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| eschatologie banalisée | |
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Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: eschatologie banalisée Lun 18 Fév 2019, 13:44 | |
| Catholiques, votre Église ‘veille-t-elle’ ?
CATHOLIQUES, qu’enseigne votre Église sur le retour du Christ ? Quand avez-vous entendu le curé de votre paroisse prononcer une homélie ou un sermon qui montrait à tous les chrétiens la nécessité de ‘veiller’ pour ne pas être surpris par le retour du Maître ?
À la première question, vous répondrez probablement : “Rien ou presque”, et à la seconde : “Je ne me souviens même pas de l’avoir jamais entendu parler de cette question.” Cela n’est pas surprenant. Concernant le retour de Jésus, William Marrin, écrivain catholique, dit qu’à son avis ‘la plupart des catholiques pensent qu’il s’agit là d’une question plutôt folle (...). En d’autres termes, la majorité des catholiques sont probablement prêts à considérer le retour du Christ comme la pomme d’Adam ou la baleine de Jonas’.
Pourtant, on peut lire dans une Bible catholique les paroles suivantes de Jésus concernant son retour : “Soyez sur vos gardes, veillez, car vous ne savez pas quand ce sera le moment. Il en sera comme d’un homme parti en voyage : il a quitté sa maison, tout remis aux soins de ses serviteurs, assigné à chacun sa tâche, et au portier il a recommandé de veiller. Veillez donc, car vous ne savez pas quand le maître de la maison viendra, (...) de peur que, venant à l’improviste, il ne vous trouve endormis. Et ce que je vous dis à vous, je le dis à tous : veillez !” — Mat. 13:33-37, Bible catholique de Jérusalem (Jé). Si donc tant de catholiques sont “endormis” quant à la venue du Christ, n’est-ce pas parce que leur Église, qui prétend être le “portier” infaillible pour ce qui est de la foi et de la morale, n’a pas ‘veillé’ ?
LES BIBLES CATHOLIQUES MONTRENT LA NÉCESSITÉ DE VEILLER
Jésus déclara sans équivoque que lui, le “Fils de l’homme”, reviendrait (Mat. 25:31-33). Cela est indiscutable. Toutefois, il souleva cette question : “Mais le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ?” (Luc 18:8, Jé). En effet, il ne fait aucun doute que le retour du Christ est enseigné dans la Bible. Mais à en juger par la situation religieuse actuelle, Jésus trouvera-t-il des chrétiens ayant la foi qui attendent son retour en restant aux aguets ou, du moins, qui s’y intéressent ? Et vous, vous intéressez-vous au retour du Christ ? Demeurez-vous spirituellement éveillé pour l’attendre ? Savez-vous que votre Bible et de nombreux ouvrages catholiques montrent que vous devez rester éveillé dans cette attente ? Voyons quelques textes des Écritures : “Comme les jours de Noé, ainsi sera l’avènement du Fils de l’homme. En ces jours qui précédèrent le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche, et les gens ne se doutèrent de rien jusqu’à l’arrivée du déluge, qui les emporta tous. Tel sera aussi l’avènement du Fils de l’homme. (...)
“Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour va venir votre Maître. Comprenez-le bien : si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur devait venir, il aurait veillé et n’aurait pas permis qu’on perçât les murs de sa demeure. Ainsi donc, tenez-vous prêts, vous aussi, car c’est à l’heure que vous ne pensez pas que le Fils de l’homme viendra.” — Mat. 24:37-44, Jé.
Dans La Sainte Bible, traduction catholique éditée par L. Pirot et A. Clamer, une note en bas de page dit au sujet de ces versets : “Ainsi les fidèles, sûrs de la parousie [présence] du Sauveur, mais incertains de son heure, doivent se tenir prêts en tout temps pour n’être pas surpris par son arrivée. La parabole nous prémunit donc contre la désagréable surprise que nous vaudrait un manque de vigilance.” — C’est nous qui mettons en italiques.
Dans la Bible de Jérusalem, on peut lire dans une note en bas de page sur I Corinthiens 1:7, 8 : “Ce ‘Jour du Seigneur’, (...) appelé encore le ‘Jour du Christ’, (...) ‘le dernier Jour’, (...) est l’accomplissement dans l’ère eschatologique [temps de la fin], inaugurée par le Christ, du ‘Jour de Yahvé’ annoncé par les prophètes, (...) cette étape ultime de l’histoire du salut (...) sera consommée par le retour glorieux (...) du Souverain Juge (...). Ce jour de lumière approche (...). Sa date est incertaine, (...) et il faut s’y préparer durant le temps qui reste.” — C’est nous qui mettons en italiques ; les parenthèses représentent environ cinquante textes bibliques sur le retour du Christ.
Vous préparez-vous pour le retour du Christ ? C’est ce que vous demande de faire votre propre Bible catholique, même si votre prêtre n’attire pas votre attention sur ce fait essentiel. https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1976564 |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: eschatologie banalisée Mar 19 Fév 2019, 10:40 | |
| C'est de bonne guerre, comme on dit; bien qu'en 1976 la Watch(!)tower eût été mieux inspirée de s'instruire des nuances catholiques (et déjà néotestamentaires) en matière de "vigilance" que de donner des leçons urbi et orbi...
