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| Pourquoi les Témoins de Jéhovah célèbrent-ils le Repas du Seigneur différemment ? | |
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Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Pourquoi les Témoins de Jéhovah célèbrent-ils le Repas du Seigneur différemment ? Mer 01 Avr 2020, 18:16 | |
| Je dirais qu'on a affaire à une économie un peu différente de l'émotion et de la raison: le nom de Jéhovah peut être aussi investi d'affect(ion) "mystique" -- voire "érotique" -- dans le "coeur" d'un TdJ que celui de Jésus dans le coeur d'un (autre) chrétien; les portraits évangéliques, (plus ou moins) "humains", de Jésus font à peine la différence, puisque pour le TdJ ils traduisent la "personnalité" de Jéhovah (la "divinité du Christ" chassée par la porte revient par la fenêtre). Quant aux zones d'irrationalité de la croyance, ou aux points aveugles de la raison, ils sont distribués un peu autrement -- dans le passé biblique et dans l'avenir eschatologique où l'on peut imaginer le plus invraisemblable, ou dans le rapport mystérieux entre "l'organisation" et "l'esprit saint", plutôt qu'assumés par la foi individuelle du croyant; mais à vrai dire il en va à peu près de même chez le catholique ou le protestant dogmatique, qui peut être très "rationnel" pour sa part mais prêt à croire n'importe quoi pour peu que ça vienne de l'Ecriture, de la Tradition, du Magistère ou de la confession de foi de son Eglise (rayez les mentions inutiles).
Du reste la "mystique" personnelle tend aussi à subvertir le sens du "sacrement" ou du "mystère" au point même où elle l'accomplit: si le Christ est "en moi", "je" ne suis plus seulement celui qui reçoit, mais aussi bien celui qui (se) donne; et tout ce que Jésus dit, "je" peux le dire -- "ceci est mon corps" comme "je suis le chemin, la vérité, la vie" ou "mon dieu, pourquoi m'as-tu abandonné". Ce qui relève en l'occurrence d'un mystère christique particulier relève aussi de la loi générale de transitivité infinie des pronoms personnels (à l'oeuvre par exemple dans la lecture privée ou publique des psaumes: "je" ou "nous", c'est toujours "moi" ou "nous", même si c'est aussi David, Jésus ou n'importe qui). Là encore, l'interprétation "extérieure" ou "exotérique" du "mystère" en cache plus d'une autre, intérieure ou "ésotérique" mais aussi fort banale. |
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| Sujet: Re: Pourquoi les Témoins de Jéhovah célèbrent-ils le Repas du Seigneur différemment ? Jeu 02 Avr 2020, 10:30 | |
| En troisième lieu le Concile de Trente nous enseigne que la présence du Christ dans le sacrement est substantielle. Le mot de substance utilisé dans notre contexte n'est pas un terme de technique philosophique, tel qu'on peut le trouver dans la philosophie d'Aristote. Il trouve sa source dans le haut Moyen Age, bien avant que les oeuvres d'Aristote fussent diffusées. Dans le langage commun le mot de substance désigne la réalité de base d'une chose, ce qu'elle est en elle-même. Dérivées de la racine latine sub-stare, elle signifie ce qui se tient sous les apparences... ? Vous pouvez ne pas me reconnaître lorsque j'enfile un déguisement ou lorsque je suis malade, mais je ne cesse pas d'être la personne que j'étais, ma substance est inchangée. Il n'y a rien d'obscur à propos de la signification de, substance dans ce contexte.
Le mot de substance, signifie ce qu'une chose est en elle-même, peut être considérée en contraste avec le mot de fonction, qui se réfère à l'action. Le Christ est présent en sa force dynamique et en son action dans tous les sacrements, mais dans l'Eucharistie sa présence est en plus substantielle. On peut pour cette raison adorer l'Eucharistie. C'est le plus grand des sacrements. Après la consécration le pain et le vin sont devenus en un chemin bien mystérieux le Christ lui-même. Vatican Il s'est orienté vers St Thomas pour dire avec lui que le sacrement contient à lui seul les richesses spirituelles de I'Eglise. Celle-ci n'a pas d'autres richesses que le Christ qui se communique à nous.
Le Concile de Trente a aussi envisagé le processus par lequel advient cette présence du Christ. Il affirma que le pain et le vin avaient changé ils ont cessé ce qu'ils étaient et sont devenus ce qu'ils n'étaient pas. Toute la substance du pain et du vin est devenue la substance du corps et du sang du Christ. Et comme le-Christ ne peut être divisé, ils deviennent aussi l'âme et sa divinité (DS 1640,1642) Tout le Christ est rendu présent sous chacune 'de ces deux formes. [url=https://centenaire.charlesdefoucauld.org/IMG/pdf/10 La pr%C3%A9sence du Christ dans Eucharistie.pdf]https://centenaire.charlesdefoucauld.org/IMG/pdf/10%20La%20pr%C3%A9sence%20du%20Christ%20dans%20Eucharistie.pdf[/url] |
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| Sujet: Re: Pourquoi les Témoins de Jéhovah célèbrent-ils le Repas du Seigneur différemment ? Jeu 02 Avr 2020, 11:25 | |
| Je disais plus haut que la coexistence d'interprétations différentes du même "sacrement" dans une même Eglise me semblait plutôt une bonne chose. C'était, bien sûr, dans la mesure où elles restent implicites, voire tacites, dans le silence ou la liturgie réglée de l'acte rituel qui unit une "communauté" par-delà les divergences; mais pour autant qu'elles tiennent à s'expliquer, il en résulte un bavardage interminable... éternel problème du christianisme occidental, Eglises catholique et protestantes confondues. |
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| Sujet: Re: Pourquoi les Témoins de Jéhovah célèbrent-ils le Repas du Seigneur différemment ? Jeu 02 Avr 2020, 12:11 | |
| Mémorial de la mort de Jésus Le soir avant de mourir, Jésus a dit à ses disciples de commémorer sa mort. Il a dit : « Continuez à faire cela en souvenir de moi » (Luc 22:19). Cette année, la commémoration annuelle du sacrifice de Jésus Christ aura lieu le mardi 7 avril. https://www.jw.org/fr/temoins-de-jehovah/memorial/
L'eucharistie semble être pour la Watch essentiellement et principalement (voir, se limite à cette notion de souvenir), un "mémorial", un rite qui permet de se souvenir d'un évènement, une manière de ne pas l'oublier. Dans le NT, cette idée est présente ("en souvenir de moi"), mais Est-ce le seul sens de l'eucharistie ?
Le terme de mémorial requiert une explication. L’Apôtre Paul transmet la Tradition selon laquelle le Christ a prescrit de faire « ceci en mémoire de moi » (1 Corinthiens 11, 24.25), anamnesis en grec. Si le terme est présent dans la culture hellénistique, il n’y fait cependant pas référence à un repas funéraire, alors que dans la culture latine, les repas funéraires commémoratifs sont connus. Ce qu’il est intéressant de souligner dans l’usage que Jésus fait de « mémoire » ou de « mémorial », c’est que l’expression « faites ceci en mémoire de moi » « suppose une célébration qui a eu lieu : « ceci », « une célébration qui actualise le sacrifice de la Nouvelle Alliance, nouvelle et éternelle. Quand il dit : « en mémoire de moi », il semble que l’on doive comprendre : faites ceci afin que Dieu se souvienne de mon activité pour réaliser l’Alliance qu’il a voulue de toute éternité » (A. Nocent, « Mémoire, mémorial », /Catholicisme, hier, aujourd’hui, demain, vol. VIII, col. 1142). Les événements passés sont ainsi d’une certaine façon présents et actuels. « C’est de cette manière qu’Israël comprend sa libération d’Égypte : chaque fois qu’est célébrée la Pâque, les événements de l’Exode sont rendus présents à la mémoire des croyants afin qu’ils y conforment leur vie » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1363).
