|
| La lettre aux Hébreux son contenu et son auteur éventuel. | |
| | |
Auteur | Message |
---|
Invité Invité
| Sujet: Re: La lettre aux Hébreux son contenu et son auteur éventuel. Mar 11 Nov 2014, 15:24 | |
| - Citation :
- Il n'est fait aucune référence au Jésus historique
Hébreux 5: 7 C'est lui qui, dans les jours de sa chair, ayant présenté avec de grands cris et avec larmes des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et ayant été exaucé à cause de sa piété, a appris, bien qu'il fût Fils, l'obéissance par les choses qu'il a souffertes, et qui, après avoir été élevé à la perfection, est devenu pour tous ceux qui lui obéissent l'auteur d'un salut éternel, Dieu l'ayant déclaré souverain sacrificateur selon l'ordre de Melchisédek. Nous avons beaucoup à dire là-dessus, et des choses difficiles à expliquer, parce que vous êtes devenus lents à comprendre ... Hébreux 9:15 s Et c'est pour cela qu'il est le médiateur d'une nouvelle alliance, afin que, la mort étant intervenue pour le rachat des transgressions commises sous la première alliance, ceux qui ont été appelés reçoivent l'héritage éternel qui leur a été promis . Car là où il y a un testament, il est nécessaire que la mort du testateur soit constatée. Un testament, en effet, n'est valable qu'en cas de mort, puisqu'il n'a aucune force tant que le testateur vit. Voilà pourquoi c'est avec du sang que même la première alliance fut inaugurée. Moïse, après avoir prononcé devant tout le peuple tous les commandements de la loi, prit le sang des veaux et des boucs, avec de l'eau, de la laine écarlate, et de l'hysope; et il fit l'aspersion sur le livre lui-même et sur tout le peuple, en disant: Ceci est le sang de l'alliance que Dieu a ordonnée pour vous. Il fit pareillement l'aspersion avec le sang sur le tabernacle et sur tous les ustensiles du culte. Et presque tout, d'après la loi, est purifié avec du sang, et sans effusion de sang il n'y a pas de pardon. Il était donc nécessaire, puisque les images des choses qui sont dans les cieux devaient être purifiées de cette manière, que les choses célestes elles-mêmes le fussent par des sacrifices plus excellents que ceux-là. Car Christ n'est pas entré dans un sanctuaire fait de main d'homme, en imitation du véritable, mais il est entré dans le ciel même, afin de comparaître maintenant pour nous devant la face de Dieu. Et ce n'est pas pour s'offrir lui-même plusieurs fois qu'il y est entré, comme le souverain sacrificateur entre chaque année dans le sanctuaire avec du sang étranger; autrement, il aurait fallu qu'il eût souffert plusieurs fois depuis la création du monde, tandis que maintenant, à la fin des siècles, il a paru une seul fois pour abolir le péché par son sacrifice. Et comme il est réservé aux hommes de mourir une seul fois, après quoi vient le jugement, de même Christ, qui s'est offert une seul fois pour porter les péchés de plusieurs, apparaîtra sans péché une seconde fois à ceux qui l'attendent pour leur salut (...) 10:5 C'est pourquoi Christ, entrant dans le monde, dit: Tu n'as voulu ni sacrifice ni offrande, Mais tu m'as formé un corps (...) 10:9 il dit ensuite: Voici, je viens Pour faire ta volonté. Il abolit ainsi la première chose pour établir la seconde. C'est en vertu de cette volonté que nous sommes sanctifiés, par l'offrande du corps de Jésus Christ, une fois pour toutes (...) 10:19-20 Ainsi donc, frères, puisque nous avons, au moyen du sang de Jésus, une libre entrée dans le sanctuaire par la route nouvelle et vivante qu'il a inaugurée pour nous au travers du voile, c'est-à-dire, de sa chair ... 32-34 Souvenez-vous de ces premiers jours, où, après avoir été éclairés, vous avez soutenu un grand combat au milieu des souffrances, d'une part, exposés comme en spectacle aux opprobres et aux tribulations, et de l'autre, vous associant à ceux dont la position était la même. En effet, vous avez eu de la compassion pour les prisonniers, et vous avez accepté avec joie l'enlèvement de vos biens, sachant que vous avez des biens meilleurs et qui durent toujours (...) 12:2-4 ayant les regards sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi, qui, en vue de la joie qui lui était réservée, a souffert la croix,méprisé l'ignominie, et s'est assis à la droite du trône de Dieu. Considérez, en effet, celui qui a supporté contre sa personne une telle opposition de la part des pécheurs, afin que vous ne vous lassiez point, l'âme découragée. Vous n'avez pas encore résisté jusqu'au sang, en luttant contre le péché (...) 24 de Jésus qui est le médiateur de la nouvelle alliance, et du sang de l'aspersion qui parle mieux que celui d'Abel. ( 13:11-14 Le corps des animaux, dont le sang est porté dans le sanctuaire par le souverain sacrificateur pour le péché, sont brûlés hors du camp. C'est pour cela que Jésus aussi, afin de sanctifier le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte. Sortons donc pour aller à lui, hors du camp, en portant son opprobre. Car nous n'avons point ici-bas de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir.) |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: La lettre aux Hébreux son contenu et son auteur éventuel. Mar 27 Oct 2015, 17:48 | |
| Un autre fil m'a reconduit à celui-ci (que j'ai déplacé par la même occasion dans le sous-forum "Nouveau Testament" et dans une nouvelle sous-rubrique "épîtres" -- selon la classification conventionnelle, car du point de vue de l'analyse littéraire l'"épître aux Hébreux" n'est pas vraiment une "épître"). J'en profite pour répondre à Sherlock, avec sept ans de retard, que le principal, sinon le seul point de contact entre le montanisme et l'épître aux Hébreux consiste dans le refus apparent de la repentance et de la rémission des péchés après l'"illumination" (6,4ss). C'était une raison suffisante pour rendre douteux, aux yeux de l'Eglise romaine, un texte qui semblait appuyer le rigorisme montaniste. Mais c'est que les deux parties avaient perdu de vue (ou n'avaient jamais compris) la perspective "platonicienne" (au sens large) du texte: le passage du monde des "ombres" au plan supérieur de la réalité éternelle est logiquement à sens unique, il est sans retour; pour ceux qui l'ont franchi aucune "expiation des péchés", y compris celle du Christ, qui se joue comme les autres quoique "une fois pour toutes" dans le monde inférieur des "ombres", ne peut plus rien. Le texte ne dit pas autre chose, mais il le dit sans doute imprudemment, sans tenir compte des conséquences que vont en tirer ceux qui sont incapables d'envisager la foi autrement que sur un mode temporel, avant / après (en l'occurrence: les péchés commis avant la conversion ou le baptême seraient pardonnés, ceux qui sont commis après ne pourraient plus l'être, ce qui pose des problèmes pratiques et "pastoraux" évidents). Voir ici un texte typiquement montaniste de Tertullien, De Pudicitate, XX, 2, qui interprète CE passage dans CE sens (et attribue d'ailleurs l'épître à Barnabé). ------- La façon dont l'épître aux Hébreux rapporte au Christ la notion de sacrifice (et toutes celles qui s'y rattachent, par exemple expiation OU propitiation, purification, etc.) est extraordinairement complexe, et peut paraître tout à fait contradictoire si l'on perd de vue son cadre épistémologique, à savoir cette conception (platonicienne au sens très large) des deux niveaux de "réalité", éternelle et temporelle, qui se superpose tant bien que mal à la "double scène" (céleste et terrestre) de l'apocalyptique juive. -- Je dis tant bien que mal, car l'éternité philosophique est intemporelle (c'est le domaine "abstrait" des "idées", aussi bien des nombres et des figures géométriques que des "valeurs" comme le Bien ou la Justice, de la généralité des concepts qui sous-tend les noms communs, de tout ce qui vaut toujours et partout mais n'"existe" à proprement parler nulle part) ne "fonctionne" pas comme les cieux apocalyptiques: dans la première il n'y a qu'être au sens d'essence, les "idées" sont ce qu'elles sont et leurs relations sont fixes ou constantes comme les "lois" arithmétiques ou géométriques; il n'y a "là" aucun "événement", il ne s'y "passe" ou n'y "arrive" rien, ou, si l'on préfère, toujours les mêmes choses, c.