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| la promesse de l'esprit de la promesse, ou comment l'esprit vient à l'esprit | |
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Narkissos
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| Sujet: la promesse de l'esprit de la promesse, ou comment l'esprit vient à l'esprit Sam 22 Mai 2021, 23:39 | |
| ... pour que nous recevions la promesse de l'esprit par la foi. Galates 3,14. ... en qui ayant cru vous avez été scellés par l'esprit saint de la promesse. Ephésiens 1,13. ... ayant donc été élevé à la droite du dieu et ayant reçu la promesse de l'esprit saint, il a répandu ce que vous voyez et entendez. Actes 2,33 (cf. v. 39, 1,4 etc.). Comme nous avons déjà un fil assez fourni sur la Pentecôte, et beaucoup d'autres sur l' "esprit", je me rabats sur un détail formel: l'association récurrente, dans des textes fort différents du NT, de "l' esprit" ( pneuma) et de la "promesse" ( epaggelia, "annonce" parente de l'"év-angile" et de l'"ange" messager), par une construction grammaticale au génitif qui fonctionne dans les deux sens (promesse de l' esprit, Galates et Actes, esprit de la promesse, Ephésiens), et dont le sens est encore plus ambigu qu'il n'y paraît -- parce que le substantif "promesse" peut s'entendre dans un sens "subjectif/actif" OU "objectif/passif", l'"acte de promettre" OU la "chose promise", et que le génitif, dans les deux sens de son emploi (X de Y ou Y de X), peut lui-même être analysé comme "subjectif", "objectif" ou "épexégétique" (X -> Y, X <- Y ou X = Y): soit "l' esprit qui promet", "l' esprit promis", "l' esprit qui est la promesse" ou "la chose promise", "la promesse" ou "la chose promise qui est l' esprit". Il y aurait donc déjà pas mal à méditer autour de la combinaison de ces deux mots qui n'est visiblement pas le fait d'un "auteur" particulier, mais relève plutôt d'une phraséologie commune à divers "christianismes primitifs": formule(s) stéréotypée(s) d'un "jargon chrétien", probablement "liturgique(s)", plus souvent répétée(s) que pensée(s), et qui ne semble(nt) pas non plus provenir de l'AT (s'il y a bien ce qu'on peut appeler des "promesses d' esprit", par exemple dans le texte de Joël que citent un peu plus haut les Actes, dans Ezéchiel et ailleurs, on n'y trouve pas la combinaison verbale "promesse / esprit"; on ne pourrait d'ailleurs guère la trouver qu'en grec, car il n'y a pas en hébreu de vocabulaire spécifique pour la "promesse", pour ainsi dire à mi-chemin entre le registre général de la "parole" et celui plus restreint du "serment"; mais je ne vois rien de tel dans la Septante où epaggellô et epaggelia sont très rares). Beaucoup plus généralement, et sans rentrer à nouveau dans les "définitions" de "l' esprit" ( rwh-rouah, pneuma, spiritus) dont nous avons déjà beaucoup parlé, on pourrait se demander pourquoi celui-ci prend une telle importance non seulement dans les "christianismes primitifs" que reflètent les textes du NT, mais déjà auparavant dans la littérature juive "extra-biblique" (Qoumrân, Hénoch, Jubilés, Testaments des Patriarches, Philon, etc.) comme dans la philosophie grecque (notamment stoïcienne, par rapport au platonisme ou à l'aristotélisme). Ce serait peut-être une part de vérité insoupçonnée de l'"historicisme" des Actes que "l' esprit" ait son "temps" et que ce "temps" soit second, sinon dernier -- qu'on y vienne, ou qu'il vienne, qu'on y arrive mais qu'on ne commence jamais par là (il est tentant de rappeler, hors contexte, la formule paulinienne de 1 Corinthiens 15,46: οὐ πρῶτον τὸ πνευματικὸν, "le spirituel n'est pas premier"; ou la non moins célèbre citation apocryphe attribuée à Malraux sur le XXIe siècle "spirituel" -- ou religieux, ou mystique selon les versions: en tout cas ça marche mieux au futur qu'au présent et surtout au passé). Cela pourrait avoir quelque rapport avec la notion même de "promesse", qui n'a de sens que "dans le temps" qui sépare son énoncé de tout "accomplissement", et dans le double "sens" du "temps" -- "sens" unique si l'on veut mais indécis -- du "temps" (du passé vers l'avenir, dans un sens, de l'avenir vers le passé dans plus d'un autre). S'il y a un ou des "temps de l' esprit", si "l' esprit" ou la notion d'" esprit" vient ou convient à certaines époques plus qu'à d'autres, c'est peut-être aussi en rapport avec l' indéfinition foncière de "l' esprit": au-delà de l'étymologie, de la métaphore ou de la métonymie (souffle, vent ou respiration vitale en hébreu comme en grec, feu peut-être dans les langues germaniques, Geist, Ghost etc., sans oublier la famille équivoque de l'hôte hospitalier ou hostile, host-guest etc.; d'une manière ou d'une autre c'est toujours l'"insaisissable"), on serait bien en peine de dire "ce que c'est". Ce n'est ni tout à fait "quelqu'un" ni "quelque chose", c'est en tout cas moins une "chose" (en soi), un "objet", un "sujet" ou même un "concept" qu'un phénomène, un événement, un mouvement, un changement qui implique toujours plus d'une "chose" et affecte ce qui "est" plutôt qu'il n'"est" lui-même quoi que ce "soit". D'où ses connotations "dynamiques" et "vitales", ses associations régulières à la force et à la puissance, à la vie, au devenir, à une "histoire" qui se raconte sans être terminée, ou encore à la "foi", à l'"espérance" et à "la promesse" qui relèvent également de ce qu'on appelle en grammaire "l'inaccompli". "L' esprit" comme "la promesse" n'ont de sens que dans une "histoire" en cours. Que le dieu même soit dit " esprit" (Jean 4,24), comme il est dit "lumière" ou "amour" (1 Jean) -- mais "l' esprit" est encore moins défini que la "lumière" et l'"amour", qui renvoient à une expérience sensorielle ou sentimentale -- voilà qui ne va pas toujours de soi et qui caractérise aussi un certain "temps" et un certain "mouvement" -- ce n'est pas "intemporel" ni "anhistorique" comme un axiome mathématique. |
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| Sujet: Re: la promesse de l'esprit de la promesse, ou comment l'esprit vient à l'esprit Mar 25 Mai 2021, 11:06 | |
| En simplifiant un peu, l’Eglise des origines, telle que nous la décrivent au moins les Actes des Apôtres et les premières épîtres de saint Paul, était structurée de l’intérieur par les charismes. Elle n’avait pas le caractère d’un cadre. Elle ne s’attachait pas à répéter des modèles fixés de paroles et de ministères. Elle laissait resurgir la parole du don de l’Esprit (Jn 15, 26 ; 16, 13-15) et créait des communautés nouvelles, selon les besoins et les fonctions fondées par Jésus Christ, non selon un modèle juridique déterminé. Avant la Pentecôte, les onze Apôtres en élirent un douzième pour remplacer Judas et compléter ainsi le collège établi par Jésus. Mais après cela, on laissa mourir, sans les remplacer, les onze derniers apôtres et l’institution fondatrice qu’ils constituaient. Les fonctions instaurées par le Christ pour l’Eglise (parole, autorité, sacrements) ont resurgi et pris corps en des ministères qui apparaissent sous des formes et des noms extrêmement divers : évêques, prêtres, présidents, dirigeants, selon l’extrême diversité de noms et de formes attestés dans le Nouveau Testament.
