Moïse médiateur et prophète incomparables ?

Comme on l'a déjà signalé plus haut (30.1.2021), "Moïse" apparaît bien dans le trito-Isaïe (63,11s).

On revient au paradoxe général (cf. ici 10.2.2021), qui ne pouvait probablement pas s'exprimer ainsi dans les années 1960 et dans un séminaire catholique, mais qui s'y pensait sans doute déjà à mots couverts, que le second précède le premier auquel pourtant il se réfère -- qu'il s'agisse d'exil et d'exode, de servitude et de libération (Babylone avant l'Egypte, dans l'ordre historico-littéraire inverse à celui de l'"histoire sainte" qu'il instaure), ou encore de création (création du nouvel Israël dans le deutéro-Isaïe, et même nouvelle création eschatologique dans le trito-Isaïe, avant la création initiale du monde dans la Genèse; revoir éventuellement ceci).

Citation :

Comme on l'a déjà signalé plus haut (30.1.2021), "Moïse" apparaît bien dans le trito-Isaïe (63,11s).

Je suis étourdi ...


Le souvenir de la relation privilégiée de Dieu avec son peuple au désert a engendré une idéalisation de cette époque. Le prophète Élie, craignant tomber dans le désespoir, se rend a l'Horeb, là même où la Loi fut donnée à Moïse. Comme le peuple, il reçoit de Dieu sa nourriture et marche quarante jours et quarante nuits, rappelant les quarante années de la traversée du désert. Il rencontre alors Yahvé qui le confirme dans sa mission (1 Rois 19, 1-18). http://www.interbible.org/interBible/ecritures/symboles/2002/sym_021217.htm

Avec le nombre de textes qu'on peut brasser sur ce genre de sujet, c'est excusable !

Malgré les points de contact évidents entre 1 Rois 19 et l'Exode (Horeb, la montagne, la caverne, les quarante jours, etc.), il n'y a aucune référence explicite de l'un à l'autre -- rien qui indique expressément, dans le récit des Rois, que ce qui arrive à Elie soit déjà arrivé à quelqu'un d'autre: l'intertextualité fonctionne, bien entendu, dans la tête du lecteur ancien ou moderne qui connaît les deux textes, mais les conclusions qu'il en tire, sur leur relation chrono-logique en particulier dans une approche critique (car dans la récitation du grand récit de l'"histoire sainte" il est clair qu'Elie "répète" Moïse, quoiqu'il n'ait pas l'air de le savoir), n'engagent que lui...

On peut noter au passage qu'Amos 5,25ss (première citation de ton lien) semble contredire la tradition du culte au désert selon la Torah, et que sa reprise dans le discours de l'"helléniste" Etienne en Actes 7, suivant une traduction sensiblement différente qui dépend pour l'essentiel de la Septante, discrédite bien plus radicalement encore l'ensemble du rituel, de la tente-tabernacle au(x) temple(s). Témoin indirect (par le filtre des Actes) d'une tendance "judéo-hellénistique" plus "révolutionnaire" que celle de Philon, que celui-ci évoque aussi tout en la réprouvant, la question critique étant de savoir si l'interprétation morale, spirituelle, philosophique ou allégorique de la Torah s'ajoute ou se substitue à son observance littérale, voire si les deux sont ou non compatibles.