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| college central | |
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Auteur | Message |
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le chapelier toqué
Nombre de messages : 2607 Age : 77 Date d'inscription : 31/08/2010
| Sujet: Re: college central Mer 28 Juin 2023, 12:53 | |
| Nous avions un surveillant de circonscription qui était natif du canton de Vaud, c'est à dire qu'il parlait lentement (tranquillement comme on dit dans le canton de Vaud). Il y avait toujours de bons exemples dans ses discours plein de bon sens. C'était un plaisir de l'écouter car il remontait un peu le niveau des discours présentés.
Il est maintenant en Allemagne et s'occupe toujours du territoire francophone de la Suisse, mais ses participations se font rares selon ce que m'a rapporté ma fille. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: college central Mer 28 Juin 2023, 13:48 | |
| "Ici L ausanne... ici aussi..." (vieille blague sur la gare éponyme, à entendre avec l'accent idoine) Je ne sais pas quelle mesure d'autonomie les surveillants de circonscription ont réussi à garder -- d'après de vagues souvenirs d'instructions internes passées par les bureaux de la traduction dans les années 1980, il me semble qu'ils pouvaient encore composer assez librement un discours par semaine, celui de la "réunion de service", en fonction des "besoins de la congrégation". Mais tout cela a certainement changé depuis. Toujours est-il que je me souviens aussi d'excellents orateurs parmi les "itinérants" de la région lyonnaise, qui ont marqué mon adolescence dans les années 1970. Je pense d'ailleurs qu'ils étaient des "modèles" aussi bien pour les jeunes que pour les "anciens" qui tendaient à les imiter, grâce à l'aura combinée de l'"organisation" et de l'"itinérance", du fait aussi qu'on ne les voyait et ne les entendait pas trop souvent (la fameuse "semaine spéciale", deux fois par an). Quand on a en permanence le radotage des huiles du Collège central dans son salon comme à la Salle du Royaume, et qu'on a tout le loisir de constater l'ennui qu'il génère, l'effet de stimulation et d'émulation y perd... |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: college central Jeu 29 Juin 2023, 14:33 | |
| L’administration à l’époque moderne
7 De l’an 33 jusqu’à la tribulation qui s’est abattue sur Jérusalem, le collège central ne fut composé apparemment que de chrétiens d’origine juive. Lors de son passage en 56, Paul apprit qu’à Jérusalem beaucoup de chrétiens d’origine juive, tout en ‘ possédant la foi du Seigneur Jésus Christ ’, n’en restaient pas moins “ zélés pour la Loi [mosaïque]c ”. (Jacques 2:1 ; Actes 21:20-25.) Peut-être ces Juifs avaient-ils du mal à imaginer un Gentil au collège central. Pourtant, à l’époque moderne, un changement d’une autre nature est intervenu dans la composition du collège central : celui-ci est désormais entièrement constitué de chrétiens oints d’origine gentile, et Jéhovah a abondamment béni leur fonction de surveillance. — Éphésiens 2:11-15.
8 Entre 1884, date de l’enregistrement de la Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania, et 1972, ses présidents successifs ont exercé une grande autorité au sein de l’organisation de Jéhovah, tandis que le Collège central était étroitement associé au conseil d’administration de la Société. Les bénédictions accordées par Jéhovah pendant toutes ces années prouvent qu’il acceptait cette disposition. De 1972 à 1975, le Collège central est passé à 18 membres. On s’est rapproché du modèle du Ier siècle en conférant une plus grande autorité à ce collège élargi, dont certains membres siègent au conseil d’administration de la Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania.
9 Depuis 1975, un certain nombre de ces 18 chrétiens ont achevé leur vie sur la terre. Ils ont vaincu le monde et ‘ se sont assis avec Jésus sur son trône ’. (Révélation 3:21.) C’est ce qui explique notamment que le Collège central ne compte plus à présent que dix membres, dont un nommé en 1994. La plupart sont très avancés en âge. Toutefois, ces frères oints reçoivent un soutien précieux dans l’accomplissement de leurs lourdes tâches. D’où vient ce soutien ? Un bref récapitulatif des changements intervenus dans le peuple de Dieu de l’époque moderne nous permettra de répondre à cette question.
https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1997363?q=coll%C3%A8ge+central+moderne&p=par
Charles Taze Russel, et non un collège central exerça un contrôle total de la société Watch Tower Society. Jusqu’à sa mort en 1916, il fut reconnu comme le seul "pasteur" de tout "l’ecclésia", et ceci explique pourquoi il fut régulièrement désigné sous le nom de "pasteur Russel". |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: college central Jeu 29 Juin 2023, 15:45 | |
| Cet article m'étonne à plusieurs titres -- il faut dire que c'est la période de la Watchtower que je connais le plus mal: entre mon départ en 1986 et mon retour, si je puis dire, en 2003 sur les forums d'ex, je n'ai eu quasiment aucun contact avec tout ce qui concernait les TdJ, et je n'en ai pas cherché.
Ici (1997) on se situerait, si j'ai bien suivi, après la mort de F.W. Franz (1992) et la (première) réinterprétation de la "génération de 1914" (1995), mais bien avant l'abandon (2007) de la date de 1935 comme "fin d'appel céleste" (sauf "remplacement"), ce qui pourrait expliquer un certain scrupule à nommer au Collège central une proportion importante de "oints" d'après 1935, et donc une diminution de l'effectif dudit Collège, compensée par des comités périphériques (dont tous les membres ne sont pas "oints") -- d'autant que c'était aussi avant la remontée du nombre des "participants au Mémorial" qui allait emporter la doctrine de 1935 et par conséquent tout scrupule à élargir le Collège à des "jeunes" (tout est relatif).
Ce que j'ai plus de mal à comprendre c'est la doctrine concernant le prétendu "collège central" (minuscule à collège en français, à governing et à body en américain) du "premier siècle". Il semblerait, à la faveur de la citation d'Eusèbe, que ce ne soit plus "les apôtres et les anciens" d'Actes 15 (selon l'interprétation qui confond le "concile" ponctuel avec un "collège" permanent), mais bien "les anciens" (de l'Eglise de Jérusalem, selon les Actes qui la présentent comme un double du judaïsme du temple et du sanhédrin) SANS "les apôtres" quand ceux-ci ne sont pas ou plus à Jérusalem. Du coup on peut comprendre que les "apôtres" (les Douze, moins Judas plus Matthias, moins un Jacques) ne sont pas jusqu'au bout membres du "collège central" (dirigé par un autre Jacques !), et que "Paul" n'en a jamais fait partie... (il me semble que les explications ultérieures des années 2000, identifiant de plus en plus clairement le "Collège central moderne" aux "apôtres" dans un sens "néo-apostolique", ont pris une autre direction). D'autre part je trouve assez curieux que ledit "Collège central" moderne se vante de n'avoir AUCUN membre "d'origine juive", par opposition au "collège central du premier siècle" qui n'aurait été composé QUE de juifs -- ce qui rappelle fâcheusement le "certificat d'aryanité" nazi; du reste, si la Watch antidate d'un siècle son "Collège central" de 1972 au groupe initial de Russell, qui n'était sans doute pas juif mais assurément sioniste, en relation étroite avec la communauté juive américaine, l'affirmation paraît plus douteuse encore... |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: college central Jeu 29 Juin 2023, 16:06 | |
| 10 Les premiers membres du collège central au Ier siècle étaient donc les apôtres, des hommes qui avaient marché aux côtés de Jésus et qui avaient été témoins de sa mort et de sa résurrection (Actes 1:21, 22). Toutefois, les choses allaient changer. Les années passant, d’autres chrétiens ont acquis la maturité spirituelle et ont été nommés anciens dans la congrégation de Jérusalem. Au plus tard en 49, le collège central s’était élargi: il comptait non seulement les apôtres qui vivaient encore, mais aussi un certain nombre d’autres anciens de Jérusalem (Actes 15:2). Par conséquent, la composition du collège central n’était pas fixée d’une manière rigide; manifestement, Dieu dirigeait les événements de façon à l’adapter à la situation de son peuple. Christ, le Chef actif de la congrégation, a utilisé ce collège central élargi pour trancher une importante question doctrinale: il s’agissait de dire si les chrétiens non Juifs devaient ou non se faire circoncire et se soumettre à la Loi de Moïse. Le collège central a écrit une lettre expliquant sa décision et a promulgué des décrets afin qu’elle soit respectée. — Actes 15:23-29.
https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1990203
"Arrivés à Jérusalem, ils furent accueillis par l'Eglise, les apôtres et les anciens, et ils rapportèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux" (Actes 15,4).
"Les apôtres et les anciens se rassemblèrent pour examiner cette affaire" (15,6).
"Alors il parut bon aux apôtres et aux anciens, ainsi qu'à toute l'Eglise, de choisir parmi eux des hommes et de les envoyer à Antioche avec Paul et Barnabé : Judas, appelé Barsabbas, et Silas, des dirigeants parmi les frères" (15,22).
Le récit d’Actes indique que ces anciens en totalité étaient présents à ce concile, et non un "certain nombre" pour qu’ils parlent tous, "les apôtres et les anciens" sans limitation. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: college central Jeu 29 Juin 2023, 16:32 | |
| Dans la TdG de 1990, il n'était question que d'un élargissement (du "collège central" supposé) des "apôtres" aux "anciens", non d'un rétrécissement par éloignement des "apôtres" (ce en quoi la citation d'Eusèbe, en 1997, apportait une innovation inédite et sans lendemain -- à ma connaissance -- puisqu'en définitive le "Collège central moderne" a préféré s'identifier aux "apôtres" plutôt qu'aux "anciens"... tant qu'à faire...).
Cela dit, tu as tout à fait raison de souligner que la restriction DES "anciens" à "CERTAINS anciens" n'a aucun fondement dans le texte des Actes: ceux-ci présentent "l'Eglise de Jérusalem" comme un "judaïsme bis" (ou 2.0) qui est désormais "le seul vrai judaïsme", avec au chapitre 15 "les apôtres et les anciens" A LA PLACE du "Sanhédrin" des premiers chapitres (= "les grands prêtres et les anciens"). Mais le rôle de "l'Eglise" (ekklèsia, l'assemblée plénière, quels que soient les critères de sa composition: de toute façon c'est plus large que "les apôtres et les anciens") est encore plus dévastateur pour le modèle jéhoviste, qui fonctionne à huis clos du sommet (le Collège central) à la base (collèges d'anciens et comités en tout genre). Il faut que "le peuple" dans sa définition la plus large soit informé des débats et des enjeux pour approuver valablement quoi que ce soit, et même si c'est une pure "vue de l'esprit" dans les Actes il n'y a pas d'autre "modèle biblique" disponible. Enfin la Watch passe à côté du trait géographico-ecclésiastique le plus caractéristique des Actes, qui n'est ni celui d'un centre de décision permanent à Jérusalem ni d'une dispersion des apôtres (conforme pourtant au sens du mot, "envoyés", "émissaires", et à la tradition ultérieure, même en-dehors d'Eusèbe, qui rattache les différentes Eglises régionales à différents apôtres fondateurs), mais bien d'un déplacement du "centre", au moins "symbolique", de Jérusalem à Rome. |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: college central Ven 30 Juin 2023, 11:11 | |
| "Alors quelques membres du parti des pharisiens qui étaient devenus croyants se levèrent pour dire qu'il fallait circoncire les non-Juifs et leur enjoindre d'observer la loi de Moïse" (15,5).
"Toute la multitude fit silence, et l'on écouta Barnabé et Paul raconter tous les signes et les prodiges que Dieu avait produits, par leur entremise, parmi les non-Juifs" (15,12).
B. Structuration sociale du conflit d’Ac 15,1-35
J. Ardoino, dans son développement sur les rapports entre éducation et politique, propose une classification utile des relations et interférences sociales : de la perspective personnelle à la dimension institutionnelle en passant par les niveaux inter-relationnel, groupal et organisationnel 12. Soumis à cette classification, Ac 15 laisse apparaître trois entités selon un ordre qui apparaît comme hiérarchique.
L’Église de Jérusalem apparaît au sommet de cette hiérarchie, car elle forme l’institution de référence comme le prouve la démarche de la communauté d’Antioche (15,2). Au sein de cette Église sont distingués les apôtres et les anciens (15,2.4.6.22.23) cités dans cet ordre. Ils semblent tenir un rôle de délibération et de décision important qui dépasse le cadre restreint de la communauté jérusalémite. Le reste des membres de cette communauté est désigné par les termes généraux « Église » (15,4.22) ou « frères » (15,23), peut-être aussi « multitude » (plèthos au v. 12). Parmi les frères, il faut distinguer encore ceux qui bénéficient d’une certaine considération ou même autorité (hègeomai au v. 22) et auxquels est confiée la mission de représenter la communauté de Jérusalem.
Des communautés extérieures à Jérusalem comme celles de Samarie et de Phénicie (v. 3) formées de Juifs baptisés (Ac 11,9) et bien sûr celle d’Antioche, où se trouvent aussi des Grecs incirconcis (15,1), forment un second niveau de structuration sociale. Dans ces communautés, il ne semble pas y avoir de membres possédant une autorité particulière, tous sont appelés frères comme le souligne l’adresse de la lettre qui leur sera envoyée (15,23).
Enfin, à un troisième niveau, on peut situer des missionnaires mobiles tels Barnabé et Paul, mandatés par la communauté d’Antioche auprès des Juifs et des nations à l’ouest de la Syrie (13,1-4 s.) ; mais aussi tels « ces gens de Judée » qui proposaient la circoncision aux baptisés 13 païens, issus de l’Église de Jérusalem mais apparemment non recommandés par elle (15,24).
Comme l’indiquait déjà l’emploi de zètèsis et zètèma, la crise décrite est interne. Il s’agit d’un conflit entre baptisés de la première Église chrétienne au sujet d’un point précis de la Loi : faut-il ou non être circoncis pour bénéficier du salut ? (15,1).
La dissension s’est d’abord déclarée au niveau des groupes missionnaires mobiles (15,2) entre, d’une part, « ceux descendus de la Judée » et, d’autre part, Paul et Barnabé. Cela paraît assez réaliste puisque la mobilité entraîne la rencontre de mondes différents et donc la confrontation à un vivre-ensemble concret. Comme le conflit n’a pu être réglé à ce niveau, « ils » décident d’avoir recours aux apôtres et aux anciens de Jérusalem. Le texte ne nous dit pas clairement qui est ce « ils » ; grammaticalement il se rapporte aux gens de Judée, mais la suite du passage semble indiquer que c’était là l’initiative de la communauté d’Antioche (15,3). À Jérusalem, le conflit est ensuite relancé au sein d’une assemblée plénière (« Église, apôtres, anciens » en 15,4) par des fi issus du pharisaïsme (15,5). Les apôtres et les anciens se réunissent alors pour examiner l’affaire et, au sein de cette seconde assemblée, naissent également les mêmes tensions, qui fi seront apaisées par l’intervention de Pierre, et le conflit sera réglé par la décision de Jacques ; au moins est-ce ainsi que Luc nous décrit la situation. Notons au passage que Luc n’est pas très précis sur la composition de cette dernière assemblée puisque, d’abord restreinte aux anciens et aux apôtres (v. 6), elle semble fi ouverte à la multitude (v. 12).
https://journals.openedition.org/rsr/1938?lang=it#tocto2n2 |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: college central Ven 30 Juin 2023, 14:44 | |
| Sur cet article voir ici, 22.10.2019. Il est intéressant pour son point de vue décalé par rapport à l'exégèse habituelle, du côté de la "résolution des conflits" comme "technoscience humaine", si l'on peut dire (puisqu'elle conjoint théorie et pratique, au moins comme théorie d'une pratique). Mais en posant d'emblée, aussi bien pour Actes 15 que pour Galates 2, l'hypothèse d'un conflit réel ou historique qui de surcroît serait le même, simplement raconté de deux points de vue différents, il me semble passer à côté de certaines particularités propres à chacun de ces deux textes, qui n'ont certainement pas été écrits pour être "rapprochés" ou comparés, chacun d'eux entendant bien fournir la seule version valable de l'histoire qu'il raconte, aucun n'ayant prévu les aléas de l'intertextualité résultant d'une canonisation commune (éternel problème de la comparaison des textes plus ou moins "parallèles", p. ex. Samuel-Rois / Chroniques ou les évangiles), ... Reste que même un récit fictif ou tendancieux ne peut faire l'économie d'une certaine vraisemblance, et à ce niveau au moins la technoscience sociale peut toujours apporter un éclairage utile. Ce que me semble manquer ici Fricker, par le "réalisme" même de sa méthode, c'est l'aspect "fantastique" de "l'Eglise de Jérusalem" dans les Actes, qui se présente comme un "double" du judaïsme du Second Temple se détachant progressivement de celui-ci pour assurer une transition vers l'Eglise chrétienne universelle. Depuis son avènement miraculeux (la Pentecôte) jusqu'à son effacement progressif au profit du procès qui emmène Paul du temple de Jérusalem à Rome, en passant notamment par le chapitre 15 (malgré les nombreux écarts narratifs, littéraires et textuels qui séparent ce chapitre des autres) qui constitue "l'Eglise de Jérusalem", ou du moins "les apôtres et les anciens" en véritable sanhédrin pour la diaspora, c'est l'"histoire" imaginaire d'un "nouveau" et "vrai" judaïsme qui mu(t)erait progressivement en "pagano-christianisme" pour survivre au judaïsme du temple (le rôle de Jacques, associé par Flavius Josèphe au temple, est de ce point de vue essentiel). Dans un tel contexte, il ne faut pas imaginer que les "prêtres" et les "pharisiens" que le texte convoque DANS l'"Eglise" sont des "ex-prêtres" ou des "ex-pharisiens" devenus chrétiens: l'Eglise est au contraire présentée comme recouvrant toute la diversité du judaïsme (du moins telle que les auteurs et destinataires la conçoivent)... Il n'empêche que dans cette "ecclésio-judaïsme-fiction" les "autorités" correspondant au "sanhédrin" (apôtres et anciens COMME grands prêtres et anciens) n'opèrent pas à huis clos, leurs débats sont publics et le public, aussi bien "juif" que "pagano-chrétien", est censé en approuver les conclusions en toute connaissance de cause (aux antipodes du fonctionnement d'un "Collège central" façon Watchtower). |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: college central Jeu 27 Juil 2023, 15:56 | |
| Qui dirige le peuple de Dieu aujourd’hui ?
10 En 1919, trois ans après la mort de frère Russell, Jésus a établi « l’esclave fidèle et avisé ». Pourquoi ? Pour donner à ses disciples la « nourriture en temps voulu » (Matthieu 24:45). Déjà à cette époque, un petit groupe de frères oints qui travaillait au siège mondial de Brooklyn (État de New York) fournissait la nourriture spirituelle aux disciples de Jésus. L’expression « collège central » est apparue dans nos publications après 1940. À cette époque, les membres du Collège central correspondaient aux administrateurs de l’association Watch Tower Bible and Tract Society. Mais en 1971, on a compris clairement que le Collège central était différent de l’association, car l’association ne s’occupait pas des questions bibliques, mais seulement des questions d’administration. À partir de ce moment-là, un chrétien oint pouvait faire partie du Collège central sans être un administrateur (un des directeurs) de l’association. Depuis quelques années, des anciens non oints sont des administrateurs de la Watch Tower Society et d’autres associations utilisées par le peuple de Jéhovah. Grâce à cela, le Collège central peut se concentrer sur sa responsabilité de fournir un enseignement biblique et une direction (Jean 10:16 ; Actes 6:4). La Tour de Garde du 15 juillet 2013 a expliqué que « l’esclave fidèle et avisé », c’est le petit groupe de frères oints qui compose le Collège central.
https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/402017283?q=coll%C3%A8ge+central+russell&p=par
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| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: college central Jeu 27 Juil 2023, 19:05 | |
| De mon temps (jéhoviste, 1972-86), la doctrine de la Watchtower relative aux dates d'après 1914 (1918, 1919, a fortiori celles des années 1920) était déjà difficile à retenir, et davantage encore à comprendre -- il ne devait pas y avoir un TdJ sur mille capable de l'expliquer sans se tromper, encore moins de la justifier, et j'imagine que ça ne s'est pas arrangé depuis. Si la date énigmatique de 1919 y a perduré de décennie en décennie jusqu'au siècle/millénaire suivant, malgré des changements de doctrine beaucoup plus importants (notamment l'identification formelle de "l'esclave fidèle et avisé" au "Collège central" en 2013, que nous avions "prédite" ici quelques années plus tôt !), c'est probablement parce qu'elle permet d'enjamber la délicate succession de Russell, autrement dit la prise du pouvoir par Rutherford à partir de 1916 contre une bonne partie du Conseil d'administration (Board of Directors) de l'époque: si la Watchtower avait effectivement été dirigée par un "Collège central" à la mort de Russell, Rutherford n'aurait jamais pu en prendre les commandes et en faire ce qu'il en a fait. Faire surgir de nulle part un "Collège central" ou Governing Body (avec une ou deux majuscules, bien que l'appellation soit clairement antidatée) en 1919 et pas avant, à une date où ne restent plus à la Watchtower que des administrateurs à la botte de Rutherford, évacue commodément le problème... |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: college central Lun 31 Juil 2023, 12:53 | |
| Il en est toutefois qui ont prétendu que Joseph Rutherford préconisait ces changements en matière d’organisation parce qu’il cherchait à diriger plus étroitement les Témoins de Jéhovah, qu’il se servait de ce moyen pour asseoir son autorité. Était-ce vrai? Il ne fait aucun doute que frère Rutherford était un homme aux convictions très fermes. Il parlait catégoriquement et sans détours de ce qu’il tenait pour la vérité. Il pouvait être très brusque quand il s’occupait de situations où il percevait que les individus se souciaient davantage d’eux-mêmes que de l’œuvre du Seigneur. Par contre, il était véritablement humble devant Dieu. Karl Klein, qui est devenu membre du Collège central en 1974, a écrit plus tard à son sujet: “Frère Rutherford m’était (...) cher en raison des prières qu’il prononçait lors du culte matinal. Il avait une voix très puissante, mais quand il s’adressait à Dieu on aurait dit un petit garçon qui parlait à son père. Cela démontrait la profondeur des relations qu’il entretenait avec Jéhovah.” Frère Rutherford était tout à fait convaincu de ce qu’était l’organisation visible de Jéhovah, et il s’assurait qu’aucun homme ni aucun groupe d’hommes n’ait la possibilité d’empêcher les frères de recevoir tous les bienfaits de la nourriture spirituelle et de la direction que Jéhovah apportait à ses serviteurs.
Frère Rutherford a été président de la Société Watch Tower pendant 25 ans et a voué toute son énergie à promouvoir l’œuvre accomplie par l’organisation, mais il n’en a pas été pour autant le chef des Témoins de Jéhovah, et n’a pas voulu l’être. En 1941, peu avant sa mort, lors d’une assemblée à Saint Louis (Missouri), il a parlé de la notion de chef, en ces termes: “Si certains ici sont parmi nous pour la première fois, j’aimerais qu’ils sachent, et qu’ils n’oublient pas, ce que vous pensez de l’idée d’avoir un homme pour chef. Chaque fois que quelque chose naît et commence à croître, les gens disent que derrière il y a un chef humain qui fait beaucoup d’adeptes. Si quelqu’un dans l’auditoire pense que moi, l’homme qui se tient devant vous, je suis le chef des témoins de Jéhovah, qu’il dise ‘Oui’.” Un silence impressionnant a suivi, rompu seulement par un grave “Non” prononcé par quelques assistants. Puis l’orateur a poursuivi: “Si vous qui êtes ici croyez que je suis simplement un serviteur du Seigneur, et que nous œuvrons épaule contre épaule dans l’unité, au service de Dieu et au service du Christ, dites ‘Oui’.” Un “Oui!” retentissant et catégorique a jailli de toutes les bouches. Le mois suivant, lors d’une assemblée en Angleterre, ses auditeurs ont eu exactement la même réaction.
Dans certaines régions, les bienfaits de l’organisation théocratique se sont vite fait sentir. En d’autres endroits, cela a pris plus de temps; peu à peu, les serviteurs qui n’étaient pas mûrs ni humbles ont été radiés et d’autres frères ont été établis.
Formation progressive de l’organisation — BIBLIOTHÈQUE EN LIGNE Watchtower (jw.org) |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: college central Lun 31 Juil 2023, 13:13 | |
| Si vieille et usée que soit la ficelle de l' humilité, elle fonctionne toujours aussi bien aux mains des autocrates, tyrans, dictateurs en tout genre, pourvu qu'ils aient l'intelligence ou le talent d'être aussi comédiens et démagogues... Les monarques absolus n'ont jamais rechigné à se prosterner devant leur dieu tutélaire, ils avaient tout à y gagner -- même les despotes plus ou moins irréligieux (comme Hitler ou Mussolini) ont su s'entourer d'une aura de "mysticisme" opportune: il faut croire le Guide ( Führer, Duce) guidé, donc humble et obéissant d'un côté qui le "transcende" et lui confère sa propre "transcendance", son "autorité" à la lettre "sur-naturelle", par laquelle il re-présente plus que ce qu'il est (et est donc moins que ce qu'il re-présente)... Je ne suggère d'ailleurs pas que ce soit forcément hypocrite: ça marche d'autant mieux si c'est sincère. Je repense à ce que Raymond Franz écrivait de son oncle, qui par moments au moins semblait vraiment croire à son "inspiration" (tout en évitant le terme). Même un Rutherford, qui de loin semble plus "politique" et "calculateur", a difficilement pu mener la vie qu'il a menée sans éprouver quelquefois le sentiment d'un "destin" ou d'une "vocation" qui le dépassait. |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: college central Mar 01 Aoû 2023, 12:11 | |
| 16 Comment La Tour de Garde allait-elle maintenir la pureté de son message imprimé? Charles Russell, premier directeur de ce périodique, mit en place des garde-fous afin que ce qui serait imprimé dans La Tour de Garde soit la vérité telle qu’elle était comprise à l’époque. On trouve l’une de ces garanties dans son testament, rédigé le 27 juin 1907 (Russell étant décédé le 31 octobre 1916). Ce testament déclare:
“Ma volonté est que l’entière responsabilité de la rédaction de LA TOUR DE GARDE DE SION soit confiée à un comité de cinq frères, que j’exhorte à montrer le plus grand soin et la plus grande fidélité à l’égard de la vérité. Tous les articles publiés dans les colonnes de LA TOUR DE GARDE DE SION devront être approuvés sans réserve par au moins trois membres du comité. Si, en outre, un article reçoit l’approbation de trois membres de ce comité, mais soulève des réserves de la part de l’un ou des deux autres membres, je demande instamment que l’on sursoie pour trois mois à sa publication afin de réfléchir, de prier et de débattre de la question. Ainsi, dans toute la mesure du possible, l’unité de la foi et les liens de la paix seront préservés au sein du comité de direction de cette publication.”
17 Selon le testament de Russell, chaque membre du comité de rédaction devait être “entièrement fidèle aux doctrines des Écritures” et se distinguer principalement par “une vie pure, une claire vision de la vérité, le zèle pour Dieu, l’amour des frères et la fidélité au Rédempteur”. Russell stipulait également: “En aucune manière, le nom des auteurs des divers articles ne devra figurer dans le périodique (...) de façon que la vérité puisse être reconnue et appréciée pour elle-même, et que le Seigneur soit plus particulièrement reconnu comme le Chef de l’Église et la Source de la vérité.”
‘Sur la tour de garde je me tiens’ — BIBLIOTHÈQUE EN LIGNE Watchtower (jw.org)
Il me semble que l'auteur de l'article tronque la réalité des faits, puisque la volonté de Russell d'établir une direction collégiale a été remise ne cause par Rutherford qui a pris la place des 5 membres désignés qui ont été d'ailleurs renvoyés, ce qui a laissé place à une direction "monarchique". |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: college central Mar 01 Aoû 2023, 17:36 | |
| Je ne me suis jamais intéressé de très près à toute cette histoire, mais il me semble en effet que l'auteur de cet article est particulièrement "gonflé" de citer le "testament de Russell" (1907) auquel précisément Rutherford a décidé de passer outre -- même si formellement ce "comité d'édition" (editorial committee) n'est pas identique au "conseil d'administration" (Board of Directors) dont Rutherford a évincé les membres, ceux-ci étaient cependant en partie communs aux deux instances.
Wikipedia en anglais a un article assez détaillé sur la controverse, qui n'est que partiellement reflété par l'article général sur Rutherford en français (lui-même traduction partielle de celui-là). Ironie supplémentaire, si j'ai bien compris: c'est parce que les administrateurs avaient été nommés "à vie" qu'ils ont pu être destitués, sous prétexte de l'application rétroactive d'une loi intervenue entre-temps pour supprimer la possibilité d'une telle nomination "à vie"... Quoi qu'il en soit du bien-fondé juridique de la chose, il est clair que ça allait à l'encontre des intentions de Russell.
Double paradoxe: le "Collège central" promu notamment par Raymond Franz dans les années 1970 a renoué avec l'intention de Russell, par-dessus plus d'un demi-siècle de "monarchie présidentielle absolue", de Rutherford à Knorr, et contre F.W. Franz qui soutenait ce régime plus encore que son président en exercice (N.H. Knorr); et ce système "collégial" a fini par survivre, au moins dans la forme, à son principal promoteur comme à son principal adversaire (les deux Franz), sans pour autant jamais sortir du dogmatisme institutionnel que Russell espérait éviter.
Soit dit en passant, selon la nouvelle doctrine de 2013 toutes les interprétations "bibliques" et "typologiques" du conflit des années 1916-18 sont logiquement caduques: si de fait il n'y avait ni de "collège central" ni d'"esclave fidèle et avisé" (puisque c'est désormais la même chose) avant 1919, il ne pouvait pas y avoir de "purification" de quoi que ce soit avant cette date... |
| | | free
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| Sujet: Re: college central Mar 01 Aoû 2023, 20:16 | |
| À propos de la théologie du concile *Si je vois bien, seul K. Rahner a abordé, avant l’ouverture du Concile, sa perspective proprement herméneutique. Cet aspect a pu passer inaperçu parce qu’il se trouve comme enchâssé dans un développement très complexe en deux parties sur « la structure de l’Église » et « le concile comme expression de cette structure » ; structure fondamentale qui ne se réduit pas à l’institution hiérarchique (la collégialité épiscopale) mais inclut aussi ce qui est proprement charismatique et non institutionnel . Reprenant, sur le plan institutionnel ou ministériel de l’Église, la distinction entre magistère ordinaire et magistère extraordinaire, Rahner souligne que « le sujet est le même dans les deux cas », à savoir « le sujet collégial le plus haut du pouvoir souverain qui existe toujours dans l’Église » : « Quand on a bien vu cela, on comprend pourquoi la réunion d’un concile est une pure question d’appréciation, pourquoi il n’est pas nécessaire qu’un concile soit tenu régulièrement, pourquoi il y eut et probablement il y aura de longues périodes dans l’histoire de l’Église au cours desquelles aucun concile ne fut ou ne sera tenu, mais aussi pourquoi, quand il se réunit, il détient le pouvoir suprême dans l’Église » Mais l’essence de l’Église ne se réduit pas à sa structure ministérielle ; elle contient aussi l’élément charismatique qui se manifeste « sous la forme de nouvelles découvertes et de nouvelles formes de vie chrétienne » III – Le principe : paradosis et conciliarité D’après tout ce qui précède, ce principe ne réside donc pas dans l’ecclésiologie mais dans le processus même de la Paradosis évangélique, composée indissolublement de tradentes et d’un traditum, d’une forme du vrai et de la vérité. Dès l’antiquité, chez S. Irénée et à Constantinople II, le concept paulinien de « tradition » (1 Th 1 — 3 ; 1 Co 11, 23 et 15, 1-3) acquiert ce statut principiel. En son centre, il implique un acte théologal de « réception » : pas de transmission de la foi sans réception, mais pas non plus de réception véritable sans nouvelle annonce ; échange ouvert dont il faut bien dire qu’il a une structure pascale ou eucharistique. Paul est prêt à donner non seulement l’Évangile de Dieu mais encore sa propre vie (1 Th 2, et la communauté « reçoit » sa parole non comme parole d’homme ou simple discours (1 Th 1, 5) mais comme parole de Dieu qui est à l’œuvre dans les croyants (1 Th 2, 13). Les critères de cohérence évangélique sont bien explicités dans la lettre aux Thessaloniciens (1 Th 2, 3-10) dont le style narratif reste encore très proche de l’expérience de la tradition comme « livraison ». Avec une rare précision, l’apôtre Paul met le doigt sur la différence et le lien intime entre le contenu transmis — discours ou lettre — et l’événement de vie ou de « livraison » qui peut se produire à cette occasion, sous l’action paradoxale de l’Esprit Saint (« la démonstration de puissance et d’Esprit ») qui rend possible la transmission de l’intransmissible. https://www.cairn.info/revue-recherches-de-science-religieuse-2005-2-page-267.htm&wt.src=pdf |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: college central Mar 01 Aoû 2023, 23:03 | |
| Article très intéressant mais difficile -- Christoph Theobald est à mon avis l'un des théologiens catholiques les plus profonds de ces dernières décennies (mon avis ne vaut certes pas grand-chose, parce que je n'ai pas lu beaucoup de théologie catholique; mais presque à chaque fois que je suis tombé sur l'un de ses textes il m'a fait réfléchir); la difficulté tient d'ailleurs en grande partie au cadre catholique qui requiert des théologiens une expression d'autant plus subtile que leurs thèses sont radicales, sous peine de se voir catalogués comme plus ou moins hérétiques et de ne plus pouvoir atteindre le public qu'ils visent (cf. Küng). Moyennant quoi cette réflexion rejoint nombre des nôtres (p. ex. sur la tradition ou la révélation): quand la "vérité" ou la "doctrine" ne sont pas plus dissociables de leur réception (impliquant non seulement croyance ou opinion, mais foi, intellection, affect et expérience) que de leur transmission, elles ne peuvent plus être l'affaire de quelques-uns (qu'il s'agisse du pape, des cardinaux, des évêques, des théologiens, d'un "concile" ou d'un "collège" quelconque) qui en décideraient pour tous les autres, elles sont essentiellement, structurellement, livrées à tous; qui n'en font pas pour autant ce qu'ils veulent, dès lors qu'ils jouent le jeu de l'interprétation; mais dont nul ne pourra plus jamais décider sans eux. Ce que disait remarquablement l'une des premières formulations d'un proto-catholicisme intelligent, l'épître aux Ephésiens: comprendre avec tous les saints.Alors évidemment, moi qui ne suis pas catholique, ni même vraiment chrétien, je ne suis pas convaincu qu'il faille "concilier", ou comme l'écrit plusieurs fois Theobald convertir la dissémination en concorde, d'autant qu'un christianisme "mondialisé" est peut-être moins susceptible d'univocité, et même d'accord ou d'entente, qu'il ne l'a jamais été. Mais cela jette au moins un doute salutaire sur toute prétention d'emprise autoritaire des uns sur la "foi" des autres -- même si, et c'est peut-être l'aspect le plus gênant de la question, la "foi" se confond souvent avec un désir d'autorité et d'obéissance. |
| | | free
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| Sujet: Re: college central Mer 02 Aoû 2023, 11:16 | |
| Lors de la réunion annuelle de l’association en janvier 1917, Rutherford fut élu pour succéder à Russell en tant que président de l’association Watch Tower. Tout au début de sa présidence, quatre des sept membres du Comité Directeur (la majorité) contestèrent ce qu’ils considéraient être une initiative arbitraire du président. Il ne reconnaissait pas le Comité Directeur et ne collaborait pas avec lui, mais il agissait unilatéralement, prenant des initiatives puis les informant après coup de ce qu’il avait décidé de faire. Ils ne croyaient pas que ce soit conforme à ce que le Pasteur Russell, “l’esclave fidèle et prudent” avait mis en place. Leur opposition a causé leur prompte élimination.
Rutherford découvrit que, malgré leur nomination en tant que membres du Comité Directeur à vie par C.T. Russell, leur mandat n’avait pas été approuvé au cours d’une assemblée générale de l’association. Selon A.H. MacMillan, alors un membre en vue de l’équipe du siège mondial, Rutherford consulta un juriste extérieur qui confirma que cela permettait de révoquer les hommes—en tout cas de façon légale.
Rutherford devait faire un choix. Il pouvait reconnaître les objections soulevées par la majorité du Comité et s’amender. (S’il avait considéré ces hommes comme représentant la majorité dans un “Collège Central” tel qu’il est décrit dans La Tour de Garde de 1971, cela aurait été son devoir moral.) Ou il pouvait profiter de l’aspect légal mentionné et user de son autorité de président pour révoquer les membres du Comité Directeur en désaccord avec lui. C’est cette dernière possibilité qu’il a choisi, nommant des membres du Comité Directeur de son choix pour les remplacer.
Et le Comité de Rédaction? La Tour de Garde du 15 juin 1938, page 185 (angl.) explique qu’en 1925 la majorité de ce comité "s’opposa vigoureusement” à la publication d’un article intitulé “Naissance de la Nation” (comprenez “le royaume est entré en fonction” en 1914). La Tour de Garde expose ce qu’il advint de ceux qui étaient en désaccord avec le président :
. . . mais, par la grâce du Seigneur, il [l’article] fut publié, et ce fut vraiment le commencement de la fin pour le comité de rédaction, prouvant que le Seigneur lui-même dirige son organisation
Le Comité de Rédaction était maintenant éliminé. Rutherford avait bien réussi à anéantir toute opposition à sa prise de contrôle totale de l’organisation.
Il est intéressant de noter à ce sujet que pendant toute cette période, non seulement le livre Le mystère accompli (un important sujet de dispute en 1917), mais aussi le périodique La Tour de Garde enseignaient avec insistance que le Pasteur Russell était vraiment “l’esclave fidèle et prudent” annoncé dans les Ecritures, celui que le Maître a “établi sur sa maisonnée”.
(...)
La conclusion est on ne peut plus claire. Ou une personne s’aligne aux enseignements et à la conduite de “celui qui est établi sur la maisonnée du Maître” (Russell), ou il devient coupable d’avoir répudié Christ Jésus, donc un apostat. Un tel appel de soumission à l’autorité humaine a rarement été énoncé de façon aussi puissante.
Le fait est remarquable car, quelques années à peine après la mort de Russell, et pendant toute la période où on faisait ces revendications à son sujet, les dispositions qu’il avait prises de son vivant et sa sélection personnelle d’hommes pour assumer ce travail de supervision, furent ignorées par le nouveau président. Les souhaits de Russell contenus dans son “testament” étaient considérés comme n’ayant aucun poids légal et, manifestement, pas davantage de poids moral.
La Tour de Garde du 15 décembre 1931 page 376 (angl.) déclare :
24 Les faits dont l’existence est maintenant avérée et qui s’appliquent aux paroles prophétiques de Jésus sont les suivants: En 1914 Jéhovah a installé son Roi sur son trône. Les trois ans et demi qui suivirent immédiatement offrirent l’occasion de tester ceux qui avaient répondu à l’appel du Royaume afin de savoir s’ils étaient égoïstes ou altruistes. En 1916 le président de la Watch Tower Society mourut. On trouva un papier signé de sa main intitulé : “Dernières volontés et testament”, mais, en réalité, ce n’était pas un testament. Il apparut alors que Frère Russell, quelques années avant sa mort, avait décidé qu’il ne pouvait faire un tel testament. L’œuvre accomplie par l’organisation de Dieu ne saurait être assujettie au contrôle d’un homme ou ne doit pas être contrôlée par la volonté de quelque créature que ce soit. Il était par conséquent impossible de continuer à poursuivre l’œuvre du Seigneur, à la gloire de Dieu, et d’honorer ce manuscrit intitulé “testament”
Juste huit ans auparavant, La Tour de Garde, “le canal de communication du Seigneur”, avait insisté sur le fait que Russell “avait accompli l’œuvre du Seigneur selon sa voie” et, en conséquence, toute autre façon de faire est contraire aux voies du Seigneur”. Maintenant, huit ans plus tard, ceux qui protestaient contre le fait
https://jw-verite.org/phocadownload/crise-de-conscience-FR.pdf
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| | | Narkissos
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| Sujet: Re: college central Mer 02 Aoû 2023, 11:44 | |
| Merci. J'avais lu (et commencé à traduire) Crisis of Conscience dans son édition originale en 1986, peu après mon exclusion, mais ça me rafraîchit la mémoire et ça complète utilement les articles précités de Wikipedia sous certains aspects. Dans ton extrait (p. 67ss), R. Franz ne précise pas que c'est le fait même d'avoir été nommés "à vie" (contrairement à une loi locale promulguée entre-temps, mais pas forcément rétroactive) qui a servi de prétexte juridique pour évincer les "Directors" (= membres du Conseil d'administration), si c'est vrai c'est la cerise sur le gâteau...
On notera aussi que l'autorité du monarque se confond avec celle du "Seigneur" (d'abord Jésus, ensuite Jéhovah), ce qui permet le jeu permanent d'humilité et de transcendance dont on parlait plus haut (31.7.2023); cela marche d'ailleurs tout aussi bien avec une direction "collégiale" que "monarchique", et sert indifféremment à discréditer le monarchique au profit du collégial (position de Russell et de R. Franz) ou le collégial au profit du monarchique (position de Rutherford et de F. Franz), "le Seigneur" étant toujours du côté de celui ou ceux qui sont du côté du manche...
Il me semble en outre que l'anonymat des auteurs a beaucoup mieux servi ce petit jeu que la collégialité, surtout après la disparition des figures publiques qu'ont été, chacun dans son style, Russell et Rutherford (qui, à ma connaissance, ne se sont jamais privés de signer au moins leurs livres, sinon leurs articles dans La Tour de Garde). A cet égard, Internet et "JW-Broadcasting" ont changé la donne: pour le TdJ moyen auparavant, c'était toujours "Jéhovah" qui écrivait dans les publications de "la Société" (F.W. Franz s'en est servi mieux que personne, son "style" en partie imité de Rutherford, puis imité à son tour par beaucoup d'autres rédacteurs, était en somme celui de Jéhovah, d'autant que depuis la NWT/TMN c'était aussi celui de la bible de référence); maintenant il y a de nouveau des noms et des visages, mais sur des discours tellement stéréotypés et creux que ça n'a plus beaucoup d'importance... |
| | | free
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| Sujet: Re: college central Ven 04 Aoû 2023, 08:46 | |
| En réalité, dès 1925, J. F. Rutherford dirigeait seul la Société, et les années qui suivirent ne firent que renforcer son contrôle dans tous les domaines de l’organisation.
Cela impliquait un contrôle total de tout ce qui était publié au moyen de La Tour de Garde et d’autres publications utilisées pour donner la nourriture spirituelle aux congrégations dans le monde entier. Je me souviens que mon oncle, un jour, dans son bureau, m’a raconté qu’une fois Rutherford avait entamé une discussion sur un certain sujet, un nouveau point de vue avec la famille du Béthel. Mon oncle raconta qu’au cours de la discussion il avait lui-même émis un avis défavorable sur le nouveau point de vue avancé, en s’appuyant sur la Bible. Plus tard, dit-il, le président Rutherford le désigna personnellement pour préparer un document en défense du nouveau point de vue, alors que lui, Fred Franz, avait clairement exprimé que cette façon de voir ne lui semblait pas conforme aux Ecritures.
Une autre fois, il me raconta que le “Juge” (Rutherford), plus tard au cours de sa présidence, institua une politique exigeant que le périodique la Tour de Garde ne comporte plus que des articles concernant les prophéties et l’œuvre de prédication. C’est pourquoi pendant des années, dans ce périodique, il n’y eut plus d’articles sur des thèmes tels que l’amour, la bonté, la miséricorde, la longanimité et d’autres qualités semblables .
Ainsi donc, pendant les quelques soixante-dix ans que durèrent les présidences de Russell et de Rutherford, chacun d’eux a agi selon ses propres prérogatives, sans qu’il n’y ait jamais aucune indication d’un collège central.
https://jw-verite.org/phocadownload/crise-de-conscience-FR.pdf |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: college central Ven 04 Aoû 2023, 12:42 | |
| Pour rappel, Raymond Franz ne pouvait pas savoir, ni pour la première édition de Crisis of Conscience au début des années 1980, ni pour la dernière (?) de 2002 qui est ici traduite en français, que pour finir (?) la Watch allait identifier purement et simplement, en 2013, "l'esclave fidèle et avisé" et le "Collège central", se contraignant ipso facto à antidater ledit "Collège central" (avec une majuscule en français et deux en anglais) des années 1970 à 1919. Son argumentation n'en paraît aujourd'hui, paradoxalement, que plus pertinente: même les objections véhémentes opposées par son oncle, au début des années 70, à l'idée d'un "Collège central" s'inscrivent désormais en faux contre la doctrine présente, ou la font tourner à la farce -- il faudrait dire: il y a un "Collège central" = "esclave fidèle et avisé" depuis 1919, mais jusqu'en 1970 il ne le savait pas, ses principaux membres étaient même contre l'idée d'un Collège central; et de surcroît il s'est découvert "Collège central" grâce à un futur "apostat" (R. Franz)...
Le pire, c'est que même une telle présentation des faits convaincrait plutôt les convaincus que tout cela ne peut résulter que de la providence divine: quia absurdum. |
| | | free
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| Sujet: Re: college central Ven 04 Aoû 2023, 21:18 | |
| 34 Certains circoncis selon la chair contesteront peut-être ces paroles inspirées prononcées par l’apôtre Paul, Juif devenu chrétien. La chose n’aurait rien d’étonnant, car pendant seize ans après la mort, la résurrection et l’ascension de Jésus Christ, certains soutenaient que la circoncision de la chair est indispensable au salut éternel. Ce fut le cas à Antioche de Syrie, où les disciples ont été, pour la première fois, appelés chrétiens (Actes 11:26). Que se passa-t-il donc? La congrégation d’Antioche décida que Paul et le missionnaire Barnabas, son compagnon, ainsi que quelques autres “monteraient à Jérusalem auprès des apôtres et des aînés, à propos de cette discussion”. (Actes 15:1, 2.) En conséquence, les apôtres et les anciens de la congrégation de Jérusalem se réunirent en concile pour statuer sur la question suivante: Les croyants non juifs sont-ils tenus de se faire circoncire dans la chair?
35 À l’issue d’une grande discussion et après que des témoignages pertinents eurent été présentés, le disciple Jacques se référa à la prophétie qu’Amos (9:11, 12) avait prononcée sous l’inspiration de l’esprit saint, prophétie qui, sous l’impulsion du même esprit, était en cours de réalisation. Manifestement, le conseil de l’esprit de Dieu était que les croyants non juifs pris d’entre les nations en vue de former un peuple pour le nom de Jéhovah n’étaient pas tenus de se faire circoncire dans la chair. Sans aucun doute, c’est l’esprit saint de Dieu qui a rappelé ce verset déterminant à la mémoire de Jacques et qui l’a guidé dans le choix des principaux points à inclure dans le décret du concile de Jérusalem, que voici:
https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1101976036?q=concile+j%C3%A9rusalem&p=par |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: college central Ven 04 Aoû 2023, 22:57 | |
| Bien vu. En effet, il semble que les publications de la Watch ont parlé de "concile" pour Actes 15 jusqu'en 1990 (voir ici); mais elles parlaient déjà de "collège central" (en minuscule) à partir de 1960 (voir là) -- l'appellation est donc restée flottante pendant au moins trente ans, les deux formules étant quelquefois combinées comme si elles étaient équivalentes (p. ex. en 1978 ici)...
La mise au point semble dater de la TdG du 15.3.1990: je n'y étais déjà plus; par contre, lorsque je suis devenu TdJ en 1972 avec une partie de ma famille, l'instauration du Collège central était toute fraîche (1971), et l'extension du principe de "collégialité" aux "collèges d'anciens" était en cours, et très discutée. Mais le rapport de ce mode d'organisation au "modèle" supposé d'Actes 15 était encore accessoire, puisque le "Collège central" prenait simplement la relève d'une instance déjà collective et impersonnelle que les TdJ de l'époque nommaient "la Société", et dont le statut juridique (surtout vu d'Europe) était accessoire. Donc pour la "base" ça n'a pas changé grand-chose, d'autant que perdurait l'explication selon laquelle le "Collège central", comme "la Société" auparavant, ne faisait que représenter un "esclave fidèle et avisé" identifié au "reste oint". Ce dernier élément de doctrine n'a été officiellement abandonné qu'en 2013, et alors la justification par référence au prétendu "collège central" du Ier siècle est devenue essentielle; mais il est clair que la mise en avant exclusive de cette référence à Actes 15 à partir de 1990 allait déjà dans ce sens. |
| | | free
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| Sujet: Re: college central Sam 05 Aoû 2023, 13:26 | |
| Les conciles: Dieu les approuve-t-il?
Leur origine
Bien des ecclésiastiques croient que les conciles de la chrétienté sont comparables à la réunion que les apôtres et les anciens ont organisée à Jérusalem au Ier siècle. Ils affirment donc que les conciles postérieurs possèdent le même pouvoir de décision en matière de foi et de mœurs (Actes 15:2, 6, 22). Mais ces conciles ont-ils été autorisés par Dieu? Celui-ci les approuvait-il?
Fait intéressant, en Marc 3:6 l’expression “tenir conseil” vient d’un mot grec désignant une ‘réunion de personnes qui donnent leurs opinions et des conseils’. Dans ce verset, nous lisons que les Pharisiens ‘ont tenu conseil’ avec les partisans d’Hérode en vue de faire mourir Jésus. Dieu n’approuvait certainement pas ce “concile”! D’ailleurs, Jésus a averti ses disciples de ne pas mettre leur confiance en de tels hommes (Marc 8:15). Y aurait-il des raisons de se méfier pareillement des conciles de la chrétienté?
Jésus a dit encore: “C’est à leurs fruits que vous reconnaîtrez ces hommes-là.” (Matthieu 7:20). Examinons donc les fruits qu’ont portés différents conciles.
La réunion de Jérusalem
À propos des conciles, Otto Karrer a écrit: “Excepté celui qu’on appelle le concile apostolique [tenu vers l’an 49 de notre ère], dont la décision appartient à la tradition de la divine proclamation apostolique, tous les conciles sont le produit de l’Église postapostolique. n'es conciles de l’Église (angl.).
Sans conteste, tous les conciles de la chrétienté ont été très différents du rassemblement des apôtres et des anciens qui eut lieu à Jérusalem au Ier siècle. Aucun ecclésiastique avide de pouvoir n’était alors présent pour imposer des jougs pesants sur les épaules d’autrui ou pour attiser les flammes d’un bûcher. C’est plutôt le fruit de l’esprit de Dieu qui était manifeste. Les délibérations étaient dirigées par l’esprit saint et elles étaient en harmonie avec la Parole de Dieu. Le Collège central des Témoins de Jéhovah procède de la même façon aujourd’hui pour résoudre les questions relatives aux Écritures.
La lettre que les apôtres et les anciens de Jérusalem ont envoyée aux autres croyants disait entre autres: “L’esprit saint et nous-mêmes (...) avons jugé bon de ne mettre sur vous aucun autre fardeau que ces choses-ci qui sont nécessaires: s’abstenir des choses sacrifiées aux idoles, et du sang et de ce qui est étouffé, et de la fornication.” (Actes 15:22-29). Il ne s’agissait pas là de lois d’origine purement humaine, mais d’exigences basées sur des décrets promulgués auparavant par le grand Législateur. — Genèse 9:3, 4; Deutéronome 5:8-10, 18; Ésaïe 33:22.
Jéhovah Dieu a approuvé cette réunion tenue par les apôtres et les anciens à Jérusalem au Ier siècle, puisqu’il a béni les décisions qui y ont été prises. De plus, cette réunion a favorisé l’œuvre de prédication du Royaume qui introduisait nombre de Gentils dans la congrégation chrétienne. Par contre, les faits historiques prouvent à l’évidence que les conciles de la chrétienté n’ont jamais été approuvés par Dieu.
https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1986366
TOUTES les réunions du Collège central n'ont eu lieu dans la période de la fondation de l’Église. |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: college central Sam 05 Aoû 2023, 14:02 | |
| J'ai mis du temps à comprendre ton commentaire, parce que tu as tronqué la citation de Karrer (qui a d'ailleurs eu un parcours insolite entre Eglise catholique et luthérienne, cf. p. ex. ici) en voulant la souligner (je présume): c'était "... tous les conciles sont le produit de l’Église postapostolique. Ils n’ont pas eu lieu dans la période de la fondation de l’Église."
Alors en effet, si le "Collège central" des TdJ veut appeler "concile" chacune de ses réunions hebdomadaires (au moins) -- "concile" étonnamment restreint, fréquent, à huis clos, ce qui ne ressemble ni à ce qu'on appelle ordinairement un "concile" ni à la description d'Actes 15 ! -- il le peut, il est en principe maître de son lexique et de sa rhétorique. Mais à ce tarif on peut aussi bien appeler "conciles" toutes les mentions collectives des "apôtres" dans les Actes et on aboutit à un concile permanent, du moins jusqu'à la dispersion présumée des "apôtres", et ça ne veut plus dire grand-chose. Par contre c'est révélateur du début du tournant "néo-apostolique" de la Watchtower, qui en est venue à définir son Collège central comme une instance permanente fondée sur le modèle d'Actes 15, lui-même compris (par conséquent) comme une instance permanente et non plus comme "concile" -- d'où l'abandon, somme toute assez logique, de ce dernier terme à partir de 1990.
Tant qu'elle parlait de concile, la Watch prêtait en effet le flanc au retour de sa propre critique anticatholique: par définition les "conciles post-apostoliques" n'étaient plus "apostoliques", et les délibérations du Collège central non plus. Toutefois le Collège central compris comme "néo-apostolique" n'est pas si différent de la "succession apostolique" des Eglises historiques, catholique ou orientales: dans celles-ci l'"autorité apostolique" est passée des apôtres aux évêques, par une lignée d'évêques supposée historique. La seule différence des Eglises et sectes dites "néo-apostoliques" du protestantisme (TdJ désormais inclus), c'est qu'il n'y a pas de prétendue "lignée", mais un pur arbitraire: d'une manière ou d'une autre, Dieu nomme les nouveaux "apôtres" (ou assimilés) comme il l'entend.
---
P.S.: Je pense trop tard à ce que j'aurais dû dire en premier: le mot council, en anglais, désigne aussi bien ce qu'on appelle un "concile" dans l'histoire de l'Eglise (événement ponctuel) qu'un "conseil" dans une institution ou organisation quelconque (instance permanente). Par exemple, le sunedrion du NT grec, hébraïsé ou aramaïsé en "Sanhédrin" dans la littérature rabbinique, peut se traduire par council en anglais, mais en français c'est un "conseil" et assurément pas un "concile". De ce fait la contradiction apparaît beaucoup moins dans les publications "originales" de la Watch que dans leur traduction française, ce qui peut expliquer que l'ambiguïté à ce sujet (sensible surtout en français) ait perduré si longtemps. Bien sûr, même pour un anglophone, un événement ponctuel n'est pas une instance permanente, seulement ça n'apparaît pas dans le mot qui permet de penser indifféremment l'un ou l'autre. Cela dit, même en anglais la Watch a évité de parler de council pour Actes 15 après 1990. |
| | | free
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| Sujet: Re: college central Sam 05 Aoû 2023, 18:18 | |
| Le récit d'Actes XV, l'histoire de Corneille et l'incident d'Antioche Maurice Goguel
On ne peut manquer d'être frappé du rôle extrêmement effacé que Paul et Barnabas jouent dans ces tractations de Jérusalem, alors que cependant c'est pour défendre les intérêts des chrétiens sortis du paganisme qu'ils étaient venus d'Antioche. La question est posée par les pharisiens de Jérusalem, la thèse pagano-chrétienne est défendue par Pierre qui est présenté comme ayant eu l'initiative de la prédication de l'Évangile aux païens. La relation faite par Paul et Barnabas n'est mentionnée que d'une manière incidente et c'est seulement à ce qu'a dit Pierre non à ce qu'ont raconté Paul et Barnabas que se réfère Jacques. Enfin il n'est pas dit que Paul et Barnabas acceptent ou approuvent la décision qui paraît prise par l'Église Jérusalem seule au nom de qui elle est communiquée aux chrétiens d'Antioche.
Dans le récit que nous lisons au chapitre 15 des Actes, la mention de Paul et de Barnabas est un élément secondaire et tout à fait superflu. Elle a été introduite sous l 'impression du souvenir que Paul et Barnabas étaient venus à Jérusalem pour y traiter la question des païens convertis. Si on écarte tout ce qui concerne Paul, Barnabas et l'Église d'Antioche, il reste un texte parfaitement cohérent, c'est le récit d'une discussion qui se produit à Jérusalem sur la question des païens convertis et qui aboutit à la fixation d'un minimum d'observances rituelles qui constitueront les conditions auxquelles les païens convertis pourront entrer en relation avec les chrétiens d'origine juive. Dans la relation primitive, la discussion naissait à Jérusalem et s'y déroulait sans intervention d'aucun représentant des pagano-chrétiens.
Nous avons, dans le livre des Actes, une autre tradition qui doit être rapprochée de celle qui vient d'être analysée non seulement parce que, dans Actes 15, il est très nettement fait allusion à cette tradition mais encore parce qu'elle suppose, elle aussi, que la question des relations entre chrétiens d'origine juive et chrétiens d'origine païenne s'est posée dans l'Église de Jérusalem tout à fait indépendamment du mouvement missionnaire dont l'initiative, prise par les hellénistes, aboutit à la fondation de l'Église d'Antioche et du mouvement parallèle et partiellement, sans doute, indépendant de celui-là, dû à Paul. Il s'agit du récit de la conversion de Corneille et des discussions qui s'y rattachent (10, 1-11, 18). Le récit est trop connu pour qu'il soit nécessaire d'en donner une analyse détaillée, il suffira de faire quelques observations à son sujet. Notons d'abord que cet épisode a évidemment pour le rédacteur des Actes une grande portée; cela résulte du développement qui lui est donné, développement qui dépasse beaucoup celui des morceaux qui l'entourent. Cela résulte aussi de ce que, par un artifice de rédaction, tous les éléments constitutifs du récit se trouvent répétés deux fois. L'importance que ce récit a pour le rédacteur tient à ce qu'il s'agit, selon lui, du premier païen converti à l'Évangile. L'initiative de cette conversion est attribuée à l'apôtre Pierre, ce qui a pour effet de mettre toute l'œuvre de la mission en terre païenne sous l'autorité et comme sous le patronage de l'Église de Jérusalem.
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