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 négations, dénégations, reniements, renoncements, etc.

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Narkissos

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MessageSujet: Re: négations, dénégations, reniements, renoncements, etc.   négations, dénégations, reniements, renoncements, etc. - Page 2 Icon_minitimeVen 19 Mar 2021, 15:00

Présentation exceptionnellement claire et intelligente d'un sujet, si l'on peut dire, qui (nous) aura fait beaucoup parler -- il faut parfois parler ou écrire beaucoup pour ne rien dire, tout en étant certain de ne jamais y arriver... L'autre solution serait de ne jamais commencer, mais pour celle-là il est toujours déjà trop tard quand on y pense.

En attendant, dire c'est nier, dénier, renier, encore et toujours, implicitement ou explicitement, avec la seule arme de la négation qui est aussi l'ennemi; nier ce qu'on a affirmé comme ce qu'on a nié, sans fin tant qu'il y a du langage, bien au-delà de la mort particulière, de la mort d'une langue ou même de l'extinction de l'espèce parlante, s'il reste quelque part un signe, une trace qui risque d'être interprété(e); nier : rien, souveraine et fortuite anagramme.
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MessageSujet: Re: négations, dénégations, reniements, renoncements, etc.   négations, dénégations, reniements, renoncements, etc. - Page 2 Icon_minitimeDim 12 Nov 2023, 13:16

Je viens de remarquer un détail, ou plutôt son absence, que je veux noter quelque part -- pourquoi pas ici. (A la relecture du fil il m'y semble tout à fait à sa place.)

On a souvent souligné que dans le premier récit de la Genèse, 1,1--2,4a, il n'y a aucune malédiction, que des bénédictions -- contrairement au second (2,4b--3); de même, que du "bon" et pas de "mauvais"... je m'aperçois (bien tardivement, et sauf omission de ma part) que dans ce texte il n'y aurait même pas de négation -- ce qui serait statistiquement beaucoup plus étonnant: rien que dans le second il y en a une quinzaine, aussi bien sous la plume du narrateur que dans la bouche de Yahvé-dieu, du serpent ou de la femme, la plupart essentielles à la narration; plus généralement il est rarissime de trouver une page (de la Bible ou d'aucun texte) sans négation. La première négation arrive en 2,5, "il n'y avait pas (encore)", façon Enuma Elish, pour décrire ce qui pré(-)cède la "création"... Dans le premier récit ce que nous avons tendance à qualifier de "négatif" (tohu-bohu, tehom-abîme, hoshekh-ténèbres) est exprimé sans aucune négation... (ce que je ne peux d'ailleurs, moi, pas faire remarquer sans multiplier les négations).

Cela concernerait aussi ce fil: je ne suggère pas que cette absence résulte d'une pensée ou d'une intention consciente, mais inconsciente elle n'en serait pas moins remarquable -- dans la "création" (poièsis d'après le grec) l'être, le devenir, l'advenir (hyh omniprésent, lui, dès le v. 2, avant même le premier mot divin du v. 3 qui n'est pas en hébreu "la lumière" mais le "soit", fiat, yehi = hyh au jussif, genethètô en grec, qu'advienne, qu'il y ait) se disent (d'abord) sans négation: l'être, ou l'événement, n'a pas besoin de (se) nier pour différer et se différencier, être diversement nommé et séparé. On pourrait parler de positivité pure si ce mot ne sub/posait pas l'antithèse et l'anté-thèse d'un négatif (le fond sans fond, Abgrund, Ungrund, sur quoi c'est "posé", tithèmi ou ponere, d'où ça sort ou dont ça se détache).
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MessageSujet: Re: négations, dénégations, reniements, renoncements, etc.   négations, dénégations, reniements, renoncements, etc. - Page 2 Icon_minitimeLun 13 Nov 2023, 11:15

Négation, contrariété et contradiction (Un article assez ardu)
Sur la théorie éliminativiste de la négation dans l'idéalisme anglais
Jean-Philippe Narboux

Hegel. Mais en ce sens qu’il atteste, mieux que le jugement négatif, que

Toutes les négations vraies ne sont rien d’autre que des limitations

D’où il suit que

Nul ne peut penser une négation de manière déterminée, si ce n’est en la fondant sur l’affirmation opposée 

Appliquée au jugement indéfini dans son acception hégélienne (i.e. restreinte), la thèse kantienne du primat de l’affirmation conduit tout droit à la thèse des idéalistes anglais sur le jugement indéfini. Car une négation, en tant que limitation, n’aura de sens qu’autant qu’il y aura quelque chose à limiter. Pour autant que leur finalité propre est d’exclure une erreur, remarque Kant, les jugements négatifs ne peuvent avoir un sens que là où l’erreur en a elle-même un, c’est-à-dire là où l’erreur est possible.

(...)

En résumé, s’il n’est de négation qu’intentionnelle, c’est qu’il n’est d’intentionalité que systématique. Il s’agit maintenant de comprendre en quoi consiste la systématicité propre à la négation, et en quoi elle est au principe d’une solution à notre problème initial : satisfaire DC.

https://www.cairn.info/revue-archives-de-philosophie-2005-3-page-419.htm
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MessageSujet: Re: négations, dénégations, reniements, renoncements, etc.   négations, dénégations, reniements, renoncements, etc. - Page 2 Icon_minitimeLun 13 Nov 2023, 13:56

Merci. Ce n'est pas si difficile si on prend le temps de tout lire, car le vocabulaire "technique" (ou l'emploi arbitraire ou conventionnel de termes qui ne correspond pas à leur usage courant, comme l'opposition entre "contraire" et "contradictoire", sans parler des abréviations et symboles) est illustré par des exemples.

Mais il faut surtout comprendre de quoi on parle ici, d'une "logique" qui ne concerne en fait qu'une infime partie du langage, les "prédications" ou "propositions prédicatives" de structure "S est P", "sujet est prédicat" (ou attribut), ou réductibles à cette structure, les seules susceptibles d'une négation "logique", un "non" équivalant à "c'est faux". Encore faut-il y distinguer la question du "sens" et celle de la "vérité", car une proposition jugée fausse peut ou non avoir un sens, et ce sens ne varie pas selon qu'elle est affirmée ou niée, ni vraie ou fausse -- ce que les scolastiques du moyen-âge avaient déjà compris: "Dieu existe" ou "Dieu n'existe pas" ont, en ce sens précis, le même sens, parce qu'elles expriment le même concept dans l'affirmation comme dans la négation; elles n'ont de sens contraire (au sens du jugement) que parce qu'elles ont le même sens (au sens de la signification de ce qui est affirmé ou nié).

Mais la majeure partie du langage échappe à cette "logique" (binaire en principe, selon le principe de [non-]contradiction ou du tiers exclu, tertium non datur, ou c'est vrai ou c'est faux, mais qui se complique elle-même à l'infini), comme l'avait déjà noté Aristote: il n'y a pas de pire sottise, dans une telle "logique", que de l'appliquer où elle ne s'applique pas. Par exemple, tout ce qui relève grammaticalement non de l'indicatif (qu'on peut ramener à une proposition logique, c'est vrai ou c'est faux), mais du subjonctif, de l'impératif, du jussif ou de l'optatif (cf. les exemples du premier récit de la Genèse dans mon post précédent): d'un ordre, d'une prière, d'une requête, d'un souhait, d'un désir, on ne peut pas dire qu'il est vrai ni faux, mais qu'il est (sera) ou non entendu, accepté, compris, obéi, exaucé, réalisé, ce qui n'a plus rien à voir avec la logique mais tout à voir avec "l'être" ou "l'événement", de qui arrive (ou pas), le "contingent" si l'on veut. Dire "oui" ou "non" à ce genre de phrase c'est tout autre chose que de dire "oui = c'est vrai" ou "non = c'est faux" ou "ça n'a pas de sens" à une proposition "logique"; quoique sous une proposition d'apparence logique se cache souvent tout autre chose, comme le montrera Austin avec le concept de speech act ou "performatif" ("la séance est ouverte", c'est un indicatif qui ne se réfère à rien d'autre qu'à ce qu'il fait en le disant, c'est vrai dès lors que c'est dit). Et même la négation "logique" est hantée par la "légion" des gestes du "non", comme je le suggérais au début de ce fil (tuer, repousser, rejeter, retrancher, laver, effacer, arracher, anéantir, détruire).

Soit dit en passant, c'est un grand mérite de Wittgenstein que d'avoir re-marqué la différence radicale entre la "logique" et l'"être" ou "l'événement", avant Heidegger; même s'il a d'abord préféré "taire" ce dont "on ne peut pas parler" ("logiquement"), ce qui était encore une forme de négation non "logique" (renoncement ?)...
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MessageSujet: Re: négations, dénégations, reniements, renoncements, etc.   négations, dénégations, reniements, renoncements, etc. - Page 2 Icon_minitimeVen 17 Nov 2023, 10:58

Citation :
Entre Parménide, οὐκ ἔστι µὴ εἶναι, "il n'est pas de ne pas être", et Maître Eckhart: daz niht in der helle brinnet, "c'est le non (le néant, le rien ?) qui brûle en enfer", il y aurait de quoi penser.


