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| Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) | |
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Auteur | Message |
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le chapelier toqué
Nombre de messages : 2607 Age : 77 Date d'inscription : 31/08/2010
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) Jeu 30 Aoû 2018, 16:57 | |
| - Free a écrit:
- Pourtant la TMN emploie l'expression, "l'esprit de Jésus" en Ph 1,19 ; sans artifice :
"car je sais que cela aboutira à mon salut grâce à vos supplications et avec le soutien de l’esprit de Jésus Christ+. " (TMN 2018)
Note + : Jean 15:26 Jean 15:26 26 Quand viendra l’assistant que je vous enverrai de la part du Père, l’esprit de la véritéa, qui vient du Père, celui-là témoignera à mon sujet Le Témoin lambda verra t-il une éventuelle contradiction dans le fait que: l'on parle de l'esprit de Jésus dans un verset et que la note se réfère à un verset ou l'on indique l'esprit qui vient du Père? |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12461 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) Jeu 30 Aoû 2018, 17:16 | |
| @ lct: Selon ce texte, c'est Jésus qui envoie ce qui vient du Père. Il me semble donc que, du point de vue de la Watch, il s'agit plutôt de rassurer le lecteur jéhoviste: l'"esprit de Jésus" n'est autre que celui de "Jéhovah" dispensé "par son intermédiaire", selon le vocabulaire technico-administratif cher à la TMN. Maintenant, pour celui qui se risque à penser, tout peut devenir beaucoup plus compliqué ou beaucoup plus simple... :)
@ VANVDA: du petit tour que je viens de faire (laborieusement) à partir de l'index de H&R, il apparaît que beaucoup d'adonaï ont été simplement transcrits, surtout dans Ezéchiel (p. 28a/b; adônaïé dans les Juges); un certain nombre sont aussi devenus theos (630ass; outre les despotès et kurios déjà mentionnés); un est "mangé" par theosebeia ("piété", construite sur theos) pour l'expression "crainte d''adonaï" en Job 28,28 (648a); dans les pages des noms propres (en italiques dans l'index), on retrouve, au moins dans des annotations marginales, le fameux "pipi" imitant la graphie hébraïque de yhwh (126b).
Cela dit -- j'aurais dû commencer par là -- je n'ai peut-être pas très bien compris ce que tu cherches, ou pourquoi tu le cherches... |
| | | VANVDA
Nombre de messages : 1610 Date d'inscription : 09/05/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) Jeu 30 Aoû 2018, 19:16 | |
| Merci infiniment de me dégrossir ainsi le sujet !
C'est vraiment une série de questions "en cascade" (décidément...) que je me suis posées, dont le cheminement, pour peu que je sois capable de le retrouver complètement, serait vraiment laborieux à décrire, et sans grand intérêt. Le point de départ a été le visionnage d'une vidéo évangélico-apostate anti-TMN d'un de ces garçons qui balance ses critiques avec un aplomb proportionnel à l'inculture manifeste qu'elles trahissent des sujets qu'il entend aborder.
Attention, c'est du lourd:
https://www.youtube.com/watch?v=sNDfndT8ogY
Je me suis donc intéressé à la traduction d'Adonaï à partir de là, via Actes 4.24 et puis... "en cascade" ! (C'est dans le cadre de mes recherches sur les critiques que reçoit la TMN que je suis tombé là-dessus, mais je n'ai pas particulièrement l'intention d'aborder ce sujet dans ma "production-en-projet") |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12461 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) Jeu 30 Aoû 2018, 19:41 | |
| En effet, c'est un raisonnement digne du commissaire Bougret ou de l'inspecteur Clouseau !
Je me demandais si (des fois) la NWT/TMN n'aurait pas substitué "Jéhovah" à despotès comme à kurios (c'est possible, je ne m'en souviens pas, et le cas échéant ça ne me paraîtrait pas forcément "pire": quand on a passé les bornes, comme dit l'autre, il n'y a plus de limite...). Mais en Actes 4,24, du moins, elle ne l'a pas fait. Donc, à part la redondance susmentionnée, et l'équivalence qu'elle semble postuler entre 'adonaï et despotès (une seule parmi beaucoup d'autres, et dans les deux sens: despotès a d'autres correspondants qu''adonaï qui a d'autres correspondants que despotès, ça fait beaucoup de trous dans le tuyau), je ne vois pas grand-chose à y redire...
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Il y a cependant quelque chose de beaucoup plus dévastateur pour la doctrine jéhoviste dans le mot même d''adonaï, tel qu'il apparaît régulièrement dans le texte hébreu consonantique (massorétique, prémassorétique, qoumranien ou autre; je ne parle pas de vocalisation) et que la NWT/TMN le traduit (peu importe comment): c'est l'indice (parmi d'autres, comme la substitution quasi-systématique d''elohim à yhwh dans une bonne partie des Psaumes, 42--83, ou son absence de chapitres ou de livres entiers) que l'évitement-remplacement du nom Yhwh était déjà à l'œuvre dans l'élaboration des textes qui nous sont parvenus, textes que pour l'essentiel la NWT/TMN traduit exactement comme tout le monde. En ce qui concerne 'adonaï, il est fort probable que son insertion systématique devant yhwh, dans un certain nombre de textes et selon un système d'écriture sans vocalisation, a servi d'abord à la substitution: on lit le premier mot qu'on trouve, qui n'est pas anodin puisque sous cette forme il est réservé à Yhwh, et on se garde bien de prononcer le suivant.
Quoi qu'il en soit, si on condamne globalement et en principe l'évitement-remplacement du nom Yhwh comme l'abomination de la désolation, il faut le condamner aussi dans les textes mêmes qui en portent la trace. Autrement dit, aucun "original" existant ne sera jamais assez "original", et la Watch n'en fera jamais assez pour défaire la substitution qui est prise dans le tissu même des textes disponibles. Selon sa logique, elle pourrait (que dis-je ? elle devrait) aussi "rétablir" Yhwh au lieu des 'adonaï et des ''elohim qui l'ont effectivement remplacé. Seul problème: en défaisant ainsi les textes elle n'aurait plus de texte de référence (quoique pour le NT elle s'en passe très bien).
En somme, la question que je poserais, à contrepied de l'argumentation traditionnelle, c'est: pourquoi y a-t-il encore dans la NWT/TMN tant de "[Souverain] Seigneur" et de "Dieu" qui ne sont visiblement là qu'à la place de "Yhwh" ? Faute d'aller jusqu'au bout de cette logique (et d'y perdre tout texte de référence), il faut bien reconnaître qu'on en reste à une demi-mesure: la substitution est "bonne" quand elle est déjà intégrée dans le texte réputé "original", "mauvaise" quand elle est supposée être intervenue "après". C'est pourtant foncièrement la même opération, qu'elle se passe dans la lecture à haute voix, dans la copie, dans la compilation, dans la rédaction ou dans la tête même des auteurs. |
| | | VANVDA
Nombre de messages : 1610 Date d'inscription : 09/05/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) Jeu 30 Aoû 2018, 23:03 | |
| Il t'aura peut-être échappé que le "psautier élohiste" a bien été rejéhovisé par l'équipe de choc de la TMN ? Et que, en conséquence parmi d'autres, les deux psaumes identiques (14 et 53, je crois, de mémoire) qui ne se différencient quasiment que par la dénomination de Dieu, se retrouvent totalement identiques chez les Watch (et on se demande alors bien pourquoi on l'a en double... L'explication par l'intégration "en bloc" d'un psautier aux caractéristiques bien particulières et reconnaissables ne tenant plus, c'est que ça doit être simplement que les scribes qui se paluchaient tout le boulot trouvaient ça cool de recopier le même texte deux fois par psautier plutôt qu'une! ) |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12461 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) Ven 31 Aoû 2018, 00:47 | |
| J'avais bien vu (en 2013) quelques "Jéhovah" supplémentaires, grapillés ici et là sur les manuscrits de Qoumrân, non que le "psautier élohiste" aurait été "traité" en tant que tel -- le concept même me paraissait impensable à partir de la théorie jéhoviste, et j'ai encore regardé tout à l'heure le Psaume 42: il n'y avait pas un "Jéhovah" hormis le Yhwh du TM, v. 8. Mais quelle que soit la façon dont on y est arrivé, le cas du 14/53 est exquis (j'y avais pensé, mais je n'étais pas allé voir). Qu'on le "corrige" ou non, du reste, le problème théorique est rigoureusement le même: il semble impossible d'échapper à la conclusion qu'une élimination caractérisée du "nom de Dieu" fait partie intégrante (= constitutive) de "la Bible". On peut effacer sa trace du texte, elle demeure dans l'existence même du doublon et dans la numération des Psaumes, y compris dans la NWT/TMN.
Après vérification: en fait les "Jéhovah" du Psaume 53 étaient déjà dans les versions antérieures de la NWT/TMN (au moins depuis 1984 en anglais; la note renvoie à l'ancien appendice 1B qui est encore lisible ici). Aucun nouveau "Jéhovah" ne semble avoir été ajouté aux Psaumes 42--83 en 2013/18, et ceux qui l'avaient été avant sont toujours justifiés de la même manière (par référence à l'édition critique de la Massorah de Ginsburg, à la toute fin du XIXe s.). C'est dire que le fait même d'une révision "élohiste" des Psaumes est passé sous silence par la Watchtower, quoiqu'il soit (presque) aussi sensible dans la NWT/TMN que dans n'importe quelle bible. |
| | | VANVDA
Nombre de messages : 1610 Date d'inscription : 09/05/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) Ven 31 Aoû 2018, 09:00 | |
| J'aurais dû préciser en effet : "partiellement rejéhovisé", et que ce n'était en effet pas nouveau. (Ceci dit, je serais curieux de savoir exactement ce que dit l'ouvrage de Ginsburg. Je suppose qu'il signale les substitutions sans rétablir... Décidemment sur le sujet, la haute critique, apostate et haïe, devient bien séduisante, tel le fruit de la connaissance aux yeux de la femme ! De son arbre à elle, la WT a déclaré "bons" les fruits du bas, et "mauvais" ceux du haut ; mais ne dit pas que penser des fruits du milieu qu'elle grapille à l'occasion. ) |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12461 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) Ven 31 Aoû 2018, 10:39 | |
| Je n'ai pas Ginsburg sous la main, et je doute qu'il nous éclaire beaucoup: en tant qu'éditeur critique de la Massorah il n'avait logiquement rien à prescrire en matière de critique textuelle biblique; mais comme ce sont presque toujours des questions de critique textuelle biblique qui portent des non-spécialistes à s'intéresser à la Massorah la confusion est inévitable, de la part des lecteurs et même des auteurs: si attentifs que ces derniers soient à dissiper les malentendus, ils ne peuvent pas ignorer la demande décalée de la majeure partie de leur (maigre) public.
Il y a effectivement de quoi se perdre dans ces univers contigus et partiellement superposés qui relèvent de logiques et de méthodes opératoires radicalement différentes -- la tradition juive et médiévale qui a constitué la Massorah d'une part, la critique rationnelle moderne d'autre part qui s'applique, en principe séparément, au corpus "massorétique" et au corpus "biblique", mais tend aussi à importer dans un champ les "résultats" ou "données" qu'elle a cru recueillir dans l'autre.
A vrai dire, la construction même des "sciences bibliques" et connexes dépend de telles confusions et distinctions "naïves" qu'elle ne surmonte que progressivement et partiellement. (P. ex., il a fallu croire au "mythe" du "texte original" et à la possibilité de sa reconstitution "éclectique" pour que s'échafaude une critique textuelle biblique qui s'est aperçue bien plus tard que son "présupposé" et son "objectif" étaient absurdes, non sans avoir appris beaucoup de choses entre-temps.)
C'est également le cas de la distinction entre "haute" et "basse" critiques (autrement dites "historico-littéraire" et "textuelle"), qui dépendait aussi du mythe du "texte original" -- comme si l'on pouvait établir une frontière étanche entre ce qui se passe "avant" (rédaction, composition, compilation) et "après" (transmission, copie, traduction). Des générations de biblistes, professionnels et amateurs, se sont écharpées sur cette ligne de front imaginaire avant de comprendre -- tous ne l'ont pas compris -- qu'elle n'a aucun sens.
En ce qui concerne le "psautier élohiste", je ne vois aucun inconvénient à y rétablir autant de "Yhwh" qu'on voudra, à condition de "savoir ce qu'on fait" (comme dit le Jésus du Codex de Bèze). Si je me souviens bien, l'excellent commentaire de Kraus, que j'ai beaucoup pratiqué jadis, en "rétablit" un grand nombre, ce qui est parfaitement justifié de son point de vue. S'il s'agit de remonter à l'état le plus ancien possible de chaque psaume séparément, au plus près de sa composition, c'est ce qu'il faut faire. Mais on étudie alors des textes hypothétiques, et surtout indépendants, en amont de la formation du livre qui, elle, présuppose la "révision", les "doublets" et une foule d'autres modifications (p. ex. les suscriptions). Quand on traduit "la Bible", en revanche, on n'a pas d'autre choix que de se référer à un état "complet", c.-à-d. aussi "altéré" des textes, dont on sait très bien qu'il ne correspond pas à l'état le plus ancien de chaque texte, mais qui est le seul à former un "livre" et à "exister" matériellement en tant que tel. |
| | | VANVDA
Nombre de messages : 1610 Date d'inscription : 09/05/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) Ven 31 Aoû 2018, 11:51 | |
| Eh bien... Tu vas rire (moi, en tout cas, je souris après avoir ironisé par deux fois sur l'inculture crasse de quelques-uns du sujet sur lequel ils entendent éclairer le monde), mais, à te lire, je réalise que je ne sais sans doute pas exactement ce qu'est la Massorah. Pour moi, ça désigne jusqu'ici "simplement" une technique, ou plutôt un ensemble de techniques, celles qu'utilisaient "les Massorètes", des techniques qui pouvaient éventuellement diverger d'une école à l'autre, avais-je cru comprendre. Quand je lisais "une édition critique de la Massorah", je comprenais "une édition critique du texte massorétique" (c-à-d "Bible hébraïque" + "signes diacritiques"), autrement dit, dans ma petite tête, une espèce de "concurrent" des BHS/BHK... Mais ce que tu en dis, ça me met comme un doute ! Je ne vois pas très bien de quoi il peut s'agir : la Massorah est-elle aussi un "ouvrage" en elle-même ?
Concernant le psautier élohiste, dois-je comprendre que l'hypothèse majoritaire serait celle d'une substitution pour chacun des ces psaumes ? On n'envisage pas que "l'école" élohiste ait pu en produire "directement" avec "Elohim" (en l'écrivant, je me rends bien compte que ma formulation est problématique, mais je n'en trouve pas d'autres : je laisse la question sous sa forme très naïve, donc...) |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12461 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) Ven 31 Aoû 2018, 12:42 | |
| Le mot est en effet ambigu: outre la "tradition/technique" il désigne un "corpus" immense, complexe et diversifié qui est à la fois le "produit dérivé" et la "boîte à outils" des "massorètes". C'est le "paratexte" abrégé et codé qui figure en marge de tous les manuscrits dits "massorétiques", et qui, s'il fonctionne en interaction avec les signes intégrés dans le texte "biblique" (et dont nos "biblistes" n'utilisent guère que les signes de vocalisation, éventuellement d'accentuation et de césure ou la distinction qeré/ketiv), n'en constitue pas moins une sorte de "texte" et/ou de "base de données" autonome (avec des éléments purement graphiques et numériques, sur le comput ou la graphie particulière des lettres et des mots, etc.). Et bien sûr, ce "texte" varie d'un manuscrit à l'autre, d'où la nécessité (aux yeux des modernes) d'"éditions critiques". Bref, c'est un "monde" où l'on peut passer sa vie, mais qu'on ne peut guère prétendre "connaître" dans le cas contraire. En règle générale, plus quelqu'un te parle de "massore" et moins il sait de quoi il parle, à moins qu'il soit un spécialiste de ce domaine et dans ce cas-là il y a peu de chances qu'il t'en parle... L'opinion courante est en effet que le "psautier élohiste" est le résultat d'une révision, non d'une écriture originellement "élohiste" -- je pense même que c'est perceptible en traduction pour un lecteur assez familier de la Bible: des expressions "naturellement yahvistes" sont "élohisées" de manière tellement mécanique dans cette section que ça se "sent" (les "massorètes" d'ailleurs n'ont pas pu ne pas le "sentir", et cela a forcément joué dans leur annotation même si celle-ci répondait généralement à de tout autres préoccupations). Par ailleurs, il faut savoir que la théorie d'une "école élohiste" en général, surtout en ce qui concerne la Torah, a du plomb dans l'aile, en particulier chez les biblistes européens (T. Römer n'ayant pas été le dernier à contribuer à sa "déconstruction"); beaucoup d'Américains, en revanche, continuent de réciter leur "théorie documentaire" (JEPD etc.) comme si de rien n'était (ils l'ont souvent découverte tardivement). |
| | | VANVDA
Nombre de messages : 1610 Date d'inscription : 09/05/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) Ven 31 Aoû 2018, 13:16 | |
| Oui, je sais que le milieu académique a pris de la distance d'avec "théorie documentaire" en général (quoiqu'elle ait fourni des "acquis" qui, en eux-mêmes, restent valables, non?). Ce qui était perçu comme des "unités" ("E","J","P"...) par Wellhausen et ses épigones est désormais largement remis en question (et notamment quant à leur "unité", justement), et est décrit comme beaucoup plus divers, "éparpillé"... C'est bien "résumé", ou j'ai raté qq chose de bien plus important encore ? "L'école élohiste" a-t-elle un traitement particulier dans cette remise en question générale (encore plus remise en question que les autres) ? |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12461 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) Ven 31 Aoû 2018, 14:36 | |
| C'est très bien résumé -- je reste globalement "épaté", encore plus que par l'étendue de ton "savoir", par ton "intelligence" de ces sujets auxquels les circonstances t'ont pourtant beaucoup moins exposé que moi...
En effet, depuis fort longtemps déjà on parle de moins en moins de "documents" et de plus en plus de "couches rédactionnelles", avec toutes les différences qu'implique la métaphore (une "couche" n'existe pas toute seule, sans les couches précédentes qu'elle recouvre et qui la prédéterminent, comme elle va à son tour prédéterminer les suivantes). Ça ne veut pas dire qu'il n'y ait pas aussi des "documents": il y en a et de bien visibles, mais tout petits ou fragmentaires, comme un (morceau de) poème aux tournures archaïques dans un texte en prose "standard".
En un sens, l'"élohiste" (comme document présumé ancien et du nord) a bien eu droit à un traitement de faveur: c'était le "maillon faible" de la théorie initiale, donc le premier à être mis en question. Mais le "yahviste" (comme document aussi présumé ancien, voire "salomonien") n'a pas tardé à suivre.
Le plus drôle de l'affaire, c'est que beaucoup de "fondamentalistes" ont cru bon d'ironiser sur cette débâcle, en voyant s'effondrer la théorie qu'ils combattaient depuis toujours et en s'imaginant qu'ils pourraient tranquillement remettre "Moïse" à sa place, sans comprendre tout de suite que ce qui arrivait ne les arrangeait pas du tout, puisqu'il s'agissait d'une baisse générale des datations entre la fin de l'époque assyrienne et l'époque perse, voire hellénistique. Rien de plus "ancien", sinon précisément les (micro-)"documents"...
J'ai tendance à penser que les seuls "acquis" sont les textes, les textes réels, matériels, dans leur immense diversité phénoménale (pas seulement chaque "livre" mais chaque manuscrit ou fragment de manuscrit). Acquis "objectifs", si l'on veut; il y a aussi des acquis "subjectifs", tout ce qu'on y a remarqué à force de les lire avec toutes sortes de lunettes plus ou moins déformantes, sans lesquelles cependant on n'aurait rien remarqué du tout. |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) Ven 31 Aoû 2018, 15:41 | |
| La TMN 2018, supprime beaucoup de notes rattachées à certains textes. Ces notes étaient présentes dans la version 1995, la TMN 2018, les remplacent parfois par un texte de doctrine comme en 1 Cor 10,9 :
- "Ne mettons pas non plus Jéhovah* à l’épreuve, comme certains d’entre eux [l’]ont mis à l’épreuve, et ils périrent par les serpents" (TMN 1995)
Jéhovah* : “ Jéhovah ”, J18,22,23 ; אBC(gr.) : ton Kurion ; P46D : “ le Christ ” ; A : “ Dieu ”. Voir App. 1D.
- "Ne mettons pas non plus Jéhovah* à l’épreuve, comme certains d’entre eux l’ont mis à l’épreuve, et ils ont été tués par les serpents" (TMN 2018)
Jéhovah* : Voir app. A5. "Le nom divin dans les Écritures grecques chrétiennes"
La version 1995 mentionne les différentes variantes que l'on retrouve dans les différents manuscrits et bien sur la référence "J" , misent au même niveau que les manuscrits. Le lecteur était informé des différentes façons de traduire ce texte. La TMN 2018, supprime ces références et renvoie le lecteur à un texte de doctrine. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12461 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) Ven 31 Aoû 2018, 16:14 | |
| Il faut tenir compte du fait que la TMN2018 en ligne ne se donne pas pour une "Bible d'étude". En anglais même (cinq ans après la révision !) la "Study Bible" n'est disponible que pour les Evangiles et les Actes (cf. supra mes posts des 17 et 20.8.2018). L'annotation n'est donc pas définitive et on peut lui laisser provisoirement le bénéfice du doute, sans se faire trop d'illusion sur la suite.
A la suite de tes remarques d'hier sur Romains 10,17, j'ai relu le chapitre dans la révision de 2018 pour tenter de voir si les substitutions de Jéhovah à kurios-Seigneur (v. 13 et 16), particulièrement désastreuses dans un raisonnement où ce terme est un "mot-clé" autour duquel tout s'articule, étaient plus ou moins sensibles dans une version qui s'efforçait de mieux faire apparaître, précisément, le raisonnement. Or je constate que je n'y arrive pas -- je connais trop le texte, je sais trop d'avance où et comment la TMN "pèche" pour me rendre compte de ce que la révision y change, si elle y change quelque chose. |
| | | VANVDA
Nombre de messages : 1610 Date d'inscription : 09/05/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) Ven 31 Aoû 2018, 16:18 | |
| Merci Narkissos, pour le complément d'info, et de tes remarques laudatives. Ça fait du bien, de temps à autres... Il faut croire que le type qui m'a initié à tout ça devait être pas mauvais du tout ! Sinon, la suite de mon "savoir" sur le sujet vient pour l'essentiel de l'Introduction à l'AT de chez Labor et Fides, qui consacre un long chapitre à l'histoire des hypothèses. C'est peu et beaucoup à la fois, selon les circonstances.
Free : si on en croit le contact de Narkissos, les notes ne sont tout simplement pas finalisées pour la TMN 2018. La version "Étude" de l'édition 1995 avait elle aussi mis qqs temps à paraître. Il est vrai que dans le cas des variantes textuelles, elles auraient probablement pu être reconduites simplement. Je ne suis pas sûr que ça aurait été bien difficile, techniquement. Mais je crois bien que chez les TdJ, il n'y a pas grand monde qui les consultent, en général, ces notes. Je ne suis pas sûr que ce soit l'urgence... |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12461 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) Ven 31 Aoû 2018, 16:45 | |
| Il n'est quand même pas très difficile de prédire que la nouvelle annotation ira dans le sens de la crétinisation générale: p. ex., si l'on compare la nouvelle note, supposée définitive, de Luc 23,34 dans la NWT2013 (ici) à celle de la TMN1995 (là), on constate que toute référence textuelle précise (quoique illisible à la plupart) a disparu au profit d'une généralité lénifiante. C'est visiblement le "sens de l'histoire", qui n'en fera que plus ressortir, par contraste, l'acharnement à la démonstration du moindre "Jéhovah" à grands renforts de "références J" (dans l'appendice C sinon dans les notes, mais en version informatique ça revient presque au même). Mais sans doute cela aussi passera...
Je crois que les dirigeants actuels de la Watch, les plus malins du moins, ont fort bien compris qu'ils tenaient mieux leur petit monde en l'occupant avec des gadgets que par l'artillerie lourde de l'argumentation ou de la démonstration contraignante: il ne s'agit plus de convaincre.
Dernière édition par Narkissos le Ven 31 Aoû 2018, 17:48, édité 1 fois |
| | | VANVDA
Nombre de messages : 1610 Date d'inscription : 09/05/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) Ven 31 Aoû 2018, 17:45 | |
| Disparition des [[ ]] ET de toute note... En effet, c'est pas mal. Mais savent-ils, eux, ce qu'ils font ? |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12461 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) Ven 31 Aoû 2018, 18:00 | |
| C'est ce que j'avais remarqué en 2013 (à l'époque l'annotation n'était pas définitive, mais je ne le savais pas !): ce qui me paraît surtout choquant dans le cas de la suppression des doubles crochets, c'est qu'un certain nombre de textes qui jouissaient d'un statut similaire, disons "douteux", se trouve ainsi divisé arbitrairement sur le mode du "tout ou rien": les uns comme celui-ci se voient "canonisés" sans réserve, les autres (comme Jean 7,53ss ou les finales de Marc) disparaissent purement et simplement de "la Bible". Mais comme la Watch n'a jamais su distinguer le concept de "canonicité" de celui d'"authenticité" textuelle, ça peut se comprendre...
P.S.: est-ce justement parce qu'ils ne sont pas trop sûrs de "savoir ce qu'ils font" qu'ils ont gardé ce verset-là ? :)
P.P.S.: au cas où tu n'aurais pas vu la note (de la NWT2013 "Study Bible"), il faut cliquer sur le numéro de verset pour qu'elle apparaisse (gadget). Du moins sur ordinateur classique, c'est peut-être un peu différent sur i-phone, tablette, etc. |
| | | VANVDA
Nombre de messages : 1610 Date d'inscription : 09/05/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) Ven 31 Aoû 2018, 18:21 | |
| (En marge : je reçois ce jour, par la Poste, "Les Écritures grecques chrétiennes" de 1963, et pour répondre à un commentaire lu soit ici, soit sur le forum américain, le : "un dieu" en Jn 1,1 avait bien déjà été dégagé par le traducteur dès cette première version.)
(PS : non, en effet, je n'avais pas vu ! Merci du "truc". Mais au final, je ne sais pas si c'est mieux... 😄) |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12461 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) Ven 31 Aoû 2018, 22:01 | |
| Ah oui, en effet, je ne me souvenais plus...
(Je n'ai pas dû rouvrir cette édition depuis 1974, et je l'avais utilisée à peine deux ans à cette date; assez peu, du reste, car comme ce n'était pas pratique de sauter constamment d'une bible à l'autre, nous utilisions plutôt une bible complète, Segond 1910 le plus souvent en ce qui me concerne; il y avait même une certaine conscience du fait que l'emploi de "notre" NT en "prédication" tendrait plutôt à affaiblir la démonstration. Ça fait drôle d'ailleurs de repenser aux TdJ sans TMN, qui apprenaient d'emblée à argumenter ou à défendre leur doctrine avec -- ou contre -- n'importe quelle bible. Je crois qu'il n'y en a pas un sur cent aujourd'hui qui en serait capable: les dernières fois que j'ai -- un peu -- discuté avec des TdJ, ils promettaient, à la moindre question, d'aller "faire des recherches"...)
Concernant Jean 1,1, c'est d'autant plus remarquable que, selon le récit que j'en ai eu (et que j'ai déjà dû raconter), le gros du travail de cette première édition s'est effectué dans des délais limités et sous étroite surveillance, les traducteurs des langues concernées ayant été réunis à Brooklyn pour la circonstance (comme les septante[-deux] à Alexandrie ?). J'ai cru comprendre par ailleurs que pas mal de choses avaient été changées entre 1963 et 1974: tu feras peut-être des découvertes intéressantes. "Aînés -> anciens", "poteau de torture -> de supplice", peut-être ? En tout cas nous avons échappé à l'"empalé" que les anglophones se sont coltiné jusqu'en 2013...
--- Erratum: contrairement à ce que j'ai écrit et répété plus haut (de mémoire trompeuse), le "psautier (dit) élohiste" recouvre, bien sûr, les Psaumes 42 à 83 (non 73). Cela ne change rien aux constatations: la NWT/TMN n'a pas ajouté de "Jéhovah" dans toute cette section en 2013/2018, et ceux qu'elle avait ajoutés avant sont bien justifiés par référence "massorétique" (non au texte biblique dit massorétique, TM, mais aux conclusions de Ginsburg sur la Massorah-"paratexte": la différence devrait désormais être à peu près claire). Malgré cela l'omniprésence de "Dieu", si j'ose dire, et l'exceptionnelle rareté de "Jéhovah", restent criantes dans cette portion de la TMN... (D'après une statistique que j'ai aperçue entre-temps, les proportions s'inverseraient dans le TM: à peu près 5 'elohim pour 1 yhwh dans cette section, 1 'elohim pour 5 yhwh en dehors.)
Outre le "doublet" susmentionné (14//53: celui-ci à l'intérieur, celui-là à l'extérieur du "psautier élohiste") il y a aussi 40,14-18//70 et 57,8-12+60,7-13//108, où dans la section "élohisée" la TMN a suivi tous les 'elohim du TM (par rapport au Codex de Leningrad, elle n'a "corrigé" qu'un 'adonay en 57,10a = 9 dans sa numérotation).
Il y a beaucoup plus amusant: le fameux "Dieu, ton Dieu" qui n'apparaît que dans cette section (45,8=7; 50,7) est manifestement une "correction" mécanique de "Yhwh, ton dieu" (d'ailleurs attesté à la première occurrence par au moins un ms et le Targoum, d'après la BHS); ce serait une formidable occasion de rétablir un (ou deux) "Jéhovah", si, dans le premier cas, la substitution honnie du nom divin ne s'était pas répercutée, via la Septante, dans le NT (Hébreux 1,8s, citation du psaume 45 appliquée à Jésus, comme chacun sait) !
[Parenthèse généralisante mais qui me semble importante, parce qu'il y va d'un "invariant" repérable dans une variété presque infinie de domaines et de sujets: à chaque fois qu'on s'imagine vouloir, pouvoir ou devoir, dégager une "pureté originelle" d'une "corruption ultérieure", on retrouve invariablement la corruption ultérieure présumée (présumée corruption et présumée ultérieure) dans l'origine pure présumée (présumée originelle et présumée pure). Or cette volonté de dégagement constitue le geste moderne par excellence, on peut le suivre de l'humanisme de la Renaissance aux Réformes et aux Lumières, à la "critique" rationaliste, scientifique, historique, littéraire et textuelle, y compris aux "sectes" contemporaines. Veut-on dégager un "judaïsme" ou un "christianisme" primitif de ses altérations "païennes", "philosophiques", "myst(ér)iques" ? On retrouvera systématiquement ce qu'on voudrait éliminer dans ce qu'on voudrait sauver ou rétablir. La prétendue corruption fait partie intégrante de la prétendue origine. Dans le cas présent, l'élimination-substitution du nom Yhwh est prise dans la trame même de toutes les "origines" imaginables: ni "la Bible", ni "le judaïsme", ni "le christianisme" ne seraient ce qu'ils sont -- non pas seulement "maintenant", mais aussitôt qu'ils ont été nommés et identifiés "comme tels" -- sans elle. On ne saurait l'éradiquer comme un "mal" sans détruire en même temps cela même dont on voudrait l'éradiquer. En l'espèce: si le nom de Yhwh n'avait pas été délibérément "éliminé", des siècles plus tôt, du Psaume 45, l'auteur de l'épître aux Hébreux n'aurait pas pu écrire ce qu'il a écrit.] |
| | | VANVDA
Nombre de messages : 1610 Date d'inscription : 09/05/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) Sam 01 Sep 2018, 16:51 | |
| - Narkissos a écrit:
- Il y a beaucoup plus amusant: le fameux "Dieu, ton Dieu" qui n'apparaît que dans cette section (45,8=7; 50,7) est manifestement une "correction" mécanique de "Yhwh, ton dieu" (d'ailleurs attesté dans à la première occurrence par au moins un ms et le Targoum, d'après la BHS); ce serait une formidable occasion de rétablir un (ou deux) "Jéhovah", si, dans le premier cas, la substitution honnie du nom divin ne s'était pas répercutée, via la Septante, dans le NT (Hébreux 1,8s, citation du psaume 45 appliquée à Jésus, comme chacun sait) !
On ne serait pas à ça près, je crois. Je ne suis pas à la maison, mais de mémoire la formulation retenue par la TMN ne gênerait pas l'insertion d'un "Jéhovah", ni dans Ps (bien sûr), ni dans Hb. Si ma mémoire est bonne, dans la première partie de la citation, là où presque tout le monde comprend "Ton Trône, ô Dieu...", la WT retient "Dieu est ton trône", qu'un "Jéhovah est ton trône" pourrait remplacer sans dommage pour la WT. (Toujours si ma mémoire est bonne, il me semble d'ailleurs que c'est une lecture possible du Psaume en hébreu, mais pas du "même" passage tel qu'il est formalisé, en grec, en Hb, tandis que la WT le traduit ainsi dans les deux cas). Dans la seconde partie de la citation du Ps par Hb, tel que formulée par la TMN (1995, en tt cas), un "Jéhovah, ton Dieu" ne gênerait donc pas, puisqu'il est perçu alors comme un autre personnage que celui (le roi) auquel s'adresse le Ps. Je sais pas si je suis super clair, là.... En outre, (encore et toujours si ma mémoire...etc.) la citation juste suivante (ou juste précédente?) de l'AT par Hb, toujours tirée de Ps, était ostensiblement une ôde à Yhwh, et la TMN revient pour le coup à un : "ô Seigneur", sans que ça semble gêner grand monde. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12461 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) Sam 01 Sep 2018, 17:50 | |
| Ta mémoire est assurément meilleure que la mienne !
La TMN, donc, pourrait en l'occurrence coller des "Jéhovah" partout. La question n'en est que plus aiguë: que ne le fait-elle pas ?
Il n'y a pas d'impossibilité grammaticale à le faire (ni à traduire comme elle traduit, "Dieu est ton trône... c'est pourquoi Dieu, ton Dieu, t'a oint...") dans le texte grec d'Hébreux (!), seulement une improbabilité contextuelle: la supériorité du "Fils" sur les "anges" (le propos du passage) est simplement mieux marquée si le titre de theos lui est appliqué, à lui et non à un autre (donc si le nominatif est compris comme un vocatif).
Au v. 10 (= Psaume 102,25ss), il faut noter que le "Seigneur", cette fois clairement au vocatif (su, kurie), vient de la Septante (101,26), puisqu'il n'a pas d'équivalent dans le TM (mais il peut parfaitement refléter un Yhwh disparu de l'hébreu, cf. BHS): et là (je veux dire dans Hébreux) il ne peut s'appliquer à personne d'autre qu'au "Fils", sans quoi le texte n'a aucune raison d'être cité, puisqu'il ne se réfère qu'à un seul personnage (Dieu-Yhwh-kurios-Seigneur, non Dieu-Yhwh ET le roi comme dans le Psaume 45). Or le Psaume s'adresse clairement à Yhwh (nommé ou non, vocatus atque non vocatus comme dirait l'autre).
--- Pour expliciter l'enjeu rhétorique du point de vue de l'épître aux Hébreux: si le "Seigneur" du v. 10 n'était pas compris comme "le Fils", la citation des v. 10-12 n'aurait plus aucune raison d'être. Si le "Dieu" des v. 8-9 n'est pas compris comme "le Fils", la citation correspondante conserve un certain intérêt (le trône éternel, le comparatif "plus que tes compagnons"), mais très faible par rapport à ce qu'elle impliquerait dans le cas contraire. Or ce que la TMN refuse au Fils aux v. 8s (un titre de "Dieu" qui resterait relatif, puisque ce Dieu-là aurait encore un Dieu, "ton Dieu"), elle ne peut pas éviter de le lui accorder au v. 10, et d'une façon bien plus absolue (Seigneur, d'un texte qui ne saurait avoir d'autre destinataire que Yhwh). Exégèse mise à part, il y a là une notion d'"économie doctrinale" qui m'échappe...
(Je me demande en outre si, n'eût été la citation d'Hébreux, la TMN aurait eu l'idée de traduire "Dieu est ton trône" dans le Psaume 45, sans la moindre note indiquant une autre traduction possible. Un sens plus naturel, ou du moins aussi vraisemblable, serait: "ton trône, ô Dieu/Yhwh, est éternel, / ton sceptre est un sceptre de justice", s'adressant à Yahvé plutôt qu'au roi; on peut de même hésiter dans le premier vers du verset suivant -- est-ce Dieu ou le roi qui "aime la justice et hait le mal" ? -- avant que la deuxième personne ne désigne de nouveau clairement le roi. L'assimilation de Dieu au trône ne manquerait pas d'intérêt, mais à ma connaissance elle serait unique -- que le roi soit sur le "trône de Yahvé", ce n'est pas tout à fait la même chose -- et son expression, le cas échéant, n'est précisément pas univoque.) |
| | | VANVDA
Nombre de messages : 1610 Date d'inscription : 09/05/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) Sam 01 Sep 2018, 20:01 | |
| Les mérites de mon extraordinaire mémoire sont peut-être un tout petit peu relativisés par le fait que j'ai ressorti il y a un moi toutes mes notes du bon vieux temps sur le dossier "Jéhovah/TMN", et qu'il s'agit là d'un des passages notables (avec 1Pi 2.3) où un "Jéhovah" devrait être inséré suivant la logique que s'est fixée la WT, mais elle ne le peut évidemment pas ! Alors que les "sources J", qui utilisaient pour la plupart le Tetragramme à des fins "trinitaires", ne s'encombrèrent pas de cette incohérence (quoique je ne suis plus sûr qu'elles l'aient inséré en Hb, contrairement à 1Pi).
Eh oui : pourquoi lutter au verset 8 pour une cause perdue au verset 10 ? Ça t'échappe, ça m'échappe et je crois bien que ça échappe un peu aussi aux gens de Warwick, ou plutôt qu'il se le laisse plus ou moins volontairement échapper. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12461 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) Sam 01 Sep 2018, 21:19 | |
| Je suppose qu'en général un "Seigneur" de plus ou de moins les inquiète moins qu'un "Dieu", parce qu'il tend à se perdre dans la masse des références au "Seigneur Jésus" qui n'évoquent pas nécessairement "Yhwh". Pourtant dans une citation la connexion est évidente, presque autant ici qu'en Romains 10,13.16 où ils n'ont pas hésité à détruire le raisonnement (ce qu'ils auraient aussi pu faire ici). Le fait qu'il n'y ait pas de tétragramme dans le TM du Psaume 102,25ss y a-t-il été pour quelque chose ? Obnubilés par la lettre du nom propre, n'ont-ils pas vu que son absence ne changeait rien à sa référence ? Je me souviens en tout cas qu'Hébreux 1,10 m'avait frappé, lorsque j'y étais arrivé dans ma première lecture du NT grec au Béthel, bien plus que les v. 8s sur lesquels j'étais depuis longtemps "prévenu". Mais étant passé par Romains je ne me faisais déjà plus d'illusion.
(En repensant à ce sujet sur lequel tout a été dit et plutôt cent fois qu'une, je ne saurais y ajouter qu'une notation d'humeur, mais qui me vient de loin: depuis plus de trente ans, les "Jéhovah" de Romains 10 ont toujours tendance à me f... en rogne, ceux du chap. 14 en revanche n'en finissent pas de me faire rire, par leur insondable bêtise: pour traduire le kurieuô du v. 9 dans la ligne de ce qui précède, il aurait fallu un verbe "jéhover"...)
---
En lisant l'épître aux Ephésiens dans la TMN2018, j'ai surtout l'impression d'un mélange insolite de platitude et de charabia, dû à la combinaison d'une dose d'"équivalence dynamique" (ou de "parler-simple") avec le maintien (aléatoire mais massif) de la terminologie ancienne, toujours alourdie par les surtraductions mais dorénavant sans cohérence (p. ex. "monde", 1,21; "manière de vivre", 2,2; "systèmes de choses", 2,7, pour le même aiôn) -- soit une syntaxe relativement "fluide" et un lexique de plomb qui ne font pas bon ménage. Deux détails m'ont particulièrement arrêté, "l'Etat d'Israël" en 2,12 (la majuscule est de 2018 et le contresens anachronique est désormais complet) et la "parole pourrie" de 4,29 (qui date de 1995 semble-t-il, et calque un "rotten" parfaitement clair en anglais par une formule qui n'a rien d'idiomatique en français).
Mais l'habitude l'emportera sur tout le reste: les TdJ apprendront et parleront la langue de cette édition comme ils ont appris et parlé successivement celles des précédentes (celle de 1995 les a même fait parler hébreu pour un certain nombre de noms propres, que les plus jeunes vont avoir un temps du mal à reconnaître en français). La Watch est très avantagée à cet égard, puisqu'elle dispose d'un "public captif" (faire accepter une révision de la Bible dans des Eglises qui n'ont pas de "bible officielle" est beaucoup plus difficile). |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Edition revisée de la Traduction du monde nouveau (anglais) Lun 03 Sep 2018, 10:14 | |
| - Citation :
- Il n'y a pas d'impossibilité grammaticale à le faire (ni à traduire comme elle traduit, "Dieu est ton trône... c'est pourquoi Dieu, ton Dieu, t'a oint...") dans le texte grec d'Hébreux (!), seulement une improbabilité contextuelle: la supériorité du "Fils" sur les "anges" (le propos du passage) est simplement mieux marquée si le titre de theos lui est appliqué, à lui et non à un autre (donc si le nominatif est compris comme un vocatif).
" Mais à propos du Fils, il dit : « Dieu est ton trône à tout jamais, et le sceptre de ton royaume est le sceptre de droiture" (1, TMN 2018.La TMN introduit le v 8, par l'expression "Mais à propos du Fils, il dit", il me semble que cette liaison brise la fluidité et la cohérence du texte, la NBS emploie l'expression : "Mais pour le Fils" et la TOB : "Mais pour le Fils, celle-ci".Existe-t-il un texte dans la Bible qui indique que Dieu serait le trône du Fils ? La TMN renvoie au texte d'Apoc 3,21, mais celui-ci nous révèle que le Fils et le Père partage le même trône et non pas que le Père serait le trône du Fils.Traduire par "Dieu est ton trône" n'a aucun sens. Faire de Dieu un "trône", est synonyme d'élever quelqu'un au-dessus de Lui, en l'occurrence le Fils. (ce qui me semble contre-productif pour la WT, du point de vu doctrinal).Je ne sais pas si vous avez abordé la question de la traduction du Ps 45,6, mais la TMN rend ainsi ce texte : "Dieu est ton trône à tout jamais ;le sceptre de ton royaume est un sceptre de droiture", or la NBS traduit le texte comme suit : "Ton trône, ô Dieu, est pour toujours, à jamais ; le sceptre de ton règne est un sceptre de droiture.", et la TOB : "O Dieu, ton trône est éternel, ton sceptre royal est un sceptre de droiture".La TMN a supprimé le vocatif "ô Dieu" et a transformé le sens du texte. Pourtant au Ps 146,6 , elle rend correctement le vocatif «ô Sion» : "Jéhovah sera Roi pour toujours,ton Dieu, ô Sion, de génération en génération.Louez Jah"Un passage théologiquement significatifHé 1:8πρὸς δὲ τὸν υἱόν, ὁ θρόνος σου, ὁ θεός, εἰς τὸν αἰῶνα τοῦ αἰῶνος mais au Fils [il déclare], "Ton trône, ô Dieu, subsiste pour toute éternité". Syntaxiquement θεός pourrait remplir ici trois fonctions différentes : sujet ("Dieu est ton trône"), attribut ("ton trône est Dieu"), ou nominatif d'adresse (comme nous l'avons traduit ici). Les traductions supposant que ce terme est un sujet ou un attribut peuvent être regroupées et opposées à la troisième approche. À nos yeux, le nominatif d'adresse devra être préféré aux autres pour les raisons suivantes: (1) il est peu pertinent de supposer que si l'auteur avait voulu s'adresser à Dieu il aurait dû utiliser le vocatif θεὲ puisque celui-ci n'apparaît qu'en Matthieu 27.46. Partout ailleurs c'est le nominatif avec article qui est utilisé pour cela. (2) Ce fait est tout particulièrement net dans les citations de la LXX (comme ici en Hé 1.8; cf Hé 10.7) puisque celle-ci est réticente à utiliser le vocatif, probablement parce que l'hébreu ne connaît pas une telle forme. (3) L'accentuation dans le texte hébreu de Psaume 45.7 cité ici dans l'épître suggère qu'il devrait y avoir une pause entre "trône" et "Dieu" (indiquant que la tradition considérait "Dieu" comme une adresse à Dieu). (4) Cette lecture permet de mieux tenir compte de la construction avec μέν ... δέ des v. 7-8. Voir en θεός un sujet ou un attribut ne permet pas de le faire. En particulier, si l'on traduit le v.8 par "ton trône est Dieu" le δέ perd tout caractère adversatif puisque cette déclaration pourrait aussi s'adresser à des anges, affirmant que le trône, le souverain qui est au-dessus d'eux, c'est Dieu.Source : Grammaire Grecque, Manuel de-syntaxte pour l'exegèse du Nouveau Testament (Daniel Wallace - Excelsis) page 65 + Cover(Source de ce post : http://temoinsdejesus.fr/TMN/Hebreux-1-8-ton-trone-o-Dieu.html) |
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