-à-d. les mêmes relations; sur la scène apocalyptique, en revanche, qui est de nature "mythique" et non "philosophique", il se passe plein de choses, il y a de l'"action", des "personnages" et des "événements" en abondance. L'épître aux Hébreux, comme Philon sur d'autres sujets, tente de faire coïncider le "ciel" philosophique avec le "ciel" mythique, et ce n'est pas de la tarte. Au niveau du monde des "ombres", de la réalité terrestre, illusoire et transitoire, la mort du Christ est et n'est pas un "sacrifice": elle l'est dans un sens tellement unique, absolu (une fois pour toutes) et paradoxal qu'elle ne l'est pas du tout dans un sens ordinaire, et le texte accentue ce paradoxe autant qu'il peut. Au niveau de la réalité permanente et céleste, en revanche, il n'y a de sacrifice (de temple, de prêtrise, de liturgie) que spirituel, où la chair et le sang d'un homme n'ont en principe pas plus leur place que ceux d'un mouton ou d'un taureau. Si ce n'est qu'en l'occurrence la mort d'un homme, parce que cet homme est à la fois (comme Adam) l'Homme, le "fils de l'homme" générique, et le Fils de Dieu, ouvre le passage du premier niveau au second. Il faudrait, comme toujours, relire tout le texte de ce point de vue, en prenant celui-ci a priori comme simple hypothèse de lecture, à tester par la lecture même. Mais ça resterait quand même compliqué, non seulement parce que ce cadre conceptuel mi-philosophique mi-apocalyptique est déjà boiteux au départ, mais encore parce que toutes les parties du livre (qui est très probablement composite, vu la complexité de son "plan" où l'on a pu voir les "logiques" les plus contradictoires) ne s'y réfèrent pas exactement de la même manière, de sorte qu'il est impossible de ramener l'ensemble du texte à un schéma explicatif parfaitement simple et cohérent. Pour commencer je me limiterai donc à un seul passage, 2,10ss -- après la présentation du Christ comme "fils de l'homme" et "premier-né" essentiellement supérieur aux anges, quoique rendu apparemment et provisoirement inférieur à eux (déjà les deux "plans"): En effet, puisque celui pour qui et par qui tout existe voulait conduire beaucoup de fils à la gloire, il convenait qu'il porte à son accomplissement, par des souffrances, le pionnier de leur salut. Car celui qui consacre et ceux qui sont consacrés sont tous issus d'un seul. C'est la raison pour laquelle il n'a pas honte de les appeler frères, lorsqu'il dit: "J'annoncerai ton nom à mes frères, je te louerai au milieu de l'assemblée." Et encore: "Moi, je mettrai ma confiance en lui." Et encore: "Me voici, moi et les enfants que Dieu m'a donnés." Ainsi donc, puisque ces enfants ont en commun le sang et la chair, lui aussi, pareillement, a partagé la même condition, pour réduire à rien, par sa mort, celui qui détenait le pouvoir de la mort, c'est-à-dire le diable, et délivrer tous ceux qui, par crainte de la mort, étaient retenus dans l'esclavage toute leur vie. Assurément, en effet, ce n'est pas à des anges qu'il vient en aide, mais c'est à la descendance d'Abraham qu'il vient en aide. Aussi devait-il devenir en tout semblable à ses frères, afin d'être un grand prêtre compatissant et digne de confiance dans le service de Dieu, pour faire l'expiation des (OU propitiation pour les) péchés du peuple. Car du fait qu'il a souffert lui-même quand il a été mis à l'épreuve, il peut secourir ceux qui sont mis à l'épreuve.C'est le seul passage du livre où il est question, à propos du Christ, d'expiation OU de propitiation ( hilaskomai, je ne reviens pas sur le problème que pose la traduction de ce verbe et qui a été discuté plus haut; on ne retrouve des mots apparentés qu'en 8,12, dans la citation de Jérémie, hileôs esomai, littéralement "je serai apaisé", plutôt dans le sens "propitiation" donc; 9,5, hilastèrion, le "propitiatoire" ou "expiatoire" désignant le couvercle de l'arche de l'alliance). Expiation/propitiation pour les "péchés du peuple": la formule renvoie directement au sacerdoce lévitique, par exemple au rituel de Kippour en Lévitique 16 qui reviendra plus loin (chap. 9--10), donc au "niveau inférieur" des "ombres"; du prêtre selon l'ordre de Melchisédeq, au niveau "supérieur", il n'est jamais dit qu'il offre aucun sacrifice d'expiation ou de propitiation -- le Melchisédeq de la Genèse (14) d'ailleurs ne fait rien de tel, il ne connaît que la bénédiction et la communion du pain et du vin (cf. chap. 7). Mais en quoi consiste en l'occurrence l'expiation ou la propitiation, autrement dit comment le Christ "sauve"-t-il ? D'après le contexte, ce n'est pas par un "sacrifice" ordinaire; il ne s'agit même pas exclusivement de sa mort (qui serait un suicide pur et simple s'il était à la fois "sacrificateur" et "victime" au sens ordinaire). Ce qui "sauve", c'est tout un mouvement qui commence par sa participation-communion à la condition humaine-terrestre (le sang et la chair, v. 14) de ses "frères", qui sont issus de Dieu tout comme lui (v. 10-13), et trace à partir de là un chemin de perfectionnement-accomplissement ( teleioô etc.) et/ou de consécration-sanctification ( hagiazô etc., v. 10ss; les deux familles de termes sont associées dans la Septante au rituel de consécration des prêtres) par la souffrance, jusqu'à la mort qui marque pour ainsi dire le point de rupture avec le niveau "inférieur" des "ombres" et d'accès au niveau "supérieur" de la réalité spirituelle-éternelle. Il "sauve" en fait en délivrant de la crainte de la mort (v. 15, et ici le langage apparemment "religieux" et spécifiquement "sacerdotal" rejoint un topos "philosophique" fondamental: est libre, et peut accéder à l'éternité philosophique des idées justes, comme Socrate, celui qui ne craint plus la mort); son sacerdoce "spirituel" proprement dit (celui qui sera défini plus loin par référence à Melchisédeq et non plus à Aaron) se situe au-delà de la mort; c'est de là, d'au-delà de la mort, hors de la chair et du péché, au plan de la réalité éternelle, que le Christ roi et prêtre (comme Melchisédeq), assis à la droite de Dieu, peut porter secours à ceux qui n'en sont pas encore là (et ce secours, on peut aussi bien l'appeler expiation, propitiation, purification, consécration, perfectionnement, dans la mesure où tout cela continue de se jouer "en bas" alors que c'est éternellement accompli "en haut"); par rapport à ce sacerdoce spirituel, tout le parcours du Christ terrestre, jusqu'à sa mort incluse, aura été préparatoire -- mais en même temps efficace pour autrui parce que ce parcours est la "voie du salut", parce que ceux qu'il "sauve" ne sauraient être "sauvés" autrement qu'en suivant, par la souffrance et jusqu'à la mort, ce même parcours dont il aura été l'éternel "pionnier" ( arkhègos, v. 10); et parce que ce parcours, ou cette voie, libère effectivement du monde de la chair, du sang et du péché, on peut l'appeler expiatoire, propitiatoire, purificateur, il l'est effectivement bien plus qu'aucune expiation, propitiation, purification au sens "propre" (c'est-à-dire, pour l'anti-typologie d'Hébreux, au sens figuré, secondaire et dérivé de la réalité éternelle comme une "ombre" !), tout en n'ayant aucun (autre) rapport avec un sacrifice ordinaire dans un temple pour "annuler" ou "effacer" un péché ou rendre une divinité "propice". [En tentant cette expérience d'"explication", je m'aperçois qu'il me faut beaucoup de mots pour en "expliquer" peu, ce qui n'est généralement pas bon signe et ne plaidera pas en ma faveur au regard d'un jugement "intuitif". Je m'en console en me disant que ce type de pensée nous est tellement étranger qu'il a peu de chances d'être compris (même à peu près) comme il a été pensé: une lecture "naïve", quoique "moderne", peut toujours imaginer un monde à deux étages (même si ça n'a plus aucune correspondance dans sa cosmologie), avec un Christ qui descend et qui remonte, en frayant le chemin à d'autres; ce qui est beaucoup plus difficile à comprendre, et peut-être impossible à imaginer, c'est que le "temps" et les "événements" ne concernent que le niveau inférieur et qu'au niveau supérieur rien ne se passe, ou du moins rien qui ressemble à une "histoire" linéaire. C'est que depuis la fin du moyen-âge nous avons perdu le sens classique de l'"éternité" comme opposée au "temps", quoique coextensif à celui-ci -- quoique, me dis-je aujourd'hui en revoyant L'année dernière à Marienbad, de Resnais d'après Robbe-Grillet, une certaine fiction littéraire ou cinématographique moderne recrée quelque chose d'analogue, dans l'idée d'un temps narratif cyclique ou labyrinthique, mais plutôt sur un mode infernal que "spirituel"; cf. aussi The Shining de Kubrick.] |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La lettre aux Hébreux son contenu et son auteur éventuel. Ven 25 Déc 2015, 16:00 | |
| - Narkissos a écrit:
- Un autre fil m'a reconduit à celui-ci (que j'ai déplacé par la même occasion dans le sous-forum "Nouveau Testament" et dans une nouvelle sous-rubrique "épîtres" -- selon la classification conventionnelle, car du point de vue de l'analyse littéraire l'"épître aux Hébreux" n'est pas vraiment une "épître").
J'en profite pour répondre à Sherlock, avec sept ans de retard ... Nakissos, je ne t'avais jamais lu ici. C'est la première fois de ma vie que je rencontre une explication claire sur l'épitre aux hébreux. (J'avoue n'avoir pas forcement recherché longtemps et pas forcement au bon endroit. Bien qu'il me semblait logique et évident que toute 'description de la foi chrétienne basique' devait comporter une telle explication ... peut-être avec d'autres références - conclusions - approches mais au moins sur les deux sacerdoces, l'un 'partiel' et l'autre 'parfait'. Je n'ai pas l'habitude de ton vocabulaire (n'ayant pas étudié la philosophie) (entre autre chose) Mais lire une chose comme celle-ci est pour moi assez 'énorme' ... dans le sens, en lisant les hébreux eux-mêmes, cela se voit de façon évidente. Mais il semble que généralement, les commentaires sur les hébreux concernent 'un petit passage' ... Pour la distinction que tu fais avec expiatoire OU propitiatoire, n'est-elle pas justement 'annulée', car comme tu le dis - Citation :
- libère effectivement du monde de la chair, du sang et du péché, on peut l'appeler expiatoire, propitiatoire, purificateur, il l'est effectivement bien plus qu'aucune expiation, propitiation, purification au sens "propre" (c'est-à-dire, pour l'anti-typologie d'Hébreux, au sens figuré, secondaire et dérivé de la réalité éternelle comme une "ombre" !), tout en n'ayant aucun (autre) rapport avec un sacrifice ordinaire dans un temple pour "annuler" ou "effacer" un péché ou rendre une divinité "propice".
Pour tes 'tant bien que mal', il me semble au contraire que l'ensemble des hébreux explique bien ces notions de 'terrestre' et céleste et je n'y vois pas plusieurs 'auteurs', dans le sens, que même si le vocabulaire et les exemples diffèrent, l'ensemble parle d'une même 'chose'. As-tu développé ailleurs ce qui suit ? Ou pourrais-tu le développer ? - Citation :
les cieux apocalyptiques: dans la première il n'y a qu'être au sens d'essence, les "idées" sont ce qu'elles sont et leurs relations sont fixes ou constantes comme les "lois" arithmétiques ou géométriques; il n'y a "là" aucun "événement", il ne s'y "passe" ou n'y "arrive" rien, ou, si l'on préfère, toujours les mêmes choses, c.-à-d. les mêmes relations; sur la scène apocalyptique, en revanche, qui est de nature "mythique" et non "philosophique", il se passe plein de choses, il y a de l'"action", des "personnages" et des "événements" en abondance. L'épître aux Hébreux, comme Philon sur d'autres sujets, tente de faire coïncider le "ciel" philosophique avec le "ciel" mythique, et ce n'est pas de la tarte. Ou en quelques mots me définir ciel philosophique, ciel mythique et ciel apocalyptique (ou le ciel apocalyptique est-il inclus dans le ciel mythique ? Ou n'est pas un ciel ou ... ?) Sur les lois géométriques, volontiers aussi, si tu as développé ailleurs de mettre un lien vers ton développement. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: La lettre aux Hébreux son contenu et son auteur éventuel. Ven 25 Déc 2015, 23:22 | |
| Il existe d'excellents commentaires de l'épître aux Hébreux -- j'ai surtout pratiqué naguère, en anglais, ceux d'Attridge et d'Ellingworth. La particularité "épistémologique" de ce texte fait cependant qu'on ne la saisit guère si on se contente d'une approche trop "locale" (le commentaire verset-par-verset, fût-il de très bonne qualité). Il faut lire et relire le texte dans son ensemble, et étudier attentivement les introductions qui tâchent de décrire et d'analyser sa "méthode" générale et de la situer dans le contexte religieux, philosophique et littéraire de son temps et de son milieu, au lieu de se précipiter sur le "verset" et son "commentaire" qui ne débouchent jamais sur une telle "vue d'ensemble". (A l'inverse, quand on a bien lu les introductions, on profite mieux du commentaire verset-par-verset.)
Je suis tout à fait d'accord sur le fait que, du point de vue "céleste-éternel" de l'épître aux Hébreux, toutes les différences entre des notions comme "expiation", "propitiation" ou "purification" s'annulent -- elles n'existent et ne jouent en effet qu'au niveau des "ombres". Mais à ce niveau-là (qui est celui de nos concepts ordinaires) elles n'en sont pas moins irréductibles.
Le polythéisme est le cadre naturel de la "scène mythique". Dans les mythologies, il y a plusieurs "personnages" en constante interaction (les "dieux" mais aussi les "mortels", et des "demi-dieux" issus de leurs unions), des "histoires" et des "événements", un "devenir" avec un "avant" et un "après" qui est commun à tous (dieux ou mortels). "Yahvé" dans l'AT se comporte souvent comme un tel "personnage", qui intervient (parle et agit) dans l'histoire (on serait tenté d'ajouter "des hommes", mais cette histoire est aussi la sienne). En revanche, quand il est conçu comme "Dieu" -- le seul, au-dessus du monde et de toute histoire -- toute narration l'impliquant devient problématique: c'est une "façon de parler", foncièrement inadéquate ("anthropomorphique", dira-t-on), qui ne peut plus être prise "au pied de la lettre". La majeure partie de l'Ecriture biblique se joue entre une conception "mythique" de "Dieu" qui le fait agir et parler comme un "dieu", sans le moindre scrupule, et la "mauvaise conscience" d'une conception véritablement transcendante de "Dieu" qui est mal à l'aise avec ce type d'expression.
La scène "apocalyptique" (p. ex. Daniel 7ss, Zacharie 9ss et l'Apocalypse de Jean dans la Bible chrétienne, mais ces exemples "canoniques" ne sont que des "morceaux choisis" d'un "genre" très vaste, commun au judaïsme tardif et au christianisme primitif, cf. Hénoch ou 4 Esdras) ressemble à la scène "mythique" (il se passe et se dit des choses entre plusieurs "personnages" au ciel et sur la terre), mais elle s'en différencie par le dispositif de la "vision" et du "symbole", qui crée une distance entre ce qui est raconté et décrit et la "réalité", notamment divine (on voit un vieillard et pas "Dieu", un agneau et pas "Jésus", etc.) -- cette distance n'étant que partiellement comblée par "l'interprétation" (p. ex. d'un "ange" qui sert d'intermédiaire et d'interprète entre les deux "plans").
L'éternité des "idées" philosophiques, notamment platoniciennes (qui n'est un "ciel" que par métaphore, héritée de la mythologie, par analogie avec l'immortalité des dieux) est encore tout autre chose. C'est le caractère de "vérité essentielle" et "formelle" (idea de eidos, l'image ou la forme transposée du "sensible" à l'"intelligible") de "choses" qui ne changent pas parce qu'elles ne sont pas des "choses", parce qu'elles n'ont pas d'"existence réelle" (réel de res, "chose"), même si elles se vérifient invariablement dans l'"existence réelle". A nos yeux (modernes), ce sont des relations invariantes qui dépendent de définitions conventionnelles. Une fois qu'on s'entend sur une notation des nombres et sur les relations signifiées par "+" et "=", "2 + 2 = 4" est une vérité éternelle. On peut la "vérifier" en comptant des carottes ou des moutons, mais elle reste vraie en soi même quand on n'a rien à compter, elle se vérifiera à nouveau dès qu'on se remettra à compter quelque chose. Une fois qu'on a défini le "cercle" et le "diamètre", on trouvera toujours le même rapport (pi) entre l'un et l'autre, et on pourra le vérifier (approximativement) sur la réalisation (imparfaite) de n'importe quel cercle phénoménal, petit ou grand, ici ou là. Une fois qu'on a défini le triangle rectangle, on trouvera toujours le même rapport entre ses côtés, et ça vaudra pour tout ce qui ressemble à un triangle rectangle. Ce champ "mathématique" qui était celui de Pythagore ou de Thalès, Platon l'étend à des "concepts" intellectuels ou moraux: le Juste, le Vrai, le Bien, ce sont pour lui des "idées" aussi pures et intangibles que des formules mathématiques (tout se retrouve d'ailleurs dans l'Un, et ce sera la "révolution" néo-platonicienne de Plotin que de réorganiser toute "connaissance" à partir de cette unique "idée" qui est l'Un même -- et qu'on pourra indifféremment nommer "Dieu" à partir du moment où par "Dieu" on entend l'"Un" originaire et non "quelqu'un"; le logos stoïcien, "raison" organisatrice du cosmos, s'y retrouvera également sans peine).
On comprend que ce type de pensée ait exercé une attraction quasiment irrésistible sur les couches "savantes" du monothéisme juif et chrétien. Il ne s'agissait pas seulement pour celles-ci de paraître "intelligentes" aux yeux des Grecs, mais aussi de surmonter (notamment par voie d'interprétation allégorique, cf. Philon) tout ce qui paraissait "mythologique", "arbitraire", "absurde" ou "immoral" dans l'héritage religieux du monothéisme juif (la même méthode herméneutique avait déjà été appliquée, pour les mêmes raisons, aux mythologies grecques).
Pour revenir à Hébreux, je précise qu'il n'y a pas de rapport direct dans mon esprit entre la difficulté de "fond" (qui tient à l'association de textes et d'idées provenant d'"univers intellectuels" très éloignés les uns des autres, de la Genèse ou du Lévitique à une "philosophie populaire" inspirée du méso-platonisme en passant par une certaine réception de la "foi chrétienne") et la question de la pluralité éventuelle des "auteurs" (hypothèse qui tient plutôt à l'analyse détaillée de la construction de l'ouvrage). |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La lettre aux Hébreux son contenu et son auteur éventuel. Sam 26 Déc 2015, 01:39 | |
| - Narkissos a écrit:
- Il existe d'excellents commentaires de l'épître aux Hébreux -- j'ai surtout pratiqué naguère, en anglais, ceux d'Attridge et d'Ellingworth.
... en anglais ... mais pas le truc simple aux cotés des explications de bases sur la brochure d'accueil un peu épaisse de toutes dénominations ... - Narkissos a écrit:
- La particularité "épistémologique" de ce texte fait cependant qu
'on ne la saisit guère si on se contente d'une approche trop "locale" (le commentaire verset-par-verset, fût-il de très bonne qualité). Oui. - Narkissos a écrit:
- Il faut lire et relire le texte dans son ensemble, et étudier attentivement les introductions ...
je rechercherais les introductions, lors d'une prochaine lecture ... - Narkissos a écrit:
- ... "Yahvé" dans l'AT se comporte souvent comme un tel "personnage", qui intervient (parle et agit) dans l'histoire (on pourrait ajouter "des hommes", mais cette histoire est aussi la sienne). En revanche, quand il est conçu comme "Dieu" -- le seul, au-dessus du monde et de toute histoire -- toute narration l'impliquant devient problématique: c'est une "façon de parler", foncièrement inadéquate ("anthropomorphique", dira-t-on), qui ne peut plus être prise "au pied de la lettre". La majeure partie de l'Ecriture biblique se joue dans un entre-deux entre une conception "mythique" de Dieu qui le fait agir et parler comme un "dieu", sans le moindre scrupule, et la "mauvaise conscience" d'une conception véritablement transcendante de "Dieu" qui est mal à l'aise avec ce type d'expression.
... si tu le dis ... peut-on réellement 'appréhender Dieu' et définir qu'il ne peut à la fois être DIEU et à la fois entrer en interaction avec l'homme ? L'homme peut-il réellement connaitre les limites de Dieu ? Si limite il y a ... - Narkissos a écrit:
- ... (il se passe et se dit des choses entre plusieurs "personnages" au ciel et sur la terre), mais elle s'en différencie par le dispositif de la "vision" et du "symbole", qui crée une distance entre ce qui est raconté et décrit et la "réalité", notamment divine (on voit un vieillard et pas "Dieu", un agneau et pas "Jésus", etc.) -- cette distance n'étant que partiellement comblée par "l'interprétation" (p. ex. d'un "ange" qui sert d'intermédiaire et d'interprète entre les deux "plans").
Oui. Tu pars à nouveau du principe qu'il y a deux 'plans'. Tu définis une grille d'interprétation par avance pour analyser un texte et tu pars de ta grille pour dire qu'il y correspond (ou pas). C'est une herméneutique comme une autre, un filtre de lecture. Le filtre devient lui l'étalon à suivre. D'où vient le filtre ? Quel est son 'fondement' ? Peut-on affirmer que le filtre est 'Juste' (voir ce que tu dit plus bas) ... - Citation :
- "vérité essentielle" et "formelle" (idea de eidos, l'image ou la forme) de "choses" qui ne changent pas parce qu'elles ne sont pas des "choses", parce qu'elles n'ont pas d'"existence réelle" (réel de res, "chose"), même si elles se vérifient invariablement dans l'"existence réelle". A nos yeux (modernes), ce sont des relations invariantes qui dépendent de définitions conventionnelles. Une fois qu'on s'entend sur une notation des nombres et sur les relations signifiées par "+" et "=", "2 + 2 = 4" est une vérité éternelle.
heuuu, 2 + 2 ne fait pas forcement 4, et tu le sais, je présume aussi bien que moi ! Oui, les 'relations' ne changent pas. - Citation :
- Platon l'étend à des "concepts" intellectuels ou moraux: le Juste, le Vrai, le Bien, ce sont pour lui des "idées" aussi pures et intangibles que des formules mathématiques (tout se retrouve d'ailleurs dans l'Un, et ce sera la "révolution" néo-platonicienne de Plotin
... je devrais lire une fois 'les bases' en philosophie. (oui, je connais les idées qui sont des formules mathématiques) (Il dit quoi lui Plotin des femmes ? Il a les mêmes idées pures et intangibles à leur sujet que Platon ? ) (Comment tu situes la casuistique là au milieu ?) - Citation :
- que de réorganiser toute "connaissance" à partir de cette unique "idée" qui est l'Un même -- et qu'on pourra indifféremment nommer "Dieu" à partir du moment où par "Dieu" on entend l'"Un" originaire et non "quelqu'un"; le logos stoïcien, "raison organisatrice du cosmos, s'y retrouvera également sans peine).
L'homme imagine donc dieu, d'après sa conception des 'cieux' (mythes, math, etc), de l'infiniment grand et de l'infiniment petit, si j'ai bien compris, et des 'règles intangibles' qui régentent le tout. Les cieux 'philosophiques' étant des cieux 'scientifiques' en quelque sorte. - Citation :
- On comprend que l'attraction de ce type de pensée ait été quasiment irrésistible pour les couches "savantes" du monothéisme juif et chrétien.
... si tu le dis ... - Citation :
- Non pas seulement pour paraître "intelligent" aux yeux des Grecs, mais aussi pour surmonter (notamment par voie d'interprétation allégorique, cf. Philon) tout ce qui paraissait "mythologique", "arbitraire" ou "immoral" dans l'héritage religieux du monothéisme juif. (la même méthode herméneutique avait déjà été appliquée, pour les mêmes raisons, aux mythologies grecques).
... le filtre (l'herméneutique) plus grand que l'héritage religieux du monothéisme juif. L'homme analyse cet héritage avec son intelligence, ce qu'il a compris de la 'science'. Oui ? Non ? Mais qu'a-il compris de la science, réellement compris ? Il peut observer certains 'principes'. Peut-il les inventer ? Les faire fonctionner ? Par exemple, comment les (quatre) forces fondamentales (d'attractions) sont-elles entrées en fonction ? En une seule fois ? Comment soudain, des ( les) électrons (si rien ne se perd et rien ne se crée) se sont mis en mouvement ? C'est une chose que chacun peut se représenter facilement ... une fois la 'machine en route'. Si ce dieu là a pu les mettre en mouvement et à partir d'eux former des ... protéines déjà, puis des acides aminés ... et donc de l'ADN qui a lui tout seul est capable de nous 'animer' et en quelques mois ... L'homme peut-il réellement concevoir 'qui est dieu' ? L'homme est-il capable de 'faire fonctionner' un seul élément chimique ? Et à partir de l'un (H par exemple) concevoir comment en être arriver aux autres ? Dieu ne serait-il pas plus grand que l'homme ? (que Dieu soit uniquement la raison organisatrice du cosmos ou pas) A supposé que la réponse soit : Dieu plus grand que l'homme, est-ce que l'homme plus petit que Dieu peut expliquer qui est Dieu ? Ou est-ce que Dieu plus grand que l'homme pourrait éventuellement essayer de 'se présenter' à l'homme et lui expliquer qui il est en fonction de ce qu'il est capable de comprendre ? En utilisant parfois des images (symboles) dans le langage et dans les visions pour décrire une réalité que l'homme est incapable de concevoir car simplement, il n'en a pas les capacités ? Des paraboles qui correspondent à ce que l'homme peut 'appréhender de Dieu' ? Si les évangiles présentent Dieu comme un berger, un père, etc et le royaume comme une perle, un trésor, ou encore parle de couronne, de vigne, etc ne serait-ce pas car ces 'images' parlaient à 'l'auditoire' ? |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: La lettre aux Hébreux son contenu et son auteur éventuel. Sam 26 Déc 2015, 03:17 | |
| Tu m'excuseras (ou non) de ne répondre, ici, qu'à ce qui concerne l'épître aux Hébreux:
- Je viens de voir que Samuel Bénétreau, que j'ai beaucoup apprécié comme professeur de NT à Vaux-sur-Seine, a écrit un commentaire (en français, donc, et "évangélique" de surcroît, mais en deux volumes quand même).
- Même si le client lecteur est roi, il n'a que les livres qu'il mérite. Si on veut "la Bible pour les nuls", on a "la Bible pour les nuls" (ça existe). Quand on a affaire à un texte difficile (celui-là l'était déjà pour une grande partie de ses premiers lecteurs, et l'est encore beaucoup plus pour nous parce que sa façon de penser nous est profondément étrangère), on le "comprend" à proportion des moyens et des efforts qu'on lui consacre. On peut lire l'épître aux Hébreux sans aucune préparation et en retirer quelque chose, plein de choses même, mais si on en est insatisfait on n'avancera pas sans se donner les moyens d'avancer, dans une réelle complexité en l'occurrence. Et tant pis pour ceux qui croient qu'il suffit qu'on leur explique simplement des choses compliquées pour qu'ils les comprennent dans leur réelle complexité.
- Je suis tout à fait d'accord avec toi pour dire qu'il y a (dans la Bible même) des tas de "formes littéraires" ou de "façons de parler" -- plus ou moins "simples" ou "compliquées", par exemple. Je ne porte là-dessus aucun jugement de valeur, et même en matière de "goût", il y a des textes écrits très simplement parmi mes "préférés" -- le Sermon sur la montagne ou l'évangile selon Jean par exemple. Pourquoi l'épître aux Hébreux n'est-elle pas écrite comme ça ? En voilà une question qu'elle est bonne. Si elle n'a aucun rapport avec mes préférences (littéraires, philosophiques ou religieuses) ni avec les tiennes, elle en a peut-être davantage avec celles de leurs auteurs et de leurs destinataires.
|
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La lettre aux Hébreux son contenu et son auteur éventuel. Sam 26 Déc 2015, 12:04 | |
| En lisant la Bible sans arrière plan culturel 'judéo-chrétien', l'épitre aux hébreux n'a pas plus de difficulté qu'un autre passage de la Bible. Il devient difficile en fonction des prérequis en vocabulaire, et en 'religion chrétienne'. Que les prérequis soient évangéliques, adventistes, orthodoxes ou catholiques. Dans quel sens vont les explications de la brochure épaisse à la porte de toute assemblée (ou la Bible pour les nuls) ? En donnant un résumé des 'pratiques religieuses' de l'AT, puis un résumé des 'pratiques religieuses' du NT, même en 3 pages, l'épitre aux hébreux devient (reste) limpide. Par contre, en partant des pratiques actuelles de l'église (toutes dénominations confondues) arriver aux pratiques religieuses de la Bible, demande une certaine faculté d'abstraction de 'ce que l'on pense que la Bible dit' pour arriver à ce qu'elle dit réellement ! |
| | | VANVDA
Nombre de messages : 1610 Date d'inscription : 09/05/2008
| Sujet: Re: La lettre aux Hébreux son contenu et son auteur éventuel. Dim 27 Déc 2015, 11:58 | |
| Lire la lettre aux Hébreux sans "arrière-plan culturel judéo-chrétien", est-ce que ça a seulement un sens ? Si tu ne connais rien aux rites sacrificiels de l'antique Israël, rien aux personnages évoqués (formellement ou à demi-mots) au chapitre 11, rien au personnage du Christ avant de lire la lettre, je vois mal comment ce qui y est dit pourrait avoir le moindre sens. Du reste, il faut être conscient, je crois, que chaque fois qu'on dit ce genre de chose ("si on lisait ça sans toute la culture qui nous l'a transmis, on comprendrait ceci ou cela..."), on fait appel à la pure imagination. On ne peut pas savoir ce qu'on comprendrait "si...", puisqu'on est définitivement de culture judéo-chrétienne, qu'on s'est construit avec. Pour savoir, il faudrait à la limite traduire la lettre aux Hebreux (ou la Bible entière) en Papou, aller chercher au fin fond des forêts de Nouvelle-Guinée une tribu "vierge" de l'envahissement occidental (virginité qu'on sacrifierait de facto à l'expérience, du reste), ne surtout accompagner la lecture/écoute des Écritures d'absolument aucun catéchisme, d'aucune explication "culturelle", de rien, rien, rien d'autre que le texte (écrit ou oral), et voir ce qu'ils en tireraient. Puisqu'on est dans l'imagination, la mienne me suggère qu'à peine finie la lecture/audition (au cas déjà fort peu probable où une étrange envie d'aller jusqu'au bout les prenait...), nos braves Papous s'en soucieraient autant que de leur premier étui pénien... |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: La lettre aux Hébreux son contenu et son auteur éventuel. Jeu 12 Mar 2020, 11:58 | |
| Si, en effet, la première alliance avait été irréprochable, il n'y aurait pas eu lieu d'en chercher une seconde. C'est bien en effet comme un reproche à leur adresse qu'il dit : Les jours viennent, dit le Seigneur, où je conclurai avec la maison d'Israël et la maison de Juda une alliance nouvelle. Ce ne sera pas comme l'alliance que j'ai faite avec leurs pères, le jour où je les ai pris par la main pour les faire sortir d'Egypte. Puisque eux-mêmes ne sont pas demeurés dans mon alliance, moi non plus je ne me suis pas soucié d'eux, dit le Seigneur. Or voici l'alliance que j'établirai avec la maison d'Israël après ces jours-là, dit le Seigneur : je mettrai mes lois dans leur intelligence, je les inscrirai dans leur cœur ; je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. Personne n'instruira plus jamais son concitoyen, ni personne son frère, en disant : « Connais le Seigneur ! » En effet, tous me connaîtront, depuis le plus petit jusqu'au plus grand d'entre eux. Car je leur ferai grâce de leurs injustices, et je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés. En l'appelant « nouvelle », il a rendu ancienne la première. Or ce qui est ancien et vieilli est en passe de disparaître. (Hé 8,7ss)
L'auteur considère que la première alliance n'était pas irréprochable, pourtant cette alliance fut élaborée par Dieu : "Ce ne sera pas comme l'alliance que j'ai faite avec leurs pères" (8,9). La suite de l'argumentation du v 9 est tout aussi surprenante, l'imperfection de la première alliance teint au fait que les membres du peuple "ne sont pas demeurés dans mon alliance" mais aussi parce que Dieu affirme : "moi non plus je ne me suis pas soucié d'eux". La responsabilité de l'imperfection de la première alliance semble partagée. Autre point intéressant, dans le cadre de la nouvelle alliance, Dieu pourra clamer "enfin" : "je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple", donnant le sentiment que cela ne fut pas vraiment le cas, dans le cadre de la première alliance. Enfin, j'aime l'idée :
"Personne n'instruira plus jamais son concitoyen, ni personne son frère, en disant : « Connais le Seigneur ! »
Un extrait :
L’auteur d’Hébreux intègre réellement les trois caractéristiques de la nouvelle alliance annoncée par Jérémie (loi intérieure, relation personnelle avec Dieu, pardon des péchés), puisqu’il rapporte, sans l’interrompre, le long oracle de Jr 31(38),31-34. Pourtant ce qui l’intéresse au premier chef, c’est le constat du vieillissement de l’ancienne alliance (He 8,13). Le message jérémien du salut à venir, présenté comme un reproche explicite (He 8,7), est recontextualisé dans l’affirmation du fondement de l’alliance nouvelle : ayant donné sa propre vie pour ses frères, le Christ est le vrai médiateur. En He 10,18, la dure conséquence de cette affirmation est tirée de la reprise partielle de Jr 31,31-34. https://journals.openedition.org/rsr/2149#tocto2n4 |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: La lettre aux Hébreux son contenu et son auteur éventuel. Jeu 12 Mar 2020, 14:58 | |
| Tous les autres emplois d'amemptos (irréprochable, sans reproche ou sans défaut) dans le NT sont positifs (si l'on peut le dire d'un concept doublement négatif): Luc 1,6; Philippiens 2,15; 3,6; 1 Thessaloniciens 3,13. Le "défaut" (ou le "reproche") suggéré par la formule hypothétique ou irréelle de l'épître aux Hébreux (si elle avait été irréprochable => elle ne l'est pas) n'est toutefois pas exactement ceux que le paulinisme attribue (ou adresse) à la "loi", à savoir de ne pas "justifier" ni "faire vivre" (Romains) ou de ne pas être vraiment, directement, "divine" (Galates). Dans la perspective (quasi platonicienne, je n'y reviens pas) de l'épître aux Hébreux, le défaut essentiel de l'alliance (comme du temple, des sacrifices, de la prêtrise aaronide, etc.) c'est tout simplement d'appartenir au monde des "ombres" et d'être comme lui "transitoire", ce qu'implique l'idée même de "nouvelle alliance" en Jérémie 31.
En tout cas ton article est intéressant, non seulement pour Thomas d'Aquin mais aussi pour les différences de la Septante et du texte massorétique de Jérémie... |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: La lettre aux Hébreux son contenu et son auteur éventuel. Jeu 12 Mar 2020, 17:20 | |
| Or la foi, c'est la réalité de ce qu'on espère, l'attestation de choses qu'on ne voit pas. C'est par elle que les anciens ont reçu un bon témoignage. Par la foi, nous comprenons que les mondes ont été formés par une parole de Dieu, de sorte que ce qu'on voit ne provient pas de ce qui est manifeste." (11,1-3) NBS
"La foi est une manière de posséder déjà ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités que l’on ne voit pas. C’est elle qui valut aux anciens un bon témoignage. Par la foi, nous comprenons que les mondes ont été organisés par la parole de Dieu. Il s’ensuit que le monde visible ne prend pas son origine en des apparences." (TOB)
Le chapitre 11 est entièrement structuré autour de l’emploi du terme "foi". Ce texte semble constituer un véritable casse-tête théologique, autant en ce qui concerne le sens, qu’en ce qui concerne la traduction. D'un côté la TOB : "Une manière de posséder déjà ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités que l’on ne voit pas" ET d'un autre côté la NBS nous propose : "c'est la réalité de ce qu'on espère, l'attestation de choses qu'on ne voit pas". Concernant le v 3, la NBS traduit comme suit : "de sorte que ce qu'on voit ne provient pas de ce qui est manifeste" ET la TOB : "Il s’ensuit que le monde visible ne prend pas son origine en des apparences".
Je trouve ce texte bien mystérieux, la foi nous aiderait à comprendre que les mondes auraient été formés par la parole de Dieu, le lien n'est pas évident, la foi ne favorise pas la compréhension d'un évènement. A moins que l'auteur exprime l'idée que la foi nous met en rapport avec ce que nous ne voyons pas, nous donne accès à un monde invisible et nous aide à avoir l’assurance de la certitude de ce que nous ne voyons pas. La formule "les mondes" fait allusion à un monde visible et à un monde invisible. La deuxième partie du texte, reprend les notions de "visible" et d'"apparences", d'une manière assez difficile à comprendre. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: La lettre aux Hébreux son contenu et son auteur éventuel. Jeu 12 Mar 2020, 18:34 | |
| La TOB, ici, commente plus qu'elle ne traduit. En un peu plus serré: "Or la foi est la sub-stance ( hupo-stasis, hypo-stase) des choses espérées, la preuve ( elegkhos) de ce qu'on ne voit pas. (...) Par la foi nous concevons ( noein: nous pensons, mais au sens fort, non d'une simple opinion opposable au savoir) que les âges ( aiôna) ont été disposés par une parole (ou un dit, rhèma) de dieu, de sorte que ce qu'on voit n'est pas issu de l'apparent ( phainomena, phénomène[s])." Encore une fois il faut se référer au dualisme platonicien (au sens large) sous-jacent à tout le livre: derrière les "choses" sensibles, visibles, tangibles, etc., mais aussi provisoires, il y a des "idées" intelligibles et permanentes, comme derrière les "ombres" il y a des "corps" (cf. la "caverne" de La République); pour l'auteur, la "foi" est précisément le signe de l'intelligible éternel dans le sensible transitoire (Platon n'en aurait pas dit autant, pour qui la foi est inférieure à la connaissance; Paul non plus d'ailleurs, pour qui elle a une tout autre fonction). Non seulement dans un sens "subjectif" (par la foi j'accède à l'intelligible éternel depuis le sensible transitoire), mais aussi dans un sens "objectif" (il y a de la foi dans le monde sensible, prête à renoncer à tout le sensible au nom d'un intelligible non sensible, preuve qu'il y a bien un tel intelligible éternel: c'est le sens de toute la "liste" des croyants-témoins qui suit et culmine avec les "martyrs", "témoins" par excellence). Je ne suis pas sûr, par ailleurs, que la pluralité des "âges" ou "mondes" ( aiôna au pluriel, comme en 1,2) se limite à l'opposition du "visible" et de l'"invisible", même si elle l'inclut -- ce qui est possible, car comme nous l'avons vu il y a peu, dans la logique de "dépassement" de l'épître aux Hébreux les "cieux" mêmes doivent être dépassés en tant qu'ils sont encore "faits à la main", fût-ce celle de Dieu (1,10ss; comme dans la tradition platonicienne les "idées" qui constituent pourtant l'essence même des choses ouvrent sur un "au-delà de l'essence" ou de l'"être", le "Bien" chez Platon et l'"Un" chez Plotin). |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: La lettre aux Hébreux son contenu et son auteur éventuel. Ven 13 Mar 2020, 10:51 | |
| En ces temps, chers frères et sœurs, la philosophie n'a pas bonne presse au sein de nos communautés chrétiennes. Elle est souvent accusée de servir à dénaturer la pureté de la foi chrétienne et nombreux sont ceux qui estiment que philosophie et foi chrétienne doivent être strictement distinguées. Or, notre texte de ce matin le montre, les auteurs bibliques n'ont pas hésité à recourir à la philosophie afin d'appuyer le contenu de leur message. L'auteur de l'épître aux Hébreux, en effet, use ici de concepts qui sont ceux de la philosophie néoplatonicienne. « Hypostasis » ou « elenchos » par exemple, les mots grecs que nous rendons en français par « assurance » et « démonstration » dans le premier verset de notre passage, sont des concepts récurrents de la pensée de Philon d'Alexandrie, philosophe juif hellénisé mort en 45 après Jésus-Christ. Le mot « hypostasis », qu'il serait judicieux de traduire plutôt par « sub-stance » que par « assurance », c'est-à-dire par « ce qui est placé sous » ou « avant » les « choses qu'on espère », servira, par la suite, à désigner chacune des trois personnes de la Trinité.
Mais, si l'auteur de l'épître s'en sert, c'est pour transmettre à son lecteur une réalité autre, quelque-chose de différent d'un contenu philosophique précis. Il ne cherche pas à mettre en évidence sa maîtrise de concepts compliqués ou à démontrer que philosophie et foi chrétienne font bon ménage. Non, ce qu'il entend faire c'est user de concepts accessibles à ses interlocuteurs, vraisemblablement lettrés, pour leur signifier quelque-chose qui les concerne mais aussi qui les dépasse. Lorsque l'épître aux Hébreux utilise ici les termes « hypostasis » et « elenchos », lorsqu'il est question de cette « ferme assurance des choses qu'on espère » et de cette « démonstration de celles qu'on ne voit pas », ce que l'on veut nous dire c'est que derrière les réalités visibles, tangibles et quantifiables se cache une réalité plus profonde, une réalité ultime que seule la foi peut déceler. https://oratoiredulouvre.fr/libres-reflexions/predications/le-visible-et-linvisible |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: La lettre aux Hébreux son contenu et son auteur éventuel. Ven 13 Mar 2020, 12:49 | |
| Techniquement, ou conventionnellement, ce serait plutôt "médio-" (ou "méso-") que "néo-platonicien", si l'on situe le néoplatonisme à partir du IIIe siècle (apr. J.-C.).
Le mot "philosophie" fascine ou affole, attire et rebute, comme "religion" d'ailleurs, tant qu'ils restent étrangers et qu'on n'a pas une pratique et une expérience de ce qu'ils recouvrent. Mais à qui a assimilé tant soit peu une "méthode" philosophique, peu importe laquelle, son usage est aussi "naturel" et inévitable qu'à tout un chacun celui de son "bon sens": pour autant qu'il pense, il ne peut pas penser autrement. (Je me souviens de Paul Ricoeur disant en substance: je ne prétends pas avoir une philosophie chrétienne, mais mon christianisme est nécessairement un christianisme de philosophe.) La difficulté, bien sûr, réside dans le dialogue (de sourds) entre des façons de penser différentes dans la même langue, où chacun entend différemment les mêmes mots et les mêmes énoncés (ainsi l'épître aux Hébreux, hors de son cadre "philosophique" qui suppose un certain rapport du "temps" et de l'"éternité", finit par dire des choses terrifiantes à celui qui l'entend sur un plan exclusivement temporel, comme l'impossibilité d'une "seconde repentance" dans le débat montaniste; ou, concernant le texte dont nous venons de parler, le contresens moderne d'une "foi démontrable"). Même si tout le monde n'a pas besoin d'une formation philosophique (ça se discute), il me semble clair que les exégètes et interprètes de la Bible en ont absolument besoin dans la mesure où les textes dont ils s'occupent présupposent une certaine "philosophie" (ancienne de surcroît). Et que souvent ils en manquent cruellement. |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: La lettre aux Hébreux son contenu et son auteur éventuel. Ven 13 Mar 2020, 13:25 | |
| Merci Narkissos pour tous ces commentaires forts intéressants.
Il me semble que le chapitre 11 de l'épître hébreux offre un récit des fidèles préchrétiens assez révolutionnaire (selon ma compréhension), en effet la foi des ces hommes et femmes du passé, leur permettait d'accéder à un monde invisible ou (si j'ose) à une autre dimension, donc de voir l'invisible : Hénoch savait qu'il pouvait transporté dans un monde invisible (v5), Noé fût divinement averti de ce qu'on ne voyait pas encore (v7). Ces fidèles étaient conscients (par la foi) qu'ils étaient des "étrangers et résidents temporaires sur la terre" (v13) et peut-être de leur véritable origine. La foi a permis à ces fidèles de percevoir "la cité qui a de solides fondations, celle dont Dieu est l'architecte et le constructeur" (v10), puisqu'ils ont "vues et saluées de loin" ces "choses promises".
Le v 16 indique que la cité de Dieu est "une patrie supérieure, c'est-à-dire céleste", cela signifie t-il que cette cité est dans les cieux au sens d’un au-delà ? Probablement pas, sans quoi les patriarches n’auraient pu la saluer de leur vivant et puis comme l'indique Narkissos dans l'épître aux Hébreux les "cieux" mêmes doivent être dépassés en tant qu'ils sont encore "faits à la main", fût-ce celle de Dieu (1,10ss).
La patrie céleste, élevée au-dessus de tout ce que nous connaissons, ne désigne donc pas un lieu ou un temps, un "au-delà de l'essence" ou de l'"être". Cette cité est comme l’image d’une patrie qui ne reste pas confinées à nos capacités tellement limitées.
|
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: La lettre aux Hébreux son contenu et son auteur éventuel. Ven 13 Mar 2020, 15:46 | |
| S'il y a de l'"ineffable" (indicible, inexprimable, indescriptible, etc.), par définition il n'est pas question de le dire (cf. Wittgenstein), mais pour ne pas le dire il faut encore le dire, le dire sans le dire, par un jeu de langage et de représentation, de réflexion, de contradiction, de paradoxe, de négation en miroir ou en abyme, par où langage et représentation font littéralement l'impossible, sauter par-dessus ou par-dessous soi-même, se contourner ou s'esquiver soi-même, impossible néanmoins nécessaire à leur "ouverture" (leur "déclosion" comme dirait J.L. Nancy). Pointer l'ineffable (etc.), c'est indiquer à même le "fini" une direction in-finie et infiniment plurivoque, foncièrement indécise, ascension ou descente, progression ou régression, extase ou introspection, hauteur ou profondeur, extériorité ou intériorité, au-delà ou en-deçà (revoir éventuellement ici). La dialectique platonicienne et toutes les "mystiques" qui s'ensuivent le font sur un mode ascensionnel (de plus en plus haut, plus haut que les cieux comme dit l'épître aux Hébreux, 7,26; cf. 4,14; 12,26ss), la psychanalyse moderne le fait plutôt dans un sens inverse (l'in-conscient comme sub-conscient, mais qu'il n'est toujours pas question de rendre "conscient", contrairement à ce que s'imagine le profane). Tout cela peut paraître absurde, ça l'est effectivement au regard de toute "raison" verbale et représentative, sauf que la "raison" incapable de se fonder elle-même ne peut pas faire l'économie de cet "irrationnel" qui la cerne de toutes part. Il suffit d'ailleurs qu'elle tente d'arrêter ce mouvement d'excès, de défaut ou d'écart par rapport à elle-même en des propositions dogmatiques et définitives (qu'elles soient "religieuses" ou "philosophiques") pour éprouver aussitôt l'impossibilité d'en rester là. |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: La lettre aux Hébreux son contenu et son auteur éventuel. Ven 13 Mar 2020, 16:49 | |
| "C'est par la foi que, devenu grand, Moïse renonça à être appelé fils de la fille du pharaon, préférant être maltraité avec le peuple de Dieu que d'avoir la jouissance éphémère du péché. Il tenait en effet l'humiliation du Christ pour une richesse plus grande que les trésors de l'Egypte ; car il regardait plus loin, vers la récompense. C'est par la foi qu'il quitta l'Egypte, sans craindre la fureur du roi ; car il tint ferme comme quelqu'un qui voit celui qui est invisible." (11,24-27)
L'auteur élabore une réécriture de l'histoire de Moïse, ou du moins, il sublime l'histoire du libérateur, en affirmant que Moïse "tenait en effet l'humiliation du Christ pour une richesse plus grande que les trésors de l'Egypte", faisant du Christ un personnage connu de Moïse qui par anticipation faisait de l'humiliation du Christ (futur) une source de richesse, "car il regardait plus loin, vers la récompense", le regard de Moïse ne s'arrêtait sur la réalité de sa vie présente mais sa foi lui permettait de regarder plus loin, cependant tout ce qu’il pouvait espérer était encore invisible, mais l’invisible est précisément l’objet de la foi : "il tint ferme comme quelqu'un qui voit celui qui est invisible". |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: La lettre aux Hébreux son contenu et son auteur éventuel. Ven 13 Mar 2020, 17:25 | |
| Ces expressions, si novatrices qu'elles paraissent par rapport au récit de l'Exode, ont des précédents littéraires -- "l'humiliation (ou l'opprobre) du Christ" (cf. 13,13), par exemple, dans la Septante (alexandrine) des Psaumes (69[8],10; 89[8],51s, avec khristos pour mashiah, l'"oint"); le mépris de l'éphémère, ou du temporaire, dans l'énième récit maccabéen (encore alexandrin) du martyre de la mère et des sept fils, 4 Maccabées 15,2.8; et bien sûr dans toutes les lectures allégoriques de l'Exode par Philon (toujours alexandrin), où Moïse est sans cesse dépeint, à la fois comme personnage et comme auteur (de la Torah-Pentateuque), en "philosophe" par excellence, tout orienté vers le non-sensible (même si celui-ci prend là un tour plus intellectuel et moral que dans l'épître aux Hébreux). Quoi qu'il en soit, la perspective générale, l'opposition de l'éternel-invisible au provisoire-visible, déjoue ou neutralise toutes les données temporelles: de ce point de vue-là, si l'on peut dire, rien n'est vraiment "passé" ni "futur"; "Melchisédek" (notoirement absent du chapitre 11 parce qu'il est essentiellement du côté de l'éternel) est aussi bien "le Fils de Dieu" pour Abraham (dans le temps du récit) que "Jésus" pour les destinataires. Du reste, la "subversion" du temps historique élaborée dans une veine plus nettement platonicienne par l'épître aux Hébreux l'est autrement ailleurs, par exemple dans la typologie paulinienne de 1 Corinthiens 10 (le rocher de Moïse est le Christ), ou dans le quatrième évangile (Abraham a vu mon jour, Isaïe a vu sa gloire). La perte moderne du sens de l'éternité est plus vaste et plus grave que l'ignorance ou l'oubli spécifiques de Platon, même si l'un ne va pas sans l'autre, et il ne suffit pas d'étudier la philosophie ancienne pour y remédier. |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: La lettre aux Hébreux son contenu et son auteur éventuel. Lun 16 Mar 2020, 12:00 | |
| "C'est par la foi qu'Abraham, mis à l'épreuve, a offert Isaac. C'est son fils unique qu'il offrait, lui qui avait accueilli les promesses et à qui il avait été dit : C'est par Isaac que tu auras ce qui sera appelé ta descendance. Il estimait que Dieu avait même le pouvoir de réveiller un mort. C'est pourquoi son fils lui fut rendu : il y a là une parabole." (11,17-19) À vrai dire, Origène ne laisse pas planer longtemps l'incertitude sur l'état d'esprit du patriarche. Il cite saint Paul : «l'esprit des prophètes est soumis aux prophètes» (1 Co 14, 32), et il indique la solution fournie par l'Épître aux Hébreux: «Abraham ne broncha pas dans sa foi, lorsqu'il offrit son fils unique sur qui reposaient les promesses ; il estimait que Dieu était assez puissant même pour le ressusciter des morts » (He 11,17-19). Non seulement donc Abraham espérait la résurrection d'Isaac, «il croyait que se réaliserait ce qui n'était encore jamais arrivé7», mais encore il savait que de sa descendance naîtrait le Christ pour être offert en victime et ressusciter. Après un tel exposé doctrinal donné en condensé, tout n'est-il pas dit ? Est-il encore nécessaire de poursuivre le commentaire ? https://www.persee.fr/docAsPDF/rscir_0035-2217_2005_num_79_3_3778.pdf - Citation :
- le mépris de l'éphémère, ou du temporaire, dans l'énième récit maccabéen (encore alexandrin) du martyre de la mère et des sept fils, 4 Maccabées 15,2.8;
"Des femmes retrouvèrent leurs morts par une résurrection. Mais d'autres furent torturés et n'acceptèrent pas de rédemption, afin d'accéder à une résurrection supérieure" (11,35) furent torturés ou se laissèrent torturer ; allusion possible à 2 Maccabées 6.18–7.42, qui rapporte les supplices terribles subis par plusieurs Juifs, y compris une femme et ses sept fils, pour avoir refusé de transgresser la loi de Moïse ou de paraître le faire. – rédemption ou délivrance 9.12n. – une résurrection supérieure ou meilleure : cf. 1.4n ; autre traduction un bien supérieur, la résurrection ; dans le récit précité, l’un des martyrs dit au roi : « Tu nous exclus de la vie présente, mais le roi du monde, parce que nous serons morts pour ses lois, nous ressuscitera pour une vie éternelle. » https://lire.la-bible.net/verset/Hébreux/11/35/NBS
Dernière édition par free le Jeu 15 Sep 2022, 16:11, édité 1 fois |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: La lettre aux Hébreux son contenu et son auteur éventuel. Lun 16 Mar 2020, 15:49 | |
| Très intéressant article: l'affinité entre Origène et l'épître aux Hébreux est encore un produit dérivé de cette "école d'Alexandrie" qui se prolonge à travers les siècles et les frontières ethno-religieuses ("paganisme" hellénistique ou égyptien, judaïsme, christianisme, y ont tous un "air de famille").
Comme on l'a souvent remarqué (ici même entre autres), le milieu du v. 35 ("mais", de, adversatif discret) est en fait le point de bascule où la liste passe de la "foi" qui procure des avantages dans le monde et le temps des "ombres" et celle qui n'en procure aucun, donc des "témoins" relatifs aux "témoins" absolus de l'éternité, les "martyrs". |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: La lettre aux Hébreux son contenu et son auteur éventuel. Lun 16 Mar 2020, 16:19 | |
| En regardant cette vidéo (https://www.youtube.com/watch?v=gYDtMQnKTHU&t=4279s ), j'ai découvert ceci, concernant Adam dans le Coran, ce qui m'a fait penser à Hé 1,3ss ("Que tous les anges de Dieu se prosternent devant lui !") :
Le Jésus du Coran, par contre, n’a pas de père à repousser. Il se distingue de Moïse et Noé – et de tous les autres protagonistes du Coran sauf Adam – par sa naissance miraculeuse sans père. Pour Adam et Jésus, l’Esprit de Dieu prend la place du père. Notamment en deux occasions l’annonce de la création d’Adam est suivie par un ordre divin aux anges de se prosterner devant lui : « Quand ton Seigneur dit aux Anges : “Je vais créer d’argile un être humain”. Quand Je l’aurai bien formé et lui aurai insufflé de Mon Esprit, jetez-vous devant lui, prosternés » (38,71-72 ; cf. 15 :,28-29 ; Gn 2,7). On soupçonne que la logique de cet ordre – qui pourrait sembler un blasphème (comment se prosterner devant quelque chose outre Dieu ?) – est liée à la présence de l’esprit divin en Adam. C’est cette présence en lui qui justifie l’adoration angélique. Ce parallèle entre Adam et Jésus dans le Coran – évoqué d’une façon explicite en 3,59 – développe, ou bien réinterprète, le parallèle entre les deux mêmes figures dans la tradition chrétienne. Pour les chrétiens, l’histoire de la prosternation angélique devant Adam (une histoire qui se trouve dans les textes comme La vie d’Adam et ève et La caverne de trésors5) a un sens christologique. L’adoration d’Adam par les anges – avant son péché et sa chute – anticipe l’adoration de Jésus par les anges. On trouve ce parallèle dans le Nouveau Testament, dans la belle hymne de saint Paul, qui fait un contraste implicite entre Adam et Jésus et fait référence à l’adoration angélique de Jésus (Phil 2,6-11). https://journals.openedition.org/asr/1455 |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: La lettre aux Hébreux son contenu et son auteur éventuel. Lun 16 Mar 2020, 19:47 | |
| Excellente, la conférence, merci ! [Les études (franchement) critiques (au sens académique du terme) du Coran arrivent certes bien tard, mais cela leur vaut de bénéficier d'emblée de plusieurs siècles d'expérimentation méthodologique des "sciences bibliques" et de ne pas avoir à en répéter les errements passés -- quant aux errements présents et futurs, c'est une autre affaire, mais il faut bien commencer quelque part.] Sur Adam-Christ et les anges, revoir éventuellement ici (et suivre les liens).Soit dit en passant, le "souffle" donné à l'homme dans le second récit de la Genèse (2,4b--3, en l'occurrence 2,7) n'est pas rwh-rouah, le mot habituel pour l'"esprit" divin, humain et animal habituellement traduit pneuma dans la Septante, mais nšmh-neshama, à l'état construit nishmat, qui s'applique aussi aux animaux en 7,22 ( LXX pnoè dans les deux cas), etc. Il est vrai que dans la tradition juive ultérieure (post-biblique) il devient parfois distinctif de l'homme et de son rapport particulier à Dieu (voire à "l'image de Dieu" qui appartient pourtant à l'autre récit), et que certains textes "bibliques" peuvent déjà être tirés dans ce sens-là, même s'il n'est le plus souvent qu'un "synonyme poétique" de rwh (cf. p. ex. Job 4,9; 26,4; 27,32; 32,8; 33,4; 34,14; 37,10; Proverbes 20,27). En tout cas cette distinction ne vaudrait guère pour l'opposition "âme/esprit" ( psukhè = npš-nephesh / pneuma = rwh-rouah) du premier paulinisme, puisqu'en 1 Corinthiens 15,45 c'est le premier Adam "âme vivante" (donc neshama-pnoè incluse, selon la Genèse) qui est opposé au dernier Adam "esprit" ( pneuma). |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: La lettre aux Hébreux son contenu et son auteur éventuel. Mar 17 Mar 2020, 11:17 | |
| - Citation :
- Sur Adam-Christ et les anges, revoir éventuellement ici (et suivre les liens).
Merci Narkissos de nous avoir rappelé cet article que j'vais beaucoup apprécié : Mais parce qu'il est monolingue, justement, notre monolingue ne fera pas le tour de ré-flexion supplémentaire qui lui révélerait que l'apparente "pluralité des sens" est (ici au moins) pur effet de traduction, c.-à-d. d'interface entre deux langues. Quand on "pense en français", comme on dit, "se prosterner", "rendre hommage" et "adorer" apparaissent comme des "choses" absolument distinctes. Mais les "choses" ne sont distinctes, et pensables distinctement, que dans l'exacte mesure où les "mots" sont -- en français -- distincts. A re-présente un geste, une posture du corps, qui se différencie d'autant plus des B qu'il est pour nous exotique, qu'il n'appartient plus à notre code social ni même religieux. B et B' en revanche ne se distinguent guère entre eux que par leur objet, illimité pour le premier, limité pour le second au registre "religieux": on adore des "dieux", des "idoles" -- quoiqu'on puisse aussi et par extension adorer Wagner ou la choucroute garnie. Et ni l'un ni l'autre n' impliquent -- pour nous -- le geste concret A. ( Suggestion d'exercice pour le monolingue: que le francophone essaie de penser ou de définir la différence entre B et B' sans référence à l'objet, ou sans différence d'objet: qu'il dise ce qu'on fait de plus, au juste, quand on "adore" Dieu que quand on lui "rend hommage", par exemple.) Quel dommage toutefois que ce genre de question détourne précisément du texte, où le connaisseur des traditions juives et même musulmanes reconnaîtrait sans peine dans le "Fils" offert à la prosternation (hommage, culte) des anges non pas "Dieu" mais "l'Homme", cet Adam premier-et-dernier évoqué (quelle coïncidence !) à l'article précédent, cette "image-de-Dieu" devant laquelle le "Satan", précisément, aurait refusé de s'incliner... (cf. Vie ["latine", mais aussi arménienne ou géorgienne] d'Adam et Eve, xiiss; Sourate xii, 4ss etc.). Ce qui est opposé aux "anges" dans cette enfilade de citations n'est pas la supériorité pour ainsi dire "naturelle" de "Dieu", mais bien celle, paradoxale, de "l'homme" -- ce qui devient tout à fait explicite dans la dernière de la série (ii, 5ss):Car ce n'est pas à des anges qu'il a soumis le monde à venir dont nous parlons. Mais quelqu'un a rendu quelque part ce témoignage: "Qu'est-ce que l'homme, pour que tu te souviennes de lui? Qu'est-ce que le fils d'homme, pour que tu t'occupes de lui? Tu l'as fait un peu inférieur aux anges, tu l'as couronné de gloire et d'honneur, tu as tout mis sous ses pieds." |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: La lettre aux Hébreux son contenu et son auteur éventuel. Mar 17 Mar 2020, 11:52 | |
| "C'est pourquoi, en entrant dans le monde, il dit : Tu n'as voulu ni sacrifice, ni offrande, mais tu m'as formé un corps ; tu n'as agréé ni holocaustes, ni sacrifices pour le péché. Alors j'ai dit : Je viens — dans le livre-rouleau c'est écrit à mon sujet — pour faire, ô Dieu, ta volonté. Il dit d'abord : Tu n'as voulu et tu n'as agréé ni sacrifices, ni offrandes, ni holocaustes, ni sacrifices pour le péché qui pourtant sont offerts selon la loi. Puis il dit : Je viens pour faire ta volonté. Il supprime donc le premier pour établir le second. C'est en vertu de cette volonté que nous sommes consacrés par l'offrande du corps de Jésus-Christ, une fois pour toutes." (10,5-10)
Narkissos, veuilles m'excuser d'oublier des points que tu avais déjà expliqué mais je constate que je comprends mieux, aujourd'hui ce que tu avais écris hier.
Ce texte recèle des expressions mystérieuses : 1) "en entrant dans le monde", cela fait allusion à quel évènement ? 2) "tu m'as formé un corps" ?
L'auteur cite le Ps 40,7-9 : "Tu n'as pas pris plaisir au sacrifice ni à l'offrande : tu m'as ouvert les oreilles ; tu n'as demandé ni holocauste ni sacrifice pour le péché. Alors j'ai dit : Je viens avec le livre-rouleau écrit pour moi. Je désire faire ta volonté, mon Dieu, et ta loi est au fond de mes entrailles".
Ce texte semble indiquer que lorsque le Fils s'est incarné homme dans le monde, il a nié l’idée que Dieu cherche un quelconque sacrifice physique mais qu'au lieu de cela, le Fils s’engage à faire la volonté divine, donc une offrande d'existence dans l'obéissance. Il me semble que cette idée est révolutionnaire, puisque le sacrifice est annulé par l'obéissance. La conclusion du passage affirme que "C'est en vertu de cette volonté que nous sommes consacrés par l'offrande du corps de Jésus-Christ" (10,10), ainsi la fait que Fils qui s’engage à obéir au Père, voilà ce qui constitue le sacrifice (même s'il est question l'offrande du corps de Jésus-Christ). |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: La lettre aux Hébreux son contenu et son auteur éventuel. Mar 17 Mar 2020, 14:48 | |
| Pour faire suite à mon dernier message sur Hé 10, je fournie ce lien concernant la différence entre Hé 10,5 et Ps 40,7 : : "tu m'as ouvert les oreilles" (Ps 40,7 - NBS) ["tu m’as creusé des oreilles pour entendre" - TOB] ET "tu m'as formé un corps" (Hé 10,5) : https://www.persee.fr/doc/mom_0151-7015_2006_mel_35_1_2442 |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: La lettre aux Hébreux son contenu et son auteur éventuel. | |
| |
| | | | La lettre aux Hébreux son contenu et son auteur éventuel. | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |