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 le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...

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MessageSujet: le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...    le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...  Icon_minitimeVen 20 Mai 2022, 10:54

"Sentence, parole du SEIGNEUR à Israël, par l'intermédiaire de Malachie. Je vous aime, dit le SEIGNEUR, mais vous dites : « En quoi nous aimes-tu ? » Esaü n'est-il pas frère de Jacob ? — déclaration du SEIGNEUR. Cependant j'ai aimé Jacob, et j'ai détesté Esaü : j'ai fait de ses montagnes un lieu dévasté, j'ai livré son patrimoine aux chacals du désert. Si Edom dit : « Nous avons été détruits, mais nous rebâtirons les ruines ! » — ainsi parle le SEIGNEUR (YHWH) des Armées : Qu'ils bâtissent, je raserai ! On les appellera « Territoire de la méchanceté », « Peuple contre lequel le SEIGNEUR est furieux pour toujours ». Vos yeux le verront, et vous direz vous-mêmes : « Le SEIGNEUR est grand au-dessus du territoire d'Israël ! » (Mal 1,1-5).

Le livre de Malachie commence par une déclaration d'amour ferme : "Je vous aime". Mais cette affirmation est immédiatement mise en doute par le peuple : "en quoi nous aimes-tu ?". La réponse étonne car pour réaffirmer son amour, Dieu choisit de mettre en évidence sa haine d'Esaü et la destruction d'Edom ! (v 3-4). peut-être que cela reflète une relation conflictuelle avec Edom. Cette preuve de l'amour de Dieu pour son peuple doit entraîner la conversion du peuple. Dieu prouve son amour par sa haine.  Shocked
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MessageSujet: Re: le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...    le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...  Icon_minitimeVen 20 Mai 2022, 11:51

On connaît l'usage paulinien de ce passage (Romains 9,13) au service d'une "logique" qui aiguise encore le paradoxe et le met en abyme (et en aporie par la même occasion): pour être "libre", "souverain(e)" et "gratuit(e)", l'"élection", le "choix" ou l'"amour" divin se doit d'être "arbitraire" (et par là même il serait encore contraint, ni libre ni gratuit ni arbitraire si l'arbitraire devient une règle)...

"Je vous aime" ou "je vous ai aimés", l'usage de l'accompli hébreu (cf. l'inaccompli consécutif du même verbe à la fin du verset 1, pour Jacob) rend les deux traductions également possibles, "indécidables" comme on dit de ce qui ne peut qu'être "décidé" ou tranché... arbitrairement.

La référence ethnique, historique et géographique à "Edom" qui prend la relève du personnage d'"Esaü" (ancêtre éponyme d'Edom aussi dans la Genèse) suggère surtout que l'amour et la haine du dieu se distinguent moins par les châtiments que par leur caractère réversible ou non: pour "Israël" il y a toujours un espoir (c'est tout l'enjeu du dialogue), pour Edom en revanche il n'y en a pas (ce qui renvoie peut-être à une situation historique, mais aussi à tous les oracles prophétiques sur Edom et les pays voisins d'Israël ou de Juda; en fait ce qui reste d'Edom sera finalement intégré à la Judée et au "judaïsme" sous les hasmonéens et fournira même la dynastie suivante, celle des Hérode; soit dit en passant, on a parfois imaginé pour "Paul" aussi une ascendance iduméenne, puisqu'à l'époque romaine "Benjamin" et l'"Idumée" deviennent des désignations quasi interchangeables de la même région méridionale).
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MessageSujet: Re: le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...    le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...  Icon_minitimeVen 20 Mai 2022, 16:29

"Un fils honore son père, et un serviteur son maître. Si je suis Père, où est l'honneur qui m'est dû ? Si je suis Maître, où est la crainte qui m'est due ? — dit le SEIGNEUR (YHWH) des Armées, à vous, prêtres, qui méprisez mon nom. Vous dites : « En quoi avons-nous méprisé ton nom ? » Vous apportez sur mon autel une nourriture souillée, et vous dites : « En quoi t'avons-nous souillé ? » C'est en disant : « La table du SEIGNEUR est chose méprisable. » Quand vous amenez en sacrifice une bête aveugle, n'est-ce pas mal ? Quand vous en amenez une boiteuse ou malade, n'est-ce pas mal ? Offre-la à ton gouverneur, je te prie : t'agréera-t-il ? Te fera-t-il bon accueil ? dit le SEIGNEUR (YHWH) des Armées. Et maintenant, je vous en prie, cherchez à apaiser Dieu, pour qu'il nous fasse grâce ! C'est de vous que cela vient : vous fera-t-il bon accueil ? dit le SEIGNEUR (YHWH) des Armées" (1,6-9).

Ce texte me fait penser au "dieu pitoyable" ( https://etrechretien.1fr1.net/t1435-dieu-pitoyable ) qui cherche à faire accepter son autorité en se comparant à un "maître" humain qui réussit mieux que lui à faire à inspirer la crainte et qui supplie les prêtres : " je vous en prie, cherchez à apaiser Dieu, pour qu'il nous fasse grâce !". Cette attitude d'un "dieu pitoyable" contraste avec le v 11 qui met en évidence la souveraineté universelle divine qui est  de la conséquence de l'initiative absolue de Dieu (v 14) : 

 "Car du soleil levant jusqu'au couchant, mon nom est grand parmi les nations. En tout lieu on offre de l'encens pour mon nom et on apporte une offrande pure ; car mon nom est grand parmi les nations, dit le SEIGNEUR (YHWH) des Armées ... je suis un grand roi ..." (1,11 et 14).

Si les nations craignent le nom de Dieu, à plus forte raison Israël et ses prêtres. Le nom divin occupe une place importante dans le livre de Malachie, notamment dans le chapitre 1, ou il est qualifié de grand au v. 11 et de redoutable au v. 14. la crainte du nom de Dieu qui est réclamée se place au centre d'un réquisitoire contre les prêtres.
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MessageSujet: Re: le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...    le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...  Icon_minitimeVen 20 Mai 2022, 17:15

Excellentes remarques, qui me semblent d'ailleurs valoir pour beaucoup de textes "bibliques" (de l'AT du moins) à peu près autant que pour Malachie. Pour parodier un titre encore fameux (du moins en France et sans doute pas pour longtemps), un dieu -- a fortiori "Dieu" -- ne devrait pas dire ça; or le "D/dieu de la Bible" passe une bonne partie de son temps (de locuteur ou d'interlocuteur dans les textes, narratifs et/ou prophétiques) à dire précisément ce qu'un dieu ne devrait pas dire: il plaide, raisonne, argumente, motive, (s')explique, (se) justifie, (se) compare, se plaint, reproche, accuse, menace, supplie, négocie, regrette ou se repent, alors que le moindre "parce que" disqualifierait en principe une "parole de d/Dieu" conçue sur le mode de l'autorité absolue, ordre, interdiction ou jugement à l'image du tonnerre (de Baal ou Zeus à Hölderlin) -- je crois me souvenir que Nietzsche l'avait déjà remarqué, le cas échéant il n'était peut-être pas le premier et sûrement pas le dernier...

On peut noter que le "monothéisme" est ici inclusif, Yahvé et son nom sont honorés partout (implicitement donc, sous d'autres noms que Yahvé !) -- sauf chez les siens (comme pour le prophète évangélique, nul ne serait dieu dans son pays): l'appel au lointain idéalisé motive et met en valeur, par contraste, le reproche aux plus proches, aux Judéens et spécialement aux prêtres de Jérusalem.