Reste que tout le monde concourt à la banalisation de l'eschatologie, ceux qui y croient dur comme fer selon des scénarios contradictoires comme ceux qui n'en croient pas un mot, ceux qui ne se lassent pas, de génération en génération et de siècle en siècle, de la voir imminente, ceux qui au contraire s'en lassent et la repoussent à un horizon lointain (till Kingdom come), la récusent franchement ou l'interprètent autrement. L'eschatologie banalisée est d'abord une eschatologie brouillée, non par défaut mais par excès d'eschatologie. Comme dans tant d'autres domaines nous apprenons l'imitation, la contrefaçon, la parodie, le pastiche, la caricature, le simulacre, avant tout "modèle"; nous savons qu'il ne faut pas crier au loup bien avant d'avoir vu le moindre loup. La fin du monde, la vraie, c'est d'abord un monde incapable de (croire, penser) sa fin. |
| | | free
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| Sujet: Re: eschatologie banalisée Mer 20 Fév 2019, 11:34 | |
| "Voici ce que je dis, mes frères : le temps se fait court ; désormais, que ceux qui ont une femme soient comme s'ils n'en avaient pas, ceux qui pleurent comme s'ils ne pleuraient pas, ceux qui se réjouissent comme s'ils ne se réjouissaient pas, ceux qui achètent comme s'ils ne possédaient pas, et ceux qui usent du monde comme s'ils n'en usaient pas réellement, car ce monde, tel qu'il est formé, passe." 1 Cor 7,29-31
Paul souligne que le temps se fait court, il incite donc les croyants à vivre le "comme ne pas", tout en reconnaissant qu'ils sont contraints d'user de ce monde mais faisant comme s'ils n'en usaient pas, c’est-à-dire à la fois sans le fuir et sans s'y abandonner totalement. Le croyant qui attend la fin, se trouve dans cette difficulté de vivre, comment vivre dans un monde appelé à disparaitre et participer à ses activités quotidiennes sans donner le sentiment de 's'installer dans ce monde ? |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: eschatologie banalisée Mer 20 Fév 2019, 12:09 | |
| Tu mets très justement le doigt sur la pointe ou le tranchant de la formule, "comme ne pas", hôs mè, qui ne se laisse guère traduire qu'émoussé(e) en français à peu près lisible ou audible par une adjonction, ou bien d'une hypothèse irréelle (comme SI + imparfait), ou bien d'une comparaison à la réalité hypothétique d'autres personnes (comme CEUX QUI + indicatif présent). Il faudrait pouvoir entendre autour du seul "comme" (sans hypothèse ni comparaison) le jeu d'opposition symétrique des participes, "les ayant(s) comme n'ayant pas", etc. Tout en notant comment la stricte symétrie initiale des "ayant, pleurant, (se ré)jouissant" se désajointe vers la fin de la litanie (achetant / possédant, usant / usant réellement, khrômenoi / kata-khrômenoi, du moins dans la leçon généralement retenue).
L'eschatologie futuriste, encore relativement proche sinon imminente (cf. chapitre 15, c'est toujours la perspective de la "dernière génération"), instaure en effet un jeu qui met en question la "réalité" ordinaire. Sans "s'installer" non plus, car alors le jeu serait également fini, dans une "réalité alternative" (comme on dit désormais). C'est par définition une position ou une situation inconfortable, et quand on ne la ressent plus comme telle c'est qu'on est sorti du jeu -- de ce jeu-là du moins.
Dernière édition par Narkissos le Mer 20 Fév 2019, 12:17, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: eschatologie banalisée Mer 20 Fév 2019, 12:15 | |
| Bien-aimés, maintenant nous sommes enfants de Dieu, et ce que nous serons ne s'est pas encore manifesté ; mais nous savons que, quel que soit le moment de sa manifestation, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu'il est." 1 Jean 3,2
Espérer en Dieu, c'est attendre le retour de Jésus, et dans l'immédiat c'est attendre avec persévérance l'action de Dieu, c'est prier avec confiance. « Priez sans cesse 6 », écrit Paul quelques versets au dessous du texte que nous avons lu. Espérer, c'est ne pas vouloir tout, tout de suite, ne pas rejeter Dieu ni culpabiliser parce que nous avons encore des choses à attendre. Dieu nous demande d'espérer. Certaines sectes nous disent que si nous sommes conséquents dans notre foi, si nous prions comme il le faut, si nous sommes spirituels, si notre Église a le Saint-Esprit et si elle est « réveillée », alors Dieu nous guérira instantanément de toutes nos maladies et il satisfera le moindre de nos caprices. A contrario, si nous sommes malades, c'est que nous avons quelque chose à nous reprocher, que nous ne prions pas comme nous le devrions, que nous n'avons pas le Saint- Esprit et que notre Église n'est pas réveillée... Les hérésiarques qui prêchent ces choses font abstraction de tout l'enseignement des Écritures sur l'espérance chrétienne. « Ce que nous serons n'a pas encore été manifesté 7 ». Ainsi la vie chrétienne ne consiste pas à sauter de victoire en victoire à chaque minute de notre vie, mais à attendre l'action de Dieu en rendant grâce à chaque bénédiction reçue. « La foi rassasie 8; l'espérance donne faim 9 ; l'une et l'autre sont nécessaires à notre avancement dans la vie intérieure. Par la foi nous avons communions avec Christ, paix avec Dieu, accès auprès de lui ; l'espérance maintient en nous le sentiment que nous n'avons encore que les arrhes de ce qui nous est réservé 10, elle est un perpétuel soupir vers l'infini et la perfection »11.
6 1 Thessaloniciens 5:17. 7 1 Jean 3:2 8 Jean 6:35 9 Romains 8:19-25 10 1 Corinthiens 1:22 11 La Bible annotée, note sur 1 Corinthiens 13:13. http://ekladata.com/RCBC_revz9PXbqjHjyOhXlHTe_Q/StM-Pred-parousie.pdf |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: eschatologie banalisée Mer 20 Fév 2019, 13:28 | |
| Le "johannisme" rend profond tout ce qu'il touche, même sa "diplomatie". Il se passe parfaitement pour sa part d'une eschatologie "futuriste" et "réaliste", il en intègre tout au plus le langage pour le détourner vers sa conception de "vie éternelle" au présent qui rend toute considération future indifférente. Mais quand sa survie (même sous forme textuelle) dépend d'une harmonisation superficielle avec l'eschatologie dominante (dans la "grande Eglise", proto-catholique ou proto-orthodoxe), il y consent très volontiers en apparence, sans que cela change le fond de sa pensée -- c'est tout à fait clair dans les épîtres et aussi dans les développements successifs de l'évangile, p. ex. chap. 14ss: les références eschatologiques sont au service d'une pensée "aneschatologique" (et "ontologique") et non l'inverse.
Le langage est ici (1 Jean 3) très proche des deutéro-pauliniennes (notamment Colossiens 3), mais pour celles-ci c'est une "conversion", partielle mais authentique, de l'eschatologie paulinienne (de l'horizontal au vertical si l'on veut, du rapport présent-futur à un rapport ciel-terre ou éternité-présent). Ce qu'on attendait pour l'avenir est entièrement donné maintenant, en secret (caché), l'avenir n'est plus que l'horizon de sa manifestation ("épiphanie") extérieure et universelle, qui n'ajoutera plus rien (d'essentiel) à ce qui est. Dans le johannisme qui n'a aucune eschatologie propre à "convertir", seulement celle des autres, la formulation est encore plus subtile: ean phanerôthè, c'est une circonstancielle à la fois temporelle et hypothétique; s'il vient à être manifesté, peu importe si oui ou non et si oui quand ou comment; peu importe en effet, puisque alors nous lui serons semblables, comme nous le sommes déjà (enfants de Dieu, engendrés-enfantés, lui en nous et nous en lui, etc.). Nous n'attendons rien d'autre que ce que nous avons parce que nous le sommes : l'eschatologie, dès lors indifférente, est engloutie par l'ontologie (l'être de ce qui est), qui au sens le plus fort se l'intègre. |
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| Sujet: Re: eschatologie banalisée Mer 20 Fév 2019, 16:29 | |
| "Alors, de deux hommes qui seront aux champs, l'un sera pris et l'autre laissé ; de deux femmes qui moudront à la meule, l'une sera prise et l'autre laissée." Mt 24,40-41
Outre l'idée d'une parousie inattendue et privée d'avertissement ("ils ne se doutèrent de rien ...") l'évangile de Matthieu (24,40-41) ajoute un complément, le jugement sera immédiat et aucun moyen ne permettra de s'y préparer. |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: eschatologie banalisée Mer 20 Fév 2019, 22:10 | |
| L'interprétation est d'autant plus délicate que rien n'indique où seraient le "bien" et le "mal", dans le "pris" ou le "laissé": si on les rapporte à la guerre de Judée, le malheur ce serait d'être pris, tué ou emmené captif; si au contraire on les rapporte au "rassemblement des élus" (v. 31), le malheur ce serait d'être laissé (cf. aussi 1 Thessaloniciens 4). Les "collages" (d'ailleurs très différents, comme on l'a vu) de Matthieu 24 ou de Luc 17 ne constituent pas des "contextes" déterminants, susceptibles d'imposer un sens ferme au logion dans leur propre "contexte", a fortiori de lui en présupposer un hors de celui-ci. On peut toujours noter, mais ça ne nous avance pas beaucoup, que le parallèle de Thomas (61) dit "mourra" et "vivra", dans cet ordre, au lieu d'"être pris" et "laissé".
Toujours est-il que l'idée dominante est celle d'un jugement (ou d'un destin, ou d'un sort) strictement individuel, qui sépare les plus proches (j'avais remarqué naguère un accent très semblable dans le Coran, avec l'idée souvent répétée que personne ne pourra sauver personne ni même intercéder pour ses proches). Ce qui "corrige" un peu les images de l'arche de Noé ou même de la sortie de Sodome, et leurs récupérations institutionnelles ou sacramentelles (l'Eglise, l'organisation, le baptême, etc.): il n'y a pas de "lieu sûr", ni de "milieu sûr", ni "dedans" ni "dehors". |
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| Sujet: Re: eschatologie banalisée Jeu 21 Fév 2019, 11:50 | |
| "Interrogé par les pharisiens pour savoir quand viendrait le règne de Dieu, il leur répondit : Le règne de Dieu ne vient pas de telle sorte qu'on puisse l'observer. On ne dira même pas : « Regardez, il est ici ! », ou : « Il est là-bas ! » En effet, le règne de Dieu est au milieu de vous. " Luc 17, 20-21
Ce texte indique que la responsabilité du croyant n'est pas d'observer, de scruter les évènements ou de spéculer mais de croire, effet la foi permet d'accéder dès à présent au règne de Dieu, cette attente de la parousie est plus une façon d'être, qu'une façon d'agir, une attente sereine et confiante, sans gesticulation.
Quel que soit le sens précis à donner à ce dernier mot « intra vos est» (dans votre cœur ou, plus vraisemblablement, parmi vous), une chose semble sûre : il y a une religion, une ouverture sur Dieu, une aspiration à Dieu qui recherche sa satisfaction dans le temps. s'efforçant de déceler la divine présence dans le plan de la représentation : fécondité, longévité, victoire du nationalisme juif, conquête. A cette religion, le Christ en substitue une tout autre : il condamne la religion des espoirs pharisaïques, et il la condamne non seulement en tant qu'elle porte son attente sur tels événements déterminés, mais sur un événement quelconque, observable dans le monde de l'expérience dans la mesure où elle ne regarderait en lui que son seul aspect phénoménal. Le Christ dirige les désirs vers une réalité temporelle (« Bien des prophètes et des justes auraient désiré voir ce que vous voyez... ») (Mt, 13, 17) ; toutefois non pas, simplement, vers cette réalité en tant qu'elle est sensiblement discernable, mais en tant qu'elle est porteuse d'une signification et d'un événement qu'on ne voit pas : le Règne de Dieu qu'on ne voit pas. Car il leur dit «le Règne de Dieu (qu'il vous faut espérer) n'est pas ici ou là ». Et sans doute, il ajoute : il est au milieu de vous, et par là, le Christ, c'est vrai, inscrit l'événement divin dans l'histoire ;. inscription qui consiste dans sa propre humanité, en tout égale à la nôtre ; seulement, le Règne de Dieu n'est pas en lui de telle sorte que nous puissions le découvrir par nos sens ni qu'il soit affirmable, sans plus, par l'observateur neutre et désengagé ; il ne s'offre qu'à la reconnaissance de procédés qui sont du même ordre que lui ; non pas, comme il est dit ailleurs, à la reconnaissance de la chair et du sang (Mt 16, 17), mais à celle de la foi, acte de l'esprit qui s'appuie purement sur l'attestation divine, par lequel seul on s'ouvre à la Parole du Christ et on s'en approprie le sens. C'est dans la foi seule qu'on dit fermement : le Royaume de Dieu est parmi nous, comme c'est en elle aussi, en elle seulement, qu'on en mesure le prix.
Au surplus, pas plus que l'événement divin, la foi n'est un phénomène observable. Nouvelle créature, le croyant ne fait pas apparaître cette nouveauté sur le plan du temps vulgaire. Extérieurement, rien n'est changé : pas de spiritualisme miraculeux, discernable par l'observateur du dehors ; pas d'héroïsme qui renvoie le regard vers une cause surnaturelle et transcendante ; le croyant ne cesse pas d'être dans le monde et d'en user ; il est vrai, il est dans le monde, comme n'en étant pas ; il n'y est plus asservi ; il ne tombe plus au pouvoir d'aucune grandeur immanente (1 Co 6, 12 ; 10, 23 ; 7, 17-24) ; c'est ainsi qu'il est devenu un être libre ; la foi l'affranchit de l'esclavage du monde, auquel elle met fin (qu'il s'agisse des manuductions de la loi, de la prétention des œuvres, des justifications de la raison...). Et par là, nous l'avons dit, elle est événement eschatologique. Mais ce que l'on veut souligner ici, c'est qu'elle ne manifeste pas, dans le plan empirique, cette qualité dernière : car elle n'est pas un refus ascétique du monde, ni pas davantage une évasion de l'existence actuelle par la mystique ; selon le mot de L'Epître aux Colossiens, elle est essentiellement une vie cachée en Dieu avec Jésus-Christ (Col. 3, 3). https://www.nrt.be/docs/articles/1964/86-6/1661-Les+dimensions+de+l%27histoire+du+salut.pdf |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: eschatologie banalisée Jeu 21 Fév 2019, 14:07 | |
| Sur Luc 17,20s, cf. supra 13-14.2.2019.
Ce qui fait habituellement préférer le sens "au milieu de vous" à "au-dedans de vous" (qui est pourtant le plus naturel), c'est d'une part la référence rédactionnelle (et artificielle) aux "pharisiens", d'autre part le préjugé historico-critique, voire "évolutionniste", qu'une eschatologie futuriste et réaliste précède forcément une eschatologie réalisée, intériorisée ou spiritualisée -- ou une absence d'eschatologie. On présuppose ainsi que ni "Jésus" ni une sentence chrétienne "primitive" n'auraient pu vouloir dire ce qui est pourtant dit ici. Non seulement tous ces arguments se retournent comme une crêpe, mais on peut aussi leur répondre par l'absurde, selon la lettre même du logion: s'il s'agissait de "Jésus au milieu de vous", ce serait précisément "ici" ou "là" !
Même s'il date, ou justement parce qu'il date, le débat (très inégal) entre Bultmann et Cullmann a le mérite de montrer la résurgence d'une problématique dans des paradigmes différents: l'"existentialisme" bultmannien est assurément anachronique par rapport à l'"éternité-au-présent" du johannisme, comme l'"historicisme" cullmannien est décalé par rapport à celui de Luc-Actes, et pourtant il y a indéniablement dans leur opposition au XXe siècle des enjeux analogues à ceux qui se jouent dans les textes du NT -- autrement dit, une "forme" ne se repère et ne se reconnaît que par sa trans-formation. |
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| Sujet: Re: eschatologie banalisée Jeu 21 Fév 2019, 17:17 | |
| - Citation :
- Même s'il date, ou justement parce qu'il date, le débat (très inégal) entre Bultmann et Cullmann a le mérite de montrer la résurgence d'une problématique dans des paradigmes différents: l'"existentialisme" bultmannien est assurément anachronique par rapport à l'"éternité-au-présent" du johannisme, comme l'"historicisme" cullmannien est décalé par rapport à celui de Luc-Actes, et pourtant il y a indéniablement dans leur opposition au XXe siècle des enjeux analogues à ceux qui se jouent dans les textes du NT -- autrement dit, une "forme" ne se repère et ne se reconnaît que par sa trans-formation.
Cet article m'a permis de découvrir le texte de Col 3, 1-4 et sa formule " votre vie est cachée avec le Christ en Dieu" : " Si donc vous vous êtes réveillés avec le Christ, cherchez les choses d'en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu. Pensez à ce qui est en haut, et non pas à ce qui est sur la terre. Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Quand le Christ, votre vie, se manifestera, alors vous aussi vous vous manifesterez avec lui, dans la gloire." Sur le thème de la mort dans le Christ chez Paul, voir aussi Rm 7,4; 2Co 5,14-21; ainsi que Ga 2,19-20 et notes à cette page. - Mort juridiquement avec le Christ sur la croix, c'est dans le Christ, son représentant, que le croyant vit. Il n'a donc pas besoin de passer par des êtres intermédiaires (les "puissances célestes") ou des pratiques ascétiques pour accéder à la présence de Dieu. C'est seulement lors de la venue glorieuse du Christ que le croyant deviendra ce qu'il est déjà dans le Christ: ressuscité. https://m.y-mailliet-le-penven.org/EPITRES-PAULINIENNES-4.html |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: eschatologie banalisée Ven 22 Fév 2019, 00:18 | |
| J'avais évoqué Colossiens 3 pour sa similitude avec 1 Jean 3 (supra 20.2.2019, 11 h 28) -- c'est aussi l'un des textes qui ont le plus marqué ma sortie du jéhovisme.
Par rapport au(x) paulinisme(s) antérieur(s), on quitte ici tout "juridisme" et toute eschatologie de la "transformation": être manifesté (tel qu'on EST déjà en secret), ce n'est précisément pas "devenir" (autre chose). Dans l'épître aux Colossiens, le schéma dominant participe à la fois du "mystère" et de la "gnose"; celle-ci sera progressivement distinguée et écartée du "mystère", d'abord en douceur dans Ephésiens, puis très violemment dans les Pastorales (Timothée-Tite). Mais toute pensée de la "révélation" ramène nécessairement dans ces parages. |
| | | free
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| Sujet: Re: eschatologie banalisée Lun 25 Fév 2019, 12:15 | |
| Les paraboles des évangiles (La parabole de l'esclave digne de confiance, la parabole des dix vierges, la parabole des talents) incitent à la vigilance et à l'action, or la parabole des ouvriers de la dernière heure (Mt 20), concerne des individus qui sont sur "la place sans rien faire" ("Pourquoi êtes-vous restés là tout le jour, sans travail ?”) et qui sont embauchés à toutes heures, même à la "onzième heure", c'est à dire en fin de journée, pourtant ils reçoivent la même rétribution que ceux qui ont été embauchés en début de journée. La parabole se conclut par cette maxime : "C'est ainsi que les derniers seront premiers et les premiers derniers". On peut constater que cette maxime, dans sa forme, semble établir une règle, le changement attendu ne se produira pas seulement dans un certain nombre de cas, ou même dans un grand nombre, mais ce sera la règle, dans tous les cas indistinctement.
Que comprendre de ce récit ou les salaires sont égaux pour des prestations de travail très inégales et des paroles de maitre : "Je veux donner à celui qui est le dernier autant qu'à toi. Ne m'est-il pas permis de faire de mes biens ce que je veux ? Ou bien verrais-tu d'un mauvais œil que je sois bon ?" ?
Cette histoire souligne l'idée que les personnes peuvent être opportunistes et saisir la chance du salut, tant qu'il est possible, même s'ils ont été négligeants.
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| | | Narkissos
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| Sujet: Re: eschatologie banalisée Lun 25 Fév 2019, 13:49 | |
| Nous avons souvent évoqué et commenté cette parabole sous divers angles, en rapport avec toute sorte de sujets; je me contenterai de rappeler ici que l'effet de surprise (d'émerveillement ou de scandale, selon le point de vue de l'"œil mauvais" = jaloux, envieux, avare ou "bon" = généreux) dépend d'un jeu subtil de savoir et d'ignorance: comme pour les "moutons et chèvres" du chapitre 25 p. ex, le lecteur apprend -- et donc sait en principe, au moins dès la deuxième lecture -- ce que les personnages ne doivent en aucun cas savoir jusqu'à la dernière minute, pour que l'histoire fonctionne. Même la relecture ou la répétition de l'histoire ne fonctionne qu'à la condition que le lecteur, ou l'auditeur, oublie ou joue à oublier ce qu'il sait pertinemment, pour l'avoir déjà lue ou entendue -- comme on le fait à chaque fois qu'on relit un roman ou qu'on revoit un film en se laissant à nouveau surprendre alors même qu'on en connaît la fin. Paradoxalement, tirer une "leçon" ou un "savoir" permanent de ce genre d'histoire ce serait se mettre hors d'état de l'entendre: le savoir déjouerait l'histoire, mais l'histoire même déjoue sa propre "leçon". (Pour mémoire, la maxime des "premiers-derniers", Marc 9,35; 10,31 etc., n'est qu'illustrée, cf. Matthieu 19,30 -- sous un de ses aspects inattendus, l'égalité par la non-proportion du salaire au travail, soit une version anti-paulinienne de la "grâce" qui reste liée à l'œuvre, mais non à sa "quantité" -- par la parabole matthéenne; et fort logiquement les "ouvriers de la onzième heure" ont une excellente excuse, v. 7: personne ne les a embauchés; illustration remarquable, mais qui n'épuise ni le sens, ni l'ambiguïté, ni la puissance de renversement infini de la formule.) |
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Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: eschatologie banalisée Lun 25 Fév 2019, 14:07 | |
| La parabole des dix vierges indique : "Comme le marié tardait, toutes s'assoupirent et s'endormirent" (25,5), ainsi les vierges avisées comme les insensées ne parviennent pas a veiller, les vierges avisées se démarquent par le fait qu'elles ont été prévoyantes, pas par leur vigilance. |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: eschatologie banalisée Lun 25 Fév 2019, 14:37 | |
| En effet, l'évangile -- c'est sans doute plus un effet général de l'écriture qu'une "intention d'auteur" -- joue sans cesse avec ses propres "leçons". Vigilance pour ne pas être surpris, mais on sera quand même surpris (ça me rappelle inopinément un vieille parodie grolandaise de publicité sanitaire: la surprise tue, abolissons la surprise). La prévoyance supplée ici au défaut de la vigilance, ailleurs c'est le contraire (le maître doit rester éveillé parce qu'il ne peut pas prévoir l'heure d'arrivée du voleur). Et si l'on glisse du "genre" de la parabole à d'autres (?) formes de récit, on peut penser à Gethsémané (où tous les disciples s'endorment) ou à la tempête apaisée (où Jésus lui-même dort). |
| | | free
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| Sujet: Re: eschatologie banalisée Lun 25 Fév 2019, 15:00 | |
| - Narkissos a écrit:
- En effet, l'évangile -- c'est sans doute plus un effet général de l'écriture qu'une "intention d'auteur" -- joue sans cesse avec ses propres "leçons". Vigilance pour ne pas être surpris, mais on sera quand même surpris (ça me rappelle inopinément un vieille parodie grolandaise de publicité sanitaire: la surprise tue, abolissons la surprise). La prévoyance supplée ici au défaut de la vigilance, ailleurs c'est le contraire (le maître doit rester éveillé parce qu'il ne peut pas prévoir l'heure d'arrivée du voleur). Et si l'on glisse du "genre" de la parabole à d'autres (?) formes de récit, on peut penser à Gethsémané (où tous les disciples s'endorment) ou à la tempête apaisée (où Jésus lui-même dort).
"Pour la troisième fois, il vient ; il leur dit : « Continuez à dormir et reposez-vous ! C’en est fait. L’heure est venue : voici que le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs." Mc 14,41 Mathieu et Marc mettent les mêmes paroles dans la bouche de Jésus : « Continuez à dormir et reposez-vous ! » (Mc 14,41 ; Mt 26,45) C’est la phrase tout à fait étonnante qui est à l’origine de ma réflexion : Jésus enjoignant à ses apôtres d’aller dormir et de se reposer. C’est une phrase assez difficile à comprendre, notamment parce que Jésus avait initialement demandé à ses apôtres de veiller avec lui : « “Mon âme est triste à en mourir. Demeurez ici et veillez avec moi” » (Mt 26,38). Les exégètes résolvent la contradiction apparente de deux manières, auxquelles les notes de la TOB font écho. Première solution : le sommeil auquel les apôtres peuvent maintenant s’abandonner est le signe de leur échec. Je cite la note à laquelle la TOB renvoie le lecteur pour expliquer Mt 26,45 : « En ne veillant pas pour prier, les disciples ont montré qu’ils ne sont pas prêts face à l’heure de la tentation qui vient ; le sommeil auquel ils peuvent se laisser aller désormais signifie qu’ils ont abandonné la lutte ». La deuxième solution à laquelle ont recours les exégètes pour expliquer la phrase de Jésus « Continuez à dormir et reposez-vous ! » consiste à invoquer… l’ironie. Je cite la note de la TOB (pour Mc 14,41) : « […] cet ordre pourrait signifier il n’est plus nécessaire de veiller, mais il a probablement une nuance ironique. Autres traductions : Vous dormez maintenant et vous vous reposez ! ou : Êtes-vous en train de dormir et de vous reposer ? »Ainsi, on le voit, il semble intolérable d’admettre que Jésus ait pu réellement envoyer ses disciples dormir. Cette injonction à dormir et à se reposer est difficile à entendre si on la situe, comme je propose de le faire, à un niveau proprement métaphysique : la vie chrétienne et, en général, la vie philosophique ne devraient-elles pas être une vie éveillée ? La vigilance n’est-elle pas un trait caractéristique de l’existence chrétienne ?Ainsi, dans l’Évangile de Marc :"Prenez garde, restez éveillés, car vous ne savez pas quand ce sera le moment. C’est comme un homme qui part en voyage : il a laissé sa maison, confié à ses serviteurs l’autorité, à chacun sa tâche, et il a donné au portier l’ordre de veiller. Veillez donc, car vous ne savez pas quand le maître de la maison va venir, le soir ou au milieu de la nuit, au chant du coq ou le matin, de peur qu’il n’arrive à l’improviste et ne vous trouve en train de dormir. Ce que je vous dis, je le dis à tous : veillez" (Mc 13,33-37).Comment imaginer que Jésus ait voulu des disciples « endormis » ? Dans le cadre du récit de Marc et de Mathieu, l’injonction à dormir est d’autant plus difficile à comprendre qu’elle est immédiatement suivie, dans le texte, d’une injonction… à se lever (Mc 14,42 ; Mt 26,46).Emporté dans un va-et-vient constant entre un lieu à l’écart (pour prier) et les apôtres, incapable de rester en place une minute, Jésus apparaît comme celui qui assume le pôle actif, celui de Marthe : il apparaît comme un « agité », un homme d’action, pris dans son angoisse et ne pouvant s’empêcher de bouger, d’agir. À l’inverse, les apôtres occupent le pôle contemplatif ; par leur sommeil, ils assument la part de la passivité. Marie était immobile, presque couchée, assise aux pieds de Jésus, suspendue à ses lèvres, vivant de sa seule parole, au-delà du régime des besoins. Les apôtres, dans leur sommeil, vivent dans le même ordre d’abandon ; ils ont choisi la « part de Marie », la « bonne part » donc. Leur sommeil n’est pas une trahison mais le signe même de leur foi, de leur confiance en Dieu, de leur soumission à la volonté du Père, de leur abandon confiant.Ainsi, l’épisode de Gethsémani ne parlerait pas de la faiblesse des apôtres, incapables de veiller avec leur maître, mais de la conversion de Jésus au sommeil. Les contradictions que l’on a relevées dans le texte évangélique seraient plutôt les indices du chemin parcouru par Jésus, au fil de ses trois visites aux apôtres endormis : d’abord il reproche à Pierre de ne pas avoir veillé avec lui ; ensuite, il se contente de constater que les apôtres dorment encore ; et enfin, à la troisième reprise, Jésus demande à ses apôtres de dormir. Ce qui change de valeur dans ce parcours, c’est bien le sommeil, qui acquiert progressivement une positivité aux yeux de Jésus. https://www.erudit.org/fr/revues/ltp/2015-v71-n1-ltp02142/1033686ar.pdf |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: eschatologie banalisée Lun 25 Fév 2019, 17:37 | |
| Excellent article -- avec lequel je me sens tellement d' accord que je me félicite de ne pas l'avoir écrit ! Cf., au hasard, ici, là, là, là, là, là, ou encore là ou là. |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: eschatologie banalisée Mar 26 Fév 2019, 12:33 | |
| "Il disait encore aux foules : Quand vous voyez un nuage se lever à l'ouest, vous dites aussitôt : « La pluie vient. » Et cela arrive. Et quand c'est le vent du sud qui souffle, vous dites : « Il va faire chaud. » Et cela arrive. Hypocrites, vous savez apprécier l'aspect de la terre et du ciel ; comment pouvez-vous ne pas savoir apprécier ce temps-ci ? " Luc 12, 54-56
La banalité de l'attente de la Parousie peut se situer dans le fait que celle-ci se déroule déjà sous les yeux des croyants, sans éclat particulier, ce qui est attendu est déjà venu, est déjà en train de se réaliser au "temps présent" (TOB). On a déjà abordé ce thème mais le texte ci-dessus apporte un élément supplémentaire. Luc 12,54-56 ; me semble être le contre-pied de Mt 24, 32-33 :
"Laissez-vous instruire par la parabole tirée du figuier. Dès que ses branches deviennent tendres et que les feuilles poussent, vous savez que l'été est proche. De même, vous aussi, quand vous verrez tout cela, sachez qu'il est proche, aux portes."
|
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: eschatologie banalisée Mar 26 Fév 2019, 13:27 | |
| Je ne suis pas sûr que ce soit contradictoire, puisque d'une part Luc 12,54ss a son pendant en Matthieu 16,1ss (avec les "signes des temps" au lieu de "ce temps-ci", kairos dans les deux cas; mais il s'agit toujours de discerner dans un signe présent l'annonce d'un futur, le "temps" qu'il va faire comme on dit en français pour la "météorologie", weather etc.), et d'autre part Matthieu 24,32ss (qui vient de Marc 13, les feuilles du figuier comme signe annonciateur ou concomitant de l'été) en Luc 21,29ss. Au chapitre 12 plus encore qu'au chapitre 17 Luc collectionne les logia en tout genre sans faire beaucoup d'effort pour les organiser en profondeur ou même pour leur donner un semblant d'interprétation.
L'"historicisme" général de Luc-Actes, au fond, est tout aussi incompatible avec une eschatologie "réalisée" (actualisée, intériorisée, spiritualisée = réinterprétée sur un mode non eschatologique en fait) qu'avec une eschatologie "réaliste" et imminente. Ce qu'il lui faut, c'est une eschatologie future mais indéfiniment extensible pour installer le temps de l'Eglise entre celui de Jésus et celui de son retour (qu'on n'est pas franchement pressé de voir venir, mais auquel on ne peut pas renoncer non plus, sans quoi le "temps présent" y perdrait tout son sens). C'est effectivement l'eschatologie qui nous paraît la plus "banale" pour la bonne raison que c'est celle qui a "gagné", qui l'a historiquement emporté sur toutes les autres, qui a fait l'histoire, tout au moins dominante, du christianisme et de notre civilisation. |
| | | free
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| Sujet: Re: eschatologie banalisée Mar 26 Fév 2019, 14:58 | |
| - Citation :
- Cf., au hasard, ici, là, là, là, là, là, ou encore là ou là.
Parmi tous ces liens, il me semble que nous avions abordé le texte d'Ésaïe (30,15) : "Car ainsi parle le Seigneur DIEU, le Saint d'Israël : C'est en faisant demi-tour et en vous reposant que vous seriez sauvés, c'est dans la tranquillité et la confiance que serait votre force. Mais vous ne l'avez pas voulu !"ET" Va, mon peuple, entre dans tes appartements et ferme tes portes sur toi ; cache-toi pour quelques instants jusqu'à ce que la fureur soit passée." Es 26,20 |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: eschatologie banalisée Mar 26 Fév 2019, 15:23 | |
| Isaïe 30 était en effet évoqué dès le premier lien (sans préjudice des autres).
Ces textes "prophétiques", même s'ils ne sont pas encore strictement "eschatologiques" dans leur contexte initial (pour autant qu'il s'agit de victoires ou de délivrances "historiques" ou imaginées comme telles dans une histoire qui continue, non d'une "fin du monde" ni d'une "fin de l'histoire"), le deviendront forcément dans leurs relectures "apocalyptiques" (dans la composition complexe du livre d'Isaïe, on est déjà plus près d'une "eschatologie" et d'une "apocalypse" au chapitre 26 qu'au chapitre 30). Ils ont par ailleurs partie liée avec un tout autre "genre" de textes, narratifs et militaires, ceux qui préfèrent le "miracle" à la "stratégie", autrement dit qui réduisent au maximum la participation humaine, par la force ou par la ruse, aux "victoires" de Yahvé ou d'Israël (cf. Jéricho etc.). Reste que la question "agir ou ne rien faire" traverse tous les "genres" littéraires, (pseudo-)"historique", "prophétique" ou "apocalyptique" (je repense au dialogue de Mme et M. Molyneux dans Drôle de drame: "Il faut prendre une décision ! -- Eh bien, prenons une décision, pourquoi pas ?"). |
| | | free
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| Sujet: Re: eschatologie banalisée Mar 26 Fév 2019, 16:49 | |
| "Il dit encore : A quoi comparerai-je le règne de Dieu ? Voici à quoi il est semblable : du levain qu'une femme a pris et introduit dans trois séas de farine, jusqu'à ce que tout ait levé." Luc 13, 20-21
De nombreux croyants pensent que la période d'attente de la Parousie se caractérise par une évangélisation débordante, remarquable et remarquée. La parabole de Luc 13, compare le règne de Dieu à une petite quantité de levain, qui semble insignifiante par rapport à cette masse de farine mais qui fait levé la pâte, indique que l'activité des croyant peut avoir une apparence décevante, anodine et pourtant représenter le commencement de l'intervention divine qui aboutira infailliblement à une transformation totale du monde présent. Dieu se sert d'un événement apparemment minime pour opérer le changement attendu. La présence du règne de Dieu peut revêtir un caractère secret et voilé. |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: eschatologie banalisée Mar 26 Fév 2019, 17:09 | |
| Tout dépend du poids qu'on accorde à l'introduction plus ou moins stéréotypée des paraboles, qui les transforme d'office en "allégories" de quelque chose, en l'occurrence du "règne (ou royaume) de Dieu" -- et de l'interprétation qu'on fait de cette dernière formule. Il y a forcément dans une parabole comme dans n'importe quel récit une sorte d'"eschatologie" élémentaire, dans ce sens qu'il s'agit d'un processus qui va (ou procède) d'un début (ici le levain) vers une fin (la pâte levée, ou les pains). Mais que cela doive ou non être rattaché à une "eschatologie" au sens ordinaire, à l'horizon d'une "fin du monde", seul le contexte en décide au cas par cas. Et le contexte diffère selon qu'on lit la "parabole" avec ou sans l'introduction allégorisante, dans le cadre de tel ou tel évangile, etc. P. ex., la même parabole du levain fonctionne parfaitement dans l'Evangile selon Thomas (96) dont l'eschatologie est quasiment inexistante -- même référée au "royaume-règne de Dieu" puisque celui-ci est totalement spiritualisé (cf. 3, 113 <=> Luc 17,20s). |
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| Sujet: Re: eschatologie banalisée Jeu 16 Avr 2020, 16:17 | |
| Nathan voyait loin et faisait sans arrêt des projets en vue d’un accroissement futur. Certains jugeaient cela inopportun, car on croyait la fin du système de choses imminente. Un jour, un frère qui avait vu le planning de Nathan lui a demandé : “ Qu’est-ce que cela veut dire, frère Knorr ? Tu n’as donc pas de foi ? ” À quoi Nathan a répondu : “ J’ai foi, mais si la fin ne vient pas aussi vite que nous l’espérons, nous serons prêts. ” https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/2004485#h=1:0-70:28
Comme Narkissos, l'a souvent fait remarqué, pour les TdJ, attendre la fin imminente, c'est un jeu, ils jouent à faire semblant de croire à la proximité de la fin, sans vraiment y croire. |
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