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 de l'esprit (bien ?) tempéré

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Narkissos

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MessageSujet: de l'esprit (bien ?) tempéré   esprit - de l'esprit (bien ?) tempéré Icon_minitimeJeu 09 Mai 2019, 23:03

La discussion sur les épîtres de Pierre m'amène à ouvrir ce sujet, qui sort clairement du précédent sans pour autant rentrer (clairement) dans aucun des nombreux fils consacrés jusqu'ici au mot et au concept d'esprit (rwh-rouah/pneuma/spiritus).

Mon propos est relativement simple: il y a de toute évidence parmi les composantes primitives du "christianisme" un (ou plusieurs) "spiritualisme(s)" qu'on peut qualifier de "charismatique(s)", d'"enthousiaste(s)" ou de "prophétique(s)", dont les textes du NT témoignent abondamment mais indirectement -- de la correspondance paulino-corinthienne où il (le "spiritualisme") se situe manifestement du côté des destinataires (avec la "glossolalie" et autres "charismes" de 1 Corinthiens que "Paul" tente plutôt pour sa part de relativiser, de canaliser et d'ordonner) aux Actes des Apôtres, qui l'érige en miracle fondateur appartenant à un lointain passé (la Pentecôte et tout ce qui s'ensuit). Tout se passe comme si l'écriture néotestamentaire avait d'emblée pris par rapport à tout cela une certaine distance, idéologique et/ou temporelle, tout en conservant un certain scrupule à l'égard de cette distance même (comme une nostalgie de l'"esprit" dépassé en tant que pratique communautaire effective, quoi qu'il en soit des reprises théologiques et ecclésiastiques du "Saint-Esprit" associé d'office à l'Eglise et aux "sacrements", à la confession de foi et à la "vie chrétienne" ordinaire).

Je pense (j'ai failli l'inscrire dans la rubrique "Un jour, un verset", avant de m'aviser que le sujet était beaucoup plus général) à 1 Thessaloniciens 5,19, "n'éteignez pas l'esprit", que d'ailleurs la suite éclairerait si besoin était (v. 20s): "Ne méprisez pas les prophéties, examinez tout, retenez le bon". Comme s'il y avait d'une part une nécessité de se méfier de "l'esprit" et une possibilité d'en juger, fût-ce par le "charisme anti-charismatique" d'un "discernement des esprits" qui serait lui-même un "don de l'Esprit" (1 Corinthiens 12,10; cf. 1 Jean 4), et d'autre part un risque d'oublier et de mépriser par là même l'expérience dont on vient, précisément parce qu'on l'aurait en quelque sorte dépassée. Ou, dans une épître aux Romains par ailleurs très "rhétorique" et "intellectuelle", où ne figure quasiment aucune trace de "charismes" effectifs, aux exhortations encore plus lapidaires du chapitre 12 (v. 11): "quant à l'empressement, non indolents, quant à l'esprit, bouillants" (même verbe Actes 18,25; adjectif dérivé en Apocalypse 3,15s). Bref, on a l'impression que l'écriture et/ou la tradition en un sens fondatrices du christianisme se distancient (d'une partie) de son expérience fondatrice avec une certaine "mauvaise conscience", sans vouloir trop s'en éloigner mais encore moins y replonger...

Aux marges du NT, les chapitres 11 et suivants de la Didachè sont tout à fait instructifs à cet égard: d'un côté il n'est pas question de juger un "prophète" ou quiconque parle "en esprit" (la tradition du "péché contre l'esprit" sert ici de dissuasion, et donc de protection du point de vue "spiritualiste", ce qui peut jeter une certaine lumière sur le "blasphème contre l'esprit" des Synoptiques); de l'autre, l'Eglise dispose quand même de critères "objectifs" (assez rigolos d'ailleurs, outre le critère doctrinal qui était déjà celui du Deutéronome: si le prophète demande de l'argent ou s'il s'incruste) pour ne pas trop s'en laisser conter...

---

Quelques réflexions en vrac, en attendant d'éventuelles réponses.

Il y a peut-être une antinomie de la "lettre" et de l'"esprit" en un sens beaucoup plus profond, ou élémentaire, que ce que "Paul" entendait par , et a fortiori que ce que nous entendons par là. L'expérience "spirituelle" laisse des traces dans l'écriture, mais elle n'y survit pas en tant que telle et elle n'est pas non plus directement reproductible à partir de ces traces (d'où l'aspect artificiel des "spiritualismes bibliques", jusqu'aux pentecôtismes modernes, en tant qu'ils se rapportent précisément à l'Ecriture et non à leur seule "expérience" de "l'Esprit"). Mutatis mutandis, c'est déjà ce qui arrive avec le "prophétisme" ancien (nb'-navi' etc.) dans la "Bible hébraïque". Les "Premiers Prophètes" et surtout Samuel-Rois racontent ou décrivent des "prophètes" dans ce sens-là, avec un comportement excentrique a priori indiscernable d'une "folie" (danse et transe, gestes et actes "symboliques" et "théâtraux", signes qui peuvent être aussi prodiges et miracles, présages et divination, voilà ce que produit en eux "l'esprit"), mais entre ceux-là et les textes, y compris les grandes œuvres littéraires des "Prophètes écrivains" (Isaïe etc.) il y a plus de différence que de continuité.


Dernière édition par Narkissos le Ven 10 Mai 2019, 11:50, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: de l'esprit (bien ?) tempéré   esprit - de l'esprit (bien ?) tempéré Icon_minitimeVen 10 Mai 2019, 11:31

Ces hésitations, ces remarques, la méfiance envers les charismatiques n’est-ce pas, en quelque sorte, une réaction de personnes voire de groupes organisés face à leurs responsabilités (du moins en ce qu’ils s’en trouvent ainsi) ?

Quelques temps auparavant un homme qu’ils pensaient bien connaitre, Jésus, considéré par un nombre non négligeable comme le Christ, est mort de façon terrible ; il leur avait promis de leur envoyer un compagnon utile : l’esprit saint.

Peut-être en sont-ils arrivés à se poser des questions à propos de cet esprit à venir. Serait-ce le même descendu sur les apôtres lors de la Pentecôte suivant la mort de Jésus ? Comment devait se manifester cet esprit ?
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MessageSujet: Re: de l'esprit (bien ?) tempéré   esprit - de l'esprit (bien ?) tempéré Icon_minitimeVen 10 Mai 2019, 12:36

Merci de ta réponse (que je n'espérais pas si tôt, c'est pourquoi j'ai un peu poursuivi mon développement précédent).

Il est certain que les "institutions" ou "organisations" en tout genre ont tout lieu de se méfier de "mouvements" qui leur échappent et qu'elles ne contrôlent pas, comme le "statique" du "dynamique" en général (c'est aussi le cas de la prêtrise et de la royauté par rapport au "prophétisme" ancien dont je parlais plus haut). Pourtant elles en ont aussi besoin pour se justifier et se fonder -- dès lors qu'une "loi" se présente comme une révélation divine (c'est déjà le cas du Code d'Hammourabi bien avant la Torah), une dynastie royale ou sacerdotale comme le fait d'une élection divine (qu'il s'agisse de Lévi ou d'Aaron, de Saül ou de David), il y a de la "prophétie" derrière (Moïse ou Samuel en l'occurrence). Quand une "République" se fonde sur une "Révolution", c'est à peine une variante où la voix du "peuple" remplace celle du "dieu" selon le vieil adage, non sans médiations "prophétiques" d'ailleurs qui parlent en son nom, à l'avance rétroactivement (!) ou "en temps réel" (Voltaire et Rousseau, Danton et Robespierre). La "révolution permanente", ou l'ecclesia reformata semper reformanda, ce sont des formules (ou des slogans) qu'un Etat ou une Eglise ne peut utiliser à son profit qu'à condition de s'assurer qu'elles ne soient jamais trop prises au sérieux.

Soit dit en passant, le prophétisme lui-même s'organise (cf. les confréries, corporations ou communautés itinérantes et sédentaires des "fils des prophètes", dans Samuel) pour développer, entretenir et transmettre ses propres traditions ("techniques" ou "arts" plutôt que "doctrines"). Le rapport d'un "prophétisme organisé" aux institutions monarchiques ou sacerdotales peut varier de la guerre ouverte (subversion dans un sens, persécution dans l'autre) à l'intégration totale (prophètes "officiels", de la cour ou du sanctuaire royal), mais il n'est vraiment "utile" qu'entre ces deux extrêmes.

