Etre chrétien ou pas?

apporter une aide et fournir un support de discussion à ceux ou celles qui se posent des questions sur leurs convictions
 
PortailPortail  AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment :
Bon plan achat en duo : 2ème robot cuiseur ...
Voir le deal
600 €
Le Deal du moment : -55%
Coffret d’outils – STANLEY – ...
Voir le deal
21.99 €

 

 La nécessité du secret ...

Aller en bas 
2 participants
Aller à la page : Précédent  1, 2
AuteurMessage
free




Nombre de messages : 9636
Age : 62
Date d'inscription : 21/03/2008

La nécessité du secret ... - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: La nécessité du secret ...   La nécessité du secret ... - Page 2 Icon_minitimeLun 29 Avr 2024, 14:28

Matthieu providence et crise
François Vouga

5Et quand vous priez,
ne soyez pas comme les hypocrites
parce qu’ils aiment prier debout dans les synagogues et dans les
carrefours
afin de paraître devant les hommes,
En vérité, je vous le dis : ils tiennent leur récompense.
6Toi, quand tu pries,
entre dans ta chambre et, ayant fermé la porte, prie ton Père
qui est là dans le secret.
Et ton Père, qui voit dans le secret, te rendra.

Rien ne différencie, extérieurement, les « hypocrites » des justes : les uns et les autres prient, de même que les uns et les autres font l’aumône (Mt 6, 2-4) et jeûnent (Mt 6, 16-18). La ligne de démarcation ne passe par conséquent pas par le « faire », mais bien plutôt par ce que les uns et les autres y investissent. La vie spirituelle des « hypocrites », qui existent « devant les hommes », se déroule en effet tout entière dans l’image qu’ils donnent d’eux-mêmes ou, pour inverser la formulation : l’extériorité, chez eux, occupe toute la place. Par l’invocation d’une transcendance reconnue comme celle du Père céleste (« ton Père ») qui voit dans le secret, le Jésus de l’Évangile de Matthieu crée une nouvelle dimension qui est celle d’un lieu secret, volontairement à l’abri des regards, que les lettres de Paul désigneraient probablement comme celui de « l’homme intérieur » (2 Co 4, 16-18) et que nous pourrions appeler l’intériorité. Poser la question de la providence revient tout d’abord à fonder une conscience de soi, devant Dieu et devant soi-même, qui interdit toute réduction de la personne – de soi-même et d’autrui – à ce qu’on peut en voir de l’extérieur et constitue le secret comme espace de liberté.

La distinction que l’axe de la transcendance opère entre l’intériorité et l’extériorité a pour corollaire une restructuration des rapports avec Dieu, avec soi-même et avec autrui. En confondant leur admirable piété avec le vis-à-vis du Père céleste et en court-circuitant la dimension de la transcendance dans l’immanence du regard des hommes, les « hypocrites » se livrent à un système d’échange et de rétribution au regard duquel ne valent que les actes. L’expression « ils ont leur récompense » est sans merci. Ils ont reçu tout ce qui leur était dû : les hommes sont quittes à l’égard de ce qu’ils ont fait devant eux. En quémandant leur salaire à l’approbation du public, qui paie les qualités générales indépendamment de toute singularité des personnes, ils ont en effet exclu de la partie la gratuité de la providence du Père céleste qui voit « dans le secret », qui reconnaît les personnes indépendamment des qualités et dont la rationalité n’est pas celle de la rétribution, mais celle de la confiance mutuelle. La promesse que « le Père te rendra » n’entre dans aucune comptabilité : elle relève de la logique du don et de la réciprocité.
Revenir en haut Aller en bas
Narkissos

Narkissos


Nombre de messages : 11940
Age : 64
Date d'inscription : 22/03/2008

La nécessité du secret ... - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: La nécessité du secret ...   La nécessité du secret ... - Page 2 Icon_minitimeLun 29 Avr 2024, 15:27

Lien.