C’est par la suite que le leadership charismatique s’estompe au profit de l’autorité des garants de la tradition établie. Dès lors, les modèles institutionnels l’emportent sur l’inspiration, la créativité, la structuration intérieure. C’est par rapport à cette évolution normale qu’il faut situer la tension entre charismes et institution, entre inspiration et Tradition. Dans la mesure où les réflexes institutionnels se fermèrent sur eux-mêmes, et réprimèrent ou neutralisèrent l’inspiration, l’Esprit Saint se trouva effectivement marginalisé dans le peuple chrétien. Le Concile a réagi contre cette tentation, dans le souci de rétablir l’équilibre et la corrélation entre l’esprit et la lettre, entre charismes et ministères, etc. https://books.openedition.org/pusl/9174?lang=fr |
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| Sujet: Re: la promesse de l'esprit de la promesse, ou comment l'esprit vient à l'esprit Mar 25 Mai 2021, 12:48 | |
| Article très intéressant sur la pneumatologie catholique moderne, mais pour ce qui est des Actes je crois à peu près le contraire: le lointain souvenir des "charismes" (cf. 1 Corinthiens) n'est évoqué que pour fonder et justifier l'"institution" ecclésiastique dans son principe, même s'il n'en prescrit pas les structures et le fonctionnement dans le détail. D'où l'insistance sur la transmission de l'esprit par les "apôtres", d'abord les "Douze" puis en ligne directe à partir de ceux-ci ("Paul" lui-même n'échappant pas à la règle, c'est même l'un des principaux enjeux du livre à l'époque "marcionite"). Bien entendu, ce procédé ne demande qu'à être retourné contre son intention, et du montanisme aux pentecôtismes modernes on pourra toujours remettre en cause l'"institution" au nom de "l'esprit" et de ses "charismes", compris non plus comme "fondateurs" d'une "Eglise" et de son "histoire", mais comme modèle indéfiniment reproductible. Il est d'ailleurs symptomatique que l'argument d'un "pneumatisme originel" doive convoquer le "paraclet" du quatrième évangile, qui va aboutir de son côté à tout autre chose dans les épîtres de Jean, l'idée d'une présence de l'esprit (ou de Dieu, du Père, du Fils, de l'onction-chrisme ou de la semence-sperme divine) dans tous les "croyants", qui rend en principe inutiles toute hiérarchie, tout magistère et toute tradition (vous n'avez pas besoin qu'on vous instruise, c'est presque you don't need no education). Naturellement le johannisme est aussi une "tradition" et une "doctrine", malgré qu'il en ait, mais celles-ci ne font pas toujours bon ménage avec l'"institution ecclésiastique" héritée des Actes et des Pastorales, comme on peut le voir en 3 Jean... |
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| Sujet: Re: la promesse de l'esprit de la promesse, ou comment l'esprit vient à l'esprit Mar 25 Mai 2021, 13:56 | |
| 12 C’est dans le contexte du début de 1 Co qu’il faut lire 1 Co 12,3 : « Nul ne peut dire Jésus est Seigneur si ce n’est par l’Esprit Saint ». Paul énonce ici un fait universel. Avant même que l’homme en ait pris conscience, dès l’instant où son esprit et son coeur se sont mis en mouvement pour proclamer et accueillir l’œuvre salvifique de Dieu réalisée en Jésus-Christ Seigneur, l’Esprit Saint lui est activement présent. C’est lui qui a suscité et rendu possible la diction de cette parole que pourtant le croyant prononce en toute liberté.
13 Quoi qu’il en soit de ce que signifie exactement le verbe « dire » dans l’expression « dire que Jésus est Seigneur », la déclaration de Paul met en évidence deux faits fondamentaux que Karl Barth a vigoureusement soulignés :
1.recueillir authentiquement la révélation que Dieu nous adresse en Jésus-Christ échappe totalement au pouvoir de l’homme laissé à ses propres forces ; 2.la capacité d’accueillir la Parole de Dieu et le pouvoir de la proclamer valablement sont un pur don que Dieu nous accorde en nous « donnant » son Esprit, qui est l’Esprit Saint. https://books.openedition.org/pusl/9192 |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: la promesse de l'esprit de la promesse, ou comment l'esprit vient à l'esprit Mar 25 Mai 2021, 14:47 | |
| Chapitre de grande qualité, malgré quelques accrocs divertissants de "méconnaissance de caractères" (Anus pour Arius, esprit suint pour saint, etc.)... dans les années 1980, la théologie catholique a su tirer un excellent parti de K. Barth, entre autres.
De manière un peu moins lyrique, l'énoncé de 1 Corinthiens 12,3 (dont il ne faut pas oublier le premier versant négatif: personne, en parlant dans/par l'esprit, ne dit "anathème à Jésus" / nul ne dit "Jésus est Seigneur" si ce n'est dans/par l'esprit) est surtout un moyen habile de relativiser d'avance l'importance accordée à la diversité des charismes: "l'esprit" est impliqué dans toute la communauté et dans la plus élémentaire "confession de foi", il ne devrait pas servir à valoriser des "charismes" particulièrement sensationnels ou spectaculaires (c'est toute la démonstration du chapitre).
Sans rentrer à nouveau dans la "pneumatologie générale" (j'ai indiqué au premier post des fils de discussion qui l'ont déjà fait et que nous pouvons toujours poursuivre, à condition de les relire d'abord), on pourrait noter ici que l'esprit "donné" et "reçu", au présent ou au passé, au fondement d'une institution ou d'une histoire comme dans une "expérience" collective ou individuelle, le reste comme une promesse, toujours tendue vers un avenir, ce qui correspond aussi bien au caractère "dynamique" ou "vital" de "l'esprit" qu'à celui, "inaccompli" par définition, d'une "promesse" (d'où aussi les métaphores connexes du serment, des arrhes ou de l'acompte, du gage ou du sceau, et ainsi de suite). L'"esprit" qu'on est censé avoir on le demande toujours, on l'appelle ou on l'invoque, on l'invite à "venir", etc. Ce serait un "acquis" que ce ne serait plus "l'esprit", ni "la promesse".
Dernière édition par Narkissos le Mar 25 Mai 2021, 15:04, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: la promesse de l'esprit de la promesse, ou comment l'esprit vient à l'esprit Mar 25 Mai 2021, 14:58 | |
| - Citation :
- Sans rentrer à nouveau dans la "pneumatologie générale" (j'ai indiqué au premier post des fils de discussion qui l'ont déjà fait et que nous pouvons toujours poursuivre, à condition de les relire d'abord), on pourrait noter ici que l'esprit "donné" et "reçu", au présent ou au passé, au fondement d'une institution ou d'une histoire comme dans une "expérience" collective ou individuelle, le reste comme une promesse, toujours tendue vers un avenir, ce qui correspond aussi bien au caractère "dynamique" ou "vital" de "l'esprit" qu'à celui, "inaccompli" par définition, d'une "promesse" (d'où aussi les métaphores connexes du serment, des arrhes ou de l'acompte, du gage ou du sceau, et ainsi de suite). L'"esprit" qu'on est censé avoir on le demande toujours, on l'appelle ou on l'invoque, on l'invite à "venir", etc. Ce serait un "acquis" que ce ne serait plus "l'esprit", ni "la promesse".
Merci Narkissos pour ces précisions et éclaircissements. L’ Esprit est le signe de l’inachèvement de la révélation puisqu’il est celui qui conduira à la vérité tout entière ( Jn 16, 13) et il en est également le sceau au sens où il l’authentifie : "Et parce que vous êtes des fils, Dieu a envoyé dans notre cœur l' Esprit de son Fils, qui crie : « Abba ! Père ! » Ainsi tu n'es plus esclave, mais fils ; et si tu es fils, tu es aussi héritier, du fait de Dieu" ( Ga 4, 6). |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: la promesse de l'esprit de la promesse, ou comment l'esprit vient à l'esprit Mar 25 Mai 2021, 15:20 | |
| Il y a une hésitation textuelle intéressante en Jean 16,13, autour de la préposition: eis + accusatif OU en + datif, la seconde étant apparemment la plus ancienne, retenue en conséquence dans les éditions modernes. La première signifie sensiblement la même chose que l'anglais into, c'est aussi ce qu'on entend spontanément par "conduire à" ou "dans la vérité": on n'y est pas encore mais il va nous y conduire, on est encore dehors mais on sera dedans. La seconde (en = in) suppose le contraire: vous y êtes déjà mais vous n'en avez pas encore tout vu ni tout compris, vous n'en avez pas fait le tour. Et bien sûr c'est plus "johannique", puisque les "élus" sont "de Dieu" (et donc "de la vérité" comme "de la lumière", "de l'esprit", "de l'amour", etc.).
On l'a souvent dit, mais il n'est peut-être pas inutile de le rappeler ici: l'importance accordée à "l'esprit" comme médiation supplémentaire (par rapport au "Fils", Christ, Jésus, etc.), grosse de toutes les médiations à venir (l'Eglise, les apôtres, les évêques, les sacrements, la tradition, l'écriture, etc.), est inséparable de la crise "gnostique" du IIe siècle où le christianisme a dû se déterminer entre un rapport immédiat à la divinité, dans un horizon de type "panthéiste" (ou hyper-théiste, de l'archi-divinité originelle au plérôme), et un "Dieu" radicalement distinct de toute "création" quoique en relation (d'extériorité) avec celle-ci, auquel on ne pouvait se rapporter que par une série potentiellement infinie de médiations, à commencer par "l'esprit" qui enveloppe toutes les autres. |
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| Sujet: Re: la promesse de l'esprit de la promesse, ou comment l'esprit vient à l'esprit Mer 20 Nov 2024, 12:05 | |
| Chapitre V. Le mystère de l’Esprit Saint Joseph Wolinski p. 131-164
2. L’Esprit Saint comme actualisation en nous de la Parole révélée
16 « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter maintenant. Quand il viendra, lui, l'Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière » (Jn 16,12). La parole de saint Jean attire notre attention sur un des aspects caractéristiques du rôle que joue l’Esprit Saint dans l’événement de la Révélation. Il ne « double » pas la Révélation du Christ, mais il l’actualise en nous. Nous envisagerons successivement : 1. le fait de l’Esprit Saint comme révélation du Fils en nous ; 2. le mode de cette révélation, en tant qu’elle est médiatisée par l’activité libre de l’homme ; 3. son résultat, enfin, qui est notre continuel engendrement comme fils par le Père dans le Christ Jésus.
(1) Le fait : l’Esprit actualise en nous la Révélation du Fils
17 L’œuvre de l’Esprit n’est pas d’ajouter de nouvelles paroles à celles déjà prononcées par le Christ et transmises par les Apôtres ; elle est de nous « introduire dans la vérité tout entière » de ces paroles (cf. Jn 16,12).
18 Comparant les écrits de Platon avec le texte de l’Ecriture, Origène note la différence. Le style élégant et raffiné de Platon en réserve la lecture à ceux qui jouissent d’une culture appropriée. Jésus et ses apôtres usent, quant à eux, d’un langage accessible au grand nombre. Mais ce langage constitue « une démonstration d’Esprit et de puissance» (cf. 1 Co 2,4-5). En effet, commente Origène, « le divin Logos déclare que prononcer un mot, fût-il en lui-même vrai et très digne de foi, n’est pas suffisant pour toucher l’âme humaine sans une puissance donnée par Dieu à celui qui parle et une grâce qui rayonne dans ses paroles, véritable don de Dieu accordé à ceux dont la parole est efficace »4. Origène revient souvent sur ce thème. On peut lire, par exemple, dans son Commentaire de l’Epître aux Romains, la remarque suivante :
« Et toi-même, si tu prêches la Parole de Dieu, et si tu la prêches avec foi, à partir d’une conscience pure, et si tu ne te contredis pas toi-même dans tes paroles parce que tu enseignes d’une façon et que tu vis d’une autre, il peut t’arriver que, pendant que tu parles, l’Esprit enflamme le coeur de tes auditeurs et qu’aussitôt ils brûlent d’accomplir tout ce que tu enseignes, et qu’ils mettent en pratique dans les faits ce qu’ils ont appris dans tes paroles, et qu’ils cherchent les choses d’en haut ou le Christ siège à la droite du Père, et qu’ils prennent goût aux choses d’en haut, non à celles de la terre »5.