En ce qui concerne Jésus (qui se présente a priori comme le type même de l'"inspiré", surtout chez Marc -- "en-thousiaste" ou "én-ergumène" selon l'étymologie de ces mots, "possédé" ou "agi[té]" du dieu ou de l'esprit), il ne faut pas oublier que les promesses de l'esprit à venir (surtout chez Luc et Jean, et encore dans ce dernier une fois que le "paraclet" est identifié à l'"esprit") appartiennent à l'écriture évangélique qui présuppose la "suite", sinon sous la forme de la Pentecôte des Actes, du moins sous celle de l'Eglise productrice et destinataire de l'évangile, Eglise où "l'Esprit" est déjà largement "institutionnalisé", acclimaté, tempéré, apprivoisé ou domestiqué selon les besoins de l'institution. Mais là encore, il faut un "prophète" ou un "archi-prophète" pour fonder et justifier théoriquement l'institution (via les "apôtres"), alors même que celle-ci ne laisse plus en pratique au "prophétisme" qu'une portion congrue avant de le reléguer tout à fait dans le passé. Non sans générer de l'insatisfaction et des attentes qui ne feront désormais que resurgir épisodiquement, avec plus ou moins d'intensité et d'extension (du montanisme ancien aux pentecôtismes modernes).

Une autre chose que je voulais dire, c'est que "l'esprit", en soi, ne distingue rien -- il y a quelque chose de paradoxal, voire d'oxymorique, dans le concept d'un "discernement (spirituel !) des esprits". On peut voir des combats ou des "joutes" de prophètes et de prophéties contradictoires (cf. Jérémie ou 1 Rois 22), mais l'arbitrage n'est pas du ressort du prophète qui n'est jamais qu'une voix de l'esprit ou d'un esprit parmi d'autres. En outre, le "prophétisme" hébreu a ses analogues dans de nombreuses cultures du Proche-Orient ancien, et dans la civilisation grecque d'où nous vient (via la Septante) le nom même de "prophète" (porte-parole ou parlant-pour la divinité, interprète de l'oracle en langage clair plutôt que directement "inspiré", cf. la pythie et le rapport Apollon-Python à Delphes). De même, tout porte à croire que le "spiritualisme proto-chrétien" est largement partagé, aussi bien dans le judaïsme (les "exorcistes" pharisiens ou autres) que dans le "paganisme" des religions traditionnelles ou des mystères. Là encore, on n'arrive à la notion dogmatique d'un "Saint-Esprit" spécifiquement ou exclusivement chrétien qu'en dissociant "l'esprit" de toutes ses "manifestations" réelles ou de tous ses "phénomènes" (hors du "christianisme" mais aussi dans celui-ci).

Le revers abyssal de tout cela, c'est que "l'esprit" demeure foncièrement incontrôlable (il souffle où il veut, comme dit l'autre; cf. ici et ), et que quand on l'invoque on ne sait jamais au juste ce qu'on invoque, et on ne l'invoque pas sans risque (que le "risque absolu" du blasphème impardonnable soit lié à l'"esprit" est au moins, à cet égard, un symptôme: c'est le risque même). Si "balisées" et "verrouillées" qu'en soient les définitions ecclésiastiques et dogmatiques (esprit de Yahvé, du Seigneur, de Dieu, de Jésus-Christ, Saint-Esprit, troisième personne de la Trinité, conditionné aux "sacrements", etc.), il y va toujours dans l'"esprit", dans le mot même d'"esprit", de tout "esprit", un et multiple, juif, chrétien et païen, pur et impur, divin, démoniaque ou ancestral, animal, végétal, minéral, plus vieux et plus jeune que tous les dieux. Spectralité infinie du Holy Ghost ou Heilige Geist, guest et host, hospitalier et hostile, familier et étranger (heimlich / unheimlich), bénéfique et maléfique, nécessaire et dangereux, l'esprit reste indéfinissable par-delà toutes ses définitions, insaisissable par-delà toutes ses manipulations... en un mot, affolant.

---

D'où le rapport difficile, en un sens strictement impossible et dans un autre sens d'autant plus nécessaire, de l'esprit au rapport même, à l'autre et à la mesure, à la raison et à la comparaison, au discernement et à l'évaluation, à la justice et à la justesse, au logos qui s'en distingue parce qu'il n'est précisément pas (qu')esprit, et que par là même il peut distinguer et juger. L'"esprit" c'est la dé-mesure ou l'im-mensité même (cf. Jean 3,34 qui ne croit sans doute pas si bien dire, qui dit là certainement plus et mieux que ce qu'il veut dire: ou gar ek metrou didôsin ho theos to pneuma, "ce n'est pas de ou par mesure que le dieu donne l'esprit"). Contre l'esprit, d'un antagonisme au moins fonctionnel, tout ce qui le mesure, la "mesure de la foi" (metron pisteôs, Romains 12,3; cf. 2 Corinthiens 10,13; Ephésiens 4,7.13.16) ou la "proportion de la foi" (analogia tès pisteôs, Romains 12,6, cf. la logikè latreia ou "culte rationnel" du v. 1) censée réguler la "prophétie" ou lui servir de "garde-fou".
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MessageSujet: Re: de l'esprit (bien ?) tempéré   esprit - de l'esprit (bien ?) tempéré Icon_minitimeVen 10 Mai 2019, 20:57

Voici ce que l’on peut lire notamment dans le fil :
La première observance des préceptes Patacara

Par conséquent, l’esprit de la mort trouverait tous les êtres, sans que personne ne pût échapper à sa paume.

Il est question ici de l’esprit de la mort. Est-ce un autre esprit qui pourrait venir s’accoler aux esprits que tu évoques, Narkissos ?

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MessageSujet: Re: de l'esprit (bien ?) tempéré   esprit - de l'esprit (bien ?) tempéré Icon_minitimeVen 10 Mai 2019, 23:35

Il faudrait connaître le sanskrit ou le pali pour savoir s'il y a, en l'occurrence, un rapport sémantique avec rwh-rouah/pneuma/spiritus... Smile

La rouah hébraïque est plutôt du côté de la vie, humaine ou animale: c'est quand le dieu la retire qu'on meurt -- on expire comme il inspire, selon la belle image du Psaume 104 (qui décalque lui-même l'hymne égyptien à Aton). Par contre, il y a dans la tradition juive ultérieure un "ange de la mort" (ml'k h-mwt; ml'k = "messager" ou "émissaire", pas forcément "esprit") qu'on peut reconnaître après coup dans les récits qui comportent ou suggèrent un "ange exterminateur", tout spécialement celui de la Pâque (Exode 12, bien que dans le texte ce soit Yahvé lui-même qui tue; mais par ailleurs "l'ange de Yahvé" est assez souvent exterminateur, cf. Nombres 22; 2 Samuel 24//; 2 Rois 19// etc.); cf. la fameuse comptine had gadia, qui fait partie du seder de Pessah et ressemble beaucoup à notre vieille chanson enfantine "Ah ! tu sortiras biquette": biquette ne veut pas sortir du chou, le chien ne veut pas mordre biquette, le loup ne veut pas manger le chien, le bâton ne veut pas assommer le loup, le feu ne veut pas brûler le bâton, l'eau ne veut pas éteindre le feu, le veau ne veut pas boire l'eau, le boucher ne veut pas tuer le veau, mais tout s'inverse quand la mort ou le diable veut bien emporter le boucher; sauf que dans la version juive, si je me souviens bien, c'est Dieu qui à la fin supprime ou châtie l'ange de la mort... En amont de la tradition biblique et monothéiste au contraire, il y a aussi dans le panthéon cananéen un dieu Mot (= Mort), qui règne sur le monde souterrain (<=> she'ol, cf. l'équivalent grec Hadès qui est à la fois le dieu et le lieu) et qu'on peut encore deviner dans pas mal de textes (notamment Isaïe 25, où quand Yahvé engloutit la Mort c'est l'engloutisseur habituel qui est englouti).

[Quoi qu'il en soit, j'ai particulièrement apprécié dans ton texte l'image des différents cours d'eau (plus ou moins longs) comparés aux destins divers des "êtres"...]

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Le pneuma du NT aussi est intimement lié à la vie, tout au moins dans ses associations verbales (esprit de vie, vie de l'esprit, etc.); mais le "mystère" chrétien, dans ses versions pauliniennes et post-pauliniennes (autant dire la quasi-totalité du NT, car sur ce point même les textes anti-pauliniens dépendent de "Paul"), le rapporte essentiellement à la mort: "l'esprit" c'est "la vie" mais plus n'importe laquelle, celle qui découle de la mort du Christ, sur le modèle de la "résurrection" sans préjudice de ses multiples déclinaisons et interprétations. Aux "pneumatiques-spirituels", "gnostico-charismatiques" de Corinthe, Paul oppose d'emblée le Christ crucifié (1 Corinthiens 1--2; cf. le débat sur la résurrection au chapitre 15, qui aboutit précisément à l'antithèse du premier Adam "âme = psukhè vivante" au second "esprit = pneuma vivifiant", v. 45, reprenant celle de l'animal-psychique au spirituel-pneumatique du chap. 2), et en dépit de toutes ses nuances et différences d'accent le christianisme néotestamentaire et postérieur ne s'écartera plus guère de cette "condition" paradoxale (il faut mourir pour vivre). Cependant le fait même que l'évangile paulinien, dès ses premiers énoncés, ne va pas de soi, qu'il s'oppose dans les "Eglises" mêmes (à commencer par Corinthe) à d'autres idées, implique qu'il y a eu des "proto-christianismes" très différents. Mais ce ne sont pas eux qui ont écrit, du moins les textes "canoniques" puis "orthodoxes", ni même les textes "apocryphes" ou "hérétiques" qui nous sont parvenus.

Il n'empêche que ce paradoxe (mourir pour vivre) n'a pas dans tous les textes la même importance, et surtout qu'il n'y est pas interprété de la même manière. Dans le quatrième évangile c'est avant tout par sa parole illuminatrice que le Christ révélateur donne l'"esprit" et la "vie" (e.g. Jean 6,63ss), sa mort n'est qu'un signe ultime, suprêmement paradoxal (croix = élévation et gloire) et à d'autres égards redondant. Chez Matthieu ou Jacques c'est l'acte qui sauve, et cela relativise autrement le caractère salvateur de la mort du Christ qui devient surtout exemplaire.

---

Reste -- pour revenir à mon point de départ -- que tous les textes (du moins je n'y vois pas d'exception) marquent une certaine distance, dans des directions certes très différentes, par rapport à "l'esprit" comme expérience ou phénomène réel, sensible et actuel (inspiration immédiate, enthousiasme, prophétie, charismes, etc.). Pour le dire autrement, "l'esprit" inspire peut-être, indirectement, l'écriture, mais il n'écrit pas. Et il ne "parle" pas davantage, tout au moins au sens de la parole-pensée claire et intelligible (logos); cf. encore 1 Corinthiens où le "parler en esprit" ou "en langue" requiert, du point de vue de "Paul", interprétation-traduction (hermeneia) en langage intelligible (ce qui revient à la "pro-phétie" au sens grec qui se distingue de l'"inspiration brute", inintelligible, de l'inspiré im-médiat). Il faut faire taire "l'esprit", dans un sens, pour le faire parler dans un autre sens qui n'est plus tout à fait le sien -- le "traduire" et le "trahir", ne fût-ce que pour le "transmettre" et le (dé-)"livrer" (paradidômi de la livraison-trahison et de la tradition).

Par coïncidence, en lisant les traités de Plotin (et leur intéressante annotation dans l'édition Garnier-Flammarion), je constate que l'auteur (néo-platonicien) y réagit en particulier à ce qu'il perçoit comme une confusion du logos et du pneuma dans le stoïcisme. Le stoïcisme étant à coup sûr l'influence philosophique dominante dans les textes du NT (même si elle y est indirecte, diluée, mélangée et surtout inégale), il n'est pas étonnant que ceux-ci aient eu affaire à la même "confusion" et qu'ils aient dû se débattre, plus ou moins consciemment et efficacement, avec la notion d'"esprit",  pour arracher tant bien que mal un "sens" intelligible (ce qui relève du logos et du noûs, l'intellect, ne serait-ce qu'un "message" aussi simple soit-il, un "évangile" p. ex. qui doit quand même être jusqu'à un certain point "compris" pour être "reçu") à son "vitalisme" affectif et dynamique, mais diffus et confus, qui ne "veut rien dire" parce qu'il dit tout et son contraire.

On retrouve là, au fond, LE problème qu'à sa façon le récit de l'Eden posait aussi bien que toute la philosophie ancienne et moderne: la "vie" (l'être, le réel, etc.) et la "connaissance" (pensée, intellect, etc.) c'est et ce n'est pas la même chose, ça n'est "la même chose" qu'en étant aussi "le contraire". La "parole" sans "esprit" ne vaut rien, elle n'est même pas possible (pas de voix sans souffle, pas de pensée sans corps vivant et animé), mais la vie sans autre n'a rien à dire, ni à penser. Le langage, la pensée, l'écriture, dans la mesure même où ils sont opposables à "la vie", ne fût-ce que d'un "antagonisme fonctionnel" comme celui du pouce aux autres doigs de la main, ont partie liée à tout ce qui s'oppose à "la vie", notamment "la mort". Et tout cela est aussi lisible dans "l'esprit" que dans "la lettre", par leur relation comme par leur absence de relation.

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Il faut toutefois noter -- me réponds-je en attendant d'autres réponses -- que dans l'AT déjà la rouah était aussi utilisée (ou récupérée) dans un sens "cognitif", "intellectuel" ou "sapiential", même si cela semble plutôt rare et tardif (on ne le voit guère dans les plus anciennes collections de Proverbes, où la "sagesse" consiste au contraire à maîtriser "l'esprit", e.g. 14,29; 16,32; 25,28; 29,11; je pensais à 20,27 comme contre-exemple, mais c'est neshama, comme dans Genèse 2,7, et non rouah; LXX pnoè, dans les deux cas): ainsi Exode 31,3; 35,13; Deutéronome 34,9; Isaïe 11,2; Job 32,8; Proverbes 1,23; Daniel 4,9.18; 5,11s.14. J'allais dire que l'"esprit de Yahvé" ne se traduit pas seulement par la force extraordinaire d'un Samson, mais aussi par l'intelligence extraordinaire d'un Salomon; mais en ce qui concerne ce dernier c'est plutôt ce que dit pneuma en grec, et sans doute déjà sous influence stoïcienne (Sagesse 7,7 etc.).

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A distance sensiblement égale du présent fil et de celui-là, je repense à ceci.
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MessageSujet: Re: de l'esprit (bien ?) tempéré   esprit - de l'esprit (bien ?) tempéré Icon_minitimeMar 14 Mai 2019, 10:17

Citation :
Je pense (j'ai failli l'inscrire dans la rubrique "Un jour, un verset", avant de m'aviser que le sujet était beaucoup plus général) à 1 Thessaloniciens 5,19, "n'éteignez pas l'esprit", que d'ailleurs la suite éclairerait si besoin était (v. 20s): "Ne méprisez pas les prophéties, examinez tout, retenez le bon". Comme s'il y avait d'une part une nécessité de se méfier de "l'esprit" et une possibilité d'en juger, fût-ce par le "charisme anti-charismatique" d'un "discernement des esprits" qui serait lui-même un "don de l'Esprit" (1 Corinthiens 12,10; cf. 1 Jean 4), et d'autre part un risque d'oublier et de mépriser par là même l'expérience dont on vient, précisément parce qu'on l'aurait en quelque sorte dépassée. Ou, dans une épître aux Romains par ailleurs très "rhétorique" et "intellectuelle", où ne figure quasiment aucune trace de "charismes" effectifs, aux exhortations encore plus lapidaires du chapitre 12 (v. 11): "quant à l'empressement, non indolents, quant à l'esprit, bouillants" (même verbe Actes 18,25; adjectif dérivé en Apocalypse 3,15s). Bref, on a l'impression que l'écriture et/ou la tradition en un sens fondatrices du christianisme se distancient (d'une partie) de son expérience fondatrice avec une certaine "mauvaise conscience", sans vouloir trop s'en éloigner mais encore moins y replonger...


Os 9,7 ; avait annoncé que le "prophète" serait méprisé :

"Le temps du châtiment est arrivé,  le temps des comptes est arrivé :  qu’Israël le sache !  Le prophète devient foul’homme de l’esprit délire,  à cause de la grandeur de ton crime  et de la grandeur de l’attaque que tu subis."


Nous pouvons noter qu'Osée utilise le titre d’"homme de l’esprit" comme synonyme de prophète. Pour Flavius Josèphe et les Sages du Talmud, l'inspiration prophétique a pris fin ... Zacharie et Malachie (Contre Apion, I, 4041 ; Tosefta, Sotah, 13, 2 : "l'Esprit Saint cessa en Israël ")


Ep 3,5 ; indique que la volonté divine  fut révélé par l’Esprit aux "apôtres et prophètes" (Ep 3.5). Le début de l’évangile de Luc montrent que le phénomène du "prophète" n’avait pas cessé :

"Zacharie, son père, fut rempli d'Esprit saint et se mit à parler en prophète, en disant : Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël, d'être intervenu en faveur de son peuple, d'avoir assuré sa rédemption et de nous avoir suscité une corne de salut dans la maison de David, son serviteur" Luc 1, 67 ss
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MessageSujet: Re: de l'esprit (bien ?) tempéré   esprit - de l'esprit (bien ?) tempéré Icon_minitimeMar 14 Mai 2019, 14:40

Vu l'état déplorable du texte d'Osée, il est difficile de savoir au juste ce qu'il veut dire: p. ex., ou bien qu'Israël méprise les prophètes en les taxant de folie, ou bien que les prophètes sont effectivement frappés de folie en châtiment d'Israël -- les deux types d'énoncé sont assez fréquents dans les (livres des) Prophètes (cf. Isaiah 26,7; 29,10; Jérémie 5,13; 14,18; 29,26; Ezéchiel 7,26 etc.), ils ne sont d'ailleurs pas incompatibles entre eux puisqu'on peut toujours y trouver un lien de cause à effet dans un sens ou dans l'autre (que Yahvé soit parfaitement  capable de tromper ses propres prophètes, c'est assez clair en 1 Rois 22 p. ex.). Reste en tout cas l'ambivalence générale: tout prophète peut n'être qu'un fou, mais celui qu'on prend pour un fou peut aussi s'avérer prophète. (On comprend bien dans cette perspective le caractère dissuasif de la dramatisation du "blasphème contre l'esprit" évoqué plus haut: dans le doute, mieux vaut à tout le moins suspendre son jugement -- si la disproportion entre ce qu'on risque à croire et à ne pas croire un prophète n'aboutit pas à un pari pascalien avant la lettre...)