1.1 Qu'est-ce qu'« un rien»?

Qu'est ce qu'« un rien »? La question se pose puisque Eckhart affirme que « Dieu est un rien » et non que « Dieu n'est rien ». Lui-même a d'ailleurs consacré à la question le Sermon dont est extraite l'expression qui figure en titre du présent texte. 

« Il me semble que ce petit mot (rien - niht) a quatre significations », commentait-il. Examinons-les une à une.

1- « Quand saint Paul se releva de terre, les yeux ouverts, il vit rien et ce rien était Dieu (... sach er niht, und daz niht was got), car lorsqu'il vit
Dieu, il le nomma un rien (das heizet er ein niht) »

2- « Lorsqu'il se releva il ne vit rien que Dieu (ensach er niht wan got) »

3- « En toutes choses il ne vit que Dieu (in allen dingen ensach er niht wan got) »

4- « Quand il vit Dieu il vit toutes choses comme un rien (dô er got sach, do sach er alliu dinc als ein niht)  »

(...)

Dans le Sermon 5b, Eckhart propose un éclaircissement majeur sur le « rien » :

On demande ce qui brûle en enfer. Les maîtres disent communément que c'est la volonté propre. Mais je dis en vérité le rien brûle en enfer.

Cet énoncé pour le moins surprenant appelle quelques commentaires. Eckhart lui-même vient au secours de son lecteur :

Ecoute cette comparaison. Que l'on prenne un charbon ardent et le pose sur ma main. Si je disais que le charbon brûle ma main, je lui ferais vraiment tort. Si je veux parler justement de ce qui me brûle : c'est le rien qui le fait, car le charbon a en soi quelque chose que ma main n'a pas. Voyez, c'est ce même rien qui me brûle. Si ma main avait en soi tout ce qu'est le charbon et ce qu'il peut réaliser, j'aurais absolument la nature du feu. Celui qui prendrait alors tout le feu qui brûla jamais et le secouerait sur ma main, cela ne pourrait pas me faire mal.

Je dis de la même manière : de même que Dieu et tous ceux qui contemplent Dieu ont en soi dans la véritable béatitude ce que n'ont pas ceux qui sont séparés de Dieu, ce rien tourmente les âmes qui sont en enfer plus que la volonté propre ou quelque feu.

Jeanne Ancelet-Hustache traduit niht par « néant »; Paul Petit par « non ». Linguistiquement, les deux interprétations me paraissent correctes, bien que pour ma part je m'en tienne à « rien » car cette décision me semble en meilleure congruence avec l'ensemble des textes. Toutefois, la traduction de Paul Petit facilite la compréhension du passage cité ci-dessus : brûler le « non », c'est brûler l'opposition, c'est consumer toute
dualité. 

Ce qui brûle en enfer, c'est l'opposition du « rien » et du « quelque chose », c'est la dualité. Et le résultat de cette combustion, c'est l'unité. Et la combustion elle-même est unification. Une opposition qui se consume, c'est une unité qui se construit.

https://www.erudit.org/fr/revues/theologi/1996-v4-n2-theologi2887/602439ar.pdf
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MessageSujet: Re: négations, dénégations, reniements, renoncements, etc.   négations, dénégations, reniements, renoncements, etc. - Page 2 Icon_minitimeVen 17 Nov 2023, 12:31

Merci pour cette présentation riche et claire de J.F. Malherbe, qui mérite d'être lue attentivement (ce n'est pas très long); une fois de plus je recommanderais avant tout de lire Eckhart lui-même, ce qui est facile en traduction, plus encore dans ses sermons adressés à un large public -- religieux, mais peu instruit -- que dans ses traités universitaires... C'est, je l'ai souvent dit, une de mes plus belles rencontres à la sortie du jéhovisme, d'autant qu'elle offrait un écho extraordinaire à ma petite "expérience", si l'on peut parler d'expérience pour ce qui est précisément l'impossible, pourtant possible en tant qu'impossible: se quitter (cf. la suite de l'article), étrangement, ça ne se peut pas mais ça arrive (peut-être aussi souvent qu'on arrête de fumer selon Oscar Wilde -- ça se dit aussi quit en anglais); et on y retrouve fatalement le reniement ou renoncement (arneomai) évangélique, autrement dit "la croix", fût-ce dans le geste le plus anodin (partir, c'est mourir un peu vs. martyr(e), c'est pourrir un peu)...

L'image du feu dans ton extrait résonne également avec ce que je disais hier du miracle de la fournaise en Daniel 3, qui passe par l'eau (brume, rosée) dans l'addition grecque -- j'ai pensé à Eckhart à ce propos, mais tout cela s'inscrit dans une façon de penser qui s'origine dans l'hellénisme, y compris juif, et dans laquelle nous sommes encore avec la technoscience moderne: tout peut devenir tout car c'est au fond le même, la même chose ou le même rien.

Je me disais aussi, en lisant cet article, que la scolastique nourrie de la redécouverte occidentale d'Aristote revenu d'Orient notamment par des penseurs musulmans, arabes ou persans, et combinée au fond néo-platonicien antérieur, trouve aussi, fort logiquement, des affinités avec l'islam; et avec les résurgences européennes de la "gnose", notamment le catharisme auquel Eckhart a probablement eu affaire et qui n'a sûrement pas manqué de lui donner à penser. Quoi qu'il en soit des influences, la pensée de l'un est, par nature si l'on peut dire, paradoxalement ambivalente, selon la commune singularité de l'un (1) et du zéro (0, sifr en arabe, mais spr est déjà en hébreu le compte et le conte, le récit, l'écriture et le livre, avant de se spécialiser dans le voyage, sfr d'où safari), à la fois nombre(s) et contraire(s) du nombre (deux, trois, plusieurs); comme celle de l'être et du néant, ou de rien et d'un rien (en français de l'accusatif de res, rem, chose, d'où aussi "réel"...). Bien entendu, indépendamment des influences historiques, cette généalogie relativement occidentale rejoint aussi des pensées encore plus orientales, hindouisme, bouddhisme, taoïsme...


Dernière édition par Narkissos le Ven 17 Nov 2023, 13:08, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: négations, dénégations, reniements, renoncements, etc.   négations, dénégations, reniements, renoncements, etc. - Page 2 Icon_minitimeVen 17 Nov 2023, 13:06

Le néant, ce n’est pas rien (Version simplifiée)

L’être et le néant

Selon Antoine Cantin-Brault, les deux philosophes allemands mis en avant dans le livre ont « pris au sérieux le néant », et ce même s’ils sont occidentaux. Cependant, Hegel et Heidegger, même en poussant l’approche héraclitéenne au maximum, sont limités par cette dernière.

« Hegel et Heidegger ont essayé de penser le néant à travers Héraclite. Mais par Héraclite, l’être et le néant sont dans une relation d’unité et l’être est premier sur le néant. Maintenant, l’unité de l’être et du néant chez Hegel et Heidegger sont différentes. Mais la conception occidentale d’Hegel et Heidegger les force toujours à commencer par l’être. L’approche héraclitéenne, qui est finalement une approche très occidentale pour penser le néant, n’est peut-être pas la meilleure. »

Le professeur de philosophie tire alors quelques conclusions de son étude. « Est-il possible de penser le néant indifféremment de l’être? », s’interroge Antoine Cantin-Brault.

Finalement, entre ses premières recherches et les derniers mots qu’il a pu écrire, le néant a évolué pour Antoine Cantin-Brault. Il donne quelques éléments sur son néant. « J’ai l’impression que le néant est un lieu auquel nous n’avons pas nécessairement accès, mais à partir duquel ça nous permet d’avoir accès à tout. C’est un lieu de pensée. D’où le titre du livre. Car penser le néant, c’est penser la limite de la pensée. C’est au bout de là où la pensée s’avoue un peu vaincue. Le néant, on peut juste l’approcher, car y entrer qu’est-ce que c’est? La mort? Mais cette approche est pertinente, ça nous permet de comprendre le monde dans lequel on est. »

https://www.la-liberte.ca/2023/09/10/le-neant-ce-nest-pas-rien/


Hegel, Heidegger et la question du néant (Version ardue)

6 La pensée du néant est un néant de pensée. Dire « le néant est A ou B » est une contradiction qui stoppe le discours dès son commencement – une « mê-onto-logique » est donc un objet monstrueux.

7 Au sens plus large d’une exigence logique de connaissance, pour qu’il y ait néant, il faut qu’il y ait négation du tout (et non d’une simple partie) de ce qui est. Or quel est le moteur de cette négation ? C’est « l’opération de négation ». Verneinung dit plus que Negation et ce supplément désigne l’activité d’un entendement (Verstandshandlung) . Autrement dit, la pensée logique du néant suppose l’opérateur « négation » qui lui-même ne peut jouer que par l’activité du logicien. Double origine de néant : la négation et le sujet.

8 Heidegger impose un renversement : « N’y a-t-il le Néant que parce qu’il y a le non, c’est-à-dire l’acte de nier (Gibt es das Nichts nur, weil es das Nicht, d.h. die Verneinung gibt) ou bien est-ce l’inverse (oder liegt es umgekehrt) ? » La voie dessinée par Heidegger est ici celle d’un Néant plus originaire non seulement que toute négation logique mais encore que toute opération subjective de négation. 

https://www.cairn.info/revue-de-metaphysique-et-de-morale-2006-4-page-437.htm#:~:text=La%20pens%C3%A9e%20du%20n%C3%A9ant%20est,est%20donc%20un%20objet%20monstrueux.
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MessageSujet: Re: négations, dénégations, reniements, renoncements, etc.   négations, dénégations, reniements, renoncements, etc. - Page 2 Icon_minitimeVen 17 Nov 2023, 17:00

Le second article est en effet difficile (la perte des termes grecs en transcription automatique n'arrange rien), mais extrêmement intéressant -- je constate que son auteur est mort en 2014, à l'âge de 55 ans... Pour information, deux volumes de Heidegger qui n'étaient pas encore traduits en français à la date de l'article (2006) l'ont finalement été (tant bien que mal) depuis, Hegel l'année suivante et les Beiträge ou Apports à la philosophie (dont nous avons déjà parlé ici ou ) en 2013. -- En guise de récréation, le sonst [gar] nichts m'a rappelé le refrain de Marlene Dietrich dans L'ange bleu de Sternberg, tandis que le "sinon rien" qui le traduit en français ne me rappelle qu'une pub de pastis... on a les références qu'on peut.

Je remarque quand même que cette étude rejoint une de mes intuitions, bien plus primaire (cf. le post initial): que sous l'apparente simplicité binaire et symétrique de la négation "logique" (oui ou non, vrai ou faux, tiers exclu, double négation = affirmation, comme si ça tournait en rond et retombait toujours sur ses ieds), dont Hegel avait déjà fait ressortir plus qu'aucun autre la virtualité dynamique, les ressorts et les déplacements insoupçonnés (tout en refermant en système leur "progrès dialectique"), se cache une bien plus complexe diversité de gestes, qui ne se limitent pas à "poser" et "enlever" ("thétique" et "arsique" dans le frangrec de Mabille, mais on reconnaît bien aussi dans le second l'Aufhebung hégelienne, supprimer et conserver, que Derrida traduisait "relever"). Ce n'est pas seulement la négation logique, mais toutes les formes "existentielles" de refus, rejeter, repousser, tuer, couper, démolir, arracher, couvrir, enfouir, effacer, laver, etc., qui peuvent déboucher différemment sur ce que Heidegger appelle Sein, Seyn, en le barrant parfois d'une croix, ou ce que Platon ou Plotin appelaient "au-delà de l'être" (ou de l'"essence" ou de l'"étantité"), epekeina tès ousias: autrement dit ouvrir ce qui est (l'étant) sur ce qui, au-delà ou en-deçà, ne peut pas être dit "être" comme une "chose", en un sens donc n'est "rien", et sans quoi pourtant rien (aucune chose) ne serait conçu(e) comme "étant". Parler à cet égard de tremblement, de vibration ou d'oscillation originaire, entre oui et non, tout et rien, être et néant, 1 et 0, avec toutes les analogies lumineuses ou sonores (toujours ondulatoires pour la physique moderne) que ça convoque, c'est encore une image et un mythe (on peut penser au Faust de Goethe, au commencement était l'acte, die Tat au lieu du logos), mais dont une pensée ne peut guère se priver qu'en se détournant de l'"essentiel", en plus d'un sens de ce terme.

---

Accessoirement, je me suis souvenu d'un vieux fil sur le "rien", il y a déjà 15 ans; il avait vite et beaucoup dévié, mais le début est intéressant à relire: il y a une expérience relative, intensive et quantitative, du moins et du moindre, associée à une dynamique (tendancielle ou vectorielle) de l'amoindrissement (baisse, abaissement ou humiliation, descente ou chute, soustraction ou retranchement, ablation ou mutilation, perte et manque, privation et pauvreté, abandon, kénose ou dépouillement, infériorité, faiblesse, etc.); tout ce qui porte le signe (aussi mathématique) du moins (-) appelle une pensée de la différence qui ne se réduit pas à la négation logique, à la contradiction ou à l'opposition symétrique, ni à un rien absolu dont il n'y aurait aucune expérience, mais qui garde à cela tout un certain rapport décisif. Différance aussi temporelle puisqu'il s'agit d'un mouvement ou d'un changement (altération, itération), tendant vers un rien qu'il n'est pas question -- pour aucun "sujet" -- d'atteindre.
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