|
| Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) | |
| | |
Auteur | Message |
---|
free
Nombre de messages : 10100 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) 23.08.18 15:28 | |
| - Narkissos a écrit:
- Je suis d'accord en l'occurrence avec D. Fontaine: on y perd l'extraordinaire sarcasme (sapience anti-sapientiale) de Job: le "commencement des voies de Yahvé", ce n'est pas "la Sagesse" comme dans les Proverbes (ni le logos comme dans Jean), c'est behémoth, "la Bête".
Effectivement, même si D. Fontaine loue la TMN 2018, on le sent par moment dubitatif devant certaines nouveautés de la TMN 2018 ou parti-pris *. Son article m'a permis de constater que la TMN a réussi à supprimer des "par le moyen de" : "Autrefois, Dieu a parlé à nos ancêtres par les prophètes à bien des reprises et de bien des manières. Maintenant, à la fin de ces jours, il nous a parlé par un Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses, et par l’intermédiaire de qui il a fait les systèmes de choses." Hé 1,1-2 (TMN 2018) " Dieu, qui autrefois a parlé à bien des reprises et de bien des manières à nos ancêtres par le moyen des prophètes, nous a parlé à la fin de ces jours par le moyen d’un Fils qu’il a établi héritier de toutes choses, et par l’intermédiaire duquel il a fait les systèmes de choses " (TMN 1995) * D’autres cas impliquent l’ajout de mots sensés préciser le sens, quand ils sont susceptibles de le modifier (ex. Genèse 3.6 pour la précision temporelle absente de l’original, ou encore Matthieu 27.52-53 pour l’indication d’un sujet non exigé par le texte). |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12457 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) 23.08.18 15:57 | |
| Pour Hébreux 1,1s, il n'y a pas de quoi pavoiser: l'enchaînement des prépositions grecques est en-en-dia (mot-à-mot "dans" les prophètes, "dans" un Fils, "par" qui il a fait les âges). Il y a toujours confusion du en et du dia -- pour ne rien dire des grotesques "systèmes de choses".
Quant à Genèse 3,6, j'imagine que c'est la précision "quand il fut avec elle" qui est en cause; elle est très fantaisiste en effet, mais il y a bien pire dans le même genre et dans le même contexte, p. ex. 2,19 "continuait de former"... Le changement, dans la NWT2013, de "was forming" à "had been forming" est manifestement passé au-dessus de la tête des traducteurs français, alors qu'il s'efforçait précisément d'harmoniser le récit avec Genèse 1 (où les animaux sont créés avant l'homme). Pour autant que je me souvienne, la TMN74 avait l'imparfait simple (formait), qui était tout aussi contestable (à cause de la théorie franzienne des wayyiqtol) mais plus sobre et n'aurait nécessité aucun changement par rapport à l'anglais, ni en 1995 ni en 2018... Soit dit en passant, entre-temps j'ai vu pire, chez les "évangéliques": le plus-que-parfait (avait formé), d'après la NIV (had formed), qui à un certain point tentait des éditeurs francophones -- je ne sais plus si c'étaient ceux de la Bible du Semeur ou de l'édition de Genève (Segond21), et je n'ai jamais su ce qu'il en était résulté.
[En marge, à l'occasion de tout autres lectures: par rapport aux traducteurs attitrés de Heidegger en français, F.W. Franz, ses acolytes et ses successeurs sont des anges de simplicité...]
[La pensée de Heidegger en appelle une autre: au fond, personne ne se soucie plus aujourd'hui de vérité, ni au plan superficiel de l'exactitude dans la traduction des textes ni de façon plus fondamentale, théologique ou philosophique; et la Watchtower qui a tant usé et abusé du concept de vérité aussi peu, voire encore moins que les autres. Tout ce qui importe désormais à chacun, secte, religion, parti, association, éditeur, traducteur, philosophe, apologiste ou détracteur de ceci ou de cela, c'est la pérennité de sa petite entreprise: qu'elle demeure attrayante et viable et que lui soit assuré son droit à exister comme les autres. Voilà ce qui se lit entre les lignes des dernières bibles de la Watch comme partout ailleurs. Fichez-moi/nous la paix avec la vérité ! tel est le dernier mot, le cri de retraite, de ceux qui pendant des décennies ont emmerdé leur monde avec "la vérité". Pas besoin d'aller chercher plus loin un jugement dernier.] |
| | | free
Nombre de messages : 10100 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) 24.08.18 9:11 | |
| - Citation :
- Pour Hébreux 1,1s, il n'y a pas de quoi pavoiser: l'enchaînement des prépositions grecques est en-en-dia (mot-à-mot "dans" les prophètes, "dans" un Fils, "par" qui il a fait les âges). Il y a toujours confusion du en et du dia -- pour ne rien dire des grotesques "systèmes de choses".