La description de l'incurie de la prêtrise est sans doute caricaturale comme un portrait à charge, mais elle est aussi intéressante parce qu'elle pointe un sentiment de lassitude, d'inutilité et d'ennui (p. ex. v. 13) qui n'est pas sans rappeler (ou annoncer) Qohéleth... D'autre part la série des comparaisons (père, maître ou seigneur, roi, gouverneur -- c.-à-d. représentant local de l'empire dominant, peut-être encore perse) témoigne de l'usure des représentations traditionnelles de la divinité: on ne peut pas concevoir un dieu autrement que sur un modèle d'"autorité" mais on ne parvient plus à se le représenter effectivement ainsi, le symptôme étant qu'on se permet devant le dieu ce qu'on ne se permettrait jamais devant une autorité humaine "réelle". Symptôme d'une infirmité ou d'une dégénérescence du croire: on y croit sans y croire, on n'arrive plus à y croire, sans pour autant se l'avouer, d'où l'intérêt de ce simulacre de dialogue où le dieu fait les demandes et les réponses, feignant de questionner les prêtres et répondant à leur place, à mi-chemin entre le schème traditionnel du "procès" (p. ex. Isaïe 1) et la dialectique maïeutique d'un Socrate, comme pour leur arracher un aveu d'incrédulité qui serait au moins une première vérité -- il y a là de quoi interroger tous les "religieux" de toutes les "religions", en particulier les "professionnels de la profession".

---

En général, on se souvient surtout de Malachie pour sa fin (chap. 3), parce que c'est aussi la "fin de l'Ancien Testament" dans les bibles chrétiennes traditionnelles -- c'est en tout cas la fin du recueil des "Douze Prophètes" dans toutes les traditions, et de l'ensemble des "Prophètes" dans le canon pharisien et rabbinique (avant les "Ecrits", y compris Daniel, qui s'achèvent avec les Chroniques). Et parce que cette "fin" coïncide avec une "venue" extrêmement complexe, puisque c'est à la fois celle d'un "messager" ou "ange" de Yahvé ("mon messager", mal'akhi, 3,1, qui donne son nom au "prophète", 1,1, et son titre au "livre"), d'un "Seigneur" ('adôn) qui paraît tantôt identique à Yahvé et tantôt distinct de lui, d'un "messager ou ange de l'alliance" qui lui aussi paraît tantôt le même et tantôt un autre que le(s) précédent(s) (3,1s), du "jour" (v. 19ss) et d'Elie enfin (v. 23), qui vient paradoxalement pour que Yahvé-qui-vient ne vienne pas (v. 24) -- paradoxe ultime, d'un pénultième qui ne deviendrait ultime qu'en parant à l'ultime, et qui a nourri les méditations successives de Levinas et de Derrida (notamment). En tout cas cet ultime chapitre a fourni une matière exceptionnellement riche à l'"eschatologie", comme en témoigne ses reprises dans le NT: "celui qui vient", c'est Jésus avant comme après sa mort, le "Fils de l'homme", etc.; mais c'est aussi Jean-Baptiste identifié ou non à Elie, et "Dieu" lui-même dans la formule ternaire de l'Apocalypse, celui qui est, qui était et qui vient... Il renvoie aussi, en sens inverse, à une tradition littéraire multiple et immémoriale ("Yahvé vient" dans les théophanies, au Sinaï, au temple, dans les Prophètes ou dans les Psaumes, pour juger, châtier, sauver, etc).
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MessageSujet: Re: le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...    le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...  Icon_minitimeLun 23 Mai 2022, 11:13

"Maintenant, à vous ce commandement, prêtres ! Si vous n'écoutez pas, si vous ne décidez pas de donner gloire à mon nom, dit le SEIGNEUR (YHWH) des Armées, j'enverrai parmi vous la malédiction et je maudirai vos bénédictions ; oui, je maudis votre bénédiction, parce que vous ne vous décidez pas" (2,1-2)

En Malachie 2,2 c'est un autre verbe plus courant, 'rr (depuis Genèse 3, avec un jeu de mots supplémentaire sur le serpent "avisé" et "nu", 'rm): il ne s'agit plus de malédiction conditionnelle ni anonyme mais effective; cependant la logique générale est la même: la malédiction divine annule et inverse les bénédictions humaines (et notamment sacerdotales). Mais le dieu à son tour peut l'inverser (3,10). (Autre forme de conditionnalité, d'une malédiction réversible et donc provisoire, que le Dieu peut lever et retourner en bénédiction dès lors que ses conditions sont remplies.)

https://etrechretien.1fr1.net/t1150p25-benedictions-maledictions-etc

"Vous saurez alors que je vous ai adressé ce commandement, afin que mon alliance avec Lévi demeure, dit le SEIGNEUR (YHWH) des Armées. Mon alliance demeurait avec lui, c'était la vie et la paix. Je les lui ai données pour qu'il me craigne, et il a eu pour moi de la crainte. Il a eu la terreur de mon nom" (2,4-5).

L'invective à l'encontre des prêtres contenue en Mal 2,1-9, fait allusion à une "alliance avec Lévi", le verset 5 exprime le contenu de cette alliance :  "c'était la vie et la paix". Ce texte nous rappelle l'alliance que Dieu a conclut avec le prêtre Phinéas qui avait mis fin au péché d'Israël avec les femmes madianites :

"Le SEIGNEUR dit à Moïse : Phinéas, fils d'Eléazar, fils d'Aaron, le prêtre, a détourné ma fureur des Israélites, parce qu'il a été animé de ma passion jalouse au milieu d'eux ; ainsi je n'ai pas exterminé les Israélites dans ma passion jalouse. A cause de cela, dis : Je lui donne mon alliance de paix. Ce sera pour lui et pour sa descendance après lui l'alliance d'un sacerdoce perpétuel, parce qu'il a montré une passion jalouse pour son Dieu et qu'il a fait l'expiation sur les Israélites" (Nb 25,10-13). 

Je remarque qu'il est question d'alliance "nominative" et non collective. Enfin Malachie n'insiste pas, contrairement au chapitre 1, sur les sacrifices. Il souligne ici que le rôle premier du prêtre n'est pas d'offrir les sacrifices, mais de donner un enseignement véridique : 

"Une loi de vérité était dans sa bouche, on ne trouvait pas d'injustice sur ses lèvres ; il marchait avec moi dans la paix et dans la droiture, ramenant de la faute une multitude. Car les lèvres du prêtre gardent la connaissance ; c'est à sa bouche qu'on demande la loi, parce que c'est un messager du SEIGNEUR (YHWH) des Armées" (2,6-7).
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MessageSujet: Re: le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...    le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...  Icon_minitimeLun 23 Mai 2022, 11:58

Cf. aussi Siracide 45,24, pour Phinéas (Pinhas, Phinées) et l'"alliance de paix". Même hors contexte sacerdotal, l'association de l'"alliance" à la "paix" (et à la "vie" par la même occasion) est assez fréquente (cf. aussi Genèse 9; Isaïe 54,10; Ezéchiel 34,25; 37,26), et elle est naturelle si l'on se souvient que l'"alliance" relève avant tout du registre politique (traité de vassalité accordé par le suzerain ou l'empire au vassal, condition de la seule "paix" possible dans un rapport de force inégal, sous la menace d'une guerre qui signifierait pour le plus faible une destruction totale -- on est plus près du Diktat que de ce qu'on entend aujourd'hui par alliance, pacte ou contrat entre partenaires supposés égaux et libres de contracter ou non).

Ainsi qu'on l'a maintes fois remarqué, avant d'être la "loi" (de Moïse) la torah est un terme sacerdotal, qui désigne l'"instruction" principalement rituelle donnée par le prêtre, en fonction d'une casuistique traditionnelle, à ceux qui viennent le consulter et/ou présenter des offrandes -- comparable en cela à l'oracle du prophète, malgré tout ce qui distingue les deux "ordres". Il en subsiste de nombreux vestiges même dans les textes qui présupposent la Torah comme "loi de Moïse", cf. p. ex. Lévitique 6,6ss etc.; Nombres 5,29ss; 31,21; Deutéronome 17,10s18; 24,8; 31,9; 33,10 [yrh < torah]; 2 Rois 17,27; 22,8; 23,24; Jérémie 2,8; 18,18; Ezéchiel 7,26; 22,26; Osée 4,6; Sophonie 3,4; Aggée 2,11; Esdras 7,12.21; Néhémie 8,2 etc.; 2 Chroniques 15,3.

A la fin de mon post précédent qui concernait surtout le chapitre 3, j'ai oublié de signaler que le "messager / ange" (mal'akh) désignait aussi le prêtre en 2,7 -- comme sans doute dans Qohéleth 5,5, vu le contexte (5,1ss). Pour rappel, le culte (d'abord sacerdotal, quels que soient les clans et les factions de la prêtrise en cause) est de plus en plus lié à l'"angélologie" dans de nombreuses branches du judaïsme tardif (Qoumrân, Hénoch etc., la figure de Melchisédeq devenant céleste, jusqu'à l'Apocalypse de Jean où ce sont les "anges" qui transmettent ou traduisent les prières).


Dernière édition par Narkissos le Lun 23 Mai 2022, 12:46, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...    le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...  Icon_minitimeLun 23 Mai 2022, 12:32

"Et vous dites : « Pourquoi ? » Parce que le SEIGNEUR a été témoin entre toi et la femme de ta jeunesse que tu as trahie, bien qu'elle soit ta compagne et la femme de ton alliance. Personne n'a fait cela, avec un reste de bon sens en lui. Un seul l'a fait, et pourquoi ? Parce qu'il cherchait la descendance que Dieu lui avait promise. Prenez donc garde à votre esprit. Que personne ne trahisse la femme de sa jeunesse ! Car détestable est la répudiation — dit le SEIGNEUR, le Dieu d'Israël — comme celui qui couvre de violence son vêtement — dit le SEIGNEUR (YHWH) des Armées. Vous prendrez donc garde à votre esprit, et vous ne trahirez pas" (2,14-16).

J'ai le sentiment que dans ce texte, la divinité s'identifie à la "femme trahie" et bafouée ("la femme de ton alliance").  

Le verset 16 semble s'opposer à une pratique préconisée par plusieurs passages comme Dt 24,1-4 mais aussi Es 50,1 ("Où est l'attestation de rupture avec laquelle j'ai répudié votre mère ?") ; Jr 3,1 ("Lorsqu'un homme répudie sa femme et qu'elle le quitte pour un autre, reviendra-t-il à elle ?") et encouragé dans certaines circonstances par Esd 10 (Les Judéens renvoient les femmes étrangères). faut-il donner un sens métaphorique ou symbolique à ce texte ?
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MessageSujet: Re: le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...    le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...  Icon_minitimeLun 23 Mai 2022, 13:04

N.B.: j'ai rajouté une phrase à mon post précédent, sur le "messager" ou "ange"...

Le passage de 2,14ss est notoirement obscur (corrompu, abîmé, cf. les notes de la NBS p. ex., ou ici 28.9.2014, et sur la "répudiation" en général l'ensemble de ce fil), et sa traduction relève de la devinette, a fortiori son "interprétation" -- plus elle est claire, moins elle est sûre. Même dans la traduction que tu cites (NBS si je ne m'abuse), et sous toutes réserves donc, il paraît excessif de dire que Yahvé "s'identifie" à la femme répudiée-rejetée-délaissée, il prendrait tout au plus son parti... De toute façon le saut du pluriel au singulier dans le texte (retenu) laisse perplexe: on passerait d'une accusation collective (les prêtres ?) à celle d'un individu (un prêtre, le grand prêtre, quelque notable laïc favorisé par les prêtres, ou sans aucun rapport puisqu'il est question de Juda au v. 11 ?). En tout cas l'"alliance" (berith) qui était sacerdotale aux v. 4-8, et indéterminée au v. 10, paraît (?) ici matrimoniale (v. 14), pour revenir dans un sens plus général en 3,1.

---

J'ouvre la NBS, ce que je ne fais pas souvent, et je constate que l'interprétation proposée par l'introduction est d'une grande imagination romanesque... (à ma décharge, je me suis très peu occupé des introductions aux livres particuliers, qui étaient déjà en bonne partie écrites à mon arrivée, mais je suis quand même censé les avoir relues, et de celle-ci je n'avais pas gardé le moindre souvenir): le grand prêtre aurait largué sa femme pour épouser une jeune Edomite, ce qui permet de rattacher acrobatiquement la référence à Edom au chapitre 1, le père unique de 2,10 (Abraham comme ancêtre commun d'Edom et d'Israël), et de transformer la condamnation (apparente) de la répudiation en condamnation des mariages mixtes, donc de faire dire à Malachie à peu près la même chose qu'Esdras... je le signale pour la curiosité, car à mes yeux (d'aujourd'hui, mais sans doute déjà à mes yeux de l'époque s'ils s'y étaient arrêtés) ça ne vaut pas tripette.

Ce texte me rappelle aussi quelque chose de plus intéressant, à savoir qu'en 1,1 la Septante a pris mal'akhi comme un nom commun, et traduit "par la main de son messager / ange", aggelou autou, en changeant seulement la personne du possessif (de la première à la troisième, mon / son)...
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MessageSujet: Re: le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...    le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...  Icon_minitimeLun 23 Mai 2022, 14:48

"L'annonce du jour de YHWH dans les derniers
versets de Malachie : une finale du livre des Douze"

D'après la critique biblique contemporaine, les trois derniers versets du livret actuel de Malachie n'appartenaient pas à l'original ; ils constitueraient deux appendices, les vv. 22 et 23-24 du chapitre 3. Mais lorsqu'il faut déterminer le corpus auquel ces rédactions ont été ajoutées, les propositions divergent et portent ou sur le livret de Malachie, ou sur les Douze, ou sur le corpus prophétique, ou sur " la Loi et les Prophètes ". Notre travail a choisi de vérifier la pertinence de l'hypothèse selon laquelle Mal 3,22-24 est une conclusion du livret de Malachie mais aussi une finale rédactionnelle du livre des Douze. Concrètement, par une analyse littéraire et thématique, il s'agit de voir si les thèmes majeurs de ces derniers versets s'expliquent à partir des oracles de Malachie, mais aussi et surtout à partir du livre des Douze. L'exposé se développe en quatre parties. Après un examen de critique textuelle qui conduit à privilégier le TM par rapport à la LXX de Mal 3,22-24, la première partie montre la cohésion du texte et la place principale qu'y occupe l'expression yôm YHWH. Celle-ci est ensuite reconnue comme étant exclusivement prophétique
et majoritairement présente dans le livre des douze Prophètes. Mais le texte étudié se présente d'abord comme une finale de Malachie ; l'aurait-on ajouté pour conclure le livret ? La deuxième partie donne une réponse à cette question. Une analyse rhétorique révèle la construction interne des sections et leur enchaînement. Elles forment une construction concentrique où les trois dern...

Il faut noter, par ailleurs, que les appendices de Malachie se penchent sur deux thèmes principaux du livret : la Loi de Moïse et le mal’ak YHWH . L’exhortation de Mal 3,22 à se souvenir de la Loi de Moïse s’explique par l’importance accordée à l’alliance – cette dernière étant insinuée dès le début (1,2) et maintes fois visée dans le livret – et à ses stipulations que rappellent les reproches, les accusations et les menaces qui jalonnent les controverses. Ainsi, la menace de herem à la fin du livret peut se justifier par le péché d’apostasie souligné au centre du livret de Malachie et dont le châtiment prévu par la Loi est le herem (cf. Dt 7 et 13 ; Ex 22, ). L’anathème est d’ailleurs présenté, en 1R 18,40, comme la méthode dont use Elie contre les apostats.

Que Mal 3,22-24 conclue le livret, on s’en aperçoit encore par le fait que l’annonce d’Elie à la fin du livret identifie le mal’ak Yhwh annoncé par Mal 3,1. Ce thème,
abondamment exploité dans les écrits de la restauration, marque la structure du livret de Malachie, car il est question du mal’ak YHWH dès Mal 1,1, et en Mal 2,6 et 3,1 avant de trouver un dernier écho à la fin du livret. L’identification du mal’????k à Elie le prophète doit être le résultat d’une série de rapprochements opérés dans le livret de Malachie. Comme le mal’????k en Mal 2,6, Elie le prophète est chargé d’une mission exprimée par le hifil du verbe sûb et en rapport avec la Tôrah ; Elie est prophète comme le mal’ak Yhwh de Mal 1,1 ; sa mission est définie avec la précision « lipnê » comme en Mal 3,1. La formule qui annonce Elie le prophète, relecture de Mal 3,1, est un parallèle à plusieurs textes de l’exode (Ex 23,20.23 ; 32,34 ; 33,2) qui annoncent le mal’ak YHWH , et parmi eux c’est Ex 32,34b qui est le plus proche de Mal 3,23a : les deux textes associent le mal’ak YHWH à un futur jour de jugement. A l’analyse apparaît même un schéma parallèle entre Ex 32,30-35 et Mal 3,22-24 : il contribue à expliquer pourquoi Mal 3,22-24 parle de Moïse, d’un messager qui précède le Jour de YHWH ; il permet aussi d’expliquer pourquoi l’identification du mal’????k YHWH à Elie le prophète. En effet, l’ange de YHWH est envoyé après le grand péché commis par Israël sous la conduite d’Aaron, et ce péché c’est la fabrication du veau d’or ; ce péché qui, historiquement se situe sous le règne de Jéroboam I, est celui contre lequel vont s’illustrer Elie le champion du yahvisme et ses disciples.
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MessageSujet: Re: le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...    le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...  Icon_minitimeLun 23 Mai 2022, 15:51

Lien. (Les liens de téléchargement aux différentes parties de la thèse sont accessibles -- dans le désordre -- à partir de la colonne de droite de cette page.)

Je n'ai évidemment pas tout lu mais l'idée principale, à savoir que 3,22-24 sert de "conclusion" non seulement à Malachie mais à l'ensemble des Douze Prophètes, voire à tous les "Prophètes" (depuis Isaïe ou Josué selon qu'on parle des "Derniers Prophètes" ou aussi des "Premiers") ou même à l'ensemble Torah + Prophètes (le parallélisme à Exode 32,34 est en effet remarquable), me semble tout à fait pertinente. Pour mémoire, la Septante place le v. 24 avant les v. 22-23, de sorte que le livre (et le corpus le cas échéant) ne s'achève(nt) pas sur la menace de malédiction mais sur le rappel de la "loi de Moïse". Il faut toutefois rappeler que dans les codex Vaticanus et Alexandrinus, par exemple, les Douze Prophètes (dans un ordre qui n'est pas exactement celui de la Bible hébraïque) précèdent Isaïe etc., de sorte que la fin de Malachie ne peut plus y jouer le rôle de conclusion de l'ensemble des Prophètes, mais seulement des Douze. En tout cas la portée variable d'une conclusion, en fonction du texte ou du corpus qu'elle est jugée conclure, ne s'arrête pas au temps de la rédaction ni à l'"intention" de qui que ce soit (auteur, rédacteur, compilateur): comme on l'a remarqué plus haut, la lecture populaire de la bible chrétienne dans son ordre traditionnel prend volontiers la fin de Malachie comme conclusion de l'"Ancien Testament" (il suffit de tourner une page pour se retrouver dans Matthieu, avec l'illusion qu'il n'y aurait entre les deux rien de significatif, une pause "intertestamentaire" vide comme une page blanche, et pour sauter tout naturellement d'"Elie" à "Jean-Baptiste"); de même, mutatis mutandis, la fin de l'Apocalypse lue comme conclusion de "la Bible". Même si l'on se doute que Malachie et l'Apocalypse ne sont pas (chronologiquement) les "derniers écrits" de leurs corpus ou canons respectifs, on n'échappe jamais tout à fait à cet effet de "composition du livre".

---

Ton titre me rappelle à chaque fois que nous sommes passés un peu vite sur le "problème de traduction" initial, celui du temps du premier verbe du livre, "je vous aime" ou "je vous ai aimés" (1,2), qui pourrait, au-delà de la grammaire, déboucher sur une méditation abyssale du "temps (ou de l'éternité) de l'amour". On a beau dire (ou plus souvent nier) qu'"on n'aime plus" (cf. Ferré, Avec le temps), on n'est sans doute jamais tout à fait détaché ou indemne de ce qu'on "a aimé" un jour -- quand même l'amour se retourne en haine, en violence ou en indifférence plus ou moins feinte; et inversement on ne dit jamais "je t'aime", au présent, avec toutes la performativité immédiate ou instantanée et l'avenir que cela engage, sans le souvenir ou la nostalgie, le constat et la réflexion d'un amour et d'amours passés...
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MessageSujet: Re: le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...    le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...  Icon_minitimeMar 24 Mai 2022, 11:13

B. Typologie eschatologique d’Élie, le Précurseur, et son accomplissement historique en Jean le Baptiste, d’après les Synoptiques et l’Ancien Testament

a) Arrière-plan scripturaire

Il est visible que les rédacteurs des Synoptiques ont vu, dans Jean le Baptiste, le Précurseur du Messie, l’Élie qui devait revenir pour préparer les voies du Seigneur. Ceci, pour des chrétiens, apparaîtra comme un truisme ; mais les choses n’ont pas toujours semblé aussi simples à l’Église primitive ni aux Pères de l’Église (grecs surtout). En fait, et de prime abord, cette typologie ne paraît pas faire de doute, puisque Jésus lui-même affirme – sans ambages, semble-t-il – que Jean le Baptiste est Élie.

Je reviendrai, plus loin, sur la vraisemblance éventuelle de cette affirmation. Pour l’instant, il vaut la peine de se pencher sur les textes bibliques qui étaient, incontestablement, à l’arrière-plan d’une telle conception. Et, tout d’abord, il convient de souligner que l’Écriture est fort discrète sur ce retour d’Élie.

Dans la Bible canonique, nous ne trouvons rien de plus que ces paroles de Ml 3,22-24 : 

"Rappelez-vous la loi de Moïse, mon serviteur, à qui j’ai prescrit, à l’Horeb, pour tout Israël, des lois et des coutumes. Voici que je vais vous envoyer Élie le prophète, avant que n’arrive le jour de Y., grand et redoutable. Il ramènera le cœur des pères vers leurs fils et le cœur des fils vers leurs pères, de peur que je ne vienne frapper le pays d’anathème".

Hors du Canon juif, on trouve un texte très important. Il s’agit du Livre de Ben Sira (Ecclésiastique, ou Siracide), qui constitue un rappel des principales actions
prophétiques d’Élie, couronné par cette affirmation péremptoire de son retour eschatologique (Si 48, 1-11) : 

"Toi qui fus désigné, dans des menaces futures, pour apaiser la colère avant qu’elle n’éclate, pour ramener le cœur des pères vers les fils et rétablir les tribus de Jacob. Bienheureux ceux qui te verront..."

Il semble que ce soit surtout ce texte, plutôt que Ml 3, 23-24, qui a influencé la rédaction des péricopes concernant le rôle eschatologique d’Élie = Jean le Baptiste, dans les Synoptiques. En effet, il contient deux éléments qui sont absents du texte de Malachie: apaisement de la colère et rétablissement des tribus de Jacob ; de plus, seule la première partie de la phrase de Malachie est retenue: « pour ramener le coeur des pères vers les fils », et non la suite (« et le cœur des fils vers les pères »). 

Or, il se trouve que ces trois éléments réapparaissent, dans les synoptiques, presque sous la même forme: à savoir : 

1) La suppression du motif du retour des fils vers les pères (Lc 1, 17). 

2) L’apaisement de la colère, qui semble trouver un certain parallèle dans les paroles de Jean le Baptiste aux Pharisiens et aux Sadducéens venus recevoir son baptême: « engeance de vipères, qui vous a suggéré d’échapper à la colère prochaine? » (Mt 3, 7).

Certes, l’assimilation du Jour du Seigneur avec un Jour de Colère est classique (cf. Is. 30, 30; So 1, 18, etc.) ; ce qui l’est moins, par contre, c’est la perspective de pouvoir la faire cesser (grec : kopasai); et si le terme employé par Matthieu est différent (phugein), l’idée qu’il véhicule est proche et semble provenir de notre texte.

3) Quant au troisième élément, il est beaucoup plus important, dans la perspective comparative qui est celle de la présente analyse: il s’agit du rétablissement des tribus de Jacob, et de son corollaire: l’apocatastase (grec : apokatastasis).

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01420661/document
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MessageSujet: Re: le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...    le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...  Icon_minitimeMar 24 Mai 2022, 12:14

Sans revenir sur le problème du "messianisme" en général et du "judéo-christianisme" de Macina en particulier, il me semble excessif de dire que le thème de (l'évitement de) la colère est une invention du Siracide: c'est une "traduction" assez naturelle de Malachie 3,24, où l'on passe aisément de la "malédiction" (sous le vocable "technique" et sacerdotal de l'"interdit" ou "anathème", hrm) à la notion plus large de "colère", un peu comme de l'effet (anticipé) à la cause (motif émotif, si l'on peut dire).

Sur le rapport entre "Elie" et "Jean-Baptiste" (ou "Jésus") dans les évangiles, qui varie d'un texte à l'autre même à l'intérieur de chaque évangile, je rappelle ce fil (en particulier l'article de J.D. Dubois sur Luc, que tu avais fourni le 21.10.2021).
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MessageSujet: Re: le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...    le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...  Icon_minitimeMar 24 Mai 2022, 14:09

"Vos paroles ont été dures contre moi, dit le SEIGNEUR. Et vous avez dit : « En quoi avons-nous parlé entre nous contre toi ? » Vous avez dit : « C'est inutilement que l'on sert Dieu : qu'avons-nous gagné à assurer son service et à marcher la mine sombre à cause du SEIGNEUR (YHWH) des Armées ? Maintenant nous déclarons heureux les gens arrogants ; oui, ceux qui agissent en méchants ont prospéré ; oui, ils ont mis Dieu à l'épreuve et ils échappent ! » Alors ceux qui craignent le SEIGNEUR se parlèrent l'un à l'autre ; le SEIGNEUR fut attentif, il entendit. Un livre d'évocation fut écrit devant lui pour ceux qui craignent le SEIGNEUR et qui respectent son nom" (Ml 3,13-16).

 Encore une fois la divinité se présente sous un jour pitoyable, un Dieu fragile, souffrant et blessé par la dureté de des propos de son peuple, qui ne comprends pas pourquoi son peuple ne trouve aucun intérêt à le servir.

2 extraits :

Le dernier des livres prophétiques, Malachie, se termine aussi sur un appel à l'observance de la loi et à l'attente du messie : 

« Rappelez-vous la Loi de Moïse, mon serviteur à qui j'ai prescrit, à l 'Horeb, pour tout Israël, des lois et des coutumes. Voici que je vais vous envoyer Élie le prophète, avant que n 'arrive le Jour de Yahvé, grand et redoutable » (Ml 3, 22-23).

 Le mot « loi » tôrâ (Ml 3, 22) renvoi au Ps 1, 2 et le mot hwq « coutume, décret » (Ml 3, 22) au Ps 2, 7. De plus, Malachie, comme les deux psaumes du prologue, attend lui aussi le jugement eschatologique (cf. Ml 3, 13-24 avec les Ps 1, 5 et 2, 12). Il faut aussi relever que, dans la Bible hébraïque le livre de Malachie précède directement le livre des Psaumes. Sur l' arrière-plan de Ml 3, le prologue du Psautier se comprend donc comme une réponse à la question classique de la théodicée sur le bonheur des justes, à un moment, où la condition de ceux qui observent la loi ne semble pas particulièrement « heureuse » : 

« Inutile de servir Dieu ; à quoi bon avoir gardé ses observances et marché dans le deuil devant le Seigneur, le tout puissant ? A présent, nous devons déclarer heureux les arrogants. Et même ils prospèrent, les méchants ; s 'ils mettent Dieu à l 'épreuve, ils en réchappent » (Ml 3, 14-15).

 En clair, Jos 1 et Ml 3 présentent une étroite parenté non seulement avec le Ps 1, mais avec les deux premiers psaumes du Psautier, qui doivent être considérés (tous deux) comme « l'encadrement du livre des louanges ». 

https://www.persee.fr/doc/rscir_0035-2217_2003_num_77_4_3685


Le fameux livre de souvenir qui fut écrit devant le Seigneur (3,16) renvoie au livre céleste que le Seigneur lui-même a écrit, selon Ex 32,32-33; Ps 69,29; 87,6; etc. Il contient les noms des justes qui, par là, méritent la vie. L'existence de ces registres est souvent liée au jugement de Dieu qui fait la distinction entre les justes et les autres et Ml 3,16 ne semble pas dire autre chose. La distinction entre les justes et les méchants, dans un contexte de jugement planétaire suivi de l'établissement du règne universel de Dieu, est absente de ce passage. De ce point de vue, le jour du Seigneur en Ml 3,13-21 est d'un caractère différent de celui qui est mentionné en Ml 3,23-24. Ce dernier a, en effet, une grande coloration apocalyptique.

https://doc.rero.ch/record/330382/files/malachieparmilesprophetescopie.pdf
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MessageSujet: Re: le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...    le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...  Icon_minitimeMar 24 Mai 2022, 15:25

Pour ma part je ne vois pas de "messie" (= "oint") dans Malachie, même si dans les eschatologies subséquentes l'"Elie" de Malachie (et du Siracide) joue un rôle analogue -- tantôt complémentaire, tantôt équivalent -- à celui du ou des "messies". Toutefois ton premier article complète utilement nos considérations d'hier sur les effets intertextuels et structurants des grands ensembles (conclusion de Malachie comme conclusion des Douze, des Prophètes, de la Torah et des Prophètes, etc.) en y ajoutant les Ecrits, à ceci près que dans le canon juif ceux-ci (qui commencent par les Psaumes) suivent Malachie. Entre Malachie 3 et les Psaumes 1--2, qui se suivent, on aurait donc plutôt un effet "crochet" (analogie entre fin d'un ensemble et début du suivant) qu'un effet d'"inclusion" (entre début et fin d'un ensemble) -- quoique les Psaumes 1--2 produisent aussi, de l'extérieur en quelque sorte, un effet d'inclusion supplémentaire entre Josué 1 et Malachie 3...

Le problème de la "théodicée" ou de la "rétribution" renverrait, a contrario, à Job ou à Qohéleth, dévoilant ainsi toute la gamme de ses "solutions" d'une limite à l'autre: d'un côté la rétribution est reportée de la vie ou de l'histoire "réelles" dans l'eschatologie et/ou dans l'invisible (jugement dernier à la fin du monde ou jugement de chacun au-delà de sa mort), de l'autre il n'y a pas du tout de "rétribution" et servir le dieu ne sert effectivement à rien et à personne -- nihilisme si l'on veut, par rapport à toute "téléologie" qui justifie les "moyens" par une "fin", mais aussi ouverture dudit nihilisme vers l'in-fini de la "grâce" et de la "gratuité" -- même le Talmud de tradition pharisienne et eschatologique reconnaîtra à ses adversaires "sadducéens" la pureté d'une piété désintéressée qui n'attend rien en retour.
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MessageSujet: Re: le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...    le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...  Icon_minitimeMer 25 Mai 2022, 11:06

L’alliance nouvelle évoquée par Jérémie 31,31.33 vient se substituer à l’alliance conclue lors de l’exode et rompue par Israël (Jérémie 31,32). Cette alliance ne repose pas sur des paroles écrites sur des tables, ni dans un livre, mais sur une Torah placée par Dieu lui-même au plus profond de la personne de chaque Israélite (Jérémie 31,33). On mesure donc la dimension polémique de ce texte qui semble venir critiquer le lien établi entre l’alliance et un corpus précis – en l’occurrence les lois du Deutéronome ou de l’Exode, ou plus largement le Pentateuque. Jérémie 31,31-34 met donc au jour un débat concernant la délimitation du canon des Écritures d’Israël. Le Pentateuque jouit-il d’une autorité spécifique, ou doit-il être articulé avec d’autres supports de la révélation – telle la littérature prophétique ? C’est cette articulation que suggère la finale du livre des n ebi’îm (Prophètes), dans la Bible hébraïque : en reliant les figures de Moïse et d’Élie, Malachie 3,22-24, qui conclut le dernier des douze « petits » prophètes, souligne la complémentarité de la Torah et de la littérature prophétique :

Malachie 3,22 : Souvenez-vous de la Torah de Moïse, mon serviteur, à qui j’ai transmis à l’Horeb des ordonnances et des prescriptions pour tout Israël. (23) Voici que je vous envoie Élie, le prophète, avant que ne vienne le jour du Seigneur, grand et redoutable. (24) Il fera revenir le cœur des pères vers les fils et le cœur des fils vers leurs pères, afin que je ne vienne pas frapper d’interdit le pays.

https://www.cairn.info/revue-communio-2019-5-page-7.htm
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MessageSujet: Re: le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...    le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...  Icon_minitimeMer 25 Mai 2022, 12:10

Petit retour en arrière: l'article d'I. Himbaza (ton dernier lien d'hier) mérite d'être lu attentivement (ce que j'ai fait entre-temps); outre la discussion relative au chapitre 3 et au caractère nettement supplémentaire des v. 22-24, on y trouvera aussi une analyse intéressante du passage obscur relatif à la répudiation (2,14ss), que nous avions brièvement évoqué la veille (23.5.2022 et les liens). Quoi qu'on pense de son hypothèse, évidemment invérifiable, sur ce point précis (un texte de l'époque perse plutôt favorable à la répudiation aurait été modifié en sens contraire à l'époque hellénistique), on en retiendra la démonstration tout à fait convaincante de l'évolution constitutive du texte sur plusieurs siècles -- texte dont l'exégèse ne peut dès lors se réduire à la recherche d'un sens unique, que ce soit le "premier" (l'"original" ou le plus ancien) ou le "dernier" -- constat qu'on a souvent fait sur toute sorte de textes "bibliques" et qui vaut en effet pour la plupart.

A ce propos, ton dernier lien (O. Artus, ce matin) est intéressant aussi d'un point de vue quasiment opposé, puisqu'il s'agit de l'interprétation "canonique" (et catholique) des textes: on privilégie délibérément un sens (chrétien, traditionnel) sur tous les autres, par une opération qui peut être jugée tout à fait contraire à l'exégèse "critique" (p. ex. quand il s'agit d'une lecture "christologique" de textes de l'AT) mais qui trouve néanmoins des médiations dans la constitution même des textes (notamment par l'histoire des "canons partiels", juifs ou chrétiens, en amont du "canon" de référence -- ici catholique). Sinon, son rapport à Malachie (notre sujet) se limite à peu près à ce que tu en cites: la finale de 3,22ss réunit effectivement la Torah et les Prophètes, Moïse et Elie, alors que le texte de Jérémie tendrait plutôt à les opposer -- mais plus radicalement "l'alliance nouvelle" de Jérémie 31 contesterait tout "canon" d'écriture, aussi bien "prophétique" que "mosaïque"... ou "chrétien", parce qu'elle remet en cause le principe même de l'écriture qui est aussi celui de la tradition ou du langage, à savoir la différance toujours croissante de la parole à elle-même, à sa réception et à ses effets, autrement dit l'espace même de la communication, de la transmission, de la traduction et de la trahison, de la compréhension et de l'incompréhension, de l'obéissance et de la désobéissance -- tout ce qu'abolirait la médiation im-médiate, si l'on peut dire, d'une écriture sur/dans les coeurs (à la lettre programme et programmation).


Dernière édition par Narkissos le Mer 25 Mai 2022, 13:02, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...    le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...  Icon_minitimeMer 25 Mai 2022, 12:59

On le voit, le lien est particulièrement fort, entre les prophètes et la Torah de Moïse, et en particulier le Décalogue. La parole prophétique rappelle les exigences éthiques de la Loi, en lien avec la vie en alliance, y compris lorsqu’il est question du droit des étrangers. Ainsi, selon les prophètes, c’est bien l’abandon de l’alliance et de la Loi, autrement dit le choix délibéré de l’idolâtrie, qui est source de tous les maux. Cela prend corps dans le rejet et le mépris de l’autre — que le « a » de « autre » soit majuscule ou minuscule —, ce qui dénature Israël et appelle le jugement divin, comme le rappelle Malachie (3,5) :

"Je m’approcherai de vous pour le jugement. Je serai un prompt accusateur contre les magiciens et les adultères, contre les parjures, contre ceux qui exploitent l’ouvrier salarié, la veuve et l’orphelin, qui oppriment l’émigré (gér) et ne me craignent pas, dit Yhwh Tsebaoth".

Ainsi, c’est Yhwh lui-même qui se fera l’accusateur de ceux qui ne respectent pas le droit. De celui-ci dépend en effet la vie en alliance, au coeur de laquelle trouve également sa place l’éthique de l’accueil et de l’hospitalité, du respect de l’autre dans sa spécificité. Cela semble au centre des préoccupations des prophètes lorsqu’ils dénoncent les agissements pervers du peuple. Chez eux une attitude positive et accueillante envers l’étranger est donc nécessaire et fondamentale, car elle concrétise l’imitation de l’action divine. Cette exigence s’exprime toutefois de manière essentiellement négative, en termes d’accusation, rappelant ainsi ce que le peuple devrait faire mais ne fait pas.

Le rapport à l’étranger immigré, régi par le droit, est fondamental. Il n’est cependant pas le seul discours sur l’étranger dans ce corpus biblique.

https://www.erudit.org/fr/revues/ltp/2018-v74-n2-ltp04447/1058097ar/



"Car moi, le SEIGNEUR (YHWH), je n'ai pas changé ; et vous, fils de Jacob, vous n'avez pas été exterminés" (Ml 3,6).

Notes : Malachie 3:6
je n’ai pas changé : cf. Nb 23.19 ; Ps 102.27s ; Rm 11.29 ; Jc 1.17 ; voir aussi Os 11.9. – fils de Jacob Gn 49.2 ; 2R 17.34 ; Ps 77.16 ; 105.6 ; 1Ch 16.13. – vous n’avez pas été exterminés Lm 3.22 ; certains comprennent : vous n’en avez pas fini (de votre attitude perfide, comparable à celle de Jacob 1.2n ; cf. Es 43.27 ; Os 12.3ss,13ss). Dans ce sens la phrase introduirait les versets suivants.
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MessageSujet: Re: le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...    le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...  Icon_minitimeMer 25 Mai 2022, 13:43

Plus les "listes" de ce genre sont stéréotypées (la veuve et l'orphelin, ça l'est devenu même en français), moins les éléments qui les composent sont significatifs -- autrement dit, moins on pense ce qu'on dit quand on le dit (cf., juste avant dans le "micro-canon" des Douze Prophètes, Zacharie 7,10). C'est un travers fréquent des études "thématiques", de ratisser indifféremment toute sorte de textes à partir d'un critère de sélection verbal ou (de champ) lexical (ici "l'étranger"), sans se demander si ça constitue ou non, plus ou moins, un "thème" dans tel ou tel texte. Malachie ne me semble montrer aucun intérêt particulier pour "l'étranger" en tant que tel, ce qui est d'ailleurs très compréhensible si sa situation (même fictive) n'est plus celle d'un royaume autonome où les autochtones ont naturellement le pas sur "leurs" immigrés et sont en mesure de les traiter bien ou mal, mais une simple province d'empire où les "étrangers" sont soit les maîtres, soit des égaux en droit... Symptomatiquement, aucun rapport n'est établi (ni par le texte de Malachie, ni par l'étude d'Elena Di Pede) entre "l'immigré" de la liste stéréotypée et les "nations" (lointaines) censées adorer Yahvé (cf. 1,11.14 et supra 20.5.2022), dans le cadre théorique d'un "monothéisme inclusif" qui ressemble, ce n'est pas un hasard, à celui d'un empire apaisé (le dieu régnant comme l'empereur bienveillant sur tous ses peuples soumis et reconnaissants).


Dernière édition par Narkissos le Mer 25 Mai 2022, 14:01, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...    le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...  Icon_minitimeMer 25 Mai 2022, 13:58

"Apportez toute la dîme au Trésor, qu'il y ait de quoi manger dans ma maison ; mettez-moi ainsi à l'épreuve, je vous prie, dit le SEIGNEUR (YHWH) des Armées ; j'ouvrirai sans faute pour vous les fenêtres du ciel, et je déverserai pour vous la bénédiction au-delà de toute mesure" (3,10).

 « …Mettez- moi à l’épreuve et vous verrez.… » C’est là (peut être) la seule fois dans toute la Bible où il est permis, et même ordonné (le verbe est à l’impératif), de mettre Dieu à l’épreuve: et c’est au sujet de la dîme.
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MessageSujet: Re: le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...    le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...  Icon_minitimeMer 25 Mai 2022, 14:19

Cf. ici 7.11.2013: on n'aurait même pas besoin d'aller chercher la "contradiction" plus loin qu'au v. 15 (avec le même verbe, bhn).

Quoi qu'il en soit des "intentions" (du ou des auteurs), ça donne l'impression étrange, mais profonde si l'on y réfléchit un peu, d'un dieu qui serait déçu même d'être cru et obéi... "par intérêt", précisera-t-on: c'est pourtant lui qui aurait mis en valeur, par sa rhétorique, l'"intérêt" (très "matériel") de le servir, et qui aurait même proposé la "mise à l'épreuve" qu'ensuite il reproche ("double bind" et/ou "dieu au bord de la crise de nerfs").

C'est en tout cas devenu, malgré la contradiction, une référence quasi obligée des "appels de fonds" chrétiens, chez ceux qui ne pratiquent pas la "dîme" au pied de la lettre (p. ex. la Watch) comme chez ceux qui la pratiquent...
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MessageSujet: Re: le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...    le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...  Icon_minitimeVen 27 Mai 2022, 11:38

Dans Ml 3,1 Dieu répond à Israël (qui lui reproche de trader à se manifester) et annonce l'envoi d'un messager, toutefois, ce dernier apportera, avec lui, un jugement redoutable. 

Dans l'Exode (23,20), l'envoi de l'ange messager précède le moment ou le Seigneur dépossède les ennemis d'Israël ; dans Malachie, en revanche, l'envoi de cet émissaire pourrait bien précéder le moment ou Dieu dépossède le peuple d'Israël lui-même.     

La suite de la réminiscence (Marc 1,3) se réfère, quant à elle, à Es 40,3 : 

"Quelqu'un crie : Dans le désert, frayez le chemin du SEIGNEUR ! Aplanissez une route pour notre Dieu dans la plaine aride !"

Le début d'Es 40, porte l'accent non sur la figure du précurseur mais essentiellement sur la venue de Dieu lui-même et de la délivrance eschatologique ...

... 5) La réminiscence d'Exode (23,20)/Malachie devient, elle aussi, le lieu d'une indétermination étonnante. En ex 23, Dieu annonce qu'il enverra un messager "devant toi", c'est-à-dire devant le peuple. En Ml 3, le messager doit aplanir le chemin "devant moi",  c'est-à-dire devant le Seigneur en personne. 

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MessageSujet: Re: le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...    le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...  Icon_minitimeVen 27 Mai 2022, 12:30

Cette thèse d'Yvan Bourquin sur l'évangile de Marc (ici 1,2s, où le "messager" inspiré d'Exode 23 ET de Malachie 3, quoique cité sous le nom d'Isaïe, peut effectivement être aussi bien "Jésus" que "Jean-Baptiste", p. 247) paraît très intéressante; en ce qui concerne (même indirectement) Malachie 3 les pages 248ss (du moins ce qui est disponible sur GoogleBooks, chez moi ça s'arrête à 250) sont éclairantes, malgré quelques bizarreries (p. ex., pourquoi traduire le même ml'k/aggelos tantôt par "messager" et tantôt par "ange", p. 249 ?).

Avec un peu de recul, on reviendrait à un problème bien connu du "monothéisme", qu'on pourrait appeler la prolifération ou l'inflation des médiations: dès lors qu'il y a médiation, et de n'importe quelle espèce (parole, écriture, tradition, sagesse, esprit, ange, prêtre, roi, prophète, messager, envoyé, messie, apôtre, fils, image, temple, Eglise, rituel, sacrifice, sacrement, etc.), les médiations ne peuvent que se multiplier et se télescoper, y compris dans un sens temporel et/ou eschatologique: un Christ aura nécessairement des précurseurs (Jean-Baptiste, les Prophètes, David, Moïse, Melchisédeq, Abraham, Adam, etc.) et des successeurs (l'esprit, les apôtres, les évêques, etc.), ou bien il devra se précéder et se succéder (à) lui-même (celui qui vient est déjà venu et [re]viendra, ce qu'on pourrait aussi bien dire de "Dieu" lui-même et sans intermédiaire, cf. Exode 3 etc. -- mais déjà dans Exode 3 c'est "Yahvé" et son "messager").


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MessageSujet: Re: le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...    le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...  Icon_minitimeVen 27 Mai 2022, 13:34

Livre de Malachie me paraitre le bon fil pour soulever cette question : 

Dieu est-il resté silencieux entre les deux Testaments ?

EN FAVEUR DU SILENCE INTERTESTAMENTAIRE

Joe Heschmeyer a raison : c’est en grande partie à cause de la tradition juive que nous acceptons l’idée d’un silence intertestamentaire, d’une période « d’inactivité » au cours de laquelle aucun nouveau livre n’aurait été divinement inspiré comme ceux de Moïse ou d’Esaïe. Il cite alors lui-même le Talmud (babylonien) : « « Car c’est ce que nos Maîtres ont enseignée : quand Aggée, Zacharie et Malachie sont morts, le Saint Esprit est parti d’Israël » – Tractate Sorah. Cela fait donc un témoignage en faveur du silence intertestamentaire. Il a raison de souligner que dans le Talmud même on cite le Siracide comme inspiré, mais je reviendrais sur cette contradiction après.

Un deuxième témoignage indépendant, est celui de Flavius Josèphe, que j’ai déjà eu l’occasion de citer plusieurs fois dans notre correspondance : « Depuis Artaxerxés jusqu’à nos jours tous les événements ont été racontés, mais on n’accorde pas à ces écrits la même créance qu’aux précédents, parce que les prophètes ne se sont plus exactement succédé.  Les faits montrent avec quel respect nous approchons nos propres livres. Après tant de siècles écoulés, personne ne s’y est permis aucune addition, aucune coupure, aucun changement. » Contre Apion I, §8

Enfin, je citerai un troisième témoignage indépendant : celui de 1 Maccabées lui-même : 1 Maccabées 9.27 « «Il y avait donc une grande détresse en Israël, le pire depuis les prophètes cessèrent d’apparaître en Israël » et 1 Maccabées 14.41 «  Les juifs et leurs prêtres résolurent que Simon soit leur chef et grand-prêtre pour toujours, jusqu’à ce qu’un prophète digne de confiance advienne » Dans ces deux versets, on voit admise l’idée même que le St Esprit s’était retiré d’Israël, pour suivre la formulation donnée par le Tractate Sorah. Ce qui est intéressant en plus, c’est qu’elle est mentionnée en passant, comme si c’était quelque chose de facilement admis qui n’a pas besoin d’être défendu, tout juste rappelé.

https://parlafoi.fr/2017/12/06/dieu-est-il-reste-silencieux-entre-les-deux-testaments-silentium-deo/
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MessageSujet: Re: le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...    le livre de Malachie ou le Dieu qui dit : je vous aime ...  Icon_minitimeVen 27 Mai 2022, 15:32

Curieux mélange d'intelligence et de niaiserie, de modestie et de prétention, comme peuvent en produire tous les "présupposés" (en l'espèce "évangéliques" ou "fondamentalistes") tant qu'ils n'arrivent pas à se remettre (eux-mêmes) en question...

L'effet "silence" est corollaire de l'effet "conclusion", qui (comme on l'a vu plus haut, 23.5.2022) n'a pas la même portée selon qu'on considère Malachie 3,22ss comme une conclusion de 1) Malachie; 2) les "Douze (petits) Prophètes"; 3) les "Derniers Prophètes" ou "Prophètes-Livres" (depuis Isaïe); 4) les "Prophètes" y compris les "Premiers" (depuis Josué); 5) l'ensemble Torah + Prophètes (au sens 4°); 6) l'"Ancien Testament" (chrétien), Ecrits ou "Hagiographes" (Psaumes etc.) inclus. Autrement dit c'est un problème de corpus ou de "canon", jusque dans l'ordre des livres retenus, qui est logiquement distinct (du moins pour les modernes, "fondamentalistes" inclus) de celui de l'"inspiration"... D'un point de vue "historico-critique" en revanche la question ne se pose pas, puisque de nombreux textes apparaissent postérieurs à Malachie et même à sa conclusion tardive, Daniel (dans la seconde moitié du IIe s. av. J.-C.) n'étant que le plus évident.

En revanche le thème du "silence prophétique" est très ancien, aussi vieux sans doute que le "prophétisme" lui-même, on le retrouve aussi bien dans Amos (8,11), dans 1 Samuel (3,1; 28,3) ou dans les Psaumes: pour que le dieu "parle", il faut qu'il puisse aussi se taire, jusque dans la "divination" prophétique ou sacerdotale (urim-thummim etc.) qui ménage toujours la possibilité de la non-réponse, structurellement nécessaire pour qu'une réponse, ne fût-ce qu'un "oui" ou un "non" à une question "fermée", paraisse significative.

La postulation d'un "silence prophétique" peut avoir toute sorte de motivation: d'un côté, c'est souvent la clôture d'une "institution" qui ne veut plus être dérangée par une "parole de dieu" susceptible de dire n'importe quoi et de la remettre en cause, qu'il s'agisse de la religion sacerdotale du Second Temple (du Deutéronome qui cadre sévèrement le prophétisme au deutéro-Zacharie, chap. 13, qui l'abolit totalement), du pharisaïsme qui tend à clore le "canon" scripturaire pour passer à une religion du commentaire casuistique (halakha) ou édifiant (haggada), ou de l'Eglise (post-)apostolique qui fait de même avec son "canon" (NT clos, on n'écrira plus désormais que des "apocryphes" et des "commentaires", orthodoxes ou hérétiques). De l'autre, c'est aussi l'"angoisse existentielle" où l'expérience du "silence", de l'"inaction" ou de l'"absence" du dieu dans une situation donnée contraste avec une tradition (orale ou écrite) qui suggère le contraire: pourquoi ne dit-il et ne fait-il rien maintenant, ce dieu jadis si bavard et actif, c'est aussi un leitmotiv des Psaumes... et des Prophètes (exemplairement [le trito-]Isaïe, 63s). Toute "critique" historique et/ou littéraire mise à part, le motif "dogmatique" (et traditionnel) chrétien qui suppose un "silence intertestamentaire" entre Malachie (ou Daniel, qui est souvent dernier aussi dans les codex de la Septante) et Jean-Baptiste ou Jésus paraît secondaire par rapport aux précédents, que d'ailleurs il n'exclut nullement.
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