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| inter-minables | |
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Narkissos
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| Sujet: Re: inter-minables Mer 19 Juin 2024, 17:31 | |
| C'est l'éternel problème des "identités" collectives et transgénérationnelles, qu'il s'agisse de "nations" au sens d'"ethnies" ou d'"Etats-nations", de "familles", de "clans", de "tribus", de "races", de "communautés", de "religions" ou de "partis": il est tout aussi vrai ou tout aussi faux, tout aussi juste et tout aussi injuste, d'identifier "les juifs" des années 1930--40 à ceux des décennies suivantes, où les survivants ou descendants des opprimés sont devenus oppresseurs avec la création de l'Etat d'Israël et le ralliement d'une part croissante puis majoritaire du judaïsme (religieux ou non) à la cause "sioniste" et "israélienne"; tout aussi vrai et faux, juste et injuste, d'identifier le RN de Marine Le Pen et Jordan Bardella à Mussolini, Hitler, Pétain, l'OAS ou même Jean-Marie Le Pen. Paradoxalement ça rapproche... En ce qui concerne les Klarsfeld, père, mère et fils, cela jette rétrospectivement une ombre sinistre sur tout leur "engagement" archi-médiatisé: ce qui a passé pendant des décennies pour une quête de "justice" humaniste et universelle n'aura peut-être été qu'une misérable "vengeance" communautariste, particulariste, d'un chauvinisme ethno-religieux, s'il ne s'agissait que des "juifs", défendus indifféremment quand "ils" sont forts comme quand "ils" étaient faibles. Outre une ambiguïté plus profonde et commune à toutes les "causes": on ne les sert pas sans s'en servir, et la grande et noble cause tourne au fonds de commerce familial (autre point commun avec la maison Le Pen). Le problème est encore plus retors quand on l'applique à une notion abstraite, de surcroît négative, comme l'"antisémitisme", sans aucune continuité "humaine" sous-jacente (pas même de survivants, ni de descendants, ni d'héritiers). Entre l'antisémitisme millénaire, chrétien, nationaliste, scientiste avec le racialisme, qui a atteint son paroxysme durant la Seconde Guerre mondiale, et l'antisionisme qui a suivi la création de l'Etat d'Israël, il y a bien séquence et conséquence historiques dans les événements, mais quasiment aucun rapport entre les antisémites d'avant et les antisionistes d'après. Ce ne sont pas les mêmes "ethnies" qui sont directement concernées (Européens puis Arabes), ni les mêmes idéologies (de la droite à la gauche anticoloniale, d'abord marxiste et internationaliste, puis de plus en plus islamique). Ce qui fait l'"unité" sémantique factice de "l'antisémitisme" par-delà les époques, c'est l'arbitraire du signe: le mot et rien d'autre. (Cf. encore ici, 5.6.2024 et passim.) |
| | | free
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| Sujet: Re: inter-minables Jeu 20 Juin 2024, 15:43 | |
| A gauche de l’extrême - Le Billet de Charline dans le 7/10
Renaissance renvoie le nouveau Front populaire et le Rassemblement national dos à dos, les débats nourrissent ce parallélisme et la gauche est qualifiée d’extrême…
https://www.youtube.com/watch?v=T3H0u_xfbHg
Législatives : « Un Front populaire d’extrême gauche », l’argument risqué (et trompeur) de la Macronie Malgré ce qu’affirment Emmanuel Macron, Gabriel Attal et ses ministres, le Nouveau Front populaire n’est pas d’extrême gauche.
Le Front populaire n’est pas d’extrême gauche
Dans la bouche des ténors du camp présidentiel, les deux camps sont effectivement à mettre sur le même plan pour une question d’égale dangerosité. Dimanche, le président du MoDem François Bayrou a par exemple évoqué un double péril sur LCI, « le risque d’avoir l’extrême droite au pouvoir, et le risque d’avoir au pouvoir un rassemblement que j’hésite à appeler Front populaire. »
Au même moment, la ministre des PME Olivia Grégoire indiquait sur RTL qu’elle voterait blanc en cas de duel au second tour entre un candidat du RN et du Front populaire, « sauf si c’est un socialiste modéré. » En réalité, c’est le président de la République en personne qui a fixé ces lignes pour la campagne lors d’une conférence de presse à Paris la semaine dernière quand il a résumé la situation en un choix binaire : moi ou le chaos avec « les deux extrêmes. » Pourtant, tirer un trait d’égalité entre les deux est trompeur, voire fallacieux. D’un côté, le nouveau Front populaire est une alliance des différentes composantes de la gauche. Elle regroupe le PS, le PCF, EELV et LFI autour d’un programme, certes, de « rupture » avec les politiques menées ces dernières années, mais qui n’a pas grand-chose à voir avec l’extrême gauche.
Au sein de cette alliance - rééquilibrée en faveur du Parti socialiste par rapport à la Nupes - la France insoumise est sans conteste la composante la plus crispante, en raison notamment de sa « brutalité » dans le débat public. Mais sa stratégie, ses valeurs et son programme en font une formation de gauche radicale. Le Front populaire a bien fait une place au courant d’extrême gauche, avec le NPA et la candidature de Philippe Poutou dans l’Aude. Mais son poids est résiduel, avec une circonscription sur 577. On rappellera par ailleurs que le ministère de l’Intérieur ne classe pas le parti de Jean-Luc Mélenchon dans la catégorie « extrême gauche » lors des différentes élections, à l’inverse des déclarations publiques de son ministre de tutelle Gérald Darmanin.
Normaliser encore l’extrême droite
De l’autre côté, le Rassemblement national est bien un parti d’extrême droite, comme le confirme le conseil d’État à chaque fois qu’on l’interroge, n’en déplaise à ses dirigeants qui aimeraient se départir de cette étiquette.
En plus de cette couleur politique attribuée par l’institution administrative, on peut citer l’histoire de la formation (cofondée en 1972 par Pierre Bousquet, ancien collaborationniste ayant servi dans la division Charlemagne de la Waffen SS), ses alliés sur la scène internationale, certaines de ses propositions et son logiciel nationaliste et europhobe, comme autant de raisons qui placent le RN à cet endroit précis de l’échiquier politique.
Dès lors, si on comprend bien les atouts d’une stratégie qui consiste à mettre les deux principales forces d’opposition, le Rassemblement national et la gauche unie, dans la même panière infamante des « extrêmes », ce discours n’en est pas moins risqué. Il contribue tout d’abord à normaliser encore davantage l’extrême droite et à brouiller les repères politiques des électeurs. Comme le font d’ailleurs certains élus de gauche quand ils rapprochent abusivement Emmanuel Macron du RN.
Cette stratégie, qui s’accompagne bien souvent d’une critique des positions économiques des « extrêmes », tend également à empêcher les arguments moraux contre l’extrême droite en général, et la formation dirigée par Jordan Bardella en particulier, un mouvement qui a toujours eu du mal à renier ses racines. D’autant que sur ce terrain, les attaques répétées de la Macronie contre la France insoumise, et par contagion le Front populaire tendent, aussi, à brouiller le paysage.
LFI, cible de toutes les critiques À l’unisson de son camp, Emmanuel Macron a reproché à la formation mélenchoniste d’être « antisémite », en plus d’être « antiparlementariste », mercredi 12 juin lors de sa conférence de presse. En somme : qui propage la haine, et met la pagaille à l’Assemblée. Une critique régulière qui s’appuie notamment sur les sorties hasardeuses ou douteuses de certains de ses membres, dont Jean-Luc Mélenchon, en lien entre autres avec la défense de la cause palestinienne. Notons toutefois qu’aucun député LFI n’a été condamné pour ce motif-là et que le Front populaire s’engage à lutter contre toutes les formes de racisme et d’antisémitisme. C’est écrit noir sur blanc dans son programme.
Dans une sorte d’effet miroir, le Rassemblement national est, lui, de plus en plus exonéré de ce procès. La Macronie se montre en tout cas moins loquace sur son cas. Pourtant, le parti, fondé par Jean-Marie Le Pen, pour qui les chambres à gaz étaient un « point de détail de l’histoire », a encore des liens avec des mouvances identitaires violentes et compte dans ses rangs des personnalités sulfureuses.
On peut par exemple évoquer les cadres ou élus condamnés pour incitation à la haine, les candidats débranchés pour propos racistes ou antisémites, ou le Varois Frédéric Boccaletti, élu député sous les couleurs du RN en 2022, qui a tenu dans le passé une librairie vendant des ouvrages négationnistes (c’est-à-dire niant ou relativisant l’existence de la Shoah). Il a été reconduit pour ces législatives anticipées, tout comme d’autres candidats aux profils controversés.