Je suis toujours heureux de lire Vouga. Ce que j'apprécie encore et même admire chez lui, sans l'avoir suivi pas à pas, c'est une certaine sincérité, candeur ou naïveté de la question qui ne se protège pas en "problème" (pro-blèma signifie aussi bouclier, ce qu'on place devant soi pour s'abriter derrière) -- et les "problèmes" ici seraient légion, par exemple du "dieu impotent" qui pourrait se retracer depuis l'El ougaritique et cananéen, dieu lointain, passé, passif en arrière-plan du jeune Baal-Hadad, jusqu'à l'"Ancien des jours" de Daniel cédant sa place au "comme-un-fils-d'homme"; ou du "souci de l'insouciance", ou de l'attachement au détachement, commun au fond au christianisme, au stoïcisme ou à l'épicurisme, et à bien d'autres "sagesses"... En tout cas le "secret" comme "espace de liberté", c'est très bien vu et d'une actualité brûlante, quoique aussi d'une parfaite banalité (pour vivre heureux vivons cachés)...

Le "d/Dieu qui voit dans le secret" (psaume 139 etc.), c'est à la fois l'aliénation absolue (l'oeil de Caïn, de Dieu ou d'Abel sur Caïn, chez Victor Hugo, la raison de l'assassinat de Dieu par le plus laid des hommes dans le Zarathoustra de Nietzsche, ou comme dans l'Equus de Lumet, la compulsion de crever les yeux du Christ-cheval, cf. ici 4.4.2024; les Passions évangéliques comportent d'ailleurs une scène d'aveuglement, Marc 14,65 // Luc 22,64), et l'unique "espace de liberté"... "Dieu voit", "Dieu sait", ultime refuge de la sincérité, ET (inséparablement) de l'"hypocrisie", même quand tout "Dieu" ou "dieu" s'évanouit dans le miroir de la "con-science"...

Je repense au "lacrymatoire" du Psaume 56,9,  ou au "j'ai vu tes larmes" adressé à Ezéchias en Isaïe 38,5. Là encore le savoir, la mémoire, des dieux ou des hommes, la trace, le document, le témoin, l'archive, le livre, s'opposent structurellement au "secret" en le répétant, fût-ce dans le "secret" d'une "conscience" ou d'un "for intérieur" (vs. que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta main droite), mais sans ce type de supplément, de répétition, d'écho ou de réflexion il n'y aurait pas plus de secret que de con-science... et symétriquement tout secret tend à se faire connaître (cf. ici ou ).
Revenir en haut Aller en bas
http://oudenologia.over-blog.com/
free




Nombre de messages : 9636
Age : 62
Date d'inscription : 21/03/2008

La nécessité du secret ... - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: La nécessité du secret ...   La nécessité du secret ... - Page 2 Icon_minitimeJeu 02 Mai 2024, 11:03

Citation :
Le "d/Dieu qui voit dans le secret" (psaume 139 etc.), c'est à la fois l'aliénation absolue (l'oeil de Caïn, de Dieu ou d'Abel sur Caïn, chez Victor Hugo, la raison de l'assassinat de Dieu par le plus laid des hommes dans le Zarathoustra de Nietzsche, ou comme dans l'Equus de Lumet, la compulsion de crever les yeux du Christ-cheval, cf. ici 4.4.2024; les Passions évangéliques comportent d'ailleurs une scène d'aveuglement, Marc 14,65 // Luc 22,64), et l'unique "espace de liberté"... "Dieu voit", "Dieu sait", ultime refuge de la sincérité, ET (inséparablement) de l'"hypocrisie", même quand tout "Dieu" ou "dieu" s'évanouit dans le miroir de la "con-science"...

Du miroir au face-à-face : voir comme Dieu voit dans le Nouveau Testament

1. 2. 1. L’omniscience de Dieu

L’omniscience de Dieu est un élément central pour le Nouveau Testament. Dieu voit, contrairement aux idoles. Reprenant la polémique du Ps 13514, l’Apocalypse rappelle : « Quant au restant des hommes, ceux qui n’étaient pas morts sous le coup des fléaux, ils ne se repentirent pas des œuvres de leurs mains, ils continuèrent à adorer les démons, les idoles d’or ou d’argent, de bronze, de pierre ou de bois, qui ne peuvent ni voir, ni entendre, ni marcher » (Ap 9, 20). Dieu voit, affirme Jésus, aussi bien ce qui est manifeste que ce qui est secret (Mt 6, 3-6) :

« Pour toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. Et quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites qui aiment faire leurs prières debout dans les synagogues et les carrefours, afin d’être vus des hommes. En vérité, je vous le déclare : ils ont reçu leur récompense. Pour toi, quand tu veux prier, entre dans ta chambre la plus retirée, verrouille ta porte et adresse ta prière à ton Père qui est là dans le secret. Et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. »

Le texte est construit sur une série d’oppositions autour du regard. Le regard des hommes n’est pas le regard de Dieu : ce qui est secret aux yeux des hommes est approuvé aux yeux de Dieu, et ce qui est visible aux yeux des hommes est condamné aux yeux de Dieu. Du coup, l’homme se doit de vivre dans la transparence, et, bien plus, ne saurait espérer trouver le secret aux yeux de Dieu. Ainsi Luc 23, 28-30 citant Osée 10, 8 exprime le caractère parfois terrible de ce regard divin :

« Jésus se tourna vers elles et leur dit : “Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi, mais pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants. Car voici venir des jours où l’on dira : “Heureuses les femmes stériles et celles qui n’ont pas enfanté ni allaité”. Alors on se mettra à dire aux montagnes : “Tombez sur nous”‚ et aux collines : “Cachez-nous”. »

Non seulement Dieu voit le passé et le présent, mais il voit aussi le futur. Et ce qu’il voit dans le futur est objet d’espoir pour le croyant, de désespoir pour celui qui ne croit pas. Le Dieu du Nouveau Testament est essentiellement provident dans les deux sens du terme : il prévoit et il protège ceux qui ont sa faveur. Jérusalem, la ville qui tue les prophètes, est ici l’objet d’un oracle de châtiment comme il s’en rencontre beaucoup dans la Bible15. La phrase la plus caractéristique de la providence se trouve dans le Magnificat (Lc 1, 48) : « Il s’est penché sur son humble servante, désormais tous les âges me diront bienheureuse ». Le texte grec dit exactement : ὅτι ἐπέβλεψεν ἐπὶ τὴν ταπείνωσιν τῆς δούλης αὐτοῦ. ἰδοὺ γὰρ ἀπὸ τοῦ νῦν μακαριοῦσίν με πᾶσαι αἱ γενεαί : « il a regardé vers la bassesse de son esclave, si bien qu’à partir de maintenant toutes les générations me béniront ». Le regard passé de Dieu sur la faiblesse de Marie est la garantie d’une bénédiction dans le futur : telle est la caractéristique de la providence, que d’être prévision.


https://journals.openedition.org/pallas/266#:~:text=Dieu%20voit%2C%20affirme%20J%C3%A9sus%2C%20aussi,le%20secret%2C%20te%20le%20rendra.


