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 les 70 ans de Jérémie

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le chapelier toqué
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MessageSujet: Re: les 70 ans de Jérémie   les 70 ans de Jérémie - Page 7 Icon_minitimeJeu 31 Oct 2024, 16:36

« L’exil ». Remarques historiques

2. Présentation biblique de l’exil

2 R 24-25 ; Jr 37-442 ; Jr 52 et 2 Ch 36 rapportent les événements qui sont à l’origine de l’exil. Il en ressort, à grands traits, le tableau suivant. Nabuchodonosor, au cours de deux campagnes militaires, a détruit Jérusalem et son temple. Il a exécuté quelques dizaines de personnes, et en a déporté quelques milliers d’autres dont les rois Joiakîn et Sédécias. Il n’a laissé dans le pays que le petit peuple. « Ainsi Juda fut exilé loin de sa terre », concluent 2 R 25,21b et Jr 52,27b. À partir de ce moment là, Juda ne vit plus dans son pays, mais en Babylonie. Peu de temps après les déportations, Ismaël assassine quelques-uns de ceux que Nabuchodonosor avait laissé dans le pays (2 R 25,25 ; Jr 42,2-3.7-Cool ; tous les autres se réfugient en Égypte (2 R 25,26 ; Jr 41,16-44,30). De la sorte, le pays de Juda a été vidé de ses habitants. L’exil a pris fin lorsqu’un groupe de Judéens, obéissant aux ordres de Cyrus, roi des Perses, se mît en route vers Jérusalem pour y construire un temple à Yahvé. Avec ce groupe, c’est Juda/Israël qui retourne dans son pays. Racontés par les livres d’Esdras et de Néhémie, son retour est un nouvel exode, et son installation à Jérusalem une réplique de l’occupation de Canaan par les Israélites sous la direction de Josué.4 Le pays de Juda ayant été entièrement dépeuplé, les habitants que les bené haggôlâ5 y trouvent ne peuvent être que des étrangers6, avec lesquels ils ne peuvent pas se marier (Esd 9,1-10,44 ; Ne 9,2 ; 10,31 ; 13,13-31).

3. Les opinions des historiens contemporains

Les historiens contemporains ne prennent plus à la lettre les récits bibliques au sujet du dépeuplement complet de Juda. Ils pensent, au contraire, que la majorité de la population est restée dans le pays, et ils s’accordent aussi pour dire qu’elle était constituée exclusivement des classes les plus pauvres et les plus incultes.
Entièrement pris par leur lutte pour la survie, les Juifs de Palestine n’auraient pas eu les conditions indispensables au développement matériel, et à plus forte raison, à une véritable création culturelle et religieuse. Cela a été le privilège des exilés, qui constituaient l’intelligentsia et vivaient dans des conditions plus favorables. Autrement dit, la majorité du peuple était restée en Juda, mais son âme serait partie en Babylonie.7 La version biblique serait inexacte dans la mesure où elle affirme le dépeuplement complet de Juda, mais elle serait exacte lorsqu’elle suppose que le centre de gravité du peuple s’est déplacé en Babylonie. Par exemple, J.D. Purvis divise l’histoire de « l’exil », en trois sections : nombre des exilés, sa vie en Babylonie et la diaspora en Égypte ; il ne consacre aucune
section aux Juifs de Palestine.8 En passant, il y a lieu de se demander dans quelle mesure les historiens prennent, explicitement ou implicitement, la diaspora et le sionisme modernes comme clef de leur interprétation de l’histoire juive des périodes babylonienne et perse. Par exemple, la Bible de Jérusalem donne pour titre à Esd 1 « Le retour des Sionistes » ; à Esd 2 « Liste des Sionistes » ; à Ne 7,6-72, « Liste des premiers Sionistes ». A. Chrouraqui intitule Esd 2 « Les Olim », se contentant de translittérer le mot néohébreu qui désigne les immigrants Juifs en Palestine. J. Blenkinsopp en fait autant, en désignant Esd 2 et Ne 7,6-72 par l’expression “census of the first aliya”.9 Le sionisme, à son tour, a puisé dans la version biblique des périodes babylonienne et perse une partie de son idéologie ; il lui a aussi emprunté quelques-unes des armes de sa propagande.

5.3 Nombre des déportés en Babylonie

Les données bibliques sont très complexes, et leur interprétation difficile. Je me contenterai de les rappeler. 2 Rois et Jérémie signalent plus d’une déportation, mais ne s’accordent pas sur leur nombre ni sur le nombre de personnes déportées. La notice la plus complète et la plus précise se trouve dans le TM de Jr 52,28-30. Bien que cette notice soit absente de la LXX et de la Vetus Latina de Jr 5220, ainsi que de son parallèle en 2 R 24,18-25,30, on s’accorde pour lui reconnaître une grande valeur historique. Jr TM 52,28-30 rapporte trois déportations, indique leurs dates, donne le nombre des déportés lors de chacune d’elles et le total des trois. D’après cette notice, Nabuchodonosor a déporté 3.023 Judéens la septième année de son règne (v. 28), et 832 Hiérosolymitains la dix-huitième année (v. 29). La vingt-troisième année de Nabuchodonosor, Nebuzaradân, commandant de la garde, a déporté 745 Judéens (v. 30a). En tout : 4.600 personnes (v. 30b).  l’emprisonnement et le remplacement de son roi. Le récit biblique est plus complet et circonstancié. Il développe certains points communs, et en a (v. 15), ainsi que de milliers de Judéens. D’après le v. 14, Nabuchodonosor a déporté tout22 Jérusalem, tous ses chefs, tous23 les vaillants guerriers, au nombre de dix mille, tous les artisans et serruriers ; seule fut laissée la plus pauvre population du pays. D’après le v. 16, Nabuchodonosor a déporté les riches, au nombre de sept mille ; les artisans et les serruriers, au nombre de mille, tous les hommes en état de porter les armes.

En dépit de ces différences, la plupart des exégètes admettent que 2 R 24,14.16 et JrTM 52,28 se rapportent à 597. Les explications des différences au sujet du nombre des déportés sont trop nombreuses pour que l’on puisse les passer en revue. Je signale les deux positions dominantes. Les uns voient en 2 R 24,14.16 et JrTM 52,28 deux ou trois variantes du nombre des déportés que l’on ne peut pas harmoniser.26 Les autres acceptent comme historique les 3.023, le chiffre précis et relativement modeste, donné par JrTM 52,28, de préférence aux 10.000 ou 8.000, chiffres ronds et beaucoup plus élevés, donnés par 2 R 24,14.16.27 La divergence au sujet des dates serait due à l’écart de plusieurs semaines entre la chute de Jérusalem et la déportation,28 ou à deux façons différentes de calculer les années du règne de Nabuchodonosor : 2 R 24,12 compterait l’année de son accession comme sa première année, tandis que JrTM 52,28, suivant la coutume babylonienne, la compterait à part.29

Personne ne doute que la deuxième déportation rapportée en JrTM 52,29 a eu lieu lors de la seconde conquête de Jérusalem en 587/6 (2 R 25,1-21 ; Jr 52,4-27 ; 39,1-1030). JrTM 52,29 est le seul document qui donne le nombre des déportés. En effet, 2 R 25,11,JrTM 52,15 et JrTM 39,9 signalent seulement que Nebuzaradân, commandant de la garde, a déporté le reste du peuple, ceux qui étaient restés en ville, les déserteurs qui étaient passés aux Babyloniens et le reste de la foule (2 R 25,11) ou le reste des artisans (JrTM 52,15). 2 R 25,12 par. Jr 52,16 et JrTM 39,10 ajoutent que Nebuzaradân a laissé dans le pays de Juda une partie du petit peuple comme vignerons et laboureurs.

