inter-minables

Karim Kattan, écrivain palestinien revient sur la situation à Gaza - En Société du 3 mars 2024

https://www.youtube.com/watch?v=NrNMqRN5zQs

La pénurie alimentaire était déjà organisée par Israël concernant la bande de Gaza, elle n'a pas démarrée le 07 octobre.

Le service public compense en partie le silence assourdissant de certains chaines dites d'informations concerne le drame qui se joue à Gaza.

Tout commentaire paraît obscène, il le serait presque par définition... mais il n'est peut-être pas indifférent qu'en la circonstance, en plus de l'être il le paraisse...

Ce serait encore une "chance", médiatique, par rapport à tant d'horreurs, africaines ou asiatiques par exemple, qui ne l'ont pas...

Citation :

Ce serait encore une "chance", médiatique, par rapport à tant d'horreurs, africaines ou asiatiques par exemple, qui ne l'ont pas...

RDC : 6 MILLIONS DE MORTS, ET UNE GUERRE QUI DURE DEPUIS 30 ANS

https://www.youtube.com/watch?v=LE_ZVLBJ5Mk

Sur GAZA :

“UNE HUMILIATION!”

https://www.youtube.com/watch?v=4QINnUH337c

(Même dans le genre racoleur, il y a d'énormes différences de qualité entre les chaînes YouTube...)

La décolonisation a été aussi coloniale, voire plus, que la colonisation, puisqu'elle n'a fait que s'approprier (en partie) les concepts et les méthodes politiques, économiques, scientifiques, techniques de l'"Occident", au détriment de toutes les traditions locales. A commencer par les frontières d'Etats-nations tracées d'après celles des ancienne colonies. Que les influences extérieures soient aujourd'hui européennes, américaines, russes ou chinoises, à cet égard ça ne change plus grand-chose: elles sont toutes étrangères et à divers titres héritières du même modèle de "modernité" (occidentale), même quand elles sont portées par des "élites locales" formées à l'occidentale. On ne peut même plus distinguer les "bons" des "méchants", dès lors que l'humanitaire et le militaire, l'exploitant exploiteur et le bienfaiteur sortent tous du même moule et que leurs actions s'entrecroisent, font système, se confortent même en s'opposant. De l'évangile chrétien des missionnaires d'antan flanqués de militaires et de colons à l'évangile des droits de l'homme avec ses coopérants en tout genre, médecins, mercenaires, marchands de canons et techniciens du "développement", il y a une continuité de la bonne et de la mauvaise conscience qui coopèrent à la destruction inexorable de toute différence effective d'une "culture" à l'autre, même quand elle prétend sauvegarder les différences. L'histoire est inextricable.

En ce qui concerne Gaza, un "échec" avéré des objectifs affichés par Israël ne fera que souligner l'absurdité de tout le massacre, bien que l'échec ait été prévisible dès le début, inscrit dans l'hypocrisie même qui consistait à désigner comme l'ennemi à détruire celui qu'on avait soi-même installé au pouvoir (ça aussi c'est un schéma qui se répète dans une histoire qui ne se répète jamais). Mais la honte sera encore pire pour les observateurs occidentaux qui ont soutenu mordicus Israël au début, puis avec de plus en plus de gêne et de réserve au fil des semaines et des mois, sans jamais rien faire pour arrêter le carnage même quand il ne pouvait plus prétendre à aucune utilité.

GAZA, IVG : PRIX NOBEL DE LA MAUVAISE FOI MACRONISTE POUR YAËL BRAUN-PIVET

https://www.youtube.com/watch?v=nRdJlX4Wyn8


Une manière d'aborder l'introduction dans la constitution de l'IVG et l'opportunisme de certains qui épousent la direction du vent et renient leurs positions "conservatrices".

Je ne vois pas forcément de mauvaise foi dans un changement d'avis (metanoïa !), qu'il soit ou non motivé par un changement de situation...

"On a oublié deux choses dans la déclaration des droits de l'homme : le droit de se contredire, et le droit de s'en aller." (Jean Eustache, La maman et la putain.) Les politiques abusent peut-être du premier, mais ils n'usent guère du second (y compris à LFI)...