La conscience

Lorsque avec ses enfants vêtus de peaux de bêtes,
Echevelé, livide au milieu des tempêtes,
Caïn se fut enfui de devant Jéhovah,
Comme le soir tombait, l’homme sombre arriva
Au bas d’une montagne en une grande plaine ;
Sa femme fatiguée et ses fils hors d’haleine
Lui dirent : « Couchons-nous sur la terre, et dormons. »
Caïn, ne dormant pas, songeait au pied des monts.
Ayant levé la tête, au fond des cieux funèbres,
Il vit un oeil, tout grand ouvert dans les ténèbres,
Et qui le regardait dans l’ombre fixement.
« Je suis trop près », dit-il avec un tremblement.
Il réveilla ses fils dormant, sa femme lasse,
Et se remit à fuir sinistre dans l’espace.
Il marcha trente jours, il marcha trente nuits.
Il allait, muet, pâle et frémissant aux bruits,
Furtif, sans regarder derrière lui, sans trêve,
Sans repos, sans sommeil; il atteignit la grève
Des mers dans le pays qui fut depuis Assur.
« Arrêtons-nous, dit-il, car cet asile est sûr.
Restons-y. Nous avons du monde atteint les bornes. »
Et, comme il s’asseyait, il vit dans les cieux mornes
L’oeil à la même place au fond de l’horizon.
Alors il tressaillit en proie au noir frisson.
« Cachez-moi ! » cria-t-il; et, le doigt sur la bouche,
Tous ses fils regardaient trembler l’aïeul farouche.
Caïn dit à Jabel, père de ceux qui vont
Sous des tentes de poil dans le désert profond :
« Etends de ce côté la toile de la tente. »
Et l’on développa la muraille flottante ;
Et, quand on l’eut fixée avec des poids de plomb :
« Vous ne voyez plus rien ? » dit Tsilla, l’enfant blond,
La fille de ses Fils, douce comme l’aurore ;
Et Caïn répondit : « je vois cet oeil encore ! »
Jubal, père de ceux qui passent dans les bourgs
Soufflant dans des clairons et frappant des tambours,
Cria : « je saurai bien construire une barrière. »
Il fit un mur de bronze et mit Caïn derrière.
Et Caïn dit « Cet oeil me regarde toujours ! »
Hénoch dit : « Il faut faire une enceinte de tours
Si terrible, que rien ne puisse approcher d’elle.
Bâtissons une ville avec sa citadelle,
Bâtissons une ville, et nous la fermerons. »
Alors Tubalcaïn, père des forgerons,
Construisit une ville énorme et surhumaine.
Pendant qu’il travaillait, ses frères, dans la plaine,
Chassaient les fils d’Enos et les enfants de Seth ;
Et l’on crevait les yeux à quiconque passait ;
Et, le soir, on lançait des flèches aux étoiles.
Le granit remplaça la tente aux murs de toiles,
On lia chaque bloc avec des noeuds de fer,
Et la ville semblait une ville d’enfer ;
L’ombre des tours faisait la nuit dans les campagnes ;
Ils donnèrent aux murs l’épaisseur des montagnes ;
Sur la porte on grava : « Défense à Dieu d’entrer. »
Quand ils eurent fini de clore et de murer,
On mit l’aïeul au centre en une tour de pierre ;
Et lui restait lugubre et hagard. « Ô mon père !
L’oeil a-t-il disparu ? » dit en tremblant Tsilla.
Et Caïn répondit :  » Non, il est toujours là. »
Alors il dit: « je veux habiter sous la terre
Comme dans son sépulcre un homme solitaire ;
Rien ne me verra plus, je ne verrai plus rien. »
On fit donc une fosse, et Caïn dit « C’est bien ! »
Puis il descendit seul sous cette voûte sombre.
Quand il se fut assis sur sa chaise dans l’ombre
Et qu’on eut sur son front fermé le souterrain,
L’oeil était dans la tombe et regardait Caïn.


Victor Hugo


L’œil de la conscience ● En exil à Guernesey à la suite du coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte, Victor Hugo (1802-1885) se consacre à une vaste épopée
humaine à laquelle il donne la forme d’un recueil de poèmes, La Légende des siècles (1859). Comme dans Les Châtiments (1853), poème satirique où il clame sa haine de Napoléon III, Hugo, dans La Légende des siècles a recours à la Bible pour dire l’appétit de pouvoir, le tumulte des passions, la jalousie et la cruauté, l’enthousiasme et la probité… ces sentiments opposés qui s’affrontent chez l’homme.
 
« La Conscience » (DOC ) est l’une des Petites Épopées, titre de la première édition de La Légende des siècles à laquelle Victor Hugo travaillera durant près de vingt ans (1859-1877). Elle a pour thème l’errance de Caïn, chassé par Dieu à la suite du meurtre de son frère, son isolement dans le remords, sa sédentarisation dans une ville ceinte de murs épais qui, toutefois, ne peuvent pas lui assurer le repos et la tranquillité de l’esprit. En effet, quel que soit le lieu où il s’arrête, « au bas d’une montagne », au bord de la mer, très loin en Assyrie, quel que soit l’abri que son fils Hénoc lui confectionne, « sous des tentes de poil dans le désert profond », ou bien encore le « mur de bronze » que bâtit Jubal son arrière-petit-fils, l’œil dans le ciel, symbole de sa conscience, le poursuit et l’obsède. Ce poème – dont n’est présenté ici qu’un extrait – est composé de soixante-huit alexandrins : Hugo y donne à lire la longue histoire de l’humanité, du nomadisme à l’édification d’« une ville énorme et surhumaine», en évoquant l’âge de pierre, l’âge de bronze, les citadelles et les guerres, l’âge de fer. Avec l’amélioration de ses performances dans les techniques de construction, avec l’essor de son génie militaire, l’humanité en marche développe son agressivité et son individualisme (« Et l’on crevait les yeux à quiconque passait »), et ne parvient cependant pas à échapper à sa conscience. Même une fois dans la tombe, l’homme ne parvient pas à trouver la paix.