JrTM 52,30 rapporte une troisième déportation, qui a touché 745 Judéens l’an vingt-trois de Nabuchodonosor, c’est-à-dire en 582 av. J.-C. À la suite de B. Duhm, on pense généralement que l’assassinat de Godolias en a été l’occasion.31

https://www.erudit.org/fr/revues/theologi/1999-v7-n2-theologi227/005009ar.pdf
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MessageSujet: Re: les 70 ans de Jérémie   les 70 ans de Jérémie - Page 7 Icon_minitimeJeu 31 Oct 2024, 17:34

Etude précieuse, bien qu'elle date déjà d'un quart de siècle (1999) et qu'en matière d'histoire ancienne, contrairement à ce qu'on pourrait croire, les consensus soient toujours relatifs et fluctuants, au moins dans le détail: il suffit d'une thèse pour les infléchir dans un sens ou dans un autre. Même si son objet est "historique", son intérêt principal à mes yeux (plutôt "biblistes" qu'"historiens") consiste dans l'évaluation, précisément, de la portée plus ou moins (fût-ce accidentellement) "historique" des textes "bibliques". Cela ne concerne guère l'aspect chronologique des "70 ans de Jérémie", bien plutôt l'aspect de "désolation totale" qui est clairement pseudo-historique, effet de la propagande de la gola babylonienne aux manettes de la reconstruction de Jérusalem et de son temple à l'époque perse. Un "judaisme judéen" de l'époque néo-babylonienne, après les exils successifs, se serait forcément retrouvé, après l'assassinat de Guedaliah/Godolias le cas échéant, sous la coupe administrative de Samarie... et d'autant plus facilement travesti après coup en "samarien-samaritain", donc "étranger", ethniquement impur, dans la propagande de la communauté de Jérusalem, essentiellement judéo-babylonienne à l'époque perse (cf. 2 Rois 17, Esdras-Néhémie, etc.: les "peuples du pays", ceux qui n'ont jamais été exilés, sont au mieux des "bâtards").
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MessageSujet: Re: les 70 ans de Jérémie   les 70 ans de Jérémie - Page 7 Icon_minitimeMer 06 Nov 2024, 14:05

Citation :
Cela ne concerne guère l'aspect chronologique des "70 ans de Jérémie", bien plutôt l'aspect de "désolation totale" qui est clairement pseudo-historique, effet de la propagande de la gola babylonienne aux manettes de la reconstruction de Jérusalem et de son temple à l'époque perse. Un "judaisme judéen" de l'époque néo-babylonienne, après les exils successifs, se serait forcément retrouvé, après l'assassinat de Guedaliah/Godolias le cas échéant, sous la coupe administrative de Samarie... et d'autant plus facilement travesti après coup en "samarien-samaritain", donc "étranger", ethniquement impur, dans la propagande de la communauté de Jérusalem, essentiellement judéo-babylonienne à l'époque perse (cf. 2 Rois 17, Esdras-Néhémie, etc.: les "peuples du pays", ceux qui n'ont jamais été exilés, sont au mieux des "bâtards").

Quand les “ soixante-dix ans ” ont-​ils débuté ?

Quand la désolation et l’abandon du pays de Juda ont-​ils débuté ? Il est de fait que, durant le règne de Nabuchodonosor, les Babyloniens ont attaqué Jérusalem à deux reprises, à une dizaine d’années de distance. Où se situe le début des 70 ans ? Certainement pas après le premier siège de Jérusalem. Pourquoi disons-​nous cela ? S’il est vrai que Nabuchodonosor a emmené en captivité à Babylone de nombreux habitants de Jérusalem, il n’a cependant pas dépeuplé complètement le pays. De plus, il laissa subsister la ville. Après la déportation, la population restée dans le pays de Juda, “ la classe des petites gens du peuple ”, vécut pendant plusieurs années des produits du sol (2 Rois 24:8-17). Mais ce n’était pas la fin de l’histoire.

En raison d’une révolte juive, les Babyloniens sont revenus à Jérusalem (2 Rois 24:20 ; 25:8-10). Ils ont rasé la ville avec son temple sacré et ont déporté de nombreux habitants à Babylone. En l’espace de deux mois, “ tout le peuple [qui avait été laissé dans le pays], du plus petit au plus grand, et les chefs des troupes partirent et allèrent en Égypte, parce qu’ils eurent peur des Chaldéens ”. (2 Rois 25:25, 26, Jérusalem.) Ce n’est qu’à ce moment-​là, en Tishri, le septième mois dans le calendrier juif (septembre/octobre), que l’on put dire que le pays était entré dans son sabbat. Par la bouche de Jérémie, Dieu fit remarquer aux Juifs réfugiés en Égypte : “ Vous savez bien tous les malheurs que j’ai fait venir contre Jérusalem et contre les villes de Juda : les voilà maintenant en ruine, personne n’y habite. ” (Jérémie 44:1, 2, TOB). Tout porte donc à croire que c’est cet événement qui marqua le début des 70 ans. Mais à quelle année cela correspond-​il ? Pour le savoir, nous allons nous intéresser à la fin de ladite période.

https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/2011736?q=70+ans+d%C3%A9solation&p=par


La rédaction des trois grands prophètes comme réaction à la crise de l’exil babylonien
T. RÖMER

La fin de Juda, la destruction de Jérusalem et la déportation d’une partie de la population judéenne sont relatées en 2 R 24-25. Dans ces chapitres, cependant, on ne trouve plus de dis- cours conclusif mais une notice sur le roi Yoyakîn qui voit sa situation d’exilé à Babylone considérablement améliorée (2 R 25,27-30). La remarque de 2 R 25,21 : « C’est ainsi que Juda fut déporté loin de son pays », qui crée le concept du pays vidé de tous ses habitants durant l’exil se comprend mieux dans la perspective d’un membre de la Golah que dans celle de quelqu’un qui serait resté en Palestine. Contrairement aux livres des Chroniques qui se terminent par l’édit de Cyrus et la perspective d’une restauration, l’époque perse n’est pas directement présente dans Dt – 2 R. La finale de la réhabilitation de Yoyakîn (qui constitue peut-être un ajout ultérieur) est suffisamment vague et n’impose pas une interprétation de l’histoire de l’exil, comme le montrent les différentes lectures de ce passage, allant du simple rapport d’un fait historique jusqu’à l’espoir de la restauration de la royauté davidique11 (Page 72/73).

Jérémie comme complément à l’histoire deutéronomiste

Il ne fait pas de doute que, des trois grands prophètes, Jérémie est le livre le plus « deutéronomiste », bien que les interprétations des similarités stylistiques et théologiques avec l’histoire deutéronomiste suscitent des interprétations fort diverses. J’ai essayé de montrer par ailleurs comment Jérémie a été conçu comme un supplément à l’œuvre deutéronomiste16 et je me contenterai ici de quelques indications : le lien entre Jr et l’histoire deutéronomiste se reflète dans la conclusion Jr 52 qui correspond en grande partie littéralement à 2 R 24,18-25,30. Cette finale marque d’ailleurs une autre différence de Jr par rapport à Es et Ez, qui tous les deux se terminent par une perspective eschatologique (Es 66,22-24 : les nouveaux cieux et la nouvelle terre ; Ez 48,35 : la nouvelle Jérusalem qui s’appellera « Yhwh-shamma », alors que le livre de Jr relate en dernier, comme 2 R 25, l’exil permanent du roi Yoyakîn). Comme dans l’histoire deutéronomiste, l’exil semble en Jr l’objet central de réflexion : Jr 1,3 fait inclusion avec Jr 52, où le terme glh apparaît quatre fois (52,15.27.28.30). Par l’encadrement de 1,1-3* et 52, la destruction de Jérusalem et son exil deviennent l’enjeu principal du livre. Les liens entre Jr 1,4-9 et Dt 18,15-20 ont souvent été étudiés17. Ils servent apparemment à inscrire Jérémie dans cette ligne des prophètes à la manière de Moïse, voire même à faire de Jérémie le dernier des prophètes envoyés par Yhwh (puisque le livre se termine par l’exil). Jr 1,16 reprend d’ailleurs la première partie de l’oracle de la prophétesse Huldah en 2 R 22,16-17, et le lien entre Jr et 2 R 22 réapparaît d’une manière évidente en Jr 36. Ces liens, souvent étudiés, trouvent leur meilleure explication dans la volonté de mettre les deux découvertes et lectures du livre en parallèle les unes avec les autres. Rappelons également que le discours sur le temple en Jr 7 comporte un certain nombre de parallèles avec 1 R 8 et que l’annonce de la destruction du temple par Yhwh lui-même à cause du non respect de ses prescriptions correspond à l’explication qui en est donnée à la fin des livres des Rois. Bien que les deux versions de Jr (reflétées par LXX et TM) aient intégré des matériaux qui s’opposent à la vision deutéronomiste (notamment la biographie de Jérémie en 37-43), on peut imaginer que le livre de Jérémie a été conçu dans le même milieu que l’histoire deutéronomiste et qu’il faisait partie, dans un premier temps, d’une « bibliothèque deutéronomiste » dans le contexte de l’activité scribale au deuxième temple.

https://hal.science/hal-03821370v1/file/Thomas%20R%C3%B6mer%20%E2%80%93%20La%20r%C3%A9daction%20des%20trois%20grands%20proph%C3%A8tes%20comme%20r%C3%A9action%20%C3%A0%20la%20crise%20de%20l%27exil%20babylonien.pdf
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MessageSujet: Re: les 70 ans de Jérémie   les 70 ans de Jérémie - Page 7 Icon_minitimeMer 06 Nov 2024, 15:01

Sur l'aspect historique (géographique, démographique) de la question, voir surtout les pages 70s de l'article de Römer.

Comme on l'a vu plus haut, la fiction littéraire du dépeuplement total intéresse surtout la gola (les "exilés" judéens à Babylone et leurs descendants) à partir du moment où l'"exil" est terminé, à l'époque perse, quand tout cela devient un enjeu politique autant que religieux: qui est vraiment judéen, qui a le droit de reconstruire le temple et de rétablir le culte à Jérusalem, d'y légiférer et d'y gouverner (dans la mesure où le permet la situation de province d'empire, dans un premier temps), telle est la question pour ceux qui sont revenus de Babylone, et même pour ceux qui y sont restés dans la mesure où ils entretiennent des liens privilégiés avec ce groupe-là plutôt qu'avec les autres. C'est à partir de là qu'il devient utile pour cette communauté-là de faire passer ceux qui n'ont jamais exilés pour des étrangers, des bâtards, de faux Israélites, des occupants et des prétendants illégitimes à la terre et à la communauté cultuelle, ethnique et politique (ce qui deviendra, plus tard, les "Samaritains", dans la ligne de la fiction "samarienne" déjà inscrite en 2 Rois 17).

Soit dit en passant, l'insistance de la Watch sur l'aspect dépeuplement (désolation, dévastation totale) ne lui est pas spécifique, contrairement à l'aspect chronologique (70 ans) qu'elle exploite de façon très singulière depuis Russell et consorts: cela n'intéresse en rien sa doctrine particulière. C'est simplement l'attitude "bibliciste", littéraliste et apologétique, commune aux "fondamentalistes" et aux "sectaires", qui veulent défendre à tout prix la "vérité", comprise comme historicité, de "la Bible" comme un tout; et pour ce faire commencent par évacuer de "la Bible" même divergences et contradictions pour accorder le tout sur les énoncés les plus extrêmes, pris au pied de la lettre même quand ils sont hyperboliques et exorbitants. Si un texte (p. ex. les Chroniques ou Jérémie 25) suggère une dévastation totale, tous les autres textes (pourtant "bibliques" aussi !) qui suggèrent autre chose seront torturés jusqu'à ce qu'ils disent la même chose, ou du moins qu'ils se taisent...
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MessageSujet: Re: les 70 ans de Jérémie   les 70 ans de Jérémie - Page 7 Icon_minitimeJeu 07 Nov 2024, 15:39

Quand les “ soixante-dix ans ” ont-​ils pris fin ?

