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 paresse et désespoir

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MessageSujet: Re: paresse et désespoir   paresse et désespoir - Page 2 Icon_minitimeJeu 21 Sep 2017, 11:45

Ce que M. Klimov nous présente, dans ces trois ouvrages publiés presque coup sur coup, c'est une nouvelle version assez singulière de l'Homme en trop, de l'homme qui est, comme l'affirme le titre de l'un de ses ouvrages, « inutile ». Oblomov se caractérisait par un refus total de tout geste, de toute action pouvant mener à un résultat concret. Seul l'intéressait le monde de la rêverie improductive. Klimov nous propose le même rejet : le monde extérieur, celui qui est soumis au principe de réalité, est le règne de la « quotidienneté », le domaine de l'objectivation. Mais à la différence d'ObIomov — et cette différence est capitale — Klimov propose en contrepartie une descente à l'intérieur de soi, une navigation sur les eaux de la mer intérieure, en somme, une aventure spirituelle. L'homme inutile, écrit-il, c'est celui qui « s'engage dans la nuit, dans la nuit de l'inconnu, plutôt que de s'adapter à une existence placée sous le signe de la quotidienneté. Pour l'homme inutile, exister n'est rien ( . . . ) vivre est tout »

https://www.erudit.org/fr/revues/philoso/1985-v12-n2-philoso1297/203296ar.pdf
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Narkissos

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MessageSujet: Re: paresse et désespoir   paresse et désespoir - Page 2 Icon_minitimeJeu 21 Sep 2017, 14:23

Oblomov est en effet la parfaite illustration d'un aspect de ce "sujet" (Bartleby le serait d'un autre) -- outre le roman de Gontcharov, je rappelle aux cinéphiles la magnifique évocation qu'en a faite Mikhalkov (Quelques jours de la vie d'Oblomov, 1980).

Qu'est-ce que la littérature, "l'essence" de la littérature, ce qu'il y a de plus "littéraire" au sens moderne du mot dans cette catégorie moderne de la "littérature", sinon l'expression clandestine de ce qui doit être censuré de tout autre "point de vue" (moral, rationnel, scientifique ou religieux, sapiential ou philosophique, social, politique ou économique) ? Paresse et désespoir, entre autres figures d'une "folie" au sens étymologique (cf. patte folle ou herbes folles), réfractaire à tout usage et à tout emploi, à toute utilité et à toute utilisation (exploitation, embrigadement, édification). Ce qui dans "l'œuvre" se refuse à toute "œuvre", c'est cela même qui ne cesse de travailler, de la travailler et d'y travailler. (Hors de ce "travail du négatif", reste de la "littérature" une pure production artisanale ou industrielle de texte et de papier qui ne vaut que son aléatoire valeur marchande et appelle irrésistiblement l'analogie fécale d'Artaud: de la merde.)

A cet égard, les concepts d'auteur et d'authenticité, de copyright et de plagiat deviennent philosophiquement risibles: "l'éternel exemple du père de famille, volant l'éternel morceau de pain chez l'éternel boulanger", c'est de qui ? De Flaubert pour la forme, si l'on veut, mais au fond, tous les voleurs et tous les boulangers pourraient réclamer là, et à plus juste titre, un "droit d'auteur"...
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Le gaffeur distancié




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MessageSujet: Re: paresse et désespoir   paresse et désespoir - Page 2 Icon_minitimeMar 10 Oct 2017, 00:25

Le Prozac permet-il d’être prosaïque ? Les Toujours Joyeux (TJ) peuvent-ils en témoigner ?

Peut-on en finir avec la conscience comme avec les sectes ?

J'ai envie de dire ça dépend, et pas forcément aux dépens d'autrui, ni des truies, ni des détritus.

"Tu es (tuer ?) ?"

"Non je suis."

"Tu suis qui ? Il y a toujours une limitation à l'imitation."

"En effet, l'impossibilité assagit."

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MessageSujet: Re: paresse et désespoir   paresse et désespoir - Page 2 Icon_minitimeMar 30 Jan 2024, 11:06

L'ennui

Le gris de l’existence

« Impression de vide, de lassitude causée par le désœuvrement, par une occupation monotone ou dépourvue d’intérêt. » Pour le Petit Robert, l’ennui est une impression, et non un affect comme on le croit le plus souvent. Son origine pourrait être aussi bien objective – lorsque nous nous trouvons désœuvrés parce que nous sommes coincés dans une situation non choisie –, que subjective, – lorsqu’une occupation devient soudain monotone ou fastidieuse à nos yeux. L’ennui est donc au moins double, avec ou sans objet, à l’intérieur ou à l’extérieur de nous ; et le Petit Robert n’évoque l’expérience d’un temps qui ne passerait plus qu’à travers les effets physiques qui l’accompagnent, lassitude ou fatigue. Cette duplicité est lourde de sens, puisqu’elle met en évidence le doute fondamental qui pèse sur toute caractérisation de l’ennui : est-il l’un des marqueurs de notre condition, ou bien un accident de l’existence, lorsque celle-ci se heurte à l’objectivement ennuyeux ?