Il ne s’agit donc pas d’un simple souvenir d’un événement appartenant au passé. Celui qui le croirait serait gravement dans l’erreur. Chaque fois que la messe est célébrée, c’est le Sacrifice du Christ sur la Croix, anticipé de façon sacramentelle dans l’Eucharistie du Jeudi Saint, qui est « rendu présent » à l’autel, au cœur de la communauté des croyants et pour la vivifier afin qu’elle chemine en direction du royaume, du ciel. Le mémorial renferme une dimension « eschatologique », c’est-à-dire relative à eschata, les « dernières choses » qui se produiront à la fin du monde, quand le Christ « reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts » (Je crois en Dieu). « Le mémorial a donc deux dimensions fondamentales : l’actualisation d’un passé dans le présent, le souvenir de Dieu qui donne la force de cheminer vers l’avenir et de construire le royaume qui est présent et qui vient » (A. Nocent, cité). Pour le dire autrement, le Sacrifice du Christ « se rend présent, se perpétuant sacramentellement, dans chaque communauté qui l’offre par les mains du ministre consacré » (Jean-Paul II, encyclique L’Église vite de l’Eucharistie, n° 12). http://www.dominique-le-tourneau.fr/La-messe-comme-memorial |
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| Sujet: Re: Pourquoi les Témoins de Jéhovah célèbrent-ils le Repas du Seigneur différemment ? Jeu 02 Avr 2020, 16:27 | |
| Ce n'est sûrement pas le seul sens de l'eucharistie, d'autant que l'ensemble des interprétations néotestamentaires n'épuise pas le(s) "sens" possible(s) de l'eucharistie (témoin l'interprétation de la Didachè, tout aussi ancienne mais qui n'a pas eu la chance d'être "canonisée": ni "mémorielle" ni "sacrificielle", mais "sapientiale"; ni "corps" ni "sang" mais "sagesse" ou "connaissance", dans un sens très proche du premier discours de Jean 6, le "pain du ciel"; point de contact remarquable entre les tendances "judéo-chrétiennes" et "gnostiques" qu'on a longtemps crues opposées).
On peut remarquer que le sens "mémoriel" est par définition tardif (cf., dans les très tardives Pastorales, 2 Timothée 2,8: "souviens-toi de Jésus-Christ"), et que la mise en scène évangélique lui donne la situation d'un paradoxe temporel: on se "souvient" de l'événement avant qu'il se produise, comme on s'en souviendra après -- à la façon de la la "répétition" d'une pièce de théâtre avant et après la "première", sauf qu'en l'occurrence il n'y aura jamais eu de "première", dans la mesure où l'"événement" de la Passion, anticipé et remémoré dans la Cène, ne lui aura jamais été "simultané"... |
| | | free
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| Sujet: Re: Pourquoi les Témoins de Jéhovah célèbrent-ils le Repas du Seigneur différemment ? Ven 03 Avr 2020, 10:46 | |
| Les paroles de Jésus consignées en Jean 6:53, 54 indiquent-elles que les participants au pain et au vin seront les seuls à recevoir la vie éternelle ?
Jean 6:53, 54: “Jésus leur dit: ‘En toute vérité je vous le dis: si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’avez pas de vie en vous. Celui qui se nourrit de ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour.’”
De toute évidence, les disciples ne devaient manger la chair de Jésus et boire son sang que d’une manière figurée, sans quoi ils auraient transgressé la loi divine (Genèse 9:4; Actes 15:28, 29). Néanmoins, il est à noter que Jésus n’a pas énoncé la déclaration rapportée en Jean 6:53, 54 lorsqu’il institua le Repas du Seigneur. Aucun de ses auditeurs ne se doutait qu’aurait lieu une célébration au cours de laquelle la chair et le sang du Christ seraient représentés par du pain et du vin. Environ un an s’est écoulé avant que cette disposition ne soit mise en place; en outre, l’apôtre Jean ne commence à retracer le Repas du Seigneur que plus de sept chapitres après (en Jean 14) dans l’Évangile qui porte son nom.
En ce cas, dans quel sens figuré peut-on ‘manger la chair du Fils de l’homme et boire son sang’ autrement qu’en participant au pain et au vin lors du Mémorial? Remarquez cette précision de Jésus: ceux qui mangeraient sa chair et boiraient son sang auraient “la vie éternelle”. Or, plus haut, au verset 40, lorsqu’il expliqua ce qu’il faut faire pour avoir la vie éternelle, il montra que la volonté de son Père était que “quiconque voit le Fils et exerce la foi en lui ait la vie éternelle”. Il est donc logique de penser qu’on ‘mange la chair du Christ et qu’on boit son sang’ dans un sens figuré, en exerçant la foi dans le pouvoir rédempteur de la chair et du sang que Jésus a offerts en sacrifice. Tous ceux qui désirent obtenir une plénitude de vie, que ce soit dans les cieux auprès de Christ ou dans le Paradis sur la terre, sont tenus d’exercer la foi. https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1101989248?q=boire+le+sang+jean+6&p=par |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Pourquoi les Témoins de Jéhovah célèbrent-ils le Repas du Seigneur différemment ? Ven 03 Avr 2020, 11:56 | |
| Il a naturellement échappé à la lecture (hyper-)harmonisante de la Watch que le quatrième évangile n'a précisément pas d'"eucharistie" ni d'"institution" lors du dernier repas, contrairement aux synoptiques. Et que la ou les "multiplications des pains" qui en constituent une "prolepse" ou une anticipation dans les Synoptiques s'y substituent dans l'Evangile selon Jean (un "déplacement" parmi tant d'autres, p. ex. la "purification" du temple qui est à la fin dans les Synoptiques et au début selon Jean -- mais la Watch se sent obligée d'en imaginer deux).
Bien sûr, ce qui donne la vie selon Jean c'est aussi la "foi", ou la "connaissance", ou l'"obéissance", ou l'"amour", ou "Dieu", ou "le Père", ou "le Fils", ou "l'esprit-souffle", ou l'"eau", etc. Danse des signifiants qui ne se laisse pas arrêter sur un seul et n'en exclut aucun. |
| | | free
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| Sujet: Re: Pourquoi les Témoins de Jéhovah célèbrent-ils le Repas du Seigneur différemment ? Ven 03 Avr 2020, 13:02 | |
| Pour commenter ces paroles, voyons ce que dit Paul : “ C’est pourquoi, mes bien-aimés, fuyez l’idolâtrie. Je parle comme à des hommes intelligents ; jugez vous-mêmes de ce que je dis. La coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas une participation au sang du Christ ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas une participation au corps du Christ ? Puisqu’il y a un seul pain, nous, bien qu’étant nombreux, nous formons un seul corps, car nous participons tous à ce même pain. ” (I Cor. 10:14-17, NW) Afin de pouvoir comparer, nous citons ces paroles selon une autre version, celle de Moffatt : “ Fuyez donc l’idolâtrie, mes bien-aimés. Je parle à des personnes sensées ; pesez vous-mêmes mes paroles. La coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-ce pas participer au sang de Christ ? Le pain que nous rompons, n’est-ce pas participer au corps de Christ ? (car bien que nous soyons nombreux, nous sommes un seul Pain, un seul Corps, puisque nous participons tous au seul Pain). ” Concordent avec la traduction de Moffatt : l’American Standard Version ; Rotherham, Darby, Cuthbert Lattey, la Traduction du Monde Nouveau, note marginale (angl.), etc.*
Par conséquent, lorsqu’un chrétien est vraiment consacré à Dieu et mange le pain du Mémorial, il confesse par là qu’il “ participe au corps de Christ ” ; il en est un membre. S’est-il lui-même glorifié ou vanté publiquement de faire partie du corps spirituel de Christ ? Non ; mais il a satisfait aux exigences divines et il reconnaît que ‘ Dieu l’a placé ’ dans le corps de Christ. Rien que cela implique que les “ autres brebis ” ne doivent pas participer aux symboles du Mémorial, car elles ne sont pas membres du corps de Christ. Elles ne peuvent y participer et dire : “ Puisqu’il y a un seul pain, nous, bien qu’étant nombreux, nous formons un seul corps, ” c’est-à-dire “ un seul corps ” avec les membres du corps de Christ.
Le corps de Christ était représenté par “ un seul pain ” et les membres de ce corps spirituel ‘ participent tous à ce même pain ’. Pour cette raison il doit y avoir une unité complète parmi eux, car “ nous, bien qu’étant nombreux, nous formons un seul corps ”. (I Cor. 10:17, NW) Notre unité ne doit pas simplement se limiter à nos rapports l’un avec l’autre, mais surtout avec la Tête, Jésus-Christ. https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1951044?q=pain+un+seul+corps&p=par
J'observe que les publications de qui traitent du texte de 1 Cor 10 ("nous formons un seul corps, car nous participons tous à ce même pain") datent majoritairement des années 50 et 60 (https://wol.jw.org/fr/wol/s/r30/lp-f?q=pain+un+seul+corps&p=par&r=occ ). Une autre remarque dans les années 50, la Watch utilisait un vocabulaire qui est aujourd'hui dépassé, comme " Le souper du Seigneur". Enfin, la Watch assimile la participation à ce même "pain" à une manifestation de l'unité des élus, or le texte ne mentionne à aucun moment cette idée d'"unité", puisqu'il est question de participer au corps du Christ. J'ai le sentiment que les auteurs de la Watch sont mal à l'aise face texte et qu'ils éprouvent des difficultés à l'appréhender. |
| | | le chapelier toqué
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| Sujet: Re: Pourquoi les Témoins de Jéhovah célèbrent-ils le Repas du Seigneur différemment ? Ven 03 Avr 2020, 14:35 | |
| - Narkissos a écrit:
- Il a naturellement échappé à la lecture (hyper-)harmonisante de la Watch que le quatrième évangile n'a précisément pas d'"eucharistie" ni d'"institution" lors du dernier repas, contrairement aux synoptiques. Et que la ou les "multiplications des pains" qui en constituent une "prolepse" ou une anticipation dans les Synoptiques s'y substituent dans l'Evangile selon Jean (un "déplacement" parmi tant d'autres, p. ex. la "purification" du temple qui est à la fin dans les Synoptiques et au début selon Jean -- mais la Watch se sent obligée d'en imaginer deux).
Sans doute pensaient-ils à Jean 6 48 ss qui met en scène un Jésus se comparant à la manne que les Israélites mangeaient dans le désert |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Pourquoi les Témoins de Jéhovah célèbrent-ils le Repas du Seigneur différemment ? Ven 03 Avr 2020, 18:12 | |
| @free: l'accent sur l'"unité" n'est pas entièrement déplacé dans la mesure où la notion est bien présente dans le "un (seul) (corps)"; il a par contre échappé au rédacteur qu'en 1 Corinthiens le Christ n'est pas "la tête" du corps (contrairement aux deutéro-pauliniennes et surtout à Ephésiens) mais le corps tout entier au chapitre 12, ou son "esprit" d'après le chapitre 15 -- l'"unité" par conséquent n'a rien de hiérarchique, elle est plutôt "totalisante" ou "intégrante", "holistique" ou "organique", en ce sens qu'elle suppose une interdépendance et une attention réciproque, de "tous" à "chacun" et "chacun" à "tous" -- ce qui est tout autre chose qu'une obéissance commune à une "autorité" supérieure ou centrale.
@lct: c'est en effet de Jean 6 qu'il était question ("parallèle" à Marc 6 et 8; Matthieu 14 et 15 et Luc 9 pour la "multiplication des pains", mais très différent dans le discours qui lui est associé et ses développements successifs). |
| | | le chapelier toqué
Nombre de messages : 2607 Age : 77 Date d'inscription : 31/08/2010
| Sujet: Re: Pourquoi les Témoins de Jéhovah célèbrent-ils le Repas du Seigneur différemment ? Ven 03 Avr 2020, 20:05 | |
| Dans une question des lecteurs de 1988, 1er février 1988 l'auteur de l'article aborde la question du petit nombre de participants en se référant à Jean chapitre 6. Pourquoi si peu de Témoins de Jéhovah ont-ils part au pain et au vin lors de la célébration annuelle du Repas du Seigneur? Parce que, contrairement aux Églises de la chrétienté, les Témoins de Jéhovah acceptent l’enseignement biblique selon lequel seul un petit nombre d’humains héritent la vie céleste, le reste des serviteurs fidèles de Dieu ayant pour récompense la vie éternelle sur la terre. Les Églises enseignent depuis longtemps que tous les hommes qui sont agréables à Dieu reçoivent le ciel en partage, les autres étant promis au feu de l’enfer. Ce n’est pas là ce que dit la Bible. Au contraire, les Écritures montrent clairement que quelques humains seulement, tels les apôtres, régneront avec le Christ dans le ciel. Jésus a dit de ceux-là qu’ils forment un “petit troupeau”; et la Bible indique qu’ils sont 144 000 (Luc 12:32; Révélation 14:3, 4). Nombre des humains qui ont servi Jéhovah fidèlement et ont gagné son approbation sont morts avant que Jésus n’ouvre la voie de la vie céleste (Matthieu 11:11; Hébreux 10:19-21). En outre, après que les membres du “petit troupeau” ont été choisis, des millions d’autres personnes sont devenues de vrais chrétiens. La Bible offre à tous ces humains fidèles, qui n’appartiennent pas au “petit troupeau”, la perspective de vivre sans fin sur une terre transformée en paradis (Psaume 37:20, 29; Révélation 21:4, 5). Cependant, pourquoi ces chrétiens ne prennent-ils pas eux aussi le pain et le vin lors du Repas du Seigneur? Parce que, comme l’a expliqué Jésus, ce privilège est réservé à ceux qui sont appelés à la vie céleste, ceux qui ont été introduits dans la nouvelle alliance. Bien sûr, pour bénéficier du pardon de Dieu et hériter la vie éternelle, que ce soit au ciel ou sur la terre, il est indispensable d’exercer la foi dans le sacrifice de Jésus. C’est ce que le Christ montre en Jean 6:51-54: “Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel; si quelqu’un mange de ce pain, il vivra à jamais; (...) le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde [l’humanité susceptible d’être rachetée] (...). Celui qui se nourrit de ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle.” Remarquons toutefois que Jésus ne s’adressait pas à ses seuls disciples lorsqu’il a formulé ces paroles; en effet, la veille il avait nourri miraculeusement des milliers de personnes; la foule vint donc le voir, dans la région de Capernaüm, et une conversation s’engagea au cours de laquelle Jésus prononça les propos rapportés en Jean 6:51-54. Par conséquent, ce n’est pas en premier lieu à ses disciples que Jésus s’adressait lorsqu’il déclara être, symboliquement, le ‘pain descendu du ciel’, qui pouvait apporter une espérance de vie plus durable que la manne mangée par les Juifs dans le désert. — Jean 6:24-34. À ce propos, rappelons-nous qui se trouvait dans le désert après la sortie d’Égypte. Il y avait ‘les fils d’Israël, au nombre de six cent mille hommes de pied valides, sans compter les petits, et un vaste mélange de gens’. (Exode 12:37, 38; 16:13-18.) Ce “mélange de gens” comprenait