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| L'islam n'est pas une religion | |
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+6Admin Kaczan free le chapelier toqué Narkissos Pierre de lune 10 participants | |
Auteur | Message |
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Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: L'islam n'est pas une religion Jeu 09 Fév 2023, 16:21 | |
| Ce serait passé sans difficulté dans "Charlie-Hebdo" tel que je l'ai connu dans les années 1970, à la suite de "Hara-Kiri" qui cultivait le "mauvais goût" tous azimuts ou presque -- disons d'esprit "libertaire" au sens large. Mais depuis qu'il s'est "institutionnalisé" et orienté (ou plutôt occidenté ?) dans un sens déterminé -- bien avant l'attentat et les caricatures de Mahomet, ça remonte à la ligne éditoriale Val-Fourest -- républicain, laïcard et nettement plus anti-islam que contre toute autre religion (mais c'était aussi la réplique à l'émergence d'un islamisme politique avec la révolution iranienne et la guerre Afghanistan-URSS, dès la fin des années 1970), ça ne peut plus passer de la même manière: c'est la rançon d'une certaine "respectabilité", sans doute recherchée par quelques-uns mais qui vaut même pour ceux qui n'en voulaient pas. Et c'est bien dommage car ce ne sont pas les nouveaux "sacrés" qui manquent, qui mériteraient aussi d'être tournés en dérision.
Toutefois je ne crois pas que le dessin incriminé ait grand-chose à voir avec l'islam. Ce n'est pas en tant que musulmane ou même islamiste que la position de la Turquie (d'Erdogan) est ambiguë, mais par rapport à une autre frontière géopolitique (OTAN et "Occident" vs. Russie-Iran-Chine) où la religion ne joue quasiment plus aucun rôle... |
| | | free
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| Sujet: Re: L'islam n'est pas une religion Jeu 07 Sep 2023, 14:35 | |
| Vu d’Allemagne. L’interdiction de l’abaya occulte le débat sur les grands problèmes de l’école française
L’interdiction de l’abaya dans les établissements scolaires s’applique dès cette rentrée, lundi 4 septembre. Mais, souligne un hebdomadaire allemand, en ouvrant un débat sur des vêtements prétendument religieux, l’exécutif détourne l’attention des véritables problèmes du système éducatif en France.
“Quand une tenue vestimentaire commence à accaparer le débat public en France, c’est le signe que la rentrée approche.” C’est la première réflexion qu’a inspirée à l’hebdomadaire allemand Die Zeit l’interdiction de l’abaya dans les écoles françaises : une illustration de ce qui ne sera ni la première ni la dernière polémique dans l’Hexagone sur un vêtement attribué à la religion musulmane alors que les élèves français en repris le chemin de l’école ce 4 septembre.
Dans le cas de l’abaya, constate l’hebdomadaire, la nature du vêtement ne fait pas l’unanimité en France. Mais indépendamment des avis sur ce sujet, force est de constater que la liste des vêtements interdits s’allonge toujours plus, comme le montre le vade-mecum du ministère de l’Éducation nationale concernant la laïcité à l’école : 114 pages.
Selon les experts et représentants de syndicats interrogés par le journal, peu d’établissements en France se trouvent réellement confrontées à une forte présence d’abayas en leur sein. Mais surtout, explique la journaliste, avec sa focalisation sur ce vêtement, le gouvernement a occulté d’autres grands problèmes de l’école en France.
Pénurie d’enseignants
“La pénurie d’enseignants est dramatique. À quelques jours de la rentrée, les nouveaux professeurs en reconversion, qui se retrouveront devant une classe lundi, étaient encore en formation éclair. [Près de] 2 000 mineurs vivent actuellement sans solution de logement – c’est trois fois plus qu’il y a dix-huit mois. À la suite de la pandémie, un élève sur deux souffre de symptômes d’anxiété ou de dépression”, énumère Die Zeit.
Voilà ce qui vaudrait une discussion approfondie. Ainsi que l’autre problème central : le manque de mixité, ajoute-t-elle. Car le trop grand entre-soi dans les établissements favorise probablement le port de signes extérieurs distinctifs. Dans cette logique, les élèves des établissements où l’interdiction sera ressentie aujourd’hui ont toutes les chances de se sentir encore plus marginalisés qu’avant.
Il est vrai aussi que la mesure ne va pas suffisamment loin pour une partie des Français. Les oppositions à droite et à l’extrême droite, notamment, exigent d’autres interdictions, souligne Die Zeit.
https://www.courrierinternational.com/article/vu-d-allemagne-l-interdiction-de-l-abaya-occulte-le-debat-sur-les-grands-problemes-de-l-ecole-francaise |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: L'islam n'est pas une religion Jeu 07 Sep 2023, 15:11 | |
| Décidément la patrie de l'intelligence autoproclamée étale dans la durée sa bêtise et son entêtement, depuis l'interdiction du "voile" qui ne pouvait mener qu'à une surenchère stupide de part et d'autre. Créant du "religieux" et du "politique" là où il n'y en avait pas, ou les mêlant là où ils étaient distincts.
Mais c'est aussi parce que toutes ces règles ont été acceptées, bon gré mal gré, les unes après les autres, par "tout le monde". Je m'étonne, je regrette, qu'il n'y ait jamais eu de réaction de masse des jeunes -- je ne parle pas des "identitaires" -- pour tourner toutes ces mesures en dérision: il aurait suffi qu'une majorité ou une importante minorité de garçons et de filles, musulmans, chrétiens, athées ou autres, se présentent dans les établissements scolaires avec la tenue incriminée sur le moment (du hijab à l'abaya, en attendant mieux) pour en finir avec cette sinistre opposition de conneries symétriques. D'autant que dans le même temps la discrimination officielle se perd elle-même dans ses discriminations, au gré des évolutions rapides de sa "morale": oserait-on encore reprocher à un garçon de venir à l'école en jupe, au risque de réprimer son homosexualité ou sa transsexualité ? Bref, il n'y a à cette escalade de crétinerie générale que l'issue de l'uniforme unisexe, soit la démonstration que la célébration de la différence tout azimut bascule en son contraire, l'uniformité absolue (cf. Brian: "You're all different. -- Yes, we're all different ! -- I'm not. -- Shhh.") |
| | | free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: L'islam n'est pas une religion Ven 08 Sep 2023, 14:14 | |
| Danemark : le rédacteur en chef de "Charlie Hebdo" dénonce la proposition de loi visant à interdire les autodafés du Coran Gérard Biard répondait au micro de France Inter au sujet de l'interdiction des autodafés au Danemark.