A cela il faut ajouter ce qu’une définition ne saurait exprimer : s’il n’est qu’une impression, c’est parce « je m’ennuie » n’est pas une proposition comme les autres. Sa formulation a pour effet de réorganiser l’économie subjective, de chasser l’ennui en le retournant contre celui qui l’éprouve. De malaise confus, de mélancolie vague, l’ennui devient tristesse, spleen, sentiment d’impuissance, de rage. Je ne dis « je m’ennuie », fut-ce silencieusement, que lorsque j’ai abandonné tout espoir de faire passer le temps, lorsque l’intuition me vient que quelque chose en moi est justement ce qui le fige et le retient. Alors l’agacement que je percevais jusque là imperceptiblement, le ressentiment que j’éprouvais vis-à-vis de ce qui me faisait attendre ou de ce dont je voulais m’échapper, devient un sentiment d’insuffisance, une impatience qui affecte ce que je croyais avoir de plus singulier.

L’étymologie indique d’ailleurs cette proximité de l’ennui et du reproche contre soi, puisqu’il dérive du latin inodium, « haine ». Est mihi in odio, que l’on traduit par « cela m’ennuie », signifie littéralement « c’est un objet de haine pour moi ». « Je m’ennuie » n’est pas très loin de « Je me nuis ». La même racine a d’ailleurs donné les « ennuis » qui viennent contrarier l’existence, en même temps qu’ils la protègent sans doute de l’ennui.

La deuxième difficulté inhérente à toute réflexion sur l’ennui tient à sa précarité : il fait partie de ces réalités fragiles qui ne résistent pas à leur désignation. Dès lors que je le dis, dès lors même que je m’aperçois en train de l’éprouver, je l’ai désamorcé. Non que ce passage soit une délivrance, puisque c’est à ce moment que le moi devient véritablement à charge, mais l’ennui proprement dit s’est volatilisé. Comment donc se saisir d’une expérience que l’on ne peut nommer, comment explorer l’ennui sans le dénaturer ? Heidegger, qui a produit l’une des rares théories de l’ennui – et peut être la plus belle –, propose de l’aborder par où nous le fuyons. Puisqu’il disparaît dès lors qu’il est identifié, il nous faut approcher l’ennui à rebours de nos tentatives de le dissiper : la meilleure manière d’appréhender l’ennui, c’est le passe-temps.

En faisant cela, Heidegger place le temps au centre de sa réflexion sur l’ennui : je ne m’ennuie pas à cause d’une chose ou de quelqu’un qui serait ennuyeux ; je ne m’ennuie pas parce que j’attends, l’attente peut même être un moment que je voudrais retenir ; je ne m’ennuie pas parce que je n’ai rien à faire ou parce que l’une ou l’autre des activités que j’ai choisies ou que je subis a duré trop longtemps. Je m’ennuie lorsque je ressens le décalage, inévitable et douloureux, entre ce que je voudrais faire de mon temps, de mon existence, et la fadeur délibérée de mon quotidien. Si l’ennui était une maladie, son étiologie serait du côté de l’idéal.

D’ailleurs, l’éprouvé de l’ennui s’apparente à un symptôme : le déséquilibre psychique dont il se soutient est de type mélancolique ; ses manifestations somatiques sont anxieuses. Le monde du mélancolique lui renvoie le manque de l’objet aimé, il est appauvri par cette perte insurmontable. Celui de l’angoissé est surdéterminé par le danger qu’il perçoit en chaque chose, il est insupportable tant il est menaçant. Le monde de l’ennuyé semble s’être retiré dans un brouillard d’indifférence, il est sans relief et sans promesse.

L’ennui n’est ni une impression, ni un sentiment. Il est le gris de l’existence, la tonalité rare des moments où elle vacille – et se reprend parfois ; le moment d’impuissance sans lequel il n’y aurait pas, peut-être, de création. S’il est le fardeau de notre finitude, c’est parce qu’il est l’envers de notre obstination, d’un idéal que rien n’endort vraiment. Le plus noir des ennuis met à nu le lieu de nos possibles, le nœud de nos aspirations ; écart douloureux à nous-mêmes, désespoir de le combler jamais, il est comme la jouissance vue des rives du plaisir, notre chance de l’atteindre.

https://www.cairn.info/revue-etudes-2009-2-page-231.htm
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Narkissos

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MessageSujet: Re: paresse et désespoir   paresse et désespoir - Page 2 Icon_minitimeMar 30 Jan 2024, 12:25

Très joli texte polyphonique -- où l'on retrouvera aussi Oblomov et Bartleby, dont on avait parlé dans l'échange précédent, il y a déjà plus de six ans... En le lisant j'ai pensé, au hasard, à L'affaire est dans le sac, des frères Prévert, histoire rocambolesque de l'enlèvement accidentel d'un patron qui s'ennuie ("Je m'ennuie !" -- "Monsieur s'ennuie"). Au Simón del desierto de Buñuel où, après les tentations de type saint Antoine avec Silvia Pinal dans le rôle du diable, l'ultime épreuve -- "de celle-là tu ne pourras pas t'échapper !" lui dit-elle -- c'est l'ennui dans une boîte de nuit... Et, bien sûr, au Baudelaire qui a quand même eu le temps de marquer mon adolescence (p. ex. ceci qui conclut Les fleurs du mal), bien avant de rencontrer Cioran chez qui l'ennui se dépouille même de son lyrisme. J'ai revu hier Raphaël ou le débauché, de l'excellent Michel Deville, où Maurice Ronet incarne à merveille l'ennui du libertin désabusé (il en incarnait déjà un autre dans Le feu follet de Louis Malle, d'après Drieu la Rochelle: variations sur un suicide)...

Il est vrai que chez Heidegger l'ennui a fini par se substituer (c'est autant un symptôme qu'une évolution de la pensée) à pas mal de concepts au départ décisifs, comme "l'angoisse" ou le "désespoir" (kierkegaardiens, mais il y a déjà chez Kierkegaard une forte conscience de l'ennui bourgeois et dandy correspondant à sa situation), ou encore le "souci" (Sorge). Comme une tonalité encore plus profonde, basse continue, abyssale et océanique, de l'"existence"...


Dernière édition par Narkissos le Mar 30 Jan 2024, 12:36, édité 1 fois
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le chapelier toqué

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MessageSujet: Re: paresse et désespoir   paresse et désespoir - Page 2 Icon_minitimeMar 30 Jan 2024, 12:31

Dans de pratiquement toutes les sociétés, la paresse est considérée comme un défaut. Le paresseux ne s'attire que du mépris de la part de gens toujours pressés. Et c'est peut-être cela qui mérite d'être considéré sous un autre angle. La paresse est-elle une envie de ne rien faire ou bien de s'activer d'une manière différente.

Je m'explique. De nos jours des parents s'imposent et imposent à leur (s) enfant (s) un rythme de vie ne laissant peu de place à l'ennui. Après le temps quotidien de l'école viennent les activités parascolaires : club de foot, de rugby, de danse etc... A aucun moment on ne laisse l'enfant seul dans un instant calme paisible sans activités particulières. Peut-être l'ennui viendra-t-il de ce temps inactif, voire de paresse, mais peut-être surgira-t-il de cet apaisement un sentiment de paix et l'enfant pourra explorer de nouvelles possibilités de jeux, de réflexions.
Il en de même pour les parents qui pourront mieux se préparer pour accompagner leur (s) enfant (s) dans cette recherche de paix, de silence pour mieux appréhender la vie dans son ensemble.

Mais ce ne sont pas seulement les enfants et les parents qui peuvent ou doivent s'accorder ces temps de paresse. D'ailleurs s'agit-il bien de paresse. N'est-ce pas plutôt une autre manière d'envisager le quotidien souvent agité qui ne permet pas de se poser les questions qui viendraient plus facilement à celle/celui prenant le temps de jeter un regard parfois médusé autour de soi en se demandant : où va donc le monde?
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MessageSujet: Re: paresse et désespoir   paresse et désespoir - Page 2 Icon_minitimeMar 30 Jan 2024, 12:49

C'est peut-être encore une façon d'éviter le fond sans fond de l'ennui, de la paresse, ou du désespoir, que de les cadrer dans l'espace et dans le temps et de les subordonner à une finalité ou une utilité: temps limité, parenthèse, interruption, sabbat, vacance(s), retraite, recueillement, méditation (orientale ou autre), pénitence, pour recommencer comme avant, fût-ce autrement ou mieux...
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MessageSujet: Re: paresse et désespoir   paresse et désespoir - Page 2 Icon_minitime

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