Un palmarès doublé d’une certaine vision de l’État de droit qui éloigne encore davantage le Rassemblement national du nouveau Front populaire. Et qui illustre à quel point la stratégie du camp Macron ne résiste pas au réel. Une prise de risque supplémentaire quand on s’apprête à demander, à nouveau, aux électeurs de gauche à « faire barrage. »
https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/legislatives-un-front-populaire-d-extreme-gauche-l-argument-risque-et-trompeur-de-la-macronie_235660.html |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12461 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Jeu 20 Juin 2024, 16:22 | |
| Ce que dans cette affaire je pardonnerai(s) le moins à Macron, qui incarnait au départ (2017) une certaine forme d'intelligence et de raison, c'est sa malhonnêteté intellectuelle, qui se révèle quand il est dos au mur, prêt à dire n'importe quoi s'il y voit un semblant d'utilité tactique ou stratégique à très court terme... Outre qu'il devient mauvais comédien, et mauvais juge de sa propre comédie et de celle qu'il impose à son camp, ou ce qu'il en reste: personne ne peut croire à sa sincérité quand il professe une équivalence morale entre NFP et RN. Cette logique de bipolarisation extrême et factice des "extrêmes", si elle aboutit comme il est probable à la volatilisation du "centre", conduirait tout droit à une situation de guerre civile, si elle ne remettait en fait toutes les armes, y compris législatives, juridiques et administratives, à l'extrême droite (contrairement à la Guerre civile espagnole où la légitimité était républicaine, ce qui ne l'a d'ailleurs pas empêchée de perdre). Autrement dit, à une situation de dictature de fait qui pourra bien être de droit et démocratique, puisque portée par une majorité effective, mais n'en détruira pas moins l'"état de droit". (Ceux qui n'ont toujours pas compris la différence entre démocratie et état de droit -- sans majuscule à "état" -- vont avoir l'occasion de l'expérimenter.) Pour rappel, ce fil (scindé automatiquement après 40 pages) avait commencé en 2017, lors de la première campagne de Macron (face à Fillon et Hamon, Mélenchon et Le Pon Pen), et je doutais alors que sa "bulle" centriste tienne jusqu'aux élections... Elle a tenu sept ans de plus, mais il a fini par la crever tout seul, ou presque. |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Mar 02 Juil 2024, 11:32 | |
| Binationaux : le cheval de Troie du RN pour créer des sous-Français Derrière la polémique sur la binationalité : comprendre une clé du RN : pour cette famille politique, les binationaux ne sont pas des vrais Français https://www.youtube.com/watch?v=RUHDThUZjDo Je suis effaré de voir que la quasi-totalité des journalistes des chaines (dites) d'informations ne s'emparent pas d'un tel sujet, en effet ils sont trop préoccupés par la diabolisation de LFI en faisant de J-L MELENCHON le sujet central des élections. Je trouve MINABLE cet acharnement obsessionnel contre la personne de J-L MELENCHON qui a surement une personnalité clivante (en même temps il se réclame de la gauche radicale), voir agaçante (On ne peut pas plaire à tout le monde) mais il me semble totalement décalé de le taxer d'antisémite du matin au soir, jour après jour, faisant du RN un parti respectable et de LFI une menace pour la république ... Je n'y comprends plus rien !!! Comment peut-on entendre que les binationaux (en réalité comprendre les "franco-maghrébins", les franco-européens, australiens, canadiens n'étant pas concerné ...) ne sont pas de vrais français et des potentiels traitres de la nations sans réagir ??? Je ressens un certain écœurement face la passivité des journalistes et d'un certain nombre d'intellectuels qui trouvent (presque) normal cette discrimination qui aboutit à la libération de la parole raciste et à des situations ubuesques : Législatives: les médecins étrangers s'inquiètent du non-renouvellement de leur contrat en cas de victoire du RN https://www.youtube.com/watch?v=LzoS9FpkqHU Les commentaires racistes en roue libre sous mes vidéos : un médecin qui dérange ? https://www.youtube.com/watch?v=gIx8oK87N7U Plusieurs journalistes cibles d’injures racistes https://www.youtube.com/watch?v=9F9pEMQen-g |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12461 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Mar 02 Juil 2024, 13:18 | |
| Bonne surprise de te relire, parmi ces nouvelles qui pour être catastrophiques ne sont même plus surprenantes...
Ironie de la chose, j'avais moi-même évoqué la binationalité de Meyer Habib pour souligner l'aberration d'un député français faisant ouvertement de la propagande israélienne; mais comme le montre très bien la première vidéo, la nationalité n'est pas le vrai problème puisque n'importe qui peut être acheté et utilisé par n'importe quelle puissance étrangère, le RN à lui seul fournissant une illustration assez riche du phénomène...
Quant au racisme ordinaire, j'ai l'impression de retrouver la France de mon enfance où ce genre de propos était monnaie courante: ça m'écoeurait déjà -- parce que mes parents, quoique de droite, ne cultivaient guère ce genre de discours, parce que quasiment toute ma génération était antiraciste, parce que le jéhovisme semblait l'être aussi... Si la censure, la répression et la criminalisation de la parole raciste ont dans l'intervalle purifié l'atmosphère, le "progrès" a été bien superficiel: la parole censurée, réprimée, condamnée, a continué de macérer dans un ressentiment minoritaire pour se répandre à nouveau avec une puissance et une puanteur décuplées à la première occasion. Or ici l'occasion est belle et l'on va voir ce qu'il en est de la politesse et de la tolérance imposées trop longtemps au "peuple" par contrainte sociale et judiciaire...
Nation, Etat, peuple, race, civilisation, histoire, espèce de merde... J'en ai honte de parler, de penser, de lire et d'écrire dans cette langue, tout en me doutant bien que dans une autre je ne tarderais guère à éprouver le même sentiment. |
| | | le chapelier toqué
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| Sujet: Re: inter-minables Mar 02 Juil 2024, 14:18 | |
| - Narkissos a écrit:
- Nation, Etat, peuple, race, civilisation, histoire, espèce de merde... J'en ai honte de parler, de penser, de lire et d'écrire dans cette langue, tout en me doutant bien que dans une autre je ne tarderais guère à éprouver le même sentiment.
Une langue n'est pas à proprement parler raciste, en fait ce sont ses locuteurs qui peuvent l'être plus ou moins. Lorsque les Suisses d'expression germanophone parlent de "nous" habitant Sion, Lausanne, Neuchâtel ou Genève ils utilisent l'expression de "Welches" ce qui peut signifier, ceux qui sont moins sérieux, les moins travailleurs etc... Et nous de notre côté nous les qualifions de "Schleus" ce qui signifie les coincés, les casses-c...... Cependant, lorsqu'un Suisse allemanique rencontre à l'étranger un Suisse romand une étrange opération se passe car alors ils se reconnaissent comme citoyens du même pays. Je reconnais que le problème rencontré en France est tout autre. Free je sais que la façon dont les gens se comportent vis à vis de la population africaine et/ou magrébine puisse t'exaspérer voire te faire mal. Mais il faut bien reconnaitre que la classe politique n'a pas fait preuve d'une grande pédagogie pour expliquer les différences parfois évidentes pouvant exister entre le citoyen français blanc dont les origines peuvent remonter très loin dans le temps et les personnes provenant de l'étranger arrivées en France afin de trouver une vie meilleure que celle qu'elles connaissaient dans leurs pays d'origine. Ce problème existe également en Suisse et le parti d'extrême droite U.D.C. ne manque jamais une occasion pour clamer que bientôt la Suisse ne sera plus la Suisse. C'est d'une bêtise crasse car si l'on se réfère à la position de la Suisse géographiquement parlant il est évident qu'elle sera traversée par des courants de personnes venant et allant, et parfois même désirant rester. La France est un pays maritime qui fait rêver des gens de tous horizons, la France donne un espoir à celles et ceux qui souffrent de par le monde. C'est quelque chose dont la France peut être fière. A elle de mieux gérer celles et ceux venant sur son territoire non pour profiter des allocations familiales, il y en a et il y en aura toujours, mais pour travailler et gagner dignement de quoi nourrir les siens. |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Mar 02 Juil 2024, 14:46 | |
| - Citation :
- Je reconnais que le problème rencontré en France est tout autre. Free je sais que la façon dont les gens se comportent vis à vis de la population africaine et/ou magrébine puisse t'exaspérer voire te faire mal. Mais il faut bien reconnaitre que la classe politique n'a pas fait preuve d'une grande pédagogie pour expliquer les différences parfois évidentes pouvant exister entre le citoyen français blanc dont les origines peuvent remonter très loin dans le temps et les personnes provenant de l'étranger arrivées en France afin de trouver une vie meilleure que celle qu'elles connaissaient dans leurs pays d'origine.
Parmi les citoyens français "blancs", il y a des français d'origines polonaise, portugaise, espagnole, italienne ... qui eux aussi ont été victimes de racisme en leur temps (par exemple en France, dans certains bars, il y avait un panneau avec la mention "interdit aux chiens et aux italiens") et qui ont fui leurs pays d'origines à cause de la pauvreté et de la guerre (la guerre civile en Espagne). En résumé, l'origine française de ces "blancs" ne remonte pas à des temps immémoriaux et les accents portugais, espagnol ou italien posaient problème. de plus les français d'origine magrébines sont "blancs" ... Comment doit-on considérer les mahorais (département français de l'île Mayotte) Les campagnes et les zones rurales votent massivement pour le RN, pourtant l'immigration n'est pas une réalité dans ces régions ... |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: inter-minables Mar 02 Juil 2024, 14:56 | |
| - Le chapelier toqué a écrit:
- Une langue n'est pas à proprement parler raciste, en fait ce sont ses locuteurs qui peuvent l'être plus ou moins.
