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Narkissos
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| Sujet: Re: college central Sam 05 Aoû 2023, 19:44 | |
| Goguel (tout juste cent ans !) remarquait déjà très bien les problèmes de cohérence internes (aux Actes) et externes (entre les Actes et le reste du NT, notamment Galates ou 1 Corinthiens pour les idolothytes). Mais comme sa critique était principalement historique, qu'elle visait "derrière les textes ce qui s'est vraiment passé" plutôt que la compréhension des textes tels qu'ils sont, on y retrouve l'arbitraire que l'on notait encore (supra 30.6.2023) dans l'article beaucoup plus récent de Fricker: dans des récits divergents ou contradictoires, comme dans des récits uniques ou concordants d'ailleurs, on retient comme "historique" exactement ce qu'on veut...
Le seul fait "historique" massif, incontournable, c'est comme toujours celui qui se trouve à la fin des récits étiologiques ou de "fondation" censés l'expliquer et qui est en réalité le point de départ de leur écriture -- de même, mutatis mutandis, que pour les mythes d'origine: c'est parce qu'il y a un monde avec des phénomènes remarquables qu'on éprouve le besoin de l'expliquer en racontant comment il (en) est arrivé là. Le fait qui n'échappe à personne, et surtout pas aux "chrétiens" vers la fin du Ier siècle, c'est qu'il y a dans tout l'empire une "Eglise" qui prend de l'importance, un "christianisme" qui est essentiellement un judéo-paganisme, un "judaïsme pour les non-Juifs" symétriquement opposé au "judaïsme ethnique" qui se rassemble autour des synagogues pharisiennes. Phénomène et mouvement d'ensemble dont l'histoire et les origines sont déjà obscures pour tout le monde, dont personne en particulier n'a décidé, qui n'est certainement pas assignable à un nom, à une date et à un lieu uniques, mais qui est bel et bien là et à quoi il faut inventer une origine, forcément plus simple que la "réalité historique", et qui se compliquera pourtant par la multiplicité et la concurrence des récits; mais qu'on l'attribue à Pierre, à Paul, à Jésus ou à n'importe qui, l'essentiel pour les "chrétiens" est que ce soit le fait de "Dieu" (ou de l'Esprit) -- et là-dessus au moins tout le monde est à peu près d'accord, dans le NT du moins.
Sans vouloir reconstituer une histoire précise, il suffit d'une analyse littéraire et idéologique des textes pour montrer que ce "christianisme" ou "judéo-paganisme" procède de nombreuses "sources". Par exemple, il y a une claire opposition de doctrine entre le "paulinisme" d'un côté et Matthieu ou Jacques de l'autre, donc assurément des "courants" différents, mais l'opposition ne porte absolument pas sur l'acceptation ou le rejet des "païens": tous les textes disponibles présupposent non seulement leur présence, mais qu'ils constituent déjà le "gros de la troupe", si je puis dire. Par contre la question de savoir s'ils doivent ou non observer la loi, en tout ou en partie et comment le cas échéant, cette question-là a pu être effectivement vive dans certains lieux et milieux, et de cela Actes 15 peut conserver une certaine trace (mais difficilement traçable vu le caractère tardif et complexe des rédactions des Actes). |
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| Sujet: Re: college central Dim 06 Aoû 2023, 11:02 | |
| De la tradition synodale à l’événement synodal ou comment la Bible interroge la pratique Céline Rohmer
Le deuil du modèle synodal (Ac 15) et l’invitation à la créativité (Ga 2)
Le récit lucanien proposé en Actes 15 cristallise toutes les attentions en matière synodale. Son auteur raconte a posteriori un événement qu’il situe à Jérusalem. Il en parle en utilisant les termes de « contestation et de débat » (v. 2), de rassemblement (v. 6), de « grande discussion » (v. 7), de prises de parole et de réponses (v. 13-14) et au final, une décision (v. 19). Ac 15 ne fait le récit d’aucun synode à moins de faire violence au texte au point de lui arracher un modèle des conclaves conciliaires des siècles suivants dont les participants seront des clercs représentatifs des différentes fractions chrétiennes. Or en Ac 15, l’ἐκκλησία (ekklêsia, « église ») participe de bout en bout au récit (v. 3.4.22) et le πλῆθος (plêthos, « la multitude ») est aussi partie prenante de l’ensemble du processus (v. 12.30). Ce simple constat lexical permet de rappeler que l’appellation communément réservée à ce chapitre – Le concile apostolique – est infondée : Ac 15 ne fait état d’aucun concile et d’aucune exclusivité apostolique.
Il faut envisager le texte plus en détails et tout d’abord souligner la place charnière qu’il occupe dans l’œuvre de Luc . Les travaux de Daniel Marguerat ont clairement montré la mutation opérée dans ce chapitre : après Ac 15, il ne sera plus jamais question des apôtres, ni d’ailleurs de Pierre qui disparaît ici du récit (Paul occupera désormais le rôle principal) ; après Ac 15, Jérusalem s’efface au profit d’Antioche qui devient le pôle de diffusion de l’Évangile ; après Ac 15, la proclamation de la Parole auprès des nations prend entièrement le dessus. Dans ce chapitre du livre des Actes, Luc s’emploie à raconter comment l’Église devient définitivement une communauté rassemblant des croyants d’origine juive et non-juive. Ac 15 répond manifestement à une exigence lucanienne : faire converger les trois figures d’autorité des premières communautés partisanes de Jésus (Paul, Pierre et Jacques) et les deux lieux de diffusion de l’évangile (Jérusalem et Antioche) dans le but d’apaiser des débats internes. La haute qualité rédactionnelle de ce récit (structure équilibrée, fine utilisation de la Septante, diversité des genres littéraires sélectionnés) plaide en faveur d’une construction littéraire particulièrement soignée . Luc est à la manœuvre : il travaille à l’harmonisation des différents courants missionnaires, réfléchit à la fonction des apôtres et rédige un discours politique consensuel apte à répondre aux attentes concrètes de ses destinataires. Ac 15 ne vise pas l’élaboration d’un modèle synodal mais l’interpellation d’une Église qui se pense. En ce sens, Ac 15 interpelle notre colloque sur au moins trois points susceptibles de nourrir ses débats.
L’invitation à la créativité (Ga 2, 1-10)
Quantité d’études se sont employées à comparer la version de Luc en Ac 15 à celle de Paul en Ga 2, 1-10 . Parmi les points communs signalés, retenons que Paul raconte s’être rendu avec Barnabé à Jérusalem, que le débat avec les personnalités locales, dont Jacques et Pierre, a bien porté sur la circoncision et que la décision finale a permis de sauvegarder l’unité de l’Église. Il n’en reste pas moins que plusieurs écarts importants demeurent entre les deux versions. Et parmi eux, soulignons le ton particulièrement incisif de Paul qualifiant de « faux-frères » (v. 4) ceux qui réclament le maintien de la circoncision. Paul y voit une tentative de l’arracher à la liberté reçue en Christ (v. 4). Enfin, contrairement à la version de Luc, Paul explique aux Galates que sa mission a été pleinement reconnue et que rien ne lui a été imposé (excepté le souci des pauvres v. 10) de sorte que les missions ont été réparties : Pierre, Jacques et Jean iront vers les juifs, Paul et Barnabas vers les non-juifs (v. 7-9).
Ga 2 affiche la même intransigeance quand il en va de ce que Paul nomme « la vérité de l’Évangile » (v. 5) et à Jérusalem, chacun reconnaît cette vérité au fondement du ministère de l’autre. Selon Luc comme selon Paul, la vérité de l’Évangile se tient au fondement et est située au-delà d’eux mais la reconnaissance mutuelle de ce fondement commun s’exprime chez Paul différemment. Ga 2, 9 atteste en effet la singularité de Paul :
et, reconnaissant la grâce qui m’a été donnée, Jacques, Céphas et Jean, considérés comme des colonnes, nous donnèrent la main, à moi et à Barnabas, en signe de communion, afin que nous allions, nous vers les païens, eux vers les circoncis.
Le récit de Paul ne fait mention d’aucune lettre, ni communication, ni assemblée, ni délibération, ni consensus. L’Apôtre raconte une poignée de main. La κοινωνία (koinônia, « la communion ») se manifeste par un signe, celui d’une main donnée et acceptée. Avec Paul, le geste synodal n’est pas le décret mais la reconnaissance mutuelle des frères.