Rien qu'en mêlant deux sujets aussi éloignés que Gaza et la constitutionnalisation franco-française de l'IVG, sous prétexte qu'ils se retrouvent contradictoirement dans la même bouche qui se trouve être celle d'une macroniste, d'une femme, d'une juive, et d'autant d'étiquettes catégorielles qu'on pourra lui coller, ce qui reste de la "gauche" témoigne de sa désorientation sociétale, non sans une certaine dose de "mauvaise foi". Et cela fait aussi le jeu du pouvoir, qui oblige ceux qui le sifflent sur un sujet à l'applaudir sur l'autre, sans qu'ils soient désormais capables de faire une différence axiologique, éthique ou politique, entre les deux (alors qu'il y a un "sujet" qui dans l'immédiat ne menace ni ne protège personne, et un autre qui tue des centaines de femmes et d'enfants tous les jours).

La "convergence des luttes", c'est en somme le reflet de l'"en même temps" macronien, qui en mettant toutes les "causes" sur le même plan empêche de hiérarchiser quoi que ce soit.

« Pas de limite face à la Russie » : les députés votent le soutien à l’Ukraine au terme d’un débat électrique

L’accord de sécurité signé entre Paris et Kiev a été majoritairement approuvé ce mardi à l’Assemblée, malgré l’abstention du groupe RN et les votes contre des Insoumis et des communistes. Emmanuel Macron a prévu de s’exprimer sur l’Ukraine jeudi à 20 heures.

Le vote avait beau être symbolique, il était très scruté, et pas seulement en France. Ce mardi 12 mars au soir, après plus de deux heures et demie d’un débat électrique, les députés ont largement approuvé l’accord bilatéral de sécurité signé le 16 février dernier entre Emmanuel Macron et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky. Ainsi, 372 députés ont voté pour, 99 contre (les groupes LFI et communiste) et 101 se sont abstenus (dont le groupe RN).

Deux ans après le début de l’invasion russe, les macronistes tenaient à ce vote non contraignant pour obliger Rassemblement national et Insoumis à assumer publiquement leurs positions, s’attirant en retour des accusations d’« instrumentalisation », à trois mois d’élections européennes qui s’annoncent délicates pour le camp présidentiel.

« Il y a une différence entre le soutien militaire et la cobelligérance »

D’emblée, prenant la parole dans un hémicycle clairsemé, le Premier ministre a d’ailleurs ciblé ses deux adversaires politiques. « S’abstenir, c’est fuir ses responsabilités devant l’histoire », a lancé Gabriel Attal en direction du RN. « Voter contre, c’est donner à Vladimir Poutine tous les arguments et un signal qu’il attend », a-t-il adressé aux Insoumis.

Évoquant « un moment de bascule » du conflit, le locataire de Matignon a mis en garde contre les risques, aujourd’hui « concrets » et « tangibles », d’une victoire de la Russie, évoquant « un cataclysme » sur le pouvoir d’achat. « Les Français vivraient moins bien avec des aliments plus chers, de l’énergie plus coûteuse, une insécurité croissante », a encore alerté Gabriel Attal. Avant de réitérer le soutien plein et entier de la France aux Ukrainiens : « Nous ne nous fixons pas de limite face à la Russie qui, elle, n’en fixe aucune ».

Mais le Premier ministre a néanmoins pris le soin de préciser qu’« il y a une différence entre le soutien militaire et la cobelligérance ». Une allusion directe aux accusations des oppositions faisant suite aux déclarations d’Emmanuel Macron, le 26 février, qui n’avait pas écarté la possibilité d’envoyer des troupes au sol en Ukraine.

C’est d’ailleurs sur ce thème que Marine Le Pen a décoché ses flèches les plus acérées, taclant « les annonces guerrières » du président de la République, avant d’accuser le gouvernement de placer les oppositions devant « un choix indigne » dans un but « électoraliste » : « Soit on est pro Macron, soit on est accusé d’être pro Poutine. »

« Ce dont l’Ukraine a besoin, ce ne sont pas des mots aventureux du président de la République, mais d’obus »
Prenant la parole pour le groupe LFI, le député Arnaud Le Gall a expliqué refuser « de signer un chèque en blanc après les déclarations de va-t-en-guerre irresponsables du chef de l’État », appelant à une solution diplomatique et repoussant la perspective d’une adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne et à l’Otan. Même vote contre de la part des communistes, qui, par la voix de Fabien Roussel, ont repoussé un accord « qui ne trace aucune ligne rouge, ne donne aucune perspective de paix » et « peut précipiter notre pays dans la guerre ».

https://www.leparisien.fr/politique/pas-de-limite-face-a-la-russie-les-deputes-votent-le-soutien-a-lukraine-au-terme-dun-debat-electrique-12-03-2024-4FVSLZL77NBPLBIPYBAAM3YHLM.php

Par la coïncidence de mon histoire personnelle, jéhoviste et chrétienne, et d'une tendance générale de ma génération, j'ai toujours été pacifiste et antimilitariste, presque par réflexe... mais je vois tout de même un summum d'absurdité dans la position de ceux qui prétendent assumer une puissance militaire, nucléaire de surcroît, et qui reculent devant tout conflit.