Le prophète Daniel, qui a vécu “ jusqu’à ce que le royaume de Perse prenne le pouvoir ”, se trouvait sur place, à Babylone, à ce moment-​là. Il avait déterminé par le calcul quand les 70 ans devaient prendre fin. “ Moi, Daniel, raconte-​t-​il, je scrutai les Écritures, computant le nombre des années – tel qu’il fut révélé par Yahvé au prophète Jérémie – qui doivent s’accomplir pour les ruines de Jérusalem, à savoir soixante-dix ans. ” — Daniel 9:1, 2, Jérusalem.

Esdras, qui s’était lui aussi penché sur les prophéties de Jérémie, a établi un lien entre “ la fin des 70 ans ” et le moment où “ l’Éternel réveilla l’esprit de Cyrus, roi de Perse ” de sorte que le monarque fit faire une proclamation (2 Chroniques 36:21, 22, Segond 21). Quand les Juifs ont-​ils été libérés ? Le décret mettant fin à leur captivité a été émis dans “ la première année du règne de Cyrus ”. (Voir l’encadré “ Une date fondamentale ”.) Par conséquent, à l’automne 537, ils étaient de retour à Jérusalem pour y rétablir le culte de Jéhovah. — Esdras 1:1-5 ; 2:1 ; 3:1-5.

Ainsi, dans la chronologie biblique, les 70 ans sont une période à prendre au sens littéral et qui a pris fin en 537 avant notre ère. Le début de cette période se situerait donc 70 ans plus tôt, en 607.

https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/2011736?q=70+ans+d%C3%A9solation&p=par


Pour fonder sa chronologie, la Watch ne retient qu'une seule version des "70 ans", tout en mélangeant Daniel 9 et 2 Chroniques 36 ... Pour rappel :

Il faut savoir par ailleurs qu'au cours de ce temps de rédaction l'interprétation "biblique" des "70 ans" a beaucoup varié; 1) appliqués dans les sections anciennes de Jérémie à une période qui commence AVANT la ruine finale de Jérusalem, au moins à la première déportation de 597 (chap. 29), et peut-être à l'accession de la puissance néo-babylonienne à l'hégémonie régionale avec la bataille de Karkemish en 605 (cf. chap. 27), pour s'achever -- quand une "fin" est indiquée --avec la prise de Babylone, 2) ils sont appliqués plus tard à une période qui commence avec la ruine du temple (587/6) pour continuer APRÈS le retour d'exil (Zacharie 1; 7; Daniel 9), 3) et parfois identifiés purement et simplement à la durée de la "désolation" de Juda (2 Chroniques 36).
De ce point de vue il me semble que la rédaction de Jérémie 25,11-12 (TM) est hybride: elle mélange l'interprétation 1) période de servitude "DES nations", qui commence bien avant 587/6 et 3) période de désolation DU pays (de Juda). Seule cette dernière subsiste d'ailleurs dans LXX, puisque ce ne sont plus les nations qui "servent" le roi de Babylone, mais les Judéens qui "servent" "parmi les nations".

