inter-minables

Voici un article publié dans le journal Le Temps du samedi 24 juillet 2021 :


Annecy, l’envers de la carte postale
 
Manifestants anti-passe sanitaire forçant les grilles de la préfecture le 14 juillet, violents affrontements durant la Fête de la musique, la petite Venise des Alpes n’est plus tout à fait la cité louée pour sa douceur de vivre. Reportage Christian Lecomte, Annecy

Ils sont une cinquantaine, avec pancartes et slogans, face aux grilles de la préfecture et aux fourgons de police. Soixante CRS (compagnie républicaine de sécurité) sont venus de Lyon pour assurer la sécurité d’Olivier Véran, le ministre de la Santé, en visite à Annecy. Deux jours après l’intrusion de manifestants dans l’enceinte de la préfecture, de gros moyens ont été déployés pour prévenir tout nouveau débordement. C’était le 14 juillet, Fête nationale en France. Environ mille personnes ont marché sur Le Pâquier, esplanade centrale au bord du lac. Rassemblement non déclaré auprès des autorités. Des anti-vaccins, des anti-masques, des covido-septiques, des gilets jaunes, des indépendantistes savoisiens, des membres du collectif La Manif pour tous (opposés au mariage homosexuel), des militants d’extrême droite et de la France insoumise (très à gauche), des blouses blanches, des citoyens ordinaires.

Foule hétéroclite que l’hostilité envers Emmanuel Macron fédère sur le trottoir. Il s’agit ce jour-là de vilipender le passe sanitaire «et l’atteinte aux libertés individuelles». Marie-Pierre Tondella en était. Elle tient chaque matin à Chavanod, village proche d’Annecy, la permanence de la Ligue nationale pour la liberté des vaccinations fondée en 1954, qui juge «que le caractère obligatoire des vaccinations est une atteinte à l’intégrité physique et morale de l’individu». L’obligation vaccinale des soignants qui prendra effet le 15 septembre en France a mis un coup de projecteur sur cette association. «Je reçois 40 coups de téléphone chaque jour», confie Marie-Pierre Tondella.

Le 14 juillet, elle était dans la rue. Elle raconte: «C’était une marche calme, très familiale. Certains ont pris appui sur le portail de la préfecture et les deux gendarmes dans la guérite ont ouvert. Les gens sont entrés. Il n’y a eu ni dégradation ni intention de pénétrer dans le bâtiment.» Les images ont été reprises par les chaînes tout info et l’affaire a fait grand bruit. Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, a condamné cette intrusion et Alain Espinasse, le préfet de Haute-Savoie, a évoqué «un acte de vandalisme à l’encontre d’une enceinte publique, contraire à nos valeurs républicaines». «A en croire ce qui se disait à Paris, c’est comme si nous avions pris le Capitole», raille une manifestante.

Une ville jusque-là réputée paisible

Moins que l’envahissement de l’un des symboles de l’État, c’est le lieu même où cela s’est passé qui a stupéfié. Réputée paisible et un brin endormie, Annecy ne nous avait guère habitués aux jacqueries. Un décor de carte postale, la montagne, un lac qui serait le plus bleu d’Europe, la vieille ville médiévale, des maisons baignant dans les eaux du Thiou etc. La petite Venise des Alpes (son surnom) dégage une forme d’opulence et d’insouciance. L’association des villes et villages de France l’a classée en avril dernier en tête du classement des communes où il fait bon vivre. Cinq millions de touristes viennent toute l’année pratiquer les sports de neige, d’eau et de randonnée. Ils sont Français mais aussi Britanniques, Néerlandais, Allemands, Belges et Suisses.

Qu’elle ne fut donc pas la surprise des promeneurs des bords du lac le 21 juin de voir la célébration de la Fête de la musique finir en violents affrontements entre la police et une bande de jeunes excités et très alcoolisés. «Cela correspondait aussi à la levée de plusieurs restrictions liées à la crise sanitaire, les jeunes se sont lâchés», tempère Pierre Geay, le maire adjoint en charge de la sécurité. Il poursuit: «Avec 130 000 habitants, nous ne sommes plus un chef-lieu entre lac et montagnes, mais une grande ville avec les problèmes que cela engendre. A titre d’exemple, le réseau albanais de trafic de drogue démantelé à Genève s’est replié chez nous.»

Puis il y eut le 14 juillet et la «prise» de la préfecture, le 16 la mobilisation contre la venue du ministre de la Santé et enfin le samedi 17 où 2500 personnes ont répondu à l’appel national de marche contre le passe sanitaire. Nous avons croisé là Marie-Pierre Tondella mais aussi cette frange de la population annécienne très remontée contre Paris et le pouvoir en place. Une journaliste locale accepte de nous en dire plus en demeurant anonyme «parce que la députée macroniste Marion Lenne a été reconnue vendredi dernier quand elle est passée non loin du rassemblement, elle a été insultée et suivie, elle a dû se réfugier dans un bar, prudence donc». La consœur explique: «Cette ville regorge de militants anti-systèmes, des conservateurs purs et durs comme les catholiques intégristes, des régionalistes savoisiens, des complotistes. Ils sont très organisés mais demeuraient discrets. Le mouvement des gilets jaunes les a en quelque sorte libérés, ils se sont mêlés aux manifestants. Aujourd’hui, c’est le passe sanitaire qui les envoie dans la rue.»

Une résidente genevoise en visite: Chloé Frammery

Comme à Paris, Nantes ou Lyon, exhibition là aussi détestable d’étoiles jaunes estampillées sans vaccin, «détournement odieux d’un crime contre l’humanité», selon les associations de lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Anne-Laure, jeune femme, qui manifestait le 17 juillet, dénonce ce parallèle «honteux» entre Shoah et covid: «Ils sont très peu heureusement et je regrette que l’on ne parle que d’eux. La plupart des gens n’ont rien à voir avec ça, ils se mobilisent parce qu’ils redoutent que l’on fabrique deux classes de citoyens, les bons qui seraient vaccinés, les mauvais qui ne le seraient pas. Nous craignons vraiment pour nos libertés, la reconnaissance faciale va être autorisée, on sera classifié selon la couleur de peau et l’orientation sexuelle.» L’élu Pierre Geay rappelle qu’une résidente genevoise visite régulièrement Annecy: Chloé Frammery, l’égérie suisse des «antivax», qui s’est déjà affichée en compagnie du polémiste Dieudonné maintes fois condamné pour antisémitisme. Elle était présente le 21 mars 2021 à Annecy au «carnaval des libertés», une manifestation sans masque coorganisée par Jacques Roura, initiateur du mouvement «Le Grand Rassemblement». Ce dernier a des relais dans les milieux complotistes et promeut sur sa page Facebook le documentaire très controversé Hold-up qui revisite la crise sanitaire actuelle. L’hebdomadaire L’Essor Savoyard titrait en mars dernier sur Annecy devenue le berceau des anti-masques et des anti-restrictions.

Marie-Pierre Tondella nous a invités à visiter les locaux de la Ligue nationale pour la liberté de la vaccination, à Chavanod. Avec 2500 adhérents de la France entière et 15 000 abonnés à la newsletter. Dans la bibliothèque, beaucoup d’ouvrages aux titres évocateurs comme La Faillite du BCG, La bonne santé des enfants non vaccinés, Le Racket des laboratoires scientifiques. «Nous ne sommes pas systématiquement contre la vaccination mais contre la vaccination systématique», résume-t-elle. Le site de l’association se félicite de la libération récente du professeur en pharmacologie Jean-Bernard Fourtillan, condamné pour des essais thérapeutiques illégaux. Celui-ci s’était fait remarquer en défendant la thèse, à propos du Covid-19, d’un virus conçu par l’Institut Pasteur. Un clic sur l’article consacré à ce scientifique renvoie au site Qactus l’Informateur, proche du mouvement conspirationniste QAnon. «Nous n’avons aucun contact avec Qactus et je ne m’occupe pas des articles postés», argue Marie-Pierre Tondella.

La peinture haute en couleurs -- celle-ci est pourtant plus nuancée que beaucoup d'autres -- du ramassis hétéroclite des réfractaires à la Raison du moment me rappelle les catalogues des hérésies chez les Pères de l'Eglise: le procédé descriptif, panoramique et pittoresque, est en soi dissuasif, car chacun s'y retrouve associé malgré lui à des noms et à des personnages, des caractères ou des caricatures avec lesquels il ne voudrait nullement avoir affaire, et par là même pressé de s'en dissocier. Amalgame, comme on dit, mais aussi épouvantail ou repoussoir périphérique qui suffit à conforter la place-forte de la Raison, centrale puisque assiégée de toutes parts, sans que celle-ci en soit le moins du monde questionnée sur son propre terrain, "rationnel" précisément; et à balayer tout le reste d'un revers de manche circulaire, méprisant ou condescendant (si tant est qu'une différence soit encore perceptible entre les deux)...

Au-delà de l'épisode pandémique, la série longue de la Raison historique, politique et policière, administrative et industrielle, morale et légale, scientifique et technique, sécuritaire et sanitaire aurait pourtant toutes les raisons d'être radicalement remise en question; mais par définition auto-immunitaire 1) elle ne pourrait l'être que par une déraison, donc 2) elle ne peut absolument pas l'être -- jusqu'au fin fond de sa longue impasse, à la fois solitaire et surpeuplée.

Les dispositions qui ont mis le feu aux poudres sont loin d’être anodines : pour pousser les plus rétifs à se faire vacciner, le gouvernement s’est résolu à opérer une discrimination entre ceux qui ont reçu leur dose et ceux qui ne l’ont pas encore réclamée, au prix d’un contrôle sanitaire dans les bars et restaurants, foires et salons, transports publics (pour les longs trajets) et établissements de santé. Au moins, quatre droits se trouvent ainsi amputés : la liberté d’aller et venir, la liberté de conscience, le droit de refus de se soumettre à un traitement, la protection de la vie privée et des données personnelles de santé. Cela fait beaucoup au pays des droits de l’homme.

https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/07/26/covid-19-du-bon-usage-de-la-liberte-en-temps-de-crise-sanitaire_6089553_3232.html

Ce n'est (hélas !?) qu'un trait de bord rhétorique: "le Monde", du haut de sa bonne conscience morale, universelle et inusable, bénit finalement du bout des lèvres le dernier compromis parlementaire...

Les irresponsables et les égoïstes savent au moins sur qui ils ne doivent pas compter.

(Je viens de m'apercevoir que je ne pouvais même plus accéder à ma bibliothèque principale -- sans le moindre semblant de débat parlementaire puisque c'est depuis le 21 juillet et par décret...)

Parmi bien des choses qui me révulsent dans le journalisme contemporain, le commentaire des décisions (exécutives, législatives, judiciaires ou autres) avant qu'elles ne soient prises, ou du moins annoncées: cela induit des effets pervers à tous les étages, en pesant autant sur les décideurs que sur l'opinion publique, en prescrivant d'avance aux uns et aux autres ce qui est raisonnable ou déraisonnable, acceptable ou inacceptable -- à telle enseigne qu'il y a comme un crime de lèse-majesté quand une décision officielle ou une réaction populaire se permet de surprendre les journalistes.

Cet épisode d'"exception" et d'"urgence" (interminable lui aussi), conformément aux guerres de jadis (pour ce qui concerne le territoire de "l'Occident") dont on a d'ailleurs surexploité la métaphore, aura au moins montré à un nombre inhabituel de gens le caractère purement fictif et conventionnel du "droit", dont seuls les juristes se souviennent à l'ordinaire (et encore, pas toujours). Je repensais récemment à la Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix, de Giono, que j'avais lue autrefois et qui lui a longtemps valu une réputation de pacifiste, de défaitiste et de collaborateur. Sa logique, pour ce dont je me souviens, était simple mais imparable: vous acceptez librement tous les avantages de l'Etat, de l'industrie, de la finance, du progrès technoscientifique, et le jour où la guerre (ou n'importe quelle situation d'urgence et d'exception) est déclarée vous vous apercevez, trop tard, que vous n'êtes pas libre du tout.

Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix

Jean Giono

La Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix est écrite durant l’été 1938, entre le début juillet et la mi-août. Jean Giono la rédige dans une atmosphère de bouleversement. En pacifiste convaincu il sait que depuis l’Anschluss les Français se préparent de plus en plus à la guerre et sont prêts à la faire. Son intention n’en est que renforcée  : «Continuer à combattre, écrit-il le 16 mars dans son journal, contre le militarisme et forcément commencer par lutter contre celui de ma patrie.» Or abattre la guerre, c’est abattre l’État, quel qu’il soit.

Le Giono des premiers écrits, le romancier décrivant un monde paysan accordé aux grands rythmes élémentaires, somme toute assez inoffensif, laisse place au penseur engagé, politiquement incorrect. La lutte que le «pacifiste-anarchiste» engage ici, aux côtés des paysans du monde entier, contre la guerre et contre l’État est une lutte perdue d’avance. La guerre et l’État, tant totalitaire que démocratique, passeront par là. Et pourtant en parlant aux paysans, Giono sait qu’il parle de choses humaines valables pour tous. Il sait que son message portera loin, et ce faisant qu’il saura à sa manière rendre compte de l’évidence  : «tous les peuples du monde sont prisonniers». Paysans et non-paysans partagent, malgré eux, la même communauté de destin. Celui d’un monde aux prises avec le culte de la vitesse, de la technique et du progrès, dont le propre est, petit à petit, d’éliminer le naturel au profit de l’artificiel. Un monde qui aujourd’hui voit plusieurs centaines de millions de paysans souffrir de la faim.

Cet éloge de la pauvreté et de la paix nous force à nous retourner sur la figure du paysan, mais aussi à questionner une société occidentale se donnant en modèle et refusant de fait toute contestation. Recevoir cette lettre et la lire c’est un peu devenir paysan soi-même, c’est regagner le droit d’être libre et autonome.
https://heros-limite.com/livres/lettre-aux-paysans-sur-la-pauvrete-et-la-paix/

La plupart des thèmes étaient déjà dans le formidable roman Le grand troupeau (1931), sur la guerre de 1914 (le premier de Giono que j'aie lu, après des années d'illettrisme jéhoviste auto-imposé, sur la recommandation avisée d'un ami du Béthel, ça ne nous rajeunit pas...).

Dans le genre pamphlet génial et rétrospectivement incroyable, on peut remonter au Discours de la servitude volontaire de La Boëtie, le fameux ami de Montaigne (parce que c'était lui, parce que c'était moi), au XVIe siècle.

"En société, parce que nous dépendons les uns des autres, la liberté ne se conjugue pas au singulier donc notre liberté à chacun elle n'existe elle ne tient que parce qu'aussi on protège les autres et on respecte la liberté des autres", a insisté Emmanuel Macron avant de revenir sur le cas des mesures visant à lutter contre la pandémie de Covid-19. 

https://www.bfmtv.com/politique/la-liberte-ne-se-conjugue-pas-au-singulier-macron-prend-la-defense-du-pass-sanitaire_AV-202108050383.html

Le grammairien en moi objecterait d'abord qu'un substantif (comme "liberté") ne se conjugue pas -- on lui reprochera la science des imbéciles...

Plus sérieusement, c'est une évidence, voire une tautologie, mais abyssale: toute "société" réputée fonder un "droit" dispose, "en droit" ou en principe, d'un "droit" infini sur ce "droit", y compris le droit d'abolir tout droit et de se priver elle-même, ipso facto, de toute justification.

Les sociétés dites primitives n'offraient quasiment aucun "droit" à l'individu, dont la vie était tracée de la naissance à la mort sans que personne n'y trouve à redire -- c'est du moins l'idée que s'en est faite un peu partout la "civilisation", singulièrement occidentale et moderne, fière de se distancer de ce modèle et même de le détruire au nom d'un "droit" supérieur. Que ladite civilisation et son droit finissent par s'autodétruire par le mouvement même de leur progrès, inséparablement moral et juridique, politique et policier, rationnel et logistique, scientifique et technique, c'est une ironie de l'histoire longue qui ne manquerait pas de sel, pour peu qu'il y ait encore quelque part quelqu'un pour la goûter. Mais on ne peut pas empêcher que l'"individu" contemporain, élevé depuis des générations dans la croyance naïve en ses "droits" et qui se les voit retirer un à un, en éprouve un certain ressentiment, d'autant plus profond qu'il se voit non seulement contraint d'obéir, mais encore d'adhérer au droit qui lui retire tout droit au nom d'un devoir corollaire.

La réaction à cela ne peut être qu'"irrationnelle", puisque la "raison" même est intégralement captive du processus: celle-ci ne peut être que du côté de la "société" et de son "droit" jusqu'à l'annihilation de l'une et de l'autre, de l'une par l'autre et de l'un par l'autre. Il ne faut donc pas s'étonner qu'elle (la réaction) soit violente, absurde et irresponsable, y compris chez les "bons élèves" de la "raison" qui seront peut-être les derniers à "péter les plombs", et qui comprendront encore moins que les autres, alors, pourquoi ils le font maintenant et ne l'ont pas fait plus tôt.

En attendant, j'ai tendance à voir plus de "santé" et de "vitalité", avec toute la "bêtise" que cela peut comporter, chez les "irresponsables" et les "déraisonnables", même chez les voyous et les filous qui tournent la "raison" à leur avantage, que chez les "raisonnables-responsables", maîtres ou bons élèves.

Merci de ce partage Free. Voici une affaire à suivre...

Le virus n'aura pas seulement bouleversé notre quotidien ni notre façon de vivre voire d'envisager l'avenir, il aura également mis certains états et non des moindres face à leurs contradictions

C'est aussi l'occasion pour des populations qui, depuis plusieurs générations, n'avaient quasiment pas connu de guerre ni d'autre "état d'urgence", de redécouvrir concrètement et brutalement le pouvoir absolu de l'Etat, qui n'a de limites que celles qu'il se fixe lui-même: en temps ordinaire comme en situation d'"exception", mais c'est surtout dans l'"exception" et par sa différence avec le temps ordinaire que ça se voit.

Ce que cela compromet sans doute le plus gravement dans l'immédiat, c'est l'illusion même d'une "démocratie". Comment fera-t-on croire à des gens qui ont été traités en mineurs pendant des mois, à qui on a bien fait comprendre pendant tout ce temps-là que leur conscience ou leur opinion comptait pour du beurre dès lors qu'il s'agissait d'une affaire "sérieuse", quand même il s'agissait aussi de leur propre vie, de leur propre corps, et de leur propre "morale" le cas échéant -- que leur avis soudain se remet à compter comme si de rien n'était, et qu'il est "souverain" de surcroît, dans le cas d'une élection ? Comment en appeler à la décision de gens qu'on juge incapables de décider de ce qui les concerne, pour choisir des dirigeants qui leur dénieront tout droit de décision à la première occasion ? Logiquement il devrait s'ensuivre une abstention massive, ou des votes de ressentiment encore plus dangereux -- mais s'il y avait une logique à la "voix du peuple", ça se saurait...

D'autre part, la perversion qui consiste à allier une demande de consentement formel à une obligation de fait (double bind typique) me paraît ruineuse pour tout semblant de "conscience" (je l'avais ressentie ainsi il y a quelques années, à propos des "chartes" qu'on soumettait à la signature des enfants et des parents dans le cadre d'une école publique et d'une instruction obligatoire). Que vaut l'engagement de celui qui ne peut pas ne pas s'engager ? C'est toute la fiction du "contrat social" qui justifie l'Etat moderne, spécialement "démocratique"...

"Sacrifier" des agents hospitaliers (perte de leur salaire et de leur emploi, après de nombreuses années de bons et loyaux services) au nom de considérations sanitaires illusoires et de résultats hypothétiques me semble aberrant ... Moins ça marche, plus on vaccine. Je ne suis pas un anti-vaccin mais je n'accepte pas cet autoritarisme qui impose à chaque agent d'introduire dans son corps un produit (dangereux ou pas) alors qu''il ne le souhaite pas. Tout un arsenal de pressions est utilisé, mails à répétition, convocations par l'encadrement et courrier au domicile. A partir du 15 septembre, les "récalcitrants" seront convoqués à la DRH pour remise en main "propre" d'une lettre qui signifiera la suspension de salaire. Pour revenir à la lettre de consentement, elle vise à protéger l’hôpital en cas d'effets secondaires du vaccin ... La perversion absolue ... Obligation et consentement sont des termes antinomiques.

LE CHOC: LCI révèle les chiffres inquiétants d'Israël champion de la vaccination COVID (06/09/21) :

https://www.youtube.com/watch?v=ajesMVKNOVg

Pour ma part je ne doute guère que la vaccination "fonctionne", statistiquement, au sens où le fameux "rapport bénéfice-risque" paraît globalement positif: sur la période d'observation effective, elle semble éviter nettement plus de morts qu'elle n'en provoque.

Mais ce calcul qui est probablement pertinent pour une population âgée ou malade ne l'est plus du tout sur une population plus jeune et en bonne santé, d'une part parce que ses risques calculables sont bien moindres à court terme, d'autre part parce qu'elle a potentiellement affaire à des risques strictement incalculables à long terme, auxquels les plus âgés échapperont tout naturellement le cas échéant. En fait la seule "raison" sérieuse de vacciner les plus jeunes était d'éviter les contaminations, et elle tombe du fait que les vaccins s'avèrent déjà peu efficaces de ce côté-là. Sans parler de l'engrenage ou de la surenchère sans fin dans lesquels tout le monde se voit engagé, de la "troisième dose" à la perspective de vaccination saisonnière, au gré des variants...

La perversion du double bind, qui contraint sans contraindre et ainsi contraint au simulacre du consentement, donc à la destruction de toute "conscience", a pour corollaire une profonde lâcheté du pouvoir, qui n'assume pas sa fonction effective de "dictature" même quand il l'exerce. Et à mon sens c'est un problème beaucoup plus structurel qu'individuel ou partisan: dans notre culture du "droit" et de la "démocratie" à moitié pensés, n'importe quel dirigeant ou parti au pouvoir se voit contraint au même genre de "perversion" et de "lâcheté".

Citation :

Mais ce calcul qui est probablement pertinent pour une population âgée ou malade ne l'est plus du tout sur une population plus jeune et en bonne santé, d'une part parce que ses risques calculables sont bien moindres à court terme, d'autre part parce qu'elle a potentiellement affaire à des risques strictement incalculables à long terme, auxquels les plus âgés échapperont tout naturellement le cas échéant. En fait la seule "raison" sérieuse de vacciner les plus jeunes était d'éviter les contaminations, et elle tombe du fait que les vaccins s'avèrent déjà peu efficaces de ce côté-là. Sans parler de l'engrenage ou de la surenchère sans fin dans lesquels tout le monde se voit engagé, de la "troisième dose" à la perspective de vaccination saisonnière, au gré des variants...

La raison première qui est invoquée pour l'obligation vaccinale des agents hospitaliers, c'est le risque de contamination or, de ce côté là, c'est un échec. Dans les hôpitaux  il y a nombreux clusters qui touchent essentiellement des double-vaccinés. Un autre effet pervers ... J'ai une connaissance qui est un agent hospitalier doublement vacciné or ce dernier a été testé positif au COVID, néanmoins, en tant que vacciné il bénéficie d'un QR code qui lui permet d’accéder à tous les lieux publics (cinéma, restaurant, discothèque ...), pourtant ce QR code n'est pas désactivé pendant se période d'isolement et en tant que positif au COVID, il peut aller au bon le semble (il s'est rendu dans un centre commercial et dans d'autres endroits publics sans aucun problème). 

Tu évoques l'engrenage dans lequel nous nous engageons est quasi certain ... "troisième dose" et peut-être une quatrième dose ... C'est une histoire sans fin et pour quel résultat ? :


Moins leur vaccin marche, plus ils veulent piquer tout le monde


https://www.youtube.com/watch?v=XTrp0n58ez8

En jargon biblique, c'est-à-dire en hébreu mal traduit, calqué plutôt que traduit, cela s'appellerait "l'endurcissement du coeur", qui n'implique ni méchanceté, ni cruauté ni insensibilité comme on le croirait volontiers en français, mais bien une certaine obstination, entêtement, aveuglement ou obnubilation, donc un curieux défaut ou paralysie de l'intelligence chez des gens qui pourtant n'en manquent pas, et qui va souvent de pair avec l'exercice du pouvoir (pharaon, etc.).

Cela dit, mon principal sujet d'étonnement, que j'avais tenté d'exprimer ici, reste l'obéissance générale des peuples: on râle, on proteste, on conteste, on manifeste, on assigne en justice, mais pour l'essentiel on obéit, on obtempère, au besoin on préfère se convaincre soi-même que c'est "bien" ou qu'"il le faut" quand on n'en est nullement convaincu (syndrome des "bons élèves", "raisonnables", qui n'évitent l'humiliation du "mouton" que par celle, plus profonde, du "perroquet"), alors qu'aucun pouvoir ne survivrait une semaine à une désobéissance tant soit peu massive... c'était déjà l'étonnement de La Boétie, et il n'a pas fini d'étonner ceux qui sont encore capables d'étonnement.

Pass sanitaire : dans le Var, Emmanuel Macron caricaturé en maréchal Pétain, le préfet condamne "d'odieux amalgames"

• Cet affichiste a déjà été condamné pour des faits similaires en 2019. Tweet de Flori Michel-Ange
  
  

https://www.ladepeche.fr/2021/08/12/pass-sanitaire-dans-le-var-emmanuel-macron-caricature-en-marechal-petain-le-prefet-condamne-dodieux-amalgames-9728957.php

• Emmanuel Macron représenté en Hitler : le chef de l'Etat porte plainte contre le Varois à l'origine des affiches
  
  
  

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https://www.ladepeche.fr/2021/07/28/emmanuel-macron-represente-en-hitler-le-president-porte-plainte-contre-le-varois-a-lorigine-des-affiches-9699832.php

Inutile de dire que ce genre d'outrance imbécile dessert toute cause qu'il (le genre) ou elle (l'outrance) prétendrait servir. Je n'avais pas entendu parler de ce cas-là (varois), mais j'ai vu passer l'autre jour une manifestation "anti-pass(e)" (comme Hérode ?) dont les slogans rivalisaient de niaiserie et avaient sur moi un effet répulsif, malgré mon hostilité foncière aux mesures gouvernementales -- j'avais eu l'impression jusque-là que les reportages sur ces manifestations sélectionnaient les pancartes et les expressions les plus stupides, mais en fait ils n'ont que l'embarras du choix. L'un dans l'autre, cela conforte plutôt l'illusion de la "raison" unique, l'unanimité technoscientifique et politico-médiatique de façade se voyant superficiellement renforcée par les inepties du "camp" d'en face, sans jamais avoir affaire à une critique de fond qui pourrait pourtant être conduite sous de nombreux angles (scientifique, rationnel, politique ou philosophique).

free a écrit:

Je n'ai jamais été un fan des caricatures grotesques et grossières (au sens d'un manque de finesse et de pertinence) mais j'observe que ceux qui naguère faisaient l'apologie des caricatures sous le signe de la liberté de pensée sans limite comme une caractéristique française, aujourd'hui condamne ces caricatures dont ils sont l'objet. Je pense qu'un musulman a autant de raison que Macron de s'insurger contre les outrances imbéciles qui attentent à ce qu'ils considèrent comme "sacré".

C'est un vaste sujet dont nous avons déjà beaucoup parlé: plus on nie, dénie, exclut ou forclôt le "sacré" plus on s'y empêtre, plus on le chasse par la porte mieux il rentre par la fenêtre, ce ne sont pas les métaphores qui manquent, jusqu'au sparadrap du capitaine Haddock. La "laïcité" ne cesse de se référer au "sacré" qu'elle exclut et cela prend toujours la forme du lapsus, voire de l'oxymore (c'est la laïcité même, voire l'irrévérence, la caricature, le blasphème ou le sacrilège qui deviennent paradoxalement "sacrés" au gré des circonstances). En l'espèce, toute la catégorie juridique et pénale de l'"outrage" mobilise une sorte de "sacré", dès lors qu'insulter un policier, un magistrat, un fonctionnaire ou un élu, ou même un symbole comme le drapeau ou l'hymne national n'est pas comme insulter n'importe qui.

S'y mêle, dans le cas présent, le fameux "effet Godwin" qui dans son usage courant tend à disqualifier d'office toute référence au nazisme: cette "loi" empirique de la "communication" tendrait plutôt à rendre contre-productive toute poursuite judiciaire, laquelle paraît pourtant exigée par la notion d'"outrage"... Bref, cela embarrasse tout le monde et il n'est guère étonnant que les médias nationaux en aient peu parlé (une recherche sur "Flori" sur le site du "Monde", hier, ne donnait rien).

Citation :

Un autre point me semble important (mais je ne sais pa s s'il est vraiment fondé en droit), l'avocat que j'ai cité plus haut, indique que les vaccins sont toujours en phase d'expérimentation (à priori : phase 3 qui se terminerait en 2023 et qui se conclura par une phase 4). Si cela est vrai, l'obligation vaccinale s'apparente à une obligation de participer à une expérimentation qui exige (selon l'avocate)  le droit au consentement libre et éclairé  quiest repris dans la charte des droits fondamentaux de l'Union européenne.

Voir éventuellement ceci. Mais j'ai cru comprendre que jusqu'ici la CEDH n'avait pas donné suite aux plaintes formulées sur la base de cet argument...

Reste cependant le fait incontournable, strictement "scientifique" (ou "nescientifique", au sens de la "nescience" ou ignorance qui est le corollaire logique de toute "science") et néanmoins tautologique comme une lapalissade: on ne peut pas savoir ni connaître, de ce qui s'appelle "savoir", "connaître" ou "science", les effets à long terme de quoi que ce soit avant qu'ils se produisent. Aucune expérience de laboratoire ne permet d'accélérer le temps, sauf à glisser subrepticement de la "science expérimentale" à une tout autre sorte de science, statistique et probabiliste: cette science-là peut dire qu'il y a peu de chance que des effets à long terme se produisent, mais si elle nie catégoriquement qu'ils se produiront elle sort ipso facto du cadre constitutif de sa "science".

L'avocate cité plus haut soulevé le point suivant :

1. l'AMM (autorisation de mise sur le marché) conditionnelle devait faire l'objet d'une demande de renouvellement dans un délai de six mois à compter de la première autorisation. Elle a demandé à l'État de produire les documents requis. À défaut, les AMM seraient caduques.


Dans le même journal (mais dans un autre article) nous pouvions lire ce qui suit : 

Maître Jean-Charles Teissedre, qui en est l'auteur en sa qualité d'avocat de l’Association Internationale pour une Médecine Scientifique Indépendante et Bienveillante (AIMSIB), de la Ligue Nationale Pour la Liberté des Vaccinations (LNPLV) ainsi que de l’association BonSens.org, y explique que "sauf erreur, aucune information relative à une demande de renouvellement présentée en bonne et due forme n’a été diffusée auprès du public, de même qu’aucun avis de l’AEM n’a été rendu public de sorte qu’il y a lieu de vérifier le respect scrupuleux de la procédure. En effet, le vaccin BioNTech/Pfizer a obtenu une AMM conditionnelle européenne le 21 décembre 2020. Le vaccin Moderna a obtenu une AMM conditionnelle le 6 janvier 2021. Le vaccin AstraZeneca a obtenu une AMM conditionnelle le 29 janvier 2021. Le vaccin Janssen a obtenu une AMM conditionnelle le 11 mars 2021."


https://www.francesoir.fr/societe-sante/procedures-autorisations-de-mise-sur-le-marche-transparence-ansm



Encore :

Par lettre en date du 26 août 2021, le conseil des associations requérantes a écrit à la Directrice générale de l’ANSM pour demander qu’elle lui fournisse les éléments permettant de s’assurer du bon respect de la procédure en question - prévue par deux règlements européens consacrés aux AMM conditionnelles. À ce jour, ce courrier est resté sans réponse et les associations ont donc mandaté Me Teissedre pour obtenir gain de cause.

Il s'agit d'informations capitales, puisque le gouvernement français est engagé dans une vaccination à marche forcée depuis l’annonce du président Macron du 12 juillet 2021. Annonce qui a donné lieu à l'obligation vaccinale pour les soignants, et au passe sanitaire pour le reste de la population.

Sur la papier, une AMM conditionnelle dure un an, mais exige que les fabricants des vaccins fassent une demande de renouvellement six mois avant l'échéance finale. Pour cause, les autorisations reposent sur l'étude approfondie des documents fournis par les fabricants, ce qui nécessite du temps - l'avis de l'Agence Européenne du Médicament doit être rendu dans les 90 jours suivant la demande. Ces délais sont donc supposés impératifs, d'autant qu'ils concernent aujourd'hui l'ensemble de la population. 

https://www.francesoir.fr/politique-france/AMM-preuves-efficacite-vaccins-refere-liberte-teissedre

N.B.:

1. Je crois avoir retrouvé ici ce dont j'avais gardé un vague souvenir à propos de la CEDH, mais la question juridique de l'autorisation des vaccins et de son éventuelle péremption n'y est pas évoquée.

2. Pour apprécier, sinon à leur juste valeur, du moins avec une certaine prudence, les "informations" du site intitulé FranceSoir (qui est bien l'héritier historique du ci-devant journal "France-Soir", mais avec un tout autre contenu depuis deux ans au moins), il n'est peut-être pas inutile de lire ceci -- qui n'est certainement pas non plus au-dessus de tout soupçon, mais rien n'est plus crédule qu'une méfiance à sens unique...

(J'ai presque honte de dire ça, tant je trouve que la presse réputée "sérieuse" ou mainstream s'est montrée lamentable dans cette affaire: unilatérale, servile, moins d'ailleurs envers les pouvoirs politiques qu'envers un consensus technoscientifique de façade, zélée à écarter toute critique intelligente et à souligner ou caricaturer celles qui l'étaient moins. Mais si ça explique en grande partie le succès des fake news, ça ne les justifie pas.)

De nombreuses vidéo soulignent (à juste titre) que la balance-risque penche en faveur du vaccin (le risque est minime par rapports aux avantages), ce qui induit qu'il faut courir le risque (minime) d'être victime d'un effet secondaire (rare). D'un autre côté, ces mêmes spécialistes préconisent la vaccination des enfants de 12 à 17 ans, tout en reconnaissance qu'il y a un "risque minime" (très minime) que ces enfants puissent développer une forme grave du COVID mais ils justifient leur préconisation en affirmant qu'il arrive (rarement) que des enfants contractent un COVID long et que le vaccination est un moyen de l'éviter. Je trouve (à tort peut-être) qu'il y a un double traitement du "risque minime", dans un cas (celui de la vaccination) il faut courir le risque et dans un autre (vaccination des enfants), il ne faut pas courir le risque(minime) de faire un COVID long mais celui de subir un effet secondaire du vaccin.

Les spécialistes décident (et non les individus pour eux-mêmes) quand il faut courir un risque, aussi minime soit-il.

Personne ne discute de la balance-risque démocratique ...

Certes...

A mon avis le calcul est faussé parce qu'il intègre un élément strictement incalculable, à savoir les "risques à long terme", dont la portée est effectivement négligeable en ce qui concerne la population âgée (parce qu'elle n'aura de toute façon pas le temps de les subir le cas échéant), mais considérable en revanche pour une population plus jeune.

Pour le dire autrement, on mélange deux types de "statistiques" ou de "probabilités" de nature complètement différente: celles qui sont fondées sur des chiffres "actuels" (ou "réels": nombres constatés de maladie grave ou de décès en cas de contamination, parmi les vaccinés ou les non-vaccinés, selon chaque tranche d'âge et dans un délai donné, etc., à partir de quoi on peut déduire les "chances" pour un individu x -- à condition bien sûr de ne pas être cet individu x à qui n'arrivera jamais, mais à 100 %, que ce qui lui arrivera !*), et celles qui sont purement "virtuelles" et affaire de "projection" (on ne voit pas aujourd'hui ce qui pourrait produire des effets à plus long terme, on en infère qu'il y a "peu de chances" qu'il y en ait, mais on ne le saura vraiment qu'avec le temps "réel")...

(* En quoi un certain "fatalisme" et/ou une certaine "foi", du côté du particulier, de l'individu ou de l'événement singulier -- cf. Diderot ou Kierkegaard -- restent les corollaires inamovibles et inusables de toute "raison-calcul", statistique ou probabiliste.)