Je ne sais plus si je l'ai écrit, mais je l'ai pensé dès le jour de l'invasion russe, peut-être même un peu avant: si au lieu d'annoncer à l'avance que l'OTAN ne s'opposerait pas militairement à une invasion russe de l'Ukraine, l'Occident, à commencer par les Etats-Unis de Biden, avait annoncé le contraire; si le cas échéant il avait bombardé les convois russes dès la minute de leur entrée en Ukraine, cette guerre n'aurait peut-être jamais eu lieu, ou elle se serait aussitôt arrêtée. Evidemment c'est désormais de l'irréel du passé, on n'en saura plus jamais rien, et toujours à l'irréel c'eût aussi été prendre le risque d'une escalade. Mais si on en refuse le principe il n'y a plus le moindre sens à parler de défense, ni à entretenir des armées et un arsenal: quelles que soient les "lignes rouges" que l'on prétend se fixer on est assuré de reculer toujours... Autant vaudrait pour l'Etat se déclarer pacifiste et antimilitariste intégral, liquider ses armées et son armement, ouvrir ses frontières à toute invasion en comptant seulement sur la résistance spontanée des populations et sur l'épuisement des envahisseurs. Mais si l'Etat ne donne plus l'illusion de protéger, quand même il ne protège effectivement personne, il n'y a tout simplement plus d'Etat (cf. Carl Schmitt).

A notre toute petite échelle, c'est intéressant de relire l'irruption de l'Ukraine sur la première section de ce fil, en février 2022: mon post du 26.2.2022 est à première vue ce qui se rapproche le plus de ce que je tentais d'exprimer dans le paragraphe précédent.

Revenant de voyage, une croisière autour des Emirats Arabes Unis et un petit séjour à Istanbul la lecture, rapide, des journaux et celle de vos échanges m'apparaissent sous une lueur différente que celle perçue dans ces contrées lointaines.

A Dubaï comme à Abou Dhabi et Istanbul ainsi que sur le bateau les ressortissants russes se sentent comme des poissons dans l'eau. A tel point qu'il est facile d'en oublier les évènements touchant à l'Ukraine.
Ces pays musulmans de confession ne semble pas se faire trop de soucis pour les gazaouis.

Sommes-nous [les pays occidentaux] donc les seuls à observer la marche des évènements mondiaux? Les réponses que nous hésitons à apporter aux questions que nous nous posons sont-elles les bonnes?

Narkissos a déjà apporté un élément de réponse important :

Narkissos a écrit:

Je ne sais plus si je l'ai écrit, mais je l'ai pensé dès le jour de l'invasion russe, peut-être même un peu avant: si au lieu d'annoncer à l'avance que l'OTAN ne s'opposerait pas militairement à une invasion russe de l'Ukraine, l'Occident, à commencer par les Etats-Unis de Biden, avait annoncé le contraire; si le cas échéant il avait bombardé les convois russes dès la minute de leur entrée en Ukraine, cette guerre n'aurait peut-être jamais eu lieu, ou elle se serait aussitôt arrêtée. Evidemment c'est désormais de l'irréel du passé, on n'en saura plus jamais rien, et toujours à l'irréel c'eût aussi été prendre le risque d'une escalade.

Mais oui tu as raison Narkissos sans doute porté par une envie de ne pas vouloir croire à une entrée en guerre de la Russie tout le monde a pris soin de parler avec courtoisie et prudence au futur envahisseur, comme si l'on était prêt à rejouer un Remak du traité de Munich 1938 autour de M. Hitler lorsque l'on traita ce dernier comme un dirigeant politique honorable. On connait la suite.

Loin de moi de vouloir comparer ce que ne peut être comparé, mais il convient de se dire que décidément l'histoire contemporaine semble comporter des épisodes qui ont un air familial fâcheux et que ne mettent pas à l'honneur leurs participants.

Alors maintenant il est évidement venu le temps des déclarations au ton martial, mais c'est un peu tard pour les malheureux ukrainiens et aussi pour rassurer les citoyens des divers pays européens qui se posent des questions quant à la couardise de leurs dirigeants et leurs promesses "élastiques".