Ce qui paraît assez clair dans l'association apôtres-prophètes en Ephésiens (cf. aussi 2,20; 4,11), par rapport à 1 Corinthiens où la "prophétie" est un phénomène présent, c'est que celle-ci tend à être reléguée dans un "passé fondateur" (littéralement au chapitre 2, c'est une "fondation" entre "Jésus-Christ" et les ministères présents (cf. cependant la numérotation de 1 Corinthiens 12,28: premièrement les apôtres, deuxièmement les prophètes, qui s'oriente déjà vers ce type de solution chronologique, autrement suggérée au chapitre 13: les "dons" sont provisoires même s'ils ne sont pas abolis, restent la foi, l'espérance et l'amour, et encore...).
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MessageSujet: Re: de l'esprit (bien ?) tempéré   esprit - de l'esprit (bien ?) tempéré Icon_minitimeMar 14 Mai 2019, 14:54

Tout d’abord, le lieu de l’inspiration est vraisemblablement l’être intérieur du croyant. Wayne Grudem paraît assez convaincant lorsqu’il démontre que les « révélations » externes et spectaculaires, telles qu’une vision, une voix venue du ciel ou une apparition angélique, ne sont pas associées à la prophétie dans le N.T. Nous noterons toutefois que le livre de l’Apocalypse, présenté comme « prophétie » (Ap 1.3, 22.10, 18, 19), forme une exception majeure à cette règle, au vu des nombreuses visions directes ou apparitions angéliques qu’il présente. L’enseignement de Paul sur l’inspiration prophétique en 1 Corinthiens 12 à 14 penche cependant en faveur d’un phénomène plus discret. Dans ce passage, l’apôtre s’oppose ouvertement à la conception hellénistique de son époque qui valorise l’état extatique du prophète. Alors que pour Philon, l’inspiration prophétique peut provoquer le départ du nous remplacé par le pneuma divin21, chez Paul, le pneuma divin interagit avec le pneuma du prophète (1 Co 14.32) et encourage la mise en œuvre du nous (1 Co 14.14-19). Le prophète n’est pas un simple canal passif dans la mise en œuvre de la prophétie. Il est maître de lui-même, conscient de son environnement, peut « se taire » et laisser la parole à un autre (1 Co 14.29-33). Il doit même mettre en œuvre son intelligence pour rendre la prophétie intelligible (1 Co 14.14-19). http://flte.fr/wp-content/uploads/2016/08/ThEv2013-1-Prophetie_chretienne_dapres_NT.pdf


"Car si je prie en langue, mon esprit est en prière, mais mon intelligence demeure stérile. Que faire alors ? Je prierai par l'Esprit, mais je prierai aussi de façon intelligible ; je chanterai par l'Esprit, mais je chanterai aussi de façon intelligible. En effet, si c'est par l'Esprit seulement que tu prononces la bénédiction, comment celui qui est assis parmi les simples auditeurs répondra-t-il « Amen !  » à ton action de grâces, puisqu'il ne sait pas ce que tu dis ? Toi, certes, tu prononces de belles actions de grâces, mais cela n'est pas constructif pour l'autre. Je rends grâce à Dieu de ce que je parle en langues plus que vous tous ; mais, dans l'Eglise, je préfère dire cinq paroles avec mon intelligence, pour instruire les autres, plutôt que dix mille paroles en langue." - 1 Co 14,14-19
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MessageSujet: Re: de l'esprit (bien ?) tempéré   esprit - de l'esprit (bien ?) tempéré Icon_minitimeMar 14 Mai 2019, 17:09

Ce qui me semble extraordinaire (de la part du jeune Minard, dont j'ai peut-être connu les parents ou les grands-parents) c'est d'arriver à opposer Paul à Philon (le "chrétien" au "juif", l'"apôtre" au "philosophe", le "canonique" au "non-canonique" ?) sur ce point où ils disent sensiblement la même chose: il y a un état d'"inspiration" qui court-circuite la pensée rationnelle (dans le passage que tu cites, c'est l'alternative entre l'"esprit" = pneuma et l'"intelligence" = noûs, et c'est bien l'un OU l'autre), et un autre qui admet une synergie ou une coopération entre les deux -- dans ce que 1 Corinthiens appelle "interprétation" (des "langues") d'une part, et "prophétie" d'autre part, qui relèvent aussi de l'"esprit" et aboutissent néanmoins à des messages intelligibles -- synergie que Philon reconnaît également (cf. la note 21). Tout cela, du reste, se trouve déjà, en substance, dans le Phèdre de Platon (cf. en particulier 244ss), en contexte parfaitement "païen".

Le rapprochement du thème de la "fin des prophéties" dans le judaïsme phariséo-rabbinique, ou même du Second Temple, et dans le NT (je reviens un peu sur ton post précédent) est très intéressant: dans un sens c'est une variante de ce que nous avons souvent observé concernant les "miracles" en général -- les miracles, surtout grands et spectaculaires, c'était toujours avant, dans un passé plus ou moins éloigné mais hors d'expérience et invérifiable (cf. les complaintes déchirantes du trito-Isaïe, 63--64, d'Habacuc et de tant de psaumes: Tu as fait de grandes choses autrefois, pourquoi pas maintenant ?); avec la "prophétie", miracle relativement discret si on le compare à ceux de l'Exode, il y a toutefois d'autres enjeux, d'autorité ou de pouvoir: l'inspiration im-médiate du prophète, qui en principe peut être n'importe qui, met en question, selon les époques et les contextes, l'autorité du roi et du prêtre, de la tradition ou des textes présumés "inspirés" ou "canoniques" et de leurs interprètes autorisés, scribes ou docteurs de la loi, rabbins ici, apôtres ou évêques là; ceux-ci ont un intérêt évident à ce que la prophétie soit une chose du passé, qui fonde leur autorité sans la subvertir. L'institution aime les prophètes d'autrefois (cf. Matthieu 23,29ss), comme la République célèbre la Révolution passée qui la fonde et la justifie, non la Révolution présente ou future qui ne pourrait que la renverser.

Cependant l'"inspiration continue" compose avec l'écriture, notamment grâce à la pseudépigraphie: quand on fait parler ou écrire Adam, Hénoch, Moïse ou Elie, Jésus ou les apôtres, on n'a pas besoin de se prétendre prophète, et on ne déroge pas à la doxa de la prophétie du passé -- par là aussi l'inspiration se poursuit, de façon sans doute plus "élitiste" puisqu'elle passe par l'écriture et la création littéraire; mais la prophétie orale et populaire non plus ne s'arrête jamais (il y a toujours des prophètes à l'époque romaine, autant chez Josèphe que dans les Actes, sans oublier Jean-Baptiste). Dans l'autre sens, la lamentation sur la prophétie disparue remonte très loin dans les récits (jusqu'aux débuts mêmes des "Premiers Prophètes", e.g. 1 Samuel 3), et les prophètes eux-mêmes ne cessent de se référer aux prophètes d'autrefois (e.g. 2 Rois 17,13; Jérémie 7,25; 25,4; 29,19; 35,15; 44,4; Ezéchiel 38,17; Zacharie 1,4; 7,7.12).

Quant au "Zacharie" (toujours ton avant-dernier post) dont Luc fait le père de Jean-Baptiste (rendant ainsi l'un et l'autre prêtres et prophètes à la fois), il fait aussi écho à celui de 11,51 // Matthieu 23,35, qui combine un fils de prêtre prophète (2 Chroniques 24,20ss, fils de Joïada, tout à la fin des "Ecrits" selon le canon hébreu, d'où l'effet d'inclusion avec Abel: le premier et le dernier martyr de l'Ecriture) et un prophète tout court (Zacharie 1,1: c'est lui qui est "fils de Barachie").
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MessageSujet: Re: de l'esprit (bien ?) tempéré   esprit - de l'esprit (bien ?) tempéré Icon_minitimeMer 15 Mai 2019, 11:13

"N’éteignez pas l’Esprit, ne méprisez pas les paroles des prophètes ; examinez tout avec discernement : retenez ce qui est bon ; tenez-vous à l’écart de toute espèce de mal." 1 Th 5, 19-22

Ce fil m'a permis de découvrir que la formule "N’éteignez pas l’Esprit" est liée au don de prophétie, la lecture du texte semble assimiler, cette probabilité de voir l'Esprit s'éteindre, soit au mépris des paroles prophétiques ou au fait de ne pas évaluer la pertinence de la parole prophétique, l'une ou l'autre de ces attitudes ou ces deux comportements peuvent éteindre l'Esprit présent dans 1) les croyants, 2) dans la communauté, 3) dans ceux qui possèdent le don de prophétie ???
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MessageSujet: Re: de l'esprit (bien ?) tempéré   esprit - de l'esprit (bien ?) tempéré Icon_minitimeMer 15 Mai 2019, 12:06

A toutes fins utiles, j'ai rajouté à mon post précédent quelques références, qui confirment et précisent un peu l'intuition que j'ai tenté d'exprimer dès le début de ce fil: d'une part que "l'esprit" est toujours déjà perdu (on s'y réfère, avec une certaine nostalgie, comme à une chose du "passé"), d'autre part que son "expérience" présente, le cas échéant, se (re-)présente comme une résurgence ou une réplique merveilleuse, mais quand même plus ou moins affaiblie du passé (le pentecôtiste le plus fervent -- c.-à-d. "bouillant" -- se figure la Pentecôte des Actes, ou les "prophètes" bibliques de l'AT ou du NT, comme un "modèle" supérieur à son imitation "moderne").

Ta remarque me semble très judicieuse: l'attitude "anti-charismatique" (déjà évidente chez l'auteur de 1 Corinthiens) n'est pas une simple "allergie à l'esprit" qui se contenterait de rendre à celui-ci un hommage théorique et tactique pour en neutraliser les manifestations réelles (bien qu'il y ait de ça aussi); elle traduit, sincèrement je pense, une haute opinion de "l'esprit" qui craint, non sans raison, de le voir banalisé, galvaudé ou ridiculisé par son usage "anarchique". D'où le souci d'y mettre de l'ordre (contrôler, maîtriser, canaliser, etc.) pour le rendre "utile" (autre notion clé de l'argumentation paulinienne, avec l'"édifiant-constructif" associé comme métaphore du bâtiment, temple ou autre, à l'organisation du corps-organisme) et ainsi "viable" ou "durable". Mais cela ne fait que souligner l'antinomie fondamentale entre l'"esprit" et l'"ordre", qui ne peut être rendue "fonctionnelle" que jusqu'à un certain point et pendant un certain temps. De toute façon l'esprit "s'éteint" ou "tarit", mais aussi il "se rallume", "se réveille" ou "resurgit" -- où, quand et comme "il veut"...

Curieusement, ça me rappelle un brouillon de fiction que j'avais écrit il y a fort longtemps, où j'imaginais un Paul vieillissant et méditant sur le rapport de sa propre théologie à l'expérience "charismatique":
Citation :
Et puis surtout, ce qui commençait à le gêner, c’est la logique qui menait toujours, inexorablement, les meilleurs raisonnements à exploser dans un orgasme conceptuel où « tout est dans tout » et où la pensée s’évanouissait dans le silence. Qu’est-ce qui le différenciait alors, dans les cendres tiédissantes de ces conflagrations verbales, de ce stoïcisme d’agora qui, partout, usait et abusait des « en lui, par lui et pour lui » ? Cette étrange soif de feu et de fusion l’avait inspiré, au moins inconsciemment, parce qu’elle était dans l’air du temps, comme le mot sur lequel l’œil passe sans s’y arrêter vient aussitôt sous la plume.

Il se mit à penser à ces esclaves du port de Cenchrées qu’il allait revoir ce soir, fourbus mais radieux, au repas communautaire. Ils ne comprenaient pas grand-chose aux lectures et aux discussions subtiles sur l’interprétation de l’Ecriture, mais c’était bien le même orgasme, la grande fusion des structures dans le feu de l’Esprit, qu’ils cherchaient et trouvaient dans le « corps du Christ » par la glossolalie, les extases, les transes, les chants, le côtoiement abolissant les frontières des classes et des sexes. Dire qu’il était passé auprès d’eux pour un rabat-joie ! Il pensait sincèrement, alors, leur rendre service : il fallait un minimum d’ordre pour que ça dure. Mais en fait ça ne pouvait pas durer : ce qui durerait (et il commençait à pressentir que c’était parti pour durer) ce ne serait plus tout à fait ça.
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MessageSujet: Re: de l'esprit (bien ?) tempéré   esprit - de l'esprit (bien ?) tempéré Icon_minitimeMer 15 Mai 2019, 12:40

"Les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes" 1 Co 14,32

Le prophète est soumis au contrôle des autres prophètes, "Quant aux prophètes, que deux ou trois parlent, et que les autres jugent" (14,29) et à  ceux qui bénéficient du don du "discernement des esprits" (12,10), un don spécial pour déterminer l’origine des phénomènes charismatiques.
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MessageSujet: Re: de l'esprit (bien ?) tempéré   esprit - de l'esprit (bien ?) tempéré Icon_minitimeMer 15 Mai 2019, 14:46

Le verbe diakrinô ("juger", en 14,29) correspond bien au substantif diakrisis ("discernement", en 12,10), et les deux dérivent du même krinô = "juger" (d'où krisis, krima, crise, crime, critique, discriminer, etc.).

C'est en effet un exemple remarquable de "synergie" entre "esprit" (pneuma divin, extra-ordinaire sinon sur-naturel) et faculté intellectuelle ordinaire (cognitive, sapientiale, rationnelle, logique, critique, etc.), qui débouche -- tout à fait dans la "logique" du "corps" -- sur une distribution des rôles; soit une sorte de "pneumato-démocratie" dont la condition même serait la différenciation, fût-elle provisoire et interchangeable, des acteurs et des fonctions. Ce qui, soit dit en passant, implique paradoxalement le moment de l'alternative: on ne peut pas à la fois parler, agir "selon l'esprit" (pneuma) et "selon l'intelligence" (noûs), d'où la nécessité que les uns fassent l'un pendant que les autres font l'autre (14,29), ou que le même passe et repasse d'un rôle à l'autre -- il n'est pas évident que le v. 32 suppose la même répartition des rôles que le v. 29, comme tu le suggères en disant "le prophète  est soumis au contrôle des autres prophètes". Cela peut signifier aussi que chaque "prophète" a un certain pouvoir sur son "esprit", donc une "responsabilité" à son égard (ce que requiert de toute façon l'ensemble: si l'esprit est absolument souverain, il n'y a strictement aucun moyen de juger de quoi que ce soit qui s'en réclame).

En marge, on peut noter que toute cette problématique qui paraît à première vue confinée à une discussion de sacristie (particularisme "charismatique" d'un particularisme "chrétien") a une portée politique incalculable. La "métaphore du corps" vient de la politique (au moins romaine, d'après la légende de Menenius Agrippa) et elle y retourne forcément, dans l'Eglise comme dans l'Etat. Comment gérer les différences de façon qu'elles contribuent au bien de l'ensemble, comment faire en sorte que la "voix de la majorité" ne soit pas la plus folle ni la plus sotte, c'est tout le problème, "critique" en plus d'un sens, de nos "démocraties".
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MessageSujet: Re: de l'esprit (bien ?) tempéré   esprit - de l'esprit (bien ?) tempéré Icon_minitimeMer 15 Mai 2019, 15:01

"Si quelqu’un croit être prophète ou inspiré, qu’il reconnaisse dans ce que je vous écris un commandement du Seigneur. Si quelqu’un ne le reconnaît pas, c’est que Dieu ne le connaît pas." Co 14, 37-38

Merci Narkissos pour ces commentaires éclairants.

Le texte ci-dessus, oppose la conviction intime ("Si quelqu’un croit être prophète ou inspiré") et l'autorité prophétique de l'apôtre Paul, seule la reconnaissance de l'inspiration de l'apôtre Paul valide la conviction intime d'être un "inspiré", le refus d'accepter le fait que Paul annonce "le mystère de Dieu" (1 Co 2,1), place  "l'inspiré réfractaire" dans la catégorie des ceux qui ne sont pas connus et reconnus par Dieu. Or Paul ne peut pas plus fonder sa conviction d'être un "inspiré" que ceux qui affirme être des prophètes dans l'Eglise, il ne peut les soumettre que par son autorité.


Dernière édition par free le Mer 15 Mai 2019, 16:05, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: de l'esprit (bien ?) tempéré   esprit - de l'esprit (bien ?) tempéré Icon_minitimeMer 15 Mai 2019, 15:56

Oui, c'est à mon avis aussi un cas d'école de "terrorisme intellectuel" -- qui a l'avantage, si l'on peut dire, de cumuler toutes les "fautes" rhétoriques, tous les "coups bas" théoriquement interdits (raisonnement circulaire ou pétition de principe, argument d'autorité et ad hominem, non sequitur, etc.). A la décharge de "Paul" (mais aussi bien de ses "adversaires"), il ne peut guère en aller autrement quand une certaine "raison" affronte une certaine "déraison" et que l'idée même d'un "terrain commun", a fortiori de "règles du jeu" ou "de combat" communes, se dérobe.

Reste le fait que la "raison" en jeu s'affronte à un autre qui n'est pas disqualifié d'office comme déraison, qui est au contraire premier et a priori souverain, "l'esprit" dont Paul, tout "apôtre" qu'il se dise, doit se réclamer comme le dernier zozo corinthien. Ce qui précisément manque à la "raison" moderne (ce manque étant ce que dénonce régulièrement une certaine philosophie française, de Foucault à Nancy: l'absurdité totale d'une "raison" sans interlocuteur valable, sans autre qui ne soit aussitôt disqualifié comme "déraison" pure et simple -- comme s'il y avait jamais rien de tel qu'une "déraison pure et simple").

Sur l'idée de "commandement du Seigneur" opposable et non opposable à une "prophétie" de "l'esprit", cf. 7,10.12.25.40; 9,14; 11,23; 14,37; 15,3.
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MessageSujet: Re: de l'esprit (bien ?) tempéré   esprit - de l'esprit (bien ?) tempéré Icon_minitimeMer 15 Mai 2019, 16:20

"Les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes" 1 Co 14,32

Le traducteur peut être quelque peu déconcerté face à l’usage du mot pneuma en 1 Corinthiens. Tantôt le mot est employé pour désigner ouvertement « l’esprit de l’homme » (1 Co 2.11), tantôt il est utilisé pour désigner « l’Esprit de Dieu » (1 Co 2.11, 14 ; 3.16 ; 6.11 ; 7.40 ; 12.3), mais dans certains cas, il est difficile de savoir à quel « esprit » l’auteur se réfère. L’absence de l’article défini devant pneuma (p. ex. 1 Co 2.4, 13 ; 12.3 ; 14.2, 16) ou l’emploi du pluriel pneumata (1 Co 12.10 ; 14.12, 32) contribue à renforcer le malaise du traducteur.
La question se pose en particulier en 1 Corinthiens 14 concernant l’inspiration de la prophétie : de quel type d’esprit Paul parle-t-il lorsqu’il dit que « les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes » (v. 32) ?


Devant la difficulté du texte, plusieurs solutions ont été proposées.

Une multiplicité de bons esprits

Certains exégètes ont vu dans l’emploi du pluriel pneumata, une référence à une multiplicité de bons esprits à l’origine de l’inspiration prophétique. E. Earle Ellis a identifié ces bons esprits à des anges7. Clint Tibbs va dépasser largement la position d’Ellis en défendant une forme de « spiritisme » – c’est le terme qu’il emploie. Paul encouragerait les Corinthiens à développer la communication avec le monde des bons esprits et à se faire « médiums » pour ces esprits. Pour défendre sa thèse, Tibbs étudie en particulier 1 Corinthiens 12 et 149. Il montre que l’usage de pneuma sans article ou l’emploi du pluriel pneumata s’expliquent mieux par une référence à une multiplicité de bons esprits.

Les manifestations diverses du Saint-Esprit

L’usage néotestamentaire de pneuma + génitif de personne peut nous encourager à lire l’expression « les esprits des prophètes » comme se référant aux esprits humains des prophètes. Cependant, Wayne Grudem remarque bien que le contexte immédiat d’1 Corinthiens 14.32, à savoir les v. 30-33, nous invite plutôt à relier les pneumata à une activité divine13. En effet, le v. 32 est relié au v. 33 par la conjonction gar : « Car Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais un Dieu de paix » (v. 33). Le v. 33 parle du caractère de Dieu pour justifier ce qui précède. Il est donc logique que le v. 32 se réfère à l’action de Dieu et non à celle des humains. De plus, la structure des v. 30-32 semble suggérer que les v. 31 et 32 présentent deux raisons à l’ordre donné au v. 30 : « Si un autre assistant a une révélation, que le premier se taise ». En effet, le verbe du v. 30 est à l’impératif alors que ceux des v. 31 et 32 sont à l’indicatif. Il faut donc relier le v. 32 au v. 30. Or, le v. 30 parle de « révélation », ce qui sous-entend une activité divine. Il serait donc logique que le v. 32 parle du Saint-Esprit qui inspire la révélation.

Des esprits humains unis au Saint-Esprit

Gordon Fee comprend le pluriel pneumata en 1 Corinthiens 14.32 comme une individualisation du Saint-Esprit, mais dans un sens différent de celui de Grudem : ce pluriel reflète « la façon dont Paul parle de l’Esprit se manifestant à travers leurs “esprits” individuels16 ». Ce serait donc ici un de ces usages pauliniens du mot « esprit » où l’Esprit de Dieu et l’esprit de l’homme se confondent au point de ne sembler faire qu’un. À plusieurs endroits de la Première aux Corinthiens, Fee repère cet usage paulinien de « l’E/esprit » qui peut, à première vue, sembler ambigu (voir 5.3-4 ; 12.10 ; 14.12, 14, 15, 32). Cependant, il faut se rappeler ce que Paul affirme dans son épître : le croyant a « reçu l’Esprit qui vient de Dieu » (2.12), il est « un seul esprit avec le Seigneur » (6.17) et il est « le Temple du Saint-Esprit » (3.16 ; 6.19). Selon cette solution, le pluriel « esprits » désignerait donc bien ici les « E/ esprits » des prophètes, c’est-à-dire les esprits humains des prophètes renouvelés par leur union au Saint-Esprit. Cette proposition a l’avantage de s’accorder avec es remarques structurelles de Grudem ainsi qu’avec l’usage habituel de l’association pneuma + génitif de personne. http://flte.fr/wp-content/uploads/2015/09/ThEv_2011-2-Inspiration-prophetie_ds_Eglise.pdf
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MessageSujet: Re: de l'esprit (bien ?) tempéré   esprit - de l'esprit (bien ?) tempéré Icon_minitimeMer 15 Mai 2019, 17:59

A la réflexion, je trouve intéressant ce funambulisme charismato-évangélique, sur la corde raide, sinon sur le fil du rasoir -- entre un "Saint-Esprit" unique, dogmatico-rationaliste (en ce sens que "le Saint-Esprit" ayant dit une bonne fois tout ce qu'il avait à dire, dans l'Ecriture seule en version protestante, il n'y a plus place que pour une interprétation rationnelle ou critique des textes dans laquelle "le Saint-Esprit" ne peut jouer aucun rôle que théorique ou suspect), et la forêt obscure et bruissante des "esprits", que le dualisme implicite rend d'autant plus dangereuse (si ce n'est pas "LE Saint-Esprit" qu'est-ce donc, sinon le démoniaque, le diabolique, le pire ? la question même est périlleuse, puisqu'il y va de l'impardonnable "blasphème contre l'esprit", tout au moins dans son avatar canonique... Pas de zone intermédiaire, "neutre" ou "grise", pas de "plus ou moins", surtout en version protestante). Cela ressemble beaucoup au jeu de la littérature ou du cinéma avec le "fantastique": ou bien on a un pseudo-fantastique qui s'explique finalement de façon rationnelle, comme une erreur, ou bien on a un "fantastique" assumé qui s'auto-neutralise en tant que "genre" globalement "fictif". Le "fantastique" n'est "fantastique", efficace et inquiétant en tant que tel, qu'à la limite, tant qu'il ne s'explique pas, ou qu'on ne sait pas encore s'il va s'expliquer de façon "rationnelle" ou "générique". De la même façon, me semble-t-il, un christianisme qui s'ennuie dans la certitude de sa doctrine cherche des sensations "spirituelles", mais celles-ci se réfugient très vite dans la certitude de la doctrine face à l'inquiétude fondamentale de l'expérience "spirituelle" comme rapport au foncièrement inconnu. C'est le concept biologique ou plutôt antibiotique d'aseptie, ou de stérilisation, qui vient à l'"esprit", si l'on peut encore dire.

Evidemment, le "monde des esprits" est beaucoup plus ancien et complexe que sa problématisation monothéiste et dualiste, qui est essentiellement le fait de "la Bible", fait relativement tardif dans la Bible même (les textes les plus anciens y échappent, en revanche une perspective "canonique", juive et surtout chrétienne, n'y échappe pas), et l'a rangé en deux camps symétriques, pour ou contre le Dieu unique, soit avec Dieu soit avec le diable. Avant même les dieux et leurs esprits qui n'étaient pas tout bons ni tout mauvais, et à côté de ces dieux il y a eu les esprits des morts, des animaux, des arbres, des montagnes, des mers, des rivières, des astres, etc., qui n'étaient pas forcément "divins" et sûrement pas "diaboliques", mais plus ou moins bénéfiques ou maléfiques, utiles ou dangereux.

Ce n'est probablement pas un hasard si les résurgences modernes des "spiritualismes" chrétiens en marge des institutions et des dogmes ecclésiastiques coïncident avec celles des "spiritismes" en marge d'une société qui se veut rationnelle, scientifique et technique. Mais le chrétien ne peut guère percevoir cette coïncidence qu'au prisme de son dualisme: ou bien c'est le Saint-Esprit qui combat le diable sur son terrain, ou bien c'est le diable qui envahit sournoisement l'Eglise... On n'échappe guère à ce dilemme qu'en "psychologisant" l'affaire, c.-à-d. en faisant des "charismes" un phénomène au moins en partie "subjectif" -- ce qui est sans doute plus diplomatique que l'alternative Dieu ou diable, mais aussi plus anachronique par rapport à la Bible...
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MessageSujet: Re: de l'esprit (bien ?) tempéré   esprit - de l'esprit (bien ?) tempéré Icon_minitimeJeu 16 Mai 2019, 10:55

"Bien-aimés, ne croyez pas tout esprit ; examinez plutôt les esprits pour savoir s'ils sont de Dieu, car beaucoup de prophètes de mensonge sont sortis dans le monde. A ceci vous connaissez l'Esprit de Dieu : tout esprit qui reconnaît Jésus-Christ venu en chair est de Dieu ; et tout esprit qui ne reconnaît pas Jésus n'est pas de Dieu ; c'est celui de l'antichrist, dont vous avez entendu dire qu'il vient, et qui maintenant est déjà dans le monde." 1 Jean 4, 1-3 

Ce texte souligne la difficulté pour un croyant de reconnaitre l’Esprit de Dieu, a identifier ce qui émane vraiment de l’Esprit de Dieu, car il y a "beaucoup de prophètes de mensonge" qui semblent être inspiré par un (des) esprit(s), donc qui affirment  parler et enseigner en se donnant pour inspiré de Dieu.  Il faut donc "éprouvez les esprits", les évaluer et manifester une certaine méfiance.
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MessageSujet: Re: de l'esprit (bien ?) tempéré   esprit - de l'esprit (bien ?) tempéré Icon_minitimeJeu 16 Mai 2019, 12:07

(Voir éventuellement la fin de mon post précédent, rajoutée entre-temps.)

Il est certain que ce texte s'inspire (!), directement ou indirectement, du concept paulinien de "discernement des esprits", mais il faut aussi noter tout ce qui l'en distingue; et d'abord que dans les textes "johanniques" en général "l'esprit" (pneuma) n'est pas un concept théologique aussi central, et de loin, que dans le corpus paulinien (rien que statistiquement, ça se voit au premier coup d'œil sur une concordance: une référence johannique à "l'esprit" pour cinq pauliniennes, les seules épîtres aux Corinthiens et aux Romains totalisant déjà le triple des mentions johanniques). Dans le détail c'est encore plus évident; d'une part le pneuma garde sa valeur métaphorique (et donc concrète) de "souffle" ou "vent" (emblématiquement dans le dialogue avec Nicodème, Jean 3), en parallèle avec l'"eau" (aussi chap. 4 et 7), il dit l'"essence" même du divin comme la "lumière" et l'"amour" (ce que Dieu "est", 4,24), c'est seulement au fil des rédactions de la seconde partie de l'Evangile que le "paraclet" s'identifie à "l'esprit de vérité" puis à l'"esprit saint". Dans la Première épître, l'"esprit" n'arrive qu'en 3,24 et dans la suite (que tu cites), avant de revenir associé à l'eau et au sang en 5,6ss. Autrement dit, l'"esprit" est beaucoup moins conceptualisé que chez "Paul" (comme un bloc signifiant-signifié-référent-abstrait-concret dogmatique, "on sait ce que c'est") -- c'est une métaphore plus "vive" comme dirait Ricœur, qui donne à penser, plus que la désignation de quelque chose de "connu". D'autre part le johannisme ne s'intéresse nullement aux "charismes", il n'en parle pas, ni en bien ni en mal (ce qui est sans doute à rapprocher de l'absence des "esprits" ou des "démons" et des exorcismes dans le quatrième évangile; seule la foule parle de "démon", au sujet de Jésus, au chap. 10: "il a un démon" <=> "il est fou").

En 1 Jean 4, sans rouvrir l'épineux dossier de l'identification des "adversaires" présumés (on a pu y voir aussi bien des "[ultra-]gnostiques docètes", des "judaïsants" ou des "[proto-]catholiques", c'est dire !), on peut remarquer que le "critère" apparent (pour examiner les "esprits") est purement formel et ne requiert donc, en principe, aucune "inspiration", mais une simple "critique" rationnelle: il s'agit simplement de ce que les intéressés disent (confessent, reconnaissent, prêchent, enseignent); sur quoi ils peuvent être "reçus" ou non, par un raisonnement circulaire parfaitement assumé (ils ne pensent pas comme nous, c'est suffisant: cf. v. 5s).
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MessageSujet: Re: de l'esprit (bien ?) tempéré   esprit - de l'esprit (bien ?) tempéré Icon_minitimeJeu 16 Mai 2019, 12:32

Citation :
En 1 Jean 4, sans rouvrir l'épineux dossier de l'identification des "adversaires" présumés (on a pu y voir aussi bien des "[ultra-]gnostiques docètes", des "judaïsants" ou des "[proto-]catholiques", c'est dire !), on peut remarquer que le "critère" apparent (pour examiner les "esprits") est purement formel et ne requiert donc, en principe, aucune "inspiration", mais une simple "critique" rationnelle: il s'agit simplement de ce que les intéressés disent (confessent, reconnaissent, prêchent, enseignent); sur quoi ils peuvent être "reçus" ou non, par un raisonnement circulaire parfaitement assumé (ils ne pensent pas comme nous, c'est suffisant: cf. v. 5s).

En 1 Co 12,3 ; nous retrouvons la même notion de "critique rationnelle" comme moyen de déterminer si une personne s'exprime bien grâce à l'Esprit de Dieu :

"C'est pourquoi je vous certifie que personne, en parlant par l'Esprit de Dieu, ne dit : « Anathème à Jésus ! », et que personne ne peut dire : « Jésus est le Seigneur ! », sinon par l'Esprit saint."

Paul développe une argumentation assez "simpliste", personne ne peut dire sous l'inspiration de l'Esprit de Dieu : "Maudit soit Jésus", et nul ne peut dire : "Jésus est Seigneur", si ce n'est par l'Esprit Saint. Une confession de foi en Christ correcte est le signe de la présence de l'Esprit Saint. Qui sont ces croyants qui maudissent Jésus, en état extatique (peut-être) ?
La situation que traitait Paul dans l'Eglise des Corinthiens est-elle similaire à celle que rencontrait l'auteur de la première épître de Jean : "Qui est le menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ ? Le voilà, l'antichrist, celui qui renie le Père et le Fils." (2,22) ?
Certains contestaient-ils comme Jésus était bien le Christ ? 

Par opposition à 1 Jean 4, qui réclame la reconnaissance  de "Jésus-Christ venu en chair", il est paradoxal de constater que Paul clame le fait : "si nous avons connu le Christ selon la chair, maintenant nous ne le connaissons plus de cette manière" 2 Co 5,16
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MessageSujet: Re: de l'esprit (bien ?) tempéré   esprit - de l'esprit (bien ?) tempéré Icon_minitimeJeu 16 Mai 2019, 14:25

Dans un premier temps au moins "Paul" (disons celui de Corinthiens-Romains) fait clairement tout ce qu'il peut pour ramener l'"Esprit" de l'expérience à la doctrine, ou de la pratique à la théorie. Avant de juger cette démarche, il faut remarquer qu'elle a aussi quelque chose d'égalitaire et d'universalisant. L'esprit-expérience tend à mettre en avant les inspirations les plus "spectaculaires", devant l'esprit-doctrine en revanche tout le monde est sur le même pied. N'importe quel baptisé, confessant, communiant, au même titre que l'apôtre ou le prophète, a part égale à l'unique Esprit.

Que l'"inspiration" gnostico-charismatique puisse aboutir à un "anathème à Jésus", il ne faut pas trop s'en étonner puisqu'un certain paulinisme peut arriver sensiblement au même résultat (Galates 3, le Christ devenu malédiction pour nous; même le relatif mépris du "Christ selon la chair" en 2 Corinthiens 5 peut déjà s'interpréter comme allant dans ce sens-là). N'empêche qu'en 1 Corinthiens 12,3 la formule, qu'elle ait effectivement été prononcée par des "inspirés" ou qu'elle soit pure hypothèse, est récusée comme ne pouvant pas relever de "l'Esprit".

(J'espère revenir plus tard sur le problème des "antichrists" de 1 Jean qui est, comme je l'ai dit, très compliqué. Mais je trouve ton rapprochement antithétique avec 2 Corinthiens 5 extrêmement intéressant, et peu courant dans ce débat.)
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MessageSujet: Re: de l'esprit (bien ?) tempéré   esprit - de l'esprit (bien ?) tempéré Icon_minitimeJeu 16 Mai 2019, 14:34

Citation :
(J'espère revenir plus tard sur le problème des "antichrists" de 1 Jean qui est, comme je l'ai dit, très compliqué. Mais je trouve ton rapprochement antithétique avec 2 Corinthiens 5 extrêmement intéressant, et peu courant dans ce débat.)

Narkissos, c'est avec un grand plaisir que je lirais ton analyse, en attendant je vous propose l'extrait d'un article qui me parait intéressant :

 
Une communauté qui se souvient

Ces quelques caractéristiques de la passion selon saint Luc que nous venons de rappeler nous conduisent à souligner l'importance du souvenir dans la communauté chrétienne. Luc, comme tous les évangélistes, vit au milieu de chrétiens qui ont besoin de faire mémoire des événements passés pour en mieux comprendre le sens. Ainsi les évangiles constituent-ils un merveilleux instrument de catéchèse visant à fortifier la foi des croyants en faisant mémoire des événements fondateurs. Et dans ces évangiles, le récit de la passion joue un rôle très important. Pourquoi ? Parce que c'est dans la souffrance et la mort de Jésus que se jouent la vraie compréhension du christianisme, la vérité de la foi. Mal comprendre la passion du Seigneur, c'est détruire à jamais la vérité du christianisme.

Dans l'une de ses lettres, Paul rappelle aux croyants de Corinthe que « personne, parlant sous l'influence de l'Esprit Saint, ne peut dire 'maudit soit Jésus' » (1 Co 12, 3). Qu'est-ce à dire ? Y avait-il des chrétiens qui, sous le coup d'une inspiration considérée comme venant de l'Esprit Saint, déclaraient : « Maudit soit Jésus » ? C'est très possible, tout pris qu'ils étaient par le souvenir récent des religions à mystère païennes ? Peut-être avaient-ils envie de ne célébrer que Jésus Seigneur ressuscité, en cherchant à oublier définitivement le Jésus qui était réellement mort sur une croix, le Jésus souffrant et objet de mépris. Restait au cœur de leur foi le Jésus céleste, vivant dans la lumière, détaché à jamais du souvenir du crucifié.

Face à ces Corinthiens, Paul dut rappeler l'importance de la théologie de la croix. C'est le crucifié qui a été proclamé Seigneur, c'est celui qui a été abaissé qui est élevé. Au cœur de la foi chrétienne, il n'y a donc pas le ressuscité délié du crucifié, mais la proclamation que le crucifié a été ressuscité. https://www.bible-service.net/extranet/current/pages/200136.html
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MessageSujet: Re: de l'esprit (bien ?) tempéré   esprit - de l'esprit (bien ?) tempéré Icon_minitimeJeu 16 Mai 2019, 17:36

Pour rappeler sans trop répéter ce qui a été encore (re-)dit tout récemment ici, la valorisation de la "chair" appartient à une couche relativement tardive du quatrième évangile (celle qui ajoute le Prologue, avec le fameux "devenir chair" de 1,14, prologue dont le seul écho se trouve dans la conclusion du chapitre 20, avant l'ultime addition du chapitre 21: "mon Seigneur et mon Dieu" renvoyant au "était Dieu" de 1,1c; et même si le mot n'y est pas, le rapport à la "chair" est assez évident dans l'histoire de Thomas; en revanche, je laisse de côté l'ajout goinfro-eucharistique de 6,51-58, à mon sens encore plus tardif).

Les références des épîtres johanniques à "Jésus-Christ" (non "le logos" !) venu (au parfait: définitivement, une fois pour toutes) ou venant (au présent, continu ou permanent) "en chair" (respectivement 1 Jean 4,2 et 2 Jean 7) sont de toute évidence un prolongement de la même tradition (du Prologue de l'évangile). Mais prolongement dans quel sens ? S'il s'agissait d'une référence au "Jésus terrestre" ou "historique" (même sans y mettre notre sens moderne de l'"historique" opposé au "mythique" ou au "légendaire"), l'aoriste ponctuel eût été à tout le moins préférable (i.e. il est venu autrefois, à un certain point dans le passé). Au parfait ou au présent, il ne s'agit justement pas d'un "Jésus-Christ" qui aurait été "en chair" jadis, à un moment de l'histoire réelle ou imaginaire, mais qui l'EST de façon présente et permanente -- et c'est là que le rapprochement avec Paul, malgré la différence de vocabulaire et l'apparence contradictoire des énoncés, est à mon avis décisif. Dans le meilleur des cas la "chair" de l'individu "Jésus" appartiendrait au passé, elle n'aurait aucun sens "au ciel"; par contre, "Jésus-Christ" compris comme nom englobant du "mystère" ou de l'"événement" salvateur est toujours "en chair" -- dans la chair des croyants qui l'expérimentent, le "voient" et le "touchent", à la énième génération comme au commencement (cf. 1 Jean 1,1ss). Ce qui est finalement très proche de la doctrine paulinienne du "corps": le corps du Christ crucifié est ressuscité en corps "spirituel" et "ecclésial"; en langage johannique tardif (contrairement à Paul, pour qui "la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu", pas même pour le Christ qui ressuscite esprit vivifiant et corps spirituel-ecclésial, 1 Corinthiens), cela s'appelle la "chair" -- une "chair" qui n'appartient pas à l'"histoire" passée, mais à une foi et à une connaissance présentes dans la "chair" même des élus, à l'horizon du "monde"...

De ce point de vue, l'adversaire potentiel, ce ne serait pas seulement un pur spiritualisme gnostique et/ou docétique qui nierait toute "incarnation", mais aussi bien une orthodoxie historicisante qui reléguerait le Christ-en-chair dans le passé et n'envisagerait plus avec lui, au présent, qu'une relation purement "spirituelle" dans un sens extérieur et médiatisé, par le "Saint-Esprit" et ses médiations ecclésiastiques et sacramentelles.

Par rapport à cela, l'expression paulinienne de 2 Corinthiens 5 n'est pas si contradictoire qu'elle paraît au premier abord: ce qui s'oppose au "(connaître) Christ selon la chair", c'est la "nouvelle création", soit la "vie nouvelle" ou la "nouveauté de vie" qui découle pour les croyants de la résurrection du Christ (ce qui sera abondamment développé dans l'épître aux Romains, chap. 5--6; 8 en particulier). Mais l'intertextualité paulinienne suggère d'autres allusions: p. ex., le Christ "spirituel" du mystère chrétien s'oppose aux conceptions juives du "Messie" davidique ("Christ selon la chair", Romains 1,3s; 9,5), qui a encore d'ardents défenseurs "judéo-chrétiens" et "anti-pauliniens" (cf. tous les "apôtres" avec lesquels Paul entretient visiblement des relations difficiles, chap. 11; 1 Corinthiens 9; Galates).
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MessageSujet: Re: de l'esprit (bien ?) tempéré   esprit - de l'esprit (bien ?) tempéré Icon_minitimeVen 17 Mai 2019, 10:19

Merci Narkissos pour ces précisions.

"L'Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, quelques-uns abandonneront la foi, pour s'attacher à des esprits séducteurs et à des doctrines de démons, par l'hypocrisie de faux docteurs portant la marque de la flétrissure dans leur propre conscience, prescrivant de ne pas se marier, et de s'abstenir d'aliments que Dieu a créés." 1 Tim.4.1-3

L'auteur combat avec véhémence la spiritualité de certains croyants, qui avaient une tendance ascétique et une propension aux réflexions théologiques ("ils prétendent être docteurs de la loi, alors qu’ils ne savent ni ce qu’ils disent, ni ce qu’ils affirment si fortement" - 1,5). Pour décrédibiliser ces croyants et leur spiritualité, l'auteur affirme que l'Esprit lui-même, avait annoncé "expressément" leur présence et le fait qu'ils s'attacheraient  "à des esprits séducteurs".  Le texte oppose l'Esprit et les "esprits séducteurs" et les "doctrines inspirées par les démons", il n'apporte aucune preuve mais il porte de graves accusations, sous couvert de l'Esprit.


Dernière édition par free le Ven 17 Mai 2019, 11:14, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: de l'esprit (bien ?) tempéré   esprit - de l'esprit (bien ?) tempéré Icon_minitimeVen 17 Mai 2019, 10:53

Le principe même du jugement des "esprits" (prophéties, prophètes, etc.) sur le critère doctrinal ou "objectif" du contenu du "message" (par argument circulaire donc, au moins négatif: on estime savoir d'avance ce que l[e bon] "esprit" NE PEUT PAS dire, ni vouloir dire) se retrouve en effet dans tous les "camps", même opposés, et il se durcit avec les oppositions: c'est le même "principe" dans le johannisme (modérément) gnosticisant des épîtres "de Jean", et dans les "Pastorales" (Timothée-Tite) violemment anti-gnostiques, qui joue seulement en sens contraire, comme l'artillerie des deux camps sur un champ de bataille. La meilleure démonstration en est encore la Troisième épître de Jean, où les prédicateurs "johanniques" sont rejetés par un Diotrèphe à qui aucune hérésie n'est reprochée, qui agit simplement en bon petit évêque à la mode des Pastorales et considère manifestement, lui, que le "johannisme" est suspect d'hérésie...

Indépendamment du "contenu" visé, le principe même du critère doctrinal de rejet vient de très loin puisque c'est déjà celui du Deutéronome, en amont même du monothéisme stricto sensu. Le prophète qui parle au nom d'autres dieux est rejeté d'office, non qu'il ne soit pas "inspiré" ou que ses "dieux" n'existent pas (comme le [mé-]comprend fatalement une lecture monothéiste ou rationaliste), mais en raison de la "jalousie de Yahvé" ou, si l'on préfère, de la monolâtrie deutéronomiste: il n'a pas sa place en Israël (c'est le même critère, mutatis mutandis, qu'on retrouve dans la Didachè, voir supra: on ne "juge" pas le prophète parce qu'on se garde du "péché contre l'esprit", MAIS il n'est pas question d'accepter une prophétie qui va à l'encontre de la doctrine "apostolique" reçue dans la communauté).
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