Le gouvernement danois "se fait dicter sa loi par des régimes qui sont tout sauf démocratiques", dénonce mercredi 6 septembre sur France Inter Gérard Biard, rédacteur en chef de Charlie Hebdo, au sujet de la proposition de loi danoise visant à interdire les autodafés du Coran.
Danemark : que prévoit la nouvelle loi décriée sur le délit de blasphème ?
Fin août, l'exécutif danois a présenté ce texte qui vise à "interdire le traitement inapproprié d'objets ayant une signification religieuse importante pour une communauté religieuse". Cette proposition de loi s'applique aux profanations du Coran, mais aussi de la Bible, de la Torah ou de symboles religieux comme le crucifix. Elle intervient après les troubles suscités dans des pays musulmans à la suite des profanations du Coran au Danemark et en Suède.
Comment différencier les provocateurs d'extrême droite des contestations légitimes
Gérard Biard dénonce "l'absurdité" de cette proposition de loi. Il considère qu'en ciblant le fait de brûler ou de piétiner ces objets, mais en excluant l'expression verbale ou écrite, le gouvernement danois établit "un bon et un mauvais blasphème" ce qui, selon lui "ne veut strictement rien dire". Le rédacteur en chef de Charlie Hebdo pointe du doigt ce texte qu'il accuse de vouloir "ouvrir une brèche dans ce mur des valeurs européennes qu'on a tant de mal à maintenir debout et qui est attaqué de toute part".
Le journal français Charlie Hebdo voit dans cette disposition un retour au délit de blasphème "pourtant aboli en 2017 dans ce pays". Jugeant cette loi "dangereuse", le journal satirique lance ce mercredi un appel "pour alerter les citoyens". "Le blasphème ce n'est pas insulter les croyants, mais contester le pouvoir de Dieu", affirme le rédacteur en chef. Gérard Biard estime que dans le cas de nombreux autodafés, il s'agit de "contester le pouvoir de dirigeants qui s'appuient sur un livre pour persécuter leur population, et faire régner la terreur à travers le monde pour certains".
Il reconnaît que certaines personnes peuvent "brûler le Coran pour de mauvaises raisons, ce sont des provocateurs d'extrême-droite". Mais Gérard Biard évoque aussi le cas d'une "jeune artiste iranienne qui a publiquement déchiré des corans au Danemark pour dénoncer ce qui se passe aujourd'hui en Iran".
https://www.francetvinfo.fr/economie/medias/charlie-hebdo/danemark-le-redacteur-en-chef-de-charlie-hebdo-denonce-la-proposition-de-loi-visant-a-interdire-les-autodafes-du-coran_6046121.html
Ma question : Est-il judicieux, au nom de la liberté et du droit au blasphème de pratiquer des autodafés de la constitution française, au prétexte qu'une personne se sent persécutée par l'état français et qu'elle indique que son acte ne consiste pas à insulter les citoyens français mais un état qu'elle juge oppressif :thinking-face:
Abaya : le Conseil d’Etat valide l’interdiction à l’école
La plus haute juridiction administrative estime « que l’interdiction du port de [l’abaya et du qamis] ne porte pas une atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale ».
https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/09/07/abaya-le-conseil-d-etat-valide-l-interdiction-a-l-ecole_6188297_3224.html |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: L'islam n'est pas une religion Ven 08 Sep 2023, 15:03 | |
| La connerie "de gauche" n'a décidément plus rien à envier à celle "de droite"... Biard qui reproche aux Danois de distinguer un "bon" et un "mauvais" blasphème fait exactement la même chose dans le même souffle -- du moins selon le raccourci journalistique -- en distinguant comme "mauvais" le "blasphème d'extrême droite" et "bon" celui de la "jeune artiste iranienne"...
J'en reviens à ma suggestion politiquement incorrecte: au lieu d'interdire les provocations, ne plus protéger les provocateurs (a fortiori ne pas leur faire de la pub), cela rendrait aussitôt tout le monde un peu plus "responsable".
Ta question me semble par ailleurs tout à fait pertinente. Elle m'en suggère une autre, à laquelle je n'ai pas la patience ni le courage de chercher la réponse: ne risquerait-on pas davantage à brûler un drapeau français en France qu'un drapeau américain en Amérique ? Si oui, cela montrerait que l'Etat (français) qui reconnaît le moins le caractère "religieux", "sacré" ou "sacral" de sa "laïcité" en est le plus dupe, par rapport aux Etats-Unis qui invoquent explicitement "Dieu" (sans attache confessionnelle précise, mais implicitement chrétien) dans leurs constitution et institutions. Il serait en somme plus facile et moins risqué de blasphémer un Dieu expressément nommé qu'un Dieu dénié ou refoulé... |
| | | le chapelier toqué
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| Sujet: Re: L'islam n'est pas une religion Sam 09 Sep 2023, 12:36 | |
| L'Europe, du moins certains états qui la constituent ont toujours pensé et affirmé que c'est en son sein que se trouve une réflexion suivant l'ère des Lumières, soit que l'on peut mettre en doute une pensée "nationale", un dogme religieux sans risquer sa liberté, sa vie. Cela représente sans doute une situation dans laquelle aimeraient se trouver nombre de personnes contestant quoique ce soit dans leurs propres pays.
Cependant, il ne faudrait pas oublier que c'est également au sein du territoire européen que sont nées certaines des idées les plus nationalistes qui ont créé un terrain favorable aux guerres les plus terribles. Ce sont également des pays européens qui ont été des colonisateurs féroces des siècles passés.
Nous vivons à nouveau dans une période qui se réclame des lumières. Mais de quelles lumières s'agit-il? Celles de la domination des citoyens lambdas par une élite ignorant tout des problèmes que ces citoyens rencontrent, traversent jour après jour sans voir d'améliorations se dessiner à moyen terme?
Déjà nous pouvons apercevoir revenant sur le devant de la scène politique des partis que l'on croyaient plus ou moins minorisés, disparus. Souvent ces partis évoquent des problèmes que les "partis ordinaires" ne traitent plus ou ne veulent plus traiter. Le monde change une nouvelle fois, le changement se fait lentement mais il est irrémédiable malheureusement. Aujourd'hui c'est l'abaya qui fait la une des journaux qu'en sera-t-il demain ? |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: L'islam n'est pas une religion Sam 09 Sep 2023, 13:38 | |
| Il me semble qu'en France, depuis le début du siècle/millénaire au moins (je repense à la malencontreuse confession d'"angélisme" de Jospin), c'est plutôt le discours traditionnel de l'extrême-droite (islamophobe et sécuritaire, sinon franchement xénophobe ou raciste) qui s'est propagé à la quasi-totalité des partis, de sorte que ses thèmes, désormais consensuels, ne distinguent même plus l'extrême-droite du reste...
Le rapport des "Lumières" (du XVIIIe s.) à la question est encore plus long et plus complexe: tout au long du XIXe siècle et jusqu'au milieu du XXe, c'est une bonne partie de la gauche (p. ex. l'aujourd'hui consensuel Jules Ferry) qui a été le plus colonialiste, d'autant qu'elle se voulait "progressiste" chez elle: il fallait a fortiori imposer le "progrès" (technoscientifique, médical, hygiéniste, éducatif, mais aussi politique, économique, social et moral) aux peuples "sauvages", "primitifs" ou "sous-développés" -- dans l'échelle des valeurs culturelles à l'époque, l'islam était d'ailleurs généralement placé au-dessus des religions traditionnelles d'Afrique noire (Napoléon le plaçait même au-dessus du christianisme)... Les mouvements indépendantistes des années 1950 et au-delà, d'inspiration plus ou moins marxiste, méprisaient les traditions locales, religieuses ou autres, et ils ont calqué les structures politiques du "Nord", de la démocratie libérale et capitaliste à divers types de socialisme, toujours "progressistes". Il a fallu que le vent tourne à la fin des années 1970 (Afghanistan, Iran, etc.) pour que l'islam devienne "politique" et supplante le marxisme comme ennemi n° 1 de l'Occident. Et à mon avis c'est déjà largement passé, quand on voit qu'un régime islamique comme l'Iran ne tient plus que par des alliances avec des puissances qui n'ont rien de musulman, Russie et Chine. Autrement dit, l'islamophobie européenne aurait déjà (au moins) un ennemi de retard. (C'est toujours l'analyse du présent qui est la plus difficile, voire impossible: avec des arguments différents ou opposés, on se montre aussi naïvement pro-russe ou pro-chinois à l'extrême-gauche qu'à l'extrême-droite.) |
| | | free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: L'islam n'est pas une religion Lun 11 Sep 2023, 15:51 | |
| « L’interdiction de l’abaya révèle une faiblesse stratégique considérable »
CHRONIQUE DE LA BATAILLE CULTURELLE. Pour Saïd Benmouffok, professeur de philosophie, la décision du nouveau ministre de l’Education nationale Gabriel Attal, bien que présentée comme une victoire par les défenseurs d’une laïcité offensive, place les entrepreneurs identitaires au centre du jeu au lieu de les marginaliser.
Bricolage identitaire
Tout d’abord, il existe un enjeu fondamental de définition. La note ministérielle ne propose aucune définition de ces tenues. Elle se contente d’affirmer leur caractère ostensible en tant que signes religieux. Par conséquent, les chefs d’établissement demeurent confrontés à l’obligation de qualifier les vêtements des élèves, une tâche pour le moins complexe et incertaine.
En outre, contrairement au voile, dont le caractère religieux était largement admis, le débat porte aujourd’hui sur des vêtements qui ne sont pas considérés comme islamiques par les autorités religieuses musulmanes. Le Conseil français du Culte musulman a exprimé son indignation, affirmant que ces tenues ne revêtent pas de connotation religieuse pour la communauté musulmane. Ainsi se pose la question cruciale de savoir qui peut décréter qu’un vêtement est religieux.
Le port de l’abaya et du qamis constitue un phénomène générationnel marquant une double rupture : une rupture avec les cultures d’origine et une rupture avec les institutions religieuses établies. Ce phénomène concerne principalement une jeunesse résidant dans des quartiers socialement marginalisés, composée en grande partie de personnes issues de l’immigration. Ces vêtements répondent à une quête de repères identitaires et communs, éloignés de toute culture d’origine spécifique.
Ainsi, ces habits du Moyen-Orient, détachés de leurs pays d’origine, incarnent une forme fantasmée d’authenticité et de conformité à un « mode de vie islamique », un concept que les entrepreneurs identitaires exploitent sur Internet pour construire une communauté imaginaire. Cette tendance s’accompagne d’une confusion entre le cultuel et le culturel, où des objets a priori non religieux acquièrent soudainement une signification religieuse pour certains jeunes. Un tel bricolage identitaire va de pair avec une individualisation paradoxale de la religion : « c’est mon choix », « ça correspond à mes valeurs ». Cette démarche éloigne de tout cadre religieux établi, ce que les théologiens et les ministres du culte islamique ne manquent pas de souligner en rejetant l’appellation de « vêtements islamiques ».
Défaite collective
En désignant officiellement ces habits comme des signes religieux, la République française reconnaît implicitement cette double rupture générationnelle. Cependant, leur interdiction, bien que présentée comme une victoire par les défenseurs d’une laïcité offensive, révèle en réalité une faiblesse stratégique considérable.
En validant l’idée que l’abaya est intrinsèquement un vêtement religieux, Gabriel Attal prive les représentants officiels de l’Etat au sein du Conseil français du Culte musulman d’une crédibilité déjà largement affaiblie. Il brise les efforts de la République pour établir un islam institutionnel pleinement reconnu en France. Cette mesure place les entrepreneurs identitaires au centre du jeu, au lieu de les marginaliser. Elle est inévitablement perçue comme discriminatoire, générant une réaction de groupe victimisé (« eux » contre « nous »), amplifiant les difficultés.
https://www.nouvelobs.com/opinions/20230905.OBS77747/l-interdiction-de-l-abaya-revele-une-faiblesse-strategique-considerable.html |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: L'islam n'est pas une religion Lun 11 Sep 2023, 16:16 | |
| A mon avis l'auteur ruine son argumentation (on peut lui retourner le compliment de la "faiblesse stratégique") en déclarant "largement admis" le "caractère religieux" du "voile". C'est vrai qu'il a été admis par quasiment tout le monde en France depuis vingt ans, mais ça n'en reste pas moins une contre-vérité dans une perspective plus large et surtout un peu plus longue: il y a moins d'un siècle une proportion considérable des femmes du monde entier portaient traditionnellement des foulards et coiffes diverses, qu'elles soient chrétiennes, juives, hindoues, héritières de traditions africaines ou orientales... ce n'était nullement un "marqueur" musulman, ça l'est devenu par changement des autres dans les milieux occidentaux ou urbains, ça ne l'est toujours pas ailleurs; à ce tarif l'abaya ou le qamis peuvent aussi bien devenir de tels marqueurs alors qu'ils ne le sont pas, à mesure que les censeurs et les provocateurs jouent au chat et à la souris (ou au plus con, au choix)... La solution, je me répète, ce serait qu'une proportion importante des élèves, garçons et filles, musulmans et autres, se présentent dans leurs établissements avec la tenue incriminée du moment... là je voudrais bien voir la tronche du jeune Attal; celles des (vrais) provocateurs "islamistes", le cas échéant, n'auraient d'ailleurs rien à lui envier. |
| | | le chapelier toqué
Nombre de messages : 2607 Age : 77 Date d'inscription : 31/08/2010
| Sujet: Re: L'islam n'est pas une religion Mar 12 Sep 2023, 18:21 | |
| Il me semble que l'Angleterre s'en sort mieux avec toutes les personnes, peu importe leur origine, portant un vêtement particulier (je pense au turban des Sikhs). Sans doute cette nation ne se définit pas comme une nation laïque comme si le laïcisme était une religion.
De plus il m'apparait que Monsieur Attal cherche à se faire remarquer afin que l'on parle de lui de façon plus importante dans les médias en vue d'un éventuel dépôt de candidature au poste de Président de la République française. Aussi en tant que Ministre de l'Education nationale il lui apparait intéressant de cueillir quelques voix pouvant lui être utiles par la suite. L'esprit du moment étant de plus en plus porté sur la critique et la mise à l'écart d'une certaine partie de citoyens d'origine étrangère rien ne lui a dû lui paraitre plus facile que de se saisir de l'air ambiant afin de tirer sur l'abaya qu'il dénonce comme un vêtement religieux. Mal lui en a pris semble-t-il ? Mais qui se souviendra le moment venu de cette erreur, nommer vêtement religieux ce qui ne l'est pas? On se rappellera toujours qu'il a participé à l'effort visant à contenir "les flots étrangers" envahissant la France.... |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: L'islam n'est pas une religion Mar 12 Sep 2023, 18:53 | |
| En effet, au Royaume-Uni il y a toujours, en principe, une Eglise d'Etat dont le chef symbolique n'est autre que le roi ou la reine d'une monarchie tout aussi symbolique, qui régnait sans gouverner bien avant l'avènement de notre (première) République; et la transition de l'Empire britannique au Commonwealth a sûrement été dans l'ensemble moins violente et plus intelligente que nos décolonisations... le Premier ministre est aujourd'hui d'origine indienne (et de droite) et personne ne semble s'en plaindre (qu'il soit d'origine indienne, non de droite). Le "communautarisme" honni en France (peut-être parce que nous y pensons mal, selon la fameuse devise de l'ordre de la Jarretière) est une évidence outre-Manche.
Je doute qu'Attal ait des ambitions présidentielles sérieuses à court terme (il y a du monde devant lui, et bien que Macron, son modèle, en ait doublé pas mal en son temps ce ne sera pas forcément réitérable). Mais il a certainement compris le caractère "performatif" de la parole, surtout officielle: ce qu'on déclare "religieux" (p. ex.) le devient, même si ça ne l'était pas. Là encore, on ne pourra faire que de la surenchère, jusqu'à ce que ça pète, ce qui n'est même pas sûr. |
| | | free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: L'islam n'est pas une religion Mer 27 Sep 2023, 12:46 | |
| Une ministre macroniste se ridiculise en plein direct sur l'interdiction de l'abaya
https://www.youtube.com/watch?v=PDld6j6iZyw
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| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: L'islam n'est pas une religion Mer 27 Sep 2023, 14:01 | |
| Je n'avais pas encore vu ce niveau de vulgarité vidéastique qui déforme les visages des gens quand ils parlent -- mais ce n'est probablement ni un sommet ni un fond...
Indépendamment de ce détail, l'interrogation originelle touche juste: dans la mesure où la description du vêtement incriminé ne constitue pas un critère, il faut bien chercher le critère ailleurs, dans la religion de l'élève ou de sa famille que les établissements scolaires ne sont pas censés connaître, donc dans les présomptions fournies par les traits de son visage, la couleur de sa peau, son nom, son prénom, son lieu de naissance, etc. Discrimination pure et simple, et néanmoins compliquée, plus encore à justifier qu'à exercer -- car à la lettre elle ne peut se fonder que sur des pré-jugés inavouables.
Bref, il n'y a effectivement guère d'issue à cet embrouillamini, de plus en plus inextricable depuis qu'on a eu le malheur d'y entrer par l'affaire du "voile", que l'uniforme pour tout le monde: soit la contrainte générale au nom de la liberté (moyennant quoi, par hantise de l'islam on se précipiterait dans un certain "modèle chinois", et à un niveau que la Chine même aurait dépassé). |
| | | free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: L'islam n'est pas une religion Lun 23 Oct 2023, 12:25 | |
| Gérald Darmanin s'en prend à Karim Benzema, l'opposition crie à la "diversion"
https://www.youtube.com/watch?v=wab7HfvvOPw
Benzema: L'avocat Nabil Boudi met en PLS Darmanin et une journaliste BFM
https://www.youtube.com/watch?v=ZFsaMsBvtsc |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: L'islam n'est pas une religion Lun 23 Oct 2023, 13:11 | |
| Si Darmanin se conçoit en disciple de Sarkozy, je trouve qu'il y réussit assez bien parce qu'il suscite chez moi le même type d'aversion, plus viscérale qu'épidermique, que m'inspirait son maître il y a une quinzaine d'années... sensation que m'a rarement causée à ce degré d'intensité un politique. Peut-être parce qu'il n'est ni bête ni vraiment méchant, ni tout à fait sincère ni tout à fait hypocrite mais mesquin, tacticien jusqu'au bout des ongles, calculateur calculant toujours trop court.
Plus généralement, il y a un formidable aveuglement de cette "laïcité à la française", exclusive et agressive, qui continue de s'affirmer en principe d'ouverture universel au moment où elle tourne de plus en plus unilatéralement à l'islamophobie obsessionnelle, en feignant d'ignorer la diversité qu'elle est censée gérer et la façon toute différente dont la même diversité, à peu de choses près, est gérée ailleurs, y compris chez ses plus proches voisins européens.
En matière de foot où je ne connais rien, il me semble avoir vu en d'autres temps des joueurs faire un signe de croix sans que personne ne s'en offusque, à la rigueur cela faisait plutôt sourire...
Dans le même genre, je crois bien avoir entendu un commentateur scandalisé qu'on ait pu crier "Allah-ou akbar" dans je ne sais plus quel contexte, peut-être une manifestation pro-palestinienne... C'est vrai que dans l'imaginaire du Français moyen cette formule est liée au terrorisme ("crier Allah-ou akbar dans un aéroport peut aussi considérablement avancer ta mort"), mais elle fait aussi partie du culte musulman le plus élémentaire, "Dieu est grand" comme "Béni ou loué soit le Seigneur" chez les juifs ou les chrétiens.
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| | | free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: L'islam n'est pas une religion Lun 27 Nov 2023, 16:02 | |
| Jean-michel Aphatie revient sur un pays qui est devenu totalement fou !
https://www.youtube.com/watch?v=oOWkRm4PRJ8&t=17s |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: L'islam n'est pas une religion Lun 27 Nov 2023, 16:41 | |
| Celui-là au moins est amusant...
Je me disais, en écoutant ça, qu'en France la "majorité silencieuse", selon l'expression consacrée, n'est ni raciste ni xénophobe ni islamophobe -- elle s'en fout, et ce n'est pas moi qui le lui reprocherais.
En revanche il y a des minorités bruyantes, dont le rapport de force varie d'un lieu et d'un milieu à l'autre: plutôt raciste (etc.) dans les petites villes et les campagnes, où il y a relativement peu d'"étrangers" (arabes, noirs, musulmans, sans papiers ou en situation régulière, naturalisés ou Français de naissance, peu importe dès lors qu'ils se caractérisent par un nom ou un faciès), plutôt antiraciste dans les grandes où la mixité est ancienne et ne pose aucun problème.
La "majorité silencieuse" a beau sembler plier dans un sens ou dans l'autre selon l'endroit où elle se trouve, parce qu'avant tout elle ne veut pas se laisser emmerder, elle est aussi un obstacle, du genre tampon ou amortisseur, aux velléités de "guerre civile" des minorités idéologiques qui ne rêvent que d'en découdre... Mais elle ne résistera pas davantage aux tendances persécutrices du pouvoir, quel qu'il soit, dans la mesure où elle ne se sent pas concernée. |
| | | free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: L'islam n'est pas une religion Lun 26 Fév 2024, 15:12 | |
| "DRAPEAU SATANIQUE" ET IMAM EXPULSÉ : LE DESSOUS D'UNE FAKE NEWS SIGNÉE BFMTV ET DARMANIN
C’est un feuilleton médiatique à la fois habituel et inquiétant. Le rituel est connu : à partir d’un tweet, d’une info rendue publique par un journal ou une chaîne d’information, un emballement se produit, un fait divers devient un enjeu de société, le gouvernement réagit et prend des mesures, voire crée une loi sur mesure. Et comme par hasard, ces feuilletons tournent rarement autour de thématiques comme les inégalités sociales, les scandales politiques et financiers ou l’urgence écologique. On revient trop souvent sur des questions comme l’immigration, l’islam, le voile, l’immigration, les étrangers, l’islam… Cette fois-ci, il s’agit de l’histoire d’un imam. Il s’appelle Mahjoub Mahjoubi. Et il aurait eu prononcé un prêche anti-France, en tout cas selon le bandeau de BFM, s’en prenant au drapeau bleu-blanc-rouge, qualifié de satanique. En réalité, il fallait juste un travail de mise en contexte sommaire, bref ce que l’on peut considérer comme de la routine journalistique, pour comprendre que le mot drapeaux tricolores, prononcé au pluriel par l’imam et écrit au singulier par de nombreuses dépêches et articles de presse, ne désignait en réalité pas le drapeau français.
https://www.youtube.com/watch?v=ZkzjYd1YduQ |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: L'islam n'est pas une religion Lun 26 Fév 2024, 15:56 | |
| Ce qui me paraît terrifiant dans cette affaire, c'est la neutralisation de l'intelligence, au sens le plus élémentaire du terme, par le jeu pervers des médias et des réseaux sociaux -- par "intelligence" (élémentaire) j'entends le simple "savoir lire", "savoir entendre" ou "savoir comprendre" une phrase, un texte ou un discours, dont un élément grossièrement isolé de son contexte, déformé et répété, peut servir à lui seul de motif et de preuve, sans discussion contradictoire qui pourrait établir ou du moins cerner son sens "obvie". Cela me rappelle un de mes rares contacts avec la justice, en la personne d'un jeune juge qui s'était réjoui de trouver un "bibliste" au tribunal, fût-ce dans le rôle du requérant, et m'avait fait tout un commentaire sur la tradition exégétique du droit français: savoir lire la loi, la jurisprudence, les documents et mémoires présentés par les parties, c'est en effet tout ce qui est requis en principe pour l'exercice d'un droit, même sans avocat professionnel; et si ça ne fonctionne plus il n'y a plus de "justice". Au tribunal on ne peut pas, du moins on ne pouvait pas, utiliser comme preuve une bribe de phrase qui passe en boucle au mépris de son contexte original, sans que la partie adverse, ou le juge lui-même, ne relève la supercherie, en appel si la première instance n'y suffisait pas. C'est bien pour cela que l'exécutif, littéralement expéditif, contourne le judiciaire, y compris par le biais d'une loi qui subvertit le principe même de la loi... Mais hors du droit, de l'état de droit, restera la "démocratie" sans garde-fous, et plus rien ne défendra ses "têtes de Turcs", même si elles sont tunisiennes ou musulmanes de n'importe où, contre une islamophobie devenue majoritaire -- qu'en l'espèce l'Etat devance allègrement, puisqu'il se montre pour le moment bien plus stupidement islamophobe que la majorité des "Français"... |
| | | free
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| Sujet: Re: L'islam n'est pas une religion Jeu 07 Mar 2024, 17:07 | |
| L'enquête INUTILE d'AURORE BERGÉ sur les associations féministes - Clément Viktorovitch
https://www.youtube.com/watch?v=dNbUMTFsWMg |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: L'islam n'est pas une religion Jeu 07 Mar 2024, 18:02 | |
| Soit dit en passant, la notion sociopolitique d'"intersectionnalité" telle qu'elle est utilisée ces temps-ci me semble (se) prêter aux pires contresens, dans la mesure où ceux qui l'emploient n'en ont pas vraiment compris la logique. Quand j'étais à l'école, on apprenait en mathématiques (dites alors "modernes", avec les "ensembles-patates") à distinguer l'intersection (sous-ensemble commun à plusieurs ensembles) de l'union (addition, totalisation de plusieurs ensembles, qu'ils aient ou non des éléments en commun): il y a discrimination intersectionnelle quand un individu ou un groupe subit une discrimination selon plusieurs critères, mais l'addition des critères se traduit par la réduction numérique du groupe visé (on sera plus discriminée si on est femme ET homosexuelle ET pauvre ET membre d'une minorité ethnique ou religieuse, mais il y aura forcément moins de gens à être dans ce cas). Si on retourne cette logique, à mon avis indiscutable, en prétexte pour additionner et mélanger tous les motifs de discrimination et toutes les "causes" sociopolitiques qui en résultent, selon le slogan de la "convergence des luttes", on favorise en fait des discriminations supplémentaires: on défendra inconditionnellement les femmes en tant que femmes, les homosexuels en tant qu'homosexuels, même s'ils ou elles sont aussi riches, oppresseur(e)s, exploiteur(e)s, etc. Faute d'une hiérarchie des critères, dans la confusion générale du socio-économique et du "sociétal", la désorientation politique et morale est garantie... (cf. ici 6.2.2024). Fassbinder, toujours visionnaire, avait remarquablement illustré cela en 1975 dans Faustrecht der Freiheit, où l'on voit les rapports de classe, d'éducation et d'argent s'exercer avec une implacable cruauté dans un milieu intégralement homosexuel, donc présumé "discriminé" dans son ensemble mais capable d'une discrimination "interne" qui n'a rien à envier aux discriminations "externes". En ce qui concerne l'islam et les femmes, la confusion est doublement perverse: il y a dans l'islam globalement discriminé en tant que "religion" et par extension marqueur "ethnique" de vraies discriminations, par exemple "sexistes" ou d'"orientation sexuelle" (homophobie, etc.), mais aussi socio-économiques: riches et pauvres, patrons, cadres supérieurs, grands et petits chefs qui peuvent être tout aussi oppresseurs que d'autres. Mais il y a aussi des femmes qui assument leur appartenance religieuse et traditionnelle, en la combinant ou non avec toute sorte de positions politiques ou de situations socio-économiques, dominantes ou dominées. Et quand le politique implique aussi Israël, et par extension un judaïsme susceptible d'être lui aussi discriminé et discriminant, ça se complique dans tous les sens; et c'est autant d'occasions pour un pouvoir d'exercer arbitrairement sa discrimination au nom de grands principes présumés consensuels. |
| | | free
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| Sujet: Re: L'islam n'est pas une religion Mar 12 Mar 2024, 16:19 | |
| Le ramadan qui va commencer donne au sociologue Jean Viard l'opportunité de réfléchir à une meilleure intégration de la religion mulsulmane en France.
Il y a entre cinq et six millions de Français musulmans. À peu près trois quarts d'entre eux déclarent faire le ramadan. La Grande Mosquée de Paris va annoncer le début de cette période très importante dans la religion musulmane, dans les prochaines heures.
franceinfo : Aujourd'hui, donc, plusieurs millions de Français, vont entamer un mois de jeûne ?
Jean Viard : Absolument. Il faut dire que c'est de plus en plus pratiqué, chez nous, mais pas que chez nous, en Algérie aussi, etc. Il y a le ramadan dans la culture musulmane, prend de plus en plus d'importance, il y a aussi des pressions pour que ce soit appliqué. Ce qu'il faut dire aussi, c'est que ce n'est pas uniquement religieux. Il y a des gens qui ne croient pas, mais qui considèrent ça comme un geste culturel.
Il y a le culturel et le religieux qui se mélangent et je dirais que les gens de culture musulmane non croyants, qui existent comme chez les catholiques, les juifs ou les protestants, effectivement, peuvent le faire aussi de plus en plus, pour montrer leur appartenance à la culture, pour valoriser la communauté. Peut-être aussi parce que comme ils se sentent extrêmement agressés dans notre société, on a tendance à se rapprocher du plus faible et de l'opprimé.
Après, il faut dire une chose, en France, il y a 2 600 lieux de culte musulman, ce qui est peu par rapport à l'importance, surtout que ce sont des lieux de culte, beaucoup plus que des mosquées. Pour vous donner un ordre de grandeur, en France, il y a 42 000 églises, 300 synagogues, et à peu près 600 temples protestants. Mais les musulmans pratiquent davantage, il y a plus de mosquées – on vient d'en inaugurer une très belle à Strasbourg – donc il y en a plus qu'avant, mais il y a encore peu d'endroits où la mosquée est un monument de la ville.
On tolère qu'il y ait la religion musulmane, donc il y a des salles de prières, on est un peu sorti de l'époque des caves, où c'était vraiment caché, mais ce ne sont pas encore des monuments urbains. Donc on voit bien que c'est plutôt une culture en expansion, mais on ne lui a pas donné pour l'instant sa place symbolique.
Ça fait longtemps que je plaide pour qu'il y ait une grande mosquée par région, sur une grande place, avec un centre culturel, avec un centre de formation des imams. Il faut accepter que c'est une grande religion européenne, qui pénètre en Europe, et c'est une grande religion qui pénètre avec les enfants de la colonie, qui sont venus en France après les décolonisations, ou avant, et petit à petit, pour l'instant, je pense qu'il faut affirmer le droit de toute religion à exister. Moi, je ne suis pas religieux personnellement, mais je pense que c'est une question de respect des gens, de leur culture, de leur façon de vivre.
Et pour vous, cela passe notamment par des mosquées qui auraient pignon sur rue ?
Et qui seraient comme des églises, parce que je pense que l'espace public doit s'organiser autour des différentes pratiques sociales. La religion est une des pratiques sociales. Il y a 52% des Français qui disent ne plus croire à aucune religion. Donc l'absence de croyance religieuse est devenue majoritaire. Mais n'empêche qu'il y en a qui croient toujours. C'est très bien pour eux.
Prenons un exemple tout simple, où se trouve la plus grande mosquée de Provence, elle est à Carpentras. Mais où est-ce qu'il y a plus de musulmans ? À Marseille. Est-ce qu'il ne serait pas logique que dans une ville où presque un habitant sur quatre est religieux, musulman, il y ait une très belle mosquée sur une grande place avec le nom donné à l'émir qui défendait les Algériens pendant la conquête de l'Algérie. Et donc effectivement, est-ce que ça ne fait pas partie de l'intégration, que d'intégrer le respect pour la culture de l'autre ?
Et que faire du débat que ferait jaillir un tel projet d'une mosquée en centre-ville ? Crispation dans la société, il faut en passer par là pour le dépasser ?
Il faut se dire qu'on est entré dans le temps, où ces cultures se mélangent. Et donc, on ne peut pas le cacher, parce que ça a un effet tout à fait négatif. Les Français sont de plus en plus accueillants à l'idée que la diversité est une richesse. Mais ce qu'on entend dans l'espace public, c'est un discours extrêmement négatif.
Moi, je crois qu'il faut affirmer effectivement contre les racistes, contre ceux qui refusent l'islam d'Europe et de France, qu'effectivement c'est devenu une des grandes croyances de chez nous, et que cette grande croyance, elle permet à des gens d'avoir du lien, d'avoir de la fraternité, y compris qu'il faut la contrôler, il faut que les imams effectivement parlent français, c'est tout à fait logique ce qu'on est en train de faire. Je ne suis pas pour que toutes les rues soient ouvertes à tout le monde partout, mais je pense que c'est plutôt en ouvrant la société qu'on va détendre les tensions qui sont en train de monter, et qui favorisent certains extrémismes.
https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/question-de-societe/pour-jean-viard-le-ramadan-est-de-plus-en-plus-pratique-dans-une-culture-en-expansion-mais-a-laquelle-on-n-a-pas-donne-pour-l-instant-sa-place-symbolique_6386350.html |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: L'islam n'est pas une religion Mar 12 Mar 2024, 16:57 | |
| (Décidément, comme disait Queneau, le français oral et écrit n'est pas tout à fait la même langue, jusque chez les intellectuels: on s'en rend compte à lire la transcription à peu près exacte d'une interview, radiophonique en l'occurrence...)
L'architecture ne peut pas refléter "en temps réel" la sociologie, à supposer que celle-ci observe elle-même la société "en temps réel": différance à tous les étages. Les églises (bâtiments: chapelles, cathédrales, basiliques, etc.) conservent les traces d'une chrétienté qui n'est plus, et d'un christianisme (surtout catholique en France) qui n'est plus que l'ombre de lui-même. Les mosquées, par l'aspect minable ou modeste de la plupart, reflètent les rapports de force et de classes récents et contemporains. Si une "identité nationale" devait signifier quelque chose, elle ne pourrait être ni monolithique ni instantanée (autrement dit elle ne saurait être identique à elle-même, ce qui est un peu gênant pour une identité): elle ne devrait pas effacer le passé plus vite qu'il ne s'efface de lui-même, ni le conserver artificiellement (comme il arrive par l'inévitable confusion de la religion et des monuments dans le "patrimoine"), mais pas non plus anticiper outre mesure sur un avenir dont nul ne sait ce qu'il sera: la religiosité apparente des musulmans dépasse sans doute largement aujourd'hui celle des chrétiens toutes Eglises confondues, même si le nombre des "baptisés" reste provisoirement supérieur; mais rien ne dit que d'ici quelque temps elle ne retombera pas chez les musulmans eux-mêmes. Tout cela, qu'on le veuille ou non, reste corrélé à une géopolitique qui a fait depuis bientôt cinquante ans de l'islam une force politique majeure, à la place du bloc communiste: ce n'est déjà plus si clair à présent où le rapport à la Russie et à la Chine devient prépondérant, même pour le fer de lance islamo-politique qu'était l'Iran.
En attendant, les gens vivent leur religion comme ils la comprennent, et si je suis évidemment partisan qu'on leur fiche la paix (y compris aux musulmans qui ne veulent pas être musulmans avec les tensions que ça génère forcément dans la "communauté"), c'est un mouvement qu'il me paraît aussi hasardeux de vouloir canaliser ou exploiter que contrecarrer. -- En repensant au titre de ce (long) fil et à son commencement houleux, je me dis que l'islam de ces derniers temps aura au moins réussi à nous rappeler, justement, ce qu'est une "religion", là où nous (Français) l'avions quasiment oublié depuis le début du XXe siècle, quand notre "laïcité" s'était formée dans un sens anticatholique et anticlérical, face à une Eglise catholique encore puissante et beaucoup moins tolérante qu'elle ne l'est devenue par la force des choses, ou par le changement des rapports de force.
---
Sans rapport précis avec ce qui précède, une chose qui m'avait frappé en Iran il y a une trentaine d'années, c'est qu'on disait "devenir musulman" pour "devenir religieux" ou "pratiquant", en parlant de gens qui étaient déjà "musulmans", par leur naissance et leur famille -- un peu comme les "évangéliques" disent "devenir chrétien", où comme un certain catholicisme parlait de "conversion" pour des gens qui avaient été baptisés enfants et ne venaient pas d'une autre religion. A contrario on peut donc être musulman sans être musulman, comme on peut être catholique sans être catholique, etc. Ce serait aussi ça une "religion", à la différence d'une "secte" ou d'un "parti" dont le contenu est plus homogène, et les frontières plus nettes et mieux gardées, mais aussi plus étroites. |
| | | free
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| Sujet: Re: L'islam n'est pas une religion Sam 27 Avr 2024, 10:00 | |
| "Nicole Belloubet démet un sociologue pour qui le voile à l’école peut être un « vecteur d’émancipation »" (lopinion.fr , 24 av. 24)
[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"INFO L’OPINION. Alain Policar avait été nommé membre du Conseil des sages de la laïcité par l’ancien ministre Pap Ndiaye
"[La loi de 2004 sur les signes religieux ostensibles] « constitue un socle indéboulonnable pour notre école », a rappelé Nicole Belloubet mardi devant le [Conseil des sages de la laïcité (CSL)], présidé par Dominique Schnapper, en annonçant que le sociologue en cause, Alain Policar, quitterait l’institution d’ici le 30 juin.
Voici ce que disait ce dernier sur RFI le 5 avril : « Le voile n’est pas le plus souvent un signe de prosélytisme – les enquêtes sociologiques montrent qu’il s’agit même souvent d’un vecteur d’émancipation pour les jeunes filles par rapport à leurs milieux – et le port du voile devrait donc être analysé chaque fois au cas par cas » Ajoutant, à propos de Maurice-Ravel : « ça illustre, me semble-t-il, les difficultés d’appliquer sereinement la loi qui (…) apparaît, à tort ou à raison, comme discriminatoire à l’égard des musulmans ». Il y a un an, la nomination au CSL d’Alain Policar par Pap Ndiaye, alors ministre de l’Education nationale, avait été très critiquée par les « historiques » de l’institution créée par Jean-Michel Blanquer qui y voyaient une manœuvre de dilution de la défense de la laïcité.
Joint par l’Opinion, le sociologue juge sa « liberté d’expression universitaire totalement brimée ». La ministre, elle, lui reproche, d’être, en tant que membre du CSL, sorti de son devoir de réserve. [...]"
https://www.laicite-republique.org/nicole-belloubet-demet-un-sociologue-pour-qui-le-voile-a-l-ecole-peut-etre-un.html |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: L'islam n'est pas une religion Sam 27 Avr 2024, 10:29 | |
| J'avais aperçu ça hier, je pensais aussi que ça te ferait réagir... D'un côté on voit mal à quoi sert un "conseil" si les conseillers, y compris les "experts" (sociologue en l'occurrence), sont dans l'incapacité de questionner la politique et la législation en vigueur... D'un autre, un conseil ne fonctionne pas non plus si les conseillers s'expriment à l'extérieur (toujours le problème du secret). Mais si les conseillers doivent se taire en dehors du conseil, il faudrait qu'ils soient conseillers à plein temps et cessent toute autre activité, notamment d'enseignement (universitaire en l'occurrence); et même cela n'aurait plus guère de sens dans un contexte de médiatisation générale. Sur le fond, je suis bien d'accord avec Policar pour le peu que j'en lis, je l'ai d'ailleurs souvent dit en des termes bien moins mesurés: la loi de 2004, bien qu'elle ait été largement "acceptée", reste une connerie majeure parce qu'elle enferme la "laïcité à la française" dans une impasse et une obligation permanente de surenchère discriminatoire, de surcroît ridicule aux yeux du monde entier (non seulement les pays plus ou moins musulmans mais même nos plus proches partenaires, européens, britanniques, américains): du voile au bandana, au burkini, à l'abaya, il n'y a que la France pour faire ça (mais Paris était aussi la capitale de la mode)... Au passage, la question du "prosélytisme" est encore distincte de l'"orthodoxie", de l'"orthopraxie", de l'"intégrisme" ou du "fondamentalisme" d'une part, et du militantisme politique, paramilitaire ou terroriste dont on parlait encore avant-hier à propos du judaïsme israélien. On peut parfaitement être "fondamentaliste" et/ou "terroriste" et hostile au prosélytisme, et inversement faire du "prosélytisme" sans avoir une vue particulièrement rigide de sa pratique religieuse ni aucun intérêt pour la "politique" -- il suffit de penser aux TdJ ou aux "évangéliques", ou même aux catholiques qui n'hésitent pas à "convertir" des musulmans ou des juifs, alors que la plupart des juifs et des musulmans ne cherchent absolument pas à "convertir" des chrétiens ou des athées... Et il ne faut pas confondre non plus le prosélytisme avec la pression "intra-communautaire" qui peut s'exercer ou non, plus ou moins, sur des gens qui sont "nés musulmans" (ou "juifs"), et qui ne sont pas pour autant "pratiquants"... Là encore, le mythe moderne et occidental de l'"individu page blanche" (normale, blanche, comme eût dit Coluche) se désintègre au contact de la moindre réalité (humaine, sociale, familiale, culturelle, politique, religieuse). |
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