Que retiendra l'histoire de cet épisode (l'Ukraine) quand il sera terminé, car il se terminera bien un jour?
Pour Gaza notre lâcheté est une marque indélébile, comme l'étoile jaune ou le tatouage, sur les oripeaux de nos démocraties.

Heureux de te voir de retour.

Les réactions aux "événements mondiaux" varient au moins autant selon les milieux et les classes sociales que selon les pays... -- Kierkegaard ironisait déjà dans son journal sur "l'histoire mondiale" qui occupait beaucoup le XIXe siècle européen, bourgeois et plus ou moins savant, depuis la Révolution française, Hegel et leurs suites, en détournant l'individu de son existence singulière, quoique celle-ci fût aussi déterminée par une histoire politique, une économie, une technique et des classes sociales. Dans notre intérêt pour l'Ukraine ou pour Gaza, il y a beaucoup de postures artificielles mais aussi des déterminations sociales: un prolétaire musulman de Lyon ou de Marseille ne s'intéresse pas aux Palestiniens, ni à la démocratie et aux droits de l'homme en Russie ou en Chine, comme un "bobo" d'un autre quartier de la même ville, quels que soient ses engagements politiques...

Soit dit en passant, la "couardise" est à mon avis moins le fait des dirigeants (dont la fonction n'est quand même pas de tous repos, malgré ses avantages) que de ceux qui les élisent, autrement dit de l'ensemble des populations mentalement et moralement ramollies, en "Occident", par plusieurs générations de paix et de prospérité sur leurs territoires. On ne gagnerait plus une élection avec le slogan "du sang et des larmes"... ça peut revenir vite, mais à condition qu'un conflit nous atteigne directement.

Merci Narkissos. J'ai noté que plusieurs pays européens envisagent de rétablir ou rétabli leur conscription nationale. En Suisse pays paisible s'il en est, la conscription n'a jamais été supprimée. La durée du service a été allégée, mais le service est obligatoire et résiste aux vents du pacifisme. Evoquer la suppression de ce service tient au crime de lèse-majesté. En mars 2022 le Conseil fédéral se sentait presque pousser des ailes voyant les Russes envahir l'Ukraine. Il avait eu raison de maintenir la conscription. Je ne suis pas sur que la Suisse puisse vraiment tenir longtemps face à un ennemi déterminé, mais je pense que cela a maintenu un peu le citoyen lambda dans l'idée que tout est toujours possible.

J'imagine que la Suisse doit savoir gérer aussi l'"objection de conscience", d'autant qu'avant les motifs actuels, religieux ou politiques, elle a aussi eu affaire depuis le XVIe siècle au moins à des anabaptistes, mennonites ou autres, strictement pacifistes... Comme je connais très peu la Suisse, son service militaire me rappelle surtout un film de Tanner, La Salamandre, dont le prétexte était la mort d'un réserviste tué par l'arme de service qu'il gardait chez lui: suicide, accident ou meurtre ? Outre les plaisanteries de mon enfance sur la marine suisse -- je me demandais, en entendant parler de croisière, si tu étais parti par le Rhône... je plaisante et je divague.

Plus sérieusement, le système suisse a à mes yeux ceci de bon que chacun se sent personnellement et localement responsable de son éventuelle "défense", sans se décharger de sa responsabilité immédiate sur un Etat transcendant et lointain. Quand je parlais de résistance des populations à d'éventuelles invasions, c'est un peu à ce modèle que je pensais: il y a quand même un élément libertaire dans un (con-)fédéralisme, surtout à une relativement petite échelle...

A propos de Suisse et de cinéma, je revoyais hier Ce jour-là, de Raoul Ruiz, qui était d'origine chilienne mais s'inspirait en l'occurrence de Dürrenmatt: et qui citait dans un entretien en "bonus" du DVD un propos de Dürrenmatt à Vaclav Havel, en substance: "la Suisse n'a pas de policiers, parce que tous les Suisses sont policiers; elle n'a pas de prisons, parce qu'elle est une prison; elle n'a pas de censure, parce qu'elle n'a pas d'opinion". C'était une vacherie, mais helvétique...