La pluralité des Écritures rappelle la liberté à laquelle les croyants sont appelés et dès lors les invite à la créativité en matière synodale. Pas de modèle à répéter, mais une liberté à saisir pour un engagement inventif et responsable dans la confiance en la parole reçue, parce qu’il n’y a pas d’autre fondement à la marche commune des hommes que ce que Paul nomme « la vérité de l’Évangile » (Ga 2, 5).
https://www.cairn.info/revue-recherches-de-science-religieuse-2019-2-page-207.htm?ref=doi |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: college central Dim 06 Aoû 2023, 12:15 | |
| Merci encore pour cet article stimulant -- il ne faut pas manquer, avant tes extraits, l'introduction théologique aussi percutante que protestante, de Luther à Gounelle... Malheureusement la partie exégétique consacrée aux Actes, qui se place (prudemment ou imprudemment) sous l'autorité de Marguerat, m'a paru plutôt décevante. Non seulement, comme tant d'autres, elle se croit obligée de rapporter les textes à un "auteur" ("Luc") et à des "événements" (un "événement" supposé de surcroît le même, pour Actes 15, que celui "autrement relaté" dans Galates), mais (c'est d'ailleurs en partie lié) elle ne remarque pas les incohérences et contradictions internes aux Actes (là-dessus Goguel était plus clairvoyant un siècle plus tôt): par exemple, que "Pierre" a déjà ostensiblement "disparu", si l'on peut dire, au chapitre 12, qu'"Antioche" était déjà passée au premier plan au chapitre 11, que dans le même chapitre le "conflit" et sa "solution" apparaissaient déjà -- toutes choses qui donnent au chapitre 15 non l'allure d'un "tournant" mais d'une pièce rapportée, partiellement ignorée de surcroît par les développements ultérieurs (chap. 21). Les remarques sur ce chapitre 15 sont cependant utiles, et soulignent avec raison le caractère ouvert de la discussion et de l'accord décrits (bien que la description n'ait rien de "réaliste" ni même de "vraisemblable"), aux antipodes d'un "concile" ecclésiastique et clérical, a fortiori d'un "conseil" ou "collège", c'est-à-dire d'une instance dirigeante permanente au fonctionnement plus ou moins secret. Au passage, sur le thème du "synode" et avec toute l'attention prêtée au "chemin" ou à la "voie" ( hodos, d'où aussi "mét-hode"), on aurait pu signaler l'usage spécifique que les Actes font de ce terme comme auto-désignation du "christianisme" ("la Voie", 9,2 etc.), dans le prolongement d'une longue préhistoire, notamment "vétéro-" et "inter-testamentaire" (la voie de Dieu ou du Seigneur, des justes ou des méchants, du salut ou de la perdition, etc.). La suite est plus intéressante, en particulier sur le récit d'Emmaüs, peut-être parce que le texte et le commentateur (Meynet) suivis par l'auteur(e) le sont aussi... ça me rappelle une discussion récente et ses annexes, notamment le tableau du Caravage commenté par Maud Pouradier dans le bel article que tu as cité le 4.8.2023. Le côté "protestant" de ce texte nous offre par ailleurs une bonne occasion de revenir au plus près du sujet initial (le Collège central des TdJ): les Réformes protestantes ayant d'emblée joué "l'Ecriture" ( sola scriptura) contre l'institution, la hiérarchie, la tradition et le magistère ecclésiastiques de Rome, elles ont forcément dû renoncer à fonder théologiquement, autrement que sur "l'Ecriture seule", leurs propres "institutions" (etc.), aussi bien celles qu'elles prolongeaient de l'Eglise antérieure que celles qu'elles devaient "inventer" dans des circonstances nouvelles. D'une part cela supposait une "clarté de l'Ecriture" que la prolifération des interprétations protestantes, désormais libres ou à peu près, a eu tout le temps de démentir, mais cela limitait de fait l'"autorité de l'Ecriture" aux questions qu'elle tranchait de manière univoque (à condition qu'il y en ait). Comme il n'y avait pas dans "l'Ecriture seule" de quoi fonder une ecclésiologie cohérente, complète et fonctionnelle, sauf à faire prévaloir une interprétation autoritaire et arbitraire sur toutes les autres et sur l'Ecriture elle-même, l'ecclésiologie pratique (organisation, etc.) ne pouvait être que "relativiste", tolérant par nécessité la diversité et la multiplication (ou division) des "Eglises"; avec l'effet pervers de la "secte protestante" qui, tout en résultant de ce relativisme, réagit contre lui au point de fonder une institution et un magistère qui décident dogmatiquement de l'interprétation de l'Ecriture en déployant, dans le cadre de la secte, un niveau d'"autorité" que le catholicisme n'avait jamais atteint... Rendant, de fait, nulle et non avenue toute "autorité de l'Ecriture" au nom même de l'"autorité de l'Ecriture". De cela les TdJ et leur "Collège central" offrent, comme souvent, un exemple caricatural. |
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| Sujet: Re: college central Lun 07 Aoû 2023, 11:17 | |
| Théologie et manifestations de la synodalité - Un défi permanent pour l’Église - Michel Stavrou
Pratique de la synodalité dans l’Église ancienne et byzantine
Le chapitre 15 des Actes des Apôtres fait état d’une réunion à Jérusalem « des Apôtres et des presbytres » à propos des conditions à poser pour l’entrée des païens dans l’Église. Leur décision est prise, puis le peuple de l’Église de Jérusalem la reçoit par acclamations. Il est intéressant de noter qu’en Ac 21, 18, le syntagme « les Apôtres et les presbytres » est remplacé par « Jacques et les presbytres ». Ainsi apparaît en filigrane le ministère de l’évêque comme figure du Christ dans l’Église locale. C’est le germe de la structure de l’Église locale attestée chez Ignace d’Antioche au début du iie siècle : le presbyterium est un collège (συνέδριον) entourant l’évêque à l’image des Apôtres autour du Christ . Soulignons la continuité qui existe entre la réunion du synedrion de l’évêque et le rassemblement eucharistique – l’un comme prolongement direct de l’autre –, et d’autre part, la dimension à la fois synodale et hiérarchisée de ces réunions.
Chez les Pères grecs on note d’ailleurs que le mot synode, σύνοδος, litt. « avancer ensemble », peut désigner l’Église elle-même Ainsi, pour Jean Chrysostome, le terme peut signifier l’assemblée ecclésiale, voire spécifiquement la synaxe eucharistique Cela accrédite fortement la thèse de R. Sohm, reprise par E. Schlink et E. Lanne, que les synodes seraient nés de l’expansion de l’assemblée eucharistique Cette origine eucharistique, liturgique du synode peut expliquer sa dimension pneumatologique : toute réunion ecclésiale se fait en se remettant dans la grâce pentecostale de l’Esprit Saint.
La praxis synodale est bien attestée dans l’Église ancienne. Les premiers synodes connus concernent, à la fin du iie siècle, la résolution de conflits portant sur la date de célébration de Pâques et l’hérésie montaniste. Comme l’Eucharistie offerte par les différentes Églises locales est une et identique, les évêques de l’Église ancienne eurent conscience de ce que les questions concrètes liées à sa célébration (pour pourvoir un siège épiscopal vacant ; mais aussi pour refuser à l’Eucharistie des fidèles fauteurs de troubles, partisans de doctrines condamnables ou auteurs d’actes graves, etc.) concernaient au même titre les Églises proches : ils se rassemblèrent entre évêques voisins pour s’accorder sur les décisions à prendre.
https://www.cairn.info/revue-recherches-de-science-religieuse-2018-3-page-403.htm |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: college central Lun 07 Aoû 2023, 13:39 | |
| Précieux éclairage oriental (je notais ici une certaine analogie, fortuite mais intéressante, avec un autre article, psychanalytique, que tu nous as communiqué ce matin). Je trouve particulièrement remarquable l'interprétation de la "catholicité" qui intègre théologie et ecclésiologie: dans chaque "assemblée" c'est toute l'Eglise et la Trinité divine elle-même qui se "réalise(nt)", là encore la "divinisation" n'est pas loin et ce n'est pas seulement une notion eschatologique, c'est la totalité du seul et unique "mystère" qui se (re-)joue à chaque fois. Bien sûr ça permet "concrètement" autant d'abus d'autorité que les systèmes catholique ou protestants, mais la façon de penser n'en est pas moins inspirante. (Au passage, mais je ne connais pas le russe, il m'est venu à l'esprit que les "soviets", en tant que "conseils", étaient peut-être cousins ou neveux du sobor conciliaire ou synodal; même si l'étymologie est fausse, il y a probablement une parenté des deux notions -- j'ai encore à l'esprit les réflexions de Heidegger sur le koinon à propos du "communisme", qui évitent soigneusement la "communion" chrétienne, koinônia... cf. éventuellement ici, 4.8.2023) En ce qui concerne les Actes, toujours parmi les nombreux détails qui distinguent le chapitre 15 du reste, on peut relever que "les apôtres" (identifiés aux Douze et situés à Jérusalem, même quand tout le monde est dispersé, 8,1) ont déjà disparu bien avant (dernière mention 11,1; disparition de Pierre déjà signalée au chap. 12; au chap. 14 ce sont d'autres "apôtres", au sens paulinien, qui apparaissent, Barnabé et Paul qui ne sont ni des Douze ni à Jérusalem). Leur réapparition au chapitre 15, dans la formule stéréotypée "les apôtres et les anciens" (jusqu'à 16,4, et plus jamais ensuite; on a déjà noté l'analogie avec "les grands prêtres et les anciens" pour le sunedrion = "sanhédrin" dans la première partie du livre), est donc aussi surprenante et inexpliquée que celle de Pierre. |
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| Sujet: Re: college central Lun 07 Aoû 2023, 16:07 | |
| La dramaturgie du ‘concile de Jérusalem’ selon les Actes
Au ch 15 des Actes, Luc met en scène avec soin le débat de Jérusalem (à tel point qu’on en a fait avec emphase un ‘concile’). Dès l’arrivée de Paul et Barnabé, la tension est perceptible : ‘Certaines gens du parti des Pharisiens qui étaient devenus croyants intervinrent pour déclarer qu’il fallait circoncire les païens et leur enjoindre d’observer la Loi de Moïse’ (Ac 15,5). Apôtres et anciens se réunissent donc pour examiner l’affaire, et ‘après une longue discussion’, Luc donne la parole à deux personnages officiels, Pierre puis Jacques.
Après avoir souligné que c’est à Pierre que Jésus a transmis le soin d’affermir ses frères (Luc 22,32), Luc fait donc intervenir Pierre au ‘concile’ de Jérusalem, au risque d’introduire une incohérence interne dans le récit des Actes. En effet au ch 12, Pierre libéré de prison par un ange avait fait ses adieux aux frères rassemblés chez Marc en remettant la direction de la communauté à Jacques (‘Allez rapporter ces choses à Jacques et aux frères’), le texte ajoutant : ‘Puis il sortit et s’en alla vers un autre lieu’, formule araméenne classique pour dire qu’il s’en est allé vers la mort. En fait Pierre disparaît des Actes au ch 12, pour ne plus faire que cette apparition stratégique au début du ch 15.
Luc fait tenir à Pierre un discours décisif. Il rappelle d’abord l’ordre qu’il a reçu de Dieu d’annoncer la bonne nouvelle aux païens. Puis il emploie des mots très forts pour qualifier le refus d’ouverture aux païens : ‘Pourquoi mettez-vous Dieu à l’épreuve en imposant sur le cou des disciples un joug que ni nos pères ni nous n’avons pu porter ?’ (Ac 15,10). ‘Mettre Dieu à l’épreuve’, c’était la tentation des hébreux dans le désert… Lorsqu’il conclut : ’C’est par la foi que Dieu a purifié leur cœur […] Par la grâce du Seigneur Jésus, nous croyons être sauvés de la même façon que ceux-ci.’ Luc fait tenir à Pierre un discours de teneur franchement paulinienne, étonnant montage destiné à faire apparaître la vérité profonde de l’union des apôtres.
A l’issue d’un second discours, la décision officielle est prise par Jacques, frère du Seigneur à qui Pierre a remis la charge de l’Eglise de Jérusalem. Après avoir cité la fin du livre d’Amos qui universalise la recherche du Seigneur (‘Le reste des hommes cherchera le Seigneur avec toutes les nations sur lesquelles mon nom est invoqué’), Jacques conclut : ‘Je suis donc d’avis de ne pas encombrer d’obstacles ceux des païens qui se tournent vers Dieu’ (Ac 15,19). Une lettre portant la formule décisive ‘L’Esprit Saint et nous avons décidé que…’ est confiée à Paul et Barnabé, qui repartiront dûment mandatés pour un voyage missionnaire en Galatie et en Grèce. Le tournant pris à Jérusalem est fondateur : l’Eglise naissante ne sera plus un groupe juif original ne pouvant se développer qu’auprès de ceux qui observent la loi de Moïse, mais elle atteindra à l’universel.
https://www.ebaf.edu/wp-content/uploads/2017/05/Confe%CC%81rence-Roselyn-Dupont-Roc-novembre-2015.odt.pdf |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: college central Lun 07 Aoû 2023, 17:22 | |
| L'hypothèse parfaitement inutile dans cette présentation, c'est encore et toujours l'"auteur" unique, qui oblige à chercher des "intentions" (de la même "personne" !) derrière toutes les divergences et contradictions du récit -- alors qu'avec les Actes plus encore qu'avec tout autre texte du NT il est clair qu'on a affaire à des rédactions multiples du début à la fin du processus (les deux "éditions", alexandrine et occidentale, qu'a retenues la critique textuelle récente restent une schématisation simplifiante d'une forêt de variantes qui n'est que la partie émergée, matériellement documentée, d'une histoire littéraire encore plus complexe).
J'ignore tout de la "formule araméenne classique" (dans quels textes, de quelle date ? s'il s'agit de littérature rabbinique médiévale ou de commentaires patristiques, ça ne prouve pas grand-chose), et je serais plutôt enclin à y soupçonner, dans une conférence qui ne cite pas ses sources, un pur effet d'esbroufe oratoire... mais le contexte (grec !) d'Actes 12 n'a pas besoin de cette philologie araméenne douteuse pour suggérer la mort de bien des manières: parallèle avec le martyre de Jacques (avant l'apparition d'un autre Jacques que les Actes n'appellent jamais "frère du Seigneur", contrairement à Galates), libération de Pierre par un rêve qui se révèle plus vrai que la réalité (transposition en récit de miracle d'une parabole de "salut" de type "gnostique", j'en ai souvent parlé), apparition aux disciples identifiée à "son ange" comme à un "double" ou à un "fantôme", outre la mort des gardes et d'Hérode qui suit.
Quant au Paul des Actes, il semble assez oiseux de se demander s'il a transmis les "décrets" ou non puisque selon les chapitres 15 et 16 il l'a expressément fait et selon le chapitre 21 il n'en avait même pas entendu parler... Là encore, je crois qu'il vaut mieux prendre les textes divergents ou contradictoires tels qu'ils sont, plutôt que de les ramener à l'"intention" d'un "auteur" unique ou à des "événements" qu'on ne pourrait de toute façon reconstruire (l'intention ou les événements) qu'arbitrairement. |
| | | free
Nombre de messages : 10055 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: college central Lun 07 Aoû 2023, 20:44 | |
| C’ était particulièrement vrai pour les membres du Collège Central et, en 1975, le “chien” décida que le moment était venu de “remuer la queue”. La plupart des membres pensèrent qu’il était temps, en effet, que les faits, enfin, commencent à cadrer avec les déclarations et les publications.
Il est intéressant de noter que ce qui a été mis en place était essentiellement ce que les quatre membres du Comité directeur avaient proposé en 1917, une réorganisation, une tentative de leur part qui, par la suite, fut décrite dans les publications de la Watchtower comme “un complot ambitieux” et une “conspiration rebelle” qui “par la grâce de Dieu n’a pas réussi!”. Cinquante-cinq ans plus tard, pratiquement la même proposition a été acceptée, mais seulement après des mois de troubles pour le Collège Central.
https://jw-verite.org/phocadownload/crise-de-conscience-FR.pdf |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: college central Mar 08 Aoû 2023, 00:17 | |
| N.B.: C'est page 85, mais il faut remonter aux pages 67ss pour comprendre la référence à 1917, et lire le chapitre suivant (p. 86ss) pour le terminus a quem des "cinquante-cinq ans" -- plutôt 58, en fait, car si le Collège central a été nominalement établi en 1971, il n'a commencé à exercer une direction (partiellement) "collégiale" qu'en 1975, et dans la douleur...
Je m'aperçois en "feuilletant" ce document que le livre s'est considérablement enrichi depuis l'édition originale que j'avais lue dans les années 1980, avec des réflexions très pertinentes de Raymond Franz sur l'évolution de la Watch dans les 20 ans qui ont suivi son départ... Au passage, je remarque aussi qu'il parle toujours très positivement de Leo Greenlees, qui avait manifestement des vues assez proches des siennes et le courage de les exprimer dans les années 1970, malgré tout ce qui a pu se raconter plus tard dans les milieux ex-TdJ sur son compte. |
| | | free
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| Sujet: Re: college central Mar 08 Aoû 2023, 11:52 | |
| Une classe de ministres itinérants
Dans ce débat, il y a un autre texte clé : Actes 13, 1-3, où on apprend qu’« il y avait à Antioche, dans l’Église du lieu, des prophètes et des hommes chargés de l’enseignement : Barnabas, Syméon appelé Niger et Lucius de Cyrène, Manaen compagnon d’enfance d’Hérode le tétrarque, et Saul ». Ce groupe reçoit le commandement du Seigneur, à travers la prophétie alors qu’ils célébraient le culte du Seigneur, d’envoyer Saul et Barnabas en Asie Mineure pour leur premier séjour missionnaire. De nombreux auteurs se réfèrent à ces mots pour prouver que le groupe de « prophètes et d’enseignants » était fixé en permanence dans l’Église d’Antioche, mais ce n’est probablement pas le cas. Ils étaient sans doute fixés à Antioche, mais leur rôle était de voyager dans l’arrière-pays de la Syrie pour prêcher ou aider les communautés nouvellement établies. Paul et Barnabas eux-mêmes illustrent cette possibilité. Avant cela, Barnabas fut envoyé à Jérusalem pour observer les débuts de la mission des Gentils à Antioche (Actes 11, 22-24). Après cette enquête, il partit chercher Saul à Tarse pour « enseigner » à Antioche pendant un an (v. 25-26). Tous les deux avaient été envoyés à Jérusalem pour y soutenir l’Église locale (11, 29-30). Cependant, après avoir exercé ces fonctions itinérantes pour l’Église, ils furent tous les deux reconnus parmi les « prophètes et enseignants » d’Antioche, plutôt que parmi les apôtres (v. 13, 1). Après le nombre important de conversions à la foi dans de nouveaux lieux, l’Église mit en place un système pour les établir dans la foi ; elle envoyait des enseignants itinérants pour de longs séjours, ces enseignants vivaient aux bons soins des nouvelles communautés. La désignation spéciale pour le premier séjour missionnaire en Asie Mineure (Actes 13, 2-3) semble être le point de départ du terme « apôtre » qui sera par la suite utilisé pour Paul et Barnabas (14, 4 et 14). Pourtant, avant cet appel, Paul et Barnabas étaient souvent désignés pour des tâches spéciales de « prophètes et d’enseignants » ; c’est peut-être le cas du groupe tout entier d’Actes 13, 1. On peut lire que des prophètes descendirent de Jérusalem à Antioche dans Actes 11, 27, on peut donc présumer qu’ils bénéficieraient du soutien des communautés. Dans Actes 15, 32, nous pouvons voir les prophètes Judas et Silas faire fonction de ministre à Antioche, et donc bénéficier implicitement du soutien de la communauté avant de repartir. Il y a peu de raisons qui prouvent que les structures sociales révélées dans la Didachè ne s’appliquent pas aux prophètes et enseignants d’Antioche des premières décennies de l’Église. Il est certain que la tâche de missionnaire concentre l’intérêt des Actes des Apôtres 13, 1-3 où on mentionne les « prophètes et enseignants », comme on peut le constater à partir des nominations de Saul et Barnabas.
https://www.cairn.info/revue-etudes-theologiques-et-religieuses-2006-3-page-395.htm |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12412 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: college central Mar 08 Aoû 2023, 14:28 | |
| Etude très riche, très conjecturale aussi, mais qui résume assez bien ce qu'on peut deviner de l'organisation sociale et institutionnelle du "christianisme primitif" tel qu'il se dessine vers la fin du Ier siècle, dont les "origines" sont non seulement encore plus incertaines, mais (certainement !) encore plus diverses. Car l'identité même d'un "christianisme", distinct à la fois du "judaïsme" des synagogues pharisiennes et des "païens" (ethnè, "[gens des] nations" compris comme non juifs et non chrétiens, depuis les deutéro-pauliniennes ou 1 Pierre au moins), est indissociable de l'émergence de la "grande Eglise" dont les écrits du Nouveau Testament et les premiers textes "patristiques" (y compris la Didachè) sont pour nous les seules traces disponibles.
Reste que ce processus conjoint d'"identification" et d'"organisation" est progressif, qu'il ne procède pas d'une origine unique (comme voudraient le faire croire les Actes ou, plus loin dans la même voie, l'Histoire ecclésiastique d'Eusèbe et son schème des "hérésies post-apostoliques", récité un peu trop tranquillement ici), qu'il tend au contraire vers une certaine "unité" qui n'était pas originelle, mais que dans les textes de cette époque il est encore très loin d'aboutir à une "centralisation" (la construction d'une "hiérarchie" dans les "Eglises" locales, dans chaque ville, précédant de beaucoup la coordination des "Eglises" à l'échelle d'une vaste région ou de l'Empire).
Au demeurant il est tout à fait vraisemblable que les "itinérants" aient joué un rôle de premier plan dans la constitution du "réseau", et qu'ils aient perdu de leur importance à mesure que l'organisation locale se consolidait et que le réseau se densifiait. Les épîtres pauliniennes supposent dès le début des voyages et des visites, et le mode de vie itinérant est aussi attribué à Jésus et aux "apôtres" (= "envoyés") dans les évangiles. Mais d'un autre côté ce trait ne distingue aucun groupe: dans le judaïsme comme dans le reste du monde gréco-romain, il y a des "missionnaires", des émissaires, des prophètes, des exorcistes, des thaumaturges, des philosophes (cf. Apollonius de Tyane) itinérants -- les Actes dépeignent déjà Saul voyageant pour persécuter les disciples, itinérant avant d'être "chrétien"... |
| | | free
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| Sujet: Re: college central Mer 09 Aoû 2023, 10:00 | |
| Le silence sur la mort de Paul dans les Actes des apôtres Daniel Marguerat
Dans le même chapitre 12 des Actes, il est dit de Pierre qu’après avoir visité la communauté au lendemain de son évasion miraculeuse, « il s’en alla vers un autre lieu » (12,17c). Cette fin de verset, énigmatique, a fait couler beaucoup d’encre. Cette clause signe en effet l’effacement de Pierre dans la narration des Actes ; l’apôtre surgira encore lors de l’assemblée de Jérusalem, pour servir de caution à la mission de Paul à partir de sa rencontre avec Corneille à Césarée (15,7-11). Excepté ce retour, l’activité de Pierre parvient ici à son terme. Que désigne cet « autre lieu » ? On a pensé à une autre maison, où Pierre se serait réfugié hors d’atteinte d’Hérode ; on a cherché dans la géographie un autre champ missionnaire (à Antioche, en Asie Mineure, à Rome) ; on a justifié l’imprécision comme une allusion à une existence itinérante ; on a interprété métaphoriquement le lieu comme désignant la destinée ; on a supposé une allusion à sa mort de martyr. Plutôt que d’y voir un message crypté, il me paraît préférable d’évaluer la stratégie narrative dans laquelle s’inscrit cette donnée volontairement floue : l’auteur signale à ses lecteurs qu’il rompt un fil biographique (Pierre) pour s’attacher à un autre (Paul). Luc prend congé d’un personnage auquel il a voué jusqu’ici une place déterminante (Ac 1-6 ; 9,32-11,18 ; 12) ; sa compréhension de l’histoire du christianisme le conduit en effet à poursuivre avec le récit de la mission paulinienne. Quitter Pierre sur une indication laissée en suspens fait savoir que la vie de Pierre se poursuit, mais hors récit, et que de son côté, l’auteur à Théophile entend « passer à un autre sujet ». De Pierre à Paul, la narration des Actes amorce son grand tournant.
Dans la syncrisis entre Pierre et Paul au sein des Actes, le silence sur leur fin constitue une ressemblance de plus. Il en est une autre, qui prend pour notre question une importance capitale : avant de disparaître du récit, Pierre et Paul ont frôlé la mort et expérimenté une délivrance miraculeuse et spectaculaire. Pierre a été délivré de prison par un miracle saturé de références exodiales (12,6-11). Paul a été sauvé du naufrage dans son voyage vers Rome, et à son arrivée sur l’île de Malte, les Maltais disent de lui : « C’est un dieu » (28,6) ; les lecteurs savent qu’il n’en est rien, mais ils comprennent qu’échapper à la fureur des flots et à la morsure d’une vipère (28,3-6) montre que cet homme est protégé par la providence divine. Avant de disparaître du récit, Pierre et Paul ont chacun reçu le sceau de la justification divine sur leur existence.
https://www.cairn.info/revue-etudes-theologiques-et-religieuses-2015-1-page-1.htm |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: college central Mer 09 Aoû 2023, 11:47 | |
| En tout cas on ne retrouve pas chez Marguerat, qui brasse pourtant une masse impressionnante de "littérature secondaire" (commentaires, introductions et autres études exégétiques), de référence à l'araméen pour expliquer la formule "en un autre lieu" (contrairement à l'affirmation péremptoire de Roselyne Dupont-Roc, supra 7.8.2023). Cela n'empêche pas, à mon avis, qu'il y ait une allusion à la mort (qui est partout dans le contexte, on l'a déjà souligné), mais elle resterait de toute façon accessoire par rapport au changement de protagoniste, qui s'effectue dans un dispositif plus complexe que celui qui apparaît ici: on ne saute pas directement de Pierre à Paul, mais de Pierre à Jacques (en ayant préalablement éliminé un premier Jacques pour faire la place au second), et on n'introduit Paul que par l'intermédiaire de Barnabé qui tient longtemps le premier rôle avant de s'effacer. Et tout cela ne fait que confirmer le caractère hétérogène du chapitre 15 (le seul qui me semble avoir un rapport à notre "sujet", collège ou concile) où "Pierre" et "les apôtres" dont le récit avait déjà ménagé la sortie réapparaissent comme si de rien n'était.
L'article de Marguerat traite principalement d'autre chose, la fin des Actes coïncidant ou non avec celle de Paul -- mais il s'y trouve des choses très intéressantes, depuis la citation de Chrysostome au début, sur ce qu'on pourrait appeler l'ellipse, la troncature, l'apocope ou l'escamotage narratif, de la mort et de bien d'autres choses qui peuvent passer à la fois pour "essentielles" et gênantes, voire obscènes -- on pourrait multiplier les exemples dans la littérature moderne et le cinéma (ce qu'on devine derrière une porte fermée, chez Lubitsch notamment)...
Je n'y ajouterais qu'une petite réflexion sur l'embarras qu'évoque la fin de l'article: "l'Eglise" ne peut être "idéale" qu'au début, dans ses origines miraculeuses, que ce soit à Jérusalem à la Pentecôte où pour les premières conversions spectaculaires (Samaritains, eunuque éthiopien, Saul, Corneille, etc.); plus on avance et plus on se rapproche de la "réalité contemporaine" (à quoi une "histoire" et spécialement un récit des origines doivent forcément aboutir, à partir de quoi ils sont en fait construits, je me répète), moins le tableau peut être glorieux. L'Eglise de Jérusalem qui provoque et ne fait rien pour empêcher le quasi-lynchage et l'arrestation de Paul, avant de disparaître du récit, n'est pas reluisante, et celle de Rome est pour le moins peu remarquable. C'est aussi qu'on doit terminer dans une "réalité" quotidienne qui n'est pas miraculeuse, celle que connaissent trop bien les "auteurs" comme les "destinataires". Et pour revenir encore à notre sujet, ce n'est pas parce que toute trace d'une "centralisation" de l'"autorité apostolique" à Jérusalem a disparu (dès les chapitres 11 et 12, et à nouveau après la résurgence du chapitre 15) qu'elle se reconstituerait à Rome autour de Paul, ou alors d'une manière extrêmement discrète (Paul en résidence surveillée, mais chez lui et "hôte privé" en quelque sorte).
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| | | free
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| Sujet: Re: college central Mer 09 Aoû 2023, 13:13 | |
| "Ils les chargèrent de cette lettre : Vos frères, les apôtres et les anciens, aux frères non juifs qui sont à Antioche, en Syrie et en Cilicie, bonjour !" '15,23). Ac 15,23 ne mentionnent que des régions limitrophes d’Israël (Antioche, la Syrie et la Cilicie). Je ne sais pas si cette information présente un intérêt |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: college central Mer 09 Aoû 2023, 14:10 | |
| C'est en tout cas très pertinent au sujet initial: la décision ponctuelle de Jérusalem (concile ou conseil) en Actes 15 a une visée locale, elle ne s'applique pas comme par principe (principat, principauté, primauté) à l'ensemble de l'"Eglise", pas même aux régions (Chypre, Pisidie, Lycaonie) où Barnabé et Paul auraient déjà fondé des Eglises selon les chapitres 13 et 14, sans parler de toutes celles qui étaient représentées à la Pentecôte; contrairement au "Collège central" des TdJ qui prétend régenter, jusque dans d'invraisemblables détails, la vie des adeptes dans un "monde" bien plus vaste que l'empire romain... Ce texte d'ailleurs intéresse doublement les TdJ puisque c'est aussi l'unique "fondement" néotestamentaire de l'interdit du sang, non seulement rendu universel et permanent mais extrapolé à un tout autre contexte (médical et moderne).
Je ne suis toutefois pas sûr que la proximité avec "Israël" (qui n'a plus d'identité politico-géographique en tant que tel, ni au moment supposé de l'histoire racontée ni à celui de sa rédaction) soit le critère déterminant (pourquoi pas l'Egypte ?). La Syrie (y compris Damas et Antioche) et les contrées voisines (Cilicie, associée à Saul-Paul "de Tarse" dans les Actes et nulle part ailleurs) se caractérisent plutôt par un usage important, sinon dominant, de l'araméen (Aram = Syrie), qui va devenir le "syriaque" des traditions chrétiennes "orthodoxes" ou "hérétiques" (nestorienne) -- cela vaudrait aussi pour les régions plus à l'est, jusqu'en Mésopotamie, puisque l'araméen était la lingua franca des anciens empires de l'Assyrie à la Perse, mais cela intéresse visiblement moins les Actes qui sont, si je puis dire, orientés vers l'Occident, Asie Mineure et Europe. Les "chrétiens" araméophones ont une proximité linguistique plus grande avec le judaïsme (qui sous la reprise en main pharisienne d'après 70 rejette progressivement le grec et se rabat sur l'hébreu et l'araméen), ce qui ne signifie d'ailleurs pas que leur christianisme plus "original", puisque la traduction syriaque et chrétienne de l'AT (Peshitta') dépend de la Septante grecque... C'est en tout cas une région où l'interaction entre "juifs" et "chrétiens" reste longtemps plus importante, plus riche mais aussi plus conflictuelle qu'ailleurs (on l'a vu encore il y a peu à propos des débats "quartodécimans", sur le rapport de "Pâques" à la "Pâque").
On peut en outre, mais c'est moins clair, rattacher à tout cela la signification de "Damas" dans les textes de Qoumrân et assimilés (notamment "l'Ecrit de Damas", CD): lieu de refuge ou d'exil, réel ou symbolique, pour un judaïsme sacerdotal opposé à la hiérarchie du temple de Jérusalem (cf. p. ex. ici, en anglais), lieu de persécution et de conversion de Saul-Paul dans les Actes (cf. aussi 2 Corinthiens 11 et Galates 1--2). Comme toujours, la liaison à faire ou à ne pas faire entre ces éléments disparates reste conjecturale. |
| | | free
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| Sujet: Re: college central Jeu 10 Aoû 2023, 12:19 | |
| L’apôtre Paul faisait-il partie du collège central de la congrégation chrétienne? Il est raisonnable de penser que Paul faisait partie du collège central au Ier siècle. La Bible ne fournit que peu de détails sur la composition du collège central primitif. La plupart des renseignements qu’elle donne à ce sujet se trouvent en Actes chapitre 15. Le récit indique qu’en l’an 49 le groupe d’hommes qui constituaient le collège central était formé ‘des apôtres et des aînés de Jérusalem’. De qui s’agissait-il? — Actes 15:2, 4, 6. C’est Jacques, demi-frère de Jésus, qui a présidé la réunion. Celle-ci avait été organisée pour déterminer si les Gentils convertis au christianisme devaient ou non respecter la loi mosaïque, y compris l’exigence relative à la circoncision. L’apôtre Pierre a participé à cette discussion. Le récit parle aussi de Judas (appelé Barsabbas) et de Silas comme des hommes qui, “parmi les frères, étaient à leur tête”, mais il ne dit pas spécifiquement qu’ils faisaient partie du collège central (Actes 15:7, 13, 22). En fait, la Bible ne dresse pas la liste complète des membres de ce collège. Certains pensent que Paul n’était sans doute pas de leur nombre, étant donné qu’il faisait des voyages missionnaires et qu’il était venu d’Antioche de Syrie pour poser la question qui avait été soulevée là-bas. Il est vrai que Paul n’était pas l’un des “douze” qui avaient accompagné Jésus, puisque Matthias avait été choisi pour remplacer Judas Iscariotea. Mais le disciple Jacques non plus ne faisait pas partie des douze, et pourtant il est clair qu’il était membre du collège central (Actes 6:2; 1:15-26). En outre, Jésus était apparu à Paul et lui avait confié la mission d’être ‘un vase de choix pour porter son nom aux nations’. Paul était donc devenu “apôtre, non de la part des hommes, ni par un homme, mais par Jésus Christ et Dieu”. Il s’est présenté lui-même comme un “apôtre des nations”. — Actes 9:3-6, 15; Galates 1:1; Romains 11:13; I Corinthiens 9:1; 15:7, 8. L’activité que Paul a accomplie sous la main puissante de Dieu indique également qu’il était devenu membre du collège “des apôtres et des aînés” qui dirigeait les congrégations. Il a rédigé 14 livres des Écritures grecques chrétiennes. Pierre met les écrits de “notre bien-aimé frère Paul” au même rang que “le reste des Écritures”. (II Pierre 3:15, 16.) Paul a joué un rôle primordial dans la propagation du christianisme, et il a donné quantité de conseils aux congrégations. Le contenu de ses lettres divinement inspirées montre qu’il lui arrivait de régler lui-même certaines questions. Cela n’est d’ailleurs pas étonnant de la part de quelqu’un qui était loin du collège central et qui se trouvait confronté au problème de la lenteur des communications (I Corinthiens 5:11-13; 7:10, 17). Toutefois, en d’autres circonstances, il a présenté certaines questions devant l’ensemble du collège, comme cela ressort du chapitre 15 des Actes. À Tite, “Paul, esclave de Dieu et apôtre de Jésus Christ”, a écrit ce qui suit: “Si je t’ai laissé en Crète, c’est pour que tu mettes bon ordre à ce qui laissait à désirer et que tu établisses des aînés de ville en ville, comme je te l’ai prescrit.” (Tite 1:1, 5). Au cours de ses voyages, Paul parlait donc certainement au nom du collège central. — Actes 16:4, 5. Certes, la mission que le Seigneur lui avait confiée l’amenait à faire de longs voyages et, par conséquent, à ne pas assister à certaines réunions du collège central. Néanmoins, la façon dont il a été utilisé par Dieu et par Christ indique qu’il faisait partie de ce collège. https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1985889?q=coll%C3%A8ge+central+actes+15&p=par Si Paul ne faisait parti d'un organe dirigeant permanent situé à Jérusalem, il ne devait pas souvent siéger au sein de ce collège central et encore moins prendre part au débat qui pourrait s'y dérouler, puisqu'il ne vivait pas Jérusalem. |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: college central Jeu 10 Aoû 2023, 13:00 | |
| La formule consacrée "il est raisonnable de penser" me fait toujours sourire (il me semble l'avoir vue récemment même dans la traduction française de Raymond Franz), d'autant que j'aurais maintenant tendance à l'envisager absolument (sans complément): est-il jamais raisonnable de penser ? Certes il n'y avait pas de visioconférence, mais le principe était bien là ("absent de corps mais présent d'esprit", ça peut rappeler aussi ce dont on parlait ailleurs aujourd'hui même). Plus sérieusement (si l'on peut dire), il faut avoir postulé arbitrairement un "collège central" pour se demander si Untel en fait ou non partie, mais la quasi-totalité des lecteurs de La Tour de Garde sont tellement conditionnés (l'étaient déjà, en 1985) au raisonnement circulaire que le soupçon ne les effleure pas, même quand on leur avoue assez candidement que ça n'a pas d'autre "base" que (l'interprétation officielle d')Actes 15... au contraire, la question posée ne fait que renforcer son présupposé, qui paraît par définition hors de question (on ne dit pas " s'il y avait un collège central...", ce qui resterait une hypothèse: c'est un fait, c'est un acquis). La petite part de vérité de cette grosse mystification, c'est que les Actes font bien tout ce qu'ils peuvent pour présenter le "ministère" de Paul comme dépendant, au moins au départ, de l'autorité des "apôtres" (au sens des "Douze"), contrairement au corpus paulinien dans son ensemble (et surtout à Galates). Mais la nécessité du récit leur impose quand même de "lâcher" Paul et de lui conférer une certaine autonomie, quitte à le faire à reculons et en plusieurs fois (chap. 11, 13--14, 16ss, 21ss; à la limite, Paul n'est vraiment affranchi de la tutelle de Jérusalem -- "les apôtres et les anciens", puis "Jacques et les anciens" -- qu'en étant prisonnier des Romains, et c'est encore sur les bons conseils de Jacques qu'il le devient). |
| | | free
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| Sujet: Re: college central Ven 11 Aoû 2023, 09:24 | |
| Le passage des Actes chapitre quinze montre pourquoi Jérusalem fut l’endroit logique pour se rendre à cette contestation. Le passage n’indique nulle part que Jérusalem était le lieu d’une sorte de corps administratif international. Il était plutôt là principalement parce que Jérusalem elle-même était la source d’ennuyeux problèmes que Paul et Barnabas avaient rencontrés à Antioche où ils servaient. Les choses avaient été relativement tranquilles à Antioche jusqu'à ce que "des hommes de Jérusalem" descendent et causent des troubles en prétendant que les Chrétiens Gentils devaient se faire circoncire et garder la Loi. La congrégation en était à ses débuts à Jérusalem. La Judée avec sa capitale Jérusalem était le lieu où il y avait de forts encrages pour conserver la loi; cette notion prévalait d’une manière plus intense parmi les personnes professant le Christianisme, et cette attitude se poursuivit même des années après que ce concile particulier se soit tenu. Les fauteurs de troubles à Antioche étaient ceux de Jérusalem. Cet élément et pas simplement la présence des apôtres, à fait de Jérusalem le lieu naturel pour la discussion et le règlement de ce problème particulier. La présence des apôtres divinement choisis était évidemment un élément de poids. Les apôtres étaient proches de leur mort, et il n’y avait ensuite personne pour leur succéder, personne avec des dons et une autorité apostoliques, voila pourquoi il leur fallait régler ce problème particulier. La situation fut donc qu’au milieu du premier siècle il n’y eu pas "d’Ordre" permanent ou continu, et de ce fait le modèle n’est pas applicable aujourd’hui.
D’ailleurs il n’en reste pas moins vrai que même quand les apôtres, étaient à Jérusalem, l’apôtre Paul n’a jamais vu une classe dirigeante, un collège central, dans le sens d’un centre administratif international, "Le quartier général de l’organisation" (...). Le récit en fait, indique que ce n’était pas un certain groupe d’hommes avec une autorité administrative spéciale qui se réunissaient en secret pour prendre des décisions. Au lieu de cela les Écritures nous montrent des rassemblements d’importances différentes, une assemblée d’anciens de Jérusalem, avec l’ensemble des congrégations exprimant éventuellement son avis, en ayant un regard au moins sur certains aspects des décisions qui leur parvenaient. Ceci ne ressemble pas et de loin à l’organisation d’aujourd’hui des Témoins de Jéhovah et de son "Collège Central" situé à Brooklyn.
En reconsidérant cette position, il devint alors évident pour moi que si un "collège central" avait existé comme corps administratif dans la congrégation primitive, alors il aurait été évident qu’une simple réunion à Jérusalem aurait suffit pour régler cela. Nulle part dans le reste des Écritures tout ceci n’apparaît. Dans tous les écrits de Paul, Pierre, Jean, Luc, Jude, ou Jacques, aucune indication ne peut être trouvée comme quoi des hommes à Jérusalem, ou encore un groupe d’hommes exerçait un contrôle de surveillance sur l’ensemble des lieux où les Chrétiens habitaient. Rien n’indique que les activités de Paul ou Barnabas ou Pierre ou quelque autre personne étaient faites sous la direction ou la supervision d’un collège central. Quand les Juifs se révoltèrent contre les lois impériales romaines et quand Jérusalem fut détruite en 70 de notre ère, on peut se poser la question de savoir où les membres Chrétiens du supposé collège central se sont-ils installés ensuite? Il semblerait d’ailleurs raisonnable qu’ils aient laissé au moins quelque indication sur leur destination, dans le cas ou c’était bien sur un arrangement divin, et si un tel corps administratif centralisé était un instrument divin entre les mains de Jésus-Christ, destiné à diriger sa congrégation sur la terre entière.
Les seuls textes scripturaux suivant la chute de Jérusalem sont de l’apôtre Jean. Il écrivit apparemment ses lettres vers la fin du siècle, par conséquent des décennies après la destruction de Jérusalem. Aucune de ses lettres ne fait la moindre allusion à une administration centralisée de frères opérant à ce moment là. Dans son livre de la révélation, il dépeint Christ Jésus envoyant des messages à sept congrégations de l’Asie mineure. Dans aucun de ses messages il n’y a une indication que ces congrégations étaient sous un autre contrôle que celui du Christ. Il n’y a aucun signe d’une quelconque direction de Jésus à travers un collège central visible sur la terre.
"A la recherche de la liberté chrétienne", pages 37-40 |
| | | le chapelier toqué
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| Sujet: Re: college central Ven 11 Aoû 2023, 11:20 | |
| On pourrait opposer à ce raisonnement qu'après la prise de Jérusalem, le collège central existant éventuellement a dû quitter la ville et s'est dispersé dans un premier temps puis a disparu emporté par les évènements laissant les chrétiens dans un temps de d'épreuves et de questionnement.
Mais il faudrait alors se demander si le collège central décrit dans le livre des Actes était bien voulu par Dieu qui est censé considérer la ou les congrégations chrétiennes comme son peuple. |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: college central Ven 11 Aoû 2023, 11:59 | |
| @ lct: Ta suggestion (premier paragraphe) est exactement celle que faisait, en se référant à Eusèbe, La Tour de Garde du 15.5.1997, § 6 -- que free m'a fait découvrir ci-dessus, 29.6.2023.
Je n'ai jamais lu le second livre de Raymond Franz dans sa totalité, bien que j'en aie traduit un morceau dans les années 2000... je ne sais plus de quand date l'édition américaine traduite en français (il se peut que comme pour Crisis of Conscience il y en ait eu plusieurs), mais elle ne semble pas prendre en compte cette idée (nouvellement ?) assumée par la Watch, d'un départ des apôtres avant 70 -- peut-être est-ce simplement parce que Raymond raconte (à nouveau) sa prise ou crise de conscience vers la fin des années 1970, en fonction de la "doctrine" de l'époque. On peut d'ailleurs se demander, à la lecture du seul extrait posté par free ce matin, dans quelle mesure Raymond adhérait encore, au moment où il écrivait ces lignes, au cadre doctrinal "bibliciste" et "littéraliste" de la Watchtower (p. ex. sur l'historicité du récit des Actes ou la datation des livres du NT; encore que même pour la Watch, si je me souviens bien, l'Apocalypse n'était pas le seul livre écrit après 70), ou si et/ou dans quelle mesure il (ne) l'employait (pas) plutôt par stratégie ou tactique rhétorique et pédagogique (réfuter la doctrine de la Watch sur le "collège central" à partir de la doctrine de la Watch en général, conservée à titre d'hypothèse: concesso non dato; soit une certaine simulation du fameux "terrain d'entente" qui peut paraître astucieuse à première vue, mais qui se paie à la longue parce qu'elle rend les "changements de paradigme" impossibles ou interminables). En tout cas, d'après l'épître aux Galates, le "conflit d'Antioche" (que ce soit ou non "le même") n'est pas seulement posé par des gens "de Jérusalem", mais par des émissaires "de Jacques", ce qui complique encore un peu plus la confrontation des textes.
N.B.: je ne sais pas si la citation du livre A la recherche de la liberté chrétienne était un couper-coller ou si les fautes sont "de frappe", mais "encrages" au lieu d'"ancrages" est amusant -- comme une contre-signature de l'écriture, lapsus calami s'il en est, dans une histoire prétendue "réelle". |
| | | free
Nombre de messages : 10055 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: college central Sam 12 Aoû 2023, 12:50 | |
| Notes d’étude sur le chapitre 15 anciens : Litt. « hommes âgés ». Ici, le terme grec présbutéros désigne ceux qui exerçaient des responsabilités dans l’assemblée chrétienne au 1er siècle de n. è. Les anciens de l’assemblée de Jérusalem sont mentionnés avec les apôtres, et c’est l’ensemble de ces hommes que Paul, Barnabé et quelques autres frères d’Antioche de Syrie sont allés voir pour régler la question de la circoncision. Ainsi, tout comme certains anciens exerçaient des responsabilités au niveau national dans l’Israël selon la chair, ces anciens formaient avec les apôtres un collège central pour toutes les assemblées chrétiennes du 1er siècle. Cela montre que le collège central d’origine, constitué des 12 apôtres, s’était agrandi (Ac 1:21, 22, 26 ; voir notes d’étude sur Mt 16:21 ; Ac 11:30). membres du parti des pharisiens : Apparemment, ces chrétiens étaient toujours rattachés, d’une certaine façon, à leur passé de pharisiens (cf. note d’étude sur Ac 23:6). Jacques : Il s’agit probablement du demi-frère de Jésus et du Jacques mentionné en Ac 12:17 (voir notes d’étude sur Mt 13:55 ; Ac 12:17). Il semble que quand l’affaire de la circoncision a été portée devant « les apôtres et les anciens » à Jérusalem, c’est Jacques qui a présidé la discussion (Ac 15:1, 2). Évoquant apparemment cet épisode, Paul affirme que Jacques, Céphas (Pierre) et Jean étaient « ceux qui paraissaient être des colonnes » de l’assemblée de Jérusalem (Ga 2:1-9). https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1001070704?q=les+12+ap%C3%B4tres&p=par L'auteur ne dit pas que seuls "certains" anciens faisaient partis du collège central mais que "ces anciens" formaient avec les apôtres un collège central, même si ensuite, il émet une idée sans fondement, à savoir que : "Cela montre que le collège central d’origine, constitué des 12 apôtres, s’était agrandi". L'article accepte l'idée que des croyants de l'Eglise de Jérusalem étaient toujours rattachés au pharisianisme, donc une Eglise multiple et non uniforme. Si je ne me trompe pas, Ce "Jacques" qui préside ce concile n'est pas un des douze apôtres or, pour la Watch, les douze sont le noyau originel et principal du collège central et y joue un rôle prépondérant, ce qui suscite une question : Pourquoi n'est pas un apôtre qui préside cette séance du collège central ? Le commentaire ci-dessous reconnait que Jacques jouait un rôle prépondérant dans l’assemblée de Jérusalem. Jacques : Il s’agit très probablement du demi-frère de Jésus. Lorsqu’il est question des quatre fils de Marie nés de façon naturelle (Jacques, Joseph, Simon et Judas), Jacques est toujours cité en premier ; c’était donc sans doute le plus âgé après Jésus (Mt 13:55 ; Mc 6:3 ; Jean 7:5). Jacques a été témoin de ce qui s’est passé à la Pentecôte 33, quand des milliers de Juifs de la Diaspora, de passage à Jérusalem, ont accepté la bonne nouvelle et se sont fait baptiser (Ac 1:14 ; 2:1, 41). Ici, Pierre demande aux disciples d’‘annoncer ces choses à Jacques’, ce qui montre que celui-ci jouait un rôle prépondérant dans l’assemblée de Jérusalem. C’est apparemment ce même Jacques qui est mentionné en Ac 15:13 ; 21:18 ; 1Co 15:7 ; Ga 1:19 (où il est appelé « le frère du Seigneur ») ; 2:9, 12 et qui a écrit le livre biblique qui porte son nom (Jc 1:1 ; Jude 1). https://wol.jw.org/fr/wol/b/r30/lp-f/nwtsty/44/12#s=17&study=discover&v=44:12:17 - Citation :
- mais elle ne semble pas prendre en compte cette idée (nouvellement ?) assumée par la Watch, d'un départ des apôtres avant 70
Je n'ai pas trouvé de publication qui exprime l'idée d'un départ des apôtres avant 70 |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12412 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: college central Sam 12 Aoû 2023, 14:54 | |
| Sur le dernier point: c'est pourtant toi qui m'avais indiqué la référence, que j'ai rappelée au début de mon post précédent, TdG du 15.5.1997, "L'administration théocratique à l'ère chrétienne", § 6: - Citation :
- Quand Paul vint à Jérusalem vers 56 de notre ère, il fit un rapport à Jacques, et, précise la Bible, “ tous les anciens étaient présents ”. (Actes 21:18.) Pourquoi n’est-il pas question des apôtres à cette réunion ? Là encore, la Bible est muette à ce sujet. Mais l’historien Eusèbe relatera plus tard que, quelque temps avant 66, “ les autres apôtres furent en butte à mille machinations tendant à leur mort : chassés de la Judée, ils entreprirent d’aller dans toutes les nations pour y enseigner le message, avec la puissance du Christ ”. (Histoire ecclésiastique, livre III, v, 2.) Bien qu’ils ne fassent pas partie du récit divinement inspiré, ces propos d’Eusèbe s’accordent avec lui. La Bible nous apprend, par exemple, qu’en 62 Pierre était à Babylone, donc loin de Jérusalem (1 Pierre 5:13). Et pourtant, il est clair qu’en 56 et vraisemblablement jusqu’en 66 il y avait un collège central bien actif à Jérusalem.
Ce texte (qui m'avait étonné) semble assez exceptionnel dans les publications de la Watchtower: en cherchant "collège central" + "70", "66" ou "56" je n'ai rien trouvé d'autre. Bien entendu, l'idée devient encore plus problématique à partir de 2013, où le "Collège central" (moderne), désormais identifié à "l'esclave fidèle et avisé", ne "représente" plus rien d'autre que lui-même et ne peut donc plus se "justifier" que par l'analogie avec un "collège central apostolique" au Ier siècle. Je constate que les notes de la nouvelle NWT/TMN sont arrivées à intégrer l'essentiel de la doctrine de la Watch dans "la Bible", tout en conservant un style (quasi, pseudo-)"scientifique" de prudence formelle: on garde l'apparence du doute ("probablement", "très probablement") dans la forme, en comptant bien que le lecteur-adepte traduira la probabilité en certitude. Sur le problème de(s) "Jacques", je me permets de renvoyer à cet article qui date maintenant d'une vingtaine d'années, et surtout à ses notes pour les références. En fait rien n'est clair ni simple, dès lors qu'on s'en tient aux textes et qu'on renonce aux harmonisations traditionnelles qui distinguent les personnages sous le même nom ou les identifient sous des noms différents; surtout quand on considère les textes dans un ordre chronologique vraisemblable, en s'abstenant d'"expliquer" les épîtres pauliniennes par les évangiles ou les Actes... |
| | | free
Nombre de messages : 10055 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: college central Dim 13 Aoû 2023, 10:27 | |
| A. Les sources explicites Eusèbe de Césarée est le premier auteur chrétien à évoquer cette tradition, dans son Histoire ecclésiastique , en III,5,3 :
De plus, le peuple de la communauté de Jérusalem reçut, grâce à un oracle transmis par révélation aux notables du lieu, l’ordre de quitter la ville avant la guerre et d’habiter une ville de Pérée, nommée Pella. Ce furent là que se transportèrent les fidèles du Messie, après être sortis de Jérusalem de telle sorte que les hommes saints abandonnèrent complètement la métropole royale des juifs et de toute la terre de Judée. La justice de Dieu poursuivit donc alors les juifs parce qu’ils avaient accompli de telles iniquités contre le Messie et ses apôtres, faisant complètement disparaître d’entre les hommes cette race d’impies.
Cette notice est précédée par un rappel des diverses persécutions que les apôtres ont subies de la part des juifs, notamment du martyre de Jacques, le premier «évêque» de Jérusalem (cf. Histoire ecclésiastique III,5,2) et elle est suivie par un long récit des malheurs ayant frappé le peuple juif lors de la première révolte contre Rome (cf. Histoire ecclésiastique III,5,4-10,11).La seule mention chronologique fournie par cette notice est floue: la communauté a quitté la ville «avant la guerre»: est-ce à dire avant 66 ou en 66 même ?
Tous les critiques s’accordent à reconnaître qu’Eusèbe de Césarée met cet épisode au service de son interprétation théologique de l’histoire, à savoir que la ruine de Jérusalem est un châtiment divin infligé par Dieu aux Juifs à cause des forfaits qu’ils ont commis contre Jésus et ses apôtres: ainsi, le départ de la communauté chrétienne de la Ville Sainte pour un lieu sûr permet de laisser le champ libre à la colère divine – comme cela est rapporté dans la Bible pour Loth et les siens qui ont été protégés du «fléau divin» lors de la destruction de Sodome et Gomorrhe (cf. Gn 19).
On est divisé pour savoir quelles sont les sources exploitées ici par Eusèbe: on hésite entre Hégésippe auquel il se réfère souvent dans son œuvre, Ariston de Pella, Jules l’Africain, sans parler de ses propres sources issues des bibliothèques de Césarée ou de Jérusalem qu’il ne précise pas de manière précise.
Toujours est-il que ce n’est pas parce qu’il ne mentionne pas Hégésippe, comme source de cette notice, qu’il ne s’en inspire pas nécessairement car cet auteur du IIe siècle représente sa source essentielle sur la communauté chrétienne de Jérusalem.
D’autre part, il convient de souligner que si la valeur historique de certaines des informations d’Eusèbe de Césarée sur les chrétiens d’origine juive, ceux de la circoncision selon une expression affectionnée par cet auteur, sont certes considérées parfois comme relativement discutables, il n’empêche que, dans l’ensemble, l’image qu’il en donne est crédible et contredit, en tout cas, d’une manière générale, la thèse selon laquelle la communauté chrétienne d’origine juive de Jérusalem aurait disparu de la Ville Sainte à la suite de l’échec de la première révolte juive contre Rome.
III. Évaluation critique de la question On doit se demander maintenant si cette tradition est légendaire ou si elle a un fondement historique. Il paraît difficile de comprendre les événements relatés dans la tradition de la fuite à Pella, si on ne les situe pas dans le cadre le plus général de l’histoire du judaïsme. Deux faits sont, en effet, essentiels pour saisir cette question: d’une part, la première révolte juive contre Rome; d’autre part, les luttes intestines entre les diverses factions du judaïsme parmi lesquelles il faut compter le mouvement des disciples de Jésus. C’est autour d’un certain nombre de questions, élémentaires mais déterminantes, que l’on doit aborder cette présentation. Elles sont au nombre de cinq et toutes relèvent de la critique historique d’ordre interne comme externe, sans ignorer pour autant la critique littéraire.
Lien (réduit) |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12412 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: college central Dim 13 Aoû 2023, 11:52 | |
| J'ai réduit ton lien à ta demande, mais je rappelle que sous cette forme il devient inaccessible aux utilisateurs non inscrits ou non connectés avec leur compte... tant pis pour eux.
Cet article est utile pour ses citations et références, mais je trouve son raisonnement assez consternant. L'idée que "l'orthodoxie précède l'hérésie" est précisément celle d'Eusèbe, inspirée notamment par les Actes et les Pastorales, pour camoufler les "origines" multiples d'un "christianisme" qui ne devient "un" qu'en devenant "orthodoxe" et "catholique", au sens de la "grande Eglise", au cours du IIe siècle. Soit dit en passant "l'Eglise de Jérusalem" selon les Actes ne ressemble certainement pas à l'"orthodoxie" du temps d'Eusèbe (qui était lui-même plutôt arien, c'est peut-être aussi pour ça que la Watch le cite plus volontiers qu'un autre), mais pas non plus à celle du IIe siècle que supposent les Actes et les Pastorales... comme on l'a expliqué précédemment, dans les Actes elle constitue une "transition" (essentiellement fictive à mon avis) entre "judaïsme" et "christianisme": d'où les "prêtres" et les "pharisiens" qui en font partie, le "conseil-sanhédrin" "les apôtres et les anciens" du chapitre 15 calqué sur "les grands prêtres et les anciens". D'autre part, Eusèbe n'invente pas non plus l'idée que la destruction de Jérusalem soit causée par la mort de Jésus, cette idée-là est au moins implicite dans les évangiles (annonce de la destruction du temple intégrée au récit de la Passion dans les Synoptiques, dans les paraboles de Matthieu et de Luc, dans la version johannique de la "purification du temple" au début, etc.) et dans bien d'autres textes du NT (1 Thessaloniciens, Apocalypse): c'est à vrai dire une croyance "chrétienne" commune qui fait écho à beaucoup d'autres du même genre (la même destruction de Jérusalem expliquée par le martyre de Jacques chez Josèphe, et tant de "précédents" vétérotestamentaires ou autres: que vienne sur vous / la ville le sang versé...).
De toute façon, ce dont parlait La Tour de Garde précitée en notant l'absence des "apôtres" en 56 (selon sa chronologie) n'a rien à voir avec une éventuelle "fuite à Pella" ou ailleurs qui concernerait aussi bien "les anciens" et serait nettement plus tardive (à partir de 66 ou peu avant). Par ailleurs il me semble évident que cette "tradition" développe surtout l'ordre de fuite donné par "Jésus" dans le discours eschatologique des Synoptiques (Marc 13//, Quand vous verrez... fuyez vers les montagnes), lui-même d'ailleurs en contradiction avec d'autres idées eschatologiques dans les mêmes textes (comme un voleur dans la nuit, comme un éclair, chacun pris ou laissé où il se trouve); sans préjudice évidemment des nombreuses "fuites" historiques, de personnes et de groupes, qui ont pu se produire avant et pendant les guerres juives (66-73, mais aussi 132-135). |
| | | free
Nombre de messages : 10055 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: college central Dim 13 Aoû 2023, 12:07 | |
| - Citation :
- Cet article est utile pour ses citations et références, mais je trouve son raisonnement assez consternant. L'idée que l'"orthodoxie précède l'hérésie" est précisément celle d'Eusèbe, inspirée notamment des Actes et des Pastorales, pour camoufler les "origines" multiples d'un "christianisme" qui ne devient "un" qu'en devenant "orthodoxe" et "catholique", au sens de la "grande Eglise", au cours du IIe siècle. Soit dit en passant "l'Eglise de Jérusalem" selon les Actes ne ressemble certainement pas à l'"orthodoxie" du temps d'Eusèbe (qui était lui-même plutôt arien, c'est peut-être aussi pour ça que la Watch le cite plus volontiers qu'un autre), mais pas non plus à celle du IIe siècle que supposent les Actes et les Pastorales.
Eusèbe de Césarée (v. 260 – v. 340 de n. è.) Historien, bibliste et théologien, Eusèbe est vraisemblablement né à Césarée, en Israël. Beaucoup le considèrent comme le père de l’histoire de l’Église. Eusèbe de Césarée est aussi appelé Eusèbe de Pamphile, du nom de Pamphile, un responsable de l’Église de Césarée. Eusèbe est devenu évêque de Césarée vers 313 de n. è. Les écrits d’Eusèbe présentent un intérêt pour les étudiants de la Bible, car ils permettent d’identifier certains lieux géographiques mentionnés dans la Bible et fournissent des renseignements complémentaires sur des livres de la Bible. L’Histoire ecclésiastique d’Eusèbe, parue vers 324 de n. è., est considérée comme la plus exhaustive histoire de l’Église écrite dans l’Antiquité. Cette œuvre très connue raconte dans l’ordre chronologique l’histoire des premiers chrétiens, de l’époque des apôtres à celle d’Eusèbe. Dans Histoire ecclésiastique (III, V, 3), Eusèbe affirme qu’avant la destruction de Jérusalem en 70 de n. è., les chrétiens ont fui la ville et la Judée, et se sont rendus à Pella, une ville de Pérée (de l’autre côté du Jourdain). Son récit confirme que, quand les chrétiens ont vu Jérusalem encerclée par les armées romaines, ils ont tenu compte de l’avertissement de Jésus, qui leur ordonnait de fuir (Lc 21:20-22). Eusèbe a été excommunié parce qu’il soutenait que le Christ est inférieur au Père. Cependant, lors du concile de Nicée en 325 de n. è., il s’est rallié à la thèse adverse et a été réhabilité. Là, à Nicée, alors qu’il était devenu conseiller en théologie pour Constantin Ier le Grand, Eusèbe a fait l’éloge des efforts de l’empereur visant à unifier la doctrine chrétienne. Après la mort de Constantin, Eusèbe a écrit Vie de Constantin, une biographie excessivement élogieuse. Les compromissions faites par Eusèbe à Nicée semblent indiquer qu’il se souciait davantage de sa position que de la vérité biblique.https://wol.jw.org/fr/wol/s/r30/lp-f?q=Eus%C3%A8be+de+C%C3%A9sar%C3%A9e&p=par&r=occ&st=b - Citation :
- De toute façon, ce dont parlait La Tour de Garde précitée en notant l'absence des "apôtres" en 56 (selon sa chronologie) n'a rien à voir avec une éventuelle "fuite à Pella" ou ailleurs qui concernerait aussi bien "les anciens" et serait nettement plus tardive (à partir de 66 ou peu avant). Par ailleurs il me semble évident que cette "tradition" développe surtout l'ordre de fuite donné par "Jésus" dans le discours eschatologique des Synoptiques (Marc 13//, Quand vous verrez... fuyez vers les montagnes), lui-même d'ailleurs en contradiction avec d'autres idées eschatologiques dans les mêmes textes (comme un voleur dans la nuit, comme un éclair, chacun pris ou laissé où il se trouve); sans préjudice évidemment des nombreuses "fuites" historiques, de personnes et de groupes, qui ont pu se produire avant et pendant les guerres juives (66-73, mais aussi 132-135).
Les paroles de Jésus auraient dû rebuter les Zélotes. D’après l’ouvrage d’Abram Sachar, A History of the Jews (Histoire des Juifs), les Zélotes “étaient des extrémistes qui ne reculaient devant rien pour abattre leurs maîtres païens”. L’idée de fuir aurait semblé non seulement peu réaliste, mais, pire encore, empreinte de lâcheté. En 66 de notre ère, la cruauté des Romains poussa ces Juifs à fomenter une rébellion. Après la prise de Massada par des rebelles juifs, Rome tenta de s’emparer de Jérusalem, qui se retrouva ainsi “entourée par des armées qu’on a fait camper”. Mais lorsque le proconsul romain Cestius Gallus retira ses troupes sans qu’on comprenne pourquoi, l’occasion s’offrit aux habitants de Jérusalem de suivre le conseil de Jésus et de s’enfuir. Eusèbe, historien du IIIe siècle, fait ce commentaire: “Cependant, tous les membres de l’Église de Jérusalem qui avaient reçu un ordre par révélation divine (...) quittèrent la ville et demeurèrent dans une ville située au delà du Jourdain, du nom de Pella.” Mais qu’advint-il de ceux qui restèrent dans la ville ? https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/101984603?q=la+ville+de+pella&p=par |
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