J'entends bien. Mais ce que je voulais dire (en français !) c'est que la langue même participe essentiellement, contribue, collabore pour le meilleur et pour le pire à l'histoire et aux "identités collectives" qu'elle forme, partis, nations, peuples, races ou espèce (humaine). De tout ça personne ne saurait se dire innocent, dans aucune langue, surtout pas la langue elle-même quand elle a été instrumentalisée à ce point par les politiciens et les journalistes. Il n'y a pas en général ni en particulier de quoi être fier, même si tout ne se vaut pas... En ce moment "la France" et son "peuple" ont de quoi avoir honte, parce qu'ils retrouvent leur "identité" vichyste et collaboratrice trop vite blanchie (!) par la "résistance héroïque" de quelques-uns, sous laquelle se sont abrités par milliers les ralliés de la dernière heure et leurs descendants; et ça ne les empêchera pas de pavoiser, pas plus tard qu'aux Jeux olympiques... A propos de pavois, si d'aventure on voit seulement le foutu drapeau brûler quelque part (c'est un délit, paraît-il), ce ne sera qu'un prétexte de plus pour accabler la racaille, islamique et/ou gauchiste... L'immigration en France -- qui n'est pas le pays le plus attractif, comme ça se vérifie tous les jours sur les rives de la Manche -- est tributaire de son passé colonial autant que de sa relative prospérité économique; c'est peut-être par le goût du nonsense que les Anglais, qui ont eu un empire colonial bien plus vaste, s'en sortiraient mieux, qui ont encore à leur tête (pas pour longtemps semble-t-il) un Premier ministre d'origine indienne, de droite et réprimant l'immigration... |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Mar 02 Juil 2024, 16:41 | |
| - Citation :
- L'immigration en France -- qui n'est pas le pays le plus attractif, comme ça se vérifie tous les jours sur les rives de la Manche -- est tributaire de son passé colonial autant que de sa relative prospérité économique; c'est peut-être par le goût du nonsense que les Anglais, qui ont eu un empire colonial bien plus vaste, s'en sortent mieux, qui ont encore à leur tête (pas pour longtemps semble-t-il) un Premier ministre d'origine indienne, de droite et réprimant l'immigration...
Il me parait pas illogique, comme un juste retour de l'histoire, que les habitants des anciennes colonies françaises qui ont assuré la richesse et la prospérité de la France, immigrent vers celle-ci, pour y trouver une meilleure vie (Même si cela engendre des difficultés). Au delà, du problème lié à l'immigration, n'oublions pas que le RN veut instaurer une citoyenneté à plusieurs niveaux, "certains" binationaux perdant certains droits propres à la citoyenneté française. N'oublions pas que l'éventuelle suppression du "droit du sol" condamnera à perpétuité les enfants d'immigrés nés en France, à rester des étrangers (En France, le droit de la nationalité est régi par les articles 18 et 19-1 du code civil depuis 1804 : la nationalité se transmet par filiation, ou directement à un enfant né en France de parents apatrides). Enfin, la "préférence nationale" interdira aux travailleurs étrangers de bénéficier des aides sociales, tout en cotisant dans ces différentes caisses. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12461 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Mar 02 Juil 2024, 17:23 | |
| - Free a écrit:
- Il me parait pas illogique, comme un juste retour de l'histoire, que les habitants des anciennes colonies françaises qui ont assuré la richesse et la prospérité de la France, immigrent vers celle-ci, pour y trouver une meilleure vie (Même si cela engendre des difficultés).
Certes. Soit dit en passant, c'est aussi lié à la question de la langue dont on parlait précédemment, puisque l'Europe coloniale a semé ses langues, anglais, français, espagnol, portugais en Afrique et dans le monde entier, au détriment des langues locales qui le plus souvent ne correspondent pas aux frontières des nouveaux pays décolonisés, Etats-nations sur le modèle européen... Même si maintenant l'"Afrique francophone" rejette la "Françafrique" pour se vendre aux Russes ou aux Chinois, "nous" restons par la langue même partie prenante de cette histoire et de cette géographie dont nous ne pouvons pas si facilement nous laver les mains... A l'encontre même du principe individualiste de la République et de la démocratie "à la française" (le citoyen, c'est l'individu page blanche, supposé libre, sans essence, sans attache et sans histoire), "nous" en sommes à vouloir "renvoyer" des gens dans des pays où ils n'ont jamais vécu alors qu'il y a quelques années le principe inverse du "regroupement familial" s'imposait comme une évidence "humaniste" -- le tout sans que l'extrême-droite ait jamais (jusqu'à cette semaine incluse) exercé directement de pouvoir national: par la simple contamination de ses "idées" aux partis dits "de gouvernement"... |
| | | le chapelier toqué
Nombre de messages : 2607 Age : 77 Date d'inscription : 31/08/2010
| Sujet: Re: inter-minables Mer 03 Juil 2024, 11:20 | |
| - Free a écrit:
- Parmi les citoyens français "blancs", il y a des français d'origines polonaise, portugaise, espagnole, italienne ... qui eux aussi ont été victimes de racisme en leur temps (par exemple en France, dans certains bars, il y avait un panneau avec la mention "interdit aux chiens et aux italiens") et qui ont fui leurs pays d'origines à cause de la pauvreté et de la guerre (la guerre civile en Espagne). En résumé, l'origine française de ces "blancs" ne remonte pas à des temps immémoriaux
Je pensais aux personnes dont les familles habitaient depuis des siècles dans ce pays qui deviendra la France. Bien évidemment des hommes et des femmes parlant une autre langue que le français viendront habiter en France et subiront une forme quelconque de racisme, on parlera plutôt de xénophobie. Ce que tu décris en parlant des vitrines de bars ou de restaurants portant la mention infamante "interdit aux chiens et aux italiens" nous l'avons connu en Suisse alors que c'est la Suisse qui a fait venir des travailleurs du sud de l'Italie pour construire des barrages hydroélectriques (avec de graves accidents comme à Mattmark) : selon wikipedia Le barrage de Mattmark est un barrage situé à Mattmark, en haut de la vallée de Saas (canton du Valais, Suisse). La plaine et le petit lac naturel de Mattmark ont été englouti sous la retenue d'eau artificielle, le lac de Mattmark. L'ouvrage s'inscrit dans la politique suisse de développement des infrastructures hydroélectrique en Valais après la Seconde guerre mondiale. Le souhait d'aménager l'espace pour limiter les risques naturels de débâcle, particulièrement élevés dans cette vallée, est également un élément décisif dans le choix de bâtir le barrage. Les premiers travaux préparatoires commencent en 1955 et la construction de l'édifice débute en 1960 pour s'achever en 1966. La construction est marquée par la catastrophe de Mattmark, le 30 août 1965. Au total, 88 ouvriers sont tués lors de l'effondrement d'un pan du glacier de l'Allalin sur le chantier. Cette catastrophe, où la plupart des morts sont des immigrés, met en lumière le rôle de l'immigration dans le développement économique de la Suisse ainsi que la précarité de leurs conditions de travail. Je pensais à ma famille paternelle dont les origines remontent au 14e siècle vivant dans ce qui deviendra le 19 août 1501 le 12e canton suisse. Il n'est pas question pour moi et cela ne l'a jamais été pour mon père également de porter un regard méfiant voire méprisant sur "l'étranger" car mon père et moi nous nous sommes toujours considérés comme des "étrangers", des passants sur cette terre. La xénophobie soit : l'hostilité envers les étrangers, comme le définit wikipedia reflète plus une peur de ce que l'on ne connait pas ou de ce que l'on connait mal. Le racisme selon ma propre définition est une maladie psychique, car nous sommes tous de la même race : humaine. Ce qui est intéressant dans le cas du RN vient du fait que M.Bardella est, toujours selon wikipedia : Enfant unique, il est le fils d'un patron de PME spécialisée dans les distributeurs automatiques de boissons ; son père, Olivier Bardella, né en 1968 à Montreuil en Seine-Saint-Denis, est d'origine italienne et franco-algérienne ; sa mère, Luisa Bertelli-Mota, agent territorial spécialisé des écoles maternelles (ATSEM), née en 1962 à Turin, est d'origine italienne. Il a les trois quarts de ses racines en Italie. Ainsi un homme dont les parents ne sont pas français d'origine se bat contre les étrangers et les binationaux. C'est pathétique. J'avais déjà remarqué que des personnes étrangères devenues Suisses étaient plus xénophobes que ceux dont les parents étaient Suisses. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12461 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Mer 03 Juil 2024, 12:02 | |
| C'est plus que confus en effet... Dans toute l'Europe du Sud, France et Suisse incluses, un "racisme" ne peut être qu'hybride au sens racial ou ethnique, vu le mélange des populations depuis l'époque romaine au moins... Il se reconstruit artificiellement sur la base de l'Etat-nation moderne, qui en principe n'a rien de racial mais en fait produit continuellement de la "race". Cf. de Gaulle, 1959: "Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne." Noter que c'est l'"avant" dans l'"avant tout" qui définit l'"essence", l'"identité" ou la "quiddité" collective (ce que c'est essentiellement, principalement, d'être français: ce que c'est à partir de ce que c'était), comme dans le to ti èn einai d'Aristote dont on parlait encore récemment: ça change, il y a des exceptions, mais les exceptions n'affectent pas l'essence, la substance ou le principe déterminés par le passé, la durée, l'habitude, l'origine, la provenance... A mon avis c'était une erreur stratégique que de bannir le mot de "race" (erreur typique du hollandisme en France, socialisme égaré par commodité consensuelle dans le sociétal). Il y a eu un concept pseudoscientifique de la "race", qui a culminé dans le nazisme sans avoir attendu le nazisme (il y avait eu des racialistes juifs, il y en a de nouveau en Israël), et il est tout à fait sain de le dénoncer comme tel, pseudo-scientifique, faussement "scientifique". Mais ce n'était pas une raison de censurer l'usage ordinaire de la notion de "race" sans laquelle un "racisme" n'est même plus pensable. Qui "n'aime pas les Noirs" ne hait ou ne craint pas d'après un critère religieux, politique, idéologique, culturel, mais bien "racial", même si on n'a plus le droit d'employer le mot... Je ne choisis pas par hasard la négritude qui est simplement la différence la plus apparente (couleur de peau), et pourtant en France ce n'est pas, jusqu'à récemment, la plus haïe-crainte, par rapport aux "Arabes" confondus depuis quelques décennies avec les "musulmans" arabes ou non, mais qui déjà étaient perçus comme plus menaçants parce que semblables, comme les immigrés européens des générations précédentes, outre le passé colonial et décolonial spécifique de la France qui ajoute un ressentiment particulier vis-à-vis du Maghreb: du point de vue "racial", les traits et la couleur de peau ne diffèrent guère d'une rive à l'autre de la Méditerranée... |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Mer 03 Juil 2024, 12:35 | |
| Législatives 2024 : « La double nationalité est une vieille obsession de l’extrême droite »
Au cours de la campagne pour les élections législatives, où le RN et ses alliés sont arrivés en tête au premier tour avec 34 % des voix, Jordan Bardella a annoncé vouloir exclure les Français binationaux des postes dits « sensibles ». Une mesure qui légitime la discrimination des binationaux, selon la sociologue Evelyne Ribert.
La double nationalité est une vieille obsession de l’extrême droite. Au milieu des années 1980, déjà, Jean-Marie Le Pen, président du Front national, rebaptisé depuis Rassemblement national, fustigeait dans l’émission « L’Heure de vérité » la double nationalité, reprochant à Yannick Noah, né d’une mère bretonne et d’un père camerounais, d’être franco-camerounais et appelant les binationaux à choisir entre la nationalité française et leur autre nationalité. En 2011, Marine Le Pen, devenue présidente du Front national, adressait un courrier aux députés de l’Assemblée nationale leur demandant d’interdire la binationalité. Cette disposition figure dans les programmes du FN de 2012 et 2017.
Ce n’est qu’en 2022, avant l’élection présidentielle, que la mesure n’est plus préconisée, sans doute dans le cadre de la stratégie de dédiabolisation du parti devenu RN. Dans la proposition de loi constitutionnelle n° 2120 déposée à l’Assemblée nationale par le RN le 24 janvier 2024 (2), elle semble remplacée par une autre disposition : « La loi pourra également interdire l’accès à des emplois dans l’administration, des entreprises publiques et des personnes morales chargées d’une mission de service public aux personnes qui possèdent la nationalité d’un autre État. »
Cette mesure est bien plus large que l’annonce faite par Jordan Bardella lors de la présentation de son programme pour les législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet. Mais pourquoi une telle interdiction alors que les personnes pressenties pour occuper des fonctions sensibles sont déjà soumises à de stricts protocoles et enquêtes pour être habilitées « secret-défense » ?
Cette mesure trahit en réalité la suspicion du RN à l’égard de celles et ceux qui ont deux nationalités, accusés de manquer de loyauté envers la France et de n’éprouver qu’un faible sentiment d’appartenance à ce pays, ce que les études de l’Ined démentent. Se profile également le thème ancien des ennemis de l’intérieur. La visée de cette mesure se révèle pleinement quand on s’interroge sur les personnes potentiellement concernées.
Précisons qu’il n’existe pas en France de binationalité. Pour l’État, seule compte la nationalité française, mais un ressortissant français a le droit d’avoir une ou plusieurs autres nationalités. Ainsi, sous réserve des droits des pays étrangers, une personne devenant française peut garder sa nationalité antérieure et inversement pour tout Français qui acquiert une autre nationalité. En outre, l’État ignore lesquels de ses ressortissants possèdent une autre nationalité. L’obligation de déclarer la possession et la conservation d’une autre nationalité au moment de l’acquisition de la nationalité française a été instaurée par l’article 4 de la loi de 2011 relative à l’immigration, à l’intégration et à la nationalité. Rien n’existe pour les années antérieures.
Et encore faut-il que les intéressés sachent qu’ils ont une autre nationalité. En effet, la nationalité, contrairement à ce que pourrait laisser supposer l’extrême droite, n’est pas qu’affaire de volonté. Nombre d’États l’imposent à leurs ressortissants et à leurs descendants et leur interdisent de s’en défaire, ce que les concernés eux-mêmes ignorent parfois. Bref, en 2024 en France, il est impossible de savoir de façon exhaustive qui a une double nationalité.
Une discrimination légitimée
La mesure préconisée par le RN revient à stigmatiser les Français par acquisition, qu’ils soient immigrés ou nés sur le territoire national de deux parents étrangers, les enfants de couple mixte (comme Yannick Noah) ainsi que les Français qui acquièrent une seconde nationalité, pour en faire des Français de seconde zone.
À défaut de pouvoir annoncer des mesures ciblant les Français d’origine étrangère ou supposés tels, le haro sur les binationaux légitime une discrimination en raison de l’origine ou de l’ascendance – strictement inconstitutionnelle –, dans l’accès à l’emploi, et peut-être demain dans d’autres domaines. Seul le régime de Vichy avait jusqu’à présent exclu des Français de certains emplois du fait de leurs origines.
https://www.la-croix.com/a-vif/legislatives-2024-la-double-nationalite-est-une-vieille-obsession-de-l-extreme-droite-20240701
Double nationalité et identité nationale
Double nationalité et double allégeance
On observe peu d’impact de la double nationalité sur le sentiment d’être Français. Les immigrés doubles-nationaux se sentent autant Français que ceux qui ont abandonné leur ancienne nationalité (82 % dans les deux cas). Ce sentiment d’appartenance est un peu plus faible pour les descendants d’immigrés doubles-nationaux (87 %) par rapport à ceux qui n’ont que la nationalité française (94 %). En revanche, la double nationalité est significativement associée avec un plus fort sentiment d’appartenance au pays d’origine (le sien ou celui de ses parents). Autrement dit, avoir une double nationalité est une marque d’attachement à ses origines, mais cela n’est pas contradictoire avec une forte identité nationale française. Il importe aujourd’hui de reconnaître et de respecter le pluralisme des identités, plutôt que de les concevoir comme des allégeances exclusives.
https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/memos-demo/focus/double-nationalite-identite-nationale/
Le RN exige (d'une manière ridicule) des citoyens nés en France (mais dont les parents sont d'origines étrangères) de s'"intégrer" (Une personne né dans un pays n'a pas à s'y intégrer, de facto, elle appartient à cette nation), en réalité, une "intégration" parfaitement réalisée, par l'obtention d'un emploi de fonctionnaire, d'un postes ministériels ... dérange le RN, qui considère ces personnes inaptes et indignes à la citoyenneté française :
Le «M. Education» du RN estime que Najat Vallaud-Belkacem n’aurait jamais dû être ministre car elle est franco-marocaine
https://www.liberation.fr/politique/le-m-education-du-rn-estime-que-najat-vallaud-belkacem-naurait-jamais-du-etre-ministre-car-elle-est-franco-marocaine-20240628_5M4ANXRE7ZGSVFSJD7ZX375TTA/
En ce qui me concerne, je n'ai appris que j'avais la double- nationalité (je l'ignorais jusqu'alors) à mes 18 ans, lorsque je suis allé dans le pays d'origine de mes parents et que les douaniers m'ont réclamé le passeport du pays en question. Rappel : Nombre d’États l’imposent à leurs ressortissants et à leurs descendants et leur interdisent de s’en défaire, ce que les concernés eux-mêmes ignorent parfois |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: inter-minables Mer 03 Juil 2024, 14:38 | |
| Dans la mesure où une nationalité multiple relève, comme son nom l'indique, de plusieurs législations nationales, souveraines, et par définition indépendantes les unes des autres, coordonnées ou non par accord plurilatéral ou absence d'accord entre les Etats-nations concernés, au gré à gré le cas échéant, chaque Etat peut ou non reconnaître ou ignorer une autre nationalité que la sienne, symétriquement ou non. Par exemple, un Franco-Iranien peut être considéré comme tel par la France et ignoré comme tel par l'Iran qui ne connaît que sa nationalité iranienne, de sorte qu'il lui faudra présenter un passeport au départ et un autre à l'arrivée de Paris à Téhéran, et réciproquement...
Moyennant quoi la nationalité et le nationalisme sont paradoxalement universels et invulnérables au ridicule... |
| | | free
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| Sujet: Re: inter-minables Jeu 04 Juil 2024, 10:31 | |
| Marine Le Pen achève la destruction du langage
https://www.youtube.com/watch?v=O39XeW-vVfQ
le RN appartient-il à "l’arc républicain" ?
Depuis quelques jours, l’idée d’un "front républicain" pour faire barrage au Rassemblement national est sur toutes les lèvres. La gauche, le centre et la droite seraient en pourparlers pour proposer un projet de gouvernement de coalition afin de contrer les ambitions du RN, qui ne ferait donc pas partie de ce fameux "arc républicain". Une notion que Jordan Bardella tente de contredire dans ses discours, au même titre que Marine Le Pen avant lui. Mais le RN a sa propre vision de la Constitution et des valeurs de la République.
https://www.tf1.fr/tmc/quotidien-avec-yann-barthes/videos/lilia-hassaine-le-rn-appartient-il-a-larc-republicain-01522989.html
Je reconnais une habileté en matière de propagande au F/RN, clamer haut et fort (à plusieurs reprises) la devise de la république : Liberté, égalité et FRATERNITE, tout en ayant la volonté de discriminer une partie des citoyens, est une excellente manière de se dédiaboliser ; affirmer sa volonté d'être le premier ministre de TOUS les français est une autre façon de présenter une belle "vitrine", tout en laissant (momentanément) le racisme et la xénophobie structurelles du F/NR ; enfin prôner le respect d'une constitution que l'on envisage de modifier par référendaire me parait être très malin ... |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: inter-minables Jeu 04 Juil 2024, 11:41 | |
| Je suis heureusement surpris qu'il reste un "Quotidien" de cette qualité (Yann Barthès etc.) sur TF1/TMC...
Par contre je trouve Viktorovitch, pour une fois, un peu limité dans son analyse par sa passion, que je comprends bien, et par les bornes de sa discipline logico-rhétorique: la torsion, la perversion, la subversion, la manipulation, la destruction ou la déconstruction du langage sont aussi vieilles que le langage lui-même, elles n'ont attendu ni Le Pen ni Bardella, ni Hitler, ni Goebbels, ni Staline ni Poutine, ni Orwell non plus... c'est seulement un jeu plus largement et ouvertement joué et déjoué, chiffré et déchiffré, codé ou décodé que jamais, dans les médias, sur les réseaux sociaux etc., ce qui rend l'"opinion" extrêmement aléatoire, volatile et néanmoins prévisible à court terme, façon météo; et n'empêche cependant pas la construction et l'entretien de tendances durables par des structures de propagande, publiques ou privées (ex. Bolloré).
Le discours du RN vise tout autant à rassurer ceux de l'extérieur ou de la périphérie qui ne se veulent ni racistes, ni fascisants, que ceux de l'intérieur qui au contraire le sont, chaque type d'auditeur y entendant ce qu'il veut y entendre... Le FN d'antan avait déjà réussi à rassembler une extrême-droite protéiforme mais groupusculaire, des nostalgiques du IIIe Reich, de Vichy, de l'Algérie française ou du poujadisme, avec des intégristes catholiques, des athées ou des néo-païens, des royalistes, des aristocrates, des rustres et des populistes, mais ici le "rassemblement" se joue à une tout autre échelle et dans un vide idéologique absolu... C'est la tendance qui est ici mortelle parce que suicidaire et auto-immunitaire, destruction de "la République", de "la démocratie" et de "l'état de droit" par "la République", "la démocratie" et "l'état de droit" (toutes choses à ne pas confondre entre elles mais désormais totalement confondues, je n'y reviens pas). Quant à l'abus de langage il a été commun à tous les politiques, journalistes, commentateurs publics ou privés, avec plus ou moins de talent et toujours "pour la bonne cause", chacun voyant la sienne à sa porte. La méthode rhétorique est à peu près la même partout, ce sont les effets qui diffèrent et on ne les voit que beaucoup trop tard.
Evidemment, une fois qu'on a jugé un parti suffisamment "républicain", "démocrate" et "légal" pour participer aux élections et à la représentation nationale de la République démocratique et constitutionnelle, il devient difficile de le déclarer hors-jeu au moment où il gagne... |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Ven 05 Juil 2024, 11:46 | |
| Bardella à Matignon : quels impacts géopolitiques ?
https://www.youtube.com/watch?v=yQrHfFhuLyE |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12461 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Ven 05 Juil 2024, 13:39 | |
| Tout compte et tout pèse évidemment, par simple effet d'addition, mais sur le plan géopolitique la France pèse quand même très peu par rapport aux Etats-Unis d'Amérique, à la Russie et à la Chine, surtout si ces trois-là s'alignent à peu près du même côté de la balance aux prochaines élections américaines... Par contre le symbole est terrible, parce que la France reste jusqu'ici parée d'une aura internationale de plus en plus disproportionnée par rapport à sa puissance économique, diplomatique et militaire réelle, et contribue ainsi plus que pour sa part à maintenir jusqu'à présent un semblant de "correction" (aussi au sens purement formel du "politiquement correct") dans les institutions et les relations internationales. De tout cela il ne restera plus grand-chose, et la jungle planétaire n'en sera que plus dangereuse.
S'il n'y avait les conséquences internes, en France et en Europe, en particulier pour les minorités, je me réjouirais presque que des nationalistes soient les fossoyeurs effectifs de la gloire nationale... Malheureusement c'est à l'intérieur qu'ils font les plus gros dégâts, et ils n'ont même pas besoin de gouverner pour ça.
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Je reviens à l'aspect logique et rhétorique de la question dont nous parlions hier matin: si la démocratie n'a jamais été dissociable de la démagogie, c'est parce que le logos et toutes ses incarnations "politiques", entre autres (de la polis antique, cité-Etat, à l'Etat-nation moderne, avec leurs institutions législatives et judiciaires aussi bien qu'exécutives), n'ont jamais été séparables de leurs "contraires" -- mensonge, erreur, tromperie, invention, mythe, légende, fable, roman, théâtre, fiction, autant de divergences de "la vérité" qui ont toujours un rapport à "la vérité" mais ne sont jamais "toute la vérité, rien que la vérité" -- sans lesquels pourtant aucune "vérité" ne pourrait se dire. La parole, le signe, cela sert tout autant à agir, à "performer" (speech acts, Austin etc.) pour le meilleur et pour le pire, qu'à "informer", à "juger" ou à "évaluer" de façon "neutre" ou "objective". Il n'y a même pas de l'une aux autres une priorité "logique" ni "chronologique", la vérité présuppose autant ses contraires que ceux-ci la présupposent: d'emblée on a parlé et signifié autant pour (se) tromper que pour (s')informer (les pronominaux s'entendant au sens réciproque, se tromper les uns les autres, aussitôt réfléchi, se tromper soi-même, comble paradoxal de la "réflexion"). On peut essayer de cadrer ou de canaliser ça tant qu'on veut -- les "philosophes" classiques, Platon et Aristote, répondaient déjà aux "sophistes" qui opéraient sur le terrain politique et judiciaire, un peu comme nos "décodeurs" décodent les fake news et autres abus de rhétorique -- mais ça n'y change pas grand-chose: la "raison" ne sera jamais "pure", si d'aventure elle l'était elle serait aussi inefficiente, parfaitement tautologique et aporétique, elle n'aurait rien à dire qui fasse quoi que ce soit, qui affecte le réel par une politique ou une quelconque technique.
Les conséquences politiques sont évidentes, elles contredisent d'ailleurs en partie le pessimisme de Platon et d'Aristote sur la "démocratie": si en fait les "démocraties" ne s'effondrent pas si vite qu'elles le devraient en pure logique, c'est bien parce que ce sont toujours, essentiellement, des démagogies, où quelqu'un ou quelques-uns guident (agô, Duce, Führer, leader etc.) le peuple (dèmos, laos, ethnos, etc.) comme ils l'entendent: pourquoi une majorité écrasante de pauvres et d'ignorants finit-elle toujours par voter pour des gens riches et instruits, en tout cas plus qu'eux, c'est le mystère même de la démocratie qui n'a rien de mystérieux, qui à la fois la rend viable et mortelle, l'ambivalence du logos portée et démultipliée de tekhnè en tekhnè: de l'écriture et du dessin à l'imprimerie, au journal, à la radio, à la télévision, à Internet et aux réseaux sociaux. La mort et la vie sont au pouvoir (dans la main) de la langue (Proverbes 18,21), et c'est elle qui dirige le peuple, même et surtout quand c'est celui-ci qui parle. |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Lun 08 Juil 2024, 12:01 | |
| MAJORITÉ COMPOSITE ET COALITION, "UNION RÉPUBLICAINE", OU... INSTABILITÉ ? Dans l'hypothèse où le Rassemblement national serait la principale force homogène au Palais-Bourbon, mais trop éloigné de la majorité absolue pour prétendre gouverner, sans véritable majorité relative par ailleurs, certains envisagent la formation d'une majorité relative composite. Ce qui serait une expérience inédite depuis 1958 et pleine d'incertitudes. Un gouvernement en situation de majorité relative est en permanence menacé par la censure, ce qui le contraint à nouer des accords texte par texte à l'Assemblée afin de pouvoir légiférer, voire à former une coalition. L'actuel Premier ministre a fait part de son souhait qu'une "Assemblée plurielle" émerge du scrutin du 7 juillet, "avec plusieurs groupes politiques de droite, de gauche, du centre qui, projet par projet, travaillent ensemble au service de l'intérêt des Français". Invité du journal de 20 heures de TF1 le 1er juillet, Gabriel Attal avait estimé "qu'à l'issue de ces élections législatives, étant donné le résultat, il y aura une gouvernance et une manière de fonctionner nouvelle". La maîtresse de conférences en droit public à l'Université de Rouen, Anne-Charlène Bezzina, confirme : en l'absence de cohabitation, " tout le monde va devoir travailler ensemble, il va falloir inventer quelque chose qu'on ne connaît pas", quitte à "heurter la culture constitutionnelle française" en dissociant système de gouvernance et fait majoritaire. Dans un tel scénario, le président de la République pourrait opter pour un Premier ministre technique, suffisamment consensuel pour ne braquer aucune des formations politiques, par nature diverses, appelées à s'entendre pour légiférer, voire jouer une forme de stabilité et de continuité, au moins cet été, en laissant Gabriel Attal en poste à Matignon, afin de laisser à la situation politique le temps de décanter. Ces derniers jours, le président du MoDem, François Bayrou, a souhaité que les conditions soient réunies pour former un gouvernement d'"union républicaine, pour le salut public, pour reconstruire", tandis que le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand (Les Républicains), a appelé de ses vœux un "gouvernement provisoire", en référence au GPRF (gouvernement provisoire de la République française, ndlr) mis en place en juin 1944. Dirigé par le général de Gaulle au sortir de la guerre, il avait réuni ceux qui s'étaient opposés au régime de Vichy, des gaullistes aux communistes. "Cela rassemblera les hommes et les femmes de bonne volonté, capables de s'ouvrir sur un projet concret", a aussi espéré Xavier Bertrand pour la période à venir. https://lcp.fr/actualites/legislatives-2024-cohabitation-coalition-gouvernement-technique-instabilite-quels - Citation :
- Je reviens à l'aspect logique et rhétorique de la question dont nous parlions hier matin: si la démocratie n'a jamais été dissociable de la démagogie, c'est parce que le logos et toutes ses incarnations "politiques", entre autres (de la polis antique, cité-Etat, à l'Etat-nation moderne, avec leurs institutions législatives et judiciaires aussi bien qu'exécutives), n'ont jamais été séparables de leurs "contraires" -- mensonge, erreur, tromperie, invention, mythe, légende, fable, roman, théâtre, fiction, autant de divergences de "la vérité" qui ont toujours un rapport à "la vérité" mais ne sont jamais "toute la vérité, rien que la vérité" -- sans lesquels pourtant aucune "vérité" ne pourrait se dire.
Nature et formes de la démagogiePascal Bouvier S’il n’y a pas de démagogie sans parole publique et sans séduction, il n’y a pas de démagogie sans une connaissance précise de ceux auxquels on s’adresse. C’est bien en ce sens que cette dernière est un savoir-faire autant qu’un savoir-être. La démagogie demande un certain talent et des qualités d’orateur et d’acteur. Si dans un premier temps il convient d’examiner la pensée grecque, c’est avant tout parce que ce lien entre langage et pouvoir politique se trouve pour la première fois saisi et mis en forme. Un texte aussi commenté que le Gorgias de Platon fonde, à lui seul, une tradition qui marque la pensée occidentale : le fait d’être un beau parleur ne donne en rien des compétences et présente même un grand risque pour la justice dans la cité. Plus pragmatique, Aristote comprend que l’art de la parole n’est ni bon ni mauvais en soi, l’usage et la fin visée en déterminent la valeur morale et politique. Pour la tradition grecque, le démagogue est un meneur d’hommes. Cela n’a rien de péjoratif. Il sait conduire la cité, son pouvoir ne se discute pas. De fait, dans cette opposition entre Platon et Aristote, s’écrit une page de la réflexion politique qui marque encore aujourd’hui. Le démagogue sait parler, se mettre en scène, séduire, mais l’opinion lui fait aussi crédit de savoir agir pour le bien de tous. L’un des mystères du phénomène démagogique réside, ainsi, dans cette ambivalence ; le démagogue séduit autant qu’il effraye ou qu’il agace. D’un point de vue historique, il faut s’étonner de ce changement de ton : comment d’une valeur relativement positive chez Aristote, est-on passé à une dénonciation moderne sans retenue ? La démagogie n’existe que dans un monde démocratique. Dans les monarchies absolues ou traditionnelles, elle n’existe que sous la forme de la flatterie que l’on doit à son prince ou à son roi. Le démagogue n’est pas une figure de l’âge classique, il est un personnage du monde grec et du monde moderne. Il apparaît lorsque le citoyen est reconnu comme entité autonome et politique, il existe lorsqu’une parcelle de pouvoir se répand dans le corps social. Lorsque la société n’a pas d’existence politique, la pratique de la démagogie n’apparaît pas comme une nécessité. **** Sans entrer ici dans une comparaison érudite, il convient, pourtant, de saisir ce qui distingue Platon et Aristote. Les travaux de Pierre Aubenque mettent en avant une notion : la contingence. La politique ne peut être une science ou une pratique fondée sur l’absolu car notre monde humain se caractérise par la contingence. Les Grecs ignoraient le terme « hasard » importé en philosophie par l’Orient : la contingence désigne simplement le fait qu’un événement puisse exister ou non. La contingence est une forme d’indétermination. Si le parcours des astres est entièrement déterminé (il est toujours le même), l’existence d’un individu ou d’un être vivant à la surface de la terre demeure marquée par l’absence de nécessité absolue. Quelles sont les conséquences d’une telle vision du monde pour la politique ? En fait, celle-ci se trouve bien dans le monde de la contingence : en elle, rien n’est définitif, rien n’est mathématique. Face au philosophe platonicien qui doit gouverner parce qu’il sait, Aristote préfère Périclès, figure de l’homme prudent, qui sait saisir le moment favorable (le kaïros) pour agir avec pour but le bien de tous. De ce fait, la science du politique n’est pas une science absolue et l’art des situations particulières doit être repensé. Ainsi, le concept de délibération devient central : délibérer, c’est tenter de déterminer la décision la mieux adaptée pour chaque situation. On comprend que l’art de la rhétorique soit considéré d’une façon radicalement différente : débattre et argumenter sont les valeurs essentielles dans un monde qui ne connaît pas de vérité définitive. Il s’agit, comme le montrera Hannah Arendt, de construire un monde commun par l’usage du langage. Délibérer, cela consiste à échanger des arguments, à faire des hypothèses dans un monde qui n’est pas entièrement clair à la conscience des citoyens. Dans ce monde qui n’est pas celui de la démocratie de masse, la force du langage s’installe donc dans les habitudes : il faut savoir convaincre et séduire. Aristote reste donc plus nuancé sur la valeur de la rhétorique qui n’est pas mauvaise ou bonne en soi. Parler et séduire sont les deux armes de celui qui prétend conduire le peuple. Le démagogue apparaît comme personnage politique dans la prose d’Aristote. Comme le signale Jean Pellegrin, le terme est moins péjoratif qu’en français car il désigne, tout simplement, le chef d’un parti populaire . Ce type d’homme est intimement lié à la démocratie. Le Stagirite distingue plusieurs formes de démocratie. La première constitue la démocratie de référence, elle veille à ce que « rien ne mette les gens modestes ou les gens aisés les uns au-dessus des autres, qu’aucun de ces deux groupes ne soit souverain, mais que les deux soient égaux »Dans cette forme politique, c’est la loi qui fonde ce juste équilibre entre les riches et les pauvres car s’il est difficile de parler de classe sociale, au sens de Marx, il est assez manifeste que la société grecque comme toutes les sociétés connaît des inégalités plus ou moins criantes. Le pouvoir réside dans le peuple et dans l’opinion majoritaire. Si ce principe général semble généreux, il ne faut pas oublier que la cité grecque ne donne pas la citoyenneté à tous les êtres humains : les femmes, les esclaves, les étrangers en sont exclus. De ce fait, la grande majorité des habitants d’Athènes ne peut prétendre à jouer un rôle politique. La forme politique que prendra la démocratie s’établira à partir de critères relatifs aux temps et aux circonstances. Il n’y a pas une démocratie mais des démocraties. Elle peut être fondée aussi sur le cens, nous dit Aristote. Ne participera dans ce cas aux magistratures que l’homme capable de payer l’impôt : les plus pauvres seront écartés de la politique même si le cens est « faible ». La démocratie peut aussi sélectionner les citoyens « incontestables » ; Aristote entend par ce terme les citoyens qui sont reconnus comme citoyens de naissance (la démocratie grecque reste assez proche d’une aristocratie). Démocratie égalitaire, démocratie censitaire, démocratie méritocratique. Existe-t-il d’autres formes possibles ? En fait, pour le Stagirite, il convient de comprendre, aussi, que la loi peut étendre le droit à la citoyenneté à des classes qui n’étaient pas concernées dans des systèmes plus élitistes. Dans ce cas, la masse gouverne. C’est dans cette démocratie construite sur le peuple conçu comme masse que le personnage du démagogue apparaît. Là où les lois ne dominent pas, alors apparaissent les démagogues ; le peuple, en effet, devient monarque, unité composée d’une multitude, car ce sont les gens de la multitude qui sont souverains, non pas chacun en particulier mais tous ensemble. De quel gouvernement parle Homère en disant que « le commandement de plusieurs n’est pas bon », de celui-ci ou de celui où beaucoup de gens exercent le pouvoir individuellement, cela n’est pas clair. Donc un tel peuple, comme il est monarque, cherche à exercer un pouvoir monarchique, parce qu’il n’est pas gouverné par une loi, et il devient despotique, de sorte que les flatteurs sont à l’honneur, et un régime populaire de ce genre est l’analogue de la tyrannie parmi les monarchies. C’est pourquoi le caractère de ces deux régimes est le même, tous deux sont des despotes pour les meilleurs, les décrets de l’un sont comme les ordres de l’autre, et le démagogue et le courtisan sont identiques et analogues. Et ils ont chacun une influence prépondérante, les courtisans sur les tyrans, les démagogues sur les régimes populaires de ce genre. Ces démagogues sont causes que les décrets sont souverains et non les lois ; ils portent, en effet, tout devant le peuple, car ils n’arrivent à prendre de l’importance que du fait que le peuple est souverain en tout, et qu’eux sont souverains de l’opinion du peuple. Car la multitude les suit. De plus, ceux qui accusent les magistrats disent que c’est le peuple qui doit trancher, et celui-ci accueille avec joie cette invitation, de sorte que toutes les magistratures sont ruinées. Et on pourrait raisonnablement penser qu’il faut blâmer cette sorte de démocratie en disant qu’elle n’est pas une constitution, car partout où les lois ne gouvernent pas, il n’y a pas de constitution. https://www.cairn.info/revue-l-enseignement-philosophique-2011-5-page-4.htm |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: inter-minables Lun 08 Juil 2024, 13:21 | |
| Les balles passent de plus en plus près, les vagues montent de plus en plus haut, selon la métaphore qu'on voudra. A chaque fois on se sent soulagé, mais ça ne devrait rassurer personne. Pourtant, à peine le danger immédiat provisoirement passé, chacun revient à ses habitudes comme si de rien n'était, ou presque.
Il n'y aurait pourtant aucun inconvénient à ce qu'un gouvernement gouverne moins, à ce qu'une assemblée légifère moins, seulement lorsqu'une nécessité s'impose, auquel cas elle s'imposera effectivement à une majorité ad hoc.
Ce qui devrait surtout finir -- mais n'en finira pas -- c'est le discours partisan sur "la France" et "les Français": il est plus évident que jamais que "les Français" ne veulent pas la même chose selon leur lieu, leur milieu, leur mode de vie, ce qu'ils entendent ou lisent, et qu'il n'y a aucun sens à imposer aux uns ce que veulent ou croient vouloir les autres...
Le texte de Bouvier est fort intéressant, et d'une grande "actualité", bien qu'on puisse regretter que son recul historique ne l'amène pas à questionner davantage les évidences contemporaines: c'est toujours le passé, antique ou moderne (XIXe-XXe s.), qui est évalué d'après "nos" (dernières ou avant-dernières) "valeurs", alors même que celles-ci se dévaluent très vite, même à nos propres yeux. En tout cas la lecture des extraits de Frary (1884), dont je n'avais jamais entendu parler, est très amusante, en dépit des suites funestes de la critique, fût-elle autocritique, du parlementarisme et de la démocratie représentative.
Cela dit, les suites totalitaires sont quand même une piètre justification du système: on peut rabâcher comme un mantra le mot de Churchill -- le pire à l'exception de tous les autres -- ça ne le rendra pas immortel. |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Jeu 11 Juil 2024, 20:20 | |
| NFP AU POUVOIR : MACRON PEUT-IL L'EMPÊCHER ?
L''alliance de Macron est arrivée deuxième, assez loin derrière le NFP, qui a gagné, même s'il est loin d'une majorité absolue. Maintenant, Macron peut-il empêcher le NFP de gouverner ?
https://www.youtube.com/watch?v=VwxT2KxpCik |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12461 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Jeu 11 Juil 2024, 21:34 | |
| L'arithmétique a beau être simple, à peine écarté (provisoirement) le principal danger la connerie politicienne s'étale à nouveau dans les grandes largeurs... Il est tout aussi stupide de la part du NFP de prétendre appliquer exclusivement et intégralement son programme que de la part du centre et de la droite hors RN de rejeter d'office une partie intégrante du NFP (LFI en l'occurrence, indépendamment des personnalités particulières qu'on peut avoir des raisons précises de laisser de côté). Le parlementarisme partisan n'a besoin de personne pour se ridiculiser.
Du reste quasiment personne, me semble-t-il, ne réclame plus la tête ni même la démission de Macron, qui obligerait soudain tout ce petit monde à cesser ses enfantillages, sans garantie de parvenir une fois de plus à en annuler les effets in extremis (au second tour d'une élection présidentielle). Même le RN qui aurait le plus à y gagner ne semble guère pressé de se remettre ainsi en première ligne. |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Ven 12 Juil 2024, 08:23 | |
| Dominique De Villepin DÉTRUIT David Pujadas sur le Front Populaire
https://www.youtube.com/watch?v=u1yIR0pNH2M
Je souscrits "totalement" à l'analyse de Dominique De Villepin, y compris à la dernière solution préconisée, d'un gouvernement d'unité national qui n'exclurait pas le RN. Macron devrait s'inspirer de la hauteur, de la "noblesse" et de l'analyse de Dominique De Villepin. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12461 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Ven 12 Juil 2024, 10:04 | |
| Pour une fois qu'on a affaire à un exposé méthodique ou programmatique (en quatre étapes numérotées), mieux vaut l'écouter dans l'ordre de sa présentation (p. ex. ici) que dans le saucissonnage-remontage inepte du "Quotidien du peuple"...
Le problème c'est que la pièce réelle se joue comme elle s'improvise, au parlement, dans les partis, dans les médias et sur les réseaux sociaux, avec des acteurs qui ne sont que très partiellement rationnels, et qu'à leur interaction semi-aléatoire nul ne peut imposer la moindre "feuille de route". Paradoxalement la figure du président, même à faire l'unanimité contre lui dès qu'il dit ou écrit un mot, n'en paraît que plus incontournable.
Ce qui apparaît le plus dégradé dans cette affaire, c'est l'ensemble de la classe ou caste politique: face à n'importe quel politicien professionnel le RN (notamment) peut faire élire de parfaits inconnus, incompétents ou inexpérimentés, qui n'ont même pas besoin d'ouvrir la bouche ou de se présenter à des électeurs pour l'emporter, sur le seul nom du RN, de Le Pen ou de Bardella. D'un autre côté l'impéritie personnelle des élus RN en fait de parfaits petits soldats, capables de voter comme un seul homme selon les consignes du chef, ce qui devient une force supplémentaire face aux débats interminables des partis traditionnels. Avec tout ça, à l'évidence, l'idée fondamentale d'une démocratie représentative (où chaque député était censé représenter son territoire), déjà dévoyée par le multipartisme (chaque député représente en fait son parti, dont la politique se décide généralement dans la capitale), est en phase terminale: dès que le RN atteindra la majorité absolue l'assemblée ne représentera plus que son chef ou sa cheffe. Certes c'était déjà le cas de toutes les majorités absolues, sauf qu'avec des politiciens de métier il y avait débat dans les partis: avec une armée de clones il n'y a plus qu'une seule voix, mais même les clones finissent par se différencier... |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: inter-minables Lun 15 Juil 2024, 14:56 | |
| - Citation :
- Ce qui apparaît le plus dégradé dans cette affaire, c'est l'ensemble de la classe ou caste politique: face à n'importe quel politicien professionnel le RN (notamment) peut faire élire de parfaits inconnus, incompétents ou inexpérimentés, qui n'ont même pas besoin d'ouvrir la bouche ou de se présenter à des électeurs pour l'emporter, sur le seul nom du RN, de Le Pen ou de Bardella. D'un autre côté l'impéritie personnelle des élus RN en fait de parfaits petits soldats, capables de voter comme un seul homme selon les consignes du chef, ce qui devient une force supplémentaire face aux débats interminables des partis traditionnels. Avec tout ça, à l'évidence, l'idée fondamentale d'une démocratie représentative (où chaque député était censé représenter son territoire), déjà dévoyée par le multipartisme (chaque député représente en fait son parti, dont la politique se décide généralement dans la capitale), est en phase terminale: dès que le RN atteindra la majorité absolue l'assemblée ne représentera plus que son chef ou sa cheffe. Certes c'était déjà le cas de toutes les majorités absolues, sauf qu'avec des politiciens de métier il y avait débat dans les partis: avec une armée de clones il n'y a plus qu'une seule voix, mais même les clones finissent par se différencier...
Législatives : à quelques jours du second tour, ces candidats qui embarrassent le RN • FRANCE 24 https://www.youtube.com/watch?v=exOTYmDHzD4 "Plus de 186 000 morts" à Gaza : quelle fiabilité pour l'estimation publiée sur le site The Lancet ? "Il n'est pas invraisemblable d'estimer que jusqu'à 186 000 morts, voire plus, pourraient être imputables au conflit actuel à Gaza". Selon une "lettre" publiée sur le site du Lancet, le bilan humain dans le territoire palestinien en guerre depuis 10 mois avec Israël, serait beaucoup plus élevé que les plus de 38 300 annoncés par le ministère de la Santé du Hamas. Comment ses auteurs sont-ils parvenus à cette estimation ? Leur chiffre est-il crédible ? Décryptage. Selon une publication intitulée "Compter les morts à Gaza : difficile mais essentiel", mise en ligne vendredi 5 juillet sur le site Internet de la célèbre revue médicale britannique The Lancet, "il n'est pas invraisemblable d'estimer que jusqu'à 186 000 morts, voire plus, pourraient être imputables au conflit actuel à Gaza". En se basant sur "une estimation de la population de la bande de Gaza en 2022, qui s’élevait à 2 375 259 habitants, cela représenterait 7 à 9 % de la population totale de la bande de Gaza", poursuivent les auteurs de "La lettre", publiée dans la rubrique "Correspondances" du site. Des chiffres largement supérieurs au bilan communiqué, mercredi 10 juillet, par le ministère de la Santé de Gaza, faisant état de 38 300 morts dans le territoire palestinien depuis le début de l’offensive de l’État hébreu contre le Hamas, en réponse à l’attaque du 7 octobre perpétrée par le mouvement islamiste sur le sol israélien. Morts directes et morts indirectes Signée par Rasha Khatib, chercheuse au sein de l’Institut américain Advocate Aurora Health et de l’Institut de santé publique de l’Université de Beir Zeit, en Cisjordanie occupée, Martin McKee, professeur de santé publique européenne à la London School of Hygiene & Tropical Medicine et membre du Comité consultatif international de l'Institut national israélien de recherche sur les politiques de santé, et par Salim Yusuf, professeur distingué en médecine à l’Université McMaster et à l’Hamilton Health Sciences, au Canada, cette publication, qui comprend un bilan estimé de morts directes et indirectes du conflit, n’a pas manqué de faire couler beaucoup d’encre. Et ce, alors même qu’il ne s’agit ni d’un rapport, ni d’une étude scientifique. Sur le site du Lancet, il est précisé que les correspondances ou "lettres" sont des "réflexions" de lecteurs portant "sur le contenu publié dans [ses] revues, ou sur d’autres sujets d’intérêt général" qui ne passent pas "habituellement" par le processus dit d’évaluation par les pairs (peer review, en anglais). Une étape largement admise comme la méthode de validation de référence, par des experts dans leur domaine, des résultats scientifiques des chercheurs. Concrètement, pour parvenir à l'estimation de 186 000 morts, les auteurs sont partis du principe que "les conflits armés ont des répercussions indirectes sur la santé, au-delà des dommages directs causés par la violence". Ils ont donc appliqué une "estimation prudente" de quatre morts indirectes pour un décès direct, en basant leur calcul sur le nombre de 37 396 morts enregistré, le 19 juin, par le ministère de la Santé du Hamas – le mouvement palestinien est au pouvoir à Gaza depuis son coup de force en juin 2007. Un nombre qu’ils estiment "probablement sous-estimé" en raison des difficultés rencontrées sur le terrain pour effectuer des bilans quotidiens. Pour arrêter leur estimation à "quatre morts indirectes pour un décès direct" les auteurs se sont appuyés sur un rapport publié en 2008 par le Secrétariat de la Déclaration de Genève sur les conflits armés. Le document évoque des "études montr[a]nt qu’il y a entre trois et quinze fois plus de personnes qui meurent indirectement pour chaque personne qui meurt de manière violente". Mais les signataires de la "lettre" n’ont pas précisé la raison pour laquelle ils ont retenu le chiffre quatre pour leur "estimation prudente". S’inscrivant en droite ligne des polémiques relatives aux bilans humains en provenance de Gaza, la publication n’a pas manqué de provoquer un flot de réactions en ligne. D’un côté, elle est vertement critiquée par ceux qui voient une publication biaisée, une méthode de calcul contestable et des estimations hypothétiques. Pour le journal israélien The Jerusalem Post, The Lancet a accordé à cette publication une forme de "fiabilité" qui a poussé des internautes "anti-Israël" à "massivement propager la nouvelle calomnie sur les réseaux sociaux". De l'autre, la correspondance, qui a été reprise par plusieurs médias internationaux, est saluée et relayée pour exprimer des messages de soutien à la population gazaouie et des appels à la fin des opérations militaires israéliennes à Gaza. Ainsi, la rapporteure spéciale des Nations unies dans les territoires palestiniens, Francesca Albanese, l’a diffusée sur son compte X pour illustrer les conséquences de ce qu’elle désigne comme "9 mois de génocide" à Gaza. Une estimation "cohérente", selon Médecins du monde L'estimation avancée par cette "lettre" est-elle crédible ? Oui, selon certaines ONG actives dans le territoire palestinien. "Ce bilan de 186 000 morts évoqué dans The Lancet est cohérent avec la situation sanitaire, militaire, géopolitique du fait du blocus maritime, aérien et terrestre infligé à la bande de Gaza, estime Jean-François Corty, médecin humanitaire et président de l’ONG Médecins du monde. Cette estimation témoigne vraiment du drame absolu vécu sur place par la population". "Déjà depuis novembre / décembre, je dis que les chiffres qui sont mis en avant sont sous-calibrés par rapport à la réalité, dans un contexte où il y a beaucoup de propagande autour des bilans humains, comme dans beaucoup de conflits et pas exclusivement à Gaza. Depuis le début de la controverse sur les chiffres du ministère de la Santé du Hamas, qui seraient probablement faux, je dis qu’ils sont probablement faux oui, mais parce qu'ils sont minorés". Jean-François Corty affirme que les bilans du ministère de la Santé du Hamas prennent en considération les morts identifiés, "sans prendre en compte tous les morts restés sous les décombres des bombardements, ou les victimes indirectes décédées faute de soins ou d’accès aux soins, de prise en charge ou faute d’être transportées vers un centre de santé". Le président de l’ONG, qui dispose d’une équipe composée d’une cinquantaine de personnes aujourd'hui à Deir Al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, rappelle qu’il y avait 35 hôpitaux fonctionnels à Gaza avant le 7 octobre, "avec un bon niveau médical, des dizaines, voire centaines de centres de santé de proximité". "Mais aujourd’hui, la plupart de ces hôpitaux ne sont plus fonctionnels, il n’en reste plus qu’entre 5 et 10, et ils sont saturés de malades, ajoute-t-il. Ils n'accueillent pas que des malades, ils abritent des familles de déplacés aussi, et ils sont en rupture de tout, de fioul pour leur groupe électrogène, de médicaments et de matériels médicaux et chirurgicaux". "Si vous ajoutez ceux qui risquent de mourir de malnutrition ou des suites de leurs blessures infligées par les bombardements israéliens dans les semaines et les mois qui viennent, à cause des risques de surinfection et parce que leur pathologie va être prise en charge tardivement, alors oui, conclut-il, ce chiffre de 186 000 morts évoqué dans The Lancet est crédible". https://www.france24.com/fr/moyen-orient/20240711-gaza-estimation-lancet-bilan-186-000-morts-palestiniens-israel-medecins-monde-calcul-hamas |
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