Bernard-Henri Lévy: Israël est laissé dans une solitude "qui me désole, qui me brise le cœur, qui est injuste"

Bernard-Henri Lévy, philosophe et auteur de "Solitude d'Israël", à paraître mercredi 20 mars aux éditions Grasset, était l'invité de Benjamin Duhamel dans C'est pas tous les jours dimanche sur BFMTV.

https://www.bfmtv.com/international/moyen-orient/israel/bernard-henri-levy-israel-est-laisse-dans-une-solitude-qui-me-desole-qui-me-brise-le-c-ur-qui-est-injuste_VN-202403170323.html

La "solitude d'Israël" me semble bien réelle mais elle correspond (à mon avis) à son positionnement ethnocentré, Israël et le reste du monde, l'existence d'Israël avant toutes choses, Israël mieux que toutes choses ... Ensuite, concernant Bernard-Henri Lévy, je dirais que c'est le "cœur" qui parle ... Justifier ce qui se passe à GAZA par ce qui s'est produit à MOSSOUL, c'est justifier le pire par le pire.

Décidément les "philosophes médiatiques" vieillissent mal...

BHL n'a probablement pas tort sur la stratégie du Hamas, mais il oublie de dire -- et son interlocuteur aussi -- que c'est précisément Israël qui a laissé sciemment le Hamas occuper la place qu'il occupe à Gaza, pour affaiblir l'Autorité palestinienne; là aussi on peut voir une certaine stratégie, à plus long terme, que le gouvernement actuel d'Israël ait ou non "laissé faire", plus ou moins consciemment l'attaque du 7 octobre dernier...

Tant que les "populations" quelles qu'elles soient voudront être "protégées", et accepteront en contrepartie d'être dirigées comme des moutons, elles ne devront pas s'étonner de finir à l'abattoir, par un chemin ou par un autre.

Offensive à Gaza, la CIJ ordonne à Israël d'assurer une aide "d'urgence" • FRANCE 24

L'offensive militaire israélienne contre le mouvement islamiste palestinien Hamas se poursuit vendredi dans la bande de Gaza alors que la Cour internationale de justice (CIJ) a ordonné à Israël d'assurer "une aide humanitaire de toute urgence" à la population civile sur place, menacée de famine. Les explications de Reed Brody, procureur international spécialisé dans les crimes de guerre.

https://www.youtube.com/watch?v=djV2cxOIAKA

Une "vie" palestinienne vaut de moins en moins cher, cela se lit en creux sur les chaînes d'"information" et les "réseaux sociaux", mais elle vaut encore plus que beaucoup d'autres "vies" totalement ignorées par le même "système"...

Vendredi "saint", dont la victime toujours expiatoire n'est jamais celle qu'on croit...

Je te remercie Narkissos d'avoir cité un propos de Dürrenmatt :

Narkissos a écrit:

un propos de Dürrenmatt à Vaclav Havel, en substance: "la Suisse n'a pas de policiers, parce que tous les Suisses sont policiers; elle n'a pas de prisons, parce qu'elle est une prison; elle n'a pas de censure, parce qu'elle n'a pas d'opinion". C'était une vacherie, mais helvétique...

Je n'ai pas eu l'occasion de lire cette remarque de Dürrenmatt avant que tu la cites. Cependant, j'ai connu la fin de l'époque qu'il évoque, les choses changent même en Suisse, en plus lentement bien entendu.

A propos de la vie à Gaza, je suis horrifié par ce semblant d'humanité qui consiste à larguer pour ne pas dire jeter de la nourriture aux habitants affamés qui se battent pour de la farine (on peut les comprendre) et parfois certains meurent dans un mouvement de foule. Pendant ce temps les "aviateurs" ont la conscience tranquille.

La citation, si l'on peut encore dire, était d'énième main, sans garantie ni prétention d'exactitude, même approximative...

Quant au second point, ceux qui pilotent des missiles ou des drones assis derrière leurs écrans (quand ce n'est pas une "intelligence artificielle" qui s'en charge), au lieu de larguer des bombes ou de la farine depuis le ciel, peuvent avoir encore meilleure conscience: plus il y a de médiation technique entre les causes, décisions, ordres, exécutions, et leurs effets, moins l'acteur à tous les niveaux se différencie du spectateur. La "conscience" apparaît de plus en plus comme une sinistre plaisanterie.

Edgar Morin répond à Meyer Habib

https://www.youtube.com/watch?v=GD66eS0oMgg


"Au vif" : Edgar Morin, l'exclu
Au soir de son exclusion, Edgar Morin se mit à sangloter.

Au soir de son exclusion, Edgar Morin se mit à sangloter. C'était "comme un malheur d'enfant, énorme et très court", écrira-t-il. Puis, s'apercevant qu'il ne perdait que de faux camarades, il se fit une raison, emplie de liberté créatrice : "Finalement, je ne me sens bien qu'avec les défroqués, les heimatlos, les cosmopolites, les exclus." Le résultat est une œuvre originale et singulière où il n'a cessé d'assumer sa condition de franc-tireur et de marginal, d'indiscipliné et d'inclassable. Cela ne va pas sans douleur cachée ni intime solitude. "Je ne suis pas des vôtres", faillit-il proclamer en titre d'une autobiographie intellectuelle, tant la reconnaissance académique n'apaisait pas son malaise intérieur. C'était en 1974, et l'auteur fêté de La Rumeur d'Orléans (1969) ou du Journal de Californie (1970) se vivait toujours comme un déviant, à part et à l'écart. Comme un éternel exclu.

A aujourd'hui 84 ans, l'âge des reconnaissances tranquilles et des retraites paisibles, il en est toujours ainsi. La notoriété, ses honneurs factices et ses allégeances opportunes n'y ont rien changé. Sa vie de penseur semble se poursuivre sous le sceau de cette première exclusion, celle du Parti communiste, en 1951, parti auquel il avait adhéré dans la Résistance. Le pressentant sans doute, il en avait lui-même élaboré la métaphore avec Autocritique (1959), analyse de sa période militante où il tente d'élucider ces "processus de pensée à partir desquels l'esprit soit justifie et rationalise, soit refoule à la périphérie, comme épiphénomènes, tout ce qui vient contredire ou contester la croyance".

*****

"Je romps avec le peuple élu, mais je demeure dans le peuple maudit", écrit Morin dans Mes démons (1994), où il se définit comme un post-marrane, incarnation moderne de ces convertis qui, sous l'Inquisition, judaïsaient en secret, "un juif non juif, un non-juif juif", ajoute-t-il. Le judaïsme n'est pas un bloc uniforme, et le réduire, selon un esprit de parti - religieux ou nationaliste -, c'est non seulement le mutiler, mais renier son apport universel. Après tout, Spinoza lui-même fut exclu de la synagogue, et sa lumière nous éclaire encore quand ses persécuteurs sont tombés dans l'oubli.

https://www.lemonde.fr/idees/article/2005/07/22/au-vif-edgar-morin-l-exclu_674453_3232.html#

Article de 2005, qui me fait sourire d'un sourire un peu amer, tant son signataire, Edwy Plenel, a fini avec Mediapart par se confondre à mes yeux -- certes peu familiers du paysage médiatique -- avec un Je suis partout "de gauche"...

Faut-il être juif pour être antisioniste sans être suspect d'antisémitisme ? Le cas d'Edgar Morin (qui est encore vivant vingt ans plus tard, mais aussi, avant même la création de l'Etat d'Israël, celui de Simone Weil qui était déjà morte en 1943) suggérerait que ce n'est pas une condition suffisante, quoique probablement nécessaire...

En entendant Meyer Habib, je me dis que le sionisme et l'Etat d'Israël ne sont pas seulement des produits (dérivés, pour ne pas dire des sous-produits) de l'antisémitisme européen (de bien avant le nazisme et la Shoah, mais relancés décisivement par celle-ci): ils en ont un besoin permanent, structurel, et font tout ce qu'il faut pour l'entretenir et le raviver artificiellement. Israël étant en un sens le couronnement de l'artificialité de l'Etat-nation moderne et technoscientifique, celui qui a tout (ré-)inventé, même sa langue et son histoire, a fortiori ses ennemis (cf. encore Carl Schmitt, antisémite notoire mais pas par "racialisme")...

« Quarante bébés décapités » : itinéraire d’une rumeur au cœur de la bataille de l’information entre Israël et le Hamas

Par William Audureau, Samuel Forey (Jérusalem, correspondance) et Assma Maad

Le 10 octobre, les comptes officiels israéliens se font le relais d’une allégation sordide, mais infondée. Six mois plus tard, celle-ci continue de circuler, alimentant les accusations de désinformation israélienne.

Après l’attaque du Hamas contre Israël qui a fait environ 1 160 victimes le 7 octobre 2023, les images du massacre ont inondé les réseaux sociaux et les médias du monde entier.

Mais dans ce flot de témoignages de meurtres, pillages, mutilations, une rumeur a pris une ampleur extraordinaire : quarante bébés décapités auraient été retrouvés dans le kibboutz Kfar Aza, l’une des localités israéliennes les plus meurtries. Ce récit, et ses variantes, a connu une viralité inédite, jusqu’à être évoqué à la Maison Blanche. Pourtant, dans l’horreur qu’a constituée ce massacre, où trente-huit mineurs dont deux nourrissons ont été tués, il n’y a jamais eu quarante bébés décapités. Ni à Kfar Aza, ni dans aucun autre kibboutz, a confirmé au Monde le bureau de presse du gouvernement israélien.

Comment cette fausse information est-elle née ? Peut-on la comparer à l’affaire des couveuses du Koweït, un récit fabriqué de toutes pièces de bébés kidnappés et massacrés, qui avait en partie servi à justifier la première guerre du Golfe ? L’enquête du Monde met en lumière une rumeur née de manière organique, d’un mélange d’émotion, de confusion et d’exagération macabre. Mais Israël n’a rien fait pour lutter contre, et a plus souvent tenté de l’instrumentaliser que de la démentir, alimentant les accusations de manipulation médiatique.

https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/04/03/quarante-bebes-decapites-itineraire-d-une-rumeur-au-c-ur-de-la-bataille-de-l-information-entre-israel-et-le-hamas_6225805_4355770.html


"BÉBÉS DÉCAPITÉS" : COMMENT LES MÉDIAS ET POLITIQUES ONT RELAYÉ LA FAKE NEWS D'ISRAËL

Qui n’a pas en tête l’histoire des 40 bébés décapités à Kfar Aza? Et bien, cette information a été démentie. Selon une enquête Le Monde, le bureau de presse du gouvernement israélien reconnaît que ces décapitations de 40 bébés n’ont jamais eu lieu. Mardi 10 octobre 2023, trois jours après l’offensive du Hamas, la journaliste de i24News, Nicole Zedeck, a indiqué que 40 bébés ont été décapités à Kfar Aza en Israël. Elle fait état de cette découverte, dans le kibboutz libéré par l’armée israélienne. Pendant plusieurs semaines et mois, les politiques et médias aliment cette rumeur et propagande mensongère.

https://www.youtube.com/watch?v=40iT4W52cis

Le vrai et le faux, comme les chiffres, comptent fort peu dans la manipulation médiatique de l'émotion. Dans leur zèle vérificateur, les fact-checkers, décodeurs et consorts, ne pensent même plus à remarquer que depuis le 7 octobre dernier l'armée israélienne a réellement tué des milliers d'enfants, de façon bien moins spectaculaire puisque ça ne s'est pas fait à mains nues ou à l'arme blanche (méthodes pourtant très "bibliques") ni sous le regard des caméras, mais par la médiation technique d'écrans d'ordinateurs et d'intelligence artificielle: de tous ces enfants-là il ne nous est parvenu que des nombres, de surcroît controversés, même pas une image mentale capable de susciter l'horreur ou l'indignation, contrairement aux "bébés décapités" fussent-ils fabriqués de toutes pièces...

Depuis longtemps déjà les médias sont au premier rang des motifs et des enjeux du "terrorisme" en tout genre -- le 11 septembre 2001 les télés du monde entier ont été pour Ben Laden des armes encore plus efficaces que les avions. Depuis ça s'est répandu et "démocratisé" avec les smartphones et les réseaux sociaux qui sont des incitations permanentes à la surenchère dans le graphic et le gore: le quart d'heure de célébrité d'Andy Warhol est désormais à ce prix, somme toute très abordable pour des millions de cinglés en puissance qui n'auront même pas besoin d'un cadre idéologique rudimentaire comme celui du Hamas, d'Al Qaida ou de Da'esh. A la limite, la perpétration devient facultative si les Etats et leurs institutions se chargent de fabriquer le spectacle à la place des "terroristes".

Violences des mineurs: le Syndicat de la magistrature juge les mesures d'Attal «hautement préoccupantes»

À Viry-Châtillon jeudi, le premier ministre s'est dit prêt à ouvrir le débat sur des «atténuations à l'excuse de minorité» dans les condamnations pénales, ou à punir les parents pour les infractions commises par leurs enfants.

Les mesures annoncées jeudi par le premier ministre pour lutter contre la violence des mineurs sont «hautement préoccupantes» et esquissent une «justice toujours plus expéditive et stigmatisante», a fustigé vendredi le Syndicat de la magistrature (SM). «Augmenter encore les peines encourues par les mineurs ou les soumettre à partir de 16 ans à la procédure de comparution immédiate» se ferait «au mépris des principes à valeur constitutionnelle d'atténuation de (leur) responsabilité» et «d'adaptation des mesures et des procédures à leurs âges», a dénoncé le SM, classé à gauche, dans un communiqué.