L’auteur nous fait éprouver une certaine forme de compassion pour Caïn, qui symbolise le malaise existentiel de l’homme. Il semble prendre parti pour le patriarche abandonné de Dieu, qui a appris à travailler la terre et dont la descendance tente de s’émanciper du pouvoir divin. La lecture magistrale permettra de sensibiliser les élèves à cette fresque épique. Les commentaires collectifs et un repérage simple du style et de la versification (rythme, parallélisme de construction, enjambement, alternance du récit et du dialogue, sonorités, etc.) rendront explicites les ressentis et la compréhension du poème de Hugo.


https://cdn.reseau-canope.fr/archivage/valid/N-1955-12243.pdf



La nécessité du secret ... - Page 2 Lpdp_34033-17


Un homme se cachera-t-il dans quelque cachette où je ne le voie pas ? N’est-ce pas moi qui remplis les cieux et la terre ? dit l’Éternel. (Jérémie 23. 24)
Revenir en haut Aller en bas
Narkissos

Narkissos


Nombre de messages : 11940
Age : 64
Date d'inscription : 22/03/2008

La nécessité du secret ... - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: La nécessité du secret ...   La nécessité du secret ... - Page 2 Icon_minitimeJeu 02 Mai 2024, 14:27

L'omniscience, omnivoyance ou omniperception de "Dieu", intériorisée en "conscience", est un thème dont nous avons souvent parlé (voir les liens précédents; on retrouvera l'article de Burnet ici 25.10.2021, et ailleurs en suivant les liens ad loc.) -- ainsi que de ses avatars modernes et techniques, du "panoptique" qui avait inspiré Foucault dans Surveiller et punir à la vidéosurveillance généralisée ("pour votre sécurité"), à laquelle d'ailleurs tout un chacun, ou presque, participe à ses propres frais, avec son téléphone portable... On a glissé insensiblement, non seulement de la surveillance au contrôle comme disait Deleuze, mais du contrôle à la traçabilité rétrospective qui fonctionne comme une menace universelle permanente: même s'il n'y a personne pour regarder tout "en temps réel", on pourra toujours reconstituer les faits a posteriori. Les conséquences "humaines" de cette omnivisibilité qui est une extension virtuellement infinie du graphique, de l'écriture ou du dessin à la vidéo, sont incalculables, notamment parce qu'elle dévalue toutes les "valeurs" traditionnellement attachées à la parole, promesse, serment ou témoignage... mais on y renoncera d'autant moins qu'elle a aussi de "bons côtés" (p. ex. de dissuasion du mensonge institutionnel, corporatif et/ou systémique, notamment dans la police dès lors qu'elle se sait elle-même surveillée).

Bien entendu, la Bible ne manque pas non plus de contre-exemples, de la Genèse où Yahvé(-dieu) ne voit pas tout (Eden, Babel, Sodome) aux Psaumes qui le supplient de regarder, ou d'écouter... ou, au contraire, de ne plus regarder (psaume 39). Cela tient, curieusement, à la fois de l'insomnie et du cauchemar (voir aussi ici).

Plus le secret paraît impossible, ou intenable, au mieux fragile et provisoire, toujours menacé, plus aussi il paraît essentiel: comme refuge peut-être, mais que l'on fuit aussi bien si l'on redoute d'y retrouver quelque chose comme un miroir, l'oeil de Dieu ou de la conscience; dehors dedans (Blanchot, Michaux), plus intérieur que l'intérieur (interior intimo meo, saint Augustin), mais source aussi de toute révélation, apparition et apparence, phénomène, vérité a-lètheia. Le Père qui est dans le secret comme dans les cieux, et qu'on rejoint dans une chambre close (Matthieu), ressemble au dieu caché qui habitait l'obscurité (1 Rois 8 etc.).
Revenir en haut Aller en bas
http://oudenologia.over-blog.com/
Contenu sponsorisé





La nécessité du secret ... - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: La nécessité du secret ...   La nécessité du secret ... - Page 2 Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
La nécessité du secret ...
Revenir en haut 
Page 2 sur 2Aller à la page : Précédent  1, 2
 Sujets similaires
-
» Sur la nécessité d'évoluer
» De la nécessité d'espérer

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Etre chrétien ou pas? :: RELIGION-
Sauter vers: