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| Matthieu 6:9 comment le comprenez-vous? | |
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Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Re: Matthieu 6:9 comment le comprenez-vous? Sam 18 Avr 2009, 12:54 | |
| Bonjour BB,
merci d'avoir eu la patience de me répondre et pour ce faire d'avoir développer ton raisonnement.
Pour moi l'idée du Dieu vivant signifie qu'il s'agit d'une divinité à laquelle nous nous référons encore au contraire de toutes celles qui ont été abandonnées soit par la disparition de leurs fidèles, soit par la disparition de leur lieu et moment "d'existence".
C'est un peu comme, si tu me permets la comparaison, pour les langues, il y en a des vivantes et d'autres dites mortes. Même si parmi ces dernièrs des philologues en connaissent encore certaines totalement inconnues du grand public et peuvent déchiffrer des documents anciens. Mais la plupart de ces langues mortes ne signifient plus rien pour le citoyen lambda. Pour moi un Dieu vivant est un Dieu qui a encore ses fidèles, dont "l'identité" n'est pas une source de mystère, quoique..., mais du moins il n'est pas dans un musée sous la représentation d'une tête ou d'un masque qui peut nous faire rèver ou peur.
Peut-être ma définition du Dieu vivant est-elle exotique mais je crois que cela ne m'a pas vraiment signifié quelque chose que de penser: "Voyons Dieu est vivant comme toi ou moi". Non sincèrement cela n'aurait pas de sens. Je suis encore très primaire puisque j'en suis resté à la pensée que Dieu, celui auquel je crois, a toujours existé et que la vie, donc la mort, n'a pas d'(em)prise sur lui. Tout au plus est-il vivant comme l'univers est vivant, mais là je ne veux pas m'avancer plus car j'ai peur d'ouvrir un sujet au sein du sujet principal.
Avec mes fraternelles salutations. Jean-Pierre |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Matthieu 6:9 comment le comprenez-vous? Sam 18 Avr 2009, 14:02 | |
| Bonjour, La digression de BB me rappelle une discussion avec un créationniste américain sur JWD -- à la façon de la WT il argumentait contre l'"abiogénèse" en disant que seul le vivant peut donner la vie... et n'avait pas vu que le maillon central de son raisonnement était une métaphore. Je trouve l'interprétation de l'expression "Dieu vivant" par JP tout à fait pertinente dans un contexte moderne, mais évidemment Yhwh n'a pas attendu que les autres dieux soient morts pour se proclamer vivant (comme les autres, du reste). D'ailleurs je trouve que les dieux sont nettement plus vivants lorsqu'ils sont plusieurs (je ne vous ressers pas la citation de Nietzsche sur les dieux morts de rire lorsque l'un d'eux se proclame le seul), et que le soi-disant monothéisme doit largement sa survie à la nostalgie du polythéisme qui sans cesse refait du pluriel dans l'Unité -- anges, démons, Sagesse, logos, Christ, Saint-Esprit, Sainte-Vierge, saints, etc. |
| | | VANVDA
Nombre de messages : 1610 Date d'inscription : 09/05/2008
| Sujet: Re: Matthieu 6:9 comment le comprenez-vous? Sam 18 Avr 2009, 14:19 | |
| Très jolie explication JP! Mais finalement on est pas loin de dire exactement la même chose: le mot "vivant" lorsqu'il est employé pour Dieu ne peut être que métaphorique (comme il l'est pour les langues!). Ceci dit, ta conclusion m'évoque aussi le fait que l'univers n'a pas toujours existé, d'après ce que nous pouvons aujourd'hui en penser. Et dans l'acception que tu nous proposes Dieu lui-même n'est devenu "vivant" qu'au moment où des créatures (les humains étant les seuls sur lesquels nous pouvons réellement nous prononcer) ont commencé à le "pratiquer". Cette idée ne me choque absolument pas, je lui trouve même un parfum très séduisant, mais je doute qu'elle convienne à une majorité de croyants, non? |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Matthieu 6:9 comment le comprenez-vous? Sam 18 Avr 2009, 22:58 | |
| BB, Je repars de ta dernière phrase (en pensant aussi un peu à ta discussion avec Elowim sur l'autre fil): je ne vois pas comment le langage "religieux" (et, au fond, le langage tout court) pourrait faire l'économie de l'ambiguïté. Et encore moins pourquoi il le devrait. L'univocité, dogmatique ou scientifique, c'est le mythe totalitaire et obsessionnel par excellence (Babel). La commun(icat)ion c'est le domaine de l'à-peu-près; un jeu qui comme la roue du Tao ne joue (aussi au sens "mécanique" du terme") que grâce au vide ultime des signifiants, et dont l'équivoque, le malentendu, font partie intégrante. Simone Weil disait que les dogmes religieux devraient commander non pas l'adhésion mais l'attention. Telle phrase, telle affirmation -- je ne la comprends pas, ou je ne la comprends plus comme je l'ai comprise, comme d'autres la comprennent ou semblent la comprendre. Mais ni moi ni les autres n'en avons épuisé le sens. Notre adhésion comme notre rejet dépendent toujours d'une interprétation limitée et provisoire. Qui sait quel sens nous lui trouverons/inventerons demain, et qui sait chez qui ce sens apparaîtra? Je me souviens d'une catéchète protestante suisse et plutôt "orthodoxe", Claire-Lise de Benoit, rencontrée il y a une vingtaine d'années alors qu'elle était déjà assez âgée. Elle avait dit une chose qui m'avait frappé: qu'elle s'efforçait d'enseigner le catéchisme aux enfants de telle sorte que tout au long de leur vie ils puissent se retrouver dans ce qu'ils avaient appris, même s'ils devaient le comprendre tout à fait différemment... |
| | | VANVDA
Nombre de messages : 1610 Date d'inscription : 09/05/2008
| Sujet: Re: Matthieu 6:9 comment le comprenez-vous? Dim 19 Avr 2009, 09:43 | |
| En partant de là, on peut bien se dire qu'on ne reçoit toujours que des enveloppes vides!
Si bien sûr l'idée de ces vides, ces jeux de fonctionnement nécessaires, tombent sous le sens (là tu apprécieras ce fin jeu de mots), j'ai le sentiment néanmoins que, dans le cas des fondamentalistes ou des ex-fondamentalistes, c'est une étape très difficile que de découvrir que "le sens" (on y revient) est une œuvre tout aussi individuelle que collective. Le TdJ qui lira "que ton Nom soit sanctifié" ne voudra pas envisager que "le Nom" puisse ne vouloir renvoyer à rien de définissable ou d'identifiable (c'est le signifiant "Nom" qui veut, pas le lecteur). J'ai l'impression que je retrouve ça chez bien du monde avec qui je discute depuis ma "sortie", y compris dans ma famille: c'est comme une volonté de se dé-responsabiliser de sa lecture, des choix que l'on fait (qui deviennent pourtant évidents à mes yeux, même si j'ai du mal à le formuler dans la discussion avec Elowim). D'ailleurs, il m'est bien sûr venu à l'esprit qu'en choisissant de ne plus donner UN sens au texte biblique, c'est peut-être un moyen, là encore, de "m'illusionner" sur mon choix de lecture à moi. Et bien malgré moi, ça reste une idée inconfortable!
On peut trouver ça très inquiétant ou trouver ça très beau; ou encore se dire qu'il y a en effet de l'un, donc forcément de l'autre. |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Matthieu 6:9 comment le comprenez-vous? Lun 20 Avr 2009, 11:53 | |
| Le sens métaphorique de l'expression "NOM" n'est-elle pas évidente à la lecture de :
19 allez donc dans le monde entier, faites des disciples parmi tous les peuples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Le terme "au nom de Père" n'a t-elle pas le même sens qu'au "nom du roi" ou "au nom de la loi" ? Si le rédacteur de l'évangile de Matthieu pensait au Tétragramme lorsqu'il employait l'expression "au nom du Père", alors il faudrait conclure que le Saint esprit porte un nom ?
Un autre verset vient selon moi appuyer cette comprehension :
20 Car là où deux ou trois sont ensemble en mon nom, je suis présent au milieu d'eux.
Manifestement JC ne faisait pas allusion à son nom mais à ce qu'il (en tant que personne) representait. |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Matthieu 6:9 comment le comprenez-vous? Lun 20 Avr 2009, 17:17 | |
| On retrouve par ailleurs dans le Notre Père, plusieurs formules ou expressions présentes dans le Qadish. Du temps de Jésus (et encore aujourd’hui), le Qadish, encore appelé prière de la « sanctification du Nom du Seigneur » (une des principales du judaïsme) était récitée par tous les Juifs pieux :
« Que son grand Nom soit magnifié et sanctifié
dans le monde qu’il a créé selon sa volonté !
Et que règne son règne,
Et que germe sa délivrance[…]
Que son grand Nom soit béni pour toujours
Et pour les siècles des siècles !
Que soit béni, et que soit célébré,
Et que soit glorifié, et que soit rehaussé,
Et que soit élevé, et que soit honoré,
Et que soit exalté, et que soit loué
Le Nom du Saint, Béni soit-Il… »
La formule célèbre « Que ton Nom soit sanctifié » présente dans le Qadish comme dans le Notre Père n’a jamais voulu dire qu’il devait être prononcé. Au contraire. On connaissait plusieurs façons de sanctifier le Nom divin comme de le profaner : « Il ne frappa Pharaon et les Égyptiens des dix plaies que parce qu'ils ne sanctifiaient pas son Nom », lit-on dans un vieil écrit rabbinique (Sifré sur le Deutéronome, 132b). Sanctifier le Nom revenait à le considérer comme Saint, le respecter, l'honorer, le glorifier. Les Égyptiens, en effet, qui ne connaissaient ou ne reconnaissaient pas YHWH, ne sanctifiaient pas son Nom. A contrario, faire de bonnes actions était une façon de sanctifier le Nom (Talmud de Jérusalem, Baba Metsia, 8c). Il fallait être intègre afin que les païens en arrivent eux aussi, par le biais de ce témoignage, à la connaissance et au respect du vrai Dieu. Mourir pour le Nom, en allant jusqu'au martyre, restait la sanctification suprême (Sifra sur le Lévitique, XVIII, 86a ; XXII, 99d), et les trois amis de Daniel demeurés fidèles à Dieu et ayant survécu à la fournaise étaient alors donnés en exemple (Daniel III, 8-30). |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Matthieu 6:9 comment le comprenez-vous? Lun 20 Avr 2009, 18:21 | |
| Bonsoir,
Ne pourrait-on pas considérer que le nom dans lequel les disciples sont encouragés, par Jésus, à prier est simplement:"Père"?
Jésus n'utilise jamais dans ses prières d'autres nom particulier comme Seigneur ou Eternel, mais quelque fois Père.
Au-delà de la discussion sur le signifié et le signifiant, voire l'enveloppe vide, n'a-t-on pas un début de réponse qui pourrait convenir à la question posée?
Avec mes fraternelles salutations. Jean-Pierre |
| | | VANVDA
Nombre de messages : 1610 Date d'inscription : 09/05/2008
| Sujet: Re: Matthieu 6:9 comment le comprenez-vous? Lun 20 Avr 2009, 18:58 | |
| Sur la formule exacte "à utiliser" pour s'adresser à Dieu dans les évangiles, il n'y a en effet pas photo. "Père" est d'usage chez Jésus dans les synoptiques et chez Jean (quoi que Kurios, certes associé à "Père", apparait aussi en Luc 10,21).
Mais Paul, lui, prie systématiquement "Le Seigneur" (sauf erreur, faudra que je vérifie si il est question de prière au Père...), dont une fois au moins on ne peut que comprendre qu'il s'agit du Christ (2 Cor 12,7-10 au sujet de son écharde dans la chair).
Néanmoins, il me semble que le "problème" que les TdJ posent à travers le "Notre Père" va bien au-delà de la question de l'interpellation de Dieu dans la prière. |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Matthieu 6:9 comment le comprenez-vous? Mar 21 Avr 2009, 17:52 | |
| Croire en Dieu... mais quel Dieu?Poser les questions autrementPour dépasser ces définitions, il faut poser les questions religieuses, non pas en prétendant posséder une révélation divine à l’origine, mais en considérant d’une manière différente l’expérience humaine. C’est pourquoi le mot « que ? » au lieu de « qui ? » sera un meilleur guide. Y a-t-il une dimension en profondeur de la vie qui soit, finalement, spirituelle ? Si oui, qu’est-ce ? Y a-t-il une profondeur à notre vie et à celle du monde qui nous relie à une présence que nous disons « transcendante » et « qui nous dépasse » et qui, pourtant, ne se distingue pas de ce que nous sommes et de ce qu’est le monde ? Si oui, qu’est-ce ? Y a-t-il une présence au cœur de notre vie qui ne peut être invoquée comme un être, mais saisie comme une réalité divine et infinie ? Si oui, qu’est-ce ? Si nous pouvions nous ouvrir à une telle réalité, en être pleinement conscients, et la laisser remplir notre être et notre conscience, pourrions-nous employer le mot Dieu pour décrire cette façon d’être ? Pourrait-elle être encore une présence profonde, même si on ne la définissait pas comme une présence extérieure ? Il y en aura sûrement pour affirmer que c’est jouer sur les mots puisque c’est en désaccord avec les concepts religieux traditionnels, mais j’estime plutôt que ces questions pourraient nous ouvrir un chemin dans l’expérience de Dieu par delà l’exil. Je crois que, tout du moins, c’est une voie digne d’être explorée. C’est aussi une voie qui a toujours existé, dans une sorte de rapport minoritaire dans l’histoire religieuse, si on sait la chercher. Élargir les représentations de DieuUn des termes hébraïques d’autrefois par exemple, pour désigner Dieu, était ruach. Ce mot signifiait, littéralement, le vent, concept naturel et impersonnel. On considérait le vent ou ruach non comme un être, mais comme une force vivifiante. Il n’avait ni frontières, ni destination reconnaissable. On disait, chez les Hébreux, que le ruach ou souffle de Dieu, avait plané sur le chaos, dans le récit de la création, pour faire surgir la vie. Petit à petit, ce ruach changea, se personnifia et on l’appela l’Esprit. Mais il est important de remarquer qu’à l’origine, ruach était une force de vie impersonnelle, un « que » dont on faisait l’expérience, non un « qui ». Le ruach ou souffle de Dieu n’était pas extérieur. Il surgissait plutôt à l’intérieur du monde et on l’interprétait comme sa base même, sa réalité porteuse de vie. Aucun concept de Dieu ne peut être plus qu’une construction humaine limitée, et nos mots personnels pour en parler ne révèlent pas Dieu, mais nos propres désirs. |
On pensait que ce ruach se rattachait, en quelque sorte, au nephesh ou souffle humain. C’était et c’est aussi un concept impersonnel. Le souffle est une force qui jaillit de chacun d’entre nous et on pensait qu’il s’identifiait à notre vie. Le mot « rocher » est encore une autre image impersonnelle de Dieu présente dans les Écritures. On ne peut imaginer plus impersonnel qu’un rocher. Pourtant, dans le livre de Samuel, on peut lire : « Il n’y a aucun rocher comme notre Dieu » (1 S 2,2) et les écrits hébraïques chantent la solidité de Dieu, comme un rocher. Le Psautier proclame : « Le Seigneur est mon rocher et mon salut » (Ps 18,2), et plus loin « Qui est un rocher, sinon notre Dieu ? » (Ps 18,32). Paul appelle même le Christ le rocher où s’abreuvèrent les Hébreux pendant les années au désert. Si, pour concevoir Dieu, nos pères ont utilisé des éléments aussi impersonnels que le vent, le souffle ou un rocher, nous pourrions sûrement être plus audacieux, nous évader de nos images personnalistes et envisager dans notre quête de Dieu de nouvelles acceptions et des figures de rhétorique radicalement différentes. Des peuples de l’antiquité ont senti, presque intuitivement, les strictes limites de leurs concepts théistes de Dieu, comme s’ils les savaient inadéquats ou même inexacts, tout en ne sachant qu’en faire. Il était, par exemple, interdit aux juifs de prononcer le nom sacré de Dieu. C’était, en quelque sorte, faire de Dieu un objet plutôt qu’un sujet, une activité envisageable plutôt qu’un mystère ultime. Pour la même raison, les musulmans n’avaient pas le droit de représenter le Divin de manière visuelle. De telles représentations semblaient trop limitatives. L’exemple des mystiquesLes mystiques de chaque tradition religieuse se sont toujours récriés contre toute définition spécifique de Dieu. Ceux de l’Occident, semble-t-il, ont affirmé qu’un Dieu personnel n’était qu’une étape, inférieure, dans l’évolution de la religion humaine. Au début la représentation de Dieu était imaginative, puis elle devint vite ineffable. Elle nécessitait un voyage intérieur et non pas extérieur. Cette recherche intérieure aboutissait, finalement, à une humanité transfigurée. Elle permettait ainsi au mystique d’échapper aux limites humaines sans toucher à l’intégrité humaine. En même temps, cette étonnante expérience mystique ne réduisait pas les humains au statut d’enfants impuissants et dépendants, soumis à la volonté d’une divinité extérieure et autoritaire. Elle invitait plutôt la vie humaine à sortir de toutes limites jusqu’à ce que celle-ci Le mysticisme prétend que tout la création peut révéler le Divin, dans les profondeurs mêmes de son être. |
apparaisse comme une révélation de ce Dieu qui surgirait des profondeurs mêmes de la vie. Le mysticisme prétend qu’en fin de compte, toute la création peut révéler le divin, dans les profondeurs mêmes de son être. Pour le mystique, donc, le Dieu d’une personne n’est jamais tout à fait le même que Celui d’une autre. L’idolâtrie est ainsi impossible. Dans la tradition mystique, nul ne peut revendiquer l’objectivité de son intuition. Chacun est invité à voyager dans le mystère de Dieu en empruntant la voie de sa propre personnalité en développement. Chacun est jugé capable d’être une théophanie, un signe de la présence de Dieu, mais aucune personne, aucune institution, aucun mode de vie ne peut épuiser cette révélation. http://www.evangile-et-liberte.net/elements/numeros/182/article10.html |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Matthieu 6:9 comment le comprenez-vous? Mar 21 Avr 2009, 23:01 | |
| Bonsoir,
Peut-être que la question à déjà été traitée mais... Pourquoi le tetra disparaît soudainement à partir du nt ?
(La question du nom est fondamentale pour tout ex tj. Sur tj question, certains ne savent plus qui prier ! c triste.) |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Matthieu 6:9 comment le comprenez-vous? Mar 21 Avr 2009, 23:19 | |
| Bonjour et bienvenue Christof! Si tu reviens à la première page de ce fil (tu es ici sur la page 3) tu trouveras des éléments de réponse à ta question. Le mieux serait peut-être que tu les parcoures et que tu nous dises éventuellement ce que tu en penses, pour repartir de là... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Matthieu 6:9 comment le comprenez-vous? Mer 22 Avr 2009, 00:23 | |
| Et bien... de tout ce que je comprends depuis que je planche sur le sujet : c'est que Dieu fait homme, jésus à capté l'attention. Dieu n'est plus un mystère, puisqu'il s'est révélé physiquement. Jésus incarnation du nom...
Peut-être que le nom proprement dit ce n'est pas "jésus", mais la nuance est ténue. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Matthieu 6:9 comment le comprenez-vous? Mer 22 Avr 2009, 10:57 | |
| Bonjour,
Il y a quelques messages Didier et Free ont parlé de la prière juive Quadish, et une question me vient à l'esprit à savoir; "Pourquoi les disciples ont-ils demandé à Jésus de leur apprendre à prier, si tant est qu'ils connaissaient la prière juive?"
D'ailleurs Jésus ne fait que reprendre des formulations de cette prière notamment la première partie consacrée au Père.
Père qui est différent de lui pour rebondir sur le message de christof que je salue, (voir admin !). Je propose à christof s'il le veut bien d'ouvrir un nouveau sujet sur une thèmatique de Dieu est-il un mystère, avec un titre qu'il voudra bien déterminer. Je te remercie, Christof, de ta bonne volonté.
Avec mes fraternelles salutations. Jean-Pierre |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Matthieu 6:9 comment le comprenez-vous? Mer 22 Avr 2009, 13:29 | |
| Bonjour à tous,
@Jean-Pierre,
Je ne crois pas que le rapport du Notre Père et du Qaddish soit d'ascendance en ligne directe -- je n'imagine pas que Jésus ait appris un Qaddish tel que la communauté juive le récite aujourd'hui, et qu'il l'ait modifié "exprès", et pas non plus que le judaïsme ait récupéré et adapté le notre Père. L'un et l'autre sont des évolutions parallèles (ou plutôt divergentes!) d'une même tradition dans des milieux séparés. D'ailleurs même à l'intérieur des textes dits "chrétiens" la forme change considérablement (Matthieu, Luc, Didachè).
La Didachè est particulièrement intéressante parce qu'elle montre qu'entre certains groupes "chrétiens" et "juifs" (c'est nous qui traçons la frontière!) la différence est essentiellement une affaire de forme. Il s'agit en effet des mots qu'on dit (le Notre Père est bien une prière récitée, trois fois par jour en l'occurrence), comme de la détermination des jours de jeûne, du dimanche opposé au shabbat, etc.
On est ici très, très loin, du "christianisme" de "Paul" ou de "Jean" -- beaucoup plus près de Matthieu en revanche.
@ Christof,
Ta "synthèse personnelle" me semble très proche du quatrième évangile, très proche aussi de la mienne au moment où j'ai quitté les TdJ. Pour la petite histoire, dans les mois qui ont suivi mon exclusion je me suis mis à écrire un texte sur ce sujet précis. Et c'est d'ailleurs en l'écrivant que je me suis rendu compte de la "résistance" des textes : EUX ne voulaient pas TOUS rentrer dans cette idée qui pourtant ME satisfaisait pleinement; donc, je ne les avais pas si bien "compris" que je le croyais.
J'étais par exemple porté à attribuer la disparition de la prononciation effective du Tétragramme dans l'usage ordinaire du judaïsme, AVANT le christianisme, à une sorte de praeparatio evangelica, hasard-providence nécessaire à la résurgence du motif du "Nom" devenu "Seigneur" dans la christologie. Ça se tenait mais à condition de ne suivre qu'un seul fil de lecture et d'ignorer les autres... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Matthieu 6:9 comment le comprenez-vous? Mer 22 Avr 2009, 22:33 | |
| Voici la réponse que j'ai obtenue d'un site catholique :
"je crois que c'est tout simplement le Nom du Père, Abba. Pourquoi ? Parce que c'est dans une prière où précisément Jésus s'adresse à "son Père et à Notre Père" comme Il le redira à Marie-Madeleine le jour de la Résurrection.
Cette prière au Père est tout à fait juive dans son adresse : Avinou, notre Père. Mais Jésus la fait avec l'Ame du "Fils Unique qui est dans le Sein du Père".
De sorte que je dirais : le Nom ici est celui du Père, mais Jésus comme Fils Unique demeure en Lui. Et c'est en Jésus que nous prions "Notre Père" , sous le souffle de l'Esprit Saint "qui, avec des gémissements inéffables, crie en nous : Abba, Père" !"
Voici une explication trinitaire très satisfaisante. Le nom c'est Père, mais bien sûr, on prie jésus en fait... Je vous rappelle qu'il y à pas moins de qq jours, je pensais encore que le nom c'était le tétra. Je continue à être abasourdi ... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Matthieu 6:9 comment le comprenez-vous? Jeu 23 Avr 2009, 10:38 | |
| Bonjour Christof,
C'est vrai que nous sommes toujours abasourdi lorsque nous découvrons que nous nous étions engagé dans une mauvaise direction persuadé que nous ne pouvions pas nous tromper.
Tu évoques une explication trinitaire qui te donne satisfactilon; puis-je te demander qui Jésus priait-il lorsqu'il invoquait le Père?
Avec mes fraternelles salutations. Jean-Pierre |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Matthieu 6:9 comment le comprenez-vous? Jeu 23 Avr 2009, 13:28 | |
| Je dis "satisfaisante" pas forcément pour moi... mais dans le cadre de l'approche trinitaire. Je redécouvre des choses actuellement et je les examine sans barrières.
J'ai été élevé au "1 + 1 +1 = ???", la thése de niveau école maternelle des tj. J'ai envie de m'imprégner maintenant d'approches plus subtiles. D'autant + que je n'oublie pas que nous sommes dans une symbolique. Je ne sais pas encore ce que je penserais de tout ça dans 20 ans. D'après ce que je comprend des mots de spermologos, il y à d'autres explications que la trinité. ok. Donc je verrais comment je comprend tout ça avec l'épreuve du temps. Je me contente pour l'instant de l'explication des théologiens.
Donc Jésus prie le Père, tout simplement. Sanchant qu'il est une incarnation du Père... Manifestement, jésus n'a pas souhiaté qu'on "adore" sa figure humaine. Je ne suis pas un théoricien de la trinité de toute façon. Un humble chercheur tout au plus. Aujourd'hui je cherche juste à créer "une relation intime" avec Dieu. En attendant, éventuellement un hypotétique mouvement, une société d'homme qui défendent les m^mes valeurs spirituelles que moi et où je pourrais PRATIQUER et arréter de tourner en rond. Aujourd'hui, j'aimerai qu'orient et occident se réunissent. Mais je ne vais pas au "new age" pour autant !!! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Matthieu 6:9 comment le comprenez-vous? Jeu 23 Avr 2009, 13:31 | |
| J'étais par exemple porté à attribuer la disparition de la prononciation effective du Tétragramme dans l'usage ordinaire du judaïsme, AVANT le christianisme, à une sorte de praeparatio evangelica, hasard-providence nécessaire à la résurgence du motif du "Nom" devenu "Seigneur" dans la christologie. Ça se tenait mais à condition de ne suivre qu'un seul fil de lecture et d'ignorer les autres...
Que de mystères... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Matthieu 6:9 comment le comprenez-vous? Mer 20 Juil 2011, 12:22 | |
| bon j'ai tout lu ,tranquillement , je vois en fait qu'il y a des raisonnements contradictoires et que chacun voit ce nom en fait sans importance , pour les juifs il y a une "petite erreur " il n'était pas inderdit de le prononcé mais dangereux de mal le prononcé .(sans respect d'ou les juifs on preferaient ne plus le dire ,et ce nom est devenu caduc pour beaucoup) Dieu pour lui il était important que son peuple glorifie se nom ,justement pour qu'il soit DISTINGER des FAUX dieux (d'après mon grand père DCD a 101 ans) il reprocha a son peuple d'avoir déshonoré sont grand nom aux milieu des nations d'alors.puis confirme " elles sauront QUE JE SUIS LE SEIGNEUR YAVHE. Donc si on s'attarde simplement avec humilité sur ces écrits on constate que Dieu a un nom personnel qu'on le veuille ou nom!! |
| | | seb
Nombre de messages : 1510 Age : 51 Date d'inscription : 05/01/2010
| Sujet: Re: Matthieu 6:9 comment le comprenez-vous? Mer 20 Juil 2011, 12:54 | |
| Ou bien on peut dire que le dieu YHWH avait un nom personnel, et qu'il l'a perdu en devenant le Dieu unique, comme cela est dit au début du fil. En général, on utilise un nom pour désigner quelqu'un parmi une foule, mais lorsqu'il est tout seul, le nom n'est alors plus nécessaire. On ne donne pas de nom à l'Univers, ou à la Nature, par exemple, parce que ces choses sont uniques.
Voilà pourquoi, entre autres raisons, le dieu sémitique YHWH, qui était au début un parmi d'autres, n'a plus été nommé lorsqu'il est devenu le Dieu unique. A noter que Jésus et ses disciples n'utilisaient déjà plus le nom YHWH, contrairement à ce que certains voudraient faire croire.
Pour approfondir encore le sujet, je te conseille le lien suivant: http://www.college-de-france.fr/default/EN/all/mil_bib/Cours_du_3_fevrier_2011___1.htm
C'est un peu long, mais c'est vraiment très complet sur le sujet. Tu peux aussi trouver d'autres vidéos sur le lien http://www.college-de-france.fr/default/EN/all/mil_bib/audio_video.jsp?fields=ACTIVITY_TYPE2&fieldsdefault=0_0&index=0&prompt=&TYPE2=video&fulltextdefault=mots-cles...&fulltext=yhwh
_________________ Si ton but est la croyance, ne parle qu'avec ceux qui la partagent. Si ton but est la connaissance, parle avec tout le monde! http://ex-temoinsdejehovah.org/
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| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Matthieu 6:9 comment le comprenez-vous? Mer 20 Juil 2011, 13:19 | |
| La locution adverbiale généralement traduite par "en vain" dans Exode 20,7// ( l-shw') peut être prise dans deux sens (légérement) différents. 1) "Pour rien", d'où "en vain, inutilement" (c'est le sens habituel de l'expression en hébreu classique, cf. Jérémie 2,30; 4,30 etc.), et par extension "à la légère". 2) "Pour nuire", car la négativité du terme shw', apparenté au tristement célébre "Shoah" ( shw'h), peut également avoir une connotation destructrice (ce qui réduit à rien, à néant, etc.). En pratique ces deux sens se rejoignent, puisque dans le contexte ancien (polythéiste ou monothéiste) on invoque notamment le nom de la divinité dans les serments, les bénédictions et les malédictions, qui ont des conséquences (judiciaires ou "magiques") sur autrui. Un "faux témoignage" ( `d shw', Deutéronome 5,20 etc.), c'est un témoignage "sans fondement", mais c'est aussi un témoignage "pour nuire" à quelqu'un. (N.B. cette remarque ne concerne que le sens "premier" de la formule, dans le contexte "biblique" du Décalogue, sans préjudice de sa "dérive de sens" ultérieure dans le judaïsme du Second Temple, dont on a déjà amplement parlé ailleurs: https://etrechretien.1fr1.net/t494-le-culte-de-yhwh-au-temps-de-jesus ) P.S.: Sur la question encore plus vaste de l'histoire du nom divin Yhwh, voir aussi https://etrechretien.1fr1.net/t132-d-ou-vient-yhwh |
| | | VANVDA
Nombre de messages : 1610 Date d'inscription : 09/05/2008
| Sujet: Re: Matthieu 6:9 comment le comprenez-vous? Mer 20 Juil 2011, 18:42 | |
| - Citation :
- Donc si on s'attarde simplement avec humilité sur ces écrits on constate que Dieu a un nom personnel qu'on le veuille ou nom!!
Et avec ou sans humilité (nous ne nous comprendrons décidément pas sur ce sujet! Je ne vois absolument pas ce que l'humilité vient faire là-dedans... sinon peut-être de la plus paradoxale des manières!), celui qui s'y attarde vraiment ne peut manquer de remarquer que le nom propre Yhwh n'est jamais utilisé dans le Nouveau Testament, pas une seule fois, ni par Jésus ni par aucun de ces fameux "premiers chrétiens", pas plus en Mat 6.9, justement, qu'ailleurs... |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Matthieu 6:9 comment le comprenez-vous? Mer 20 Juil 2011, 20:14 | |
| La formule "que ton nom soit sanctifié" a son précédent vétéro-testamentaire (ça veut dire dans l'AT) le plus proche (proche quant à la forme, lointain dans le temps) en Ezéchiel 36,23: précédent approximatif tout de même, puisqu'au lieu de l'impératif passif à valeur optative correspondant au jussif "que soit sanctifié", on a en hébreu un inaccompli actif, en grec un indicatif futur, "je sanctifierai". Il me semble intéressant de relire tout le chapitre 36 d'Ezéchiel pour comprendre de quoi il est question. C'est d'abord un oracle sur les montagnes, puis plus généralement sur le pays (la terre) d'Israël, opposé à l'oracle sur les montagnes d'Edom au chapitre précédent (Yahvé est encore très lié à sa "terre"). La "profanation" (Hll) du nom de Yahvé parmi les nations est causée par l'exil même (v. 20ss): aux yeux des nations, Yahvé n'a pas été capable de maintenir son peuple sur sa terre. Certes l'exil intervient comme "punition" des fautes d'Israël, mais le rapport entre celles-ci et la "profanation du nom" est indirect. C'est le châtiment, non la faute, qui est la cause immédiate de la profanation du nom divin (Yahvé étant atteint "personnellement" par l'opprobre jeté sur la terre d'Israël selon la première partie de l'oracle, v. 2ss). Le souci qu'a Yahvé de son nom, c.-à-d. aussi de sa réputation (v. 21), sert à expliquer la grâce (totalement imméritée, pour le coup) de la restauration à venir: ce n'est pas pour vous que j'agis, c'est pour mon nom (v. 22,32). Et Yahvé est seul à "sanctifier" son nom -- non en châtiant mais en faisant grâce. A telle enseigne qu'il sort de la logique "donnant-donnant" de "l'alliance" classique pour assumer désormais seul les engagements des deux parties (v. 25ss), selon une logique similaire à celle de la "nouvelle alliance" de Jérémie 31. Il reste quelque chose de cette idée dans le Notre Père (comme dans le Qaddish). La sanctification du nom de Dieu est un événement eschatologique demandé, espéré, désiré, souhaité; ce n'est pas une "oeuvre" ni même une "mission" humaine. Au même titre que la venue du règne du Père-qui-est-aux-cieux ou que l'accomplissement de sa volonté "comme au ciel, ainsi sur terre" (ordre "descendant" dans le texte grec).
[Je me risque à ajouter à ces remarques "exégétiques" (c.-à-d. qui se bornent à lire le plus simplement possible ce que les textes disent) quelque chose de beaucoup plus personnel et de beaucoup plus hasardeux (comment je comprends, moi, et ça n'engage que moi): "que ton nom soit sanctifié", c'est à mes yeux l'expression par excellence du désir monothéiste, en un point où il jouxte le panthéisme, tendu vers le moment "apocalyptique" (c.-à-d. de révélation ou de dévoilement) où apparaît derrière la multiplicité et les antagonismes des noms et des sujets l'unité d'un seul -- tout à fait ineffable celui-là.] |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Matthieu 6:9 comment le comprenez-vous? Dim 10 Mar 2019, 16:12 | |
| Je relis avec plaisir cette discussion commencée il y a bientôt dix ans. Le "succès" historique du Notre Père (cf. déjà les versions de Luc, chap. 11, ou de la Didachè, VIII) tient sans doute à ce qu'on peut appeler sa "simplicité": brièveté d'une part (même par rapport à son "cousin", le Qaddish rabbinique; et par opposition au "rabâchage" ou au "bavardage", batta- ou poly-logie, prêtés aux prières "païennes", par l'introduction de Matthieu, 6,7s), "humilité" d'autre part (comme on l'a notamment relevé à propos de la fameuse requête "ne nous induis pas en tentation" ou "dans l'épreuve", aux antipodes de tout "héroïsme spirituel"; cf. ici). C'est aussi une question de "forme": le rythme poétique de la prière fait qu'on l'apprend et qu'on la retient facilement, et qu'on la récite volontiers en pensant ou non, plus ou moins selon les circonstances, à ce qu'on dit (de toutes les prières "catholiques" c'est la seule que j'aie vraiment retenue de mon enfance, avant d'apprendre qu'elle était "biblique" -- et, par une extraordinaire coïncidence sectaire, qu'il ne fallait justement pas la "réciter" !). Et en même temps cette forme "simple" est susceptible d'approfondissement quasiment infini: chacun de ses mots et de ses phrases peut s'ouvrir sur une vaste méditation (je me souviens d'une anecdote hagiographique que j'ai entendue il y a longtemps de l'historien protestant -- "réactionnaire" mais intéressant -- Pierre Chaunu, à propos de telle sainte -- catholique -- qui se reprochait de ne jamais dépasser les mots "notre Père", tant elle y trouvait d'émerveillement). Sans rouvrir le dossier exégétique du "nom sanctifié" (sur lequel j'avais aussi suggéré une piste de méditation personnelle dans le dernier paragraphe, entre crochets, de mon post précédent), je crois qu''il mériterait d'être rapproché davantage de la phrase précédente, l'"adresse" "Notre Père qui es aux cieux": non pas pour en tirer une équivalence terme à terme (du genre "le 'nom' c'est 'Père'"; nous nous en sommes assez expliqués ci-dessus), mais pour laisser résonner les deux propositions ensemble (avant d'en faire éventuellement autant pour les suivantes). Le "Père-qui-est-aux-cieux", ou "Père céleste", c'est un vrai leitmotiv de Matthieu (5,16.45.48; 6,1ss [noter v. 4, 6 et 18 où "le secret" remplace "les cieux"].26.32; 7,11.21 etc.); le "notre" va de soi: c'est le Père de "Jésus" (mon Père, 7,21; 10,32s etc.) comme celui des "disciples" ou de n'importe qui ( votre Père, formule encore plus courante, s'adressant indifféremment à tous les auditoires, même et peut-être surtout " mauvais", 7,11); à peine davantage celui de Jésus que des autres (la "filialité divine" discriminatoire ou médiatisée de telle ou telle façon, par le Christ, par l'Esprit, par la foi ou la connaissance, ce n'est manifestement pas le souci de Matthieu, malgré quelques exceptions notables qui reflètent plutôt d'autres "théologies" que la sienne, p. ex. 11,27s.32s; 16,17; 18,10.19; 20,23; 5,45 serait sans doute la plus "matthéenne"). Mais cette "inclusivité" a aussi quelque chose d'"exclusif" qui est plus difficile à entendre: Dieu n'est (au moins en puissance) le Père de TOUS qu'à condition d'être leur SEUL père, à l'exclusion de toute autre paternité "naturelle" ou "spirituelle" (23,9.30ss; cf. 3,9; 4,22; 8,21; 10,21.35.37; 12,50; 19,29); ce n'est pas un père en plus mais à la place de l'autre, et de tous les autres; et pourtant pas à sa ni à leur place, puisque lui est "aux cieux". Entre le père unique et le nom sanctifié l'assonance commence à se faire entendre. L'Un à la place de tout et à une tout autre place, la vibration essentielle du théisme entre mono- et pan-théisme. Et du coup les "requêtes" suivantes ne demandent pas autre chose quand elles reproduisent la même structure (jussive, en français "que" + subjonctif) avec d'autres termes (nom / soit sanctifié :: règne / vienne :: volonté / soit faite; à la place sans place de tous les autres noms, règnes, volontés, y compris les nôtres) -- le tout, ou plutôt l'un, sur la terre comme au ciel (où est "le Père"; ainsi qu'on l'a déjà signalé, la variation singulier/pluriel des "cieux" et du "ciel" n'existe ni en hébreu ni en araméen, cf. la Peshitta syriaque, ce qui rend l'effet d'"inclusion" plus audible; le texte grec de la Didachè emploie deux fois le singulier, "notre Père qui es au ciel / comme au ciel aussi sur la terre", ce qui produit le même effet). La méditation n'est pas moins virtuellement riche sur les autres requêtes, qui concernent le "nous" (notre pain quotidien-supersubstantiel, nos offenses-dettes-devoirs liées à une réciprocité, les tentations-épreuves à nous éviter, le mal-malin dont nous avons à être délivrés); nous en avons parlé ailleurs et nous pourrions y revenir ici, car tout se tient là-dedans. Mais ce sera (peut-être) pour une autre fois. |
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