Le chapitre 9 de Daniel est une réinterprétation explicite, consciente et délibérée (et non une simple dérive de sens dont on ne sait jamais si et dans quelle mesure elle est volontaire ou pas) des "70 ans de Jérémie" (v. 1), du point de vue d'un auteur qui constate, plusieurs siècles après Jérémie, que les malheurs de Jérusalem et du temple ne sont toujours pas terminés. L'astuce herméneutique, supposée révélée à "Daniel" au lendemain de la prise de Babylone, consiste de toute évidence à appliquer à ces 70 ans le facteur numérique tiré des malédictions de la Torah: "je vous châtierai sept fois plus" (Lévitique 26,18ss; c'est aussi en Lévitique 25 qu'on trouve le modèle sabbatique des septénaires, qui sera rapporté aux "70 ans de désolation-sabbat" en 2 Chroniques 36); en vertu de cette opération, les "70 ans" ne font donc plus 70 ans, mais 7 x 70 = 490 ans. L'auteur par ailleurs semble conserver (contrairement au Chroniste) le souvenir historique d'un retour d'exil environ 50 ans après la destruction du temple: ce sont les "sept (premières) semaines" (49 ans) après lesquelles Jérusalem doit être rebâtie, "mais dans la détresse des temps". Il partage donc avec Zacharie l'idée que les "70 ans" continuent après le retour d'exil; mais en les multipliant il les prolonge évidemment beaucoup plus loin, jusqu'à son époque à lui, dont il espère le dénouement final et la purification définitive du temple.

Il va sans dire que cette interprétation n'engage que lui, et que du point de vue de l'exégèse il n'est pas question d'en faire une "clé de lecture" du livre de Jérémie; mais pour l'auteur du livre de Daniel, c'est bien de ça qu'il s'agit. La révélation de l'ange répond à la prière de "Daniel" qui s'interroge précisément sur la fin des "70 ans de Jérémie", en lui révélant que cette période (qui à ses yeux concerne exclusivement Jérusalem) sera (sept fois!) plus longue qu'il n'y paraît.

https://etrechretien.1fr1.net/t458-les-70-ans-de-jeremie
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MessageSujet: Re: les 70 ans de Jérémie   les 70 ans de Jérémie - Page 7 Icon_minitimeJeu 07 Nov 2024, 16:37

Pour (le contexte de) la seconde citation, cf. supra 12.11.2010.

Dans la première (TdG 2011), la Watch se montrait de plus en plus incapable de distinguer ses propres commentaires, interprétations, hypothèses, conjectures, des textes "bibliques"... Ainsi il doit aller de soi pour le lecteur qu'Esdras est l'auteur des Chroniques, bien que ça ne soit écrit nulle part dans "la Bible", même dans la TMN (sinon dans le "paratexte", les introductions, les notes ou les tableaux qui acquièrent ipso facto une valeur supérieure à celle du texte "biblique"). Preuve, s'il était besoin, que la Watch ne cherche plus à convaincre personne que des convaincus (qui n'auraient même pas leur revanche, eût ajouté Guitry).

On peut comprendre la nécessité doctrinale interne d'arriver à (-)607 pour justifier 1914, malgré la précarité générale de l'échafaudage herméneutique et chronologique qui conditionne le calcul. Mais rien, même sur le strict plan de la "logique" interne, n'oblige à faire correspondre ce (-)607 à la "destruction du temple". A partir de Jérémie 27 ou 29, on pourrait tout aussi bien dater le début des "70 ans" de l'exil de Joiakîn (-597) ou de l'accession au trône de Nabuchodonosor (-605), éventuellement remonter encore d'un an ou deux la date supposée de l'hégémonie néo-babylonienne et du "début de la fin" du royaume de Juda, sans avoir à créer de toutes pièces et à défendre contre toute évidence une "chronologie alternative"... Mon impression c'est que ça n'intéresse plus du tout les TdJ restants, qui récitent leur catéchisme en circuit fermé sans plus le confronter avec rien d'extérieur -- tout au plus une poignée d'"apologistes" marginaux qui sont plus près de la porte que de la promotion interne (cf. Furuli, Gertoux et quelques autres)...
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MessageSujet: Re: les 70 ans de Jérémie   les 70 ans de Jérémie - Page 7 Icon_minitime

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