des Égyptiens mariés à des Israélites et d’autres Égyptiens qui avaient lié leur sort à celui d’Israël. Ni les Israélites ni ce “mélange de gens” ne pouvaient se passer de la manne s’ils voulaient rester en vie. Le “mélange de gens” avait-il pour autant la même espérance que les Israélites? Non, car bien qu’ils puissent adorer Jéhovah avec les Israélites et nourrir l’espoir d’entrer en Terre promise, ces gens ne pourraient jamais, selon la Loi mosaïque, être rois ou prêtres. Ainsi, le fait de manger la manne dans le désert ne donnait pas à tous la même espérance. Souvenons-nous de cette distinction et examinons ce que Jésus a dit à ses disciples, cette fois, environ un an après avoir prononcé les paroles consignées en Jean 6:51-54. En cette occasion, Jésus parlait au sens propre du pain et du vin qui allaient symboliser son corps et son sang. Instituant le Repas du Seigneur, il dit à ses proches disciples: “Cette coupe représente la nouvelle alliance en vertu de mon sang, qui doit être répandu pour vous.” Il ajouta devant ce petit groupe, ses apôtres: “Vous êtes, vous, ceux qui sont demeurés constamment avec moi dans mes épreuves; et moi je fais une alliance avec vous, tout comme mon Père a fait une alliance avec moi, pour un royaume, afin que vous mangiez et buviez à ma table dans mon royaume, et que vous soyez assis sur des trônes pour juger les douze tribus d’Israël.” — Luc 22:20, 28-30. Ces derniers mots montrent que ceux qui devaient manger le pain et le vin, emblèmes symbolisant le corps et le sang de Jésus, étaient les disciples admis dans la “nouvelle alliance”. Ceux-ci allaient entrer dans une autre alliance que Jésus conclurait avec eux afin qu’ils puissent gouverner ‘dans son royaume’. Il est clair que Jésus parlait ici de ceux qui allaient constituer ‘un royaume et des prêtres pour Dieu, pour qu’ils règnent sur la terre’. (Révélation 5:10.) Au Ier siècle, Dieu commença à choisir les 144 000 qui allaient participer au Royaume céleste. Les chrétiens de Corinthe étaient de leur nombre, car Paul dit d’eux qu’ils avaient été “sanctifiés en union avec Christ Jésus, appelés à être saints”. (1 Corinthiens 1:2; voir Romains 1:7; 8:15-17.) Ce sont de tels “saints” qui devaient participer au Repas du Seigneur, en comprenant ce que signifiaient le pain emblématique ainsi que le vin représentant la “nouvelle alliance en vertu de [son] sang”. — 1 Corinthiens 11:23-26. Aujourd’hui ne demeure sur la terre qu’un petit reste d’humains parmi ceux que Dieu a choisis pour vivre au ciel. Étant dans la “nouvelle alliance”, seuls ces chrétiens peuvent avoir part au pain et au vin emblématiques lors de la commémoration annuelle. Bien sûr, tous les vrais chrétiens qui ont l’espérance de vivre éternellement sur la terre gouvernée par le Royaume savent qu’il leur faut exercer la foi dans le sacrifice de Jésus. Comme il l’a dit à la foule, Jésus est le “pain vivant qui est descendu du ciel”. (Jean 6:51.) Néanmoins, cela ne signifie pas que les chrétiens qui ont l’espérance terrestre doivent prendre part aux emblèmes lors de la Commémoration, car ils ne sont ni dans la “nouvelle alliance” ni dans l’alliance conclue avec Jésus pour être ‘assis sur des trônes dans son royaume’. En conséquence, les nombreux chrétiens qui ont l’espérance terrestre ne prennent pas les emblèmes que sont le pain et le vin. Cette conduite ne reflète en rien un quelconque manque de foi dans le corps et le sang de Jésus, ou de reconnaissance pour le sacrifice de Christ. Au contraire, ce sacrifice et la merveilleuse espérance terrestre qu’ils nourrissent leur inspirent une profonde reconnaissance qui les pousse à assister chaque année — tout en n’étant que des spectateurs respectueux — à la célébration du Repas du Seigneur. Ainsi, ils manifestent leur foi et montrent joyeusement que le reste du “petit troupeau” et les nombreuses “autres brebis” connaissent une chaleureuse unité. — Jean 10:16. |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Pourquoi les Témoins de Jéhovah célèbrent-ils le Repas du Seigneur différemment ? Ven 03 Avr 2020, 23:45 | |
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| | | free
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| Sujet: Re: Pourquoi les Témoins de Jéhovah célèbrent-ils le Repas du Seigneur différemment ? Sam 04 Avr 2020, 21:07 | |
| - Citation :
- il a par contre échappé au rédacteur qu'en 1 Corinthiens le Christ n'est pas "la tête" du corps (contrairement aux deutéro-pauliniennes et surtout à Ephésiens) mais le corps tout entier au chapitre 12, ou son "esprit" d'après le chapitre 15 -- l'"unité" par conséquent n'a rien de hiérarchique, elle est plutôt "totalisante" ou "intégrante", "holistique" ou "organique", en ce sens qu'elle suppose une interdépendance et une attention réciproque, de "tous" à "chacun" et "chacun" à "tous" -- ce qui est tout autre chose qu'une obéissance commune à une "autorité" supérieure ou centrale.
"La coupe de bénédiction, sur laquelle nous prononçons la bénédiction, n'est-ce pas une communion au sang du Christ ? Le pain que nous rompons, n'est-ce pas une communion au corps du Christ ? Puisqu'il y a un seul pain, nous, la multitude, nous sommes un seul corps ; car nous partageons tous le même pain." ( Co 10,16-17)Effectivement il y a une notion d'unité : "nous, la multitude, nous sommes un seul corps" mais il me semble que la Watch ne perçoit pas l'aspect mystique de l'eucharistie ("une communion au sang du Christ" et "une communion au corps du Christ"). La participation à l'eucharistie fonde ici l’unité des participants qui de "multitude" deviennent un seul corps. Ne peut-on pas parler du corps partagé du Christ ("Le pain que nous rompons"), dans la mesure ou le pain et le vin sont au sens charnel le sang et le corps du Christ avec une idée de "manducation corporelle" ? Ce que je reproche à l'article de la Watch, c'est qu'il met en évidence uniquement ce qui me parait être le plus superficiel du texte et néglige ce qu'il y a de plus profond. |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Pourquoi les Témoins de Jéhovah célèbrent-ils le Repas du Seigneur différemment ? Sam 04 Avr 2020, 22:47 | |
| Bien sûr -- le pathos jéhoviste est de toute façon allergique à ce que nous appelons "profondeur" ou "mystique"; mais il partage cette allergie avec une bonne partie du protestantisme, non seulement "sectaire" (du baptisme au darbysme p. ex.) mais aussi "orthodoxe" (depuis Zwingli ou Calvin), qui se méfie autant de la pensée que du sentiment religieux et se cramponne à sa confession de foi comme à un garde-fous contre ces deux abîmes (c'est aussi vrai, sans doute, d'un certain dogmatisme catholique ou luthérien, mais là ce n'est qu'une tendance parmi d'autres).
On peut ajouter que depuis l'invention des deux classes dans les années 1930, la relation présumée "spéciale" des "oints" à Dieu, au Christ ou à l'Esprit n'a quasiment plus jamais été mise en valeur ou nourrie pour elle-même dans les publications de la Watch, mais seulement affichée à l'usage externe de ceux qui n'étaient pas censés la partager ni la comprendre, pour entretenir d'une façon tout extérieure leur confiance, leur crainte et leur soumission à l'égard d'une organisation censée bénéficier d'une direction mystérieusement "divine". Ce qui reste là du "mystère" chrétien ne sert plus qu'à mystifier ceux qui n'y entrent pas et à les dissuader d'y entrer (ce qui donne en effet aux oreilles d'un ex-TdJ une résonance tout à fait particulière à Matthieu 23,13s et à ses parallèles, y compris chez Thomas).
Il faut quand même noter qu'au chapitre 10 de 1 Corinthiens, l'"eucharistie" n'est pas traitée pour elle-même (contrairement au chapitre 11 qui a surtout une visée pratique: comment la célébrer "dignement"), mais simplement évoquée ou invoquée comme argument accessoire dans la discussion sur le rapport aux "idoles". Du point de vue rhétorique, la référence fonctionne comme celle du chapitre 6: de même que l'usage de la prostitution (liée au culte d'Aphrodite-Vénus à Corinthe) était jugée incompatible avec l'union au Christ, la participation aux repas cultuels des temples "païens", sinon le simple achat de viande "sacrifiée", est jugée incompatible avec l'eucharistie chrétienne -- ce qui suggère que les deux rites se ressemblent et sont compris de manière analogue, sans quoi ils ne seraient pas ressentis comme "concurrents"; cela vaut dans les deux cas d'ailleurs (le "mystère" chrétien est bel et bien comparable aux rites de communion sexuelle et alimentaire des "païens", ne fût-ce que pour leur être opposé).
Dernière édition par Narkissos le Dim 05 Avr 2020, 11:56, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Pourquoi les Témoins de Jéhovah célèbrent-ils le Repas du Seigneur différemment ? Dim 05 Avr 2020, 11:55 | |
| - Citation :
- Il faut quand même noter qu'au chapitre 10 de 1 Corinthiens, l'"eucharistie" n'est pas traitée pour elle-même (contrairement au chapitre 11 qui a surtout une visée pratique: comment la célébrer "dignement"), mais simplement évoquée ou invoquée comme argument accessoire dans la discussion sur le rapport aux "idoles". Du point de vue rhétorique, la référence fonctionne plutôt comme celle du chapitre 6: de même que l'usage de la prostitution (liée au culte d'Aphrodite-Vénus à Corinthe) était jugée incompatible avec l'union au Christ, la participation aux repas cultuels des temples "païens", sinon le simple achat de viande "sacrifiée", est jugée incompatible avec l'eucharistie chrétienne -- ce qui suggère que les deux rites se ressemblent et sont compris de manière analogue, sans quoi ils ne seraient pas ressentis comme "concurrents"; cela vaut dans les deux cas d'ailleurs (le "mystère" chrétien est bel et bien comparable aux rites de communion sexuelle et alimentaire des "païens", ne fût-ce que pour leur être opposé).
Paul utilise les motifs de la coupe de bénédiction (τὸ ποτήριον τῆς εὐλογίας ὃ εὐλογοῦμεν, v. 16 ; littéralement, « la coupe du bien dire sur laquelle est dite du bien ») et du pain rompu, pour souligner la valeur théologique d’un tel repas. Paul mentionne aux Corinthiens deux rituels alimentaires — participer au même pain (ἐκ τοῦ ἑνὸς ἄρτου μετέχομεν, v. 17) et manger du sacrifice (οἱ ἐσθίοντες τὰς θυσίας, 18) —, qui entraînent trois types de communion : une communion du sang et du corps du Christ (κοινωνία τοῦ αἵματος τοῦ Χριστοῦ, v. 16 ; κοινωνία τοῦ σώματος τοῦ Χριστοῦ, v. 17[10]), une communion de l’autel du sacrifice (κοινωνοὶ τοῦ θυσιαστηρίου, v. 18) et une communion des démons (κοινωνοὺς τῶν δαιμονίων, v. 20). On participe donc (μετέχειν, v. 21) soit à la table du Seigneur (τραπέζης κυρίου, v. 21), soit à l’autel du sacrifice (θυσιαστηρίου, v. 18), soit à la table des démons (τραπέζης δαιμονίων, v. 21). Manger n’est donc pas sans conséquence théologique. Si manger des animaux offerts en sacrifice, c’est être en communion avec l’autel, si sacrifier de la viande aux idoles (il n’est pas ici question de la manger), c’est être en communion avec les démons, alors, prononcer la bénédiction sur la coupe et rompre le pain, c’est être en communion au sang et au corps du Christ ; partager le même pain, c’est, pour la multitude, être un seul corps. Mais cette communion ne peut se faire à l’occasion d’un sacrifice, forcément idolâtre, peu importe qu’il soit offert aux idoles du polythéisme ou sur l’autel des sacrifices juifs. La communion, qu’elle soit avec Dieu ou avec la multitude, ne passe plus par la viande, mais par du vin et du pain ; elle n’exige plus de sacrifice mais une parole de bénédiction et un geste de partage. https://www.erudit.org/fr/revues/theologi/2015-v23-n1-theologi03170/1040864ar/ |
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| Sujet: Re: Pourquoi les Témoins de Jéhovah célèbrent-ils le Repas du Seigneur différemment ? Dim 05 Avr 2020, 13:27 | |
| Article intéressant -- je crois bien que tu nous l'avais déjà présenté ailleurs, mais je ne sais plus où.
Ce qui me semble à peu près certain, c'est que la dissociation du rite "eucharistique" proprement dit (Cène, Messe, etc.) d'un repas communautaire complet ("agape" elle-même "sacrée", quel que soit son "menu" dont le pain et le vin sont des éléments constants et emblématiques du tout) est secondaire -- mais aussi que cette dissociation est déjà entamée dans le NT, dès 1 Corinthiens 11 qui distingue le "dîner-souper du Seigneur (plus exactement "seigneurial" ou "dominical", kuriakon)" des repas ordinaires, surtout de ceux qui ne rassemblent pas l'ekklèsia (manger et boire chez soi); mais elle est loin d'être complète et universelle puisque l'association du rite et du repas subsiste, en effet, dans ces textes globalement plus tardifs que sont les évangiles et les Actes.
Quant à la distinction du "sacrifice" et de la "communion" évoquée dans l'extrait que tu cites, elle ne me paraît pas si claire: les sacrifices juifs ou païens comparés et/ou opposés à la Cène en 1 Corinthiens 10 impliquent aussi une "communion" des participants entre eux et avec la divinité (c'est même une dimension essentielle du système sacrificiel lévitique souvent occultée par l'insistance ultérieure sur l'"expiation"); et les références néotestamentaires à la Cène ne sont pas dépourvues de connotations "sacrificielles", notamment par la référence au "sang de l'alliance" qui implique à la fois "sacrifice" et "communion". |
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| Sujet: Re: Pourquoi les Témoins de Jéhovah célèbrent-ils le Repas du Seigneur différemment ? Dim 05 Avr 2020, 13:48 | |
| "La coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas une participation au sang du Chris ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas une participation au corps du Christ ? Puisqu’il y a un seul pain, nous, bien que nous soyons nombreux, nous sommes un seul corps, car nous avons tous part à ce seul pain. Regardez l’Israël selon la chair : ceux qui mangent les sacrifices ne s’associent-ils pas à l’autel Donc, que suis-je en train de vous dire ? Que ce qui est sacrifié à une idole est quelque chose ? Ou qu’une idole est quelque chose ? Non ; je veux dire que ce que les nations sacrifient, elles le sacrifient à des démons et non à Dieu ; et je ne veux pas que vous vous associiez aux démons. Vous ne pouvez pas boire la coupe de Jéhovah et la coupe des démons ; vous ne pouvez pas avoir part à « la table de Jéhovah » et à la table des démons. Ou bien voulons-nous « exciter la jalousie » de Jéhovah ? Nous ne sommes pas plus forts que lui, n’est-ce pas ?" (1 Co 10,16ss) TMN
La TMN n'emploie pas le terme "communion", (peut-être trop catholique) et traduit par le mot "participation". Je me demande si, ces termes ont exactement le même sens et s'ils expriment la même intensité. La "communion" n'implique-t-elle pas une réciprocité et une sorte de "fusion" que ne rend pas vraiment "participation" ? Peut être qu'il ne s'agit d'une réciprocité symétrie mais néanmoins bien réelle.
La formule "la coupe de Jéhovah" me semble être hors de propos, elle ne peut être que "la coupe du Seigneur" (Jésus-Christ). |
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| Sujet: Re: Pourquoi les Témoins de Jéhovah célèbrent-ils le Repas du Seigneur différemment ? Dim 05 Avr 2020, 17:48 | |
| Communion et participation (comme koinônia et methexis en grec, de met-ekhô "avoir-avec") signifient ou dénotent à peu près la même chose, c'est par leur connotation qu'elles diffèrent. Pour nous (francophones) selon une opposition sacré / profane ou religieux / laïque, encore que le concept de "communauté" fonctionne sur les deux registres, aussi bien dans la "communion" que dans le "communisme" compris comme "communauté des biens (de production)", par exemple... Mais ce qui est remarquable et pratiquement intraduisible en ce qui concerne la koinônia grecque, c'est son paradoxe: le koinon c'est aussi ce qui est "commun" au sens péjoratif, le vulgaire, le profane ou l'impur (<=> akatharton), ce qui se ressent notamment dans les relations judéo-chrétiennes; c'est précisément sur ce qui est "commun" <=> "impur" aux yeux d'un judaïsme pharisien, la "communion" et particulièrement la "commensalité" (= communion de table, alimentaire) entre juifs et "païens" que le christianisme, d'abord paulinien, fonde une "communion" sanctifiante, à l'opposé des règles alimentaires phariséo-rabbiniques qui purifient le "juif" par séparation des "païens". Paradoxe qui naturellement se perd dans une culture monochrétienne, où il faut précisément être "saint", ou du moins purifié du péché par les sacrements adéquats (baptême et pénitence dans le catholicisme) pour "communier".
Dans la TMN, l'insertion de "Jéhovah" à la place de "Seigneur" -- qu'il faudra bien maintenir au chapitre 11, quand il sera explicitement question du "repas du Seigneur" = Jésus -- est évidemment ici un parfait contresens. |
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| Sujet: Re: Pourquoi les Témoins de Jéhovah célèbrent-ils le Repas du Seigneur différemment ? Dim 05 Avr 2020, 19:16 | |
| Koinônia, avec les formes associées, est l’un des termes à la fois adopté et adapté par Paul, désignant une relation commune par participation ou, également, par partage. Le sens de partage, avec ce qu’il implique de réciprocité, est principalement mis en avant dans les propos relatifs à la collecte auprès des communautés pauliniennes en faveur de la communauté de Jérusalem : « si les païens ont communié aux biens spirituels [des saints de Jérusalem], insiste l’Apôtre, ils doivent à leur tour les servir de leurs biens temporels » (Rm 15,27 ; cf. 2 Co 9,13). Ici, la réciprocité ne sera pas seulement désirable ou heureuse. Elle prend le caractère d’une obligation. Le sens de participation, avec ce qu’il suppose d’asymétrie, exprime la relation des croyants au Christ ou à l’Esprit : Dieu les a « appelés à la communion de son Fils » (1 Co 1,9) ; en recevant la coupe et le pain, ils communient au sang et au corps du Christ (10,16) ; ils sont donnés à « la communion du Saint Esprit », en même temps qu’à l’amour de Dieu et à la grâce du Christ (2 Co 13,13 ; cf. Ph 2,1). Alors que la communion-partage signifiait un mouvement, la communion-participation détermine plutôt un état. Selon l’analyse suivie des versets pauliniens, le verbe koinôneô y supporterait un troisième sens, associant état et mouvement. Il s’agit de prendre part, à la fois passivement et activement, à la condition de l’Apôtre, aujourd’hui mortifiante, demain vivifiante (cf. 2 Co 1,6-7), en définitive à la destinée même du Christ dans sa mort et sa résurrection (cf. Ph 3,10-11). On peut parler alors de communauté. Si l’amour de Dieu déjà manifesté en Jésus Christ demeure premier, il appelle les hommes à y répondre, entre autres par le partage fraternel. Il leur promet aussi de prendre part à un amour non encore pleinement manifesté. https://www.cairn.info/revue-nouvelle-revue-theologique-2009-2-page-262.htm |
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| Sujet: Re: Pourquoi les Témoins de Jéhovah célèbrent-ils le Repas du Seigneur différemment ? Lun 06 Avr 2020, 02:27 | |
| Article plus intéressant, mais aussi plus difficile, que son introduction ne le laissait craindre, ou espérer... il mérite en tout cas une lecture patiente et attentive.
Comme je le suggérais précédemment, ce n'est pas seulement d'un abîme affectif (sentiment religieux "fusionnel", diffus, confus, avec le mépris "rationnel" qui s'attache autant au "sentiment" qu'à ses adjectifs) qu'un dogmatisme superficiel (p. ex. celui des TdJ qui fait l'objet de ce fil) se garde, mais aussi d'un abîme de pensée. Car tant qu'on conçoit "Dieu" vaguement comme "une personne" (parmi d'autres et comme les autres, malgré toute la supériorité qu'on lui attribue), en s'imaginant tranquillement savoir ce que c'est qu'une "personne", sans questionner le moins du monde ce qu'on entend par là et l'écheveau complexe de différence et de relations qu'un tel concept implique déjà, tout paraît simple; mais quand "Dieu" apparaît lui-même comme un complexe de différence et de relation (ce qu'il est exemplairement, sinon exclusivement, dans une théologie trinitaire), les choses se compliquent, ou bien se simplifient radicalement -- car une "relation avec (un tel) Dieu" se rapporte forcément à une "relation" en ce "Dieu"-là et à la "relation" qu'*il* est, au sens à la fois le plus "essentiel", le plus "différentiel" et le plus "relationnel" du verbe "être", jamais sans "être-avec" -- ce qu'au fond le jéhovisme retrouve, bon gré mal gré, dans l'interprétation du nom de Yhwh en Exode 3 ("je serai qui je serai" <=> "je serai avec toi": soit "être" <=> "communion", ou encore "amour", mais de telle sorte qu'aucun de ces termes ne ressort indemne du questionnement qui se propage de l'un à l'autre à mesure qu'ils se réfèrent les uns aux autres).
Bref, le "mystère" est aussi conceptuel qu'affectif, et c'est tout cela qui (se) joue ensemble, aussi aux sens mécanique, ludique ou théâtral du verbe "jouer", dans une "communion", par-delà le sentiment plus ou moins intense et l'intelligence plus ou moins profonde des "participants". L'être-un où il y a toujours plus d'un en jeu.
Pour revenir un peu plus près du sujet: le "Mémorial" TdJ a beau être une version particulièrement déformée et indigente de l'"eucharistie", du point de vue conceptuel et affectif, il reste tout de même marquant par son côté rituel, et d'autant plus qu'il est exceptionnel: il y a au moins un moment dans l'année où le bavardage doctrinal ou "pratique", le rabâchage catéchistique ou édifiant, l'argumentation propagandiste s'arrêtent pour laisser place à des gestes et à des "choses" concrètes -- même s'il s'agit seulement de regarder et de faire passer des "emblèmes". |
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| Sujet: Re: Pourquoi les Témoins de Jéhovah célèbrent-ils le Repas du Seigneur différemment ? Lun 06 Avr 2020, 14:42 | |
| - Citation :
- Pour revenir un peu plus près du sujet: le "Mémorial" TdJ a beau être une version particulièrement déformée et indigente de l'"eucharistie", du point de vue conceptuel et affectif, il reste tout de même marquant par son côté rituel, et d'autant plus qu'il est exceptionnel: il y a au moins un moment dans l'année où le bavardage doctrinal ou "pratique", le rabâchage catéchistique ou édifiant, l'argumentation propagandiste s'arrêtent pour laisser place à des gestes et à des "choses" concrètes -- même s'il s'agit seulement de regarder et de faire passer des "emblèmes".
Effectivement, pendant quelques minutes, le temps du passage des "emblèmes", "le bavardage doctrinal" s'arrête mais le discours, que j'ai prononcé à plusieurs reprises, est une varie propagande. J'ai le souvenir, de me demander pendant ma préparation, comment introduire, cette notion des deux classes, de manière convaincante, car en réalité j'éprouvais moi-même des difficultés à être convaincu. Dans tous les cas, la double espérance suscitent des questions et apporte des réponses alambiquées, comme dans l'extrait ci-dessous ;"En effet, tout comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils d'avoir la vie en lui-même" (Jean 5,26)
"Jésus leur dit : Amen, amen, je vous le dis, si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n'avez pas de vie en vous." (Jean 6,53)
La “vie en vous” 13. a) Que constatons-nous lorsque nous comparons Jean 5:26 avec Jean 6:53? b) Quelle construction grammaticale en grec nous aide à comprendre le texte de Jean 6:53? c) Par conséquent, que signifie ‘avoir la vie en soi’, et à qui cette expression s’applique-t-elle? 13 En Jean 6:53, 54, Jésus met en parallèle la “vie éternelle” avec le fait d’avoir la ‘vie en soi’. Il semble donc que l’expression “vie en vous” ait dans ce contexte un sens différent de celui qu’elle revêt en Jean 5:26. Des expressions construites sur le même modèle grammatical que “vie en vous” apparaissent ailleurs dans les Écritures grecques. Par exemple: “Ayez du sel en vous-mêmes” (Marc 9:50) ou: “Recevant en eux-mêmes la rétribution intégrale.” (Romains 1:27*). Dans les deux cas précités, il n’est pas question du pouvoir de dispenser du sel ou d’accorder une rétribution à autrui. Il est plutôt fait allusion à l’état complet d’une chose qui est en soi. Par conséquent, à la lumière du contexte de Jean 6:53, avoir la ‘vie en soi’ signifierait recevoir enfin la vie dans toute sa plénitude. Les héritiers du Royaume qui composent le “petit troupeau” reçoivent cette vie lors de leur résurrection céleste; quant aux “autres brebis”, elles la recevront après la fin des mille ans, lorsqu’elles auront été mises à l’épreuve et déclarées justes et dignes d’hériter la vie éternelle dans le Paradis terrestre. — I Jean 3:2; Révélation 20:4, 5. https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1986125Il me parait aberrant de vouloir ignorer qu'une même formule (surtout dans l'évangile de Jean), dans un même livre puisse avoir un lien. Je ne suis pas sur que les exemples de Marc 9 et Romains 1, soient vraiment adaptés. L'article conclut : "à la lumière du contexte de Jean 6:53, avoir la ‘vie en soi’ signifierait recevoir enfin la vie dans toute sa plénitude", ce qui correspond au v54 : "qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle". L'auteur omet les v56-58 :"Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, comme moi en lui. Comme le Père, qui est vivant, m'a envoyé, et comme moi, je vis par le Père, ainsi celui qui me mange vivra par moi. Voici le pain descendu du ciel. Il n'est pas comme celui qu'ont mangé les pères : ils sont morts. Celui qui mange ce pain vivra pour toujours."Dans ces verset manger la chair et boire le sang de Jésus signifient : "demeure en moi, comme moi en lui", "comme moi, je vis par le Père, ainsi celui qui me mange vivra par moi". Le phénomène décrit ne se rapporte pas à un évènement futur mais à une réalité présente et implique une relation réciproque d'habitation mutuelle qui permet au croyant de vivre à travers le Fils, ce qui permet au croyant de vivre toujours. Cela revient à vivre par le Père. Il n'est pas fait allusion à la résurrection céleste futur et ni à la fin des mille ans. Il n'est pas exclut que les élus soient également source de vie : "moi, je suis venu pour qu'ils aient la vie et l'aient en abondance". |
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| Sujet: Re: Pourquoi les Témoins de Jéhovah célèbrent-ils le Repas du Seigneur différemment ? Lun 06 Avr 2020, 16:12 | |
| Je ne suis pas très sûr de mes souvenirs -- ça remonte à un bon tiers de siècle -- mais il me semble que dans la "liturgie" jéhoviste le pain n'était pas "rompu". Je crois bien me rappeler en tout cas, dans le discours que j'ai entendu la dernière fois que j'y ai participé (la première aussi au sens "fort" de la "participation") en tant que TdJ (1986 -- j'y suis un peu stupidement retourné l'année suivante, exclu anonyme, pour y "participer" à nouveau dans une congrégation parisienne, mais je n'ai pas recommencé ensuite), d'une insistance suspecte sur la non-signification de la "rupture" ou "fraction" du pain (le seul élément du "symbole" qui ne "symbolisait" rien)... et que ce soir-là l'orateur (portugais) avait dit (en substance) "il est probable qu'ici, ce soir, personne ne participera", et de sa tête ahurie au retour d'un pain entamé... c'était bien avant la relative reprise de "participation".
L'article alambiqué de 1986 est probablement celui dont le numéro de février 1988, cité plus haut par le chapelier toqué, tentait laborieusement de dissiper les ambiguïtés en s'empêtrant plus profondément encore dans les typologies contradictoires (tantôt les "non-oints" sont représentés par les Israélites non prêtres ou non lévites, tantôt par les non-Israélites). Quoi qu'il en soit, les expressions de Jean 5,26 et 6,53 sont identiques en grec (la vie en soi-même, en heautou/heautois, la seule différence est celle du nombre, singulier puis pluriel; ce n'est pas assez apparent, hélas ! dans la NBS). Outre la différence de contexte, l'exemple du sel est particulièrement mal choisi, puisque celui-ci a précisément vocation à "saler" (i.e. autre chose que du sel), autrement dit à communiquer ce qu'il a et ce qu'il est... |
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| Sujet: Re: Pourquoi les Témoins de Jéhovah célèbrent-ils le Repas du Seigneur différemment ? Lun 06 Avr 2020, 18:18 | |
| - Citation :
- Je ne suis pas très sûr de mes souvenirs -- ça remonte à un bon tiers de siècle -- mais il me semble que dans la "liturgie" jéhoviste le pain n'était pas "rompu". Je crois bien me rappeler en tout cas, dans le discours que j'ai entendu la dernière fois que j'y ai participé (la première aussi au sens "fort" de la "participation") en tant que TdJ (1986 -- j'y suis un peu stupidement retourné l'année suivante, exclu anonyme, pour y "participer" à nouveau dans une congrégation parisienne
Téméraire ou le sentiment d'appartenir toujours à la communauté des TdJ ? "Celui qui se nourrit de ma chair et qui boit mon sang reste en union avec moi, et moi en union avec lui" (jean 6,56) TMN2018 Nous avons déjà abordé la question de la traduction ("reste" et "demeure") mais notons comment la Watch explique ce texte dans la suite de l'article : En union avec Christ”
Jésus dit ensuite: “Celui qui se nourrit de ma chair et qui boit mon sang demeure en union avec moi, et moi en union avec lui.” ( Jean 6:56). Par conséquent, c’est chose vraie pour “n’importe qui” exerce ainsi la foi dans le sacrifice de Jésus, en espérant avoir un jour la ‘vie en lui’. Tous ceux qui exercent la foi de cette façon peuvent être ‘en union avec Jésus’. Mais puisque les membres de la “grande foule” espèrent vivre sur la terre, le fait qu’ils sont “en union avec Christ” ne signifie manifestement pas qu’ils sont cohéritiers de Jésus ou membres de son épouse, car ceux-ci ont part, comme Jésus, à la résurrection céleste ( Romains 8:1, 10; I Corinthiens 1:2; II Corinthiens 5:17; 11:2; Galates 3:28, 29; Éphésiens 1:1, 4, 11; Philippiens 3:8-11). Néanmoins, tous ceux qui nourrissent l’espérance de vivre sur la terre peuvent et doivent être en parfaite harmonie avec le Père et avec le Fils. Ils doivent connaître et faire la “parfaite volonté de Dieu”, tout comme les membres du “petit troupeau”. — Romains 12:2; voir Jean 17:21. https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1986125je ne sais pas, si l'auteur a vraiment réfléchi, lorsqu'il a écrit que les membres de la “grande foule” peuvent être ‘en union avec Jésus mais ne sont des membres de son épouse, ce qui suppose un mariage ou une "union". L'idée d'être en "parfaite harmonie avec le Père et avec le Fils me semble totalement étrangère au texte mais cela doit expliquer le "grâce" en lieu et place du "par" : "De même que le Père vivant m’a envoyé et que je vis grâce au Père, de même aussi celui qui se nourrit de moi vivra grâce à moi" (6,57) TMN Je me demande également ou est la cohérence de cette explication ( à moins que se soit moi qui ne la comprenne pas), en effet, l'union en Christ suppose manger (se nourrir TMN) la chair du Christ et boire son sang, or cela est réservé uniquement aux "oints" mais dans le même temps, les membres de la grande foule sont quand même en "union avec Christ" |
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| Sujet: Re: Pourquoi les Témoins de Jéhovah célèbrent-ils le Repas du Seigneur différemment ? Lun 06 Avr 2020, 19:53 | |
| - free a écrit:
- Téméraire ou le sentiment d'appartenir toujours à la communauté des TdJ ?
Il n'y avait pas grand risque, sinon celui d'être mis à la porte, ce qui m'était déjà arrivé; le sentiment, non pas d'"appartenir" à la "communauté" puisque de fait je ne lui appartenais plus, mais que c'était quand même en quelque sorte ma "famille spirituelle" envers laquelle je me sentais une sorte d'obligation prioritaire, disons de "témoignage", sans doute. J'étais aussi revenu, avec mon "compagnon de service" puis d'exclusion, à quelques réunions ordinaires de notre "congrégation" (parisienne et néanmoins portugaise) après que nous en avions été exclus, jusqu'à en être virés manu militari (pour le motif que nous chantions les cantiques, d'un nouveau recueil que nous étions les seuls à connaître, un peu trop fort; on n'entendait que les "apostats" et ça faisait désordre); puis à une assemblée de district à Colombes, qui nous avait valu une amusante partie de cache-cache avec le service d'ordre; mais tout ça m'a assez vite passé. Cependant il est vrai qu'au Mémorial suivant (1987), quoique fréquentant déjà d'autres Eglises, je n'ai pas pu m'empêcher de penser aux TdJ et d'aller y faire acte de "participation"; ce n'était probablement pas très malin mais c'est ainsi. En Jean 6,57, dia + accusatif (deux fois) a le sens de la "cause", qui peut indifféremment être traduit(e) par "à cause de", "par", ou "grâce à": sauf à surinterpréter le sens de "grâce" dans cette dernière expression stéréotypée, je ne vois pas trop ce que ça change. |
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Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Pourquoi les Témoins de Jéhovah célèbrent-ils le Repas du Seigneur différemment ? Lun 06 Avr 2020, 22:13 | |
| La Watch emploie un jargon spécifique ne rapport avec l'eucharistie, un vocabulaire absent du NT mais peut être, pas totalement injustifié : "mémorial", "emblèmes", "observateurs", "contractants", "bénéficiaires"... C'est surtout le terme "emblèmes" qui m'interroge. Je me demande si d'autres religions nommes le pain et le vin, de la sorte ?emblème : Être ou objet symbole d'une qualité, d'une chose abstraite : La colombe est l'emblème de la paix.[*] Attribut destiné à représenter une autorité, une personne, une collectivité ; insigne : Les emblèmes de la royauté. - Citation :
- Je ne suis pas très sûr de mes souvenirs -- ça remonte à un bon tiers de siècle -- mais il me semble que dans la "liturgie" jéhoviste le pain n'était pas "rompu". Je crois bien me rappeler en tout cas, dans le discours que j'ai entendu la dernière fois que j'y ai participé (la première aussi au sens "fort" de la "participation") en tant que TdJ (1986 -- j'y suis un peu stupidement retourné l'année suivante, exclu anonyme, pour y "participer" à nouveau dans une congrégation parisienne, mais je n'ai pas recommencé ensuite), d'une insistance suspecte sur la non-signification de la "rupture" ou "fraction" du pain (le seul élément du "symbole" qui ne "symbolisait" rien)... et que ce soir-là l'orateur (portugais) avait dit (en substance) "il est probable qu'ici, ce soir, personne ne participera", et de sa tête ahurie au retour d'un pain entamé... c'était bien avant la relative reprise de "participation".
Les emblèmes. Au sujet du pain que Jésus utilisa quand il institua le Repas du Seigneur, Marc relate : “ Pendant qu’ils continuaient à manger, il prit un pain, dit une bénédiction, le rompit et le leur donna, et dit : ‘ Prenez, ceci représente mon corps. ’ ” (Mc 14:22). Il s’agissait du genre de pain disponible lors du repas pascal que Jésus et ses disciples avaient alors terminé. C’était du pain azyme, car on ne devait pas trouver de levain dans les foyers juifs pendant la Pâque et la fête des Gâteaux sans levain qui lui faisait suite (Ex 13:6-10). Dans les Écritures, le levain représente l’état de péché. Il convenait que le pain soit sans levain, parce qu’il représente le corps de chair de Jésus, corps exempt de péché (Hé 7:26 ; 9:14 ; 1P 2:22, 24). Le pain azyme était plat et cassant ; il fut donc rompu, comme d’habitude en ce temps-là lors des repas (Lc 24:30 ; Ac 27:35). Précédemment, quand Jésus avait miraculeusement multiplié du pain pour des milliers de personnes, il l’avait rompu afin de le leur distribuer (Mt 14:19 ; 15:36). Par conséquent, le fait de rompre le pain du Mémorial n’avait apparemment aucune signification spirituelle.https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1200002773?q=rompre+le+pain+m%C3%A9morial&p=par |
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