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| Excommunication et famille | |
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Auteur | Message |
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Narkissos
Nombre de messages : 12412 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Excommunication et famille Mar 19 Jan 2021, 12:48 | |
| Il me semble avoir lu quelque part (peut-être chez Raymond Franz, tu dois savoir ça mieux que moi) que la Watch n'avait adopté (ou formalisé) sa propre pratique d'exclusion ( disfellowshipping, en anglais ça n'a pas changé) que dans les années 1950. Evidemment, avec la catholicisation récente du vocabulaire francophone la contradiction est encore plus flagrante. Les (rares) éléments "disciplinaires" du NT (y compris dans le corpus paulinien, voir ce fil) oscillent entre une logique d'exclusion (1 Corinthiens) et son contraire, à savoir une discipline exercée sur ceux qui sont toujours considérés comme membres de l'Egllise (emblématiquement 2 Thessaloniciens 3,14s: l'interprétation jéhoviste en fait un autre niveau de sanction dans un même système judiciaire -- disciplinaire désormais en v.f. -- mais rien dans le texte ne la justifie). Toutefois l'Antiquité tardive, qui avait basculé récemment et progressivement d'une conception traditionnelle, ethnique, territoriale et ancestrale de la "religion" à une conception plus "associative", notamment dans les "mystères" des grandes villes de l'empire romain, avait sans doute une vision de l'"appartenance" ou de la "non-appartenance" moins formelle que la nôtre. |
| | | free
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| Sujet: Re: Excommunication et famille Ven 22 Jan 2021, 16:38 | |
| « Celui qui est exclu a fait son choix, c’est son droit, et nous le respectons ! »
1/ L’opportunitéPour qu’il y ait vraiment choix, il faut que les alternatives qui se présentent à moi soient à peu près équitables en terme de bénéfices et de pertes, car plus une possibilité aura un impact significativement négatif sur ma vie ou sur ce qui me tient à cœur, moins il y a de chances que j’opte pour elle. Il faut donc que chacune des éventualités soit propice dans une mesure sensiblement commune, car plus la fourchette des gains et pertes sera importante entre les différents choix, et moins il y aura de choix justement, à tel point que certains d’entre eux ne pourront même plus être qualifiés ainsi. Par conséquent, tous les choix ne se valent pas et il ne faudrait pas se laisser éblouir par un détail purement technique -en l’occurrence, grammatical (« tu peux choisir entre ça ou ça »)- qui donnerait l’illusion d’une alternative, alors qu’il n’y aurait en fait pas de choix effectif une fois les mots transposés dans la réalité. Car comme le souligna fort justement le marquis de Vauvenargues, écrivain du XVIIIè siècle, dans Réflexions et maximes, « la nécessité nous délivre de l’embarras du choix ». Cela peut s’appeler l’opportunité, qui se définit comme une occasion favorable.
Par exemple, si je suis au 8è étage d’un immeuble et que je désire descendre, peut-on vraiment dire que j’aie le ’’choix’’ entre sauter de la fenêtre et mourir, ou bien prendre tranquillement la rampe d’escalier et arriver sain et sauf tout en bas ? À moins que je sois dépressif et que j’aie des envies de suicide, il est clair que seule la deuxième possibilité s’offre à moi. Pourquoi cela ? Parce que la première s’exclut d’office, étant donné qu’elle me priverait de quelque chose de bien trop précieux : ma vie, ou dans le meilleur cas que l’on puisse imaginer, ma santé. En fait, dans cet exemple, je n’ai pas de choix : il me faudra utiliser mes guiboles, quand bien même je ne serais pas un sportif dans l’âme, car je serais très nettement gagnant en agissant de la sorte.
Or, la sentence que la Watch Tower prononce sur l’exclu est en fait ni plus ni moins que la mort sociale de l’ex-adepte : il s’agit pour elle de faire en sorte que celui-ci soit comme décédé aux yeux de ses membres. L’exclu est privé de toute fréquentation, et même conversation, avec ses ex-coreligionnaires ; il voit sa réputation traînée dans la boue car, comme il n’a plus la possibilité de se défendre publiquement pour expliquer ce qui s’est réellement passé, on peut sans complexes raconter sur son dos toutes sortes d’histoires bien crapoteuses, quitte à le dépouiller de sa dignité... [7] Or, dans un État de droit, le bannissement social d’une communauté et la perte de sa réputation constitue probablement la pire sanction qui puisse être appliquée à quelqu’un... https://web.archive.org/web/20160323170229/http://www.tj-revelation.org/L-exclusion-mythes-et-realite |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12412 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Excommunication et famille Ven 22 Jan 2021, 18:07 | |
| Cela m'a rappelé le philosophe Louis Levy, dans Crimes and Misdemeanors (Crimes et délits) de Woody Allen (1989), qui se serait jeté du nième étage en laissant pour seule note "I have gone out the window", "je suis passé par la fenêtre" -- ce que beaucoup ont compris comme une allusion à la mort de Primo Levi, qui était pourtant différente et à laquelle l'auteur du film a déclaré ne pas avoir pensé...
Je suis toujours perplexe devant ce raisonnement (on en a jadis discuté assez longuement avec VANVDA, qui n'était pas d'accord avec moi): à la limite (mais faut-il ou non le porter à sa limite, telle est aussi la question), il se renverserait ou se paralyserait en aporie -- le choix idéal serait aussi le choix impossible, entre des possibilités parfaitement égales ou indifférentes (comme celles de l'âne de Buridan dans la rhétorique scolastique); mais aussi bien le seul choix possible parce que parfaitement "arbitraire" (décider dans l'indécidable, comme dirait Derrida, la seule décision digne de ce nom). Tous les "choix" réels ont des avantages et des inconvénients qui ne s'équilibrent (presque) jamais parfaitement, à ce tarif ils sont et ne sont pas des "choix". Même avec le couteau sous la gorge ou le pistolet sur la tempe, et spécialement dans une telle situation, certains découvrent qu'ils "ont le choix" quand la majorité estime qu'elle ne l'aurait pas -- peut-être simplement parce qu'elle n'est pas dans cette situation.
Cette perspective laisse toutefois aux TdJ une certaine "mauvaise conscience", qui persiste en dépit des discours officiels d'auto-justification: celle de savoir qu'en un certain sens leurs "exclus" ont montré un "courage", une "audace", une "honnêteté", un "désintéressement", une "spiritualité" ou une "foi" (qu'on "choisisse" comme on voudra entre ces termes qui ne sont pourtant pas synonymes) qu'eux-mêmes n'ont pas -- qu'on juge le "choix" possible ou impossible, certains l'auront fait et d'autres non. |
| | | free
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| Sujet: Re: Excommunication et famille Ven 22 Jan 2021, 21:48 | |
| Cependant, les sentiments humains, notamment l’affection que l’on porte à quelqu’un, peuvent être très puissants, si bien qu’un chrétien dont le conjoint ou un parent proche a été exclu aura du mal à se conduire envers lui en accord avec la mesure d’exclusion (voir Nombres 16:16-33). Par exemple, une chrétienne fidèle comprendra qu’à la suite de l’exclusion de son mari les liens spirituels qui les unissaient auparavant sont rompus. La conduite de son mari et les conséquences de celle-ci ont également rompu le lien spirituel qui l’unissait aux vrais chrétiens. Certes, elle continuera à lui témoigner l’amour et le respect qui lui reviennent en tant que mari et chef de famille, à l’exemple des chrétiennes dont le mari n’a jamais été croyant (I Pierre 3:1, 2). Mais elle ne pourra plus avoir avec lui la même communication spirituelle; ils ne pourront plus avoir des discussions bibliques ni prier ensemble comme ils le faisaient auparavant (Proverbes 28:9). Elle sera certainement très affectée par une telle perte.
Des grands-parents chrétiens dont les enfants ont été exclus peuvent aussi ressentir une grande perte. Peut-être étaient-ils habitués à recevoir la visite régulière de leurs enfants, ce qui leur donnait la possibilité de jouir de la présence de leurs petits-enfants. Mais voilà que les parents ont été exclus parce qu’ils ont rejeté les lois et les voies de Jéhovah. Les choses ne sont alors plus les mêmes au sein de la famille. Évidemment, il appartient aux grands-parents de décider si certaines questions familiales rendent nécessaires un contact limité avec leurs enfants exclus. Cependant, il est vraiment regrettable qu’à cause de leur conduite non chrétienne des enfants aient ainsi gâté le plaisir légitime auquel goûtaient ces grands-parents. https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1983008?q=exclusion+famille&p=par |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Excommunication et famille Ven 22 Jan 2021, 22:56 | |
| Je trouve le dernier exemple particulièrement infect, par ce qu'il mobilise non seulement de pathos mais encore de mauvaise foi en faisant peser toute la responsabilité de la rupture sur l'exclu: les parents TdJ d'enfants exclus (avec ou sans petits-enfants, d'ailleurs) sont bien pour quelque chose dans la situation, dans la mesure où le plus souvent ce sont eux qui leur ont inculqué le jéhovisme; ils pourraient donc au moins se poser la question (qui était d'ailleurs évoquée et aussitôt écartée dans la vidéo dont nous avons parlé plus haut), "les avons-nous bien éduqués ?" Question effectivement dangereuse, car elle en appelle aussitôt une autre, difficilement contournable: n'avons-nous pas fait une immense connerie en leur imposant une religion qui aboutit à ça ? Evidemment cette dernière question n'épargne pas non plus les parents ex-TdJ d'enfants TdJ, mais ceux-là au moins n'ont pas le loisir de l'éviter... |
| | | free
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| Sujet: Re: Excommunication et famille Sam 23 Jan 2021, 11:51 | |
| - Citation :
- Cette perspective laisse toutefois aux TdJ une certaine "mauvaise conscience", qui persiste en dépit des discours officiels d'auto-justification: celle de savoir qu'en un certain sens leurs "exclus" ont montré un "courage", une "audace", une "honnêteté", un "désintéressement", une "spiritualité" ou une "foi" (qu'on "choisisse" comme on voudra entre ces termes qui ne sont pourtant pas synonymes) qu'eux-mêmes n'ont pas -- qu'on juge le "choix" possible ou impossible, certains l'auront fait et d'autres non.
Parmi les anciens qui ont traité mon affaire, je pense que certains "rêvaient" dans le tréfond de leur inconscient d'avoir le même courage (j'ose le mot) que celui j'avais manifesté de m'affirmer, de me positionner quel en soit le coût et le prix à payer. Le courage de changer de vie, celui de s'affranchir d'une communauté (avec ses avantages et ses inconvénients), celui de "dérailler" pour sortir d'une vie planifiée en forme d'une ligne droite, sur des rails, sans virage, sans intersections, sans possibilité de changer de direction. Je pense que tous les TdJ se sont posés, au moins une fois dans leur vie, la question de savoir ce qu'aurait été leur vie, s'ils n'avaient pas adhéré au jéhovisme avec une pointe de regret et d'envie d'un ailleurs et d'une autre vie. Il n'en demeure pas moins vrai que je suis d'accord avec l'article, même si on a toujours le choix, la Watch cache le fait que le prix à payer de la désaffiliation est exorbitant et que cela ne se résume pas uniquement à un "droit" de changer de religion ou à un choix respectable. De nombreux TdJ présent physiquement dans le mouvement mais dehors mentalement sont terrorisés à l'idée de perdre leur famille et leurs amis, ce qui les contraint à rester dans le mouvement en tenant secret leurs sentiments. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12412 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Excommunication et famille Sam 23 Jan 2021, 18:13 | |
| Je l'ai sûrement déjà raconté plus d'une fois: il y en a au moins un qui a été parfaitement explicite à ce sujet, mon "chef de service" au Béthel, et à deux reprises: quand je lui ai remis ma démission, en lui en expliquant mes raisons en tête-à-tête bien plus clairement que je ne l'avais fait dans ma lettre officielle (en substance, parce que j'en étais venu à penser que les textes que nous traduisions étaient beaucoup plus propres à obscurcir l'évangile et le christianisme qu'à y donner accès); et, quelques mois plus tard, au lendemain de mon exclusion, quand j'étais retourné chercher des affaires que j'avais laissées à Louviers avec mon "compagnon de service" devenu entre-temps "compagnon d'exclusion". Les deux fois il a dit quelque chose du genre "au fond, je te / vous comprends et je te / vous envie", suivi d'un "mais" (mais je reste fidèle à l'organisation parce que je lui dois tout*). Les raisons à mes yeux de cette franchise exceptionnelle face à des "apostats" caractérisés, c'est sans doute que vu sa situation il n'avait pas grand-chose à craindre du système tant qu'il ne s'en désolidarisait pas lui-même, qu'il était intelligent et plus profondément "chrétien" que "jéhoviste", donc sensible à mon point de vue de l'époque, enfin que nous avions eu le temps de bien nous connaître et de nous apprécier, je pense, mutuellement. J'ai peut-être alors été "compris" et "admiré" par quelques autres, certains me l'ont dit aussi, mais chez eux la peur des conséquences l'emportait sur tout le reste.
L'admiration pourtant se trompe toujours: de mon point de vue il n'y avait là aucun "courage", peut-être de temps à autre l'"audace du timide" (ce qui est déjà moins flatteur), mais de façon bien plus constante un sentiment de faiblesse: continuer à jouer le jeu sans y croire, de cela je ne me sentais pas capable, quand bien même je l'aurais souhaité; et il m'est arrivé plus d'une fois d'"admirer" sincèrement ceux qui semblaient y réussir, en me trompant sans doute tout autant sur leur compte.
C'est dans l'espace sans espace et/ou le temps sans temps du rêve, de la littérature ou du jugement dernier que toutes les "expériences" pourraient s'entendre, se comprendre et s'apprécier mutuellement, sans se juger ni se mépriser, sans rien avoir à craindre ni à espérer les unes des autres. Qu'un tel espace-temps reste pensable à défaut d'être réel, ce n'est déjà pas si mal.
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*Il y aurait aussi beaucoup à dire sur ce sens de la dette ou du devoir qui attache à la Watchtower (comme à d'autres groupes ou systèmes) des gens qui n'en sont plus dupes: c'est tout autre chose que la peur des conséquences personnelles, même si une autre crainte (p. ex. de la perte d'une certaine image de soi, de déchoir ou de décevoir) n'en est pas absente. Il y va aussi d'un sens des "responsabilités" envers autrui (parents ou enfants, ancêtres ou descendants, supérieurs ou inférieurs, vivants ou morts) qui peut excéder le stade égocentrique des "privilèges". Il y a peut-être plus à entendre dans la lettre grecque du "Notre Père" (selon Matthieu), "libère-nous de nos dettes comme nous (en) libérons nos débiteurs", que ce qu'on y entend habituellement (pardonne-nous nos offenses...). |
| | | seb
Nombre de messages : 1510 Age : 51 Date d'inscription : 05/01/2010
| Sujet: Re: Excommunication et famille Lun 25 Jan 2021, 11:05 | |
| J'ai eu de même le sentiment de n'avoir pas vraiment le choix quand je me suis rendu compte que je n'adhérais plus aux croyances, et donc que revenir était de moins en moins envisageable. C'était soit y retourner pour jouer les hypocrites, soit rester en accord avec moi-même et donc en-dehors de l'organisation, et ainsi être coupé de mon frère jumeau et du reste de ma famille.
La rupture avec mon frère a été la plaie la plus longue à cicatriser, et je ne m'en suis jamais totalement remis. Par contre, quand je vois ce qu'il est devenu en restant chez les TJs, je me dis que j'ai bien fait de partir, car depuis mon départ, c'est plus un juge qu'un frère. Lors de nos conversations, qui sont de plus en plus rares et de plus en plus courtes, il critique mes actions passées, et m'accuse de ne plus accepter "la vérité" contenue dans la Bible. Je me sens jugé et rejeté, alors que je voudrais de l'amour et de la compréhension.
Comment une organisation qui parle tant d'amour, et qui cite tant Jésus -un exemple de tolérance- peut-elle dans le même temps condamner tant de gens uniquement pour leurs croyances ?
Et peut-être que le pire dans tout ça, c'est encore le fait qu'après tant d'années, je n'ai rien oublié, et je continue, comme d'autres, à trainer cette histoire comme un boulet qui ne se détache pas de mon pied. Combien de fois n'avez-vous pas eu envie, comme moi, de couper définitivement la chaîne pour vous libérer du passé, et passer à tout autre chose ? _________________ Si ton but est la croyance, ne parle qu'avec ceux qui la partagent. Si ton but est la connaissance, parle avec tout le monde! http://ex-temoinsdejehovah.org/
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| | | free
Nombre de messages : 10055 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Excommunication et famille Lun 25 Jan 2021, 11:23 | |
| - Citation :
- La rupture avec mon frère a été la plaie la plus longue à cicatriser, et je ne m'en suis jamais totalement remis. Par contre, quand je vois ce qu'il est devenu en restant chez les TJs, je me dis que j'ai bien fait de partir, car depuis mon départ, c'est plus un juge qu'un frère. Lors de nos conversations, qui sont de plus en plus rares et de plus en plus courtes, il critique mes actions passées, et m'accuse de ne plus accepter "la vérité" contenue dans la Bible. Je me sens jugé et rejeté, alors que je voudrais de l'amour et de la compréhension.
Seb, Merci de partager tes sentiments avec nous ... Il n'y a pas de recette miracle dans ces situations mais je te livre ma propre expérience, lors que j'ai quitté les TdJ, une partie de mes enfants ont coupé toutes relations avec moi (pour faire simple), j'ai beaucoup souffert de cette rupture et comme toi je "voulais" maintenir des relations affectueuses avec mes enfants, malgré tous mes efforts et toute ma volonté, la situation n'a pas évolué, ce qui m'a permis de comprendre que le seul levier sur lequel je pouvais agir était mes émotions et non pas les sentiments de mes enfants. A vouloir attendre de l'amour que l'autre nous refuse, on ne peut que souffrir mais en réalité, c'est nous qui nous faisons souffrir (en tout cas cela a été ma conclusion) avec notre attente utopique ... j'ai commencé à aller mieux, le jour ou j'ai accepté et reconnu le droit à mes enfants de ne pas me parler, ils n'avaient aucune obligation vis-à-vis de moi et ainsi je n'attendais (presque) plus rien, en leur souhaitant le meilleur. La vie est faite de rencontres et de ruptures ... On n'y peut rien. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12412 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Excommunication et famille Lun 25 Jan 2021, 12:42 | |
| @ seb: L'effet "boulet" tient peut-être en partie à la proportion, ou à la disproportion, du temps et de l'énergie "positive" ou "négative" qu'on y consacre, du sentiment et du ressentiment, bref de l'investissement (y compris affectif) de chacun dans le jéhovisme pendant qu'il a été TdJ et éventuellement contre après... Ce n'est plaisant ni à dire ni à entendre: il me semble que les consignes jéhovistes envers les exclus ou excommuniés (et assimilés) sont aussi souvent un prétexte et une couverture commodes, qui à la fois justifient et dissimulent l'évolution réelle des relations et des sentiments. Comme je l'ai dit plus haut, mon père les a appliquées ou non, hyper-strictement ou pas du tout, selon les années, au gré de son humeur, et de la tournure plus ou moins aigre ou douce que prenaient nos relations, et aussi ses relations avec sa propre femme TdJ (qui n'était pas ma mère). La "règle", quand elle était suivie, était aussi un bon prétexte pour ne pas regarder en face les fluctuations réelles d'un "amour" qui pouvait grâce à elle passer pour constant et intact, sous le couvert d'une "discipline" imposée. Et dans un sens ça arrange tout le monde: il est plus facile d'imaginer ses "proches" obéissant aveuglément à une règle idiote que d'envisager qu'ils nous deviennent effectivement hostiles ou indifférents, et peut-être plus encore que d'admettre qu'on en est soi-même de moins en moins affecté ("avec le temps on n'aime plus", "et c'est triste de n'être plus triste sans vous"...). - free a écrit:
- ... le jour ou j'ai accepté et reconnu le droit à mes enfants de ne pas me parler, ils n'avaient aucune obligation vis-à-vis de moi et ainsi je n'attendais (presque) plus rien, en leur souhaitant le meilleur.
C'est à peu près ce que j'entendais par "libérer des dettes" (ou des "devoirs") -- mais c'est plus facile à dire qu'à faire. |
| | | free
Nombre de messages : 10055 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Excommunication et famille Lun 25 Jan 2021, 13:13 | |
| - Citation :
- C'est à peu près ce que j'entendais par "libérer des dettes" (ou des "devoirs") -- mais c'est plus facile à dire qu'à faire.
J'ai réussi à adopter cette attitude d'acceptation après des années de souffrance, cette acceptation a été un réflexe de survie et aussi une analyse d'une situation dont il fallait que je sorte, sous peine de sombrer. Je partage ton avis ... Je ne pense pas que les instructions de la Watch soient les seuls responsables de l'attitude de mes enfants, j'ai surement ma part de responsabilité (j'ai peut-être raté quelque chose) et j'ai compris que mes enfants y trouvaient leur compte (pour des raisons qui m'échappent mais qui existent vraiment). En ce qui me concerne, l'effet aggravant que mes enfants ne m'ont jamais pardonné est lié au divorce avec leur mère, vécu (peut être) comme une trahison ou un abandon (alors que je me suis efforcé d'être présent dans leur vie) doublé par ma désaffiliation de la Watch assimilée aussi à une trahison. C'était leur perception et ça l'est toujours de la situation et de ma personne, après de années de souffrance et désillusions, j'ai fini par accepter la situation et le non désir de mes enfants de me voir et de me côtoyer. La famille est le lieu des plus grands amour, des plus grande haines et aussi de l'indifférence ... C'est une réalité qu'il nous faut accepter. |
| | | seb
Nombre de messages : 1510 Age : 51 Date d'inscription : 05/01/2010
| Sujet: Re: Excommunication et famille Lun 25 Jan 2021, 13:42 | |
| Difficile, impossible même, de ne pas être affecté par le mépris de ceux qui nous aimaient.
Au fil des années, j'ai oscillé entre la recherche de tourner la page, que je n'ai fait que tenter sans jamais vraiment y parvenir, et une envie parfois très forte de vengeance. Lorsqu'il a fallu régler des problèmes d'héritage après la mort de ma mère, j'ai voulu profiter de l'occasion pour dialoguer avec mon frère, et pas seulement sur des questions d'argent. Je suis donc volontairement resté flou sur les questions d'argent, pour tenter d'instaurer un dialogue sur les sujets qui me tenaient vraiment à cœur.
Toutefois, je me suis vite rendu compte que sa priorité concernait l'argent, et qu'améliorer notre relation n'était pas un objectif important pour lui, même pas un objectif secondaire. L'organisation lui disait de ne plus me voir : il ne voyait donc plus. C'était aussi simple que cela pour lui.
Je pense que le fait de me diaboliser en me voyant notamment comme un voleur qui aurait profité de la faiblesse de notre mère pour s'accaparer plus d'héritage, a été sa manière à lui de justifier son attitude envers moi depuis mon exclusion. Et sa conviction n'a semble-t-il pas été ébranlée même après que nous soyons passé devant une juge de paix, et qu'elle lui ai démontré qu'il n'y avait rien eu de tel.
L'organisation et ses membres ont besoin d'instaurer plus qu'une simple indifférence envers les "gens du monde". Ils ont besoin de haine et de rejet, et, ironiquement, tout cela est couvert par un faux prétexte d'amour et de volonté de "sauver le coupable pour qu'il ne pêche plus".
Bien sûr que les relations familiales peuvent évoluer naturellement en positif ou négatif. Cependant, lorsqu'une organisation se mêle de ce genre de relations et les interdit carément, c'est alors une dérive sectaire, et cela devrait, à mon sens, être condamné par la loi. _________________ Si ton but est la croyance, ne parle qu'avec ceux qui la partagent. Si ton but est la connaissance, parle avec tout le monde! http://ex-temoinsdejehovah.org/
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| | | Narkissos
Nombre de messages : 12412 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Excommunication et famille Lun 25 Jan 2021, 14:11 | |
| "On ne peut empêcher personne de souffrir, c'est pourquoi je suis si fatiguée de la vie", disait à peu près, je crois, la grand-mère préférée de Bergman (Naïma Wifstrand, qui a joué chez lui des "seconds rôles" saisissants, toujours un peu sorcière sur le tard) dans Sourires d'une nuit d'été... "Le bonheur, ce serait de pouvoir dire la vérité sans faire souffrir personne", c'est aussi la phrase qui, dans Huit et demi de Fellini, introduit le fameux rêve de la maison où se retrouvent toutes les femmes du protagoniste depuis son enfance... "Tout est souffrance", dirait le Bouddha. Au cours d'une vie on peut passer d'un rôle à l'autre des mêmes drames sans changer grand-chose au scénario, et par rapport à cela les complications religieuses paraissent plutôt des simplifications abusives, parfois aggravantes, parfois utiles... |
| | | le chapelier toqué
Nombre de messages : 2606 Age : 77 Date d'inscription : 31/08/2010
| Sujet: Re: Excommunication et famille Lun 25 Jan 2021, 16:23 | |
| - Narkissos a écrit:
- "Tout est souffrance", dirait le Bouddha. Au cours d'une vie on peut passer d'un rôle à l'autre des mêmes drames sans changer grand-chose au scénario, et par rapport à cela les complications religieuses paraissent plutôt des simplifications abusives, parfois aggravantes, parfois utiles...
Effectivement tout est souffrance, souffrance également le regard que nous portons sur les phénomènes extérieurs à notre personne. - Seb a écrit:
- Au fil des années, j'ai oscillé entre la recherche de tourner la page, que je n'ai fait que tenter sans jamais vraiment y parvenir, et une envie parfois très forte de vengeance. Lorsqu'il a fallu régler des problèmes d'héritage après la mort de ma mère, j'ai voulu profiter de l'occasion pour dialoguer avec mon frère, et pas seulement sur des questions d'argent. Je suis donc volontairement resté flou sur les questions d'argent, pour tenter d'instaurer un dialogue sur les sujets qui me tenaient vraiment à cœur.
En fait, nos sentiments peuvent être pleins d’empathie ou chargés de désir de vengeance (ce qui peut se comprendre) l’important est de ne pas tenter de nous débarrasser de ces sentiments négatifs qui nous rendent malheureux. Il est nécessaire de ne pas tenter de les chasser ou de les combattre mais plutôt de les laisser s’en aller sans les retenir, comme lorsque l’on regarde des nuages passés dans le ciel. L’être humain passe plus de temps à combattre les sentiments négatifs, les pensées qui nous rendent malheureux au lieu de les laisser passer leur chemin. La souffrance peut provenir de relations interrompues que nous aurions souhaité continuer, comme elle peut naitre de relations que nous ne pouvons pas éviter de prolonger. Dans les deux situations nous souffrons. Ce qui peut nous aider à supporter pareil déplaisir c’est de savoir que rien n’est permanent. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12412 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Excommunication et famille Lun 25 Jan 2021, 16:55 | |
| - le chapelier toqué a écrit:
- La souffrance peut provenir de relations interrompues que nous aurions souhaité continuer, comme elle peut naitre de relations que nous ne pouvons pas éviter de prolonger.
Oh que c'est bien vu. J'avais en tête une chose assez similaire, mais que j'aurais exprimée moins élégamment: pour une amitié perdue et amèrement regrettée, combien d'emmerdeurs durables nous auront été épargnés ? |
| | | seb
Nombre de messages : 1510 Age : 51 Date d'inscription : 05/01/2010
| Sujet: Re: Excommunication et famille Lun 25 Jan 2021, 17:11 | |
| Rien n'est permanent est certainement une des plus importantes leçons de la vie. Les relations se font et se défont. Tout cela est vrai.
Mais il y a une différence fondamentale, je trouve, entre des ruptures qui se font naturellement sans intervention extérieure, et des ruptures institutionnalisées et engendrées par la contrainte.
Si quelqu'un est physiquement séquestré et enfermé dans une cave, la police est en droit d'intervenir pour le libérer et le coupable est puni. Par contre, si on séquestre et enferme quelqu'un dans une prison mentale, il n'y a alors aucune sanction et la loi n'intervient pas.
Aujourd'hui, les médias sont devenus l'une des plus grande puissances que portent la terre. Leur pouvoir rivalise avec le pouvoir législatif, exécutif et judiciaire, car ils influencent nos lois en nous disant quoi penser, et portent un regard critique sur la police et la justice, dont ils influencent parfois l'organisation ou les décisions. Un tel pouvoir a besoin d'être régulé, et tout média devrait avoir à rendre des comptes sur ce qu'il propage.
La Watchtower étant avant tout un média, elle est responsable de ce qu'elle publie, et devrait aussi rendre des comptes par rapport à cela. Lorsqu'elle incite à séparer des familles et à briser des amitiés, elle devrait être punie légalement.
Personnellement, j'aurais sans doute accepté de faire le deuil de la relation avec mon frère si chacun était parti dans son coin de son propre chef. Par contre, je n'accepterais jamais la mainmise sectaire qu'a eue l'organisation Watchtower dans l'intimité de notre famille. _________________ Si ton but est la croyance, ne parle qu'avec ceux qui la partagent. Si ton but est la connaissance, parle avec tout le monde! http://ex-temoinsdejehovah.org/
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| | | free
Nombre de messages : 10055 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Excommunication et famille Lun 25 Jan 2021, 17:38 | |
| - Citation :
- Personnellement, j'aurais sans doute accepté de faire le deuil de la relation avec mon frère si chacun était parti dans son coin de son propre chef. Par contre, je n'accepterais jamais la mainmise sectaire qu'a eue l'organisation Watchtower dans l'intimité de notre famille.
Je comprends et respecte ta souffrance mais tu ne peux pas occulter le fait que ton frère porte sa part de responsabilité dans votre rupture. Une rupture peut révéler un contentieux ancien inconnu d'une des parties ou le besoin de se démarquer et de s'affirmer ou le l'envie de se venger ... Dans les relation passionnelles (autres qu'amoureusement également) il y a de l'amour et de la haine ... Il ne faut pas négliger la complexité de ce sentiment qu'est l'amour. Votre rupture est la conséquence partielle mais réelle de la volonté et du désir de ton frère et c'est peut-être ce que tu as le plus de difficulté à accepter (et je le comprends). Tu ne peux pas concevoir l'idée que ton frère que tu aimes beaucoup puisses vouloir cette rupture qui cache ou révèle (peut être) des difficultés relationnelles. Je connais des TdJ qui refuseraient d'une manière catégorique de se soumettre aux règles de la Watch qui visent à interdire à des parents de voir leurs enfants exclus (par exemple) ... Alors que d'autres acceptent facilement ce code de conduite. Chaque situation est particulière. Bien sûr, cela n'enlève rien à la bêtise de la Watch. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12412 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Excommunication et famille Lun 25 Jan 2021, 18:18 | |
| Quand j'ai revu mon "faux-frère" (fils d'un premier mariage de la seconde femme de mon père, sans le moindre chromosome en commun donc, mais nous nous aimions bien quand même, quoique par la suite nous nous soyons perdus de vue) après ma sortie des TdJ, il m'a raconté l'histoire suivante: c'est le fou qui grimpe au mur de l'asile et interpelle un passant à l'extérieur: "Vous êtes nombreux là-dedans ?"
Rien ne distingue une "prison mentale" de son "extérieur", sinon le nombre. Rien de qualitatif, sinon la quantité. C'est encore plus évident maintenant à l'heure des fake news et de la "post-vérité". Ce qui aura finalement fait gagner Biden contre Trump, ce n'est pas le nombre "objectif" de votes, ni du suffrage populaire général ni dans les Etats-clés, mais bien l'adhésion des médias à un certain type de "vérité" plutôt qu'à un autre, ce qui fragilise d'autant plus la "vérité". Je me souviens que mon père, quand il regardait la télé ou écoutait la radio, disait régulièrement "nous prêchons, mais le monde prêche tout le temps". Ce n'était pas faux non plus, qu'est-ce qui pourrait l'être dans une telle lecture ?
Réprimer des "prisons mentales" pour en libérer les captifs, cela ne saurait se faire qu'au nom d'une autre "prison mentale", plus vaste et tolérante peut-être mais dont il serait d'autant plus impossible de sortir... un totalitarisme, peut-être bienveillant et sympathique, mais totalitaire quand même. |
| | | seb
Nombre de messages : 1510 Age : 51 Date d'inscription : 05/01/2010
| Sujet: Re: Excommunication et famille Lun 25 Jan 2021, 19:32 | |
| Au nom de cette logique, ne deviendrait-il pas alors absurde de tenter de lutter contre des escrocs qui promettent des merveilles pour extorquer les gens ? Et ne serait-il pas tout aussi absurde de lutter contre l'islamisme, ou contre toute autre forme de sectarisme ?
Peut-on mettre sur le même plan une secte qui prive ses adeptes de toute liberté de penser et pense pour eux, et un système ouvert au monde extérieur, où la contradiction et la remise en cause sont la norme ? Tout se vaut-il ? Je ne le pense pas.
Par définition, une prison est un lieu où on est enfermé, un endroit clos, et forcément petit, du moins bien plus petit que le monde extérieur. Une "prison vaste", ça n'existe tout simplement pas ! Pas plus qu'une "prison tolérante". Etre en prison, c'est forcément être dans un endroit petit, et c'est le résultat d'une intolérance (de l'extérieur envers nous ou/et de nous envers l'extérieur). _________________ Si ton but est la croyance, ne parle qu'avec ceux qui la partagent. Si ton but est la connaissance, parle avec tout le monde! http://ex-temoinsdejehovah.org/
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| | | Narkissos
Nombre de messages : 12412 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Excommunication et famille Lun 25 Jan 2021, 20:49 | |
| Les métaphores ont des limites et elles en ont dans tous les sens: une prison n'est pas non plus un lieu où on entre et où on reste de son plein gré, et qu'on quitte quand on veut avec le seul inconvénient de perdre de vue ses camarades. Mais SI une secte est une "prison mentale" (c'est toi qui le dis, pas moi), ALORS il faut se demander si les critères qui la définissent ainsi la distinguent structurellement de son extérieur, et c'est là que ça devient compliqué: le mode de vie et de pensée dominant n'ayant plus d'extérieur, il ne peut plus en avoir qu'à l'intérieur; ce qu'on ne peut plus exclure et bannir, on l'enferme (c'est la prison ou l'asile au sens littéral, cf. Foucault), et ce qui se distingue ne peut le faire que sur le même modèle de l'enclave (minorité, parti, secte), avec des règles particulières et plus contraignantes mais, en contrepartie, la possibilité d'en sortir comme on y est entré. Cela n'empêche pas que les deux types de société, macro- et micro-société, partagent des modes de fonctionnement communs, et en particulier un système d'auto-confirmation inattaquable de l'intérieur... D'autre part, je ne dis pas que tout se vaille, je dis que rien ne vaut qu'à partir d'un point de vue. Et du mien qui a été tantôt minoritaire, tantôt majoritaire, je trouve plutôt préférable qu'il n'y en ait pas qu'un seul. Ce que la loi réprouve, elle le réprime déjà très bien, escroquerie ou terrorisme stricto sensu p. ex.; si elle se mettait à réprimer de l'escroquerie ou du terrorisme "métaphoriques", elle deviendrait ipso facto totalitaire. |
| | | free
Nombre de messages : 10055 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Excommunication et famille Lun 25 Jan 2021, 22:23 | |
| Tout le monde est d'accord pour reconnaitre l'aspect sectaire de la Watch et l'emprise qu'elle exerce sur les TdJ mais il n'en demeure pas moins vrai, qu'un tel système ne peut fonctionner qu'avec la "complicité" des adeptes. Toutes les preuves étaient sous nos yeux et nous ne voulions pas les voir parce que nous voulions croire à tout prix à une utopie. Il a fallut que nous acceptions de ne plus nous aveugler pour avoir une prise de conscience … Notre "complicité" était bien réelle … Certains TdJ sont biens conscience de la vraie nature de la Watch mais ils ne sont pas prêts à payer le prix requis ou ils sentent une "dette" ou redevable la Watch.
Pour revenir à notre sujet, je comprends (dans une certaine mesure) mes enfants, je les ai élevé dans le jéhovisme et inculqué la "vérité" pour ensuite quitter le mouvement, elles ont pu ressentir mon attitude comme une trahison, je quittais une organisation alors que je les avais élevé à l'intérieur … Je quittais le "navire" … Je n'en veux à personne, aucun reproche à faire à personne, je connaissais les conséquences de ma décision et je ne regrette rien.
Dernière édition par free le Lun 25 Jan 2021, 22:33, édité 2 fois |
| | | le chapelier toqué
Nombre de messages : 2606 Age : 77 Date d'inscription : 31/08/2010
| Sujet: Re: Excommunication et famille Lun 25 Jan 2021, 22:28 | |
| - Seb a écrit:
- Mais il y a une différence fondamentale, je trouve, entre des ruptures qui se font naturellement sans intervention extérieure, et des ruptures institutionnalisées et engendrées par la contrainte.
Ta souffrance est grande Seb et je souhaite que tu puisses trouver un peu de paix pour mieux vivre cette séparation car lorsque tu auras accepté ce qui est inacceptable tu pourras mieux gérer cette rupture. Cela peut paraitre impossible à mettre en pratique mais il me semble que dans ta situation c'est la solution la moins dommageable pour toi. En effet aucune rupture, soit naturelle, c'est à dire sans intervention extérieure et celle survenue à la suite d'interventions extérieures, ne laisse personne sans souffrance. Quelqu'un peut ensuite occuper une large partie de sa vie à tenter de mettre un terme à cette rupture non naturelle il risque de se retrouver devant un champ de ruines qui ne lui apportera pas le soulagement qu'il pensait ressentir. Sans doute ta relation gémellaire est-elle particulière et elle est difficile à cerner pour quelqu'un comme moi qui n'ai pas eu de fratrie. Mais cela ne m'empêche pas de penser à toi avec beaucoup de compassion. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12412 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Excommunication et famille Mar 26 Jan 2021, 00:19 | |
| @seb:
J'ai relu ton "témoignage" sur ton site, je n'en avais probablement jamais lu les derniers épisodes qui sont particulièrement pénibles, et je compatis aussi, à retardement et bien que ça ne te serve à rien.
Quand je parlais ce matin de "proportion" ou de "disproportion", j'avais cependant à l'esprit celle que j'avais retenue entre ton investissement de temps "positif" ou "actif" chez les TdJ (environ 3 ans si je t'ai bien lu) et "négatif", "passif" ou "réactif" (plus de 20 ans après). Une autre chose qui m'apparaît, à distance, c'est que ton engagement à "démonter" le jéhovisme (depuis 2005, soit sept ans après ton exclusion) semble avoir considérablement contribué à envenimer une situation qui jusque-là n'était pas si mauvaise. Rien de cela n'est sans doute réparable, ni rien de ce qui est fait en général, mais il n'est jamais trop tard pour en tirer des conclusions qui peuvent encore changer l'avenir. |
| | | seb
Nombre de messages : 1510 Age : 51 Date d'inscription : 05/01/2010
| Sujet: Re: Excommunication et famille Mar 26 Jan 2021, 11:32 | |
| Merci pour vos messages. Vos paroles sont d'or.
En effet, j'ai tenté de montrer à mon frère l'envers du décors, et notre relation a alors dégénéré encore plus. Par contre, je ne l'aurais sans doute jamais tenté s'il n'avait d'abord justifié l'attitude de rejet dont je faisais l'objet de la part des autres "frères et sœurs", attitude qui était pour moi indéfendable.
Il y a eu plusieurs phases d'éloignement successifs en fait. Juste après mon exclusion, notre relation était presque normale, même s'il y avait parfois des critiques. Puis il a rapidement commencé à me juger de plus en plus. Je devais faire ceci, ne pas faire cela. Cela m'a éloigné de lui, même si nous habitions encore ensemble à l'époque.
Lorsque j'ai rencontré ma future femme, il a rapidement déménagé. Vu qu'il habitait pas loin, je l'invitais souvent et le traitait toujours comme mon frère. Lui, par contre, m'invitait plus rarement, et ses invitations étaient de moins en moins plaisantes. Je sentais son envie de s'éloigner de moi, et ça me faisait mal.
Puis il y a eu la goutte de trop lorsqu'il a pris la défense d'une TJ que j'avais amicalement salué en sa présence, et qui m'a alors rejeté comme si j'étais le diable en personne. J'ai alors compris qu'il avait choisi un camp, et que notre relation comptait moins pour lui que de rester attaché à ce camp.
J'ai alors commencé à faire des recherches, et, choqué par ce que j'ai trouvé, je lui ai alors tout envoyé par mail pour lui montrer ce que valait vraiment le camp qu'il avait choisi. Je pensais qu'il accepterait la vérité, et qu'il comprendrait que ma démarche était sincère et avait pour but d'avancer vers la vérité.
A mon grand désarroi, cela a eu l'effet totalement inverse. Il m'a alors totalement rejeté, refusant carrément de me voir ! Nous avons entamé une discussion par mail, qui s'est rapidement envenimée. Ensuite, ça a été de pire en pire, et on en est arrivé à un mépris total et une sorte de guerre froide. Plus aucun dialogue n'était possible.
C'est peu après que j'ai fait mon site internet, d'abord pour y raconter mon histoire, puis pour mettre en ligne mes recherches, de plus en plus nombreuses.
Aujourd'hui, il m'arrive encore d'avoir la folie de lui téléphoner, pour me rendre rapidement compte que je me heurte à un juge qui veut me vendre sa vision de la Bible, et qui me critique pour avoir fait telle ou telle action présumée.
Je ne crois pas que cette relation ait encore un avenir. Et quelles conclusions en tirer ?
Si c'était à refaire, je ne sais pas vraiment ce que j'aurais pu faire d'autre. Est-ce que j'aurais accepté de lui cacher la vérité, juste parce qu'il n'était pas prêt à l'entendre ? Non, car cela n'aurait pas été correct de ma part.
Je n'aurais donc pas pu changer mon message. Par contre, j'aurais pu changer le moyen de le transmettre. Au lieu d'envoyer tout par mail, j'aurais dû aller le voir, et lui montrer face à face ce que j'avais découvert. Je reste persuadé qu'il aurait tout autant été endoctriné par les TJs, qui m'auraient diabolisé autant qu'ils pouvaient, et qu'il aurait quand même fini par rejeter mes preuves.
Au final, je pense que ce que j'ai fait de mieux, c'est d'être resté moi-même. Je veux seulement essayer d'être la meilleure version possible de moi-même.
Si nous défendons la vérité, nous attirons à nous ceux qui, comme nous, aiment la vérité. Et nous repoussons ceux qui préfèrent le confort du mensonge et des belles promesses. C'est inévitable. _________________ Si ton but est la croyance, ne parle qu'avec ceux qui la partagent. Si ton but est la connaissance, parle avec tout le monde! http://ex-temoinsdejehovah.org/
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| | | free
Nombre de messages : 10055 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Excommunication et famille Mar 26 Jan 2021, 11:45 | |
| - Citation :
- Si c'était à refaire, je ne sais pas vraiment ce que j'aurais pu faire d'autre. Est-ce que j'aurais accepté de lui cacher la vérité, juste parce qu'il n'était pas prêt à l'entendre ? Non, car cela n'aurait pas été correct de ma part.
Cher Seb, Je te souhaite de trouver les moyens de vivre avec cette souffrance et de trouver une certaine paix intérieure. Je pense que la problématique jéhoviste parasite inutilement ta relation avec ton frère. Est-il primordiale de faire découvrir à un TdJ la face cachée (en réalité elle est assez visible pour celui qui veut la voir) de la Watch, alors qu'il n'a pas envi de la voir ? Ta volonté d'aider ton frère par rapport à sa position de TdJ ne risque-t-elle pas plutôt d'engendrer un malentendu et incompréhension ? N'est-il pas préférable de montrer ton amour pour ton frère en dehors de toute polémique religieuse ? |
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