthèses, c'est une traduction(-patchwork, cf. les références) de la Septante, que Gertoux a visiblement retraduite tant bien que mal de la traduction anglaise disponible ici (Septante ou "vieille grecque" colonne de gauche, Théodotion colonne de droite).

Citation :
Ce texte peu clair, et très différent de celui de Théodotion (McLay: 2007, 991-1022) visait le roi d’Egypte [Antiochos IV] qui incarna l’abomination de la désolation qui enleva le sacrifice pendant une durée de 1290 jours (1M 1:54-62). Le texte de Daniel a donc été corrigé pour s’appliquer à Antiochos IV.

Antiochos est roi de Syrie (séleucide) et non d'Egypte (lagide), dire que la Septante "diffère" de Théodotion est une curieuse façon de parler puisqu'elle le précède d'au moins deux siècles, mais tout ça n'est rien à côté de la faute ou de l'arnaque logique (non sequitur) la plus grossière: ce n'est pas parce que la Septante "applique" à sa façon le texte aux événements de l'époque maccabéenne (et ultérieurs, puisqu'elle est à coup sûr plus tardive, que ce soit d'une décennie ou d'un siècle) que le texte hébreu de Daniel ne visait pas déjà ces mêmes événements ! En ce qui concerne le sort d'Onias III, il le désignait encore plus clairement en parlant d'"oint" (mšyh) au sens "personnel", ce que la Septante (et Théodotion !) noie(nt) au contraire dans le substantif "onction" (khrisma et non khristos).

Citation :
De plus, le mot hébreu kittim était compris par les Juifs comme représentant les Grecs, depuis Alexandre le Grand jusqu’à Antiochos IV (1M 1:1; 8:5), mais à partir de ce dernier roi, kittim a désigné les Romains, comme le prouve un commentaire de Nahum, daté autour de -100, trouvé à Qumran (4Q169). Ce changement d’interprétation du mot kittim (Grecs puis Romains) montre que ce sont des scribes maccabéens  Shocked qui ont traduit en grec le texte hébreu de Daniel. Cette traduction a donc été “corrigée” et par conséquent le texte hébreu de Daniel était différent.

L'adjectif "maccabéen", s'agissant de la Septante de Daniel qui est de toute façon postérieure à la révolte des Maccabées, n'a aucun sens distinctif: tout le judaïsme à ce stade est "(post-)maccabéen", aussi bien la dynastie sacerdotale hasmonéenne régnante à Jérusalem que la diaspora régie par ses alliés lagides en Egypte (lieu probable de la traduction-adaptation grecque), ses contestataires sacerdotaux et "sadocides" (esséniens et/ou qoumraniens) ou (proto-)"pharisiens" (laïcs). Bien évidemment, les textes grecs ne sont pas le texte hébreu et araméen, personne n'en doute, mais qu'est-ce que ça prouve ?

Citation :
Un manuscrit en hébreu trouvé à Qumran (11Q13), daté vers -100, commente Daniel 9:26 (Wise, Abegg Jr, Cook: 2001, 257-260, 598-600), ce qui permet de retrouver l’original hébreu  Shocked de cette époque :
Il proclamera ce décret la 1ère semaine de la période jubilaire suivant 9 périodes jubilaires (...) Le messager, c’est l’Oint [Messie] de l’esprit, dont parle Daniel: Au terme des 62 semaines, un Oint [Messie] sera supprimé [Dn 9]. Le messager qui apporte de bonnes nouvelles, qui proclame la délivrance est celui dont il est écrit: pour proclamer l’année de faveur de YHWH, le jour de vengeance de notre Dieu; pour consoler les affligés [Is 61].
Le texte cité est strictement celui du texte massorétique, alors que celui de la Septante est: et après 7 et 70 et 62 semaines, une onction sera supprimée. On note aussi que mot oint (messie) a été remplacé par onction et que les durées ont été changées ce qui rend le texte incompréhensible, par contre celles du texte massorétique sont logiques et cohérentes car la durée totale de 70 semaines est égale à la somme des durées intermédiaires, soit: 7 + 62 + 1 = 70.

Là encore, il n'y a que des évidences qui ne font pas avancer d'un poil le schmilblick gertolien: la citation apparente de Daniel dans 11Q13 confirmerait le texte (pré-)massorétique de Daniel, et témoignerait (à Qoumrân) d'une évolution "messianique" de son interprétation ("oint" de l'esprit, ce n'est pas dans Daniel), dont pourtant le NT chrétien ne fera... rien.

Bref, j'espère que ces quelques notes à chaud te seront utiles, par contre je ne suis pas chaud pour poursuivre l'exercice. Je ne sais pas quelle est, chez Gertoux, la part de la bêtise et de la malhonnêteté "savantes", et je ne tiens pas à le savoir, mais je sais qu'elles sont également compatibles, chez tout le monde d'ailleurs, avec n'importe quelle dose de "science" -- ce qui rend toute discussion inutilement fatigante... Wink

(Bien sûr j'examinerai volontiers, dans les fils de discussion adéquats le cas échéant, des éléments précis des textes de Gertoux si tu le souhaites, mais je n'ai aucun intérêt pour l'ensemble de son entreprise, qui a glissé au fil des années d'une apologie de la Watchtower à la construction obsessionnelle d'une chronologie générale et néanmoins singulière, encore proche de celle de la Watchtower sur de nombreux points, mais globalement autonome, pour ne pas dire autistique... Et puisque depuis l'Eden la curiosité conjointe à l'oisiveté finissent toujours par l'emporter, je signale, après avoir malgré toutes mes préventions "feuilleté" le document, que si Gertoux a renoncé à -607, il a conservé le schéma russelliste des 2520 ans, qu'il fait désormais courir de -609 à +1912... cf. p. 215ss, ça ne s'invente pas.)
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MessageSujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique?   Le livre de Daniel est-il authentique? - Page 4 Icon_minitimeLun 02 Mai 2022, 16:50

Merci Narkissos pour ces éclaircissements que j'avais perçus en surface pour un certain nombre (les plus simples). 

Lorsque je lis GERTOUX, j'ai le sentiment de lire FONTAINE (qui me semble-t-il a évolué vers le mieux) avec comme point commun de vouloir fonder une lecture "fondamentaliste" en utilisant des données académiques et universitaires, ce qui peut donner un résultat déroutant, inégal et qui engendre une lecture "migraineuse". Par moment il dénonce l'absurdité de certaines approches du livre de Daniel sans réaliser le côté absurde de son analyse et de sa réponse, sa propre absurdité arbitraire (il me semble), par exemple :

Malgré ces accords, certaines traductions de Daniel obscurcissent tellement le texte qu’elles le rendent incompréhensible. La traduction officielle du Rabbinat français, sous la direction du Grand-Rabbin Zadoc Kahn (1966), constitue un bon exemple de ces traductions qu’on peut qualifier d’anti-messianiques :

Médite cette déclaration et rends-toi compte de la vision: 70 semaines [d'années] ont été fixées comme terme à ton peuple et à ta ville sainte pour éteindre la rébellion, mettre fin aux péchés, effacer l'iniquité et établir une justice éternelle, de façon à réaliser la vision et [la parole] du prophète et faire l'onction du Saint des Saints. Sache donc et comprends bien qu'à partir du moment où fut donné l'ordre de recommencer à reconstruire Jérusalem jusqu'à un prince oint [Cyrus] il y a 7 semaines; et durant 62 semaines [Jérusalem] sera de nouveau rebâtie -rues et fossés des remparts mais en pleine détresse des temps. Et après ces 62 semaines, un oint sera supprimé, sans avoir [de successeur légitime], la ville et le sanctuaire seront ruinés par le peuple d'un souverain à venir ; finalement celui-ci sera violemment emporté, mais jusqu'à la fin séviront la guerre et les dévastations. Pendant 1 semaine, il fera prédominer son alliance avec un grand nombre, et pendant une 1/2 semaine, il abolira sacrifices et oblations et [placera] sur le flanc [de l'autel] d'horribles abominations, jusqu'à ce qu'un arrêt de destruction s'abatte sur l'auteur de ces horreurs

Selon cette traduction les 490 ans (70 semaines) ont été fixés pour établir une justice éternelle, et qu’à partir de l’ordre de rebâtir Jérusalem jusqu’à un prince oint (Cyrus) il y a 49 ans (7 semaines) et durant 434 ans (62 semaines) Jérusalem sera rebâtie et après ces 434 ans un oint sera supprimé, la ville de Jérusalem et son temple seront ruinés. Puisque Daniel a été invité à “méditer” sur cette prophétie venant de Dieu, il aurait été obligé de conclure que cette prophétie est pleine d’incohérences chronologiques, qu’elle désigne “un oint qui sera supprimé” impossible à identifier et qu’enfin la justice éternelle promise au bout des 490 ans ne s’est jamais réalisée. Il est évident que cette conclusion est absurde et que c’est la traduction du texte qui est absurde. La traduction de Théodotion, un érudit juif du 2e siècle, est beaucoup plus honnête (car plus fidèle au texte hébreu) :

Réfléchis donc à ma parole et comprends ta vision : 70 semaines ont été assignées à ton peuple et à la cité sainte, pour que le péché soit à sa fin, que les péchés soient abolis, que les iniquités soient effacées et expiées, que l'éternelle justice soit ramenée, que le sceau soit mis à la vision et au prophète, et que le Saint des saints soit marqué de l'onction. Sache donc et comprends qu'à partir de l'ordre qui sera donné de parler et de rebâtir Jérusalem, jusqu'au Christ chef, il y aura 7 semaines et 62 semaines; et l'ancien temps reviendra, les places et les remparts seront relevés, et les temps accomplis. Et après les 62 semaines le Christ sera mis à mort, et il n'y aura pas en lui de sujet de condamnation; et il détruira la ville et le sanctuaire, à l'aide d'un chef qui surviendra; et ils disparaîtront dans un cataclysme, et à la fin de la guerre, qui sera abrégée, il livrera la ville aux désolations. Et durant 1 semaine il confirmera l'alliance avec plusieurs. Et au milieu de la semaine la victime et les libations me seront ôtées, et l'abomination de la désolation sera sur le temple, et la désolation aura sa fin à la consommation des temps.

Cette traduction effectuée par Théodotion (en 175?) est conforme à l’hébreu du texte massorétique. En fait ce n’était pas une innovation puisque quelques fragments trouvés à Qumran, attribués au “groupe kaigé” et datés de 50-70, donnaient déjà une traduction identique. Le point essentiel de cette traduction est qu’elle respecte l’aspect messianique de la prophétie, cependant pour les traducteurs juifs elle comporte un inconvénient majeur, ce messie est mort avant la destruction du Temple : après les 62 semaines le Christ sera mis à mort, et il n'y aura pas en lui de sujet de condamnation; et il [Titus] détruira la ville et le sanctuaire, à l'aide d'un chef qui surviendra. Comment Théodotion a-til compris cette prophétie? Beaucoup de juifs à cette époque continuaient à voir en Bar Kokhba un premier messie rejeté89 (cf. Isaïe 53) avant l’arrivée du messie royal arrivant à une date indéterminée (Shabbat 63a), de plus, bien que le Temple ait brûlé en 70, il avait partiellement été réparé et ses archives restaurées, puisque Josèphe en parle encore au présent en 95. En fait Théodotion, comme Josèphe, ne pensait plus qu’on pouvait calculer la date de la venue du Messie à venir.

https://areopage.net/PDF/Gertoux_BibleAlteree.pdf

J'ai du mal a saisir le raisonnement de GERTOUX, il rejette la traduction de Zadoc Kahn qualifiée d'"anti-messianique" au prétexte (si j'ai bien compris) que cela signifierait que Daniel aurait été contraint (si nous retenons la traduction de  Zadoc Kahn) de reconnaitre que cette prophétie "venant de Dieu" était "pleine d’incohérences chronologiques", "qu’elle désignerait “un oint qui sera supprimé” impossible à identifier et qu’enfin la justice éternelle promise au bout des 490 ans ne s’est jamais réalisée". Ainsi le raisonnement de GERTOUX repose sur une croyance (que la prophétie vient de Dieu) et à partir de ce qu'il imagine que l'auteur nommé Daniel aurait pu se dire en lui-même au sujet de la cohérence et de l'échec de la prophétie  Shocked (toujours si j'ai bien lu et compris le texte), il tire une conclusion arbitraire (il n'est plus dans la démarche académique). 

J'ai également un doute (que tu dissiperas peut-être) concernant l'affirmation selon laquelle la traduction effectuée par Théodotion serait plus fiable dans la mesure ou elle respecterait l’aspect messianique de la prophétie = pétition de principe.
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Narkissos

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MessageSujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique?   Le livre de Daniel est-il authentique? - Page 4 Icon_minitimeLun 02 Mai 2022, 17:58

On est en effet dans la "pétition de principe" de A à Z, il suffit d'envisager un instant l'hypothèse opposée pour le comprendre: SI le texte (hébreu, pour commencer) N'EST PAS "messianique" (au sens DU "Messie" unique et eschatologique, et singulièrement du Christ chrétien), alors que Gertoux le tient pour "messianique" (dans ce sens-là), toute traduction qui le traduit correctement passera automatiquement pour "ANTI-messianique" aux yeux de Gertoux. Mais avec ce qualificatif on glisse aussi du débat de fait ou d'interprétation (le texte est-il ou non "messianique") au procès d'intention (le traducteur qui ne traduit pas le texte de façon "messianique" doit avoir quelque chose CONTRE le "Messie" ou le "messianisme"). Le seul avantage (rhétorique) pour Gertoux de citer la Bible du Rabbinat (Zadoc Kahn) plutôt qu'une autre traduction moderne, c'est que comme son nom l'indique elle est juive, donc suspecte d'avoir des "raisons" occultes d'occulter un "messianisme" (chrétien): le "motif" ou le "mobile" est tout trouvé (par la vieille ficelle antijudaïque, voire antisémite, du peuple christocide sinon déicide), même si le "crime" ne l'est pas. Pourtant, si Gertoux avait cité (p. ex.) la TOB (œcuménique et 100 % chrétienne, quoique probablement pas assez chrétienne pour lui), il serait retombé exactement sur le même problème majeur (ce n'est un problème que pour lui et ses semblables, qui tiennent à une interprétation "messianique" d'un texte qui ne l'a peut-être -- c'est mon hypothèse -- jamais été), à savoir le découpage de la phrase de 9,25 (cf. supra 18.3.2022): il y a 62 "semaines" (= 434 ans, même si ça ne correspond à rien de chronologiquement exact dans l'histoire réelle) ENTRE le PREMIER "oint" et le SECOND, qui ne sont donc évidemment pas le MÊME. Ce découpage peut toujours être discuté, mais c'est le seul qui donne un sens à la séparation (textuelle) des 7 premières semaines (jusqu'au PREMIER "oint") et des 62 suivantes (jusqu'au SECOND "oint") -- outre qu'aucun des deux "oints" n'est déterminé par l'article ("un oint" et non "l'oint", cf. supra 14.3.2022), ce qui eût été le minimum si l'"auteur" (Dieu, Daniel ou n'importe qui) avait eu en vue un seul "oint" (a fortiori LE Messie). On revient par là, si l'on veut à tout prix que ce soit "messianique", à l'aberration fondamentale d'une prophétie "exacte" qui n'aurait eu aucune chance d'être comprise, et de fait ne l'aurait pas été par les principaux intéressés (aucune exploitation "messianique" ou "christologique" de Daniel 9 dans le NT et encore longtemps après).

La suite relève encore plus de la stupidité pure que de la pétition de principe: dans la tête de Gertoux, "Daniel" se situe au VIe siècle et ne peut donc rien comprendre, de toute façon, à ce qu'il entend ou écrit: il connaîtrait peut-être le premier "oint" (Josué-Jésus ou Cyrus, peu importe à Gertoux puisque pour lui ce n'est ni l'un ni l'autre) mais pas le second (Onias III); mais alors, comment pourrait-il savoir que la "justice éternelle" "ne s'est jamais réalisée" ? Dans la même phrase Gertoux postule que Daniel (au VIe siècle) n'aurait pas pu connaître Onias (au IIe siècle), mais qu'il aurait su que la "justice éternelle" ne se réaliserait pas au (même) IIe siècle (allô ?! comme disait l'autre)...

Qui plus est Gertoux traduit fort mal Théodotion, qui emploie bien khristos ("oint", personnel) au v. 25 (pour le premier "oint") MAIS NON au v. 26, exolethreuthèsetai khrisma, "une onction sera détruite", NON PAS "L'OINT (ni LE CHRIST, ni LE MESSIE) sera mis à mort"... Ce qui apparaît bien, pour le coup, comme une falsification pure et simple de Théodotion, Gertoux ne s'en explique nulle part dans le document ci-dessus, à moins que quelque chose m'ait échappé.

[Bref. Je crois que Gertoux et Fontaine (que je ne connais pas personnellement, bien qu'ils soient tous deux lyonnais comme moi et que j'aie eu un bref échange épistolaire avec le premier il y a fort longtemps) se sont engagés dans l'"académique" à peu près pour les mêmes raisons d'"apologétique jéhoviste", mais qu'ils l'ont fait de façon très différente avec des résultats encore plus différents: Gertoux s'y est mis en "touche-à-tout", de l'assyriologie à l'égyptologie, en se fixant d'abord sur le "nom divin" puis sur la "chronologie", pour finir par constituer un simili-jéhovisme confidentiel aux marges de la Watchtower: non pas "fondamentaliste" stricto sensu, puisque ce mot désignait à l'origine un biblicisme "évangélique" et "trinitaire", mais assurément "sectaire", fût-ce d'une secte à un seul membre. Fontaine, qui n'en était pas très loin dans son premier opus (sur le nom divin aussi, mais dans le NT) où il citait beaucoup Gertoux (je l'ai parcouru parce qu'on m'avait demandé d'en faire une "critique", mais le livre m'est, comme on dit, tombé des mains), me semble avoir acquis au fil des années une réelle compétence dans un champ un peu mieux circonscrit (Bible et surtout NT), tout en gardant des intérêts plus vaguement "unitariens" (cf. son dernier ouvrage sur Philippiens 2), ce qui lui permet d'entretenir un dialogue (au moins virtuel) plus paisible et plus fécond avec un plus grand nombre de "spécialistes"... Ni l'un ni l'autre ne sont manifestement plus dans la stricte ortho(hétéro)doxie watchtowérienne (j'ignore s'ils sont toujours officiellement TdJ ou non, ça m'étonnerait un peu parce que j'ai été exclu formellement pour beaucoup moins que ça, même si mon "apostasie" était d'emblée plus profonde), et ils gardent visiblement entre eux de bons rapports (tant mieux pour eux), mais ils me donnent l'impression d'être aujourd'hui très éloignés l'un de l'autre sur le "fond" comme sur la "forme".]
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MessageSujet: Re: Le livre de Daniel est-il authentique?   Le livre de Daniel est-il authentique? - Page 4 Icon_minitimeMar 03 Mai 2022, 13:10

Le mot messie pourrait être traduit par oint, mais toute la révélation de l’ange Gabriel concerne ce messie particulier, qualifié ensuite de guide ou de remarquable. Il vise donc le Messie et non un messie quelconque. Le mot remarquable a un sens littéral de sur le devant en hébreu; il signifie en chef (Jr 20:1) ou important (Pr 8:6)
quand il qualifie un autre mot (ce qui est le cas ici). Cette qualification attire donc l'attention sur un oint remarquable: le Messie. Employé seul il signifie conducteur ou guide. Théodotion a traduit cette expression par jusqu'au Christ chef   Le livre de Daniel est-il authentique? - Page 4 Icon_eek ...

... En tenant compte des remarques précédentes la traduction de Daniel 9:23-27, selon le texte massorétique, devient :

Comprends la parole et fais comprendre la vision : 70 semaines [d'années] ont été décrétées sur ton peuple et sur ta ville sanctuaire [Jérusalem] pour faire cesser la transgression, pour supprimer le péché et pour absoudre la faute, pour faire venir une justice de durée indéfinie, pour sceller vision et prophète et pour oindre le sanctuaire des sanctuaires. Il faut que tu saches et sois perspicace : depuis la sortie de la parole pour rétablir et pour rebâtir Jérusalem jusqu'à messie remarquable il y aura 7 semaines [d'années] puis 62 semaines [d'années]. Elle reviendra et sera rebâtie, avec place publique et fossé, mais dans la détresse des temps. Après les 62 semaines [d'années] messie sera retranché, avec rien pour lui. Et la ville et le sanctuaire seront détruits par un peuple remarquable qui va venir. Et sa fin [celle du
sanctuaire] sera dans le déferlement, et jusqu'à la fin, la guerre, ce qui a été décrété ce sont des désolations mais il fera prévaloir l'alliance pour la multitude 1 semaine [d'années] et, à la moitié de la semaine [d'années], il fera cesser le sacrifice et l'offrande. Et sur l'aile de choses immondes ce qui cause la désolation et, jusqu'à l'extinction, ce qui a été décrété se répandra sur ce qui est désolé.

https://areopage.net/PDF/Gertoux_BibleAlteree.pdf

Je trouve que GERTOUX fait un raccourci théologique en arguant que les termes "guide", "remarquable" et "chef" impliquent que nous devons comprendre "LE Messie", c'est totalement arbitraire et sans fondement. Les grandes prêtres Josué et Onias étaient vu aussi comme des "oints" remarquable (en tout cas par une partie du judaïsme) et comme des "guides" ou des "chefs". 

La traduction que propose GERTOUX m'interpelle, notamment avec l'expression "elle reviendra ...", qui semble faire référence "à la parole pour rétablir" ou à "Jérusalem"  qui apparemment modifie considérablement le texte et ne respecte pas la structure de la phrase. 
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