Plus de 30 fois dans les Écritures grecques chrétiennes, l’expression “ système de choses ” rend le sens du terme grec aïôn. https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1200004288"Il s’est donné lui-même pour nos péchés, afin de nous délivrer du présent système de choses* mauvais, selon la volonté de notre Dieu et Père" Ga 1,4 (TMN 1995) "Celui-ci s’est donné lui-même pour nos péchés, afin de nous délivrer du présent monde* mauvais, selon la volonté de notre Dieu et Père" (TMN 2018) "Et cessez de vous conformer à ce système de choses-ci *, mais transformez-vous en renouvelant votre intelligence, pour pouvoir éprouver personnellement ce qu’est la volonté de Dieu, bonne, agréable et parfaite." Rm 12,2 (TMN 1995) "Et ne vous laissez plus modeler par ce monde*, mais transformez-vous en renouvelant votre manière de penser, afin de pouvoir vérifier personnellement quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui convient, ce qui est parfait." Rm 12,2 (TMN 2018) monde * : Ou « époque », « système de choses ». Voir lexique (Système de choses). système de choses.Cette expression traduit le terme grec aïôn quand celui-ci désigne une situation d’ensemble (ou : un état de choses) à un moment donné ou les particularités qui caractérisent une certaine période, époque ou ère (un « temps » de l’histoire). La Bible parle du « présent monde » (ou : présent système de choses) pour désigner la situation d’ensemble dominante du monde, mais aussi le mode de vie des gens éloignés de Dieu ( 2Tm 4:10). Au moyen de l’alliance de la Loi, Dieu avait mis en place un ensemble d’éléments (ou : état de choses) qui a constitué une époque particulière, un « temps » de l’histoire qu’on pourrait appeler « l’ère israélite » ou « l’ère judaïque ». Par le sacrifice de sa vie, qui a servi de rançon, Jésus Christ a été utilisé par Dieu pour mettre en place un ensemble d’éléments (ou : état de choses) différent qui concernait d’abord l’assemblée des chrétiens oints. Cela a marqué le début d’une nouvelle ère, caractérisée par des dispositions que l’alliance de la Loi avait représentées à l’avance. Quand aïôn est au pluriel, il peut désigner les diverses conditions d’ensemble dominantes, qui ont existé par le passé ou existeront dans l’avenir, et qui constituent des époques particulières, des « temps » de l’histoire (ou : ères). Il peut aussi désigner l’ensemble des choses que Jéhovah a créées, dont le soleil, la lune, les étoiles et la terre elle-même ( Mt 24:3 ; Mc 4:19 ; Rm 12:2 ; 1Co 10:11 ; Hé 1:2 ; 11:3). |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12457 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) 24.08.18 9:42 | |
| Une autre chose que F.W. Franz n'a clairement pas pensée, ou du moins pas pensée clairement, c'est la différence entre une définition et une traduction, de sorte que la NWT (originale) s'est retrouvée truffée de formules amphigouriques décalquées bêtement des dictionnaires. "Système de choses" est une expression utile (parmi d'autres) pour expliquer ce qu'un Grec entend par aiôn, soit quelque chose de similaire à ce que nous entendons par "époque", "temps" dans "l'esprit du temps", "monde" dans "le monde moderne", et ainsi de suite. De même, p. ex., la "force active" (ou "agissante") pour l'"esprit" (en Genèse 1,2): c'est une "définition" possible, ce n'est pas une traduction. (Les traducteurs de Heidegger auxquels je faisais allusion sont régulièrement tombés dans le même travers, et pourtant c'étaient des "penseurs", mais ils ont pensé en philosophes et non en traducteurs. Le résultat est un texte-commentaire ou un commentaire sans texte, ni tout à fait un texte ni tout à fait un commentaire. Et le lecteur qui découvre le texte après avoir lu une "traduction" de ce type n'en revient pas: le texte, il ne l'a effectivement jamais lu.)
Evidemment, la révision partielle rend encore plus incongrus les "systèmes de choses" qui restent. |
| | | free
Nombre de messages : 10100 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) 24.08.18 10:31 | |
| - Citation :
- Evidemment, la révision partielle rend encore plus incongrus les "systèmes de choses" qui restent.
Le changement le plus significatif, me semble être celui qui concerne Mt 24,3, ou la TMN supprime la "célèbre" tournure, "de l’achèvement du système de choses*", qui était un élément important du vocabulaire et jargon des TdJ. Je pense que de nombreux TdJ continuerons d'employer " système de chose", du moins, pendant un certain temps, car cette expression est ancrée dans leurs esprits. La TMN 2018 rend ce texte ainsi : "de la période finale du monde". Je note qu' après avoir tenté de justifier ce jargon Franzien à travers de nombreux articles (comme celui cité ci-dessus), la WT insère dans la TMN des expressions et traductions proches des Bibles modernes (de la fausse religion). |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12457 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) 24.08.18 10:46 | |
| La "célèbre" tournure était restée dans ma tête la "conclusion du système de choses" (TMN1974). C'est la TMN1995 qui est passée à "achèvement", alors que l'anglais avait encore "conclusion". Et la NWT2013 a toujours "conclusion" !
La "cuisine française" aboutit donc avec la TMN2018 à une traduction beaucoup plus clairement interprétative que son "modèle" américain. Car, bien sûr, l'enjeu herméneutique (la doctrine de la Watch) est de faire de la sunteleia une période, et non un événement ponctuel. "Conclusion" permet cette interprétation mais ne l'impose pas. "Période finale" l'impose, l'interprétation a pris la place du texte.
La révision (cohérente, cette fois-ci, pour sunteleia mais pas pour aiôn !) ne sera cependant pas sans poser problème: en Hébreux 9,26, la "période finale des systèmes de choses" (qui a dit "fluide" ?) est celle de la mort du Christ...
P.S. Vérification faite, la nouvelle cuisine française est encore plus excentrique que je ne l'avais crue: la NWT2013 a gardé "system of things" dans tout Matthieu (13,39s.49; 24,3; 28,20), là où la TMN2018 est passée à "monde". |
| | | free
Nombre de messages : 10100 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) 24.08.18 11:47 | |
| - Citation :
- P.S. Vérification faite, la nouvelle cuisine française est encore plus excentrique que je ne l'avais crue: la NWT2013 a gardé "system of things" dans tout Matthieu (13,39s.49; 24,3; 28,20), là où la TMN2018 est passée à "monde".
La direction centrale (américaines) des TdJ ne supervise-t-elle pas les différentes traductions ? Autre bizarrerie de la TMN 2018 et 1995, c'est la façon de rendre Ex 7,3 : "Quant à moi, je laisserai s’obstiner* le cœur de Pharaon ; oui, je multiplierai mes signes et mes miracles au pays d’Égypte" (TMN) "s’obstiner Ou : “ je ferai s’obstiner (s’endurcir) ”. La TMN propose 2 façons de traduire contradictoires avec 2 verbes qui expriment des origines différentes de l'endurcissement de Pharaon ... sur quelle base ? |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12457 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) 24.08.18 12:53 | |
| - free a écrit:
- La direction centrale (américaines) des TdJ ne supervise-t-elle pas les différentes traductions ?
En principe si, bien sûr. Mais en pratique -- surtout s'agissant d'une autre langue, qu'elle ne maîtrise pas -- elle ne peut réagir qu'aux questions qu'on lui pose, selon ce qu'on lui en expose et la façon dont on les lui explique. Et si on ne lui dit pas tout (ce qui est de toute façon impossible), il faut s'attendre à des retours de bâton quand les divergences apparaissent, et à de futures révisions de la révision. Je ne doute pas qu'une partie des "libertés" que la TMN2018 a prises par rapport à la NWT2013 ait été négociée (c'est ce que je disais plus haut à propos du titre "La Bible"), mais tout ne l'a certainement pas été. (Ce petit jeu se pratique dans toutes les hiérarchies du monde.) Sur Exode 7,3 et les textes analogues, tu trouveras à peu près le même flottement dans toutes les traductions, parce que le problème "moral" de la "liberté" et de la "responsabilité" travaille leur lecture, selon des systèmes de compréhension et d'incompréhension différents d'une époque à l'autre, depuis toujours ou presque: d'un côté les Augustin, Luther, Calvin, Jansénius, qui prennent la chose au sens fort de cause (prédestination, etc.); de l'autre les Pélage, Erasme, Arminius, qui la prennent au sens faible de "permission"; au milieu les nuances infinies de Thomas d'Aquin et de la scolastique, des jésuites ou de Leibniz... Je ne veux pas dire par là que tout se vaille: je tiens clairement les interprétations "permissives" pour une édulcoration des textes. Mais cela pose des problèmes de "traduction" beaucoup plus vastes que celui de l'exactitude. On est dans le cas (à vrai dire fréquent, mais ici exceptionnellement sensible) où la traduction exacte d'un texte est irrecevable pour ses destinataires (destinataires non du texte, mais de la traduction). Donc, je comprends (même si comme traducteur je n'approuve pas) que des institutions religieuses préfèrent un sens acceptable à un sens exact (cf. les dernières révisions catholiques du Notre Père). Tout dépend en somme l'idée qu'on se fait de "la Bible": "recueil de textes anciens" à l'usage des "savants" ou "objet de culte", au moins au sens instrumental du terme, qui doit servir à la pratique d'une "religion". Entre ces deux concepts incompatibles il est à la fois nécessaire et impossible de choisir, dans l'absolu, mais en pratique et par définition toute traduction confessionnelle choisit le second. La NWT-TMN comme la "Bible de la liturgie" catholique.
Dernière édition par Narkissos le 24.08.18 14:00, édité 1 fois |
| | | free
Nombre de messages : 10100 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) 24.08.18 13:50 | |
| - Citation :
- Je ne veux pas dire par là que tout se vaille: je tiens clairement les interprétations "permissives" pour une édulcoration des textes. Mais cela pose des problèmes de "traduction" beaucoup plus vastes que celui de l'exactitude. On est dans le cas (à vrai dire fréquent, mais ici exceptionnellement sensible) où la traduction exacte d'un texte est irrecevable pour ses destinataires (destinataires non du texte, mais de la traduction). Donc, je comprends (même si comme traducteur je n'approuve pas) que des institutions religieuses préfèrent un sens acceptable à un sens exact (cf. les dernières révisions catholiques du Notre Père).
La quasi-totalité des traductions optent pour le fait que se soit Dieu qui ait endurci le cœur de pharaon : http://djep.hd.free.fr/LaReferenceBiblique/?Livre=2&Chap=7&Vers=3 |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12457 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) 24.08.18 14:07 | |
| Je pense qu'un examen des notes des différentes traductions relativiserait beaucoup cette impression, parce qu'on y retrouverait des interprétations édulcorantes. Il est vrai que seule la TMN, dans cet échantillon, semble avoir eu le culot d'introduire l'édulcoration dans le texte. Mais quand l'Eglise catholique change son "Notre Père" pour lui faire dire "ne nous laisse pas entrer en tentation", elle fait exactement la même chose. |
| | | free
Nombre de messages : 10100 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) 24.08.18 14:22 | |
| - Narkissos a écrit:
- Je pense qu'un examen des notes des différentes traductions relativiserait beaucoup cette impression, parce qu'on y retrouverait des interprétations édulcorantes. Il est vrai que seule la TMN, dans cet échantillon, semble avoir eu le culot d'introduire l'édulcoration dans le texte. Mais quand l'Eglise catholique change son "Notre Père" pour lui faire dire "ne nous laisse pas entrer en tentation", elle fait exactement la même chose.
Effectivement on retrouve des réticences à incriminer Dieu comme responsable de l'endurcissement du cœur de pharaon : "Il faut donc voir l'idée qui se cache sous la formulation ou sous les mots employés. Si on considère bien le contexte des passages, il semble bien qu'endurcir signifie porter un jugement sur un état de péché, de fermeture à Dieu. Dieu ne veut pas l'endurcissement, il ne le provoque pas; Dieu sanctionne seulement le péché dont le responsable ne se repent pas. Quand Dieu « endurcit » un pécheur, il n'est pas la source, mais le juge du péché. L'endurcissement caractérise l'état de qui refuse de se convertir à Dieu et demeure séparé de lui. L'endurcissement peut aussi signifier que, quand l'homme est sans la grâce de Dieu, il est laissé à lui-même et le péché produit pleinement son fruit de mort. L'important, c'est que, du mal, Dieu fasse sortir un plus grand bien. Comme le pharaon endurci a servi à faire éclater la puissance du Dieu sauveur, de même Israël endurci a permis l'entrée des nations païennes dans l'Église (cf. Rm 9). Enfin, l'endurcissement de l'homme est un témoignage de la patience de Dieu dans l'accomplissement de son projet."( Professeur au Collège dominicain de philosophie et de théologie Ottawa) http://www.interbible.org/interBible/decouverte/comprendre/2003/clb_030131.htm |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12457 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) 24.08.18 14:56 | |
| De ce côté-là, l'histoire de l'interprétation est au moins aussi passionnante que les textes (cf. notamment l'introduction de la distinction aristotélicienne des "causes" dans le débat scolastique à la fin du moyen-âge). Et cela peut jeter la (mauvaise) conscience du traducteur dans un abîme sans fond: ai-je bien traduit un texte qui était recevable pour ses lecteurs en le rendant irrecevable pour les miens ? au contraire, l'ai-je bien traduit si je l'ai rendu recevable pour mes lecteurs alors qu'il n'aurait pas dû l'être ? |
| | | free
Nombre de messages : 10100 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) 24.08.18 15:29 | |
| - Citation :
- De ce côté-là, l'histoire de l'interprétation est au moins aussi passionnante que les textes (cf. notamment l'introduction de la distinction aristotélicienne des "causes" dans le débat scolastique à la fin du moyen-âge). Et cela peut jeter la (mauvaise) conscience du traducteur dans un abîme sans fond: ai-je bien traduit un texte qui était recevable pour ses lecteurs en le rendant irrecevable pour les miens ? au contraire, l'ai-je bien traduit si je l'ai rendu recevable pour mes lecteurs alors qu'il n'aurait pas dû l'être ?
Quel dilemme ! En même temps, l'idée d'un Dieu qui agit souverainement et qui fait ce qu'il veut, correspond bien à la divinité que nous présente l'épître aux romains, Un Dieu "qui appelle à l'existence ce qui n'existe pas."(4,17), qui dispose de ses créatures comme d'un potier (9,21) et qui appelle à la foi qui il veut, "afin que demeure le projet de Dieu qui est selon son choix" (9,11-12). La TMN a dut traduire Rm 9,10-13 et retranscrire une image d'un Dieu dont les choix dépende de lui exclusivement et non pas des œuvres de ses créatures ... cela a surement agit sur leur conscience, parce que le texte est très obscur et avec un style très lourd : " Cela s’est produit non seulement à l’époque, mais aussi lorsque Rébecca a mis au monde des jumeaux de ce seul homme, notre ancêtre Isaac ; en effet, alors qu’ils n’étaient pas encore nés et n’avaient rien pratiqué de bien ou de mal, afin que le projet de Dieu concernant le choix continue à dépendre, non pas des œuvres, mais de celui qui appelle, il lui a été dit : « L’aîné sera le serviteur du plus jeune. » Comme c’est écrit : « J’ai aimé Jacob, mais Ésaü, je l’ai haï. »" (TMN 2018) |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12457 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) 24.08.18 15:48 | |
| Dieu merci, les scrupules du traducteur -- à supposer qu'il en ait -- sont généralement solubles dans sa rémunération, que celle-ci soit plus ou moins grasse, et plus généralement dans les avantages de son intégration sociale (estime, prestige, reconnaissance); comme tous les scrupules.
Il n'empêche que le traducteur est souvent perçu comme un danger nécessaire (dans la Watchtower comme ailleurs, sinon davantage): il est amené, ex officio, à se poser des questions que les autres ne se posent pas, voire: pour que les autres ne se les posent pas.
P. ex., dans les épîtres pauliniennes, le traducteur de la NWT ou de la TMN est obligé de faire ce que pas un sur cent de ses coreligionnaires ne fait: suivre le raisonnement. Il est donc par là même obligé de voir le "crime" que commet la NWT quand elle détruit ledit raisonnement (p. ex. par la substitution de "Jéhovah" à kurios en Romains 10; 14; 2 Corinthiens 12 etc.); par conséquent, d'en être un peu plus "complice" que la moyenne.
[Cela m'a rappelé que, quand je suis devenu traducteur -- pas de la Bible -- au Béthel, plusieurs personnes m'ont dit, sur le ton de la plaisanterie: "Attention, les traducteurs sont particulièrement sujets à l'apostasie !" Comme "l'apostasie" n'entrait pas du tout dans mes perspectives à l'époque, je n'y ai pas fait plus attention que ça; je ne sais pas si ça se basait sur des précédents locaux -- j'en aurais sans doute entendu parler -- ou seulement sur les rumeurs confuses de la grande purge brooklynienne des années 1979-80, qui était toute fraîche (c'était fin 81 ou début 82) et aurait impliqué, outre des gens relativement connus comme R. Franz et E. Dunlap (qui n'étaient pas traducteurs mais rédacteurs), un certain nombre de traducteurs, notamment hispanophones. Toujours est-il que ça suggérait une certaine conscience, hors du groupe des traducteurs -- qui en effet ne se privaient pas entre eux d'une certaine "critique" des textes et des doctrines, sans aller jusqu'à l'"apostasie" -- d'un "danger" de ce genre.]
---
A propos de Romains, il ne faut surtout pas oublier le mot de la fin (11,32): Dieu a enfermé tout le monde dans la désobéissance pour faire miséricorde à tous. C'est le happy ending eschatologique qui différencie la lecture paulinienne du pur fatalisme d'une Antiquité plus ancienne, y compris dans son intermède "tragique" (au sens grec du terme). |
| | | free
Nombre de messages : 10100 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) 27.08.18 13:52 | |
| - Citation :
- Il n'empêche que le traducteur est souvent perçu comme un danger nécessaire (dans la Watchtower comme ailleurs, sinon davantage): il est amené, ex officio, à se poser des questions que les autres ne se posent pas, voire: pour que les autres ne se les posent pas.
Dans une organisation comme la Watch, les traducteurs de la NWT (donc qui travail sur la base des manuscrits) ne peuvent être choisis que parmi les "gardiens" de la doctrine, car la traduction influence la doctrine et peut la bouleverser (Je ne place pas les traducteurs anglais/français sur le même plan, même si leur travail les amène à une analyse plus profonde des textes). D.Fontaine attire notre attention sur un point de traduction de la TMN 2018 : Enfin la volonté de donner du sens peut gommer des indications essentielles pour le lecteur : en Philippiens 2.7 « il est devenu un humain » en lieu et place de l’ancien « a paru dans la ressemblance des hommes » (relégué en note), et 2.8 « lorsqu’il est venu en tant qu’homme » en lieu et place de « lorsque, par sa manière d’être, il s’est trouvé comme un homme » (en note aussi), traduit une volonté louable au premier abord, celle de fluidifier le style. Mais ce faisant on gomme les termes originaux que sont ὁμοιώματι et σχήματι dont le choix (face à μορφῇ/μορφὴν) et la variété sont loin d’être anodins… Il ne faut donc pas, en aucun cas, confondre intelligibilité et précision. Rendre la TMN plus intelligible en français est une chose, la rendre de facto plus fiable en est une autre. http://areopage.net/blog/2018/07/25/tmn-revisee-2018/
"Au contraire, il s’est dépouillé lui-même, il a pris la forme d’un esclave et il est devenu un humain*. De plus, lorsqu’il est venu en tant qu’homme*, il s’est humilié lui-même et il est devenu obéissant jusqu’à la mort, oui, la mort sur un poteau de supplice (TMN 2018)
"mais il s'est vidé de lui-même en se faisant vraiment esclave, en devenant semblable aux humains ; reconnu à son aspect comme humain, il s'est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu'à la mort — la mort sur la croix." (NBS)
"Mais il s’est dépouillé, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes, et, reconnu à son aspect comme un homme, 8.il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, à la mort sur une croix." (TOB)
La TMN se distingue par la façon dont elle rend 2 Sam 24,1 :" La colère de Jéhovah s’enflamma de nouveau contre Israël, quand on* (Ou : “ il ”. Voir 1Ch 21:1.) excita David contre eux, en disant : “ Va, dénombre Israël et Juda. ” (TMN 1995)"La colère de Jéhovah s’enflamma de nouveau contre Israël quand quelqu’un incita David* (Ou « quand David fut incité ».) à agir contre l’intérêt du peuple en lui disant : « Va, compte Israël et Juda" (TMN 2018). |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12457 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) 28.08.18 21:50 | |
| En vrac:
Les traducteurs de la NWT (américaine) n'ont jamais travaillé "sur la base des manuscrits", pas plus que la grande majorité des traducteurs de la Bible d'ailleurs: ils sont dépendants des éditions critiques (Westcott-Hort, Nestle-Aland etc.) parmi lesquelles ils font éventuellement des choix (cf. ce que j'appelais plus haut l'éclectisme textuel); dans ce cas, l'analyse la plus compétente a priori (celles des spécialistes de la critique textuelle) est filtrée par la moins compétente (celle du traducteur qui n'en a dans le meilleur des cas que de vagues notions): il en va toujours ainsi quand les traducteurs ne se tiennent pas à une édition critique (comme l'a fait la NBS), ou quand chacun ne dispose pas d'une expertise de spécialiste sur le livre qu'il traduit (ce qui est le cas de la BJ ou de la TOB, avec l'inconvénient d'une moindre cohérence d'ensemble).
Ce que semble regretter D. Fontaine -- je le comprends ! -- c'est que dans de nombreux cas la NWT2013/TMN2018, contrairement à ses "ancêtres", ne permet plus du tout au lecteur de savoir, même approximativement, "ce que dit le texte". Mais visiblement ce n'est plus le souci des éditeurs. Il s'agit pour ceux-ci de fournir un texte qui ne pose plus de "problème" (à la lecture du TdJ moyen), ou -- ce qui revient au même -- un texte où tous les "problèmes" sont résolus d'avance. Statistiquement, cela devrait faire plus d'heureux que de mécontents; et comme la Watch n'a que faire des mécontents, il n'y a pas photo...
Concernant 2 Samuel 24, on remarquera que l'astuce "technique" de la NWT-TMN est exactement la même qu'en Matthieu 27 (cf. supra): introduire de nulle part un sujet fantaisiste qui permettra de lire le texte comme on a envie de le lire: là, c'étaient "les gens" censés avoir vu les cadavres, au lieu des "corps" ou des "saints"; ici c'est un "on" où l'on pourra lire, au lieu de Yahvé, le satân de 1 Chroniques -- soit au sens du nom propre "Satan", soit au sens du nom commun indéfini: "un adversaire". En tout cas "Jéhovah" est disculpé, ce qui était aussi le but du Chroniste (qui, lui, a bien lu Samuel comme nous le lisons: Yhwh pousse David à la faute; sans quoi il ne se serait pas donné la peine de réécrire le texte autrement). |
| | | free
Nombre de messages : 10100 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) 29.08.18 9:11 | |
| - Citation :
- Ce que semble regretter D. Fontaine -- je le comprends ! -- c'est que dans de nombreux cas la NWT2013/TMN2018, contrairement à ses "ancêtres", ne permet plus du tout au lecteur de savoir, même approximativement, "ce que dit le texte". Mais visiblement ce n'est plus le souci des éditeurs. Il s'agit pour ceux-ci de fournir un texte qui ne pose plus de "problème" (à la lecture du TdJ moyen), ou -- ce qui revient au même -- un texte où tous les "problèmes" sont résolus d'avance. Statistiquement, cela devrait faire plus d'heureux que de mécontents; et comme la Watch n'a que faire des mécontents, il n'y a pas photo...
Que se passe-t-il dans la tête d'un traducteur qui harmonise le texte en fonction de son dogme, d'une manière aussi grossière et quand ledit traducteur fait profession de respecter l'intégrité du texte ? "Cela étant, il faut éviter de reformuler le texte à l’extrême. Un traducteur qui paraphraserait abondamment la Bible en fonction de sa propre interprétation de l’idée d’ensemble pourrait déformer le sens du texte. Comment cela ? Il risquerait d’introduire un point de vue erroné sur le sens du texte original, ou bien d’omettre des détails importants. Ainsi, bien qu’une version paraphrasée de la Bible soit facile à lire, ce genre de libertés prive parfois le lecteur du vrai message." https://www.jw.org/fr/publications/bible/nwt/appendice-a/traduction-bible/ |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12457 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) 29.08.18 10:00 | |
| Comme je l'avais dit en 2013, c'est un type d'argumentaire qu'on retrouve dans la plupart des "avertissements", "préfaces", "introductions" des bibles publiées depuis près d'un demi-siècle. Il est d'abord apparu dans celles qui ont adopté et affiché la théorie de "l'équivalence dynamique/fonctionnelle", comme la Bible en français courant: il leur fallait justifier leur écart par rapport aux bibles "traditionnelles" à la fois comme "nécessaire" et "raisonné", montrer qu'en traduisant ainsi elles traduisaient "mieux" et pas "n'importe comment". Donc se démarquer de deux "caricatures" opposées: d'une part un "hyper-littéralisme" qui obscurcit ou altère le "sens" par respect de la "forme", d'autre part une "liberté" irraisonnée qui fait "n'importe quoi". Même les traductions plus "classiques", pour ne pas paraître idiotes, ont fini par recourir au même type d'argumentaire. De "l'équivalence dynamique/fonctionnelle", en réalité, toutes les traductions depuis l'Antiquité (p. ex. la Septante) en avaient toujours fait, sans la "théorie": on ne peut tout simplement pas traduire autrement, dès lors que traduire c'est transmettre un "sens" dans une autre langue et que cela requiert forcément des adaptations "formelles". Mais tout le monde n'a pas les mêmes critères en la matière, ne fixe pas la même "ligne de partage" entre respect de la "forme" et du "sens", et chacun -- qui voit midi à sa porte -- tient à justifier sa pratique, toujours par contraste avec des "épouvantails" opposés dont les exemples sont faciles à trouver chez les concurrents. Bref, chaque traduction veut apparaître comme la "meilleure" en se distinguant d'un "pire" de part et d'autre. On trouve toujours plus "bêtement littéral" et plus "injustifiablement fantaisiste" que soi pour se mettre en valeur, on n'a que l'embarras du choix des exemples.
Quant à ta question, il me semble que "le traducteur" est toujours partagé entre deux "fidélités" antagonistes: d'une part la fidélité au texte, à la "forme" du texte qu'il voit et au "sens" qu'il en comprend; d'autre part la fidélité à une "doctrine" (sectaire, ecclésiastique ou idéologique selon le cas) qui détermine plus ou moins consciemment une "compréhension globale" des textes et de leur relation. Qu'on soit TdJ, catholique, protestant orthodoxe ou libéral, ou même athée, on ne traduit pas "la Bible" par hasard, l'intérêt même qu'on y trouve est lié à une approche générale du "livre" et de chacun de ses "textes" qui n'est jamais "neutre". Or la "bonne conscience" de la fidélité à la "doctrine" vient au secours de la "mauvaise conscience" de l'infidélité au texte, jusqu'à un certain point de rupture, auquel on peut arriver ou ne jamais arriver, en fonction de mille autres choses qu'une "conscience professionnelle". Autrement dit, le traducteur qui a un "problème de conscience" parce qu'il s'aperçoit qu'il lui faudrait choisir entre la fidélité au texte et la fidélité à la doctrine le "résout" différemment en fonction de sa situation personnelle. S'il n'est pas prêt au conflit et à la rupture éventuelle avec sa croyance et son institution, il tentera de ruser et de négocier pour arriver à un compromis au moins provisoirement acceptable pour lui.
Dernière édition par Narkissos le 29.08.18 10:08, édité 1 fois |
| | | free
Nombre de messages : 10100 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) 29.08.18 10:07 | |
| "Traduire, c'est à la fois perdre et créer, mourir et renaître..." "Celui qui traduit littéralement est un faussaire ; celui qui ajoute quelque chose est un blasphémateur", dit de façon redoutable le Talmud (1). La difficulté est redoutable, car "Traduire, c’est à la fois perdre et créer, mourir et renaître, sauver l’essentiel au cours d’un naufrage pour pouvoir prendre pied sur une terre vierge. C’est bien là que résident l’aventure et le risque encourus par toute traduction : dans une suite de décisions sans appel qui constituent sa force et sa faiblesse" (2). Ces difficultés – heureusement ! – n'ont pas arrêté les traducteurs de la Bible qui, dès les origines, ont voulu la mettre à la portée de tous. Mais, pour la première grande traduction de la Bible, la Septante, au III siècle av. J.-C., les scribes d’Alexandrie ne se sont pas emparés d’un livre clos... https://www.bible-service.net/extranet/current/pages/610.html |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12457 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) 29.08.18 10:58 | |
| Au niveau des généralités et des "déclarations de principes", tout le monde dit à peu près la même chose -- l'unanimité est telle qu'elle en devient comique: à en croire ses éditeurs (et les traducteurs éventuellement enrôlés dans la "promo"), chaque bible est la meilleure selon les mêmes critères, toujours "centristes", se gardant des mêmes "excès" à droite et à gauche, illustrés plus ou moins courtoisement ou agressivement dans la concurrence.
Tout cela n'a évidemment aucun intérêt pour juger de la "valeur" d'une bible: il s'agit de savoir ce qu'elle fait, concrètement, au cas par cas, dans chaque texte. Et ce jugement-là ne peut être que variable, donc globalement nuancé: tout n'est jamais "bon" ni "mauvais", il y a des "bons points" et des "mauvais", ce qui ne veut pas dire que toutes les bibles se vaillent. Les "défauts" majeurs de la NWT/TMN sont connus depuis bientôt 70 ans, les nouvelles révisions ne les changent en rien; elles améliorent un peu sa lisibilité en détériorant sa relative cohérence, et sur la plupart des textes problématiques elles rendent impossible l'accès du lecteur au "problème" même. C'est une perte sévère pour quiconque veut connaître les textes bibliques (selon le "souci de vérité" que j'évoquais plus haut), mais ce n'en est pas une pour le TdJ qui veut "lire la Bible" tranquillement, dans le cadre sûr et confortable de sa croyance et de son groupe.
Mais cela même -- j'y insiste -- est un "symptôme" du vieillissement du groupe. Sa "Bible" est désormais essentiellement un "objet de culte" à usage interne, de moins en moins une "arme" offensive ou défensive susceptible de convaincre quiconque à l'extérieur aurait d'autres références. Le TdJ tel que je l'ai connu, qui se faisait fort de montrer et de démontrer sa "vérité" à partir de n'importe quelle bible est une espèce en voie de disparition. Le TdJ futur comprendra de moins en moins pourquoi les autres bibles diffèrent de la sienne, et de ce fait il sera de moins en moins capable d'argumenter en sa faveur. Tout se ramène donc à une question d'adhésion générale au groupe et à son système d'autorité. La TMN fait partie du "kit", reçue d'office à l'intérieur, irrecevable à l'extérieur.
Dernière édition par Narkissos le 29.08.18 11:39, édité 1 fois |
| | | free
Nombre de messages : 10100 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) 29.08.18 11:39 | |
| - Citation :
- Les "défauts" majeurs de la NWT/TMN sont connus depuis bientôt 70 ans, les nouvelles révisions ne les changent en rien; elles améliorent un peu sa lisibilité en détériorant sa relative cohérence, et sur la plupart des textes problématiques elles rendent impossible l'accès du lecteur au "problème" même. C'est une perte sévère pour quiconque veut connaître les textes bibliques (selon le "souci de vérité" que j'évoquais plus haut), mais ce n'en est pas une pour le TdJ qui veut "lire la Bible" tranquillement, dans le cadre sûr et confortable de sa croyance et de son groupe.
Dans le cas de la NWT/TMN, les "défauts majeurs" sont de véritables altérations (ou ajouts) du textes, je ne sais pas si d'autres traductions sont allés aussi loin dans l'adaptation du texte au dogme. Narkissos, Que penses-tu de la disparition en Lc 23,43 de la formule : "En vérité, je te le dis", dans la NBS (remplacée par "Amen") et de sa substitution dans la TMN 2018 par l'expression, "Vraiment je te le dis" ? |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12457 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) 29.08.18 11:56 | |
| (Cf. éventuellement le dernier paragraphe ajouté à mon post précédent.)
Je ne connais pas toutes les bibles du monde... mais il est vrai que la NWT/TMN est dans une situation atypique, produit d'une organisation "sectaire" qui fonctionne en circuit fermé, elle peut se permettre ce que d'autres ne peuvent pas pour des raisons différentes: l'ouverture de l'Eglise catholique au débat universitaire -- depuis les années 1940 -- a très largement émancipé les bibles catholiques du dogme; quant aux "évangéliques", ce ne sont pas les tentations qui leur manquent (cf. supra l'exemple de la NIV), mais leur pluralisme institutionnel et doctrinal les empêche d'aller trop loin dans ce sens.
En Luc 23,43, le gros "problème", bien sûr, c'est la place du "aujourd'hui". "En vérité" ou "vraiment", ça ne change pas grand-chose. (Le choix de la NBS s'explique parce que "amen" est un mot étranger dans le texte grec, qui surprend le lecteur, au moins non-juif, avec l'effet d'une formule quasi "magique"; il a semblé logique de conserver autant que possible cet effet en français, même s'il est forcément altéré par vingt siècles de christianisme -- il l'était aussi, en grec, pour des lecteurs d'origine juive ou familiers du judaïsme.) |
| | | free
Nombre de messages : 10100 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) 29.08.18 12:01 | |
| - Citation :
- Mais cela même -- j'y insiste -- est un "symptôme" du vieillissement du groupe. Sa "Bible" est désormais essentiellement un "objet de culte" à usage interne, de moins en moins une "arme" offensive ou défensive susceptible de convaincre quiconque à l'extérieur aurait d'autres références. Le TdJ tel que je l'ai connu, qui se faisait fort de montrer et de démontrer sa "vérité" à partir de n'importe quelle bible est une espèce en voie de disparition. Le TdJ futur comprendra de moins en moins pourquoi les autres bibles diffèrent de la sienne, et de ce fait il sera de moins en moins capable d'argumenter en sa faveur. Tout se ramène donc à une question d'adhésion générale au groupe et à son système d'autorité. La TMN fait partie du "kit", reçue d'office à l'intérieur, irrecevable à l'extérieur.
Ton analyse me renvoie au KM 09/2007, qui décourageait fortement l'étude des langues bibliques et par la même renforçait l'enfermement des TdJ : " L'esclave fidèle et avisé " approuve-t-il les réunions de groupes indépendants de Témoins ayant pour but de se livrer à des recherches et à des débats bibliques ? — Mat. 24:45, 47.La réponse est non. Et pourtant, en divers endroits du globe, quelques membres de l'organisation de Jéhovah ont formé des groupes pour effectuer, de leur côté, des recherches sur des sujets bibliques. Certains ont ainsi entrepris d'étudier l'hébreu et le grec bibliques pour analyser l'exactitude de la Traduction du monde nouveau. D'autres examinent en profondeur des sujets scientifiques qui ont un rapport avec la Bible. Ils ont créé des sites Web et, au moyen de la messagerie instantanée, ils échangent leurs opinions et en débattent. Ils ont aussi tenu des conférences et rédigé des ouvrages afin de présenter le fruit de leurs recherches et de compléter la connaissance dispensée à nos réunions chrétiennes et dans nos publications. " http://www.watchtowerwayback.org/jw-wb/Francais/Le%20Ministere%20du%20Royaume/2007%20Le%20Ministere%20du%20Royaume%20(avec%20notes).pdf |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12457 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) 29.08.18 13:09 | |
| (J'ai corrigé ton lien qui ne fonctionnait pas.)
Le "virage" date du début des années 1980, juste après l'éviction de Raymond Franz et alii. On a vu, sans savoir pourquoi au départ, toutes sortes d'interdictions et de dissuasions apparaître (des "études bibliques" privées aux "discours publics" hors "plan"). C'est pourtant dans cette période que je me suis initié aux langues bibliques, au Béthel, avec la bénédiction du "traducteur-en-chef" qui s'y était lui-même mis mais n'avait plus le temps ni l'énergie de continuer; au Béthel toujours, un petit groupe préparait les lectures bibliques hebdomadaires de "l'Ecole théocratique" avec des ouvrages de référence hors Watchtower, notamment la Bible de Pirot & Clamer qui était excellente pour son époque. En même temps le "quadrillage" officiel devenait de plus en plus serré: je me souviens, vers la fin (1985), d'une consigne interne de Brooklyn aux services de traduction imposant de trouver un système de transcription de l'hébreu et du grec qui se fonde exclusivement sur la transcription anglaise, de sorte que les traducteurs ne soient plus "tentés" d'apprendre les langues originales... (tout ça alors que la Watch maintenait sa prétention, dans les langues autres que l'anglais, de se référer aux "originaux" pour les traductions de la NWT).
Avec l'arrivée d'Internet cela a créé une "niche", inconfortable mais viable, pour les "apologistes / chercheurs indépendants", tantôt en dialogue avec la Watchtower, tantôt avec l'extérieur académique ou non, et entre eux au gré des exclusions ou des réintégrations des uns et des autres... Quand on voit ce que sont devenus dans le même temps les "cousins" adventistes du septième jour, qui ont pignon sur rue à la Fédération protestante de France, participent à des projets collectifs (comme la NBS), forment leurs pasteurs (et de nombreux docteurs en théologie) dans les facultés protestantes ou d'Etat, ça fait rêver... |
| | | VANVDA
Nombre de messages : 1610 Date d'inscription : 09/05/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) 29.08.18 16:15 | |
| Après une petite pause... Puisque tu cites à nouveau le problème de la NIV (Gn 2.19), je dois avouer que je n'ai pas tout saisi de ton premier message sur le sujet. L'enjeu doctrinal, je le comprends parfaitement bien sûr. Mais le problème grammatical.... Si le verbe "former" est à l'accompli (c'est bien le cas, isn't it?) y a-t-il quelque chose qui empêche que l'action passée soit "longue" et dépasse cette autre action passée qu'est la création de l'homme. Est-ce exclu par la grammaire ? Ou est-ce que le wayyiqtol que tu évoquais fait qu'une succession de verbe implique aussi la succession des actions ?
Du point de vue anglais ->français, j'avoue que je ne comprends pas bien non plus pourquoi le "continuait de former" correspond moins bien à "had been forming" qu'à "was forming"... (je dois avouer que je ne saisis pas très bien la subtilité entre les deux. Qu'est-ce que "had been forming" impliquerait, dans le déroulement de la séquence ? )
(Je crois comprendre à la limite pourquoi le "had formed" et sa correspondance au plus-que-parfait en français te semblent "pire" : parce que ça inverse totalement la succession des actions, c'est bien ça?) |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) | |
| |
| | | | Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |