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| Théôria, ou la contemplation | |
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+5Patoune Admin Pierre de lune Anagnoste Narkissos 9 participants | |
Auteur | Message |
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Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Théôria, ou la contemplation Sam 05 Déc 2009, 12:49 | |
| Aujourd'hui nous voyons au moyen d'un miroir, d'une manière confuse, mais alors ce sera face à face. Aujourd'hui je connais partiellement, mais alors je connaîtrai comme je suis connu. (1 Corinthiens 13,12)
Nous tous qui, le visage dévoilé, contemplons comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transfigurés en cette même image, de gloire en gloire; telle est l'oeuvre du Seigneur, qui est l'Esprit. (2 Corinthiens 3,18)
Bien-aimés, maintenant nous sommes enfants de Dieu, et ce que nous serons ne s'est pas encore manifesté; mais nous savons que, quel que soit le moment de sa manifestation, nous serons alors semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu'il est. Quiconque a cette espérance en lui se purifie, comme lui est pur. (1 Jean 3,2s)
Le regard transforme. La contemplation de l'autre est contemplation de soi. Et réciproquement. Le visage est à la fois icône et miroir. |
| | | Anagnoste
Nombre de messages : 368 Age : 68 Date d'inscription : 12/02/2011
| Sujet: Re: Théôria, ou la contemplation Dim 20 Mar 2011, 18:47 | |
| Cher spermologos, chers tous, découvrant ce post du 5 décembre (2010, 2009, 2008 ?) donné en lien par spermologos, je suis allé chercher dans ma bibliothèque (en fait, il y a des livres par-ci par là dans l'appartement), un livre que je n'ai pas ouvert depuis 23 ans : "Sagesse de l'amour", d'Alain Finkielkraut, 1984, livre lui-même inspiré d'Emmanuel Lévinas. J'ai relu les passages que j'avais soulignés. Ceux-ci, par exemple : "La relation sociale est "le miracle de la sortie de soi". (...) Avant d'être regard, autrui est visage. (...) Visage et non texte où les mouvements de l'âme s'inscrivent et s'exposent à la patience du déchiffrement. (...) L'oeil revient toujours bredouille du visage de l'Autre ; celui-ci se retire des formes qu'il prend, il déjoue la représentation, il est la contestation perpétuelle du regard que je pose sur lui. (...) Il y a toujours en l'Autre un surplus ou un écart par rapport à ce que je sais de lui. (...) Rencontrer un homme c'est être tenu en éveil par une énigme." A bientôt. |
| | | Pierre de lune
Nombre de messages : 131 Age : 52 Date d'inscription : 17/10/2008
| Sujet: Re: Théôria, ou la contemplation Dim 20 Mar 2011, 22:29 | |
| Hello tout le monde,
La vie est un jeu de miroirs illusoire.
Il semble qu’il existe tout un monde entre moi et l’autre.
Le reflet de l’autre n’est qu’une image doublement fallacieuse. Les images se forment, se transforment et se déforment. Au final, ce reflet correspond-t-il à une réalité intérieure de celui de qui il émane ? L’autre ne renvoie que l’image qu’il veut ou qu’il peut renvoyer de lui et celui qui reçoit cette image ne l’apprécie que de manière très personnelle et subjective
On veut bien voir un peu de soi dans l’autre mais peut-on réellement voir l’autre ? Il demeure une barrière qui nous sépare de l’autre. C’est à la fois une malédiction et une bénédiction. On peut s’attrister de ne pouvoir être plus proche de l’autre, et mieux le comprendre. On passe ainsi souvent à côté de quelque chose. Mais on peut se réjouir de pouvoir préserver un petit jardin intérieur, un lieu de repos, impénétrable qui permet une intimité réelle et exclusive avec soi-même.
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| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Théôria, ou la contemplation Lun 21 Mar 2011, 00:18 | |
| - Citation :
- Visage et non texte où les mouvements de l'âme s'inscrivent et s'exposent à la patience du déchiffrement.
Phrase bien ambiguë, qu'élucideraient peut-être les portions omises avant et après... Je l'ai d'abord lue en y suppléant mentalement une virgule: Visage et non texte, où les mouvements de l'âme s'inscrivent et s'exposent à la patience du déchiffrement -- et je me suis dit que ce "non texte" ressemblait étrangement à un texte... Mais peut-être faudrait-il lire: Visage, et non texte où les mouvements de l'âme s'inscriraient et s'exposeraient à la patience du déchiffrement? Reste que nous pratiquons bien, du visage d'autrui, une sorte de lecture globale, lorsqu'en le voyant nous y reconnaissons instantanément "quelqu'un", une intelligence ou une connivence, une approbation ou une réprobation, alors que nous serions bien en peine souvent de le décrire ou d'en reproduire les traits et l'expression... |
| | | Admin Admin
Nombre de messages : 483 Age : 77 Date d'inscription : 20/03/2008
| Sujet: Re: Théôria, ou la contemplation Mar 22 Mar 2011, 00:11 | |
| Cher Anagnoste,
j'ai vu la difficulté de revenir sur un post ancien si l'on n'a pas la date exacte. Le problème est corrigé. La date apparaît dorénavant avec le jour, le mois et l'année. Merci de l'avoir signalé. Spermologos l'avait déjà fait mais je n'avais pas trouvé de solution. En cherchant un peu plus... j'ai fini par trouver.
Admin |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Théôria, ou la contemplation Mar 22 Mar 2011, 00:33 | |
| Nous allons donc enfin commencer à vieillir... |
| | | Patoune
Nombre de messages : 356 Age : 62 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Théôria, ou la contemplation Mar 22 Mar 2011, 05:26 | |
| Le miroir était à cette époque-là fabriqué avec du métal poli. On comprend par conséquent pourquoi Paul a pris cet exemple pour illustrer la manière confuse ou troublée de voir la réalité éclatante du Christ - 1 Corinthiens 13.12
Mais la lumière qu'Il renvoie est assez forte pour influer notre vie et à mesure où l'on permet de réfléchir cette lumière, le corps devient de plus en plus lumineux - 2 Corinthiens 3.18, à condition de Le regarder en face, d'y plonger ses regards - Jacques 1.25
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| | | seb
Nombre de messages : 1510 Age : 51 Date d'inscription : 05/01/2010
| Sujet: Re: Théôria, ou la contemplation Mar 22 Mar 2011, 11:07 | |
| - Admin a écrit:
- La date apparaît dorénavant avec le jour, le mois et l'année.
Où ça? Je ne vois toujours pas l'année... _________________ Si ton but est la croyance, ne parle qu'avec ceux qui la partagent. Si ton but est la connaissance, parle avec tout le monde! http://ex-temoinsdejehovah.org/
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| | | Admin Admin
Nombre de messages : 483 Age : 77 Date d'inscription : 20/03/2008
| Sujet: Re: Théôria, ou la contemplation Mar 22 Mar 2011, 18:47 | |
| lorsque je viens sous le pseudo admin je vois l'année indiquée |
| | | le chapelier toqué
Nombre de messages : 2607 Age : 77 Date d'inscription : 31/08/2010
| | | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Théôria, ou la contemplation Mar 22 Mar 2011, 19:03 | |
| Toujours champion du camouflage, à ce que je vois ! |
| | | seb
Nombre de messages : 1510 Age : 51 Date d'inscription : 05/01/2010
| Sujet: Re: Théôria, ou la contemplation Mar 22 Mar 2011, 19:47 | |
| J'ai trouvé! En fait, ça dépend du profil de chacun. Il faut aller dans profil / Préférences, puis choisir le bon "Format de la date" (en bas). _________________ Si ton but est la croyance, ne parle qu'avec ceux qui la partagent. Si ton but est la connaissance, parle avec tout le monde! http://ex-temoinsdejehovah.org/
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| | | VANVDA
Nombre de messages : 1610 Date d'inscription : 09/05/2008
| Sujet: Re: Théôria, ou la contemplation Mar 22 Mar 2011, 21:41 | |
| En effet, ça marche! C'est étrange ce forum chrétien qui vous laisse le choix dans la date (comme c'est facile...).
Je note toutefois que quand on lis "Aujourd'hui à 17:47" ou "Hier à 22:33", on ne nous précise toujours pas l'année!
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| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Théôria, ou la contemplation Mer 23 Mar 2011, 01:05 | |
| Nous n'avons plus qu'à affiner nos choix... |
| | | VANVDA
Nombre de messages : 1610 Date d'inscription : 09/05/2008
| Sujet: Re: Théôria, ou la contemplation Mer 23 Mar 2011, 10:15 | |
| C'est du joli: surtout après avoir expliqué, dans l'autre fil, ce qu'il y avait de troublant à imaginer le monde conique... |
| | | Anagnoste
Nombre de messages : 368 Age : 68 Date d'inscription : 12/02/2011
| Sujet: Re: Théôria, ou la contemplation Mer 23 Mar 2011, 11:13 | |
| Je dirais même plus, comme disent des personnages du Tintin cher à seb : tragi-conique. |
| | | free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Théôria, ou la contemplation Jeu 28 Mai 2020, 21:50 | |
| - Citation :
- Nous tous qui, le visage dévoilé, contemplons comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transfigurés en cette même image, de gloire en gloire; telle est l'oeuvre du Seigneur, qui est l'Esprit. (2 Corinthiens 3,18)
Dans le troisième chapitre de la Deuxième épître aux Corinthiens, Paul oppose certaines pratiques de la religion juive et le comportement nouveau des apôtres du Christ. Son propos se tient sur fond de polémique avec des détracteurs juifs ou judéo-chrétiens qui le dénigrent auprès des destinataires de sa lettre. Il évoque alors un Moïse qui voile son visage irradiant l’éclat d’une puissance transcendante, lorsqu’il révèle à son peuple la Loi qu’il vient de recevoir de Dieu sur le mont Horeb . Par contraste, il se félicite de la « franchise » et de « l’expression directe » (παρρησία) dont disposent les évangélistes autorisés à se montrer sans dissimulation quand ils reflètent devant leurs auditeurs la gloire de Jésus-Christ. Dans l’articulation des chapitres 3 et 4, les deux modèles apparaissent ainsi comme radicalement différents : il s’agit de se comporter « non pas à la façon de Moïse » (οὐ καθάπερ Μωϋσῆς), c’est-à-dire non pas selon la conception juive de Dieu, mais selon la compréhension que les disciples du Christ ont de sa miséricorde, dont ils ont bénéficié en se voyant accorder la responsabilité du service de l’Évangile … Leur conduite est donc déterminée par l’élection et la compassion de Dieu, ainsi que l’indiquent la nature de la forme passive ??????µ?? (« nous avons été pris en pitié ») et, qui plus est, la tournure de passif théologique, suggérant l’autorité absolue de Dieu sans le nommer explicitement. Dans ces conditions, la miséricorde divine est censée réhabiliter la personne des apôtres, mais le genre de triomphalisme qui transparaît dans la suite du texte à travers l’ensemble des traductions disponibles, et qui est commenté comme tel par les exégètes, présente alors une sorte d’illogisme et de discordance. Car Paul déclarerait que, choisi comme apôtre, il répond à l’appel en prenant la décision de se comporter dignement et en se montrant capable d’assumer la manifestation de la vérité. La version française la plus proche du texte grec est sans doute celle de la Nouvelle Bible Segond ( NBS) : - Citation :
- 4 1 Dès lors, puisque nous avons ce ministère, selon la compassion dont nous avons été l’objet, nous ne perdons pas courage. 2 Nous refusons les secrets de la honte ; nous ne nous comportons pas avec ruse et nous n’altérons pas la parole de Dieu. Au contraire, en rendant la vérité manifeste, nous nous recommandons nous-mêmes à toute conscience humaine devant Dieu.
Cette traduction suggère une grande autosatisfaction de la part de Paul, fondée sur le sentiment du devoir accompli. Les interprétations données de ce passage proposent en quelque sorte un schéma de pensée selon lequel l’accession au ministère transforme l’humain, par réaction psychologique et exercice de la volonté, et le délivre de ses faiblesses. Cette vision est très étonnante dans le cadre de la pensée néo-testamentaire, et spécialement dans le contexte de la doctrine paulinienne qui proclame habituellement le principe exclusif de la justification par la grâce. Sous ce rapport, l’homme ne saurait se rendre juste par le ressort de sa propre décision ou d’une vertu personnelle. D’ailleurs, les versets directement environnants confirment ce point de vue. En effet, l’auteur y fait ressortir l’obscurité et le néant que représentent des prédicateurs « esclaves auprès de leurs contemporains pour la cause du Christ », et « source obscure d’où Dieu fait jaillir la lumière ». Il ne saurait donc être question pour eux d’afficher avec assurance leur valeur . La suite du développement n’est pas plus avantageuse pour ces apôtres, puisqu’elle énumère les manifestations permanentes de leurs faiblesses et puisqu’elle dénonce leur constante « nécrose spirituelle » . La remise en cause est absolue. https://www.cairn.info/revue-de-philologie-litterature-et-histoire-anciennes-2012-2-page-13.htm |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Théôria, ou la contemplation Jeu 28 Mai 2020, 23:03 | |
| Je me réjouis de cet éloge (ponctuel et relatif) de la NBS, mais j'avoue ne pas très bien comprendre la "pétition de problème" de cet article (la disparition de la plupart des caractères grecs, du moins sur mon écran, n'y aide probablement pas).
Sous cette réserve: d'une part il me semble anachronique d'appliquer à la correspondance corinthienne le critère d'une (et d'une seule) "théologie paulinienne" (ou plutôt protestante), qui n'est pas encore formellement énoncée: la justification gratuite par la seule foi sans "oeuvres", ce sera l'épître aux Romains qui n'est certainement pas écrite ni pensée à ce stade (je ne crois pas que celle aux Galates le soit davantage); d'autre part, il faudrait surtout comparer cela à l'usage bien plus massif et paradoxal dans le corpus paulinien du vocabulaire de la "vantardise" ou de la "fierté" (être fier, se glorifier, kaukhaomai etc.), qui tantôt la réprouve et tantôt l'assume (crânement: 1 Corinthiens 1,29ss; 3,21; 4,7; 5,6; 9,15s; 13,3s; 15,31; 2 Corinthiens 1,12ss; 5,12; 7,4.14; 8,24; 9,2s; 10,8.13ss; 11,12--12,9; Romains 2,17.23; 3,27; 4,2; 5,2s.11; 11,18; 15,17; Galates 6,14 etc.; on pourrait en dire à peu près autant de la "gloire" et de la "glorification",doxa, doxazô etc.): "Paul" est particulièrement enclin à jouer de ce type de contradiction (humilité ou humiliation / fierté ou gloire), dans bien d'autres contextes que celui-là. Reste en 2 Corinthiens 4 l'idée, intéressante en effet, de l'opposition au voile de Moïse au chapitre 3: dans le Christ-Seigneur-Esprit, là seulement et pour autant qu'on y est (le même genre de réserve circonstancielle ou conditionnelle, métonymiquement "locale", vaudrait d'ailleurs pour plusieurs des textes référencés ci-dessus où la fierté et la gloire sont revendiquées dans des conditions analogues) il n'y aurait pas lieu d'être modeste... (et là on pourrait effectivement repenser au "chrétien libre seigneur... et serviteur obligé de tous", selon la transposition féodale de Luther). |
| | | free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Théôria, ou la contemplation Ven 29 Mai 2020, 10:02 | |
| "Car le Dieu qui a dit : « Du sein des ténèbres brillera la lumière » a brillé dans notre cœur, pour que resplendisse la connaissance de la gloire de Dieu sur le visage du Christ" (2 Co 4,6).
Des études récentes vont nettement dans le sens de la thèse d’une illumination intérieure. Ainsi Martin Ruf procède à un minutieux examen de l’arrière-plan éventuel et des liens possibles avec d’autres textes . Il rapproche 2 P 1,19-21 et 1 P 1,10-12. Les différences entre les deux textes ne doivent pas voiler le fait qu’ils se rencontrent au sujet de la prophétie ; on peut admettre un prolongement d’un thème abordé dans la première. Le lever du jour et l’expression phôsphoros anateilè indiquent un temps qu’il dénomme « messianique-eschatologique ». L’illumination qui s’y inscrit est « dans les cœurs ». Ruf retrouve ici la pensée de Paul, qui fonde sa mission auprès des Corinthiens sur « un resplendissement de la connaissance de la gloire de Dieu sur le visage du Christ » ; « Dieu a brillé dans notre cœur » (2 Co 4,6). https://www.cairn.info/revue-etudes-theologiques-et-religieuses-2018-1-page-1.htm |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Théôria, ou la contemplation Ven 29 Mai 2020, 11:02 | |
| Bénétreau commente surtout ici les épîtres (dites) de Pierre: en 2 Corinthiens où le "nous" (distinct du "vous") désigne des "apôtres" (au sens des "missionnaires" pauliniens, non des "Douze"), la "lumière" (métaphorique ou métonymique) n'est pas seulement intérieure, elle se diffuse, d'une intériorité à d'autres sans doute (coeurs, esprits, pensées, noèmata v. 4) mais en passant par une "extériorité" (image, face, visage, etc.): espace et surfaces de rayonnement nécessaires à une révélation (dévoilement, manifestation, apparition, etc.) tout autant que l'"intériorité" de son origine, de ses "relais" et de sa destination. |
| | | free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Théôria, ou la contemplation Ven 29 Mai 2020, 13:56 | |
| - Citation :
- Bien-aimés, maintenant nous sommes enfants de Dieu, et ce que nous serons ne s'est pas encore manifesté; mais nous savons que, quel que soit le moment de sa manifestation, nous serons alors semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu'il est. Quiconque a cette espérance en lui se purifie, comme lui est pur. (1 Jean 3,2s)
La vraie nature du croyant (fils de Dieu) n’apparaît que par la confrontation avec Dieu, voir Dieu, transforme le croyant. Voir Dieu, c’est le connaître , et surtout nous reconnaître, Dieu étant un miroir révélateur de la varie nature du croyant.Car la contemplation s’expérimente comme une retraite en soi-même, au cœur, au plus intime de soi-même, en une sorte de sanctuaire de la conscience, peut-être la demeure de l’être ; Plotin exhorte à la fuite, en quelque manière un retour d’Ulysse : « Fuyons vers notre patrie bien-aimée ! » . Le sage plotinien n’est enfin chez lui que métamorphosé en cela même qu’il contemple : deviens tout entier beauté si tu veux contempler le Beau, enseigne-t-il, ajoutant « Tout ce que l’on perçoit comme spectacle, on le perçoit en dehors de soi. Mais il faut alors le transporter en soi-même, et le voir faire un avec soi-même, le voir être soi-même » . https://www.cairn.info/revue-le-philosophoire-2003-3-page-225.htm |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Théôria, ou la contemplation Ven 29 Mai 2020, 15:28 | |
| Bel article (tu as probablement lu celui-ci aussi). |
| | | free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Théôria, ou la contemplation Jeu 28 Avr 2022, 12:50 | |
| La connaissance de Dieu au miroir de l'âme et de la nature.
Dans un sermon de Maître Eckhart on trouve la comparaison suivante : « J'en reviens à ce que j'ai dit : Dieu se goûte lui-même en toutes choses. Le soleil répand sa claire lumière sur toutes créatures, et tout ce qu'il baigne ainsi de sa lumière, il se l'intègre, sans rien perdre pourtant de son éclat. — Je prends un bassin plein d'eau, j'y mets un miroir et je l'expose au soleil. Du fond comme du bord le soleil lance alors ses rayons de lumière vers le dehors et lui-même n'en est pas diminué. Le reflet du miroir dans la lumière du soleil est dans le soleil; et pourtant le soleil et le miroir restent ce qu'ils sont. Il en est de même pour Dieu : il se trouve dans l'âme avec sa nature, avec son essence et avec sa divinité (et pourtant il n'est pas dans l'âme). C'est le reflet de l'âme qui est en Dieu. Dieu et l'âme restent cependant ce qu'ils sont. Dieu devient par cela toute créature. »
Quand la lumière éblouissante du soleil de midi tombe sur un miroir placé dans l'eau, l'image du soleil apparaît dans ce miroir comme un tout petit disque étincelant, mais infiniment éloigné, de sorte que l'œil peut le regarder sans en être ébloui; car les rayons du soleil, que les yeux ne peuvent supporter, en arrivant à travers l'eau au miroir et de celui-ci à nos yeux sont réfractés par la surface de l'eau, réfléchis par le miroir et encore une fois réfractés en sortant de l'eau, et de plus absorbés par l'eau, si bien que de tout le faisceau lumineux ce qui parvient à nos yeux n'est qu'une faible partie; et c'est pourquoi nous pouvons regarder sans peine l'image du soleil dans le miroir.
Mais dans notre comparaison le soleil représente Dieu lui-même, et l'expérience illustre parfaitement les paroles de saint Paul : « Nous voyons aujourd'hui confusément et comme dans un miroir, mais alors nous verrons face à face » (2) ; car directement — face à face — nous ne pouvons pas voir le soleil, mais indirectement nous le voyons dans ce miroir.
Le miroir, chez Maître Eckhart, c'est l'âme humaine, et ce qui se passe dans cette âme — la réflexion (au sens physique) — n'est qu'un symbole signifiant l'immanence de l'image de Dieu dans toutes les créatures, par lesquelles elle est irradiée de la même manière que la lumière du soleil est réfléchie par le miroir.
https://www.persee.fr/doc/rhpr_0035-2403_1937_num_17_2_2993 |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Théôria, ou la contemplation Jeu 28 Avr 2022, 15:28 | |
| Excellente lecture, et document précieux en dépit ou à cause de son âge (1937), par tous les textes remarquables qu'il rassemble -- intelligemment par-dessus le marché. Il serait d'ailleurs tout aussi pertinent à ce fil et à quelques autres ( un, être, essence et vérité, connaissance, etc). Plus curieusement peut-être, il me rappelle à une réflexion que je me faisais ce matin sur un tout autre sujet (le problème des calendriers autour de Daniel, et par là le caractère essentiellement "cosmique" du "culte" ou de la "religion" -- sacerdotale notamment): pendant la plus longue durée de l'histoire la plus large on a pu croire, de façon diverse, plus ou moins intuitive ou élaborée selon les époques, les lieux et les milieux, à une harmonie fondamentale et générale -- des mots et des choses, du savoir et de l'être, des différents "domaines" ou "régions" du "savoir" et de l'"être"; cet effet d'harmonie a culminé à la Renaissance (cf. là-dessus Foucault) pour se désagréger, se morceler et s'atomiser ensuite, de façon apparemment irréversible. Quand nous parlons de théologie ou de mythologie (Dieu ou les dieux), de sagesse ou de philosophie (connaissance, intelligence, éthique, etc.), d'astronomie (le Soleil) ou de physique (la lumière au sens "optique", réflexion-réfraction etc.), de biologie ou de zoologie (l'œil-organe et ses analogues, "récepteurs" de "lumière" au sens précédent), de langage ou de littérature (sur la "métonymie", les "métaphores" ou les emplois "figurés" de la lumière ou de l'œil), nous avons désormais affaire à des "domaines" qui nous semblent hermétiquement cloisonnés, entre lesquels, à la lettre, il n'y aurait rien à voir que des analogies verbales, superficielles et dépourvues de vérité. Les "sciences" sans doute s'y retrouvent mieux que jamais, chacune dans la clôture de son "champ" (et les vaches sont bien gardées), mais la grande perdante c'est la "pensée" d'ensemble, telle qu'elle avait pu se développer sous l'espèce de la "religion" et du "mythe" et de leur postérité "philosophique": sauf à se réduire à de l'"histoire" (histoire de la pensée, des religions, des mythes, des doctrines ou des philosophies), une telle pensée a un besoin vital de retrouver ou de reconstituer l'unité perdue, quitte à la réinventer par de tout autres moyens -- sans quoi elle reste en déshérence, à la fois sans "objet" et sans "sujet". |
| | | free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Théôria, ou la contemplation Lun 09 Mai 2022, 15:15 | |
| La portée épistémologique de la métaphore du miroir dans l'Institution de la Religion chrétienne chez J. Calvin
La tradition rhétorique qui veut que le domaine optique (celui de la lumière, de l'illumination, des ténèbres etc...) soit analogiquement employé pour dénoter une connaissance d'un quelconque ordre, imprègne les écrits bibliques de manière constante3. Pour nous limiter à la métaphore du miroir, on sait qu'elle apparaît trois fois dans le Nouveau Testament (I Corinthiens 13:12; II Corinthiens 3:18 et enfin Jacques 1:23 4). Il faut cependant noter que des quelques trente-deux occurrences de la métaphore du miroir relevées dans V Institution, deux seulement (II, vii, 7 et III, xxv, 11) se réfèrent directement à l'un de ces trois textes : la première occurrence se souvient de Jacques 1:235. La seconde est aussi la seule qui se réfère directement à I Corinthiens 13:12. Curieusement Calvin, dans ses écrits, cite souvent tel ou tel passage du Nouveau Testament en y introduisant la métaphore du miroir, bien que celle-ci n'y figure pas littéralement. C'est le cas par exemple dans le commentaire du chapitre quinze de la première épître aux Corinthiens, où il se réfère à Hébreux 11:13 comme s'il y était question de miroir (1985:429). Ceci ne fait du reste que souligner l'importance qu'il accorde à cette métaphore. Or il l'utilise la plupart du temps pour indiquer le reflet clair et satisfaisant d'une image. Aussi, la question qui se pose au sujet de la relation existant entre le miroir paulinien et le miroir calvinien dans le cadre de cette tradition rhétorique, est la suivante : existe-t-il un décalage entre leur degré respectif de clarté et Calvin s'éloigne-t-il de l'emploi paulinien de la métaphore du miroir, (à l'exception de l'occurrence relevée qui se réfère directement au texte de Saint Paul) ? On serait de prime abord tenté de le croire. En effet, n'est-il pas question dans I Corinthiens 13:12 de voir «au moyen d'un miroir, d'une manière obscure »? A contrario, on vient de voir que Calvin l'utilise pour indiquer la clarté et non l'obscurité. Un tel décalage pourrait alors être attribué aux différents matériaux ou procédés de fabrication des miroirs respectivement utilisés à Corinthe du temps de Saint Paul et au seizième siècle du temps de Calvin. Si les Hébreux disposaient de miroirs en cuivre poli, les Étrusques, les Romains et les Grecs utilisaient le bronze pour cet usage. Les miroirs de glace ne seront intro¬ duits que beaucoup plus tard, lorsque Venise se rend célèbre à l'aube du quatorzième siècle au moyen de ceux-ci : le procédé original utilisé consistait à appliquer un amalgame d'étain et de mercure au dos d'une glace (le tain du miroir) (Anon. 1961:3329-3300)7. Cependant, dans son commentaire sur la première lettre de Saint Paul aux Corinthiens, G. Fee (1987:647-648) souligne que Corinthe était particulièrement célèbre en tant que cité productrice des miroirs les mieux faits de l'antiquité :
(...)
Pour conclure sur le rapport existant entre la métaphore paulinienne du miroir et l'usage qu'en fait Calvin, on pourrait donc dire que ce rapport offre des similarités certaines, par delà la différence de perception de l'objet même du miroir due à ces deux contextes historiques et culturels différents : si l'on accepte l'exégèse de G. Fee concernant I Corinthiens 12:13, il apparaît que chez Saint Paul comme chez Calvin, c'est la différence entre le reflet d'une image et l'objet réel qui compte, davantage que la qualité de l'image reflétée. La différence de qualité du reflet, envisagée diachroniquement en tenant compte des progrès effectués dans la fabrication des miroirs, n'est pas déterminante quant à l'intention respective qui anime les deux écrivains : tous deux se réfèrent à des miroirs de grande qualité, si on les considère dans leur contexte respectif.
https://www.persee.fr/doc/rhpr_0035-2403_1997_num_77_4_5473 |
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