19 L’Esprit n’intervient pas seulement du côté de celui qui parle ; il agit aussi, à condition que l’homme s’y prête, du côté de celui qui écoute la Parole. Il y a comme une double assistance de l’Esprit Saint, une double inspiration : du côté de la parole dite et du côté de la parole reçue. C’est par une activité de l’Esprit que le contenu spirituel de la parole nous devient intérieurement présent. De même que, pour imprimer une image dans la cire, on lui applique un sceau porteur de cette image, de même pour imprimer dans l’homme qui s’ouvre à la foi le contenu de la parole de Vérité, la Bonne Nouvelle du Salut, Dieu « marque » l’homme comme d’un sceau par l’Esprit Saint (Ep 1,13 ; cf. 2 Co 1,21-22)6. Athanase d’Alexandrie insistera sur le fait que l’Esprit est un sceau qui a pour fonction d’imprimer en l’homme non pas une image du sceau lui-même (ce qui n’aurait pas de sens), mais l’image de celui dont il est le sceau, à savoir le Christ7. De même, lorsque nous sommes oints de l’Esprit Saint, le parfum que dégage en nous la présence de cet Esprit est le parfum même du Christ8. La comparaison qui est le plus souvent employée pour évoquer le rôle de l’Esprit dans l’activité révélatrice de la Sainte Trinité, est celle de la lumière. Origène présente le Père comme la lumière en son jaillissement originel, le Fils comme le rayonnement de cette lumière, et l’Esprit Saint comme son irruption en nous. Le Père respendit, le Fils enseigne, et l’Esprit Saint « œuvre de sorte que l’homme conçoive et annonce comme il convient » ce qui lui vient du Père9. Reprenant et transposant à peine une formule d’Athanase d’Alexandrie10 qui se retrouve équivalemment chez Basile de Césarée11, on pourrait dire que si le Père est le soleil, et le Fils, le rayon de lumière qui en émane, l’Esprit Saint est comme « le point d’impact en nous » du trait lumineux pénétrant en nous et y rendant présente la lumière12.
20 Cette manière de présenter l’Esprit Saint, courante dans la tradition patristique, rejoint l’expression barthienne de l’Esprit Saint comme « côté subjectif de l’événement de la Révélation »13. Barth insiste lui aussi sur le fait que la révélation de l’Esprit ne fait pas nombre avec celle du f ils, mais en constitue comme l'actualisation en nous. « Il n’y a pas de révélation particulière et secondaire de l’Esprit à côté de celle du Fils ; il n’y a pas deux Fils ou deux Paroles de Dieu. Mais, dans l’événement unique de la révélation, le Fils ou la Parole représente le moment de l’appropriation de l’homme par Dieu, tandis que l’Esprit représente le moment de l’appropriation de Dieu par l’homme... »14.
https://books.openedition.org/pusl/9192?lang=fr |
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| Sujet: Re: la promesse de l'esprit de la promesse, ou comment l'esprit vient à l'esprit Mer 20 Nov 2024, 12:57 | |
| Sur ce livre et ce chapitre, voir ici 11.11.2024. Et sur le "Paraclet" secondairement identifié à l'" esprit" (saint ou de vérité, langage aussi "qoumranien"), entre autres dans sa fonction de "guide", dans le contexte de Jean 13--16, là. La doctrine orthodoxe est toujours obligée de réunir (artificiellement) ce qu'elle a séparé (artificiellement): comme en "christologie" on a séparé le Fils ou le logos éternel de l'homme Jésus, il faut les réunir dans une "incarnation" ou une "union hypostatique". De même l'" Esprit" qui en tant que troisième personne ou hypostase de la Trinité n'aurait a priori rien à voir avec "nous", il faut le ramener à "nous" par un discours "subjectif", "affectif", "esthétique", autant "sensible" qu'"intelligible", qui nous touche, nous habite, nous agite ou nous agisse, nous stimule, nous meuve et nous émeuve, nous conduise, nous éclaire, etc. Et ce faisant on retrouve l'intuition qu'on a écartée dès le départ, celle du paulinisme, du johannisme ou de la "gnose", que l'" esprit" est tout simplement ce qui est secrètement commun à "Dieu" et à "nous" ("spirituels", "pneumatiques", "gnostiques", "croyants", mais aussi à l'horizon ultime "tous" et "tout"). En quoi l'"appropriation" est aussi bien la re-connaissance de ce qui nous est le plus "propre", interior intimo meo comme disait saint Augustin. Même si entre le "Saint- Esprit" et "nous" on a intercalé toutes les médiations imaginables (Eglise, sacrements, Ecriture, Tradition, Magistère, hiérarchie, dogme), quand on le retrouve on se retrouve "chez soi" comme si on n'en était jamais sorti... On mesure aussi, à nouveau, la dérive occidentale, spécialement française, qui s'est opérée à propos de l'" esprit" ( rouah, pneuma, spiritus), métaphore (et) dynamique par excellence (vent, souffle, eau vive, etc.), en le confondant avec l'"intellect" ( noûs, mens) au point de le réduire à celui-ci, à l'exclusion du sensible, de l'esthétique, de l'affectif... Les Grecs avaient le sens de l'esthétique, même quand ils s'en défendaient, de Platon à Origène et à bien d'autres: le "bien" n'était pas sans être bel et bon ( kalon k'agathon), agréable et bienfaisant. |
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| Sujet: Re: la promesse de l'esprit de la promesse, ou comment l'esprit vient à l'esprit Mer 20 Nov 2024, 13:15 | |
| "Il nous a aussi marqués de son sceau, et il a déposé dans notre cœur les arrhes de l'Esprit" (2 Cor 1,22).
"Et c'est Dieu qui nous a produits à cette fin même, lui qui nous a donné les arrhes de l'Esprit" (2 Cor 5,5).
(Cet article, juste pour la définition du terme "arrhes")
La dimension eschatologique du dialogue est rarement perçue par les commentateurs ; elle est pourtant essentielle : elle explique le titre de l’ouvrage. Les « arrhes » dont il y est question, ce sont en effet, selon le droit romain, une avance versée lors de la conclusion d’un contrat, qui restera la propriété de celui qui les reçoit, que l’autre partie s’acquitte ou non de ce qui est prévu dans le contrat. Les arrhes (arrha) se distinguent donc du gage (pignus) en ce qu’elles sont prélevées sur le bien principal, objet du contrat. Si l’on passe du droit des affaires au droit de la famille, les « arrhes » de fiançailles sont les présents du fiancé à la fiancée, pour garantir la solidité de son engagement : ils resteront la propriété de celle-ci, que les noces soient ou non célébrées. Dans les fiançailles spirituelles dont parle le dialogue hugonien, les « arrhes de l’âme » sont les cadeaux que le fiancé divin lui fait dès maintenant, comme promesse et anticipation de ce qu’il lui accordera lors des noces éternelles, dans la Jérusalem céleste.
https://shs.cairn.info/revue-communio-2018-6-page-33?lang=fr |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: la promesse de l'esprit de la promesse, ou comment l'esprit vient à l'esprit Mer 20 Nov 2024, 14:18 | |
| Très beau texte -- la théologie de cette époque (XIIe siècle) qu'on dit parfois "ténébreuse" ( Dark Ages), semble bien avoir été plus lumineuse et heureuse dans l'ensemble que ce qu'elle est devenue ensuite avec la scolastique et les "Réformes"... On a effectivement parlé des "arrhes" ici ( supra 25.5.2021), parmi d'autres "métaphores" de l'" esprit", celle-ci en soulignant l'aspect temporel (avance, acompte, escompte, gage, garantie, etc.), comme anticipation ou prolepse présente (de même que les "prémices" ou la "promesse") de l'"eschatologie" comme avenir absolu -- présent dans tous les sens du terme français (aussi don, cadeau). Le "présent" communique avec la fin comme avec l'origine, d'autant que c'est le même (alpha, oméga). Mais si Hugues de Saint-Victor se réfère sans aucun doute aux textes pauliniens (au sens large: 2 Corinthiens 1,22; 5,5; Ephésiens 1,14), l'" esprit" même, comme "médiation" dogmatique, cède chez lui le pas à la communion im-médiate de "Dieu" et de l'"âme", qui était déjà "gnostique" et qu'on retrouvera chez tous les "mystiques". Il n'y a pas d'opposition entre "l' esprit de Dieu" et "notre esprit", c'est au contraire leur unité qui apparaît comme la "révélation" (cf. Romains 8, Galates 4 etc.), révélation qui ne peut pas être de "Dieu" sans être aussi et en même temps de "soi", et tendanciellement de "tout"... Je remarque au passage que le terme grec arrabôn (pour les arrhes -- lézard de l' esprit ?) viendrait du phénicien, donc du sémitique, d'une racine `rb polysémique et métonymique (passer, donner, etc.), qu'on retrouve aussi en hébreu à l'identique dans le "gage" de Tamar en Genèse 38,17ss, simplement transcrit arrabôn dans la Septante. C'est au moins amusant que l'image érotique associée si souvent à la tradition dominante des fiançailles et du mariage, avec ou sans "dot", se retrouve aussi bien dans le rapport de prostitution marginale, illégitime ou sacrée (comme Genèse 2 en 1 Corinthiens 6, " une seule chair"). |
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Nombre de messages : 10099 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: la promesse de l'esprit de la promesse, ou comment l'esprit vient à l'esprit Hier à 12:17 | |
| L'Esprit Saint : le Troisième Par Joseph Moingt
En excès, entre l’Un et l’Autre
Le troisième est toujours de trop. C’est ce que « pense » l’enfant dans le ventre de sa mère ou encore plus tard dans ses bras, quand la grosse voix du père vient troubler, interrompre, interdire la tendre fusion du bébé avec sa mère. Présence excessive d’un tiers inattendu, mais combien nécessaire : c’est l’appel de la vie au rejeton à se détacher de la souche, à être soi-même, à s’ouvrir au futur, à se lier à d’autres, à devenir « personne ». Ainsi l’Esprit Saint a-t-il fait irruption dans la vie de l’Eglise naissante un jour de grand vent. Jusque-là, tout paraissait clair aux disciples du Ressuscité : leur Dieu était le Dieu de leurs pères, Jésus était cru son fils, son envoyé, son bien-aimé, sans que cela troublât la solitude ombrageuse de l’Unique, et l’Eglise brûlait de zèle pour la Loi. Et puis tout a changé d’aspect sous l’éblouissement d’une lumière neuve ; l’Esprit a dévoilé qui étaient réellement l’un pour l’autre Dieu et Jésus : Père et Fils, un seul Dieu ; et l’Eglise a su qui elle était vraiment elle-même : fille du Père en tant que corps du Christ, messagère d’un Esprit de liberté par qui elle devenait mère des peuples réconciliés. Elle n’a pas « inventé » l’Esprit Saint dans un grand délire métaphysique, elle l’a reçu — on peut même dire qu’elle l’a « subi » —, à telle enseigne qu’elle ne pourra jamais plus s’en séparer : elle en était née.
Bien sûr, il a fallu du temps pour que la lumière, soudain advenue, pénétrât jusqu’au fond des esprits. Elle éclairait en changeant le regard des chrétiens sur Dieu, qui se révélait comme un Dieu pour nous, un Père venu faire histoire avec nous dans l’un de nous, son Fils, pour habiter en nous par ce qu’il a de commun avec lui, son Esprit d’amour. Ainsi la structure trinitaire de Dieu s’imprimait dans la chair de l’Eglise, le « nous » des chrétiens, avant toute spéculation conceptuelle. Cette foi existentielle soutint la foi de l’Eglise quand elle dut défendre et énoncer la vérité du Dieu trine. Car un temps vint où des esprits chagrins firent les comptes, se demandant comment un, plus un, plus un faisaient encore un au lieu de trois. Les mentalités de l’époque étaient vouées au culte de l’Un, principe suprême de l’être, du vrai et du bien qu’il enferme dans son unité indivisible. Un « deuxième » principe était suspecté de dégrader Un en deux — « or deux, c’est la multitude », disait-on ; à moins de réduire ce « deuxième » au rang de « second », d’assistant de l’Un, son double indivis ? Peut-être, mais il y avait un « troisième », chiffre de l’innommable, de l’indescriptible, du monstrueux : troisième race, troisième sexe, troisième homme — troisième dieu ? Mais la trinité de Dieu n’obéit pas à l’arithmétique des nombres, elle se dit dans la logique « grammairienne » des paroles qui s’échangent de Dieu à Dieu comme de lui aux hommes. Dieu leur parle « à la première personne » en disant « Je », par une parole adressée à la « deuxième personne » à qui il dit « Tu », qui lui répond en notre nom ; et tous les deux parlent de ce qu’ils sont d’accord pour nous communiquer, de l’Esprit en qui ils se donnent eux aussi, désigné comme la « troisième personne », celle de l’absent qui s’éloigne pour se donner à d’autres. L’Esprit Saint est l’accord consonant des voix du Père et du Fils dans la parole originaire, « Faisons l’homme à notre image », à laquelle répond en écho celle qui monte de la fin de l’histoire : « Et nous établirons en lui notre demeure. »
Le mystère éternel et immanent de la Trinité se donne à déchiffrer dans la structure langagière par laquelle elle communique avec le monde en se communiquant à lui telle qu’elle le fait en elle-même. Dans ce mystère d’intercommunication se dévoile la singularité de la « troisième Personne », Don de Dieu, non simplement chose donnée, mais acte et relation vivante de Donation de soi. Car il est pour nous dans le temps ce qu’il est en elle éternellement. Epanchement réciproque de l’amour du Père et du Fils l’un pour l’autre, il ne prend pas place à la suite des deux, mais entre eux, en excès : il est ce qui surabonde et déborde. Lui qui est leur identité, leur bien commun, il ne se tient pas entre eux pour les inviter à fusionner en lui, mais au contraire pour le leur interdire, car il est irrécupérable par aucun des deux, étant ce qu’ils se sont donné l’un à l’autre d’une donation irrésiliable : il est ce qui reste, un surplus infini, ce qui est à donner à d’autres. L’Esprit est l’inépuisable gratuité de l’amour du Père et du Fils, le Don gracieux et tout gratuit qui donne d’exister à ceux à qui il désire se donner. Il est dans la Trinité la voix du possible qui pourrait naître de l’infinie richesse de l’être divin, la plainte des pauvres à qui il manque d’être pour être aimés de Dieu et à qui il adviendrait d’être si son regard pouvait se poser sur leur néant. L’Esprit est ce Regard du Père qui se donne dans son Fils un monde à regarder pour lui en faire don, un monde d’êtres désirables, de possibles fils, dignes d’être aimés du Père s’ils venaient à aimer son Fils, capables d’aimer le Fils si le Père les faisait subsister à son image par son Esprit d’amour. « Et il en fut ainsi, et cela était très bon. » Voilà en quoi l’Esprit Saint est « le Troisième », « Celui qui complète la Trinité », disaient les Pères — comprenons : celui qui l’empêche de se réduire à l’Un, car il est de trop, et de s’enfermer dans la solitude, car il est l’excès qui l’ouvre sur un monde pour y déverser son trop-plein.
Jamais absent, mais en retrait
Cette propriété de l’Esprit de se rendre présent à l’Eglise en se tenant au delà et de s’éloigner d’elle sans jamais la quitter apporte son éclairage à la dernière question que nous nous proposions d’examiner : Comment faisons-nous l’expérience intérieure de l’Esprit ? Comment percevons-nous sa venue ? Sentons-nous ses touchers ? Entendons-nous ses appels ? Recevons-nous ses enseignements ? Voyons-nous son action dans les autres ? Ce vocabulaire corporel, utilisé par les auteurs spirituels, n’est pas déplacé, puisque l’Esprit est le souffle qui anime le corps ecclésial du Christ. Mais ce qui vient d’être dit de son lien à ce corps nous aura prévenus qu’il se lie sans souffrir d’être lié, et avertis qu’il ne se livre à notre expérience que sous la condition d’un total dessaisissement de soi.
Commençons par recueillir les données à notre disposition pour répondre à cette question, sans risquer de s’égarer dans un mélange douteux de spiritualité et de psychologie. « Parlé » à la troisième personne, l’Esprit n’intervient pas dans un groupe de locuteurs en disant « Je » et en interpellant « Tu » ou « Vous », il inspire le discours de l’Ecriture sans tenir discours, il soutient la confession de foi des disciples persécutés et suscite la prédication des apôtres sans parler à leur place : il fait parler, mais ne prend pas la parole [6]. Dans sa fonction de Paraclet, il remet en mémoire les enseignements de Jésus, il les éclaire dans l’esprit des disciples, et même s’il leur révèle des vérités qu’ils n’avaient pas entendues de la bouche de celui-ci, il s’agira encore de paroles qui viennent de Jésus : il n’est pas censé parler de son propre chef. Nous en étonnerons-nous ? Il est l’Esprit du Christ, et c’est à ce titre qu’il conduit son Eglise « vers la vérité totale [7] ». Envoyé par le Père — ou de la part du Christ —, serait-il dépourvu d’autonomie et d’initiative ? Non, certes, car il est Vent et Souffle de Liberté et survient à l’improviste où il veut, mais toujours en qualité d’Envoyé de l’un et de l’autre ; c’est pourquoi il introduit dans leur intimité en s’effaçant, tel « l’ami de l’époux », si ce n’est qu’il demeure là sous le mode d’être le lien vivant qui nous unit à eux [8].
Sa manière propre de parler et d’agir est de venir en Consolateur [9] : de témoigner par la voix de la conscience de ce qu’il nous fait être, enfants du Père, d’exhaler dans les cœurs des soupirs d’espérance, d’inspirer nos prières, d’insuffler des désirs accordés à ceux du Père [10]. Il est l’appel silencieux mais ardent de l’être nouveau qu’il fait naître en nous, la voix qui inscrit dans la chair et fait monter de ses profondeurs insoupçonnées le nom du Père [11], voix de l’Autre qui révèle l’inconnu de notre être le plus intime, ce « Il » qu’est devenu notre esprit pénétré d’Esprit. A ces enseignements s’ajoute le témoignage de l’ancienne tradition de l’Eglise : en règle générale, elle n’adresse pas de prières à l’Esprit Saint, mais prie en lui le Père de le lui donner par le Fils.
Tous ces témoignages disent combien discrète est sa présence ou son action. Sans doute le savions-nous déjà d’expérience. Il n’est pourtant pas inutile de les méditer. D’abord, pour se garder des illusions et désillusions, tant il est fait de bruit en certains endroits au sujet de manifestations de l’Esprit : A-t-on cru le saisir, le faire parler, l’exhiber en public ? C’est le signe très probable qu’il n’était plus là où il avait peut-être commencé d’advenir [12]. Plus encore, nous apprendrons à mieux connaître sa personnalité et comprendre sa discrétion : c’est parce qu’il est Liberté et ne veut pas blesser la nôtre, mais la faire croître, que l’Esprit, d’ordinaire, s’abstient de rendre ses motions sensibles ; il donne de penser, parler, vouloir, faire par nous-mêmes ce qu’il désire que nous pensions, disions, voulions ou fassions. Mais ses interventions laissent des traces auxquelles nous pouvons reconnaître, non qu’il est là, agissant, mais qu’il est passé activement par là.
https://shs.cairn.info/revue-etudes-2003-6-page-777?lang=fr |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: la promesse de l'esprit de la promesse, ou comment l'esprit vient à l'esprit Hier à 13:21 | |
| Pour ne pas trop répéter, je renvoie à notre discussion du 11.11.2024: "l' Esprit", le "Saint- Esprit" dans sa définition dogmatique, est inséparablement lié à l'"Eglise" qui le canalise, c'est le supplément de médiation (le troisième, donc, par rapport au "Fils") qui conditionne tous les suppléments de médiation, toujours exclusifs et nécessaires (sacrements, dogme, Ecriture, Tradition, Magistère, hiérarchie, etc.). Et il y a quelque ironie à voir "l'Eglise" qui a failli gouverner le "monde" par l'exploitation du "Saint- Esprit" reconnaître qu'il y a de "l' Esprit" dans le "monde" (non catholique, non orthodoxe, non chrétien, non religieux) quand ledit "monde" lui échappe... Mais moins, hein (Moingt ?), par extension, ou comme une façon de parler, une métaphore dérivée de la Sainte Eglise catholique qui resterait le seul lieu authentique du "Saint- Esprit" quand même elle serait vide. Par quoi on retrouve, comme par hasard, même sans l'avouer ou en le niant, le "nous" "pneumatique", "charismatique" ou "gnostique", celui qui échappe à toute institution et qu'on avait justement cru domestiquer comme "Saint- Esprit" pour le distribuer par les tuyaux autorisés. Entendons-nous bien: j'apprécie beaucoup l'ouverture, la générosité, l'intelligence et la finesse du père Moingt -- même quand l'Eglise catholique n'a plus guère le choix, elle fait rarement aussi bien. Mais moi qui n'appartiens plus à aucune Eglise, je préfère revenir du dogme à la "métaphore", ou plus simplement au mot et à l'image (sans image, c'est toute la question de l'" esprit"): spiritus, pneuma, rouah, en remontant la chaîne des vocables, des langues et des traductions, bien sûr que ce n'est pas seulement "chrétien", ni "juif", ni "grec", ni "humain", puisque c'est aussi "animal", "physique", "météorologique", du souffle de la respiration du vivant au vent, de la brise à la tempête, du torrent à la mer, de tout mouvement et de tout événement, de tout ce qui aussi divin parce que ça bouge, ça change, ça se meut et ça meut, y compris ce qui paraissait fixe, permanent, identique à lui-même... On ne s'éloigne pas tant qu'on pourrait croire du sujet particulier de ce fil, parmi tant d'autres consacrés à "l' esprit": c'est toujours l'aspect temporel de "l' esprit" qui est mis en évidence par les notions de promesse, de serment, de gage, de garantie, d'arrhes -- un présent qui laisse une trace au passé en vue d'un avenir. Au fond "l' esprit" c'est la temporalité même de l'histoire et du temps, pourvu qu'on ne le spatialise pas, ne le planifie pas, ne le linéarise pas comme une "constante". Kairos dans le khronos, là où il y a événement heureux ou malheureux: dans une éternité immobile un esprit n'a strictement aucun sens. |
| | | free
Nombre de messages : 10099 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: la promesse de l'esprit de la promesse, ou comment l'esprit vient à l'esprit Hier à 13:58 | |
| EXPLICATION DE L’ÉPÎTRE AUX ÉPHÉSIENS PAR Adolphe MONOD - 1867 Page 22 : Vous avez été scellés par le Saint- Esprit de la promesse, c’est-à-dire, qui avait été promis (Galates 3.14) par les prophètes juifs (Actes 2.16). Troisième degré. Qui croit en Jésus reçoit le Saint- Esprit (Galates 4.6) : « Parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé dans vos cœurs le Saint- Esprit, criant Abba, Père ! » Scellés. Comme un homme marque un papier de son sceau pour que nul ne puisse douter qu’il lui appartienne, ainsi « Dieu a marqué Jésus de son sceau » (Jean 6.27), afin que chacun le reconnaisse pour son Fils ; et il marque également de son sceau ceux qui croient en Jésus, afin que chacun les reconnaisse pour ses enfants. Il a scellé Jésus, en lui donnant « l’Esprit sans mesure » ( Jean 3.34) ; il scelle les croyants, en leur donnant « de son Esprit » (1Jean 4.13). Mais en même temps que la présence du Saint- Esprit en nous est, pour le passé, un témoignage de notre adoption en Jésus-Christ, elle est aussi, pour l’avenir, un gage de notre héritage futur, et un commencement de jouissance, tel que le comporte notre condition actuelle, et qui nous répond que le reste viendra en son temps. C’est pour cela que l’Apôtre appelle encore le Saint- Esprit les arrhes de notre tage, comme il l’en appelle ailleurs « les prémices » (Romains 8.23). « Celui qui nous affermit avec vous en Christ et qui nous a oints 2, c’est Dieu, qui aussi nous a scellés et nous a donné les arrhes de l’ Esprit dans nos cœurs » (2Corinthiens 1.21-22). https://www.koina.org/page-7/page299/files/monod_ephesiens.pdf 10.05.19 11:36 D'où le rapport difficile, en un sens strictement impossible et dans un autre sens d'autant plus nécessaire, de l' esprit au rapport même, à l'autre et à la mesure, à la raison et à la comparaison, au discernement et à l'évaluation, à la justice et à la justesse, au logos qui s'en distingue parce qu'il n'est précisément pas (qu') esprit, et que par là même il peut distinguer et juger. L'"esprit" c'est la dé-mesure ou l'im-mensité même (cf. Jean 3,34 qui ne croit sans doute pas si bien dire, qui dit là certainement plus et mieux que ce qu'il veut dire: ou gar ek metrou didôsin ho theos to pneuma, "ce n'est pas de ou par mesure que le dieu donne l' esprit"). Contre l' esprit, d'un antagonisme au moins fonctionnel, tout ce qui le mesure, la "mesure de la foi" (metron pisteôs, Romains 12,3; cf. 2 Corinthiens 10,13; Ephésiens 4,7.13.16) ou la "proportion de la foi" (analogia tès pisteôs, Romains 12,6, cf. la logikè latreia ou "culte rationnel" du v. 1) censée réguler la "prophétie" ou lui servir de "garde-fou". https://etrechretien.1fr1.net/t1312-de-l-esprit-bien-tempere?highlight=Esprit |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: la promesse de l'esprit de la promesse, ou comment l'esprit vient à l'esprit Hier à 14:46 | |
| Pour rappel, Adolphe Monod était un "protestant orthodoxe" (il y a aussi eu des Monod libéraux), l'un des ancêtres donc des "évangéliques" ou "fondamentalistes" du XXe siècle qui ont subi de nombreuses autres influences, surtout anglo-saxonnes -- dans ta citation il s'agit bien sûr des "arrhes de notre héritage". Quant à l'épître aux Ephésiens, elle est caractéristique d'un "proto-catholicisme", par excellence "ecclésiastique", mais probablement encore en-deçà du rejet du marcionisme par l'Eglise romaine: le marcionisme, même s'il gardait des traits "gnostiques", était lui-même "ecclésiastique", il visait à l'organisation d'une "grande Eglise", et participait donc à la fusion de "l' Esprit" et de "l'Eglise", contribuant ainsi bon gré mal gré à la manipulation de "l' Esprit" par "l'Eglise"... Comme on l'a déjà remarqué, les influences "johanniques" de l'épître aux Ephésiens sont évidentes, à telle enseigne qu'on a pu parler à son propos de "synthèse paulino-johannique". N'empêche que la situation "ecclésiastique" donne aux tournures johanniques un tout autre sens, dès lors que ce qui se situait en marge de "l'Eglise" (cf. encore Jean 21, "l'autre disciple" à distance de "Pierre", ou 3 Jean, les émissaires de l'"ancien" rejetés par l'épiscope officiel de l'Eglise, Diotrèphe) devient l'essence et la justification même de celle-ci -- quitte à rejeter un peu plus tard les héritiers de "Jean" ou de "Paul" qui préfèrent rester à la marge. Pour revenir à la métaphore, ou à la métonymie, de l'" esprit": un souffle, respiration ou vent, ce n'est sans doute pas "quelqu'un", une "personne", mais ce n'est pas non plus "quelque chose", une "chose" identique à elle-même qu'on pourrait isoler du reste: autant fermer les fenêtres pour observer un courant d'air. C'est un "événement", un "mouvement" qui arrive quand et comme il arrive, et qui n'est pas rien pour autant, de même qu'un torrent, une rivière ou un fleuve (autres métaphores de l'" esprit") n'est jamais que le mouvement de l'eau qui y coule. Maîtriser, canaliser, détailler, monnayer l'événement, c'est l'obsession de l'"institution" -- mais l'événement lui échappe, ça fuit de partout, malheureusement, heureusement. |
| | | free
Nombre de messages : 10099 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: la promesse de l'esprit de la promesse, ou comment l'esprit vient à l'esprit Aujourd'hui à 10:03 | |
| - Citation :
- S'il y a un ou des "temps de l'esprit", si "l'esprit" ou la notion d'"esprit" vient ou convient à certaines époques plus qu'à d'autres, c'est peut-être aussi en rapport avec l'indéfinition foncière de "l'esprit": au-delà de l'étymologie, de la métaphore ou de la métonymie (souffle, vent ou respiration vitale en hébreu comme en grec, feu peut-être dans les langues germaniques, Geist, Ghost etc., sans oublier la famille équivoque de l'hôte hospitalier ou hostile, host-guest etc.; d'une manière ou d'une autre c'est toujours l'"insaisissable"), on serait bien en peine de dire "ce que c'est". Ce n'est ni tout à fait "quelqu'un" ni "quelque chose", c'est en tout cas moins une "chose" (en soi), un "objet", un "sujet" ou même un "concept" qu'un phénomène, un événement, un mouvement, un changement qui implique toujours plus d'une "chose" et affecte ce qui "est" plutôt qu'il n'"est" lui-même quoi que ce "soit".
Conçu du Saint-EspritPar Jean-Marc MoschettaIV – Les récits de NoëlLe récit de l’annonce à Joseph (Mt 1,18-25) ne laisse aucun doute sur l’absence de père humain dans la génération de l’enfant Jésus. On est frappé par la sobriété et la discrétion qui entoure le processus par lequel Marie devient enceinte : ni souffle, ni figure animale, ni phénomène météorologique, ni même la mention d’une cause mais plutôt celle d’une origine pneumatologique [20]. Le comment de la conception ne constitue pas le message fort du récit ; celle-ci n’est affirmée que par défaut, à travers un silence du texte. Cela est confirmé par la structure chiasmique utilisée qui se déploie autour de la formule elliptique du v. 20b : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ta femme : car ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint ». L’intention théologique contenue dans cette révélation centrale est de dire que Jésus est fondamentalement issu de l’Esprit. La non-paternité de Joseph n’est qu’un élément contextuel destiné à mettre en valeur cette révélation fondamentale.Le texte de l’annonce à Joseph se situe comme hors de tout lieu et de tout repère temporel [21]. En dehors de Joseph lui-même, la scène ne comporte aucun témoin. Elle se situe in illo tempore, en un temps quelconque et en un lieu qu’il est inutile de préciser : celui du songe et de la vision [22]. Comme cela est fréquent chez Matthieu, la révélation principale du récit est attestée par l’accomplissement d’un signe emprunté à l’Écriture. Ici, l’origine divine de Jésus s’appuie sur Is 7,14 : « Voici que la Vierge enfantera un fils … ». Toutefois, on ne saurait se prévaloir de cette traduction fautive de la Septante pour argumenter en faveur de la conception virginale [23]. L’enjeu théologique du récit est de faire apparaître Jésus comme le nouveau Moïse.Dans le récit lucanien de l’annonciation (Lc 1,26-38), la thématique de l’absence du père humain est loin d’être aussi explicite que dans le récit de Matthieu [24]. La formule stéréotypée de l’ange Gabriel : « Voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils » (v. 31) laisse même entendre que Marie va procréer de manière normale — ce qui est conforme au sens vétéro-testamentaire de ces paroles (Jg 13,4) — d’où la légitime question posée par Marie au sujet du père de l’enfant : « comment cela se fera-t-il puisque je ne connais pas d’homme ? » (v. 34) [25].La question pratique du comment posée par Marie contraste avec la réponse angélique qui ne fournit aucun élément concret d’explication mais se situe sur le registre de la révélation christologique (v. 35). Les verbes eperchestai et episkiazein sont les verbes utilisés respectivement à la Pentecôte (Ac 1, pour décrire l’effusion de l’Esprit sur les apôtres et à la Transfiguration pour exprimer la théophanie à travers le thème de la nuée (Lc 9,34). Dénués de connotation sexuelle, ils indiquent que l’effusion de l’Esprit est critère et motif de la filiation divine de Jésus : telle est la seule réponse donnée par l’ange à la question du comment.Alors que le récit de la conception de Jean (Lc 1,5-25) est émaillé de verbes d’action, celui qui concerne Jésus est bâti autour du thème de la Parole. L’idée théologique sous-jacente est que la puissance de Dieu se manifeste dans une Parole qui agit par persuasion et non telle une verticalité souveraine. Contre l’idée que la conception de Jésus ne devait pas dépendre de la volonté d’un homme — d’où l’absence de père —, Luc suspend au contraire l’efficience de la Parole de Dieu au libre consentement d’une réponse humaine, celle de Marie.Par leur discrétion et l’accent mis sur le rôle de la Parole et de l’Esprit Saint, les textes évangéliques qui fondent la doctrine de la conception virginale de Jésus obéissent à une intention fondamentalement christologique pour affirmer que Dieu n’est pas lié à Jésus de manière contingente, mais de manière constitutive. Ils assurent ainsi une triple fonction [26] : 1. à l’égard des juifs, en montrant que Jésus n’est pas un prophète de plus mais le Messie d’Israël, le véritable Fils de Dieu dès la conception ; 2. à l’égard des gnostiques et des tendances docètes, en affirmant qu’en Jésus, le Christ n’a pas revêtu un déguisement humain puisqu’il est vraiment né d’une femme ; 3. à l’égard des païens, en se démarquant d’une théogamie qui ferait de Jésus un demi-dieu issu de l’union sexuelle entre un dieu et une mortelle.VI – Postérité des récits évangéliquesDans ce contexte, le témoignage des écrits patristiques permet de comprendre qu’en marge des interrogations populaires qui ont suscité ces récits merveilleux, de vraies questions d’ordre christologique se sont posées aux premiers théologiens. Les principaux éléments de ces débats se trouvent chez Justin de Rome [34], Irénée de Lyon [35], Tertullien [36], Origène [37] et Ignace d’Antioche [38]. Dans une perspective apologétique, les Pères cherchent à se démarquer des théogamies païennes en refusant de faire jouer à l’Esprit Saint le rôle d’un géniteur. Cependant, tous les arguments développés dans les écrits patristiques restent fortement dépendants du fait que la procréation humaine y est décrite à l’aide du concept aristotélicien de semence immatérielle [39]. L’absence de père humain pour concevoir Jésus devient, dans ce cadre, un impératif logique pour dire sa divinité.L’étude des anciennes formules baptismales indique que la doctrine de la conception virginale de Jésus est très tôt présente dans la pratique liturgique des premières communautés. En particulier, l’expression « conçu du Saint-Esprit, né de la Vierge Marie » a pour intention de faire droit autant à l’humanité du Christ qu’à sa divinité [40]. Au cours de l’histoire, la question se déplace du champ christologique vers le champ mariologique. Dès le Ve siècle, l’enjeu principal de la conception virginale devient la virginité de Marie et non plus la filiation divine de Jésus. C’est ainsi que le concile de Latran (649) propose la formule « conçu du Saint-Esprit sans semence », excluant le rôle physiologique de Joseph comme celui de l’Esprit Saint.https://shs.cairn.info/revue-nouvelle-revue-theologique-2003-4-page-555?lang=fr#s1n6 |
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