En déplacement jeudi dans l'Essonne, le premier ministre, Gabriel Attal, a sonné la «mobilisation générale» face à «l'addiction à la violence » d'une partie des adolescents. Il s'est dit notamment prêt à ouvrir le débat sur des «atténuations à l'excuse de minorité» dans les condamnations pénales, ou à punir les parents pour les infractions commises par leurs enfants. Un non-sens pour le SM, pour qui la justice des mineurs n'est pas «laxiste et dépassée par des hordes d'enfants incontrôlables», mais s'est au contraire «particulièrement durcie ces dernières années».

«Dérive autoritaire»

Dans un tiers des dossiers, les mineurs sont condamnés à de la prison, et la durée moyenne des peines fermes est passée de cinq mois et demi en 2010 à neuf mois en 2020, observe le syndicat, citant des données statistiques du ministère de la Justice publiées en 2022. Les mesures annoncées par M. Attal ont été également vivement dénoncées par le principal syndicat des éducateurs de la Protection judiciaire de la jeunesse, le SNPESS-PJJ, pour qui elles risquent de «stigmatiser les jeunes en difficulté et leurs familles».

Remettre en cause le principe d'une peine atténuée pour les mineurs, c'est «bafouer l'un des principes fondamentaux de la Convention internationale des droits de l'enfant dont la France est signataire», a souligné ce syndicat. «Un mineur délinquant est avant tout un mineur à protéger», mais les annonces du premier ministre tendent à remettre en cause «la primauté de l'éducatif» et de la prévention, a déploré auprès de l'AFP Marielle Hauchecorne, sa co-secrétaire nationale. «On est face à une dérive autoritaire, qui relève de la communication dans un contexte électoral», a-t-elle encore commenté. Pour elle, le gouvernement mène «une course à l'échalote avec l'extrême droite».

https://www.lefigaro.fr/actualite-france/violences-des-mineurs-le-syndicat-de-la-magistrature-juge-les-mesures-d-attal-hautement-preoccupantes-20240419

Si c'est "Le Figaro" qui le dit...

Attal me rappelle toujours Le petit Nicolas de Sempé et Goscinny, moins le héros éponyme qu'un personnage subalterne, Agnan le premier de la classe, le chouchou qu'on ne peut pas taper parce qu'il a des lunettes... Faire porter une politique ultra-sécuritaire, voire crypto-fasciste, dans la ligne Pasqua / Sarkozy (autre petit Nicolas) / Darmanin par un jeune (de moins en moins), réputé de gauche (de moins en moins) et proclamé homosexuel (jusque dans son discours d'investiture), ce sont de grosses ficelles, mais toujours efficaces, pour parer aux critiques... ça durera ce que ça durera, mais ça ne pèsera pas lourd face à l'extrême-droite, et d'autant moins que ça ne s'en distingue plus. Le drame c'est que lorsque l'extrême-droite arrivera effectivement au pouvoir, ce qui n'est pas l'enjeu des prochaines élections (européennes) mais ne tardera pas à l'être, elle trouvera un arsenal juridique, judiciaire, administratif et policier tout prêt pour son programme... elle n'aura quasiment plus rien à changer, et son opposition aura d'autant moins d'occasions de "résistance".

Cela me rappelle une vieille sortie du père Le Pen, qui était ce qu'il était mais ne manquait pas d'esprit, quand il comparait les "jeunes giscardiens" opposés au FN aux éphèbes couverts de fleurs jetés en pâture aux rudes soldats d'Alexandre par les villes ouvertes et conquises d'avance...

Narkissos a écrit:

Le drame c'est que lorsque l'extrême-droite arrivera effectivement au pouvoir, ce qui n'est pas l'enjeu des prochaines élections (européennes) mais ne tardera pas l'être, elle trouvera un arsenal juridique, judiciaire, administratif et policier tout prêt pour son programme... elle n'aura quasiment plus rien à changer, et son opposition aura d'autant moins d'occasions de "résistance".

C'est exactement ce qu'à déclaré Daniel Cohn Bendit dimanche soir alors qu'il débattait avec Luc Ferry sur LCI.

En Suisse les édiles (du moins certains/certaines) commencent aussi à réclamer des mesures plus strictes à l'encontre de mineurs arrêtés pour avoir préparé ou commis des actes qualifiés de terroristes sur le territoire helvétique; 3 arrestations le mois dernier.